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  • De la catastrophe (On a sauvé le mensonge!)

    De la cata2

     

                                                    On a sauvé le mensonge!

     

        La crise de 2008 va revenir, mais elle sera plus grande et elle emportera tout sur son passage! Il y aura des larmes et du sang dans les rues! Les sociétés seront ébranlées jusqu'à leur base, car c'est uniquement comme cela qu'elles peuvent changer! C'est malheureusement la force et la violence qui chassent la corruption! Elle est figée dans son orgueil et dans sa domination et c'est ce qui finit par causer sa perte! Nous allons le démontrer, mais si nous plongeons dans l'enfer, ce sera pour voir un pays neuf, un espoir très réel; ce sera pour de nouveau chanter au soleil, au moins pour un temps!

        En 2007, le monde de la finance jubile; il est comme une gros chat qui ronronne, ou comme un moteur bien graissé! Il a ses chantres, ses salons, ses fêtes, ses discours triomphants; sa réussite est sûre et rayonnante! Les coffres se remplissent, les bénéfices sont extraordinaires! On se sourit, on se congratule, on se reconnaît; on est persuadé d'avoir raison, d'être du bon côté; on le dit et on le répète; on ne comprend pas ceux qui gémissent, se plaignent, qui souffrent! La manne est là; il faut juste faire l'effort de la prendre, car on se croit intègre, travailleur; on s'engraisse, mais on veut aussi être méritant... On veut le beurre et l'argent du beurre: on veut la reconnaissance, la célébrité, la gloire, alors que dans l'ombre le système est corrompu, et que loin de le dénoncer, on est attaché à lui comme une balane à une coque! On profite  de sa corruption!

        Car le colosse est un voyou! Ses pieds sont du vent, comme le système de Madoff! Et là-bas, dans le centre de l'Amérique, le pays qui revendique haut et fort le libéralisme, même dans l'emploi des armes, un ouragan se prépare, gonfle! On a dit à des gens qui n'avaient que très peu de revenus: "Le rêve est possible! Elle ne serait pas belle votre famille dans cette maison? Hein? Les enfants avec chacun une chambre à l'étage! Et le jardin où ils iront jouer avec le chien, hein? Ce serait pas merveilleux? Eh bien, c'est possible, avec notre crédit! Les garanties, on s'en moque! On compte sur vous! Les intérêts? Mais pas plus hauts qu'ailleurs! Y a plus qu'à signer... et à emménager, ah! ah!"

        On a tenu à ces gens le discours de la corruption, celui de l'argent facile, qui ne coûte aucun effort, puisque soi-même on n'en faisait pas! Mais l'économie est tentaculaire, c'est une pieuvre: elle sent ici et elle sent là-bas! Elle retire son tentacule et change de direction... Le remboursement du crédit fait soudain sursauter! La famille a des sueurs froides, elle ne peut plus payer! A la banque, l'amabilité a disparu! Le système montre son vrai visage: c'est un monstre sans pitié; c'est une machine à procédures! Bientôt, il envoie ses chiens de garde et on expulse les familles; elles doivent prendre la route; c'est l'exode! L'illégalité règne, l'injustice fait la loi, car la victime est faible, sans ressources... On terrorise, on écrase, car on a peur! Car ce n'est que le début, que la première secousse! Les gens qui fuient, qui pleurent, ne sont rien devant ce qu'on sent venir, ce qu'on redoute! Dans les profondeurs, une vague immense se soulève... C'est une vague comme jamais on n'en a vue, car jamais la corruption n'a été aussi générale!

         On a vendu partout dans le monde les créances des Subprimes! C'est ça la manne! C'est ça le talent, l'idée géniale! C'est ça le travail! C'est ça dont on est si fier et qui fait rouler des mécaniques! C'est ça le labeur des puissants! C'est ça la science des prophètes de la corruption! C'est ça le soi-disant savoir de leur réussite! C'est ça le sang du pouvoir! Et le poison est partout! Même les banques européennes, qui ont voulu croquer dans la pomme, en sont gorgées, comme Dexia! Et la vague cavale, d'autant qu'on est chez les lâches, les parvenus, les esbrouffeurs, les maquilleurs! Le gouvernement américain laisse couler Lehman Brothers, parce que ce sont des bandits, parce que les politiques n'oublient pas les expulsés et que cette banque n'a que très peu de dépôts; parce que le système de ce pays n'aide pas les perdants et parce qu'enfin le ministre des finances est un ancien de Goldman Sachs et qu'il voit là une occasion de se débarrasser d'un concurrent!

        C'est la jungle feutrée, car la corruption, c'est la domination sans muscles, c'est la bête à cravates! C'est le loup à la mâchoire dorée! Et c'est la panique! Les bourses deviennent folles! On veut vendre pour récupérer son argent, d'autant qu'on n'a jamais souffert! C'est le cri de la vie facile! Les donneurs de leçons sont vides! En France, le banquier Pébereau rejoint l'état-major de Sarkosy, car on est dans un état d'alerte! On y a la mine grave, car pour la première fois le système est menacé! La réalité de ce qu'il est frappe à la porte! Sa folie est là dehors et elle demande à entrer! Le mensonge doute, il est perdu! C'est toute la fausseté du système qui apparaît, car tout le monde a profité des créances; le matelas est pourri!

        Bien sûr, on craint la violence dans la rue, des scènes de guerre engendrées par la peur! Les images de 29 refont surface; elles seraient multipliées par mille! La nuit arrive, il faut faire quelque chose! On veut aussi se sauver soi-même! On pense aux banques françaises, à ses intérêts, mais aussi à l'équilibre social! Dexia notamment est fortement engagée auprès des collectivités locales... Que se passerait-il si elle venait à disparaître? Comment réagirait la province? La province! Le socle! Voilà le discours de Pébereau: il faut sauver les banques, le système! C'est un mélange de raison et d'égoïsme! Christine Lagarde, présente elle aussi, est d'accord, comme bientôt tout le monde! Il faut agir, même si l'heure est tardive... et on va sauver le système; ce qui fait qu'il est aujourd'hui comme avant!

        Aujourd'hui, on a les mêmes acteurs, les mêmes faux prophètes, les mêmes profiteurs, la même corruption! Bien entendu, il y a quelques textes nouveaux, quelques lois nouvelles, quelques garde-fous neufs, mais on a changé le cadre, pas la toile; c'est la même scène; les mêmes personnages, le même jeu, la même folie, le même mensonge, la même tromperie, la même inconséquence! L'histoire le montre: seuls la force et le sang balaient la corruption! Elle est accrochée à son bien comme une patelle à son rocher! Il faut un couteau pour la déloger! Ceux qui s'en nourrissent se trompent tellement sur eux-mêmes qu'ils sont inamovibles! Ils poussent les événements à bout! Ce sont eux qui provoquent la catastrophe, pas ceux qui se révoltent! Or, ils ont été sauvés! Ils ont déjà oublié leur peur! Ils recommencent leur fête, plus sûrs qu'avant! Rien ne les a détournés de leur pratiques! Leurs discours n'ont pas changé d'une virgule! La nécessité, produite par la violence, ne les a pas touchés!

        Pourtant, il eût fallu que le monde changeât radicalement! Il eût fallu la disparition d'AIG, de Goldman Sachs et de la plupart des banques européennes! Il eût fallu un paysage lunaire, pour que la vérité apparût! pour que les voyous fussent détruits! comme en 1789! comme en 40! comme pour l'Empire soviétique! Car la vie a ses lois: ce qui est bâti sur le mensonge ne peut pas durer! L'homme ne peut pas se comporter comme un animal! Il ne peut pas se reposer sur la domination! Elle ne peut pas être son seul guide! Si les apparences disent le contraire, c'est qu'il y a corruption, tromperie! L'homme ne peut pas guérir son angoisse par la domination, le pouvoir, ou l'argent! Il a une conscience et il doit s'en servir! Il a un idéal, des rêves et il doit tendre vers eux; c'est sa grandeur, sa création, sa découverte, sa valeur! Les banquiers et les affairistes ne sont que des singes! des loups! On ne peut pas ranger la spiritualité dans le placard ou marcher dessus! L'homme mesure les étoiles, c'est pour grandir! pas pour compter! L'homme veut la justice, c'est sa nourriture et c'est pourquoi le corrompu prend l'habit du juge!

        En 40, de Gaulle s'enfuie en Angleterre telle une vierge effarouchée, et c'est tout à son honneur! Il a vu la corruption, il a vu son visage traître! Comment se fait-il que la débâcle fasse juste hausser les épaules de Gamelin? Comment se fait-il que la seule préoccupation de Weygand soit que ce ne soit pas lui qui propose l'armistice, car ce serait une honte pour un militaire? Comment se fait-il que Pétain oublie que l'ennemi est l'Allemand et qu'il veuille se venger d'une France socialiste, sous l'aile noire d'Hitler? Comment se fait-il que les parlementaires gardent la tête basse et suivent comme des moutons?

        Tous ceux-là seront balayés par l'histoire et même jugés! A la libération, une ère nouvelle commence; une France rajeunie, propre, repart en avant! Jamais de Gaulle n'aurait pu atteindre le pouvoir sans la violence de la guerre! Jamais les anciennes élites n'auraient cédé leur place, malgré leur égoïsme et leur incapacité! On change la constitution; un air de liberté souffle; le vernis ancien et qui empoisonnait n'est plus là!

        De même, l'Empire soviétique s'écroule! Le communisme devient tabou et pourtant certains le regrettent: "Au moins, il faisait notre grandeur!" disent-ils, et c'est bien de cela dont il est question: de la puissance, de la domination! de tout ce qui est normalement contraire à l'idéologie communiste! de l'égoïsme, de la supériorité, de l'individualisme forcené! L'Empire soviétique est bâti sur le mensonge, la duplicité et il est nettoyé! La Russie doit faire ses preuves dans l'"anonymat", dans la course du libéralisme, où le jeu est néanmoins faussé!

        Aujourd'hui, toute une partie de la France souffre! Elle gémit chez elle, dans la solitude! Cette France a mal! Elle compte bien entendus ses sous, mais ce n'est pas le plus grave! Le plus tragique, c'est qu'elle n'a pas d'espoir! Elle est écrasée et perdue! Elle ne croit plus en la vérité, puisqu'elle ne la voit plus!

        Cette France-là est malade; elle ferme ses volets alors qu'il fait encore jour! Elle dort la lumière allumée, elle parle toute seule! Elle s'enivre aussi! Elle traîne sa tristesse! Elle devient la proie des extrémistes, des diseurs de riens, d'autres faux prophètes! Elle écoute des manipulateurs, des hypocrites enragés sous des banderoles! Elles cherchent un sens et on réveille sa haine, pas sa grandeur, sa dignité, ni sa morale! On excite son venin; on prépare la guerre! Tous les prétextes sont bons!

        Cette France au ras du sol a soif! Elle voudrait des remèdes, pour qu'elles donnent ses qualités! Elle veut bien faire, mais elle est devant un mur! celui de la corruption! Il est impénétrable, il est comme la muraille de Chine, aussi lointain et aussi inaccessible! L'incompréhension règne, la vérité n'existe plus... et pour cause, on a sauvé le mensonge!

        Mais le désespoir conduit à la violence et quand elle se débonde, rien ne peut l'arrêter! Elle est aveugle et injuste! Les sans-culottes tuent des prisonniers, pendant que la Constituante se bouche les oreilles, pour ne pas entendre les cris!

        Il faudrait que les coupables se dénoncent, qu'ils reconnaissent leurs fautes, puisque leur mode de vie ne mène qu'à la crise, qu'à la malhonnêteté! Il faudrait qu'ils avouent leur impuissance, leur imposture, leur masque! Il faudrait qu'ils crient que eux aussi sont angoissés, faibles, qu'ils ont peur! Il faudrait les voir tels qu'ils sont! Il faudrait qu'ils demandent pardon, pour que la réconciliation soit possible! avant la catastrophe! avant la guerre! avant le sang et le feu! avant la misère et les morts! avant l'échafaud ou les camps nazis! avant la vengeance! avant le triomphe de la haine!

        Il faudrait que les puissants, les banquiers, les profiteurs, les chefs et les faux chefs, les beaux parleurs remontrent qu'ils sont humains, comme nous, comme les autres, qu'on appartient à la même famille, que ceux qui sont malheureux ne sont pas fous! qu'ils existent eux aussi, que leur peine a aussi un sens!

        Mais l'histoire nous enseigne que l'orgueil refuse de céder; il préfère la mort, le chaos ou la barbarie, à l'excuse, à la modestie, à la paix, à la joie! L'orgueil se ferme, reste sourd, alors que gronde la menace! Nous irons donc au pire!

        Sarkosy a cédé aux financiers; ce n'était pas sa partie... Il a fait confiance aux professionnels, d'autant qu'il avait pour eux des yeux de Chimène! Lui aussi a rêvé comme un caïd!

        Hollande a bien essayé de changer les choses; il a notamment touché au statut des hauts fonctionnaires, avant de reculer, devant leur colère! Hollande a été tétanisé par sa fonction; il n'a jamais pu être lui-même et sa compassion très réelle et sa justice sont restées lettre morte! Que peut faire la mesure quand c'est l'extrême violence qui attend son heure?

        Macron est neuf, il n'est pas corrompu, mais derrière lui c'est encore le monde de Sarkosy; c'est le même monde de la finance, celui qui est à l'origine de la crise de 2008! Macron risque effectivement de finir broyé entre les menteurs et les durs, car il y a maintenant deux camps!

        D'un côté, il y a les nouveaux radicaux et ils sont de toutes sortes: violents professionnels, anarchistes, communistes figés, gilets jaunes alcooliques et haineux; adorateurs de techno hypocrites et agressifs; fanatiques verts et marginaux! La cour est grande et se rassemble! Elle se crée des repères, notamment par ses victimes; les groupes se trouvent des atomes crochus et deviennent de plus en plus menaçants!

        De l'autre côté, il y a le mépris, le silence hautain, l'indifférence; la haine rentrée, le dégoût, la nuit qui voudrait être jour!  Il y a la vitrine, celle de la réussite; qui n'est au fond que celle du mensonge et du désespoir! celle qui aurait dû disparaître en 2008 et qui sera en définitive fracassée! Celle qui refuse d'apprendre et qui prend la vérité pour une moins que rien! qui s'en moque! qui la piétine, qui chante qu'elle n'existe pas! qu'il suffit de lui tourner le dos pour qu'elle se taise! alors qu'elle nous est nécessaire, qu'elle est notre vie!

  • De l'élite

    De l elite

     

     

     

     

        Quand nous demandons à notre boucher s'il part en vacances, il acquiesce en nous disant qu'il va en cure, à cause de sa dépression! Cette réponse nous surprend autant qu'elle nous glace, car n'est-ce pas triste de consacrer son mois d'août à des soins médicaux? Mais apparemment la situation est grave; notre boucher semble effectivement perdu et poussé dans ses derniers retranchements par l'angoisse...

        Nous savions déjà que sa santé se dégradait, nous avions vu ses mains trembler et il lui était de plus en plus difficile de venir au travail le matin, mais nous ne pensions pas que le mal eût une action souterraine aussi rapide et brutale!

        Notre boucher enchaîne en nous parlant de ses antidépresseurs et de sa recherche d'un psy, ce qui nous désole un peu... D'abord, l'action de ces médicaments reste sujet à caution; quant au psy, nous le voyons très vite prendre de l'importance, face à un être bien conscient que son niveau d'études est plus bas... Or, nous connaissons l'histoire de notre boucher et seul le temps pourra le guérir; nullement des théories vaseuses!

        En effet, il a voulu s'agrandir, étendre son activité... Il a donc vendu son échoppe, pour acheter un beau magasin, dans un autre quartier, où il était inconnu... Mais son affaire a mal tourné, peut-être parce qu'il n'était pas de taille... En tout cas, il a été dévoré par le stress et ses relations avec son apprenti sont devenues délétères...  Il accuse l'autre d'escroquerie! C'est un mot bien grave dans un tel univers, mais il faut bien que notre entrepreneur trouve un responsable à son échec!

        Cependant, il a tout de suite essayé de rebondir... Par chance, il a pu racheter son ancienne échoppe et il a espéré qu'il y retrouverait tout comme avant! Mais un ressort était cassé et notre homme n'a fait que se traîner... Quoi de plus normal? On ne peut pas prendre de coups et se relever comme une bouée qui flotte! Nous ne sommes pas en plastique; les blessures nous marquent, nous fragilisent, nous détruisent, et elles ne cicatrisent qu'avec le repos, le temps, le recul... Il ne faut pas encore se creuser inutilement, chercher des raisons obscures, ni donner à manger à des gens qui ont moins vécu et qui sont d'autant plus suffisants!

        Mais notre boucher a peur et veut être rassuré; on le comprend et son histoire suivra son cours... Peut-être finira-t-il lui-même psychologue, ou fondera-t-il une secte? Mais vendre de quoi nourrir les hommes restera toujours plus rentable... Ceci étant, nous prenons cet exemple pour réfléchir sur ce qu'est l'intelligence, puisque notre boucher, diminué par son mal, reconnaît un savoir supérieur au sien... Nous allons voir que notre réflexion va nous amener en plein dans les événements d'aujourd'hui!

        Mais effectuons d'abord un court, quoique vaste, retour en arrière, car il nous tiendra lieu de bilan... Or, donc, les premiers hommes sont issus des grands singes et si leur cerveau a commencé à évoluer différemment, ils ont toutefois continué à s'organiser comme leurs ancêtres: les plus forts sont les dominants, qui commandent le groupe, afin de protéger au mieux le territoire et transmettre le meilleur patrimoine génétique! Dès le départ, "l'affaire était dans le sac"!

        Notez qu'il en est toujours ainsi aujourd'hui, même si évidemment nous avons l'air infiniment plus sophistiqués! Mais les dominants, comme nous le savons déjà, sont devenus des rois et des reines, avec leur cour, et les royaumes se sont étendus en même temps qu'ils s'unifiaient, se stabilisaient! Cependant, cette domination a perdu en route sa légitimité, puisqu'elle ne fut plus basée sur la force, mais sur l'héritage, le sang! Les dominants, rien qu'en se reproduisant, ont formé une caste, qui excluait le plus grand nombre et qui ne pouvait donc pas durer!

        En 1789, le peuple français "reprend les choses en main", car il est dans une impasse... Son développement est bloqué, par les nobles qui ont la richesse et le pouvoir, les deux inséparables! La révolution éclate, autrement dit la force refait surface; elle est de nouveau juge; c'est la "jungle" qui revient! On tue le vaincu ou le plus faible! On est barbare à souhait! On fait peur et l'Assemblée constituante, qui est chargée d'inventer un nouveau pays, d'installer la République, regarde le peuple comme un cheval sauvage: il va falloir le dresser, sans être tué par une ruade! On ne peut pas en effet vivre ensemble, s'il n'y a pas d'autorité!

        Après ce "coup de jeune", la civilisation reprend son cours, avec cette difficile équation: comment permettre au plus grand nombre d'être dominant, sans que ce soit le chaos, l'anarchie! On "planche là-dessus" évidemment... Il faut un pouvoir certes, mais il ne doit surtout pas mener à la dictature, comme avant! Toutefois, la République ne devient vraiment officielle qu'après le désastre de 1870 et la Commune; entre-temps les anciens dominants ont refait des apparitions, refusant de "lâcher le morceau", on les comprend, c'est très simiesque!

        Mais les cerveaux de la Troisième République trouvent la solution dans la séparation des pouvoirs, qui pourrait se résumer vulgairement par "Plus on est de fous et plus on rit!" Si le peuple veut faire entendre sa voix, qu'il s'appuie sur les parlementaires! Ce n'est pas encore tout à fait juste; tout le monde et notamment les femmes ne peuvent pas voter! Et ce sont toujours les plus riches qui sont autorisés à poser leur candidature et qui deviennent des élus! Il faut du temps pour améliorer les choses et deux guerres mondiales! Mais la démocratie ne peut cesser de "pousser", car les populations augmentent et chacun réclame sa part!

        En 1945, le général de Gaulle, dégoûté des anciennes élites, qui avaient suivi Pétain, crée l'ENA... L'idée est de "ventiler" le pouvoir, de le diversifier, de lui apporter du sang neuf, car les concours de la nouvelle école sont ouverts à tous; tout le monde a priori peut devenir un haut fonctionnaire et faire valoir son talent! Mais un concours ne prend que les meilleurs et comme avec le temps le fonctionnement des sociétés se complexifie, l'ENA va au contraire constituer une "marque de fabrique", un label, soudant une élite, un corps au-dessus de la plèbe!

        Notez qu'il est normal que plus la civilisation avance et plus la domination de l'intelligence remplace celle de la force! La défense du territoire est de moins en moins nécessaire, ce qui permet également à la domination féminine de s'étendre! Chacun peut admettre encore que les cerveaux dirigent, car il faut comprendre vite et bien, pour prendre les bonnes décisions (cela procure encore des vacances aux autres!)! Même si on est hostile à la mondialisation ou à l'Europe, on ne peut se passer des banques, puisque sans crédits il est quasiment impossible de se développer! Or, être directeur d'une banque, surtout aujourd'hui, demande des capacités intellectuelles bien au-dessus de la moyenne!  

        Croire qu'on peut tout partager, comme certains de la Commune et dont les idées sont reprises parmi les gilets jaunes, est irréaliste; c'est nier la domination et notre origine animale! D'ailleurs, en 1789, ce sont des avocats et des notables qui vont se charger de donner à la révolution une application pratique, d'en dégager un mode de vie, avec l'assentiment naturel du peuple, qui ne se voit pas aussi compétent! Mais alors pourquoi actuellement, alors qu'apparemment tout a été fait pour l'égalité des chances, une grande partie de la France se sent empêchée dans son développement, rejetée, méprisée, asservie même comme à l'époque révolutionnaire? Pourquoi cette impression que le pays est fortement divisé et que le pouvoir y agit telle une chape de plomb?

        Pour répondre à cette question, il est nécessaire de se mettre de plein pied avec le monde des élites et un livre va nous y aider: Journal d'un sauvetage de Jean Peyrelevade, chez Albin Michel, 2016. Ce témoignage n'est pas nouveau et certains d'entre vous l'ont peut-être déjà lu, mais rappelons en peu de mots l'histoire...

        En 1863, Henri Germain fonde le Crédit Lyonnais et comme c'est un homme exceptionnel, son établissement ne tarde pas à prendre de l'importance. C'est aussi un esprit discipliné, qui veille à ne jamais mêler les dépôts avec les spéculations. Avisé, il prévoit le krach de 29, alors que le marché est enthousiaste, et il prépare sa banque comme un commandant son navire, avant la tempête! Le résultat est que le Crédit Lyonnais résiste bien, tandis que maints concurrents sont emportés! A partir de là, Henri Germain devient une légende et quand il meurt, sa banque est la plus puissante du monde!

       Malheureusement, en 1992, elle est au bord de la faillite! Des présidents se sont succédés et ont dilapidé l'héritage! L'Etat fait alors appel à Peyrelevade, ancien cadre du Lyonnais lui-même, pour essayer de sauver la banque, puisqu'elle a été nationalisée par Mitterrand, et c'est à ce moment que notre récit commence! On suit avec intérêt les efforts de Peyrelevade; on est même "accroché" comme avec un thriller; mais le plus fascinant c'est le monde dans lequel évolue l'auteur et qu'il nous décrit inconsciemment, puisque c'est le sien au quotidien... Mais, pour le lecteur moyen, c'est une découverte stupéfiante!

        D'abord, le pouvoir, la vie des élites constitue un microcosme! Tout le monde s'y connaît! C'est comme un grand club, où l'on "glisse" plutôt qu'on ne marche, car on s'y montre bien sûr extrêmement civilisé! Ses membres sont les politiques, les hauts fonctionnaires, les chefs d'entreprises les plus fortunés et les penseurs les plus médiatiques! On se salue, on s'invite, on se place! On a ses rendez-vous, ses cérémonies, ses hobbies (nous adorons Peyrelevade quand il dit:"Golf le matin")! C'est un monde clos, que nul étranger ne peut pénétrer, sans avoir été comme adoubé (en fait, coopté!)! C'est un réseau aussi étouffant que riche!

        Or, la pensée originale, véritablement créatrice, elle, ne peut pas s'accommoder du point de vue commun, ambiant! Elle est forcément indépendante, dérangeante et même menaçante! Elle ne supporte pas les filtres et sa force est justement de les ignorer! Le monde du pouvoir paraît doué de raison, car il fuit les extrêmes, mais en réalité sa fermeture fait sa réflexion creuse, lénifiante et stérile et le voilà incapable de clairvoyance et de prévoyance! Son analyse de la crise de 2008 en témoigne!

        Inutile de dire encore qu'on est là en une terre éminemment parisienne! Hors de la capitale point de salut! La province y est vue comme un désert! C'est pourquoi des foyers de gilets jaunes sont toujours très actifs dans les régions, car ils réagissent à un mépris qui est très réel! Mais là n'est pas le plus grave, car que font les élites de leurs journées? Certes, elles remplissent leur fonction, mais de quelle manière? Autrement dit, quel sens donnent-elles à leur vie?

        Ici, nous devons distinguer deux sortes d'intelligence... La première pourrait être vue comme l'intelligence technique ou "scientifique", puisque c'est la seule apparemment que la science reconnaît... Elle est quantifiable, mesurable, grâce à des tests notamment, ce qui conduit au fameux QI! De ce côté-là, nos élites sont bien pourvues; ce sont véritablement de grosses têtes, issues des plus grandes écoles, et il faut voir Peyrelevade diriger sa banque: un commandant de bord qui va atterrir est moins impressionnant!

        Par contre, patatras avec la deuxième intelligence, qui est celle de la sagesse et qui semble absolument absente chez ceux qui nous dirigent, car c'est la domination qui les mène et qui les aveugle, comme une carotte! Ainsi s'expliquent les scandales et les désastres financiers, car nos élites, enivrées par le pouvoir ou même animées par la vengeance, en oublient toute mesure, perdent le contrôle de leur établissement, quand elles n'encouragent pas elles-mêmes les dérèglements!

        Pour fixer les idées, le Crédit lyonnais, au moment de sa chute, est propriétaire  de la Métro-Goldwin-Mayer et quelques années plus tard, en 2008, le principal débiteur de la banque Dexia est la ville de Détroit, qui va faire faillite avec la crise des Subprimes! L'Amérique reste le miroir aux alouettes des ambitieux! Mais le sauvetage du Crédit Lyonnais va coûter vingt milliards d'euros aux Français et celui raté de Dexia sera encore plus cher! Force est de constater que nos élites n'apprennent pas, parce que jamais elles ne se sentent coupables: elles ont trop de hauteur pour reconnaître leurs fautes!

        En résumé, nous avons là une caste qui ressemble fort à celle des nobles de 1789: même mépris, même fermeture, même avidité! S'il est vrai économiquement que c'est le développement des entreprises qui permet un meilleur niveau de vie, on voit mal la population accepter un gouvernement de nouveau du côté des puissants, tant elle a elle-même le sentiment qu'on la piétine et qu'on profite d'elle! Or, Macron, ancien inspecteur des finances, vient de l'élite et la question se pose donc: comment réconcilier le pays avec le pouvoir?

        Il faudrait un président qui se dise: "Moi, je vais m'occuper particulièrement des petits! Je ne vais pas les traquer, ni les soupçonner du moindre effort! Je vais m'efforcer de les rétablir, de leur redonner confiance en eux-mêmes et dans le système; parce qu'ils sont le plus souvent comme le crapaud de la fable: il suffit d'un baiser pour qu'ils se transforment en prince ou en princesse!"

        C'est une utopie, un joli conte? Mais le monde des riches ne fait que montrer sa bassesse et sa malhonnêteté! Il se présente lui-même comme une impasse et c'est son orgueil qui nous conduit à la catastrophe! Relever ce qui a été écrasé, apaiser ceux qui tremblent, voilà qui est nouveau! 






     

  • D'un rat

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        Il est étonnant de voir combien la situation actuelle ressemble à celle de 1789! Nous retrouvons effectivement trois forces qui s'opposent... Il y a l'Etat, représenté par Macron, qui cherche désespérément des sous, pour rembourser la dette... Rappelons que le paiement des seuls intérêts de celle-ci dépasse les 40 milliards d'euros et constitue le quatrième budget du pays... Il suffirait d'une très légère augmentation du taux d'intérêt, pour que nous soyons menacés d'un défaut de paiement! 

        En 1789, Louis XVI se tourmente également pour la même raison... Il faut trouver de l'argent, pour combler le déficit et continuer à fonctionner! Par contre, à cette époque, on sait encore que multiplier les emprunts conduit au surendettement et à une logique catastrophe! Le roi se tourne donc vers les nobles, les possédants et leur parle de payer des impôts; ce qui nous amène à la deuxième force d'aujourd'hui...

        Elle est constituée par les riches et les très riches; des patrons de grosses entreprises, des financiers, des vedettes... Eux aussi, comme leurs homologues de l'Ancien Régime, sont absolument hostiles à l'impôt, bien qu'ils aient largement de quoi vivre, et ils crient à l'assassin quand l'Etat leur demande des comptes! Plus on en a et moins on veut donner! Cela montre l'infantilisme de la classe dominante...

        Mais certains s'exonèrent en s'exilant! Ils vont habiter des paradis fiscaux tels la Suisse, le Luxembourg, Monaco ou la Belgique... D'autres encore pratiquent l'évasion fiscale, grâce aux opérations de ce qu'on appelle la finance offshore; celle qui agit sans devoirs tout autour de la planète et dont le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont les maîtres! On ne devient pas riche sans être un voyou! Croire le contraire, c'est pérenniser la retraite d'une communion solennelle!

        D'ailleurs, si on approfondit, on voit apparaître, derrière les grosses fortunes et les paradis fiscaux, de nombreux noms à particules; le comte de ceci, le duc de cela; comme si les héritiers de l'ancienne noblesse avaient bien cédé à la démocratie, mais pour mieux se sentir supérieurs dans un monde où l'argent est roi! Ils détiennent encore le pouvoir et se livrent toujours à leurs fêtes! Depuis 1789, seules les apparences ont changé!

        En face, il y a la force la plus grande, mais aussi la plus anonyme, la plus dispersée... Pour que celle-ci se meut, il lui faut un ancrage, un symbole, et c'est ce que devient en son temps le Tiers état... La violence révolutionnaire ne va d'abord déferler que pour le protéger! Les gilets jaunes n'ont pas réussi cette prouesse: représenter le plus grand nombre, mais il est vrai que le paysage a des reliefs moins tranchés et pourtant le mouvement a laissé des fissures!

        Le FMI pousse Macron a des réformes et donc à des mesures impopulaires... Qu'arrivera-t-il si, pour payer la dette, on demande encore plus au petit; alors que le "gros", lui, ne fait aucun effort? Car les scandales de la finance son innombrables! L'arrogance des riches ne fait aucun doute! Quant au peuple, il montre son exaspération lorsqu'une affaire comme celle de Rugy éclate (le nom à particule n'a bien entendu rien arrangé!)!

       Ne perdons pas de vue que c'est la domination qui mène le monde et que c'est le mur de l'orgueil qui provoque la révolte! L'argent n'est qu'un serviteur et si le riche refuse de payer l'impôt, c'est parce qu'on entame son pouvoir, sa fierté! Nous allons donc ici rappeler combien nos sentiments ont une origine animale, au point que l'histoire de certains animaux puisse nous servir d'enseignements!

        Nous avons la chance de disposer d'un petit jardin, où en ce moment fleurissent de magnifiques hortensias... Mais, à l'arrivée du printemps, nous avons remis le nez dans notre appentis, pour retrouver non seulement nos outils, mais aussi toutes sortes de déchets, que nous avons accumulées là en attendant mieux... Nous nous sommes cependant figé sur place, car nous avons remarqué des crottes, qui ne pouvaient être que celles d'un rat! En fait, il y en avait partout, mais leur couche pouvait passer pour de la boue, venant des fuites du toit, ce qui fait que pendant longtemps nous avons ignoré le désastre... Car c'est bien d'un désastre dont il s'agit: outre la répulsion qu'il inspire, le rat menace toujours d'une invasion; il avance tant qu'il peut et est quasiment impossible à déloger! 

        L'angoisse est venue s'abattre sur nous, mais il n'était pas question de perdre la tête... Il fallait lutter et procéder avec méthode! La première chose était de nettoyer de fond en comble l'appentis... L'apparition du rat devenait un mal pour un bien et en une journée, nous nous sommes débarrassé de tout ce qui pouvait être jeté à la poubelle... Il ne restait plus que quelques cartons de vaisselle et un frigo et une gazinière usagés... Ce que nous voulions, c'est que le rat ne se sentît plus chez lui, que les cachettes devinssent rares, que le jour remplaçât la nuit si chère au rongeur, que la propreté nous fît oublier l'ordure!

        Mais, le lendemain, les crottes étaient de nouveau là... Elles étaient moins nombreuses certes, mais bien plus visibles et à partir de ce moment, elles devinrent le moyen de communication du rat! Il en laisse non seulement pour se repérer, mais aussi pour marquer son territoire: tant que les crottes sont présentes, il est chez lui! Nous avons donc décidé de passer à la vitesse supérieure dans le nettoyage... Nous avons vidé l'appentis de sorte que l'animal y souffrît d'agoraphobie, que même notre respiration y trouvât un écho! Mais, le lendemain, il y avait toujours des crottes et nous nous demandâmes qu'est-ce qui pouvait encore attirer le rat dans notre antichambre d'hôpital?

        Pour avoir une réponse, un petit retour en arrière est nécessaire... Derrière l'appentis se trouve un espace clos, entre quatre murs. La lumière n'y pénètre presque pas et nous nous en servons essentiellement pour y jeter nos déchets verts... Nous avons ajouté là les pelures de nos légumes, afin de fabriquer un large compost, quoique vague... Nous avons donc mis le couvert pour le rat et l'appentis est devenu un hôtel trois étoiles! Nous avons même découvert dans une boîte à chaussures une quantité incroyable de crottes et nous avons supposé, avec horreur, qu'elle témoignait d'amours passionnées et de la naissance d'une famille! Cette vie de luxe a duré plus d'un an et on comprend qu'il soit dur d'y renoncer!

        Evidemment, nous nous sommes aussi occupé de ce nouvel endroit, qui ressemble depuis à un terrain de tennis miniature (Attila serait fier de nous!), et nous y avons même récuré le fût qui recueille l'eau de pluie coulant de l'appentis... Si nous mentionnons ce détail, c'est qu'il va être d'une importance capitale pour la suite! Mais une question se posait: d'où venait le rat? A priori de la rue et nous décidâmes de fermer tous les trous de l'appentis qui menaient à l'espace clos, puisque c'est lui de ce côté qui nous sépare de la vie bruyante de nos contemporains!

        Pour ce faire, il n'y a rien de mieux que la mousse expansive... C'est peut-être polluant, mais diablement efficace! Le nombre de trous à boucher était cependant vertigineux et les bombes se succédaient! Nous avions l'impression de travailler pour Fort Knox et pourtant chaque jour nous retrouvions des crottes! Nous n'étions pas de taille, c'était sûr; mais nous avions plus d'expérience et nous ne cédions pas à l'énervement! Une lutte titanesque avait commencé! A ma droite, un rat en pleine forme; une véritable machine à creuser, à escalader, à s'amincir comme une feuille à rouler! Une boule de muscles, rien de trop! Un champion!

        A ma gauche, un écrivain vieillissant, déjà bedonnant, luttant toujours contre la dépression! Un perdant, un étranger parmi les hommes, un inadapté; une ombre! Mais aussi une barre de fer, qui a beaucoup appris et qui résiste! Un vrai roseau encore; un cauchemar pour les impatients; une force lente, une patelle attachée à sa réflexion, nous avions notre chance!

        Chaque matin, ramassage des crottes et inspection! Car le rat bien entendu, s'il ne voulait rien perdre, cherchait surtout à retrouver le chemin de sa nourriture, même si elle n'existait plus... Le faisceau de notre lampe éclairait chaque pouce du sol et sondait les murs... Nous prenions peu à peu la place du rat; nous commencions à voir le monde comme lui, à son échelle  et d'un coup le détail se révélait, comme par exemple, en face d'un tasseau, de petits éclats de bois! Le rat était sur le point de s'ouvrir un passage et il y avait là un véritable chantier, menaçant, alors que nous avions marché dessus plusieurs fois, sans le remarquer!

        Nous comblions le trou avec de la mousse, mais nous avions le sentiment d'un ennemi plus redoutable que jamais... et nous ne savions toujours pas d'où il venait! Nous avons eu la réponse un soir, parce que nous sommes patients! Nous regardions par la fenêtre les changements de la nature, dans le jardin, et ce sont des dizaines de petites choses qui nous parlent... Soudain, une minuscule masse noire apparut sur la crête d'un mur, puis elle coupa la pelouse telle une fumée! Ce fut si fugitif que nous avons douté d'avoir bien vu! Mais ainsi donc notre adversaire avait son terrier dans le jardin, peut-être dans quelque mur... N'empêche, cette vision nous avait donné froid dans le dos: comment dissuader un courant d'air?

        Nous avons eu une autre occasion de découvrir le caractère du rat... Il restait un vieux pot de peinture au bout de l'une des étagères de l'appentis... C'était encore un nid de poussière et nous avons fait l'effort de débarrasser ce coin-là aussi... Au passage nous avons enlevé quelques crottes, mais quelle ne fut pas notre surprise quand, le lendemain matin, il y en eut de nouveau à cet endroit et en grand nombre; comme si le rat avait piqué une colère, car nous étions là bien loin du but du rat, de son parcours essentiel! Mais apparemment il nous rappelait qu'il ne cédait rien, que tout lui appartenait, malgré notre action, et on sentait comme une forme de mépris chez l'animal; ainsi qu'il nous aurait dominé de la tête et des épaules! C'est ce qu'enseignait son irritation provoquée par un incident secondaire! N'oubliez pas, la colère est un luxe, quasiment un caprice! C'est une parade de l'orgueil!

        Un matin, nous contrôlons l'étanchéité de nos colmatages, entre l'appentis et l'ancienne zone de nourriture, ce qui nous pousse à manipuler le fût qui recueille l'eau de pluie, quand nous avons un haut-le-cœur, car le rat y est au fond pris au piège! Jamais nous n'avons vu autant de haine dans le regard d'un animal: ce sont deux billes d'acier, qui cherchent à vriller notre cerveau! Pensez! A un gars, on enlève son cigare, sa voiture de sport; on lui demande de se lever, on emporte son cocktail, on vide son compte en banque, on menace sa famille et éberlué, il nous saute brusquement dessus!

        Mais que s'est-il donc passé? Le rat a pris de plus en plus de risques; notre travail a payé! Il a essayé la gouttière de l'appentis, ne pouvant plus passer par le bas, et il s'est trouvé devant l'ouverture qui mène au tonneau; il n'est certainement pas tombé dedans par accident; ce n'est pas du tout le genre du client! Il a dû peser le pour et le contre, mais pas longtemps, car nous avons constaté par la suite qu'il possédait sous les pattes de petites ventouses (il avait sans doute également la peau ignifugée...) Il s'est donc engagé dans le tube, mais personne bien entendu ne peut résister à du PVC vertical!

        Si le fût était resté rempli, le rat aurait pu se sauver, mais à présent il est face à des parois en plastique, inaccessibles, et malgré toute sa haine, son petit corps commence à trembler: l'animal sait en effet qu'il est à notre merci! Mais nous n'allons pas le tuer, ce serait de toute façon pénible et nous nous efforçons même de parler au rat avec douceur, car sa situation nous paraît malgré tout digne de compassion; ce qui fait qu'il ne perd pas une goutte de notre discours... Mais, en le quittant, pour chercher une solution, nous devenons beaucoup plus réaliste... Il faut que le vaincu meure, car c'est un véritable poison... A ce moment-là, il commence à pleuvoir et nous décidons de laisser faire les choses... Le rat ne sera victime que de son attitude: il a été trop sûr de lui et il s'est perdu, comme un haut fonctionnaire! Il ne fait que payer son erreur!

        La pluie tombe, lentement... C'est une belle fin pour le rat, elle est à sa mesure! Nous voulons dire que le champion aura le temps, le calme, pour découvrir peut-être la grandeur de la destinée! Il pensera sans doute à sa famille, mais il peut, avant l'heure ultime, saisir le sort de toute son individualité... Une exécution n'aurait apporté que du stress! Pourtant, dans la soirée, nous tendons l'oreille et nous entendons un bruit d'eau rageur! Le rat, qui doit maintenant tremper jusqu'à la taille, en est toujours à "pester" contre son infortune, ce qui montre une nouvelle fois sa fierté et son manque de sagesse... Mais le bruit ne dure qu'une seconde, car le rat sait déjà que tout effort est inutile!

        Le lendemain, il flotte entre deux eaux... Nous n'en croyons pas vraiment nos yeux, car la lutte dure depuis deux mois et nous n'avions connu que la défaite jusque-là! Alors, nous-même, bien que portant l'étiquette de perdant, voire de raté, nous-même à l'occasion nous pouvons gagner! C'est la victoire de la patience, de l'expérience! Nous avons été formé à l'école de la persévérance, de l'abnégation même et avec plus de hauteur, nous aurions cédé à l'emportement, mené un combat de front, que nous aurions perdu (le poison et les pièges n'ont qu'une efficacité aléatoire...)!

        La femelle, responsable de ses petits, montrera plus de prudence... Elle partira définitivement, quand elle verra le jardin s'éclaircir de plus en plus, grâce à nos soins, et un matin il n'y aura plus aucune crotte dans l'appentis! Peu après, nous apprenons que la reine d'Angleterre a dû quitter Westminster, à cause des rats! Mais, pour le coup, nous parions sur l'animal, car la famille royale profite de la City, qui, elle, ne sera jamais propre!

  • De l'orgueil

    De l orgueil

     

     

     

        L'orgueil est ce qui a fait le succès de la Genèse, de sorte que toute la chrétienté le considère encore comme le péché principal, à l'origine sans doute de tous les autres! En effet, quand nous cherchons à comprendre le commencement du monde, selon la vision du peuple juif, nous nous sentons concernés par l'histoire d'Adam et Eve, parce qu'elle touche éminemment notre amour-propre! Elle éveille en nous en un écho certain, car elle révèle un désir de dominer, elle raconte une ascension, même si celle-ci avorte!

        Adam et Eve veulent devenir les égaux de Dieu, avoir sa puissance et nous cherchons tous d'abord à nous imposer, à montrer notre valeur ou notre supériorité! C'est notre première croissance, issue de l'individualisation des espèces et du besoin de dominer des animaux... Les Juifs ont donc vu juste, mais à l'époque ils ne situent leur origine que dans les limites de leur histoire et il n'est pas question bien entendu de l'Evolution!

        Ils ont donc inventé le diable, car la domination devait bien venir de quelque part... Puis, Adam et Eve commettent le péché d'orgueil et sont chassés du paradis! Ce qui est grave, c'est de continuer à croire à une telle fable aujourd'hui; car notamment c'est prendre Dieu pour un être mesquin et même sadique! De même, les Juifs vont se voir en peuple élu et c'est quasiment un réflexe, car ils sont entourés d'ennemis et tout sentiment qui exalte leur valeur renforce aussi leur cohésion et assure leur défense!

        Mais comment croire que Dieu puisse aimer des individus plus que d'autres, à cause de leur nationalité? Serait-il le premier raciste de l'histoire? Serait-il infiniment borné? Mais il ne s'agit pas ici d'entrer en conflit avec les Juifs qui voient encore Dieu avec la rapacité d'un propriétaire terrien, puisqu'il n'accordera son pardon que si on lui remet dans la corbeille la Palestine tout entière! Notre sujet est bien l'orgueil, car il est le baromètre par excellence de notre domination!

        Cependant, on peut encore comprendre que la Genèse soit née autour du feu, pour mettre en garde ceux qui voudraient s'affranchir de l'autorité du clan... Ils seraient bannis, car ils mettraient en danger l'ensemble! C'est une histoire très imagée, destinée à des esprits simples... Le serpent y joue le rôle du traître, du danger et ça tombe bien, puisqu'on doit s'en méfier! L'ordinaire, constitué d'efforts et traversé de peines, trouve là son explication et le pouvoir des chefs en est étendu, par le sentiment de sa propre culpabilité... Il n'y a nulle part où aller, avec le boulet de sa faute, et la lignée est respectée! C'est un conte moral!

        Mais, si le peuple juif aujourd'hui devait prendre en compte totalement l'Evolution, il serait sûrement l'objet d'une remise en cause radicale, ce qui ébranlerait ses fondations... Pourtant, il n'y a pas de libération sans modernité, sans progrès! Chaque message religieux est une étape dans la connaissance, car nous ne sommes pas figés, pour approcher l'infini de Dieu! Que le passé nourrisse nos racines, c'est une évidence; mais se développer, c'est aussi inventer la vie et le gardien des textes réduit Dieu lui-même! Ah! Mais ainsi il ne perd pas sa domination, alors que c'est bien l'orgueil qui est visé! Duplicité du pouvoir!

        Mais nous voulons être heureux en dominant, ce qui est impossible; ne serait-ce que parce que l'orgueil nous tient lieu d'œillères... La domination nous empêche de voir le monde tel qu'il est, car nous le voulons alors à notre image, à notre botte pour parler plus crûment! L'orgueil nous dresse devant le médecin, en nous faisant crier: "Je ne suis pas malade!" Il n'est pas question d'avoir le sentiment de déchoir, en avouant son trouble! Nous refusons donc le remède par fierté! Nous préférons notre errance, quitte à parader au soleil et à gémir dans l'ombre!

        Bien entendu, nous pouvons aussi nous mentir jusqu'au fantasme, comme les gilets jaunes les plus violents, qui voient un Etat comploteur, avec une police qui lui obéit au doigt et à l'œil! L'ange lève son épée contre le monstre des ténèbres et lui demande d'un voix solennelle: "Où est Steve?"; comme si quelqu'un s'était soucié jusqu'à présent de celui-ci!

        Mais nous sommes prêts à tous les mensonges, à toutes les forfanteries, pour ne pas voir la réalité, ni se regarder en face: s'inventer un ennemi est une vieille solution de facilité! La domination fait de nous des marionnettes; l'orgueil nous aveugle et nous prive des véritables solutions! Nous voulons bien apprendre, mais sur des sujets qui nous sont étrangers, dans lesquels notre ignorance est normale; tel blog sur la finance connaîtra soudain un franc succès!

        Par contre, que l'on vienne "fouiner" dans nos comportements, "renifler" notre intérieur, nous conseiller d'aérer ou nous dire comment marcher, ça non! Pas question! Mais pour qui on se prend? Notre orgueil s'émeut, s'insurge, devient tout rouge, tandis que la haine nous décompose! Plus la domination est forte, plus l'envie de meurtres devient palpable! Nous voilà comme des chiens enragés!

        Pourtant, le sage qui parle ne veut supplanter personne; ce qu'il dit est universel, il exprime des lois générales, qu'il a lui-même apprises parce qu'il ne se sentait nullement supérieur! Au contraire, la sagesse l'a rempli d'autant qu'il était vide et on peut même dire rien! Que craint l'orgueil devant un maître qui n'en est pas un, qui ne demande pas à l'être? Un piège? Il y a anguille sous roche?

        Disons plutôt que l'orgueil est comme une sorte de maladie, qui fige, qui enivre et qui se révèle de plus en plus difficile à guérir plus le temps passe; car l'angoisse y creuse un abîme! C'est le monde de notre domination qui nous en protège, d'où sa vitesse, son énervement, sa peine ou sa folie! Puis, la mort nous rejoint, scellant une vie à laquelle nous avons été incapables au fond de donner un sens!

        L'orgueil peut mourir pavillon haut, dans une ultime fanfaronnade; cela fait partie de sa légende, mais le plus souvent, c'est la peur et le désespoir qui accompagnent notre "sortie"!  La sagesse est là, mais on ne veut pas la voir! à moins d'être à terre, et encore! Nous n'écoutons pas! Nous avons soif, mais nous méprisons le verre d'eau! Nous sommes des caïds, n'est-ce pas! C'est nous qui savons, pas le sage! Eh! Dame, c'est que nous avons vécu! Il était où le sage, en 14, quand la boue noyait les tranchées?

        La querelle, le malentendu entre le sage et le tyran semble sans fin! Mais voici un bel exemple de situation théâtrale, digne de Molière, avec des médecins imaginaires, de faux remèdes, des cris dans la rue et de sévères cognes! Que les trois coups résonnent, que le rideau se lève!   

        Mademoiselle X ne travaille pas, d'abord parce qu'elle est fortement dominatrice et qu'elle aurait bien du mal à supporter d'être commandée! Nous avons aussi connu un monsieur Y qui avait tellement de hauteur qu'il considérait comme une honte le travail et il est vrai encore qu'il ne savait ni dire s'il vous plaît, ni merci: il en eût eu la bouche écorchée!

        Ensuite et c'est à sa décharge, mademoiselle X a déjà une santé fragile... Elle a la taille d'une crevette et sa lumière reste parfois allumée toute la nuit. Elle crie encore durant son sommeil et une nature prématurément traumatisée apparaît! Cauchemars, dépression, claustrophobie, nerfs à vif sont quelques uns des problèmes de mademoiselle X, qui, on le voit sur son visage marqué, a déjà bien dû combattre dans la vie, contre la galère ou des adultes violents!

        Toujours est-il que mademoiselle X est un mélange d'égoïsme et d'inadaptation et que seul le RSA doit assurer sa subsistance... Elle est logée par le CCAS dans un appartement qui ressemble à un garage aménagé et qui est facilement accessible à partir de la rue; ce qui est tentant pour les nombreux ivrognes qui passent par là, jeunes et vieux, et il faut reconnaître à mademoiselle X un courage certain pour habiter et même pour rester digne dans un tel lieu!

        Cependant, un chien aide mademoiselle X dans sa tâche et le mot n'est pas trop fort, puisque la journée de mademoiselle X pourrait sembler épique! Mais, ici, il faut revenir sur un principe qui nous est cher et qui veut que la plupart trouve son équilibre dans sa domination, dans sa conduite animale, pour enfoncer le clou! Mais comment ne pas avoir peur de la vie, quand on ne peut pas dominer, quand on n'en a pas les moyens?

        En effet, mademoiselle X ressemble au prisonnier de la célèbre série télévisée... Veut-elle prendre le train, pour échapper à la chaleur suffocante de la ville? Elle est immédiatement rattrapée par la bulle orange de son découvert! Avec 400 € par mois, si on termine le 31 peint en vert, au 30 ou 31 suivants on est toujours en vert! Rien ne change et il faut faire attention quand on se mouche: on pourrait réveiller le dragon de la banque!  

        Mademoiselle X voudrait bien sans doute éclabousser de sa classe les hommes qui se pavanent, ne serait-ce que parce qu'ils ne valent pas grand-chose; on la comprend, mais elle sait qu'elle serait alors regarder comme une demi-folle! Elle est lucide et si elle peut bien dominer son chien, celui-ci, malgré quelques incartades, est trop heureux d'obéir et souvent il étouffe sa maîtresse!  

        Sans la contrainte du travail, qui empêche aussi de trop réfléchir, mademoiselle X offre donc une cible de choix à l'épouvante! Le sentiment de sa valeur est absent au réveil! Qui est-elle? Que peut-elle faire dans la journée qui lui donnera de l'espoir? L'angoisse est dans le lit de mademoiselle X, quand elle reprend peu à peu conscience... C'est un monstre froid, qui pèse une tonne, ce qui fait que mademoiselle X n'ouvre ses volets qu'à midi, et encore avec l'impression qu'on a raboté sa tête, et très vite elle s'énerve après son chien! C'est encore la peur qui agit et qui depuis longtemps a donné à mademoiselle X une voix criarde!

        Pour se calmer, elle dispose apparemment de trois remèdes: la télé, qui maintient dans l'enfance; l'alcool qui rend agressif, et le pétard, qui amplifie la dépression et marginalise encore plus! L'ombre de Sarkosy montre du doigt et clame encore: "Oui à la solidarité, non à l'assistanat!" Mais l'ancien président payait les disques de sa femme, en puisant dans la Caisse des dépôts, l'épargne des Français! Comment le savons-nous? Mais "Quelqu'un nous l'a dit", évidemment!

        Cependant, l'été arrive, avec les jours les plus longs de l'année et une pulsion sexuelle forte, ce qui nous pousse à dominer, soit par la séduction, soit par la puissance physique, selon qu'on est un homme ou une femme. Mais surtout la lumière met à nu notre quotidien et révèle notre angoisse, que nous combattons instinctivement en nous rengorgeant et donc l'été est peut-être la saison de l'orgueil par excellence! Mais par quelle pirouette mademoiselle X va-t-elle désormais supporter le vide de sa vie, qui a pris des proportions abyssales?

        Voyons... Elle fréquente les cas sociaux et en repère deux, un jeune et un vieux, qui sont dans l'attente d'être logés par le CCAS. Mais pourquoi ne les dépannerait-elle pas, en les hébergeant momentanément? Elle mettrait fin de cette façon à sa solitude... et elle aurait le sentiment de dominer, d'être importante, auprès de personnes qui sont encore plus dépourvues qu'elle! Ce que c'est tout de même que de travailler du chapeau! Mais voilà nos trois compères installés comme des cerises dans un tube à essai!

        Malheureusement, le plus vieux a des problèmes psychologiques; il ressasse de vieilles histoires; l'empire des fourmis lui aurait fait du mal... et soudain, au bout de quelques jours, il cogne la tête du plus jeune contre l'évier! Mademoiselle X s'en émeut et hausse la voix pour faire impression, mais elle est prise par le bras et une valse forcée l'envoie dans la rue; où elle crie qu'on appelle la police et c'est là que nous intervenons, car nous sommes le voisin; nullement parce que nous goûtons particulièrement les gens violents!

        Mademoiselle X est choquée et ne peut elle-même faire le 17, car son portable est resté dans l'appartement, qui laisse voir le coléreux à contre-jour tel un singe impatient! Nous appelons donc nous-même la police et parlons d'agression, mais la standardiste, qui rêve aussi de monter les marches à Cannes et qui abhorre le simple devoir de sa charge, nous demande si c'est le conjoint qui fait des siennes et si dans ce cas le couple ne négligerait pas les vertus d'une thérapie! C'est effectivement des questions à poser dans l'urgence et écœuré, nous répondons sèchement à la future star, ce qui la scandalise!

        Dans la rue, le jeune, qui a une étoile sanglante au front, et mademoiselle X, qui est en chaussettes, essaient de faire bonne contenance... Un autre voisin s'approche, avec un air que nous n'aimons pas du tout... Imaginez un homme venant au secours d'accidentés de la route, en leur demandant toute leur attention, alors qu'ils ont déjà du mal à retenir leur tête qui tombe! Nous reconnaissons immédiatement un tyran, un "trou noir", et nous nous détournons de lui. Par contre, mademoiselle X et le jeune se laissent prendre et les voilà discutant tous trois, comme s'ils appartenaient à la même amicale des anciens du quartier!

        Mais la police est arrivée, dans une voiture puissante et sans signe distinctif! Nous sommes loin de la patrouille démonstrative, luttant notamment contre le tapage nocturne, et effectivement les deux policiers ressemblent à des guerriers! L'un interroge déjà le violent, qui a pris l'air du voyageur qui a raté son train! Nous nous présentons à l'autre, qui ne nous salue pas, mais qui veut être conduit auprès de mademoiselle X... Il la questionne bientôt avec une désinvolture qui nous heurte, mais notre "sauveur", quoique très professionnel, roule aussi des mécaniques!

        Nous pourrions crier à l'asile de fous, mais nous connaissons son directeur et sa logique, et nous préférons regagner la paix de nos pénates. L'incident est clos! Pas tout à fait, car mademoiselle X vient frapper à notre porte, pour rendre les chaussons que nous lui avions prêtés, afin de protéger ses menus pieds divins! Nous en profitons alors pour lui glisser la vérité... Nous lui disons qu'elle a peur de la solitude et que c'est normal, mais qu'elle ne doit pas faire n'importe quoi pour y échapper! La réponse fuse: "Mais c'est lui, le violent, qui est seul!"

        Ce n'est pas le cri du cœur, mais celui de l'orgueil! Nous espérons tout de même que notre petite phrase fera son chemin, car on ne peut pas guérir, si on ne reconnaît pas son mal! Et ceci est valable pour tous ceux qui hausseraient les épaules à cette histoire, parce qu'ils ont l'air plus stables, à cause de leur travail ou de leur vie de famille! Tant qu'on veut dominer, on crée un monde dur et égoïste! Ce n'est pas la vie qui est méchante, ce sont les hommes et les femmes qui sont bêtes à pleurer!

         

  • Du chaos

    Du chaos

     

     

     

        Il existe trois facteurs qui poussent à regarder l'avenir avec un regard très sombre, même si bien entendu il est impossible de connaître parfaitement la situation, qui produira sans doute son lot de bonnes surprises; le bien étant à l'œuvre comme le mal!

        Cependant, voici les trois facteurs dont nous voulons parler: le réchauffement climatique, la très probable prochaine crise financière et la monstruosité de la nouvelle génération! Ce sont trois éléments qui s'influencent mutuellement, on peut le comprendre facilement, et ils pourraient créer une catastrophe, des affrontements civils sans précédents, une perte de contrôle de la part des gouvernements... Le chaos serait dans la rue, les sociétés trembleraient jusqu'à leur base et chacun devrait se défendre!

        Certes, c'est une vision apocalyptique, celle d'un monde sans loi, barbare et sauvage, digne de certaines productions hollywoodiennes, mais on voit mal comment il serait possible d'y échapper totalement, tant certains faits apparaissent inquiétants! Pourtant, nous sommes peut-être personnellement et inconsciemment le jouet de notre propre pessimisme, de notre désillusion... Nous ne mangeons pas assez ou nous manquons de distractions... Le poids de ce que nous voyons va s'effacer, quand nous retrouverons de l'énergie, comme le soleil dissipe les brumes matinales, mais nous doutons tout de même que ce ne soit que cela! Bref, on verra bien selon la formule consacrée!

        Toutefois, examinons nos trois facteurs, afin d'être le moins possible pris au dépourvu! Le premier, le réchauffement climatique, est devenu quasiment inévitable, même s'il continue d'avoir ses détracteurs... 45°9, c'est un record absolu de chaleur enregistré au mois de juin! Jamais il n'a fait aussi chaud en France, depuis qu'on mesure les températures! Des résultats de ce genre ont été notés partout en Europe et leur cause laisse de moins en moins place au doute... Les activités humaines ne peuvent qu'être montrées du doigt!

        Tout le monde connaît les effets de la canicule... Elle est une ennemie; elle pèse notamment sur la ville; elle étouffe, énerve, inquiète, comme si elle nous enlevait la plupart de nos repères ou faisait fondre le cadre de la loi! Certains vont presque nus; d'autres bravent des interdits, à la recherche de la moindre fraîcheur... La population ne semble plus vraiment tenue et bien entendu des violences éclatent, dues à l'alcool!

        On n'arrive pas à dormir, on rumine, on s'agace, on envie ceux qui profitent des plages; les inégalités deviennent plus apparentes! Les dangers du climat semblent favoriser les révolutions, préparer le terrain des soulèvements, notamment en faisant ressortir les clivages et c'est valable aussi bien pour l'été que pour l'hiver... On se souvient de Paris accusée d'avoir inondé la province alentour, pour se sauver elle-même de la crue!

        D'autre part, les effets sur les cultures sont bien entendu à prendre en compte... Ce sont des récoltes perdues, des pénuries, des manques d'eau, des hausses de prix, des producteurs fragilisés... Il est facile de voir que notre quotidien se ressent de chaque coup que nous porte la nature et que le réchauffement climatique ne va pas nous laisser tranquilles, bien au contraire! Ce facteur sera déterminant pour la suite des événements...

        Venons-en au second: la probable prochaine crise financière, qui devrait dépasser en importance, en intensité toutes celles qui ont précédé... Il faut le dire, à ce sujet, les avis divergent, encore plus que sur le réchauffement climatique! Tout se passe comme si les hommes avaient créé une entité à part entière, douée d'une vie propre et dont on ne connaît pas les réactions! Certes, l'économie est une science et si on manipule tel levier, on sait qu'on fera monter ou baisser telle aiguille; mais le marché qu'on s'efforce de contrôler est en réalité un inconnu, tant ses ramifications sont complexes et impossibles à cerner!

        Pour faire court, on dira que les sociétés ont enfanté un monstre, avec lequel on joue, mais qui a parfois des soubresauts inquiétants et inexplicables!

        Le résultat, outre les crises, ce sont des professionnels, des spécialistes, des journalistes, des politiques qui battent la campagne! Jamais on n'a vu autant de prédictions et de commentaires qui se sont avérés faux et inadaptés! Parmi ceux qui interviennent, il y a les alarmistes, les bilieux, les sentencieux, les lâches, les insouciants, les vaniteux, etc.! Le domaine est si vaste et si flou que toutes les passions et toutes les figures humaines s'y retrouvent; avec au bout du compte la surprise et la tension produites par les faits!

        Apparemment et contre toute attente, on peut faire dire n'importe quoi aux chiffres! 

        Donnons un exemple, même si notre plume renâcle devant certains noms, à cause de son dégoût... Mais en 2007, au moment de la crise des Subprimes, c'est-à-dire peu avant la chute de la banque Lehman Brothers et la panique qui s'est emparé des marchés, Christine Lagarde et DSK, deux anciens patrons du FMI, déclaraient dans les médias que la crise était maintenant derrière nous! Quant à Alain Minc, qui se veut aussi un fin connaisseur de l'économie, il voyait l'abîme qui s'ouvrait devant nous comme "grotesquement psychologique"! C'est ce même personnage qui a écrit "La mondialisation heureuse"!

        Ce qu'on peut considérer tel le sommet de la société ressemble bien à une cime himalayenne: dans le brouillard et le vent, on croise des fous, des égarés; avant de retrouver leur sourire niais près des moulins à prière, sous les pavillons multicolores! Aujourd'hui, nous savons que nous sommes passés très près de la catastrophe... Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la BCE, dit lui-même, au sujet de 2008: "Les banques centrales se sont efforcées (sic) d'éloigner le plus possible la menace d'une grande dépression qui eût été pire que celle des années 1929-1930."

        Mais les principaux commentateurs ont une excuse; ils sont eux-mêmes des actionnaires; ils sont à l'aise et certains d'entre eux, sous leur air bonhomme à la télévision, sont même millionnaires! Peut-on alors en vouloir aux passagers des premières d'être moins sensibles aux voies d'eau que les mécaniciens? Evidemment non, mais l'incompétence ne nous garantit en rien que l'iceberg n'aura point sa revanche... En scrutant l'horizon, on peut même être convaincu du contraire!

        En effet, ce qui mène les banquiers, ce n'est ni plus ni moins que la domination; leur intelligence ne va pas au-delà! Or, pour donner un sens à la vie, nous savons que la domination a toujours besoin de se renouveler, ce qui condamne (le mot n'est pas trop fort) les banques à une course au profit, au culte de la victoire! Aujourd'hui, toutes les banques les plus puissantes du monde ont eu affaire à la justice; aucune d'entre elles n'a un casier vierge et comme elles ignorent même l'existence de leur trouble, il n'y a aucune raison pour qu'elles ne deviennent pas multirécidivistes! Attendons-nous donc à de nouvelles crises et à d'autres scandales!

        Effaré par l'arrogance de Goldman Sachs, Obama a entrepris de limiter les activités financières, ce qui a donné la réglementation Volcker. L'une de ses mesures phare était d'empêcher les banquiers d'utiliser les dépôts de leurs clients pour leurs spéculations! Ceci est essentiel, car de cette façon on ne met pas en danger la population et si la banque a de grosses pertes, on n'oblige pas le gouvernement à la sauver par peur de la panique!

        En 2008 et à la grande stupéfaction du monde de la finance, le Trésor américain ne tend pas la main à Lehman Brothers, qui dépose son bilan... Il faut dire que les dirigeants de cette banque ont continué jusqu'au bout leurs activités illicites, car ils étaient persuadés que le gouvernement ferait tout pour leur éviter le naufrage! Cette duplicité a rendu sourde l'administration Bush, mais nous avons parlé au passé de la réglementation Volcker, puisque Trump s'est empressé de l'attaquer avec succès, pour y supprimer d'abord l'article que nous avons cité; ainsi qu'une mère aurait rendu aux banquiers leur "joujou"!    

        En France et en Europe, les banques placent avec gourmandise sur les marchés l'argent qui leur est confié! Elles font donc peser une épée de Damoclès sur la tête des gouvernements, car ne suivent-elles pas la même logique que Lehman Brothers, à savoir que leur pratique leur donne un filet de sécurité? C'est le contribuable qui sauve le banquier voleur, qui échappant toujours se sent tout puissant et nullement responsable! Notez que de séparer la spéculation des dépôts est appelé une recapitalisation des banques, ce qui est au banquier comme le légume à l'adolescent!

        Une autre raison, pour que nous entrions dans un champ de glaces, c'est la politique générale... L'idée est celle-ci: libérons le plus possible les entreprises des charges, autrement dit exonérons les plus riches, pour développer, favoriser la croissance! La suppression de l'ISF ne procède pas d'un autre raisonnement... On veille à ce que les mouches n'importunent pas le magnat, de peur qu'il ne prenne ses valises et quitte l'hôtel! ("On n'est pas bien ici? Hein? Et quelle vue sur la mer! Si vous avez besoin de quelque chose, vous n'hésitez pas, vous sonnez!")

        Mais cette politique est-elle vraiment efficace? Sarkosy a continué de grever la France (Hollande un peu moins...) et Trump joue en ce moment même au casse-boîtes avec le budget US, ce qui ne l'émeut guère; mais surtout l'injustice dans les traitements, entre le riche et le pauvre, nous fait pénétrer inexorablement dans la forêt de Sherwood! Le carrosse du nanti paraît de nouveau éclabousser la famille paysanne qui gratte la terre! C'est la vision des gilets jaunes, qui n'est pas totalement dénuée de fondements! Macron semble prendre conscience de son erreur, mais n'est-il pas déjà trop tard? Quel élixir pourra changer la haine en eau douce?

        Enfin, il y a les mouvements populistes ou nationalistes qui jettent de l'huile sur le feu! Leur pensée est celle-ci: nos ennuis viennent de l'étranger...; si on rejette celui-ci, on atteindra l'azur au-dessus des nuages! Ceci est même valable pour la dette, qui disparaîtrait comme une flamme de bougie sur un gâteau d'anniversaire! C'est bien entendu infantile, car il y a des lois économiques et notamment une sortie de la zone euro entraînerait une dévaluation catastrophique, mais les égoïsmes, qui sont toujours à la recherche de la satisfaction la plus immédiate, peuvent être séduits et un prochain gouvernement populiste, en Europe, n'est pas exclu; ce qui mettrait un enfant furieux dans les jambes des adultes!

        De toute façon, nous ne pouvons pas continuer ad aeternam à emprunter, pour payer les emprunts précédents... Tôt ou tard, un particulier surendetté doit réduire son train de vie et l'austérité apparaît nécessaire pour notre pays; mais ce serait aussi pour la classe dominante accepter de moins dominer, ce qui est quasiment impossible, à cause de l'orgueil et de l'angoisse qu'il masque! Nous sommes donc comme dans un train qui file et qui ne peut s'arrêter, à moins qu'il ne déraille!

        Cependant, le troisième et dernier facteur, selon nous, qui assombrit notre horizon, n'est pas le moins important, bien qu'il soit apparemment invisible au plus grand nombre... Il s'agit de notre jeunesse empoisonnée!  Certes, des jeunes montrent actuellement combien le sort de la planète les préoccupe et la majorité, si elle ne se mobilise pas, partage sans doute les mêmes soucis... Notez toutefois qu'on ne peut maintenir l'homme dans un état d'urgence permanent... Condamné à l'angoisse, un individu se ferme instinctivement, pour se protéger, et il devient sourd à tous les appels! On ne pourra pas vaincre le réchauffement climatique sans un changement profond des mentalités, sans comprendre le rôle de la domination et pourquoi elle est un impasse; sans cette révolution, osons-nous dire!

        Mais, pour l'observateur attentif, ce qui effare c'est le nombre toujours croissant de ces adolescents qui méprisent absolument leurs aînés, comme si ceux-ci devaient être à leur botte! Ce sont autant de "petites cathédrales de glace" que l'on croise sur le trottoir ou dans le bus! Il n'y a même pas chez ces jeunes la crainte de la force physique supérieure des adultes, ce qui n'est pas naturel! Si on essaye d'en chercher la raison, on peut considérer le smartphone comme une explication... L'adolescent a le nez dessus et ne regarde le monde qui l'entoure que par intermittence... En fait, il se promène dans sa bulle, sans rencontrer véritablement le réel, ce qui fait qu'il en ignore les dangers, même les plus primaires! L'enjeu paraît aussi simple qu'épouvantable: ou bien c'est l'adolescent qui s'impose, ou bien il est détruit! Mais il n'y a pas de dialogues... 

        Quoi qu'il en soit, cet égoïsme juvénile extrême ne peut pas ne pas miner la société... Il agit souterrainement, telle une trappe sous la cheminée... Il attise le feu du milieu, celui qui est déjà brûlant de toutes les revendications sociales!

        Dans notre ville, au moment même où retentissent les premières explosions du feu d'artifice du 14 juillet, un concert incroyable de klaxons vient couvrir la fête! Qu'est-ce à dire sinon que les gilets jaunes rappellent qu'ils sont toujours là, contre la République, comme une meute de loups, par ses hurlements, montre qu'elle reste à l'affût de la bonne occasion! 

        Bah, après une bonne nuit de sommeil, nous rirons de tout cela, n'est-ce pas?

        Nous vous conseillons encore les photos de la semaine, car la beauté exerce la patience et calme même la soif de sens! C'est la maturation qui est la clé du savoir!

  • De la crise

    De la crise

     

     

     

        L'été est là, le soleil brille, nous l'avons appelé de tous nos vœux et pourtant nous ne sommes pas satisfaits, notre égoïsme est aussi dur qu'en hiver! Apparemment, rien ne peut nous rendre heureux et l'ennui et la haine nous dévorent! Il faut ajouter à cela les soucis des petits, qui se battent avec l'argent, qui ne prendront pas de vacances; pendant que d'autres, toujours les mêmes, se complaisent dans le luxe, les privilèges et l'arrogance! Le mépris est la lumière des riches, mais examinons mieux les choses, car notre folie n'a aucune limite!

        "Sur la route des vacances...", comme dit la chanson, nous avons rencontré un couple qui roule dans une Porsche cabriolet... Nous partageons la même maison d'hôtes pour un soir et nous échangeons lors du petit-déjeuner... Quelle n'est pas notre surprise, quand le couple déclare qu'il est entièrement du côté des gilets jaunes, "parce que, dit-il, la façon dont le gouvernement traite les gens est inadmissible!"

        Ah bon? Disposer d'une Porsche, ne manquer de rien, aller vers le sud tant qu'on veut, c'est se sentir mal traité? Disons plutôt que notre couple est d'un égoïsme insatiable et qu'effectivement il peut avoir l'impression d'être négligé! Ceci nous ramène à l'essentiel de nos problèmes, à savoir l'impasse, le malheur inhérents à la domination; mais nous sommes tout de même là loin de la condition de la plupart des gilets jaunes... Mais comment expliquer celle-ci à notre couple, et non seulement à lui, mais à tous ceux qui nous gouvernent ou vivent dans l'aisance?

        Rien ne vaut une description... Le gilet jaune ou le petit tourne et retourne sa facture, de gaz ou d'électricité! Elle a encore augmenté, alors que le thermostat du logement est réglé sur 16,5°! Pas sur 17 ou 18, ni encore moins sur 19 ou 20, mais sur 16,5°! Autant dire qu'en hiver, on survit plutôt qu'on ne s'épanouit! On a un gros pull partout où on se trouve; il n'y a qu'un seul coin chaud et le reste est froid! Mais, malgré tous ces efforts, la facture continue d'augmenter! A cause de quoi? Si on cherche un peu, on est en face des taxes, c'est-à-dire que le brouillard se lève... Dans le village, personne ne répond, comme si l'endroit était atteint d'une étrange maladie, qui annihile toute volonté... On raconte encore que le marais est dangereux la nuit, à cause d'une créature sortie tout droit de l'enfer! Bref, il est impossible de comprendre vraiment sa facture et pourquoi elle ne cesse d'augmenter; pourquoi elle invente le mouvement perpétuel, pourtant abandonné par la science!

        Il ne reste que le sentiment de l'impuissance, de l'écrasement! On gémit et la haine grandit! On se sent comme une quantité négligeable, que le système broie! Le système qui paraît comme un mur, mais qui montre du doigt les mauvais comportements du petit, tel un proviseur sévère et intransigeant! Le système menace et prend des sanctions! Il presse le petit, car le système a peur: la situation financière est en réalité loin d'être bonne, comme nous allons le voir, mais quand les puissants sont inquiets, ils sont sans pitié, car ils ont beaucoup de besoins!

        On traque le chômeur: soit il prend l'emploi qu'on lui propose, soit on met fin à ses allocations! On se croit juste, courageux, intègre; le système croit être dans son droit et agir sainement! Mais regardons le système sans naïveté, au-delà des apparences: qui sont ces gens qui font la leçon aux autres? Les enseignants grévistes vont être punis, mais qui punit les ministres? Où est la vertu, l'expérience de ceux qui se goinfrent? Voici comment les choses marchent, dans la France sucrée! celle du pouvoir! dont l'égout est sans fond!  

        On sort de l'ENA, haut fonctionnaire! On travaille au Conseil d'Etat, c'est le commencement, avec déjà 4 à 5 000 euros par mois! On a profité d'une formation payée par l'Etat et maintenant adieu le petit! Il n'est plus dans le rétroviseur, mais il ne l'a jamais vraiment été! On ne connaît rien de lui, mais on va bientôt le tancer!

        Comme on a de l'ambition, on entre en politique ou dans le privé, qui soi-disant paye mieux! Mais on peut aussi trouver des sinécures ou presque... Après quelques années, toujours dans l'administration, le salaire peut être de 20 à 30 mille euros par mois! Evidemment, retraite assurée, sécurité maximale! Ben dame, on le mérite... et c'est le petit qui paye, celui qu'on va tôt ou tard remettre dans le droit chemin! (Comme disait Jésus aux docteurs de la loi: "Vous imposez des devoirs que vous-mêmes ne touchez pas du bout des doigts!" Haine et grincements de dents garantis!)

        Cependant, si on s'engage dans la politique, on ne démissionne pas du Conseil d'Etat, au cas où on connaîtrait des revers électoraux, où on perdrait son poste au gouvernement... Edouard Philippe suit cette voie... L'homme, qui a l'air si sévère et si responsable, pourra toujours retrouver la chaleur de l'administration, si jamais Macron le remercie! Il ne risque rien, l'angoisse du lendemain, il ne connaît pas, c'est pour les autres! C'est pourquoi il est à l'aise; il ne sait pas vraiment ce que c'est que d'avoir peur; il n'a aucune idée de la souffrance d'un chômeur! La crise des gilets jaunes n'est pas passée par là; elle n'a apporté aucun enseignement! La violence de demain est déjà en route!

        S'il a rejoint le privé, le haut fonctionnaire a le même confort! Il n'est pas l'entrepreneur type; il n'est d'ailleurs ni chair, ni poisson! Le véritable entrepreneur travaille sans filet, s'il rate il tombe! Mais pas notre haut fonctionnaire: s'il est licencié ou si son affaire fait faillite, il retourne dans le giron de l'administration; sa mise en disponibilité a pris fin, c'est tout! En aucun cas, on a vu le monde réel! On a côtoyé les fauves, mais comme au cinéma! A la maison, maman nous attend! Elle a fait notre dessert préféré! On n'est pas réellement un adulte, mais une sorte d'ectoplasme dégoûtant, car on pérore sur une puissance qu'on n'a pas!

        D'ailleurs, les grandes entreprises quand elles engagent un de ces fonctionnaires "d'élite", c'est pour deux raisons: la première est qu'il connaît la loi, la seconde qu'il possède un carnet d'adresses extrêmement précieux! On l'aura compris, il s'agit de contourner les lois, les obstacles, afin que les projets, les dossiers avancent! Le fonctionnaire trahit en quelque sorte l'Etat, pour le profit d'intérêts privés, et parfois même en s'attaquant à des règles qu'il a lui-même mises en place (voir encore Barroso travaillant maintenant pour Goldman Sachs!)!

        Les problèmes d'éthique ne gênent pas ceux qui se voient telle la crème de la société et qui se réunissent, pour les plus privilégiés, chaque dernier mercredi du mois, au Siècle, le rendez-vous des gens qui comptent. On dîne là entre décideurs et cerveaux éclairés; on y voit le monde comme à travers un télescope et savez-vous quoi? Il existerait une planète habitée par de drôles de créatures, toutes vêtues d'un gilet jaune! N'est-ce pas curieux?

        Le pouvoir est là-bas ruisselant; il y fonctionne comme de la vaseline: on glisse entre soi, on murmure, nul besoin d'élever la voix! On n'est pas aux halles! On se comprend, on est tellement bien ensemble, loin du bruit de la pauvreté et même de la vulgarité! Brroouhh! "Tiens, voilà Edouard Philippe, je vais juste lui toucher un mot au sujet de ma petite affaire!" On est à Versailles au vingt-et-unième! sous l'Œil-de-bœuf, ou à une partie de trictrac éclairée aux chandelles! Evidemment, la révolte ici fait sourciller; elle effraie les femmes, qui cachent subitement leur poitrine! Les hommes se rengorgent, roulent des épaules; ils ne vont pas se laisser faire; d'autant que les coupables pour l'heure, ce sont les enseignants, des subalternes! Que fait le prévôt?

        C'est que les enseignants dérangent la vitrine: ils font subitement peur aux familles, au sujet de leurs rejetons, et juste avant les vacances! On voudrait quand même pouvoir souffler! Peu importe que les enseignants cherchent avant tout à préserver la qualité du bac: trop, c'est trop! C'est l'été, après une année fortement éprouvante... Que le rêve se réinstalle! Oh oui! dormons, car la réalité tient plutôt du cauchemar!

        Mettez vos ceintures, le tour d'horizon va être rude! Et il nous concerne tous! Mais par quoi commencer? Un chiffre? La France a 2 400 milliards d'euros de dettes! L'Italie à côté paraît comme un réacteur nucléaire en surchauffe, qui menace de s'enfoncer, entraînant l'Europe dans une "crise Grecque" mille fois plus importante! Les "stress tests" de la BCE sont de la poudre aux yeux! Autrement dit, si un incendie se déclare, les pompiers seront incapables de l'éteindre!

        La gestion de Trump, la soi-disant bonne santé économique des "States", est un trompe-l'œil! Le déficit américain a explosé! Le montant de sa dette est actuellement de 21 000 milliards de dollars, soit un tiers de la dette mondiale! Trump ne sait même pas compter ses sous! Mais à quoi est-il bon?

        Le Japon vit depuis longtemps comme un caisson étanche au fond de la mer, son endettement atteignant plus de 200 % de son PIB! (La France est à plus de 100 %, l'Italie plus de 134 %!) La crise de 2008 a été résolue par un remède pire que le mal! Les banques centrales ont acheté de la dette et sont maintenant sous la menace d'un défaut de paiement des gouvernements, d'un pays incapable d'honorer ses créances! Elles ne pourraient pas aider, même si elles le voulaient! La crise qui se profile à l'horizon de 2020 sera sans doute infiniment plus meurtrière!

        Ce qui est arrivé aux victimes des Subprimes va se renouveler! Les taux d'intérêts des crédits vont subitement augmenter; c'est une conséquence logique de la fragilité des emprunteurs! On prend des risques, on se couvre! D'ailleurs, si vous-même payez un crédit, nous ne pouvons que vous conseiller d'accélérer son remboursement! Jusqu'à présent, les taux d'intérêts sont demeurés bas grâce à la politique de "quantitative easing" de la Fed et de la BCE (achat massif de crédits hypothécaires et d'emprunts d'Etat, ce qui apporte des liquidités aux banques et les soulage...), mais aux Etats-Unis, où cette pratique s'est terminée, la situation se tend déjà!

        Evidemment, il n'est pas possible de savoir avec précision quand éclatera la prochaine crise, ni quelle sera son ampleur; de même qu'on ne peut prévoir avec exactitude les conséquences du réchauffement climatique; mais, par contre, la réaction des riches et des puissants, face à l'adversité, est parfaitement connue! Sa logique est aussi simple que désespérante! Plus on a de besoins et plus on a peur du manque! Cela vaut aussi pour l'orgueil, sentiment de la domination par excellence! Toujours est-il que la peur mène à l'agressivité et qu'elle est dirigée naturellement vers le plus faible, qu'on pousse à bout et dont on verrait la disparition sans sourciller!

        Ainsi, on le constate aujourd'hui, on est de plus en plus dur et même sans pitié à l'égard de tous ceux qui sont considérés comme des gêneurs! Les chômeurs et les enseignants récalcitrants font partie de cette famille! En France, General Electric va licencier, malgré ses promesses, mais le groupe est sans conscience: naguère a été révélé qu'il ne payait pas d'impôts  en Amérique, c'est-à-dire que cette championne des entreprises n'aide en rien son sol natal! Puiser, exploiter semble son mot d'ordre, qui rejoint celui du potentat Trump, dont la politique, suicidaire économiquement, favorise tous les forts!

        A côté, pour être originale et meilleure, la Deutsche Bank limoge elle aussi! Un vaste plan de restructuration va pousser dehors des milliers d'employés, mais quelle mouche a piqué l'un des fleurons de la finance mondiale? Mais la Deutsche Bank, comme la plupart de ses homologues, est impliquée dans le scandale du Libor (2012) et les malversations du marché des changes (2013) et de là à penser que, ne pouvant plus mener ses activités illicites et si lucratives, elle ait décidé de "se venger" du monde légal! Mais les Allemands sont si disciplinés que, réunis par un DRH, qui leur chantera les louanges de la banque, ils remercieront leurs bourreaux!

        Aujourd'hui, Sarkosy vend son livre et dans certaines maisons de presse, celui-ci est exhibé devant les caisses, sur l'ordre des distributeurs! Ainsi va le monde! Des méthodes mafieuses pour un président tout aussi mafieux et qui a fait exploser la dette française, de plus de 300 milliards, notamment par ses cadeaux aux petits copains du CAC 40!

        Où est la justice? Le puissant écrase le petit, mais se remet-il en cause lui-même; est-il sanctionné quand il commet des erreurs? Lui fait-on peur comme on noue le ventre du chômeur? Nullement évidemment! On recase le haut fonctionnaire fautif; on ne le jette jamais à la rue; il reste un membre de la famille, même s'il a fait perdre à l'Etat des millions d'euros (on pourrait facilement citer des noms et des affaires: ONP, SIRHEN, ASP, etc.)! Le puissant est protégé, il ne connaît pas les affres de l'entrepont! Il peut même être décoré pour son incapacité! En tout cas, il n'arrive pas à prendre conscience de sa faute; c'est une espèce de paralysie de caste!

        Comment le sage peut-il regarder le ciel s'assombrir, prévoir le vent de la tempête? La violence va revenir, c'est certain... La colère du peuple se débondera encore, face au mépris des dominants, et le sage se sent souvent très petit, très impuissant lui-même... Mais le meilleur moyen de rester solide est de se détacher de son égoïsme, de sa soif de domination: c'est là la véritable liberté, car il est alors possible de réduire ses besoins au maximum! (Rappelons que c'est la vanité qui est dispendieuse...)  

        Qui dit solidité dit paix et mansuétude, écoute quand tous les autres n'écoutent plus! respect quand tous les autres ne respectent plus! Le sage est de l'eau fraîche pour lui-même et ceux qu'il croise! Il est un puits dans le désert de nos âmes! Il vit parmi les morts, ou les fauves!

  • Du bel été

    Du bel ete

     

     

        En ce qui nous concerne, nous avons vécu quelque temps en Afrique, au Mozambique précisément, où nous effectuions une mission en tant que logisticien, pour Médecins sans frontières. Le pays était toujours déchiré par la guerre civile et sa pauvreté, comme son malheur, étaient vertigineux! Une femme, par exemple, va récolter de quoi manger et a soudain le pied arraché par une mine!

        Nous la découvrons couchée à même le sol, dans un hôpital de campagne, qui n'a au fond plus que les murs... Elle gémit doucement, tandis que ses os brisés hérissent sa chair brûlée... Il faut la transporter jusqu'à la ville et elle est placée dans l'avion MSF, un vieux coucou, sous les sièges des autres passagers: ce sera son baptême de l'air!

        Est-elle sauvée pour autant? Rien n'est moins sûr... L'hôpital de la ville est certes vaste, mais nous découvrons ses cuisines et nous avons l'impression d'être dans une grotte, tant elles sont nues et sombres! Près d'une ouverture, qui est la seule source de lumière, deux hommes préparent le repas de midi, en tranchant à la hache un morceau de viande, dont ils jettent les lambeaux dans un sceau d'eau... La scène est si misérable qu'on dirait deux fantômes!

        Mais le Mozambique, on s'en doute, n'est pas seulement un pays triste... Là comme ailleurs, la vie ne demande qu'à se développer et les Mozambicains vont et viennent, dans leurs habits colorés, avec leurs rêves, pour faire leurs courses ou travailler... Ils sont si enthousiastes qu'ils rient facilement et qu'ils ne perdent jamais une occasion de danser! Mais, si nous racontons ces souvenirs, qui datent déjà d'une autre époque, puisque les ONG engageaient toujours volontiers les bonnes volontés, c'est parce que nous avions la garde d'un petit macaque et que son comportement va nous aider à mieux comprendre le nôtre aujourd'hui!

        Ce petit singe était surprenant, tant il paraissait proche des humains et nous nous rappelons encore comment il nous accueillait, pareil à un parent qui dans la joie lève les bras! Nous n'oublions pas non plus sa chaleur contre notre joue, ni que nous l'affrontions à la boxe! Assis sur une dalle de béton, nous n'utilisions qu'un seul poing, quand notre ami restait debout et plus vif nous débordait, si bien que nous faisions parler notre puissance, au-delà de ce qui était correct et à chaque fois une morsure venait dénoncer notre tricherie!   

        Mais le plus intéressant ici, c'est un voyage en voiture... Notre ami est sur le siège passager et la route devenant bonne, nous commençons à accélérer, quand soudain c'est la panique! Le petit animal saute d'une fenêtre à l'autre; il crie; il se prend la tête entre les mains comme s'il était la proie d'un cauchemar épouvantable! Il est tellement effrayé qu'il souille éperdument l'intérieur!

        Alors que nous nous efforçons de le calmer, nous ne comprenons pas sa réaction, puisque certains chiens, dans la même situation et par la fenêtre, vont jusqu'à transmettre le mépris de leurs propriétaires aux véhicules dépassés! Mais peut-être que notre ami comprend-il mieux pourquoi il peut sembler anormal que les arbres défilent aussi vite, cependant que le chien, lui, ne voit le monde qu'à travers la confiance qu'il voue à son maître? Il faudrait sans doute demander à un spécialiste de nous éclairer...

        Mais, au fond, la peur du macaque ne devrait-elle pas être la nôtre au quotidien? Certes, nous n'éprouvons pas la vitesse de la Terre autour du Soleil, bien qu'elle soit en moyenne de 106 000 km/h! Certes encore, nous ne sommes pas écrasés par l'infini de l'espace, quoique nous ne soyons guère plus, en comparaison, qu'un grain de sable au fond du Pacifique! Certes toujours, nous côtoyons sereinement les morts, bien qu'ils fussent tout comme nous pleins d'eux-mêmes! Mais nous pouvons nous représenter mentalement ces éléments, pour ne citer qu'eux, et être facilement bouleversés par l'étrangeté de notre condition!

        Mais ce qui nous sauve, nous protège, c'est notre racine animale! Nous sommes tellement préoccupés par notre domination que nous trouvons notre fonctionnement parfaitement normal! Nous fonçons dans l'espace, mais nous ne supportons pas la moindre file d'attente! Mais cela veut aussi dire que les plus ambitieux sont les plus aveugles, ou les moins éloignés de la bête! Ainsi, ceux qui se voient tels des élites, qui sortent des grandes écoles comme l'ENA ou HEC, qui accaparent les postes de commandement et qui bientôt s'y sucrent; ceux-là ont peut-être effectivement un QI exceptionnel, mais surtout la clairvoyance du bousier, d'où notamment la bassesse des politiques!

        En fait, nous n'examinons jamais assez les conséquences de l'Evolution et même les scientifiques ne profitent pas pleinement de leurs découvertes! En voici un bel exemple... Il y a peu nous avons acheté Premiers hommes de Pascal Picq, chez Flammarion. Nous voulions nous retremper dans les sources de l'humanité, pour mieux retrouver son cours... Mais nous ne cherchions qu'une description des faits, car le sujet est essentiel, délicat et on a tôt fait de l'accompagner de beaucoup de bêtises... Pour tout vous dire, un scientifique qui pense, ce n'est jamais très bon!

        Pourtant, Pascal Picq dans son introduction nous rassurait... Page 14, il dit: "Voilà un énorme paradoxe: il existe une fascination universelle pour la question de nos origines, mais un refus absolu de ce qu'elle est dans presque tous les champs de la pensée, même au sein de la science!" Nous sommes d'accord avec l'auteur: mettons cartes sur table, pour rafler la mise sans coups de feu! Fi du regard borgne du plus grand nombre!

        Cependant, à la page précédente, nous avions déjà tiqué en lisant: "A cette ignorance s'ajoute la puissante tradition anthropocentrique de la Bible et de la philosophie grecque..." Cette phrase ne choque même pas Pascal Picq, qui devrait pourtant se demander d'où vient cette tradition, d'autant qu'elle se retrouve chez la plupart des peuples! Le sujet est bien ce que nous sommes, mais indulgent, nous avons passé outre!

        Mais page 24 nous avons de nouveau fait la grimace! Nos craintes se sont malheureusement confirmées! Il n'était plus possible d'aller plus loin! Un problème avec les porteurs? Mais pas du tout, c'est cette méchante sciatique qui reprend du service! Sur le panneau, c'est écrit:" C'est une vieille manie de la pensée hiérarchique occidentale qui, jusqu'au début du vingt-et-unième siècle, a toujours classé les populations humaines selon ses propres critères..." "Et alors, où est le problème?

        _ On reparle bien de l'anthropocentrisme, non, l'Europe ramenant tout à elle?

        _ Ben oui...

        _ Alors l'anthropocentrisme est d'abord une tradition et maintenant, c'est une manie! C'est pas très scientifique tout ça! J'vous l'avais dit: "Un scientifique qui pense, c'est jamais très bon!"

        _ Comprends pas!

        _ C'est pourtant simple... Comment ne pas voir que cet anthropocentrisme nous est naturel, tant il est récurrent! qu'il n'est qu'un corollaire de notre domination! qu'une manifestation de notre égoïsme! qu'il n'est qu'une suite logique de l'individualisation des espèces! Autrement dit, Pascal Picq lui-même ne prend pas toute la mesure de l'Evolution et ne s'applique pas sa remarque de la page 14! Et savez-vous pourquoi?

        _ Non, mais vous allez m'le dire!

        _ Mais c'est parce que Pascal Picq fait partie de ces chercheurs matérialistes, qui fuient comme la peste notre anthropocentrisme, ce qui fait qu'ils ne comprennent ni celui-ci, ni ce que nous sommes!

        _ Je ne vous aime pas, vous savez...

        _ J'm'en doute! C'est que je menace votre propre anthropocentrisme!

        _ Assez! Partez, je vous en supplie!

        _ Très bien, mais vous avez blessé Ours d'argent... et tôt ou tard il attaquera!"

        Toujours est-il que nous avons dû abandonner Pascal Picq, car la lecture doit rester un plaisir, nullement une cause de polypes! Et puis à dix euros le livre, nous pouvions nous refaire! Tout de même, nous ne pouvons vivre impunément comme des animaux! Notre conscience influe sur nous, telle la lune au-dessus des marées! Notre angoisse transparaît malgré la fixité des murs! Notre liberté nous inquiète bien plus que nous ne voudrions le montrer! Notre destinée est la connaissance, mais nous la fuyons parce qu'elle nous dérange! Nous préférons l'instinct à la découverte, l'égoïsme au raisonnement, l'irritation à la patience!

        Mais c'est peut-être le matin qui nous révèle le plus, parce que la nuit nous a fragilisés... L'anxiété nous conseille quand nous nous habillons... Les hommes mettent volontiers les habits de la veille et leur credo est apparemment qu'il faut passer inaperçu! Ainsi, ils ne risquent pas grand-chose, mais la lâcheté n'a jamais empêché la haine; bien au contraire, on veut mordre d'autant qu'on est inconsistant!

        Cela veut-il dire que les femmes sont plus courageuses, puisqu'elles font attention à leur toilette? Nullement, car leur but est autre... Elles se repèrent par la séduction! Elles dominent grâce à celle-ci et donc leur premier réflexe, face à la peur, est d'attirer sexuellement! Regarder les femmes le matin, c'est comme écouter une symphonie: on vit toutes les nuances, toutes les intensités!

        Il y a celles qui ont renoncé et qui avancent comme des sacs! Il y a les élégantes qui sont matures et qui plaisent avec retenue, quoique d'une façon pénétrante... Mais il y a encore celles qui frappent comme la foudre! dont une partie du corps cingle l'esprit! Les seins sont mis en avant ou les fesses parfaitement moulées! Ce sont ces femmes qui inquiètent le plus le monde islamiste, mais leur attitude ne témoigne pas d'une liberté outrancière, ne relève pas de la provocation: c'est à l'opposé un appel au secours, comme une antenne tâtonne éperdument!

        Mais que vaudrait une relation avec une personne qui se sert de l'autre, pour soulager toute son angoisse? Cette dernière ne cessant de ronger, elle pousserait à dévorer!

        Curieusement, certains hommes font valoir aussi le renflement qu'ils ont entre les jambes, mais, comme ils adoptent une pratique plutôt féminine, nul doute que leur sexe ne doit pas être souvent utilisé et qu'il est plutôt un totem destiné au culte de leur personnalité! Les choses qu'on vénère restent immobiles et si, dans le cas qui nous intéresse, elles trouvent des adorateurs, c'est qu'ils sont perdus, car il n'est pas normal de vouloir être dominé!

        Cependant, l'été est bien entendu synonyme de moissons, de récoltes et pour le sage particulièrement, c'est une période magnifique qui commence! Attention! Vous êtes prêt? Non? Vous vous sentez légèrement faible sur vos jambes, en proie au doute, un peu fragile? Qu'à cela ne tienne! Ouvrez grand la porte et sortez dans la rue! Le spectacle commence! Et d'emblée ce qui frappe, c'est l'extrême agitation qui règne: les gens sont empressés et les voitures font un bruit d'enfer!

        Mais vous savez pourquoi... Tout cet énervement n'est que le reflet de notre inquiétude; il est le fruit de l'hypocrisie, de la tyrannie, de notre conduite animale; ou de notre ignorance, de notre paresse ou de notre égoïsme! Il ne doit pas vous impressionner, puisqu'il est mensonger! Tout au contraire, vous voilà savant, conforté dans votre raisonnement: vous n'étiez pas très solide, les autres le sont encore moins! Cela ne pouvait pas être autrement!

        Vous vous détendez donc, car vous êtes encore le plus calme, le plus clairvoyant! Vous prenez même un malin plaisir à vous sentir tel un rocher dans le courant; vous devenez de plus en plus serein et les réactions ne se font pas attendre! Certains enragent en faisant rugir leur moteur; d'autres vous suivent d'un air glacial... S'ils pouvaient, ils vous écraserait chaque doigt dans un étau! D'autres encore s'arrêtent, comme si vous veniez d'une autre planète! Ils se demandent quel Berlitz serait nécessaire, pour vous approcher!

        Mais tout cela ne vous fait ni chaud, ni froid! C'est la suite logique! Vous êtes hors de l'agitation ambiante! Vous n'êtes pas sous son pouvoir superficiel! Vous êtes dense et vrai, alors qu'autour ils ne sont que haine et vent! Vous vous amusez bien!

        Plus on veut vous détruire ou vous séduire, et plus on apporte de l'eau à votre moulin! plus vous comprenez que vous avez raison, que vous êtes sur la bonne voie, et vous vous mettez à siffloter! La vie paraît radieuse! Vos efforts ne sont pas vains! Tout cela a un sens! C'est un plaisir ineffable! Il n'y en a pas de plus fort, ni de plus riche!

        Votre personnalité se teinte d'éternité! Vous marchez dans les pas de Dieu! Vous êtes un ange souriant! Le ciel bleu vous illumine! Vous êtes libre parce que vous ne voulez pas dominer! Même la mort vous devient aimable... Vous êtes une créature infinie! 

  • Du combat!

    Du combat

     

     

     

        Il nous faut combattre tous les jours, c'est une évidence! Rappelons les faits, puisque le monde apparemment les ignore complètement! Les animaux se vouent une lutte sans merci, pour se nourrir, défendre leur territoire et se reproduire. Les hommes, quant à eux, grâce à leur conscience, qui leur permet de s'affranchir de leurs instincts, ce qui veut dire qu'ils sont capables de nouveautés, ont pu régler un certains nombre de leurs problèmes... Par exemple, nous n'avons plus besoin de chasser, pour nous procurer de la viande... La notion de combat de ce côté-là a pratiquement disparu.

        Aujourd'hui encore, dans nos pays riches, la défense du territoire n'est plus une nécessité, même si nous savons que nous avons des ennemis... Pourtant, à l'autre bout de la planète, en Iran, les choses recommencent..., comme si on n'apprenait jamais rien et que la guerre était fatale! A ce propos, la manière dont les médias traitent les événements est stupéfiante: pour eux, il n'y a pas d'agresseur, mais deux pays ont une querelle et la tension monte... Trump n'est pas le Liberty Valance du secteur! Et le silence de la Communauté internationale est assourdissant! L'inaction de Macron incompréhensible, comme celle même de Poutine (quoique dans ce cas cela vaut peut-être mieux...)! Mais apparemment tout le monde est débiteur de l'Oncle Sam... et on ne s'emporte pas contre son créancier...; à moins que nous ne soyons pas dans le secret des dieux et que tout se passe entre chancelleries!

        Toujours est-il que nous ne combattons pas instamment chez nous une menace étrangère... (Plaisanterie: "Le diable est-il allemand? Vous avez quatre heures!") Mais alors de quelle petite guerre au quotidien parlons-nous? Cela n'est pas non plus au sujet de la reproduction... Nous n'avons pas les suées du mâle de la mante religieuse ou de la veuve noire... Pourtant, notre lutte est bien issue du règne animal, puisque faire valoir notre individualité est bien la suite des efforts des autres créatures, pour pouvoir s'imposer et donc survivre. Mais la conscience fait que chez nous la domination est un combat complexe entre les identités... Dans le cadre de la loi, c'est même un affrontement souterrain, non dit, au point que la psychanalyse et tous les savoirs qui en découlent sont passés à côté, ce qui montre l'incroyable naïveté (ou cécité) du monde scientifique!

        Car il ne suffit pas de vaincre ses complexes, pour espérer être heureux, il faut encore comprendre l'enjeu général et qu'a priori chacun veut dominer, blesser, écraser l'autre! Ceci est essentiel, car plus vous serez libre et épanoui et plus vous susciterez de haine, de jalousie et l'envie qu'on vous détruise! Nul besoin d'avoir fait HEC pour comprendre cela! d'autant que dans la domination nous avons tous les degrés et c'est de nouveau ce qui va intéresser notre chronique!

        Mais d'abord un principe... et c'est sans doute le seul dont nous devrions tenir compte! Soit nous dominons, en ne suivant que nos instincts, et nous faisons le mal, avec un scénario aussi prévisible qu'une messe, qui est: plus vous dominez et plus vous créez un monde égoïste et angoissant; et plus vous dominerez pour échapper à l'angoisse! C'est le serpent qui se mord la queue et cette logique n'a qu'une seule issue: la guerre (notez que la crise financière en est une, mais "civilisée")! C'est l'affrontement qui libère, puisqu'il permet une domination exponentielle, d'où l'agressivité contre l'Iran! On tue donc des millions de personnes ou moins (apparemment Trump considère le nombre de morts, il reste un homme d'affaires...), puis on se calme, on se demande: "Pourquoi tout ça?" et pour un temps nous voilà plus solidaires, juste heureux d'être encore en vie!

        Soit, et c'est la voie intéressante, on échappe à la chaîne de la domination, en trouvant pour la satisfaction de son identité un autre sentiment que celui de sa supériorité; ou plutôt celle-ci ne fait plus aucune victime, car elle se nourrit des lois de la sagesse, de la compréhension intime du monde! Cela inclue bien entendu de reconnaître la beauté, de la saluer avec admiration et c'est pour ainsi dire la base... Ceci peut s'adresser particulièrement à tous les thuriféraires de Ben Laden, puisqu'il pêchait la truite à la grenade pour se détendre, ce qui montre de toute évidence un profond respect pour la création d'Allah! 

        Mais on l'aura compris, pour être sûr de faire le bien, il ne faut plus chercher à dominer, à être "ruisselant" de réussite, comme par exemple la plupart des personnages qui animent le petit écran... Mais c'est dur, convenons-en, car notre amour-propre est piqué par toute cette société qui s'affiche et qui crée une sorte de monde doré, avec ses fêtes, ses rires, sa facilité, son aisance! On voudrait également y participer, rejoindre la lumière, trouver un sens à la vie dans cette direction, puisqu'on serait alors consistant, quelqu'un; notre importance serait évidente!

        Mais surtout c'est le désert qui effraie! Il est plein de cauchemars, de doutes, d'empoisonnement; l'eau y est rare, le quotidien laborieux; les bonnes nouvelles tiennent du miracle! Des pierres, rien que des pierres forment l'horizon... On s'interroge forcément sur cet état... Quelle est notre erreur? On devait tourner à droite au kilomètres 250, mais on a tourné à gauche sans même savoir pourquoi! Oh si! On le sait, parce qu'on est têtu, parce qu'on se croit supérieur, meilleur que les autres! Il en a toujours été ainsi et voilà le résultat! On est en plein dans cette mer de misère! On bout chaque jour! On crève à cause de l'injustice!  Mais il faut cesser de rêver! Il n'y aura pas de rencontres! Une soucoupe ne va pas atterrir et des aliens, beaux comme des dieux, ne vont pas en sortir, pour nous offrir la médaille du mérite; en riant, parce qu'on aura pris au sérieux notre isolement, notre souffrance! Ah! C'était une mauvaise plaisanterie! Ah! ah! Elle est bien bonne! Mais, je savais que vous viendrez, je n'en ai jamais douté! L'ombre de la mort ne pouvait pas apparaître sans cette reconnaissance, cette fête! Bande de salauds, vous en avez mis du temps!

        Hein? Eh! Mais ne partez pas! Oh! Mais je deviens fou, je suis seul ici! Il n'y a rien... et il n'y aura jamais rien! La haine... la haine contre tous ceux qui se goinfrent! Rejoindre les gilets jaunes! Réclamer moi aussi justice, contre ce monde pourri! Si seulement je pouvais croire que c'est aussi simple! Maudite soit mon intelligence! Maudit soit Dieu de nous avoir mis dans un tel cirque! Si seulement celui-là bougeait une seule fois son cul! Toujours se calmer! prendre sur soi! alors que tant d'autres ont tout le temps la gueule ouverte, sans même s'en rendre compte! Oh mon Dieu, qu'est-ce qui ne va pas chez moi?

        Pourtant, la réalité est bien différente: ce qui brille est rarement or! Mais voici un exemple bien explicite, à même d'obscurcir n'importe quelle fausse étoile! Nous sommes à photographier des épaves, le corps dans l'eau grâce à des waders. Nous ressentons à la fois de l'excitation et de la sérénité! Nous traquons la lumière sur de vieux morceaux de bois et c'est notre univers, depuis l'enfance!

        Nous avons en effet été bercé par la beauté merveilleuse et discrète de la nature; c'est elle au fond qui nous a tout appris! Sur le plan technique, nous travaillons avec un objectif de 200mm, ouvert constamment à f2,8, et l'exposition est réglée sur la mesure spot! Un vrai régal! Notre fantaisie, notre rêve ou notre créativité s'exprime dans un rayon laser! De plus, l'heure est tardive (22 heures!), car il faut attendre l'heure dorée, quand la lumière est rasante... Mais ainsi nous ne dérangeons personne; le rivage est désert et nous disparaissons presque derrière les carcasses!

        Pourtant, à force, un bruit vient nous gêner... Quelqu'un bat bruyamment des couvercles de poubelles, comme si on essayait de nous transmettre une exaspération; ici, où il y a seulement deux ou trois maisons en bordure; alors qu'on peut considérer les épaves tels des déchets qui meurent dans de la vase... Mais ce n'est pas grave, nous en avons fini et nous sortons de l'eau... C'est à ce moment qu'une femme, suivie par son mari, vient brutalement se planter sous notre nez... C'est elle qui depuis tout à l'heure ne va pas bien... et que fait-elle? Elle prend en photo l'une des épaves, avec son téléphone portable! Son mari, en la voyant, a un haut-le-cœur; ce qui veut dire que le geste de la femme n'est pas innocent!

        D'abord, il n'y a plus de lumière; la photographie n'est donc plus de mise. Ensuite, un cliché du bord et donc lointain ne donnera rien! Enfin, le matériel utilisé, un téléphone portable, est au reflex ce qu'une Twingo est à une Féfé (une Ferrari dans la bouche des demi-truands!) Alors pourquoi cette femme agit-elle de cette manière? Que veut-elle nous dire? Mais qu'elle est là! et combien elle est importante! Sa prise de photos nous montre qu'il n'y a chez nous nulle particularité, que notre bonheur, notre passion n'a nul secret, nulle magie, nul savoir-faire! C'est une forme de mépris, qui rappelle encore que nous sommes sur le territoire d'un autre!

        Car cette femme n'accepte pas l'indépendance, la liberté et même la joie qui lui échappent, qui ne sont pas sous son contrôle, dont elle n'est pas la source, le point de mire! C'est un tyran, vous l'aurez compris, et à un haut degré! Tout ce qui n'est pas elle lui est odieux et doit être détruit! Seule sa personne peut exister! Mais son exemple, comme vous le savez, n'est en rien exceptionnel, nous pourrions le multiplier par dix, par vingt, chaque jour! La majorité des hommes et des femmes sont des tyrans; il n'y a que l'intensité de leur oppression qui change!

        Nous sommes donc ici à des années lumières d'une vision psychologique du monde, qui voudrait nous faire croire que notre bonheur ne dépend que de nous! Il n'est pas possible, écoutez bien, il n'est pas possible que le contact des autres ne nous soit pas au quotidien éprouvant, usant et destructeur! Les tyrans nous dévorent la vie! Tant que la société ne comprendra pas ce phénomène, ne le prendra pas en compte, nous retomberons immanquablement dans les mêmes erreurs et donc les mêmes malheurs! Ceci est aussi fondamental qu'indispensable!

        Si le doute vous atteint, ce qui arrivera de toute façon, et que vous recommencez à vous tourmentez sur vous-même, de sorte que vous voilà de nouveau dans la peine, rappelez-vous ce que nous disons ici; à savoir que les autres en général vont vous haïr, vous mépriser et vouloir vous anéantir, d'autant que vous paraîtrez libre et détendu, hors de leur pouvoir! Ce que la plupart cherchent, avec plus ou moins de férocité, c'est vous asservir! que vous les considériez comme des dieux! Ainsi s'explique votre doute, votre tristesse, à cause d'un environnement hostile! Et nous ne clamons pas bêtement: "L'enfer, c'est les autres!", mais nous décrivons un fonctionnement et nous donnons les remèdes pour qu'il change!

        Mais revenons au monde doré, celui qui s'affiche dans les médias et que nous sommes enclins à envier, puisqu'il symbolise la réussite de la personnalité, la preuve du talent! Des gilets jaunes ont essayé de l'atteindre, voire de le détruire, dans le but naïf d'installer un système plus juste, moins élitiste; mais le révolté bedonnant, qui défie les caméras devant des palettes qui brûlent, ne veut au fond que montrer qu'il est l'égal de ceux qui le méprisent...; il n'est pas au bout du compte différent d'eux!  

        Il nous faut donc voir les choses autrement et d'abord comprendre que le monde doré, aussi séduisant qu'il puisse paraître, est incapable de connaître la paix! L'énervement, le trouble de la femme de notre exemple est artisanal, provincial, osons-nous dire... Imaginez cet appétit, cette haine à la mesure de Paris, là où les places sont si capiteuses!

        Le monde doré est fatalement constitué de cadavres; il y faut un cœur de pierre, autant pour s'aveugler que pour gravir les échelons! La meilleure preuve de cette errance est donnée par Trump! Il est au sommet de la pyramide; il a tout ce que peut désirer le monde doré! Son pouvoir est quasiment illimité et que fait-il? Il cherche des noises à l'Iran, qui est comme un vendeur de journaux, qui a ses combines, à côté des requins de Wall Street!

        Trump ne peut pas être heureux, ni tranquille... Il est comme l'homme à moustache qui a conquis la France en 40. En effet, Hitler aurait pu à ce moment-là consolider sa position et il aurait été quasiment indélogeable! Mais la domination, pour ne pas céder à l'angoisse, doit incessamment ressentir son pouvoir et l'armée allemande signe sa perte en reprenant les traces de Napoléon, dans la steppe sans fin!

        L'instabilité et même la folie du monde doré s'expriment notamment par sa production littéraire... Il suffit d'entrer dans une librairie pour voir tout ce fatras d'inquiétudes et d'amours-propres! Il faut produire sans cesse, pour tenir le haut du pavé, et ainsi on ne comprend rien, on écrit des ouvrages vains et même on plagie, à bout de souffle! Tous les spécialistes, tous les penseurs du monde doré n'ont jamais vu les crises financières arriver, ni le Printemps arabe! Ils sont comme des bouchons que la mer emporte, tandis que le sage, lui, est assis sur une dorsale!

        Ainsi, où que vous soyez et qui que vous soyez, nous voudrions vous dire, tout en essayant de ne pas trop copier une parole célèbre: "Réjouissez-vous de votre peine, elle montre que vous n'êtes pas aveugle! Réjouissez-vous de voir le tyran, car vous n'êtes pas comme lui! Réjouissez-vous de votre chemin difficile, car c'est le seul qui mène à la paix! Réjouissez-vous de votre solitude, même si elle est pénible, car elle permet de comprendre! Réjouissez-vous de la haine que l'on vous porte, car elle témoigne de votre liberté, de votre individualité!!"

        A ce propos, pour notre part, nous nous habillons avec des vêtements qui sont le reflet de notre force et qui ont donc des couleurs vives... Ce n'est pas pour provoquer, mais il n'est pas question de porter des jeans, qui ne nous dissocieraient pas des murs! C'est une forme de respect pour nous-même, mais évidemment, comme de cette façon notre personnalité est remarquable, nous essuyons la haine des tyrans! Mais savez-vous ce que fait celle-ci, lorsqu'elle ne peut vaincre physiquement? Elle gronde, elle grince des dents et l'écouter est l'un des charmes du combat!