Du chaos

  • Le 20/07/2019
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Du chaos

 

 

 

    Il existe trois facteurs qui poussent à regarder l'avenir avec un regard très sombre, même si bien entendu il est impossible de connaître parfaitement la situation, qui produira sans doute son lot de bonnes surprises; le bien étant à l'œuvre comme le mal!

    Cependant, voici les trois facteurs dont nous voulons parler: le réchauffement climatique, la très probable prochaine crise financière et la monstruosité de la nouvelle génération! Ce sont trois éléments qui s'influencent mutuellement, on peut le comprendre facilement, et ils pourraient créer une catastrophe, des affrontements civils sans précédents, une perte de contrôle de la part des gouvernements... Le chaos serait dans la rue, les sociétés trembleraient jusqu'à leur base et chacun devrait se défendre!

    Certes, c'est une vision apocalyptique, celle d'un monde sans loi, barbare et sauvage, digne de certaines productions hollywoodiennes, mais on voit mal comment il serait possible d'y échapper totalement, tant certains faits apparaissent inquiétants! Pourtant, nous sommes peut-être personnellement et inconsciemment le jouet de notre propre pessimisme, de notre désillusion... Nous ne mangeons pas assez ou nous manquons de distractions... Le poids de ce que nous voyons va s'effacer, quand nous retrouverons de l'énergie, comme le soleil dissipe les brumes matinales, mais nous doutons tout de même que ce ne soit que cela! Bref, on verra bien selon la formule consacrée!

    Toutefois, examinons nos trois facteurs, afin d'être le moins possible pris au dépourvu! Le premier, le réchauffement climatique, est devenu quasiment inévitable, même s'il continue d'avoir ses détracteurs... 45°9, c'est un record absolu de chaleur enregistré au mois de juin! Jamais il n'a fait aussi chaud en France, depuis qu'on mesure les températures! Des résultats de ce genre ont été notés partout en Europe et leur cause laisse de moins en moins place au doute... Les activités humaines ne peuvent qu'être montrées du doigt!

    Tout le monde connaît les effets de la canicule... Elle est une ennemie; elle pèse notamment sur la ville; elle étouffe, énerve, inquiète, comme si elle nous enlevait la plupart de nos repères ou faisait fondre le cadre de la loi! Certains vont presque nus; d'autres bravent des interdits, à la recherche de la moindre fraîcheur... La population ne semble plus vraiment tenue et bien entendu des violences éclatent, dues à l'alcool!

    On n'arrive pas à dormir, on rumine, on s'agace, on envie ceux qui profitent des plages; les inégalités deviennent plus apparentes! Les dangers du climat semblent favoriser les révolutions, préparer le terrain des soulèvements, notamment en faisant ressortir les clivages et c'est valable aussi bien pour l'été que pour l'hiver... On se souvient de Paris accusée d'avoir inondé la province alentour, pour se sauver elle-même de la crue!

    D'autre part, les effets sur les cultures sont bien entendu à prendre en compte... Ce sont des récoltes perdues, des pénuries, des manques d'eau, des hausses de prix, des producteurs fragilisés... Il est facile de voir que notre quotidien se ressent de chaque coup que nous porte la nature et que le réchauffement climatique ne va pas nous laisser tranquilles, bien au contraire! Ce facteur sera déterminant pour la suite des événements...

    Venons-en au second: la probable prochaine crise financière, qui devrait dépasser en importance, en intensité toutes celles qui ont précédé... Il faut le dire, à ce sujet, les avis divergent, encore plus que sur le réchauffement climatique! Tout se passe comme si les hommes avaient créé une entité à part entière, douée d'une vie propre et dont on ne connaît pas les réactions! Certes, l'économie est une science et si on manipule tel levier, on sait qu'on fera monter ou baisser telle aiguille; mais le marché qu'on s'efforce de contrôler est en réalité un inconnu, tant ses ramifications sont complexes et impossibles à cerner!

    Pour faire court, on dira que les sociétés ont enfanté un monstre, avec lequel on joue, mais qui a parfois des soubresauts inquiétants et inexplicables!

    Le résultat, outre les crises, ce sont des professionnels, des spécialistes, des journalistes, des politiques qui battent la campagne! Jamais on n'a vu autant de prédictions et de commentaires qui se sont avérés faux et inadaptés! Parmi ceux qui interviennent, il y a les alarmistes, les bilieux, les sentencieux, les lâches, les insouciants, les vaniteux, etc.! Le domaine est si vaste et si flou que toutes les passions et toutes les figures humaines s'y retrouvent; avec au bout du compte la surprise et la tension produites par les faits!

    Apparemment et contre toute attente, on peut faire dire n'importe quoi aux chiffres! 

    Donnons un exemple, même si notre plume renâcle devant certains noms, à cause de son dégoût... Mais en 2007, au moment de la crise des Subprimes, c'est-à-dire peu avant la chute de la banque Lehman Brothers et la panique qui s'est emparé des marchés, Christine Lagarde et DSK, deux anciens patrons du FMI, déclaraient dans les médias que la crise était maintenant derrière nous! Quant à Alain Minc, qui se veut aussi un fin connaisseur de l'économie, il voyait l'abîme qui s'ouvrait devant nous comme "grotesquement psychologique"! C'est ce même personnage qui a écrit "La mondialisation heureuse"!

    Ce qu'on peut considérer tel le sommet de la société ressemble bien à une cime himalayenne: dans le brouillard et le vent, on croise des fous, des égarés; avant de retrouver leur sourire niais près des moulins à prière, sous les pavillons multicolores! Aujourd'hui, nous savons que nous sommes passés très près de la catastrophe... Jean-Claude Trichet, l'ancien président de la BCE, dit lui-même, au sujet de 2008: "Les banques centrales se sont efforcées (sic) d'éloigner le plus possible la menace d'une grande dépression qui eût été pire que celle des années 1929-1930."

    Mais les principaux commentateurs ont une excuse; ils sont eux-mêmes des actionnaires; ils sont à l'aise et certains d'entre eux, sous leur air bonhomme à la télévision, sont même millionnaires! Peut-on alors en vouloir aux passagers des premières d'être moins sensibles aux voies d'eau que les mécaniciens? Evidemment non, mais l'incompétence ne nous garantit en rien que l'iceberg n'aura point sa revanche... En scrutant l'horizon, on peut même être convaincu du contraire!

    En effet, ce qui mène les banquiers, ce n'est ni plus ni moins que la domination; leur intelligence ne va pas au-delà! Or, pour donner un sens à la vie, nous savons que la domination a toujours besoin de se renouveler, ce qui condamne (le mot n'est pas trop fort) les banques à une course au profit, au culte de la victoire! Aujourd'hui, toutes les banques les plus puissantes du monde ont eu affaire à la justice; aucune d'entre elles n'a un casier vierge et comme elles ignorent même l'existence de leur trouble, il n'y a aucune raison pour qu'elles ne deviennent pas multirécidivistes! Attendons-nous donc à de nouvelles crises et à d'autres scandales!

    Effaré par l'arrogance de Goldman Sachs, Obama a entrepris de limiter les activités financières, ce qui a donné la réglementation Volcker. L'une de ses mesures phare était d'empêcher les banquiers d'utiliser les dépôts de leurs clients pour leurs spéculations! Ceci est essentiel, car de cette façon on ne met pas en danger la population et si la banque a de grosses pertes, on n'oblige pas le gouvernement à la sauver par peur de la panique!

    En 2008 et à la grande stupéfaction du monde de la finance, le Trésor américain ne tend pas la main à Lehman Brothers, qui dépose son bilan... Il faut dire que les dirigeants de cette banque ont continué jusqu'au bout leurs activités illicites, car ils étaient persuadés que le gouvernement ferait tout pour leur éviter le naufrage! Cette duplicité a rendu sourde l'administration Bush, mais nous avons parlé au passé de la réglementation Volcker, puisque Trump s'est empressé de l'attaquer avec succès, pour y supprimer d'abord l'article que nous avons cité; ainsi qu'une mère aurait rendu aux banquiers leur "joujou"!    

    En France et en Europe, les banques placent avec gourmandise sur les marchés l'argent qui leur est confié! Elles font donc peser une épée de Damoclès sur la tête des gouvernements, car ne suivent-elles pas la même logique que Lehman Brothers, à savoir que leur pratique leur donne un filet de sécurité? C'est le contribuable qui sauve le banquier voleur, qui échappant toujours se sent tout puissant et nullement responsable! Notez que de séparer la spéculation des dépôts est appelé une recapitalisation des banques, ce qui est au banquier comme le légume à l'adolescent!

    Une autre raison, pour que nous entrions dans un champ de glaces, c'est la politique générale... L'idée est celle-ci: libérons le plus possible les entreprises des charges, autrement dit exonérons les plus riches, pour développer, favoriser la croissance! La suppression de l'ISF ne procède pas d'un autre raisonnement... On veille à ce que les mouches n'importunent pas le magnat, de peur qu'il ne prenne ses valises et quitte l'hôtel! ("On n'est pas bien ici? Hein? Et quelle vue sur la mer! Si vous avez besoin de quelque chose, vous n'hésitez pas, vous sonnez!")

    Mais cette politique est-elle vraiment efficace? Sarkosy a continué de grever la France (Hollande un peu moins...) et Trump joue en ce moment même au casse-boîtes avec le budget US, ce qui ne l'émeut guère; mais surtout l'injustice dans les traitements, entre le riche et le pauvre, nous fait pénétrer inexorablement dans la forêt de Sherwood! Le carrosse du nanti paraît de nouveau éclabousser la famille paysanne qui gratte la terre! C'est la vision des gilets jaunes, qui n'est pas totalement dénuée de fondements! Macron semble prendre conscience de son erreur, mais n'est-il pas déjà trop tard? Quel élixir pourra changer la haine en eau douce?

    Enfin, il y a les mouvements populistes ou nationalistes qui jettent de l'huile sur le feu! Leur pensée est celle-ci: nos ennuis viennent de l'étranger...; si on rejette celui-ci, on atteindra l'azur au-dessus des nuages! Ceci est même valable pour la dette, qui disparaîtrait comme une flamme de bougie sur un gâteau d'anniversaire! C'est bien entendu infantile, car il y a des lois économiques et notamment une sortie de la zone euro entraînerait une dévaluation catastrophique, mais les égoïsmes, qui sont toujours à la recherche de la satisfaction la plus immédiate, peuvent être séduits et un prochain gouvernement populiste, en Europe, n'est pas exclu; ce qui mettrait un enfant furieux dans les jambes des adultes!

    De toute façon, nous ne pouvons pas continuer ad aeternam à emprunter, pour payer les emprunts précédents... Tôt ou tard, un particulier surendetté doit réduire son train de vie et l'austérité apparaît nécessaire pour notre pays; mais ce serait aussi pour la classe dominante accepter de moins dominer, ce qui est quasiment impossible, à cause de l'orgueil et de l'angoisse qu'il masque! Nous sommes donc comme dans un train qui file et qui ne peut s'arrêter, à moins qu'il ne déraille!

    Cependant, le troisième et dernier facteur, selon nous, qui assombrit notre horizon, n'est pas le moins important, bien qu'il soit apparemment invisible au plus grand nombre... Il s'agit de notre jeunesse empoisonnée!  Certes, des jeunes montrent actuellement combien le sort de la planète les préoccupe et la majorité, si elle ne se mobilise pas, partage sans doute les mêmes soucis... Notez toutefois qu'on ne peut maintenir l'homme dans un état d'urgence permanent... Condamné à l'angoisse, un individu se ferme instinctivement, pour se protéger, et il devient sourd à tous les appels! On ne pourra pas vaincre le réchauffement climatique sans un changement profond des mentalités, sans comprendre le rôle de la domination et pourquoi elle est un impasse; sans cette révolution, osons-nous dire!

    Mais, pour l'observateur attentif, ce qui effare c'est le nombre toujours croissant de ces adolescents qui méprisent absolument leurs aînés, comme si ceux-ci devaient être à leur botte! Ce sont autant de "petites cathédrales de glace" que l'on croise sur le trottoir ou dans le bus! Il n'y a même pas chez ces jeunes la crainte de la force physique supérieure des adultes, ce qui n'est pas naturel! Si on essaye d'en chercher la raison, on peut considérer le smartphone comme une explication... L'adolescent a le nez dessus et ne regarde le monde qui l'entoure que par intermittence... En fait, il se promène dans sa bulle, sans rencontrer véritablement le réel, ce qui fait qu'il en ignore les dangers, même les plus primaires! L'enjeu paraît aussi simple qu'épouvantable: ou bien c'est l'adolescent qui s'impose, ou bien il est détruit! Mais il n'y a pas de dialogues... 

    Quoi qu'il en soit, cet égoïsme juvénile extrême ne peut pas ne pas miner la société... Il agit souterrainement, telle une trappe sous la cheminée... Il attise le feu du milieu, celui qui est déjà brûlant de toutes les revendications sociales!

    Dans notre ville, au moment même où retentissent les premières explosions du feu d'artifice du 14 juillet, un concert incroyable de klaxons vient couvrir la fête! Qu'est-ce à dire sinon que les gilets jaunes rappellent qu'ils sont toujours là, contre la République, comme une meute de loups, par ses hurlements, montre qu'elle reste à l'affût de la bonne occasion! 

    Bah, après une bonne nuit de sommeil, nous rirons de tout cela, n'est-ce pas?

    Nous vous conseillons encore les photos de la semaine, car la beauté exerce la patience et calme même la soif de sens! C'est la maturation qui est la clé du savoir!

 
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