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  • L' attaque des Doms!

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    Plus l’enveloppe du Dom est forte et moins les autres pour lui ont une existence propre ! Car il attire les autres pour son intérêt, être admiré ou pour qu’il sente son importance ! De ce fait, l’autre n’est pas un sujet de curiosité pour le Dom ! Celui-ci n’essaie pas de le connaître, encore moins de le respecter : il l’utilise seulement, puisque dans le monde du Dom, il n’y a que le Dom ! Donc, plus on se sépare de son enveloppe de Dom, c’est-à-dire plus on lutte contre sa domination, et plus l’autre devient une réalité et plus on est en marche vers une cohabitation paisible ! A l’inverse, plus l’enveloppe du Dom reste forte et plus on se ferme au monde extérieur et plus on en a peur ! On va donc de ce côté-là vers la haine, le rejet et la destruction !

    Il existe ce qu’on peut appeler le Dom Petite Terreur (ou DPT) ! C’est généralement un Dom qui ne paie pas de mine, par exemple une personne âgée du quartier ! Il n’y a a priori rien d’agressif chez le DPT et physiquement il ne fait pas peur et pourtant c’est une petite terreur, au bout de la rue ! Vous vous approchez et le DPT est en l’occurrence une vieille dame menue, en train de discuter avec sa voisine… Vous sentez bien la domination qui émane de cette DPT… Elle a l’air de dire : « Attention, si tu ne me dis pas bonjour ! Si tu ne reconnais pas que je suis une personne importante du quartier, je vais te maudire de toute mon âme ! Et cela veut dire que, si jamais on enquête sur quelqu’un, je dirai que tu es forcément suspect ! Malheur à toi, si tu n’es pas en règle, avec tes factures, tes impôts ! Tu es devant une sommité, qui a tout pouvoir ! Je n’hésiterai pas une seconde à demander la mort, s’il y a quelque chose qui cloche ! »

    Face à la DPT, si vous êtes un peu en dedans, affaibli, hésitant, vous allez effectivement vous soumettre, par un bref salut, car c’est aussi les conventions : on est tenu de montrer son respect aux personnes dites vénérables du quartier ! Votre réaction peut être un bon indicateur de votre état de forme ! Dites-vous bien que si vous saluez la DPT, elle se réjouira de vous traiter avec le plus de mépris possible, surtout devant son amie, puisqu’elle démontre ainsi son pouvoir ! Il advient cependant que la DPT vous salue aussi poliment, mais ce serait étonnant, car, ne cessons pas de le rappeler, le Dom se nourrit de sa domination ! Il n’est pas là en vacances !

    En tout cas, si vous n’avez pas résisté à la DPT, vous avez alimenté la « machine » Dom, le fonctionnement habituel qui nous entoure ! Vous pouvez aller vous cacher chez vous et regarder un « traître » dans la glace ! Nous plaisantons bien entendu, car la vie est difficile et même si vous avez ignoré la DPT, il est fort probable que vous le regrettiez, car la peur de ne pas obéir aux normes est insistante et ne demande qu’à nous envahir !

    Au contraire, si vous passez devant la DPT avec « superbe », plus exactement en ne perdant pas de vue qu’elle est une canaille, une égoïste et que c’est à elle d’évoluer, vous lui posez une énigme ! La DPT se demande alors qui vous êtes, pour n’être pas tombé dans son « piège », car la dame est bien consciente de répandre sa petite terreur ! Elle n’est pas innocente, elle a fait courber le cou à des milliers comme vous ! Sa dictature, c’est son existence même, sa marque de fabrique, son travail quotidien ! Mais il est possible que votre indifférence la conduise à réfléchir et à changer d’attitude, car vous n’avez pas cédé à la peur !

    De toute façon, celui qui marche vers la Lumière est forcément confronté aux conventions, car il a une autre lecture de la société ! Il est donc aussi en proie aux doutes et s’interroge régulièrement sur sa santé mentale ! Pourtant, le Dom est bien une réalité et la Lumière doit avoir le courage de s’écarter du « troupeau » ! La foi, c’est l’avenir dans le sens où l’amour de Dieu est un mystère spirituel ! Ce n’est pas seulement la raison qui est en jeu et le champ d’action du Dom est d’abord une domination psychique ! C’est une pression apparemment invisible, que seul l’esprit perçoit ! C’est une affaire de sensibilité, de sentiments, et qui pourrait être vue comme subjective, mais qui n’en constitue pas moins la base de nos rapports, bien avant que des mots ou des gestes soient échangés !

    Nous dégageons tous une présence, qui est la somme de ce que nous pensons et de notre santé ! Nous faisons tous plus ou moins impression les uns sur les autres ! Nous nous influençons à distance et nous transmettons notre désir, et celui du Dom veut du pouvoir ou de la possession ! C’est par l’esprit que d’abord nous existons et que nous nous percevons, même si nos corps y contribuent évidemment !

    C’est une lutte constante, qui use sans le dire ! Mais la résistance qu’on oppose au Dom est pour lui une chose nouvelle ! Il est habitué à soumettre, à vaincre et voilà que la Lumière lui échappe, justement parce qu’elle n’a plus besoin de dominer ! Elle pose au Dom un problème quasi insoluble, car on n’est plus sur son champ de bataille ! La Lumière n’entretient pas un rapport de force, mais elle défend une vérité, un savoir, une espérance ! Elle essaie de déchirer l’espace de mensonges qui lui fait face, car elle est bien consciente que le Dom n’est pas une solution, qu’il est perdu lui-même et qu’il commet l’injustice, de sorte que le désespoir provoque la violence !

     

                                                           L'ATTAQUE DES DOMS!

     

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    Pendant ce temps-là, à Domopolis, la capitale des Doms, et dans la Tour du Pouvoir, on s’agite, on s’empresse, on bout intérieurement, car on se prépare à conquérir l’Univers ! Dominator, le chef des Doms, a réuni ses généraux, Dom 1, Dom 2 et Dom 3, pour revoir le plan d’attaque ! « Notre cible, dit Dominator, est la planète ED ! Elle est peuplée de gens violents, haineux, rancuniers, sournois et frustrés ! Bref, ce sont des gens malléables, qui ont à peine dépassé le stade animal ! Nous allons essayer sur eux notre nouveau rayon déstructurant Domination Perverse ! Nous allons semer l’effroi dans leur esprit, encore plus efficacement qu’avec une bombe atomique !

    _ Ah ! Ah ! fait D 1.

    _ Ils vont rien voir venir ! ajoute D 2.

    _ Ils sont cuits ! renchérit D 3.

    _ Est-ce que tout a été vérifié ? demande Dominator.

    _ Le canon a été bien positionné !

    _ La charge est en place !

    _ Les Doms autour sont fin prêts !

    _ Bien, bien, je ne vous cache pas que c’est un grand jour ! Depuis le Grand Effondrement, chacun d’entre nous a dû lutter pour survivre ! Notre empire s’est écroulé sans crier gare et nous sortons à peine la tête de l’eau ! Nous étions les maîtres du monde ! Notre nom était autant respecté que craint ! Nos vaisseaux de guerre passaient pour les meilleurs de la galaxie ! Les Doms alors contrôlaient de nombreuses planètes ! Et puis, du jour au lendemain, nous nous sommes retrouvés comme des va-nu-pieds ! Nos gouvernants avaient cédé à je ne sais quelle folie étrangère ! Ils ont laissé partir le pays à la ruine ! »

    A cet instant, on entend une voix dire : « Tir moins dix minutes ! » « Mais nous avons remonté la pente ! crie Dominator. Nous avons de nouveau stabilisé les choses ! Le pouvoir est revenu entre nos mains, plus fort que jamais !

    _ Et c’est grâce à vous ! dit D 1.

    _ Ah ! ça oui ! approuve D 2. Sans vous, on s’rait encore j’ sais pas où !  

    _ C’est bien simple : vous êtes notre sauveur ! rajoute D 3.

    _ Et je n’en suis pas peu fier ! Mais comme ce fut long ! Quand je pense à tous ceux qui m’ont fait obstacle, une rage sourde m’envahit encore ! J’ai dû me débarrasser de tous mes adversaires ! Ils m’ont contraint à couvrir mes mains de sang et je leur en veux pour ça ! Ils n’avaient qu’à m’aider à relever la grandeur des Doms ! Car tel est mon unique but : que la supériorité du Dom soit reconnue partout dans l’Univers ! 

    _ Tir moins cinq minutes !

    _ Où en étais-je ?

    _ A la grandeur des Doms !

    _ Oui, nous allons rebâtir notre empire ! Personne, vous entendez, personne ne pourra résister à nos nouvelles armes, uniques dans tout l’Univers ! Elles sont issues de notre longue tradition d’excellence dans ce domaine ! Nous savons comment répandre le poison du mensonge, comment rendre fou l’ennemi, en profitant de ses moindres failles ! Nous sommes les maîtres de la nuit !

    _ C’est pas comme nos routes ! Ah ! Ah ! Dans quel état elles sont ! Avant d’arriver ici, j’ai même crevé ! Regardez, j’ai encore les mains un peu sales !

    _ Dis-moi, D 2, tu aimes ton travail ?

    _ Ben...

    _ Tu aimes être avec nous, faire partie de l’élite, car nous nous sucrons ! Nous sommes des privilégiés, alors que le population, dont nous nous moquons éperdument, tire la langue !

    _ Ben oui, j’aime bien manger ! Il manquerait plus que je sois un privilégié triste !

    _ Alors, pourquoi j’ai l’impression que tu es un idiot ! Peux-tu me donner une seule raison, pour ne pas me débarrasser de toi ?

    _ Ben, j’aimerais pas ça !

    _ Gardes ! Saisissez-vous de D 2 et conduisez-le à l’Oubli !

    _ Non, non, je vous en supplie, Dominator ! Pensez à ma fille, votre filleule !

    _ Elle comprendra et me remerciera !

    _ Tir dans cinq secondes ! »

    On emmène D 2 et soudain un rayon, en partant, tonne vers la petite planète ED !

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    Les Eudistes sont les habitants d’ED et ils sont très étranges ! Ils se meuvent imbriqués les uns dans les autres ! De forme rectangulaire, ils se touchent et créent une couche comme un mur de briques, mais qui bouge ! Toute la planète est ainsi, de sorte qu’il est impossible pour une créature, qui ne serait pas un Eudiste, de s’y installer, ce dont les habitants sont fiers !

    On raconte que c’est leur amour pour l’ordre qui a peu à peu façonné les Eudistes, mais de temps en temps, le matin et le soir principalement, l’un des leurs ouvre sa boîte, ce qui lui sert d’enveloppe, et il se met à crier ! Quoi ? On ne comprend pas bien, mais cela ressemble à des injures ! Le phénomène est d’autant plus étonnant que tous les Eudistes autour font de même et on assiste à une cacophonie cinglante, abrutissante ! Puis, au bout de quelques minutes, le calme revient, les boîtes se referment, laissant les quelques rares spectateurs s’interroger sur cette sauvagerie !

    De quoi se nourrissent les Eudistes ? Mais de valeurs ! Oui, vous avez bien entendu, de valeurs ! Qu’est-ce que c’est ? Seuls les Eudistes le savent ! Sous leur boîte, il y a une ouverture qui permet de brouter la valeur, à condition qu’il la trouve, car l’Eudiste ne cesse de demander : « Où sont nos valeurs ? Rendez-nous nos valeurs ! » Certains pensent que la valeur est une sorte de fleur rouge, qui pousse sur les balcons, dans de petits villages, quand beaucoup sont à la messe et d’autres au bistrot ! Mais cette explication et des variantes ne témoignent sans doute que des représentations culturelles des étrangers et la définition des valeurs reste encore à trouver !

    Cependant, le rayon déstructurant Domination Perverse touche de plein fouet la planète ED ! Oh ! Ce n’est pas franchement visible ! L’atmosphère dissout le rayon, pour ainsi dire, et le transforme en une sorte d’aurore boréale, quoique sa charge pénètre bien les Eudistes et bientôt c’est le désordre et même la panique ! Des boîtes ont un mouvement circulaire ou bien prennenet la position verticale ! Il y a des heurts, des altercations, des prises de bec, des empoignades, avec un dénominateur commun : l’incompréhension !

    On entend des dialogues incroyables ! « Qu’est-ce que tu fais debout ? fait un Eudiste à un autre.

    _ Debout ? Mais je ne suis pas debout !

    _ Ah bon ? Mais t’as bien la tête en haut et les pieds en bas !

    _ C’est ta façon de voir ! Reste à savoir ce que tu cherches !

    _ Mais je ne cherche rien ! C’est la vérité, c’est tout !

    _ Mais la vérité est ce que tu veux qu’elle soit !

    _ Non, je vois juste que tu es debout…

    _ Mensonges !

    _ Réalité !

    _ Tu agresses nos valeurs !

    _ Pauvre débile !

    _ Répète un peu, pour voir ! »

    Les Eudistes ne savent plus où donner de la tête ! Ils sont perdus, plongés dans le doute ! Ils se tâtent, pour être sûrs d’être bien réels ! Certains s’arrachent les cheveux de rage ! D’autres pleurent, accablés par le désespoir ! On ne sait plus qui est qui ! On voudrait tant retrouver la sécurité d’autrefois ! On se regarde avec suspicion ! L’ami d’hier est devenu un étranger, voire un ennemi ! Puis, sous les yeux ébahis des Eudistes, la planète elle-même se met à tourner en sens inverse ! C’est un mouvement colossal, épouvantable, mais le soleil d’ED fait demi-tour, remonte le temps et on ne va plus vers le soir, mais on retourne au matin ! Ou alors le soir a toujours été dans la direction du matin, mais on ne le savait pas ! On se trompait !

    Un vent de folie traverse la fragile population et c’est à ce moment que paraît dans le ciel, tout autour de la planète, le visage glacial de Dominator ! « Je suis Dominator, dit-il, le chef des Doms ! Ce qui vous arrive est une tragédie, mais je suis là pour vous aider ! Acceptez-moi comme guide et je vous promets de vous rapporter toutes vos valeurs ! parce qu’elles sont aussi les miennes ! Nous avons un ennemi commun, qui cherche à vous nuire ! Je ne le nommerai pas ici, mais nous le connaissons tous, n’est-ce pas ? Combattons-le, sinon il nous détruira ! »

    Les Eudistes sont stupéfiés, tandis que des vaisseaux Doms les survolent maintenant ! Puis, le trafic des boîtes se rétablit et le soleil reprend sa course normale ! Les Eudistes, la mine encore sombre, retrouvent leur quotidien et acceptent la présence des Doms ! Mais ont-ils vraiment le choix ?

  • Les Doms (81-84)

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                          "Pithiviers, chef!"

                             Mais où est passée la septième...

     

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    L’une des pires choses dont est capable le Dom, c’est de prendre Dieu pour un imbécile, de croire qu’il est au service de notre domination ! Le motif ? Mais essentiellement la peur du changement, face à un monde qui nous inquiète et dans lequel nous nous sentons perdus ! L’histoire de l’humanité est bien entendu une individualisation, car celle-ci nous vient déjà des animaux ! Plus une espèce apparaît tard sur l’échelle de l’évolution et plus son organisme est complexe et donc individualisé ! Cela se traduit notamment par une défense du territoire d’autant plus marquée que l’individu a de l’importance !

    La conscience de nous-mêmes a donc progressé avec le temps, les lois qui garantissent notre liberté ! C’est la civilisation et le chemin de la démocratie, dans laquelle chacun a idéalement les mêmes droits que tous ! Le but de l’homme, c’est l’homme ! Il s’agit que les individus et leurs différences soient toujours davantage respectés ! C’est donner à la vie toujours plus de prix et notez que le moteur de ce mouvement, c’est d’abord notre propre égoïsme ! C’est notre soif d’exister, de survivre, de nous développer et de nous épanouir ! C’est l’animal qui est en nous qui réclame sa part et qui chasse le dictateur, parce qu’il empêche le partage !

    Ainsi, il n’y a pas de meilleur régime que la démocratie libérale, qui s’installe peu à peu partout dans le monde… Mais cela ne se fait pas sans troubles, sans retour en arrière, car plus nous sommes nombreux et plus la différence s’exprime, jusqu’à nous faire peur et nous donner le désir de nous replier sur nous-mêmes ! Soyons francs, bien souvent les choses vont trop vite et le vertige nous prend ! A peine commençons-nous, par exemple, à respecter l’homosexualité que déjà il nous faut prendre position pour le mariage gay ou la PMA ! Il y a de quoi être déboussolé et c’est là que certains prennent Dieu pour un idiot, un juge, un redresseur de torts qu’il n’est pas !

    Comment cela se passe-t-il ? On comprend déjà mal la foi, que l’on a réduit à des règles, à un ensemble de valeurs ! On va donc se dresser contre la différence, pour protéger ses valeurs, comme si on se faisait le défenseur de Dieu ! Autant le dire tout de suite, Dieu n’a nul besoin du Dom, pour faire sentir sa présence ou mener le monde ! Mais on persévère dans l’erreur, en pensant qu’on manquerait à sa foi, si on ne s’en faisait pas l’ardent défenseur ! On se trompe complètement entre sa foi et sa domination ! On confond les deux et nous voilà hostiles, agressifs et même portés à la violence, voire au meurtre, au nom de Dieu, qui n’a pourtant qu’un seul message, celui de la confiance et de l’amour !

    Rappelons que nous ne pouvons avoir confiance si nous commandons, nous contrôlons et si le monde autour est le nôtre ! Nous pouvons dire que nous avons confiance justement quand les choses nous échappent (quand notre domination n’existe plus!) ! Celui qui croit dans le doute, le désarroi, alors qu’il est perdu ; celui qui s’efforce de garder sa foi, malgré les revers, le fait qu’il est rejeté, qu’il se sent seul et incompris ; celui-là, oui, peut dire qu’il a confiance et qu’il a la foi ! Celui-là aime Dieu véritablement et est aimé de lui ! Par contre, être en sécurité, garder le pouvoir, vivre dans l’aisance n’éprouvent aucunement la confiance ! Au contraire, la seule garantie que l’on se donne, c’est le respect des règles, des rites, des textes et il suffit alors que ceux-ci soient menacés, ce qui arrive forcément, pour que le « croyant » devienne une bête immonde, bavant de haine !

    Le manque de foi et de confiance conduit au repli sur soi, au rêve d’une société fermée à la différence, où règne l’ordre et pourquoi pas une dictature ! C’est le résultat d’un amour pour Dieu qui n’existe pas, qui est mal compris, qui ne se dissocie pas de l’égoïsme ! C’est bien entendu encore une fois le triomphe de l’hypocrisie, qui fait prendre des vessies pour des lanternes ! C’est par en dessous la domination qui se satisfait ! C’est prendre Dieu pour un jobard et lui faire la plus odieuse, la plus méchante des publicités ! C’est Dieu menaçant la différence et la diversité des peuples ! C’est Dieu contre la civilisation, le progrès, la tolérance, l’accueil, le respect, l’intelligence ! C’est Dieu barbare, prêt à torturer et assassiner !

    La force, la foi, la tranquillité sont indissociables ! Celui qui a confiance en Dieu s’approche inévitablement de sa paix et c’est notamment celle des nuages et d’un rythme qui nous dépasse ! La beauté devrait nous servir de marchepied vers Dieu, elle devrait témoigner de son infini, car la foi nous aide à ne plus avoir peur, et c’est bien la peur qui est à l’origine de notre rejet et de notre haine !

    Plus le croyant est mature et plus sa relation avec Dieu le devient aussi ! Finies les règles, que l’on est censé ne pas enfreindre, comme si Dieu était un proviseur de lycée ! Si nous-mêmes nous pouvons comprendre les Doms ou la différence, ô combien Dieu le peut également ! Dans ce cas, comment pourrait-il ne pas nous comprendre et nous aimer ! Sommes-nous plus intelligents et plus forts que lui ? Commençons par nous comprendre et nous pardonner ! La foi, c’est la paix !

     

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    Comment la Lumière ne pourrait-elle pas ressentir de la solitude, de la tristesse, du désarroi ? Comment pourrait-elle ne pas se sentir perdue, dans un monde qu’elle ne comprend pas du tout ? N’a-t-elle pas la sensation d’être blessée, après sa journée, alors qu’elle n’a cherché aucune noise, aucun ennemi ? D’où vient ce sentiment de vide, de lassitude, d’épuisement ? Où trouver de l’espoir ? La lumière a beau être courageuse, elle prend des coups au quotidien, sans savoir d’où ils viennent, et forcément, peu à peu, la dépression vient envahir la Lumière, la rendre malade, la miner par le doute !

    Pendant ce temps-là, le monde des Doms va bien, merci ! C’est peut-être faux, mais tout est là pour montrer le contraire ! Les mêmes gagnent, les mêmes rayonnent, les mêmes profitent de la vie ! La société fait valoir ses mirages et ça fonctionne ! Tout semble normal et avoir un sens ! On consomme et ça remplit nos vies ! La Lumière ne s’y retrouve pas et a même l’impression d’un monde hostile ! Ce n’est pas que Lumière soit jalouse, qu’elle envie la réussite des autres, mais tout de même, elle aussi, a quelque chose à dire ! Elle n’est pas transparente ! Elle n’est pas que du vent ! Et pourtant, elle a l’air de tailler des cailloux ! Son travail est dur comme de la pierre ! Où est la sécurité familiale ? Où sont partis les rêves ? Des amis vivent dans l’aisance, ont un nom, quand la Lumière se tient dans la mine, dans le noir, l’indifférence la plus complète ! Et pourtant elle donne le meilleur d’elle-même !

    Mais est-ce bien sûr ? Dans sa solitude, la Lumière en doute ! Peut-être ne donne-t-elle pas assez ? Dieu qui la voit n’est-il pas déçu ? Et hop, la Lumière se donne un tour de vis ! Elle en fera plus ! Elle aimera plus ! Elle étranglera son orgueil et son égoïsme ! Elle se fait du mal et se détruit, par amour pour Dieu, au nom de sa foi ! Voilà la Lumière bien aveugle et bien misérable ! C’est l’hiver pour la Lumière et ça peut durer des années !

    Dans cette pauvreté, la Lumière apprend cependant ! centimètre par centimètre ! Car sa domination n’existe plus ! Il faut ce dénuement pour apprendre, pour voir ! Et pourtant, pendant ce temps-là, la société chante toujours sa chanson ! Si la Lumière est malheureuse, c’est de sa faute ! C’est qu’elle est dépressive, qu’elle ne prend pas les bons médicaments, c’est qu’elle ne s’ouvre pas aux autres, qu’elle n’a pas assez de rapports sexuels, etc. ! Comme si la société elle-même avait le remède à à son propre mal, comme si elle savait vivre, comme si ses crises ne témoignaient pas justement du contraire ! Comme si la société n’était pas aveugle !

    C’est l’hiver pour la Lumière, car elle ne comprend toujours pas ! Elle peut errer ainsi longtemps ! Mais comment pourrait-elle être lucide, alors qu’elle s’accuse ? Comment pourrait-elle voir le mal, alors que la société lui dit que le mal n’existe pas, ou qu’il n’est pas universel ! que tout n’est que vue de l’esprit ! qu’une affaire de point de vue, que nous sommes les jouets de notre inconscient ! Comment la Lumière pourrait-elle voir les Doms, alors que nul ne les voit ? que nul n’en parle ? Comment la Lumière pourrait se rassurer par la foi, alors que le message religieux est rendu haïssable par la religion elle-même ! Comment pourrait-elle se rassurer, quand la science ne rejoint aucune de ses préoccupations ?

    A-t-elle d’autres choix que de douter d’elle-même, jusqu’à se mépriser, voire se détruire ! Tout acharnement de sa part, toute bonne volonté, toute persévérance finit pas se retourner contre elle ! Son propre amour pour Dieu devient une arme contre elle ! Et puis que dire des Doms ? Viennent-ils à un moment reconnaître leurs erreurs ? Se disent-ils désolés pour tout le mal qu’ils ont fait ou font ? Evoluent-ils ? Suffit-il de leur expliquer nos blessures, pour qu’ils se voient tels les fautifs, les bourreaux ? Mais que l’on considère la politique mondiale ou l’attitude des complotistes, et on verra que l’orgueil fera tout pour ne pas avouer, ou changer ! Il faut se résoudre à l’injustice et au mensonge ! Le Dom qui s’amende est un jour de gloire, même pour Dieu !

    Pourtant, la Lumière a bien une « revanche », c’est quand elle comprend que les Doms existent bien ! Il suffit pour cela à la Lumière de voir combien on peut la haïr ! Mais pourquoi, puisqu’elle ne méprise personne et qu’elle est apparemment de la plus parfaite tranquillité ? Mais c’est justement cette paix qu’on lui reproche ! Bien des Doms considèrent comme parfaitement normal qu’on les regarde et qu’on leur marque du respect, comme s’ils étaient intéressants et qu’ils avaient quelque chose qu’on veuille apprendre ! Dans leur « système », effectivement, ces Doms ont de l’importance, soit parce qu’ils sont riches, soit parce qu’ils sont beaux ! Leur monde repose sur la hiérarchie, la supériorité, le pouvoir et quand ils voient la Lumière, ils ne peuvent s’empêcher de la situer dans « l’élite », tant elle rayonne et semble forte ! Ils s’attendent donc à être reconnus par elle, puisque eux-mêmes se sentent tels des gens qui comptent !

    Quelle n’est pas leur surprise quand la Lumière les ignore totalement ! Leur ressentiment, leur haine sont alors au maximum ! Ils voudraient déchirer la Lumière ! Mais que disent-ils au final ? Mais que leur vie n’est qu’une domination, que c’est la soumission des autres qui est leur équilibre ! On comprend alors combien les Doms déchirent la société, car il leur faut chaque jour parader, mépriser, écraser ! Comment notre quotidien pourrait être supportable dans ces conditions ? Force est de constater que nous sommes en permanence dans le mensonge (ou l’ignorance) ! C’est la domination qui tient le monde et c’est la Lumière qui le démontre !

     

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    Non seulement le Dom ne fait pas d’efforts pour guérir de sa peur, mais il veut en plus que ce soit d’autres qui le protègent, ce qui lui permettrait de jouir de son égoïsme en toute impunité ! Le Dom est prêt à se donner à un homme fort, pour le gouverner ! un homme à poigne, un dominant, qui n’hésite pas à parler vulgairement et à se montrer violent dans ses propos, puisque ça témoigne de sa virilité ! Le Dom est capable d’excuser beaucoup de choses, comme la corruption, si son gouvernant lui assure la sécurité, la grandeur, ce qu’il croit être de la dignité !

    L’égoïsme prend alors l’aspect de la morale, des valeurs traditionnelles ! On rejette la différence, les étrangers pour soi-disant préserver une vérité, un ordre établi par Dieu lui-même ! On est tellement peureux que le gouvernant peut assassiner, déclarer la guerre ou imposer sa dictature, du moment qu’il nous sert de parapluie ou qu’il fait retentir notre nom ! Le Dom se rend complice de toutes les injustices possibles, dans sa soif de confort et de reconnaissance !

    Autant le dire tout de suite, le Dom est lâche et ça ne saurait être une surprise ! Tout se passe comme si le Dom devait s’adonner à ses plaisirs, sur cette planète perdue dans l’espace ! On doit pouvoir s’acheter une belle auto ou une grosse moto, pour faire joujou ou parader ! On doit pouvoir s’acheter une belle montre ou le dernier smartphone ou les baskets à la mode ! On vit comme sous une cloche !

    On est donc très surpris par la violence ! C’est comme si elle déchirait le voile ! D’où vient-elle ? On ne fait aucun lien entre cette violence et notre égoïsme, puisque celui-ci apparemment n’existe pas ! On réclame alors la police, on lui demande de nous protéger et on la critique, quand la violence reprend ! Nous voulons notre petit monde et nos amusements ! Le reste ne nous intéresse pas ou seulement de loin en loin !

    Nous voulons continuer à rêver sans nous examiner ! Par exemple, nous polluons encore, bien que le climat se réchauffe ! Nous voulons garder notre enfantillage ! Nous voulons des gouvernements maîtres d’école ! quitte à être manipulés ! Nous nous confions à des imbéciles pleurards, comme Trump ! Nous adorons nous sentir des victimes ! Nous nous aimons tellement que nous trouvons justes nos colères et nos haines ! Nous sommes toujours prêts à nous dresser sur nos ergots, fiers de nos droits ! Et nous sommes épouvantés quand la violence ou la guerre viennent déchirer notre petit monde !

    Qui marche vers la spiritualité ? Qui fait un pas vers l’inconnu ? Qui accepte de faire confiance à Dieu, en renonçant ? Nous ne voulons pas voir la nuance, la complexité ! Nous avons horreur de la vérité et de la difficulté ! Qui reconnaît l’autre ? Qui ne le prend pas comme un ennemi ? Qui l’aime ? Qui voit la Lumière en lui, même si elle y est éteinte, emmurée ?

    Nous sommes fous de croire que ce sont nos bulles qui peuvent s’imposer et non la réalité ! Nous sommes fous de croire que le monde doit être à nos ordres, sous notre contrôle ! Acceptons plutôt d’être remplis par lui ! Cela demande que notre propre bulle de domination soit détruite ! C’est la « première mort » dont parle l’Evangile ! Qu’il est doux de savoir renoncer ! Rien n’est plus épuisant que de galoper sur le cheval de l’orgueil ! Rien n’est plus destructeur que d’être le jouet de sa haine ! Heureux celui qui regarde son ego, comme un chien bien dressé ! La paix lui est acquis ! Heureux celui qui voit l’ego des autres et comme ils sont menés par lui ! Celui-là voit son travail et sa richesse ! Celui-là peut être un médecin pour les autres, peut les apaiser ! L’ego nous rend esclave et nous fait suer à la tâche ! Heureux celui qui a vu son ego partir au fil de l’eau ! Celui-là est né une seconde fois, dans la Lumière ! Il a déposé son fardeau ! Il a l’amour de Dieu en lui : que peut-il lui arriver ?

    Évidemment, pour « vaincre » son ego, abandonner sa domination, seul l’amour de la foi le permet ! Cela demande la confiance, car l’ego regimbe, se révolte, veut sa part lui aussi, même au nom du bien ! On peut se montrer autoritaire, agressif et écraser, quand on est persuadé de connaître la vérité ! On peut faire du mal à cause d’elle et même cela doit disparaître ! C’est un abandon en Dieu, doux et patient ! C’est un amour qui se développe et qui scelle la confiance ! La domination, qui diminue et qui meurt, devient le symbole de cette union secrète à Dieu ! Il peut y avoir des douleurs, mais c’est souvent notre impatience qui en est la cause ! Nos blessures sont produites par la volonté de bien faire, elles sont encore le fruit de nos inquiétudes ! Il y a-t-il un bien plus précieux que la paix, qui permet d’être disponible ? Qui donne de l’espoir ? Celui qui est plein de haine et populiste ? Celui qui dit que tout est simple et qui voit l’autre comme un ennemi ? Le Dom veut à toute force croire au père Noël et c’est pourquoi il se crée une bulle ! La réalité, elle, est infiniment plus puissante, d’où sa violence !

     

                                                                                                          84

     

    La paix doit être intérieure ! Elle ne doit pas dépendre des conditions extérieures (ou si peu) ! Le Dom lie sa paix ou son bonheur à la réussite de sa domination ! Il n’a jamais confiance ! Il est plein de projets et quand ceux-ci sont contrariés, il devient agressif, haineux ! Ce n’est pas de la paix ! Le Dom a besoin que le monde tourne autour de lui et qu’il le contrôle ! Ainsi le monde doit être le miroir de sa domination ! Dans le pire des cas, le Dom fait la guerre : c’est là le moyen pour lui de croire que le monde effectivement lui appartient ! Combien ne meurent pas pour cette folie !

    La Lumière a confiance en la Lumière ! Elle n’a pas besoin de contrôler ou de dominer le monde ! Sa paix n’est pas dans le regard ou la soumission de l’autre ! La Lumière ne se nourrit pas de la satisfaction de son ego ! Elle se nourrit de la sagesse qui se développe en elle et de ce qu’elle voit du monde, comme une plante se nourrit de sa sève et du soleil ! La Lumière est inébranlable ou presque ! Elle ne cherche pas une proie ou un marche-pied ! Elle a confiance, c’est là sa force et son secret !

    Comment en est-elle arrivée là ? Mais par amour, en se livrant ! Sa force est sa patience ! Elle s’est débarrassé de sa domination, car il « faut mourir pour renaître » ! Elle voit le Dom enrager, parce qu’il ne trouve pas sa nourriture et que son amour-propre se sent lésé, ou bien parce qu’il pleut ! La Lumière est le rocher, calme, tranquille ! Que peut-elle craindre ? Le Dom enrage et devient méchant ! Il se réjouit du malheur des autres ! C’est pour lui une triste satisfaction, mais il la prend ! Le monde du Dom est sans pitié, où le plus fort écrase le plus faible !

    Que dire de la tristesse ? Elle accompagne la Lumière, car le monde du Dom est chaos ! La Lumière voit tristement son ego frustré, incompris, sans amour ! Mais n’est-ce pas l’enveloppe du Dom qui pleure ? N’est-ce pas le bébé, qui est en nous, qui ne veut pas grandir ? N’avons-nous pas peur ? Où est la sécurité de la maison ? Où sont les beaux jours ? N’imagine-t-on pas un bonheur idéal, que nous n’avons jamais connu, mais que nous désirons ? Qui parmi les Doms nous écoute ? Ne sommes-nous pas des naufragés, avec nos blessures ? Et comment la situation ne serait-elle pas difficile, alors le Dom en prend autant, si à son aise ? Il peut tuer ! Il s’en donne le droit !

    Existe-t-il de plus grand bonheur que la puissance de Dieu, son existence ? N’est-ce pas la Lumière l’objet de notre amour ? La voilà qui revient et nous sommes ses ardents amants, car elle est juste, infinie ! Où sont nos peines d’hier, devant cette eau vive ? Nous rigolons du Dom ou nous le plaignons ! Mais nous sommes les amants heureux ! La tristesse nous paraît subitement languide, une impasse, une contemplation de soi ! Elle n’est pas mauvaise, mais la force est bien plus belle ! Et voilà que la Lumière nous paraît comme un torrent ! Le Dom a sa part, mais la Lumière en a une autre, inaltérable, enchanteresse, apaisante, quand le Dom est de nouveau dans ses tribulations !

    La Lumière ne comprend pas le désespoir du Dom ! Il a à manger et un toit et pour lui tout s’écroule ! Il se méfie, car il est toujours inquiet ! Il épargne, car il peut lui arriver un coup dur ! Mais son tourment, ce n’est pas l’économie, la guerre, les impôts, la politique ! Son fardeau, c’est son ego, sa domination ! La Lumière, qui est libérée de sa domination, ne comprend plus le Dom ! Elle est tranquille, calme, reposée, confiante, même si elle aussi évidemment est tributaire des événements ! La Lumière peut être malade, elle n’est pas de bois ! Mais au fond elle ne se déchaîne pas, elle n’accuse pas, elle ne rugit pas, elle ne frappe pas ! Elle demeure en paix ! Elle ne s’essuie pas les pieds sur les autres !

    Mais revenons à cette enveloppe du Dom, à cette bulle de domination ! Nous avons dit que le Dom, quand il est menacé, par exemple quand on lui montre une réalité différente, se réfugie dans cette bulle, de toutes ses forces, qu’il y combat becs et ongles et que sa haine et sa colère sont tellement vives qu’il ne voit plus les autres comme des individus ! Il peut alors être sans pitié, rappelons-le, mais d’où vient un tel aveuglement, sinon du règne animal ? Ne s’apparente-t-il pas à une sorte de réflexe, puisque la raison n’existe plus, ni même notre condition humaine ? Seule compte alors la volonté de détruire, pour écarter le danger !

    On comprend que, dans ces conditions, il soit extrêmement difficile de se séparer de sa domination, de sa bulle et qu’on parle d’une première mort pour renaître ! On saisit encore que seule la force de l’amour pourra nous conduire et nous faire réussir ! Les arguments, la philosophie, la seule raison ne permettent pas un tel abandon, un tel renoncement ! Mais il vaut le coup ! Qui n’a pas été effrayé par sa haine, qui n’en a pas eu honte, en voyant comment elle blesse ? Qui voit le Dom ne veut plus en être un!

  • Les Doms (76-80)

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              "T'as vu, François? La poste à l''américaine!"

                                              Jour de fête

     

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    Le Dom s’ignore… Prenons le Dom psy par exemple ! A priori, qu’il y ait des psys est une bonne chose ! De savoir que des gens peuvent écouter nos problèmes est plutôt rassurant ! Cependant, vous faites face à un Dom psy ! Qu’est-ce qui fait que le Dom psy s’ignore ? Mais sa domination n’est nullement contestée ! Au contraire, elle est renforcée par l’attitude soumise du patient, qui lui souffre, est rongé par l’inquiétude et qui attend du psy des réponses ! Le pouvoir du psy est alors évident, ce qui lui permet de prendre un ton compatissant, affable, voire joviale ! Le patient nourrit, rassasie sa domination, ce qui le rend aimable, à l’écoute, d’autant qu’il est payé pour ça !

    Bien sûr, certains psys nient ce pouvoir ! Ils se montrent comme des compagnons de lutte du patient ! Ils sont eux aussi passés par le même cercle de feu ! Comme un exorciste, ils ressortiront eux aussi épuisés de l’épreuve ! Ils auront perdu du poids ! Ils seront en sueur, au moment où le patient « crachera » son traumatisme et en sera libéré ! Ils garderont leur sang-froid, au moment du transfert ! Ils se voudront encore rassurant, quand le patient baisera leur main de reconnaissance ! « Allez en paix, mon fils ! seront-ils capables de dire. Je n’ai fait que mon devoir ! »

    Autant le dire tout net, tout cela est du pipeau ! du grand pipeau, comme l’analyse ou la psychothérapie que le psy aura lui-même suivi ! Croit-on vraiment qu’on se sépare de son orgueil ou de son égoïsme par la simple volonté, en s’offrant à un autre psy ? S’il y a bien une chose dont la seule raison est incapable de nous arracher, c’est bien notre domination ! Pour cela, il faut tout l’amour de la foi ! C’est toute sa force, c’est tout notre don qui permet de voir son ego partir au fil de l’eau ! Raconter sa vie, même des événements pénibles, est une promenade à côté ! Mais le Dom psy vit dans son petit monde, celui essentiellement de son cabinet, là où il est le maître, le chef ! Sa domination est donc intacte, même s’il croit l’inverse, à moins de tomber sur un saint égaré, qui frôle l’alcoolisme !

    Le Dom psy rêve et dans son ignorance, il peut dire n’importe quoi ! Il peut développer n’importe quelle théorie ! Sur son nuage, il croit en sa science ! Il se targue d’être profond, insondable ! Et cela marche avec des patients doms, qui ma foi demandent surtout qu’on les écoute, ce qui les rassure, et qui au fond sont contents de parler d’eux ! Peut-on comparer le Dom psy à une prostituée, puisqu’on le paye en échange d’un peu d’amour ? Levée de boucliers, bien entendu ! Ces dames et messieurs sont tellement dignes ! Somme toute, ils font partie de l’élite ! Ce sont les observateurs amusés de leur époque, les sphinx sûrs de leur savoir ! Pourtant, à lire leurs livres, on les voit jouer aux billes, dans la cour de l’école, ou s’arracher les cheveux, avec des mines de garces !

    Comment pouvons-nous être aussi affirmatif ? Mais la Lumière entre dans le cabinet et que voit-elle ? Mais le Dom psy réagit comme un Dom face à la lumière, c’est-à-dire qu’il la hait… et rêve déjà de la détruire ! La Lumière, nous le savons, est indifférente à la domination, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas peur en ce monde et qu’elle ne recherche pas du réconfort ! Cependant, le Dom psy a plusieurs sortes de réaction ! Il peut cacher complètement sa haine, son regard toutefois étant devenu soudain glacial ! Il va blesser la Lumière, ce n’est plus qu’une question de minutes ! La Lumière, elle, se demande comment elle va pouvoir sortir de ce traquenard ! Elle aurait mieux fait d’acheter Pif !

    En coulisses, dans la tête du Dom psy, que ce soit un homme ou une femme, on aiguise les couteaux ! On rêve de « planter » la Lumière, de l’entendre gueuler pendant qu’elle se vide de ses tripes, puis de lui cracher dessus, avant de la jeter aux ordures ! Pensez ! Une domination ouatée, méprisante, snob, qui enlève la poussière de sa manche d’un air dédaigneux ! C’est une domination sous cloche, qui peut-être joue au golf, vu que c’est tendance ! Parfois, elle est tellement suffisante qu’elle ne reconnaît pas tout de suite la Lumière ! Il faut que celle-ci se montre un peu familière, qu’elle se mette au même niveau que le Dom psy, puisque ce sont tout de même deux êtres humains, et alors soudain le Dom psy hurle ! Il a vu une araignée et il veut l’écraser à coups de talons, le front en sueur ! La Lumière n’est pas digne de lacer les chaussures du Dom psy !

    Le Dom psy s’ignore et il pourra se venger de la Lumière bien des années après ! Il lui gardera un chien de sa chienne, comme on dit ! C’est qu’une domination offensée n’oublie pas ! Et ça croit être passé par l’épreuve du feu, et ça croit s’être dépossédé, d’avoir connu l’inconfort, la pauvreté ? le chemin pierreux et désert de la foi ? les larmes de l’amour ? La Lumière comprend, il ne lui viendrait jamais à l’idée de se venger ! Dieu n’est pas une boîte à chaussures !

    Mais ainsi va le Dom psy, sur son tapis volant, avec ses théories !

                                                                                                       77

    La famille Dom n’aime pas la Lumière ! Elle en rit même ! C’est que la famille Dom ne connaît pas la peur ! Le monde extérieur n’existe pas pour la famille Dom ! Elle est blottie en elle ! Elle se serre les coudes, elle forme un clan ! Elle a sa propre domination, ses propres règles ! Elle a une enveloppe et c’est sa domination ! Voilà pourquoi la famille Dom ne connaît pas la peur et se rit de la Lumière, car celle-ci représente l’extérieur et la peur ! Hors de la famille Dom, forcément on affronte la peur ! On n’a plus d’enveloppe, ni de protection, on est un étranger parmi les étrangers !

    La famille Dom trouve la Lumière ridicule, car elle-même ne connaît pas la peur et se croit courageuse, alors qu’elle ne quitte pas son monde, ses règles, sa domination ! La famille Dom se berce d’une illusion, sous le couvert que chacun y aime l’autre ! Et pourtant, la famille Dom n’aime pas la Lumière, qui lui fait peur ! La Lumière pour la famille Dom est synonyme de peur ! C’est le monde extérieur qui entre dans la famille Dom ! qui se croit sacrée ! qui vit dans sa petite enveloppe ! au chaud ! avec ses règles, sa domination !

    La Lumière est l’étranger pour la famille Dom ! C’est le danger, l’élément nocif, l’ennemi qu’il faut détruire, écraser ! Pourtant, la famille Dom est invitée à grandir, elle aussi dans l’amour de Dieu ! Elle doit quitter sa domination ! s’ouvrir, perdre son statut de clan ! Mais la famille Dom se serre sur elle-même, comme une fleur qui ne veut pas s’ouvrir ! par peur ! La Lumière l’invite à la fête ! Mais la famille Dom se replie sur elle-même ! s’intoxique, désigne l’ennemi et lui fait la guerre ! La famille Dom combat la Lumière et se perd ! Elle n’est plus qu’une famille morte, faite de morts qui rient, avec des rires de morts ! La famille Dom est la nuit et ne s’en rend pas compte !

    La famille Dom chasse la Lumière, car elle veut continuer à dominer ! La Lumière est pourtant la paix et ainsi la famille Dom ne connaît pas la paix ! La famille Dom voit la Lumière comme une calamité, une punition divine ! C’est que la famille Dom s’enchante de sa réussite ! de son aura, de son pouvoir, de sa situation financière, de sa bonne santé, de ses vacances, de la beauté de ses enfants, de leur intelligence ! La famille Dom se doit d’être irréprochable ! Elle parade, s’admire, juge, rejette, admet, sous la condition qu’on la voit comme supérieure ! La famille, c’est le clan, le fief !

    La Lumière est laissée dehors ! Elle doit se débrouiller ! Incertaine, fragile, elle croise les loups et dort dans le froid ! La solitude commence ! La peur aussi ! La peur presse la Lumière comme un citron, maintenant que celle-ci est sans enveloppe, sans protection ! Celui qui sert la Lumière, qui l’aime, affronte le vaste monde, chassé par la famille Dom ! La Lumière pleure ! Elle a le vertige, la nausée ! Le doute la détruit ! Et si la famille Dom avait raison ? Et si le groupe avait raison ! Et si la Lumière était folle, égoïste, orgueilleuse ? Et si la Lumière devait supplier la famille Dom de la reprendre ?

    L’errance de la Lumière est sans fin, sa solitude aussi, sa peur aussi ! Mais elle s’accroche ! La Lumière ne lâche pas ! La Lumière aime la Lumière, elle aime Dieu, la vérité ! Elle s’accroche ! Elle se relève de sa solitude ! Elle a traversé tous les anneaux de feu et chacun était nécessaire ! La Lumière se retrouve ! Elle voit sa paix ! La peur est là à ses pieds, comme un chien soumis ! La Lumière n’a plus besoin de la famille Dom ! Elle n’en veut plus ! La famille Dom est toujours pareille ! A-t-elle guéri sa peur, est-elle en paix ? Elle est toujours la forteresse, maintenant rongée par le lierre ! La mort est parmi elle et des oiseaux noirs croassent au-dessus d’elle ! Elle tombe en ruine ! Qui s’en souviendra ?

    La Lumière donne ses fruits ! Elle fait rouler ses soleils ! Elle est la vie ! Elle est la source, le chemin ! Régale-toi, voyageur ! La Lumière est passée par là ! Elle a ouvert les yeux sur le monde ! Elle a quitté la famille Dom, au nom de son amour ! Prends ses diamants, voyageur, ils sont vrais ! La Lumière a affronté sa peur, pas la famille Dom ! Elle a fermé sa porte, mais elle ne s’est pas transformée !

    Heureux celui qui est chassé par la famille Dom ! Heureux celui qui est seul, à cause de la Lumière ! Heureux celui qui marche au nom de la Lumière ! Heureux celui qui veut voir et ne pas dominer ! Heureux celui qui ne veut pas réussir, mais être pauvre dans la Lumière ! Heureux celui qui se réfugie dans la Lumière, qui se confie à elle, qui s’en remet à elle ! Heureux celui qui quitte la forteresse de la famille Dom ! Elle est vide à l’intérieur !

    La famille Dom se réjouit ! Elle est au chaud ! Elle aime son confort, sa réussite, mais l’envie lui tord le visage ! Le poison de la haine coule dans ses veines ! L’orage gronde sur la maison de la famille Dom ! Heureux celui qui chante Dieu ! Il danse comme les feuilles !

                                                                                                      78

    Revenons à la peur ! Le Dom et sa famille ne la connaissent pas vraiment ! Pourquoi ? Mais parce qu’ils sont dans la bulle de leur domination ! Ainsi, ils ne voient pas le mal qu’ils font et croient leur haine légitime ! La Lumière est connaissance, elle demande la perte de la bulle Dom ! Tant que le Dom est là, il ne voit pas l’autre comme un être à part, comme lui ! Il le voit soumis ou non à sa domination ! Si l’autre est soumis, il fait partie de la famille, du groupe ! S’il s’oppose, il est un ennemi, un traître, un étranger, une menace ! Dans les deux cas, le Dom reste dans sa bulle et l’autre n’a pas sa totale réalité !

    La Lumière mue ! Elle perd sa peau de Dom ! C’est très inquiétant pour elle, car elle se sépare du groupe ! Elle ne peut pas faire autrement ! La domination, la haine, l’injustice du Dom l’écœurent, la font fuir ! La Lumière recherche la vérité et là voilà dans l’inconnu ! Cette séparation d’avec les Doms est forcément très perturbante et même très douloureuse, car c’est souvent quitter la famille, sa sécurité et son confort !

    Le Dom, quand on le quitte, hait forcément, essaie de détruire ! Car on échappe à sa domination, à ce qui le nourrit et fait son monde ! La révolte du Dom peut-être atroce ou féroce, démesurée ! On le voit avec Poutine, qui voit l’Ukraine lui échapper ! Le Dom ne supporte pas l’échec ! Il prend le choix de la Lumière comme une injure personnelle ! Il fera tout pour la blesser, au lieu de se remettre en question et de comprendre ! Voilà pourquoi le Dom est étranger à la vérité et n’est pas l’avenir !

    Mais la Lumière est nue, dehors ! Comment pourrait-elle ne pas avoir peur, d’autant qu’elle ouvre les yeux sur les Doms et les voit donc de plus en plus nombreux ! Comment pourrait-elle ne pas avoir le vertige, devant la naïveté et l’aveuglement des Doms ? Ceux-ci continuent de crier, de haïr, d’accuser le gouvernement ! La Lumière voit la tragédie du Dom, comment sa domination est sa prison ! Le Dom ramène tout à lui et s’use, reste malheureux, refait toujours les mêmes erreurs, ne se libère pas, mais la Lumière ne peut pas lui expliquer les choses, justement parce que le Dom est sourd à ce qui n’est pas sa domination ! Toute explication, pour l’aider, serait pris comme une diminution de sa personne !

    Face à l’incompréhension et à un monde qui n’est pas le sien, la Lumière se trouve pauvre et désemparée ! Elle se demande qui elle est et peut s’affoler de son étrangeté ! Sa fragilité fait que toutes ses blessures se ravivent, en la déboussolant encore plus ! La tristesse l’envahit… Sans doute n’est-elle pas à la hauteur de la tâche ? Un long chemin qui paraît dans la nuit commence ! Pendant ce temps-là, le Dom triomphe ou continue son cirque ! Il écrase encore et encore le Dom, son semblable ! Combien ne travaillent toujours pas dans des conditions misérables, affreuses, sans respect pour eux ? Mais le Dom ne s’en rend pas compte ! Il piétine, parce qu’il est piétiné !

    La peur ? La Lumière la connaît par cœur ! Il n’y a pas de vérité, sans connaître la peur ! Car on on peut pas guérir de la peur sans vérité ! Le Dom reste dans sa bulle et demeure donc aveugle ! La Lumière recueille la vérité, car elle ne se ment pas sur sa peur ! Elle voit que la vérité guérit sa peur et qu’elle est donc la vérité ! Il n’y a pas de meilleur test ! Tout faux remède n’y résiste pas ! La Lumière accueille la vérité, parce qu’elle est pauvre ! La domination empêche la vérité ! C’est une bulle contre l’extérieur ! La peur fait humble la Lumière, la rend docile, à l’écoute ! Mais le quotidien de la Lumière peut paraître absurde, tant les Doms ne changent pas et semblent avoir raison !

    Puis, un jour, la Lumière marche sereine parmi les Doms ! Elle les connaît sur le bout des doigts et ils redoublent de haine à son endroit ! Ce n’est pas une surprise pour la Lumière ! Cela ne fait que confirmer que les Doms n’ont pour seul équilibre que leur domination ! que leur paix est factice, qu’ils n’ont pas de solutions, à part haïr ceux qui leur échappent ! La mue de la Lumière a bien eu lieu ! Sa maturation est certaine et inaltérable, car la Lumière n’a plus besoin de dominer ! Sa réussite et sa force sont ailleurs ! C’est Dieu qu’elle voit par ses yeux ! C’est son regard qu’elle possède ! C’est sa paix qui l’accompagne, au milieu des coups de dents et des grimaces !

    Et comme la peur paraît loin ! La Lumière, de l’avoir vaincue, dressée, en est purifiée ! Elle en est grandie ! Rien n’est caché en la Lumière ! Tout est dissimulé chez le Dom, même son envie, même sa haine ! Si elle transperce, c’est malgré le Dom ! Et la Lumière passe, comme si elle venait d’ailleurs, d’une contrée lointaine et légendaire, sous les yeux stupéfaits des Doms, qui n’ont pourtant qu’à puiser en eux-mêmes ! qui sont aussi la source, s’ils le veulent ! Car chacun peut accueillir la Lumière, la demander, la chercher ! Mais encore faut-il que le Dom s’interroge, qu’il arrête de haïr, qu’il devienne humble et pauvre, aimant ! La Lumière le remplira !

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    Plus la Lumière est en vous et plus le Dom craint votre regard ! La Lumière qui est en vous sort de vos yeux : c’est toute votre façon de voir le monde qui a évolué avec la Lumière ! C’est tout ce que vous êtes qui est constitué par la Lumière ! Or, la Lumière est vérité, elle n’a rien à cacher ! Ce que vous êtes a été éprouvé ! Vos tristesses, vous ne les avez pas fuies ! Votre mal-être, vous ne l’avez pas enfoui, au profit de votre domination ! Vous vous êtes offert à la Lumière, c’est-à-dire à la réalité ! Nulle domination ne vous a servi pour étouffer un problème ou un obstacle ! Toutes les récriminations des Doms, toutes leurs questions, tous leurs arguments, vous les avez examinés, car vous avez été pauvres, sans amour-propre, sans rang social, sans triomphe !

    C’est la soif de l’ego, sa soif de vaincre et de s’imposer, qui maintient le Dom dans sa bulle et le fait ignorer ou rejeter la Lumière ! C’est la domination, la peur de perdre, qui font que le Dom ne s’offre pas à la Lumière, ce qui fait que sa peur et ses ambitions demeurent obscures ! C’est cette partie, demeurant dans la nuit du Dom, qui craint la Lumière de votre regard et qui tressaille à ce contact ! Le Dom cherche à éviter la Lumière, car il a l’impression d’être sondée par elle ! Il ne peut pas s’empêcher de se fermer et ainsi il reconnaît malgré lui le pouvoir de la Lumière et même son existence !

    Mais le Dom n’a rien à craindre de la Lumière, puisqu’elle ne veut pas dominer ! Elle ne cherche pas à supplanter le Dom ! La Lumière est justement la Lumière, car elle ne veut pas dominer ! En cela, elle est pure ! Elle n’est faite que d’amour, même si le « porteur » de Lumière reste un être humain sensible et capable de se défendre ! Le Dom n’a donc rien à craindre de la Lumière et pourtant il ne peut s’empêcher de se garder d’elle, de se défendre contre elle ! C’est plus fort que le Dom ! C’est sa « nuit », ce qui est caché en lui, ce qu’il ne traite pas en lui, ce qu’il refoule qui se cache de la Lumière !

    Nous l’avons déjà dit, il existe pour le Dom des centaines de techniques, qui lui permettent de se défendre contre la Lumière ! Des Doms ont des techniques d’évitement, de leurres, qui leur sont habituelles, qu’ils utilisent chaque jour, qui font partie d’eux-mêmes, au point qu’ils ne s’en rendent plus compte ! Comment pourraient-ils vivre en paix, s’ils sont toujours sur le qui-vive, prêts à faire fonctionner ce que l’on peut considérer comme des armes ! Pourquoi ne cherchent-ils pas plutôt la vérité, quelque chose de sûr, qui les guérirait absolument de leurs peurs ? Pourquoi se contentent-ils de cette position instable, entre la nuit et la Lumière ?

    Il existe encore chez le Dom le fameux masque de cire, impassible, dur comme la pierre, qui semble proclamer que la Lumière n’existe pas, puisqu’elle est sans effets, le masque d’impassibilité en témoignant ! Là encore, que d’efforts pour lutter contre la Lumière, pour nier son existence ! Ce masque finit par se graver sur le visage et le Dom ressemble alors à un mort figé dans la colère, le déni, le dégoût ! Le Dom vieillit vite, pas la Lumière ! Ce masque est un mur, qui amuse souvent la Lumière ! Car au fond personne n’est dupe ! Le Dom est bien en guerre et ne connaît pas la paix ! Le Dom, au masque de fer, est bien malheureux !

    Pourquoi ne se tourne-t-il pas vers la Lumière ? Ah ! Mais c’est que le Dom a pris des coups et maintenant, il veut montrer qu’il sait aussi en donner ! On ne l’aura pas deux fois ! Il tient à faire valoir son importance, c’est aussi un caïd ! Très bien ! C’est un grand garçon, un homme que dis-je ! Et alors ? Est-il heureux ? Pourquoi ne pas déposer là le fardeau de son ego et aimer la Lumière, qui rend léger ? Parce que le Dom est dur ! La Lumière semble lui demander d’être mou, de se « coucher », de s’abaisser et il n’en est pas question ! Pourtant que voit-il ? La Lumière paraît-elle sans force, perdue, sans rayonnement ? Non, la Lumière lui paraît au contraire supérieure, libre, heureuse ! Alors, pourquoi ne pas se tourner vers elle ? Par peur ?

    La femme Dom semble d’abord moins hostile à la Lumière, car elle veut d’abord séduire, alors que l’homme Dom veut d’abord montrer sa force ! La femme attire et promet du plaisir ! de l’amour ! loin de la guerre apparemment et de l’égoïsme ! Mais c’est pour elle-même que la femme Dom attire, non pour aimer la Lumière ! C’est pour avoir le pouvoir sur l’homme que la femme séduit ! C’est pour que l’homme chante sa gloire et lui soit soumis ! C’est pour que son ego soit le centre d’intérêt de l’homme ! Ainsi la femme fait valoir ses ambitions, à travers l’homme, qui devient l’outil de son ego ! Ce n’est pas le chemin de la Lumière ! qui ne cherche pas de maître, qui ne veut pas se dissoudre, qui ne veut pas flatter, moyennent du plaisir, qui veut voir tous les autres, qui ne fait partie d’aucun clan !

    La femme qui suit la Lumière ne veut pas sa propre gloire ! Elle ne veut pas séduire pour asservir, pour dompter et commander ! La femme qui aime la Lumière sert la Lumière, lui donne toute sa force par sa bonté et sa charité ! C’est la douceur féminine, son don, sa passion qui servent la Lumière, par amour pour elle ! La femme qui aime la Lumière ne cherche plus à exercer son pouvoir de séduction, elle n’en mesure plus son ego ! La femme qui aime la Lumière rayonne et séduit et attire de toute façon, tant le pouvoir de la Lumière est grand ! Mais ce n’est plus une séduction dirigée vers l’ego !

                                                                                                     80

    C’est le Dom qui fait de la vie un désert ! Le Dom est comme un voleur au coin d’un bois ! A peine voit-il un passant qu’il essaye sur lui l’effet de sa force ou de sa séduction ! C’est une manière de prendre et non de donner ! C’est une manière d’assécher les autres ! La Lumière, n’ayant pas besoin de dominer, ne prend pas, mais elle donne sa paix, sa tranquillité ! Le Dom s’épuise et épuise ! Bientôt, il montre toute sa colère et sa haine, s’il reste insatisfait, et comment alors pourrions-nous trouver agréable de nous côtoyer ?

    Le Dom dévore et nous dévore ! comme il dévore la planète, car nous détruisons la planète, c’est un fait ! Le Dom constitue un flux constant qui demande, meurt de soif et qui croit que c’est sa supériorité qui va étancher sa soif ! Grave erreur ! La satisfaction donnée par la domination disparaît aussitôt, comme de l’eau jetée sur du sable, et il faut de nouveau subir, essayer de prendre ! C’est incessant ! La peur talonne à nouveau ! La haine est sortie, elle renifle, accuse, pèse, se sent prête à frapper, veut sa proie ! On s’ennuie, on parade, on pleure, on gémit, on se réjouit du mal ! C’est consolant !

    Comment dans ces conditions ne pourrions-nous pas être sédentaires ? Nous prenons des coups dès que nous sommes dans la rue ! Nous n’avons pas d’égards, ni de respect ! Nous ne savons pas nous voir ! Dans notre désarroi et notre hypocrisie, nous rêvons d’une autre société, nous accusons les étrangers, les capitalistes ! Nous sommes prêts à croire les populismes, les extrêmes ! Nous voulons plus d’ordre, nous imaginons une vie où tout serait contrôlé, d’où la différence serait bannie ! Nous avons la vue courte, car nous sommes les premiers qui devraient changer !

    Parfois, la Lumière voudrait être plus disponible ! donner ici et là de son attention, pour calmer le Dom, lui faire comprendre qu’il compte lui aussi, ce qui apaiserait son ego, le rassurerait ! Mais le Dom est tout de suite agressif ! Il cherche tout de suite à sentir sa supériorité ! Il rend l’air irrespirable ! Il faut immédiatement se défendre du Dom ! Tenir debout devient une véritable épreuve ! Le Dom arrache un bout de Lumière à chaque fois ! Le Dom est assoiffé, répétons-le, mais sa domination ne peut pas l’aider ! On a l’impression qu’il n’apprend rien !

    Nous le savons, plus la situation est difficile (par exemple sans soleil) et plus le Dom est virulent, car il angoisse et cherche davantage à dominer ! Mais plus il domine et plus la situation se durcit et devient difficile, et donc plus le Dom se montre haineux et virulent, et ainsi de suite ! C’est généralement dans cette escalade que le Dom chute ! se blesse, panique, a la grande peur de sa vie ! C’est là qu’il prend un « coup » en pleine poire (un Dom plus méchant l’écrase de son mépris par exemple), qui le marque à jamais ! C’est là que le Dom est l’objet d’une déception qui le terrasse, le démolit ! C’est là que son visage change sans remèdes, qu’il devient noir autour des yeux, que le dos se voûte, que les joues ont l’air d’avoir été battues, que le Dom semble partir en morceaux !

    Il n’est plus le même, il ne marche plus que sur trois roues, il grimace, etc. ! Mais croyez-vous que quelque chose aura pénétré son esprit, qu’il aura mesuré un tant soit peu les méfaits, les limites de son égoïsme ? qu’il en aura conclu qu’il faut qu’il soit plus doux, plus attentif, qu’il aura compris qu’on ne peut pas suivre seulement la route de sa domination ? Non, le Dom n’a pas reçu le message ! A peine bénéficiera-t-il d’une éclaircie et se sentira-t-il un peu mieux que le voilà de plus belle à cheval sur sa domination, comme s’il se vengeait de sa précédente inertie et que l’égoïsme était le phare éclairant le monde ! La Lumière n’en revient pas ! elle qui réagit au moindre souffle, qui recueille la sagesse comme une herbe la rosée !

    Le Dom avale et de nouveau tend la bouche, comme s’il ne s’était rien passé ! Certains Doms sont impossibles à satisfaire ! On ne peut les rassasier ! Si vous allez au fond d’eux-mêmes, il n’y a qu’un gouffre béant dépourvu de sens ! C’est une plainte horrible et une haine continuelle ! Dix mille Jésus pourraient se sacrifier, ça n’y changerait rien ! Comment en arrive-t-on là ? Il n’y a pas de blessures particulières ! Inutile d’y verser de l’amour, c’est un braillement absurde ! une sorte de rage sur pieds ! Qui sont ces monstres ? ces malades ? Ce sont de véritables machines, sans âme !

    Notre époque est féroce, car nous nous mentons à nous-mêmes ! Le premier mensonge est le suivant : nous vivons pour travailler, ou plutôt le travail passe en premier, car il faut gagner sa vie, etc. ! Mais il n’y a rien de plus faux ! Faites-en l’expérience ! Demandez à un guichet quelque chose, faites une démarche administrative, soyez pour n’importe quoi solliciteur et vous allez voir le Dom ou la Dom se dresser sur votre route ! Votre demande est objective, logique, mais pas le Dom ! Pour obtenir ce que vous voulez, vous allez devoir montrer que le Dom a du pouvoir sur vous, que vous lui êtes soumis, que vous reconnaissez sa supériorité ! Sinon ? Vous êtes cuit ! Vous n’aurez rien, à part des problèmes ! Si vous ne plaisez pas au Dom, vous allez en baver, jusqu’à demander pitié, jusqu’à ce que le Dom vous ait dressé !

    Alors, qui vient en premier ? notre travail ou nos sentiments ? Ce sont nos sentiments bien entendu ! Nous sommes tout sauf professionnels ! Mais nous disons le contraire et le Dom ne voit pas pourquoi il évoluerait !

  • Les Doms (76-80)

    R45

     

     

              "T'as vu, François? La poste à l''américaine!"

                                              Jour de fête

     

                                           76

    Le Dom s’ignore… Prenons le Dom psy par exemple ! A priori, qu’il y ait des psys est une bonne chose ! De savoir que des gens peuvent écouter nos problèmes est plutôt rassurant ! Cependant, vous faites face à un Dom psy ! Qu’est-ce qui fait que le Dom psy s’ignore ? Mais sa domination n’est nullement contestée ! Au contraire, elle est renforcée par l’attitude soumise du patient, qui lui souffre, est rongé par l’inquiétude et qui attend du psy des réponses ! Le pouvoir du psy est alors évident, ce qui lui permet de prendre un ton compatissant, affable, voire joviale ! Le patient nourrit, rassasie sa domination, ce qui le rend aimable, à l’écoute, d’autant qu’il est payé pour ça !

    Bien sûr, certains psys nient ce pouvoir ! Ils se montrent comme des compagnons de lutte du patient ! Ils sont eux aussi passés par le même cercle de feu ! Comme un exorciste, ils ressortiront eux aussi épuisés de l’épreuve ! Ils auront perdu du poids ! Ils seront en sueur, au moment où le patient « crachera » son traumatisme et en sera libéré ! Ils garderont leur sang-froid, au moment du transfert ! Ils se voudront encore rassurant, quand le patient baisera leur main de reconnaissance ! « Allez en paix, mon fils ! seront-ils capables de dire. Je n’ai fait que mon devoir ! »

    Autant le dire tout net, tout cela est du pipeau ! du grand pipeau, comme l’analyse ou la psychothérapie que le psy aura lui-même suivi ! Croit-on vraiment qu’on se sépare de son orgueil ou de son égoïsme par la simple volonté, en s’offrant à un autre psy ? S’il y a bien une chose dont la seule raison est incapable de nous arracher, c’est bien notre domination ! Pour cela, il faut tout l’amour de la foi ! C’est toute sa force, c’est tout notre don qui permet de voir son ego partir au fil de l’eau ! Raconter sa vie, même des événements pénibles, est une promenade à côté ! Mais le Dom psy vit dans son petit monde, celui essentiellement de son cabinet, là où il est le maître, le chef ! Sa domination est donc intacte, même s’il croit l’inverse, à moins de tomber sur un saint égaré, qui frôle l’alcoolisme !

    Le Dom psy rêve et dans son ignorance, il peut dire n’importe quoi ! Il peut développer n’importe quelle théorie ! Sur son nuage, il croit en sa science ! Il se targue d’être profond, insondable ! Et cela marche avec des patients doms, qui ma foi demandent surtout qu’on les écoute, ce qui les rassure, et qui au fond sont contents de parler d’eux ! Peut-on comparer le Dom psy à une prostituée, puisqu’on le paye en échange d’un peu d’amour ? Levée de boucliers, bien entendu ! Ces dames et messieurs sont tellement dignes ! Somme toute, ils font partie de l’élite ! Ce sont les observateurs amusés de leur époque, les sphinx sûrs de leur savoir ! Pourtant, à lire leurs livres, on les voit jouer aux billes, dans la cour de l’école, ou s’arracher les cheveux, avec des mines de garces !

    Comment pouvons-nous être aussi affirmatif ? Mais la Lumière entre dans le cabinet et que voit-elle ? Mais le Dom psy réagit comme un Dom face à la lumière, c’est-à-dire qu’il la hait… et rêve déjà de la détruire ! La Lumière, nous le savons, est indifférente à la domination, mais cela ne veut pas dire qu’elle n’a pas peur en ce monde et qu’elle ne recherche pas du réconfort ! Cependant, le Dom psy a plusieurs sortes de réaction ! Il peut cacher complètement sa haine, son regard toutefois étant devenu soudain glacial ! Il va blesser la Lumière, ce n’est plus qu’une question de minutes ! La Lumière, elle, se demande comment elle va pouvoir sortir de ce traquenard ! Elle aurait mieux fait d’acheter Pif !

    En coulisses, dans la tête du Dom psy, que ce soit un homme ou une femme, on aiguise les couteaux ! On rêve de « planter » la Lumière, de l’entendre gueuler pendant qu’elle se vide de ses tripes, puis de lui cracher dessus, avant de la jeter aux ordures ! Pensez ! Une domination ouatée, méprisante, snob, qui enlève la poussière de sa manche d’un air dédaigneux ! C’est une domination sous cloche, qui peut-être joue au golf, vu que c’est tendance ! Parfois, elle est tellement suffisante qu’elle ne reconnaît pas tout de suite la Lumière ! Il faut que celle-ci se montre un peu familière, qu’elle se mette au même niveau que le Dom psy, puisque ce sont tout de même deux êtres humains, et alors soudain le Dom psy hurle ! Il a vu une araignée et il veut l’écraser à coups de talons, le front en sueur ! La Lumière n’est pas digne de lacer les chaussures du Dom psy !

    Le Dom psy s’ignore et il pourra se venger de la Lumière bien des années après ! Il lui gardera un chien de sa chienne, comme on dit ! C’est qu’une domination offensée n’oublie pas ! Et ça croit être passé par l’épreuve du feu, et ça croit s’être dépossédé, d’avoir connu l’inconfort, la pauvreté ? le chemin pierreux et désert de la foi ? les larmes de l’amour ? La Lumière comprend, il ne lui viendrait jamais à l’idée de se venger ! Dieu n’est pas une boîte à chaussures !

    Mais ainsi va le Dom psy, sur son tapis volant, avec ses théories !

                                                                                                       77

    La famille Dom n’aime pas la Lumière ! Elle en rit même ! C’est que la famille Dom ne connaît pas la peur ! Le monde extérieur n’existe pas pour la famille Dom ! Elle est blottie en elle ! Elle se serre les coudes, elle forme un clan ! Elle a sa propre domination, ses propres règles ! Elle a une enveloppe et c’est sa domination ! Voilà pourquoi la famille Dom ne connaît pas la peur et se rit de la Lumière, car celle-ci représente l’extérieur et la peur ! Hors de la famille Dom, forcément on affronte la peur ! On n’a plus d’enveloppe, ni de protection, on est un étranger parmi les étrangers !

    La famille Dom trouve la Lumière ridicule, car elle-même ne connaît pas la peur et se croit courageuse, alors qu’elle ne quitte pas son monde, ses règles, sa domination ! La famille Dom se berce d’une illusion, sous le couvert que chacun y aime l’autre ! Et pourtant, la famille Dom n’aime pas la Lumière, qui lui fait peur ! La Lumière pour la famille Dom est synonyme de peur ! C’est le monde extérieur qui entre dans la famille Dom ! qui se croit sacrée ! qui vit dans sa petite enveloppe ! au chaud ! avec ses règles, sa domination !

    La Lumière est l’étranger pour la famille Dom ! C’est le danger, l’élément nocif, l’ennemi qu’il faut détruire, écraser ! Pourtant, la famille Dom est invitée à grandir, elle aussi dans l’amour de Dieu ! Elle doit quitter sa domination ! s’ouvrir, perdre son statut de clan ! Mais la famille Dom se serre sur elle-même, comme une fleur qui ne veut pas s’ouvrir ! par peur ! La Lumière l’invite à la fête ! Mais la famille Dom se replie sur elle-même ! s’intoxique, désigne l’ennemi et lui fait la guerre ! La famille Dom combat la Lumière et se perd ! Elle n’est plus qu’une famille morte, faite de morts qui rient, avec des rires de morts ! La famille Dom est la nuit et ne s’en rend pas compte !

    La famille Dom chasse la Lumière, car elle veut continuer à dominer ! La Lumière est pourtant la paix et ainsi la famille Dom ne connaît pas la paix ! La famille Dom voit la Lumière comme une calamité, une punition divine ! C’est que la famille Dom s’enchante de sa réussite ! de son aura, de son pouvoir, de sa situation financière, de sa bonne santé, de ses vacances, de la beauté de ses enfants, de leur intelligence ! La famille Dom se doit d’être irréprochable ! Elle parade, s’admire, juge, rejette, admet, sous la condition qu’on la voit comme supérieure ! La famille, c’est le clan, le fief !

    La Lumière est laissée dehors ! Elle doit se débrouiller ! Incertaine, fragile, elle croise les loups et dort dans le froid ! La solitude commence ! La peur aussi ! La peur presse la Lumière comme un citron, maintenant que celle-ci est sans enveloppe, sans protection ! Celui qui sert la Lumière, qui l’aime, affronte le vaste monde, chassé par la famille Dom ! La Lumière pleure ! Elle a le vertige, la nausée ! Le doute la détruit ! Et si la famille Dom avait raison ? Et si le groupe avait raison ! Et si la Lumière était folle, égoïste, orgueilleuse ? Et si la Lumière devait supplier la famille Dom de la reprendre ?

    L’errance de la Lumière est sans fin, sa solitude aussi, sa peur aussi ! Mais elle s’accroche ! La Lumière ne lâche pas ! La Lumière aime la Lumière, elle aime Dieu, la vérité ! Elle s’accroche ! Elle se relève de sa solitude ! Elle a traversé tous les anneaux de feu et chacun était nécessaire ! La Lumière se retrouve ! Elle voit sa paix ! La peur est là à ses pieds, comme un chien soumis ! La Lumière n’a plus besoin de la famille Dom ! Elle n’en veut plus ! La famille Dom est toujours pareille ! A-t-elle guéri sa peur, est-elle en paix ? Elle est toujours la forteresse, maintenant rongée par le lierre ! La mort est parmi elle et des oiseaux noirs croassent au-dessus d’elle ! Elle tombe en ruine ! Qui s’en souviendra ?

    La Lumière donne ses fruits ! Elle fait rouler ses soleils ! Elle est la vie ! Elle est la source, le chemin ! Régale-toi, voyageur ! La Lumière est passée par là ! Elle a ouvert les yeux sur le monde ! Elle a quitté la famille Dom, au nom de son amour ! Prends ses diamants, voyageur, ils sont vrais ! La Lumière a affronté sa peur, pas la famille Dom ! Elle a fermé sa porte, mais elle ne s’est pas transformée !

    Heureux celui qui est chassé par la famille Dom ! Heureux celui qui est seul, à cause de la Lumière ! Heureux celui qui marche au nom de la Lumière ! Heureux celui qui veut voir et ne pas dominer ! Heureux celui qui ne veut pas réussir, mais être pauvre dans la Lumière ! Heureux celui qui se réfugie dans la Lumière, qui se confie à elle, qui s’en remet à elle ! Heureux celui qui quitte la forteresse de la famille Dom ! Elle est vide à l’intérieur !

    La famille Dom se réjouit ! Elle est au chaud ! Elle aime son confort, sa réussite, mais l’envie lui tord le visage ! Le poison de la haine coule dans ses veines ! L’orage gronde sur la maison de la famille Dom ! Heureux celui qui chante Dieu ! Il danse comme les feuilles !

                                                                                                      78

    Revenons à la peur ! Le Dom et sa famille ne la connaissent pas vraiment ! Pourquoi ? Mais parce qu’ils sont dans la bulle de leur domination ! Ainsi, ils ne voient pas le mal qu’ils font et croient leur haine légitime ! La Lumière est connaissance, elle demande la perte de la bulle Dom ! Tant que le Dom est là, il ne voit pas l’autre comme un être à part, comme lui ! Il le voit soumis ou non à sa domination ! Si l’autre est soumis, il fait partie de la famille, du groupe ! S’il s’oppose, il est un ennemi, un traître, un étranger, une menace ! Dans les deux cas, le Dom reste dans sa bulle et l’autre n’a pas sa totale réalité !

    La Lumière mue ! Elle perd sa peau de Dom ! C’est très inquiétant pour elle, car elle se sépare du groupe ! Elle ne peut pas faire autrement ! La domination, la haine, l’injustice du Dom l’écœurent, la font fuir ! La Lumière recherche la vérité et là voilà dans l’inconnu ! Cette séparation d’avec les Doms est forcément très perturbante et même très douloureuse, car c’est souvent quitter la famille, sa sécurité et son confort !

    Le Dom, quand on le quitte, hait forcément, essaie de détruire ! Car on échappe à sa domination, à ce qui le nourrit et fait son monde ! La révolte du Dom peut-être atroce ou féroce, démesurée ! On le voit avec Poutine, qui voit l’Ukraine lui échapper ! Le Dom ne supporte pas l’échec ! Il prend le choix de la Lumière comme une injure personnelle ! Il fera tout pour la blesser, au lieu de se remettre en question et de comprendre ! Voilà pourquoi le Dom est étranger à la vérité et n’est pas l’avenir !

    Mais la Lumière est nue, dehors ! Comment pourrait-elle ne pas avoir peur, d’autant qu’elle ouvre les yeux sur les Doms et les voit donc de plus en plus nombreux ! Comment pourrait-elle ne pas avoir le vertige, devant la naïveté et l’aveuglement des Doms ? Ceux-ci continuent de crier, de haïr, d’accuser le gouvernement ! La Lumière voit la tragédie du Dom, comment sa domination est sa prison ! Le Dom ramène tout à lui et s’use, reste malheureux, refait toujours les mêmes erreurs, ne se libère pas, mais la Lumière ne peut pas lui expliquer les choses, justement parce que le Dom est sourd à ce qui n’est pas sa domination ! Toute explication, pour l’aider, serait pris comme une diminution de sa personne !

    Face à l’incompréhension et à un monde qui n’est pas le sien, la Lumière se trouve pauvre et désemparée ! Elle se demande qui elle est et peut s’affoler de son étrangeté ! Sa fragilité fait que toutes ses blessures se ravivent, en la déboussolant encore plus ! La tristesse l’envahit… Sans doute n’est-elle pas à la hauteur de la tâche ? Un long chemin qui paraît dans la nuit commence ! Pendant ce temps-là, le Dom triomphe ou continue son cirque ! Il écrase encore et encore le Dom, son semblable ! Combien ne travaillent toujours pas dans des conditions misérables, affreuses, sans respect pour eux ? Mais le Dom ne s’en rend pas compte ! Il piétine, parce qu’il est piétiné !

    La peur ? La Lumière la connaît par cœur ! Il n’y a pas de vérité, sans connaître la peur ! Car on on peut pas guérir de la peur sans vérité ! Le Dom reste dans sa bulle et demeure donc aveugle ! La Lumière recueille la vérité, car elle ne se ment pas sur sa peur ! Elle voit que la vérité guérit sa peur et qu’elle est donc la vérité ! Il n’y a pas de meilleur test ! Tout faux remède n’y résiste pas ! La Lumière accueille la vérité, parce qu’elle est pauvre ! La domination empêche la vérité ! C’est une bulle contre l’extérieur ! La peur fait humble la Lumière, la rend docile, à l’écoute ! Mais le quotidien de la Lumière peut paraître absurde, tant les Doms ne changent pas et semblent avoir raison !

    Puis, un jour, la Lumière marche sereine parmi les Doms ! Elle les connaît sur le bout des doigts et ils redoublent de haine à son endroit ! Ce n’est pas une surprise pour la Lumière ! Cela ne fait que confirmer que les Doms n’ont pour seul équilibre que leur domination ! que leur paix est factice, qu’ils n’ont pas de solutions, à part haïr ceux qui leur échappent ! La mue de la Lumière a bien eu lieu ! Sa maturation est certaine et inaltérable, car la Lumière n’a plus besoin de dominer ! Sa réussite et sa force sont ailleurs ! C’est Dieu qu’elle voit par ses yeux ! C’est son regard qu’elle possède ! C’est sa paix qui l’accompagne, au milieu des coups de dents et des grimaces !

    Et comme la peur paraît loin ! La Lumière, de l’avoir vaincue, dressée, en est purifiée ! Elle en est grandie ! Rien n’est caché en la Lumière ! Tout est dissimulé chez le Dom, même son envie, même sa haine ! Si elle transperce, c’est malgré le Dom ! Et la Lumière passe, comme si elle venait d’ailleurs, d’une contrée lointaine et légendaire, sous les yeux stupéfaits des Doms, qui n’ont pourtant qu’à puiser en eux-mêmes ! qui sont aussi la source, s’ils le veulent ! Car chacun peut accueillir la Lumière, la demander, la chercher ! Mais encore faut-il que le Dom s’interroge, qu’il arrête de haïr, qu’il devienne humble et pauvre, aimant ! La Lumière le remplira !

                                                                                                       79

    Plus la Lumière est en vous et plus le Dom craint votre regard ! La Lumière qui est en vous sort de vos yeux : c’est toute votre façon de voir le monde qui a évolué avec la Lumière ! C’est tout ce que vous êtes qui est constitué par la Lumière ! Or, la Lumière est vérité, elle n’a rien à cacher ! Ce que vous êtes a été éprouvé ! Vos tristesses, vous ne les avez pas fuies ! Votre mal-être, vous ne l’avez pas enfoui, au profit de votre domination ! Vous vous êtes offert à la Lumière, c’est-à-dire à la réalité ! Nulle domination ne vous a servi pour étouffer un problème ou un obstacle ! Toutes les récriminations des Doms, toutes leurs questions, tous leurs arguments, vous les avez examinés, car vous avez été pauvres, sans amour-propre, sans rang social, sans triomphe !

    C’est la soif de l’ego, sa soif de vaincre et de s’imposer, qui maintient le Dom dans sa bulle et le fait ignorer ou rejeter la Lumière ! C’est la domination, la peur de perdre, qui font que le Dom ne s’offre pas à la Lumière, ce qui fait que sa peur et ses ambitions demeurent obscures ! C’est cette partie, demeurant dans la nuit du Dom, qui craint la Lumière de votre regard et qui tressaille à ce contact ! Le Dom cherche à éviter la Lumière, car il a l’impression d’être sondée par elle ! Il ne peut pas s’empêcher de se fermer et ainsi il reconnaît malgré lui le pouvoir de la Lumière et même son existence !

    Mais le Dom n’a rien à craindre de la Lumière, puisqu’elle ne veut pas dominer ! Elle ne cherche pas à supplanter le Dom ! La Lumière est justement la Lumière, car elle ne veut pas dominer ! En cela, elle est pure ! Elle n’est faite que d’amour, même si le « porteur » de Lumière reste un être humain sensible et capable de se défendre ! Le Dom n’a donc rien à craindre de la Lumière et pourtant il ne peut s’empêcher de se garder d’elle, de se défendre contre elle ! C’est plus fort que le Dom ! C’est sa « nuit », ce qui est caché en lui, ce qu’il ne traite pas en lui, ce qu’il refoule qui se cache de la Lumière !

    Nous l’avons déjà dit, il existe pour le Dom des centaines de techniques, qui lui permettent de se défendre contre la Lumière ! Des Doms ont des techniques d’évitement, de leurres, qui leur sont habituelles, qu’ils utilisent chaque jour, qui font partie d’eux-mêmes, au point qu’ils ne s’en rendent plus compte ! Comment pourraient-ils vivre en paix, s’ils sont toujours sur le qui-vive, prêts à faire fonctionner ce que l’on peut considérer comme des armes ! Pourquoi ne cherchent-ils pas plutôt la vérité, quelque chose de sûr, qui les guérirait absolument de leurs peurs ? Pourquoi se contentent-ils de cette position instable, entre la nuit et la Lumière ?

    Il existe encore chez le Dom le fameux masque de cire, impassible, dur comme la pierre, qui semble proclamer que la Lumière n’existe pas, puisqu’elle est sans effets, le masque d’impassibilité en témoignant ! Là encore, que d’efforts pour lutter contre la Lumière, pour nier son existence ! Ce masque finit par se graver sur le visage et le Dom ressemble alors à un mort figé dans la colère, le déni, le dégoût ! Le Dom vieillit vite, pas la Lumière ! Ce masque est un mur, qui amuse souvent la Lumière ! Car au fond personne n’est dupe ! Le Dom est bien en guerre et ne connaît pas la paix ! Le Dom, au masque de fer, est bien malheureux !

    Pourquoi ne se tourne-t-il pas vers la Lumière ? Ah ! Mais c’est que le Dom a pris des coups et maintenant, il veut montrer qu’il sait aussi en donner ! On ne l’aura pas deux fois ! Il tient à faire valoir son importance, c’est aussi un caïd ! Très bien ! C’est un grand garçon, un homme que dis-je ! Et alors ? Est-il heureux ? Pourquoi ne pas déposer là le fardeau de son ego et aimer la Lumière, qui rend léger ? Parce que le Dom est dur ! La Lumière semble lui demander d’être mou, de se « coucher », de s’abaisser et il n’en est pas question ! Pourtant que voit-il ? La Lumière paraît-elle sans force, perdue, sans rayonnement ? Non, la Lumière lui paraît au contraire supérieure, libre, heureuse ! Alors, pourquoi ne pas se tourner vers elle ? Par peur ?

    La femme Dom semble d’abord moins hostile à la Lumière, car elle veut d’abord séduire, alors que l’homme Dom veut d’abord montrer sa force ! La femme attire et promet du plaisir ! de l’amour ! loin de la guerre apparemment et de l’égoïsme ! Mais c’est pour elle-même que la femme Dom attire, non pour aimer la Lumière ! C’est pour avoir le pouvoir sur l’homme que la femme séduit ! C’est pour que l’homme chante sa gloire et lui soit soumis ! C’est pour que son ego soit le centre d’intérêt de l’homme ! Ainsi la femme fait valoir ses ambitions, à travers l’homme, qui devient l’outil de son ego ! Ce n’est pas le chemin de la Lumière ! qui ne cherche pas de maître, qui ne veut pas se dissoudre, qui ne veut pas flatter, moyennent du plaisir, qui veut voir tous les autres, qui ne fait partie d’aucun clan !

    La femme qui suit la Lumière ne veut pas sa propre gloire ! Elle ne veut pas séduire pour asservir, pour dompter et commander ! La femme qui aime la Lumière sert la Lumière, lui donne toute sa force par sa bonté et sa charité ! C’est la douceur féminine, son don, sa passion qui servent la Lumière, par amour pour elle ! La femme qui aime la Lumière ne cherche plus à exercer son pouvoir de séduction, elle n’en mesure plus son ego ! La femme qui aime la Lumière rayonne et séduit et attire de toute façon, tant le pouvoir de la Lumière est grand ! Mais ce n’est plus une séduction dirigée vers l’ego !

                                                                                                     80

    C’est le Dom qui fait de la vie un désert ! Le Dom est comme un voleur au coin d’un bois ! A peine voit-il un passant qu’il essaye sur lui l’effet de sa force ou de sa séduction ! C’est une manière de prendre et non de donner ! C’est une manière d’assécher les autres ! La Lumière, n’ayant pas besoin de dominer, ne prend pas, mais elle donne sa paix, sa tranquillité ! Le Dom s’épuise et épuise ! Bientôt, il montre toute sa colère et sa haine, s’il reste insatisfait, et comment alors pourrions-nous trouver agréable de nous côtoyer ?

    Le Dom dévore et nous dévore ! comme il dévore la planète, car nous détruisons la planète, c’est un fait ! Le Dom constitue un flux constant qui demande, meurt de soif et qui croit que c’est sa supériorité qui va étancher sa soif ! Grave erreur ! La satisfaction donnée par la domination disparaît aussitôt, comme de l’eau jetée sur du sable, et il faut de nouveau subir, essayer de prendre ! C’est incessant ! La peur talonne à nouveau ! La haine est sortie, elle renifle, accuse, pèse, se sent prête à frapper, veut sa proie ! On s’ennuie, on parade, on pleure, on gémit, on se réjouit du mal ! C’est consolant !

    Comment dans ces conditions ne pourrions-nous pas être sédentaires ? Nous prenons des coups dès que nous sommes dans la rue ! Nous n’avons pas d’égards, ni de respect ! Nous ne savons pas nous voir ! Dans notre désarroi et notre hypocrisie, nous rêvons d’une autre société, nous accusons les étrangers, les capitalistes ! Nous sommes prêts à croire les populismes, les extrêmes ! Nous voulons plus d’ordre, nous imaginons une vie où tout serait contrôlé, d’où la différence serait bannie ! Nous avons la vue courte, car nous sommes les premiers qui devraient changer !

    Parfois, la Lumière voudrait être plus disponible ! donner ici et là de son attention, pour calmer le Dom, lui faire comprendre qu’il compte lui aussi, ce qui apaiserait son ego, le rassurerait ! Mais le Dom est tout de suite agressif ! Il cherche tout de suite à sentir sa supériorité ! Il rend l’air irrespirable ! Il faut immédiatement se défendre du Dom ! Tenir debout devient une véritable épreuve ! Le Dom arrache un bout de Lumière à chaque fois ! Le Dom est assoiffé, répétons-le, mais sa domination ne peut pas l’aider ! On a l’impression qu’il n’apprend rien !

    Nous le savons, plus la situation est difficile (par exemple sans soleil) et plus le Dom est virulent, car il angoisse et cherche davantage à dominer ! Mais plus il domine et plus la situation se durcit et devient difficile, et donc plus le Dom se montre haineux et virulent, et ainsi de suite ! C’est généralement dans cette escalade que le Dom chute ! se blesse, panique, a la grande peur de sa vie ! C’est là qu’il prend un « coup » en pleine poire (un Dom plus méchant l’écrase de son mépris par exemple), qui le marque à jamais ! C’est là que le Dom est l’objet d’une déception qui le terrasse, le démolit ! C’est là que son visage change sans remèdes, qu’il devient noir autour des yeux, que le dos se voûte, que les joues ont l’air d’avoir été battues, que le Dom semble partir en morceaux !

    Il n’est plus le même, il ne marche plus que sur trois roues, il grimace, etc. ! Mais croyez-vous que quelque chose aura pénétré son esprit, qu’il aura mesuré un tant soit peu les méfaits, les limites de son égoïsme ? qu’il en aura conclu qu’il faut qu’il soit plus doux, plus attentif, qu’il aura compris qu’on ne peut pas suivre seulement la route de sa domination ? Non, le Dom n’a pas reçu le message ! A peine bénéficiera-t-il d’une éclaircie et se sentira-t-il un peu mieux que le voilà de plus belle à cheval sur sa domination, comme s’il se vengeait de sa précédente inertie et que l’égoïsme était le phare éclairant le monde ! La Lumière n’en revient pas ! elle qui réagit au moindre souffle, qui recueille la sagesse comme une herbe la rosée !

    Le Dom avale et de nouveau tend la bouche, comme s’il ne s’était rien passé ! Certains Doms sont impossibles à satisfaire ! On ne peut les rassasier ! Si vous allez au fond d’eux-mêmes, il n’y a qu’un gouffre béant dépourvu de sens ! C’est une plainte horrible et une haine continuelle ! Dix mille Jésus pourraient se sacrifier, ça n’y changerait rien ! Comment en arrive-t-on là ? Il n’y a pas de blessures particulières ! Inutile d’y verser de l’amour, c’est un braillement absurde ! une sorte de rage sur pieds ! Qui sont ces monstres ? ces malades ? Ce sont de véritables machines, sans âme !

    Notre époque est féroce, car nous nous mentons à nous-mêmes ! Le premier mensonge est le suivant : nous vivons pour travailler, ou plutôt le travail passe en premier, car il faut gagner sa vie, etc. ! Mais il n’y a rien de plus faux ! Faites-en l’expérience ! Demandez à un guichet quelque chose, faites une démarche administrative, soyez pour n’importe quoi solliciteur et vous allez voir le Dom ou la Dom se dresser sur votre route ! Votre demande est objective, logique, mais pas le Dom ! Pour obtenir ce que vous voulez, vous allez devoir montrer que le Dom a du pouvoir sur vous, que vous lui êtes soumis, que vous reconnaissez sa supériorité ! Sinon ? Vous êtes cuit ! Vous n’aurez rien, à part des problèmes ! Si vous ne plaisez pas au Dom, vous allez en baver, jusqu’à demander pitié, jusqu’à ce que le Dom vous ait dressé !

    Alors, qui vient en premier ? notre travail ou nos sentiments ? Ce sont nos sentiments bien entendu ! Nous sommes tout sauf professionnels ! Mais nous disons le contraire et le Dom ne voit pas pourquoi il évoluerait !

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  • Les Doms (71-75)

    R44

     

        "Les trois Ford devant! hein? Ford, Ford, Ford!"

                                          Le Mans

     

     

                                       71

    Une délégation de Doms se rend auprès de Dieu ! Chaque Dom est endimanché bien entendu, pour montrer son respect, et arbore un air fier, car il a une famille, avec une femme, et il travaille et paie des impôts ! Il est un citoyen modèle et va à la messe chaque dimanche, pour rendre ses devoirs au divin, avant de sourire à son prochain, qui lui aussi sort de l’office, avec le même rang social !

    Évidemment, devant Dieu, la délégation est un peu tendue, car Dieu n’est pas n’importe qui, et l’un des Doms tripote son chapeau, gêné, quand un autre ne quitte pas des yeux ses souliers ! Mais, enfin, le chef se racle la gorge et prend la parole, en s’adressant à Dieu : « Seigneur, dit-il, nous sommes venus te voir, car rien ne va plus !

    _ Vraiment ?

    _ Oui, toutes les valeurs, que tu nous a données, sont piétinées ! La femme est l’homme et… vice-versa ! Nos enfants nous parlent de choisir leur sexe et nous ne savons plus quoi leur répondre ! Dans le même temps, des étrangers envahissent nos rues, nous injurient et menacent nos filles ! Nous ne pouvons plus rester les bras croisés ! Nous devons réagir !

    _ Mais j’ai toujours vu la différence comme une richesse ! Elle est là pour témoigner de ma profusion, de ma gratuité ! Et elle vous nourrit aussi, de même qu’au-dessus de la mare, vous trouvez toutes sortes d’insectes !

    _ Mais, Seigneur, nous ne mangeons pas les étrangers !

    _ Ils vous nourrissent dans le sens où ils ont une autre culture, d’autres points de vue, auxquels vous vous confrontez, ce qui élargit vos idées !

    _ D’accord ! Mais là, trop, c’est trop ! Et puis, ils sont sales ! Ils vendent de la drogue, règlent leurs comptes, au nez et à la barbe de la police ! Où est notre pays ? Il fut un temps où chacun respectait son voisin ! On savait se tenir, on connaissait les règles et votre message régnait sur nous !

    _ Il y avait encore des géraniums aux fenêtres ! s’écrie un Dom.

    _ On était en sécurité ! renchérit un autre.

    _ Il est inutile que je vous prouve que vous fantasmez le passé ! répond Dieu. Vous n’étiez pas plus heureux quand vous étiez entre vous ! Et mon nom vous était tout autant étranger !

    _ Oh ! Seigneur !

    _ Mais allons de l’avant ! Que désirez-vous ?

    _ Mais…, mais des armes pour nous défendre ! Des uniformes pour nous équiper ! Si la police est inefficace, nous formerons des milices ! Nous ferons régner l’ordre !

    _ Et qui surveillera votre violence ? Qui empêchera vos débordements ? Vous savez comme moi que : qui vit par l’épée, périra par l’épée !

    _ Mais c’est pour préserver vos valeurs que nous ferons cela ! pour que nos familles, nos enfants chantent votre nom, votre gloire !

    _ Oui, Seigneur, crie un Dom, nous serons vos soldats !

    _ Bande d’hypocrites ! Dites plutôt que vous voulez en mettre plein la vue aux étrangers ! que vous voulez leur rappeler qui est le maître et combien vous êtes forts et puissants !

    _ Seigneur, votre manque de confiance en nous me peine sincèrement, vraiment…

    _ Mais c’est justement de votre confiance dont j’ai besoin ! de votre foi ! Vous me croyez donc incapable de me défendre tout seul ? Vous croyez que pour ma gloire j’ai besoin de vos milices ?

    _ Non, non, bien sûr que non !

    _ Moi, ce qui m’intéresse, c’est votre amour ! C’est lui qui vous fait plus grand que les animaux !

    _ Comment ça ?

    _ Qu’est-ce que vous faites de plus que les animaux, quand vous défendez becs et ongles votre territoire ? Ils en font autant chaque jour ! Et comment pourriez-vous prétendre me faire confiance, avec des armes et en treillis ?

    _ Alors c’est non ?

    _ Bien sûr que c’est non ! Aimez en toute humilité ! Livrez-vous à moi ! »

    Sur ce refus, la délégation s’en va, déçue et chacun murmure… « Il a pris un sacré coup de vieux ! dit l’un.

    _ Ouais, il n’est plus ce qu’il était !

    _ C’est un rêveur, un idéaliste ! Il n’a aucun sens des réalités !

    _ Moi, c’est bien simple : je me suis retenu tout le temps, pour ne pas le gifler ! »

                                                                                                    72

    Évidemment, nos villes sont créés par les Doms, leur stress et leur angoisse ! Les villes sont le reflet de nos peurs… et de notre orgueil ou de notre domination, dans le sens où ceux-ci servent justement comme remèdes à nos peurs, parce que nous n’en voyons pas d’autres ! Prenons un maire plein d’ambitions par exemple… Combien de chantiers il lui faudra, dans sa ville, pour qu’il se sente utile et qu’il s’apaise ? Ce n’est que quand toutes les rues ressemblent à celles de Marioupol sous les bombardements russes, que le maire a le sentiment que les choses avancent ! Peu importe que ses concitoyens aient l’air de combattants dans les tranchées, puisque c’est pour leur bien ! Ils remercieront le maire plus tard, au nom de la modernité !

    Si jamais toutefois, perdu et couvert de poussière, abruti par la bruit et le stress, on se met à contester cette véritable débauches de travaux, ce capharnaüm permanent, on se retrouve devant un mur, un seul argument et qui dit que c’est nécessaire ! Le nouveau pont, les nouvelles canalisations, le nouveau stade, les nouvelles tours ? Tout cela est nécessaire ! Il n’y a pas à revenir là-dessus ! Chiffres à l’appui ! Comment on faisait avant ? Ne posez pas de questions idiotes ! Le mur de la nécessité vous écrase et vous vide !

    Pourtant, vous êtes sûr que le maire est un être humain, avec des sentiments, tout comme vous, qu’il connaît aussi vos questions existentielles et vos angoisses ; mieux, vous savez que c’est un Dom, qui se soulage par la domination, le contrôle qu’il a sur les choses et qu’il est dépourvu de la plus simple sagesse ! Le seul sens qu’il donne à sa vie, c’est le pouvoir et vous en pâtissez ! à tous les niveaux d’ailleurs, car le stress du maire passe dans ses employés et les ouvriers de ses chantiers ! C’est une catastrophe en chaîne ! Il ne vous reste plus qu’à prendre votre casque et à éviter les bombes, pour aller acheter du pain !

    Bien entendu, le trafic des Doms ajoute au chaos ! Toute la rage du Dom se transmet à sa voiture, qui rêve de vous scier les méninges et de vous traîner jusqu’au prochain feu rouge ! Le Dom détruit le Dom et vous-même, par conséquent ! Là encore, si vous arrêtez le Dom du trafic, il circule à cause de la stricte nécessité ! Il bosse, qu’est-ce que vous croyez ! Impossible de faire valoir votre doute ! C’est l’enfer de toute façon et vous êtes obligé de crier ! Toutefois, le Dom ne pourrait-il pas conduire plus relax, plus doucement ? Ne se sert-il pas de sa voiture comme d’un remède contre le stress, en s’excitant dessus ? Ne voudrait-il pas être heureux ?

    Impossible de calmer le trafic ! Il vous ronge, vous lamine, au nom de son hypocrisie ! Et puis, il y a ceux qui passent avec de la musique à fond ! Cerise sur le gâteau ! Ceux-là sont persuadés que les autres les jalousent, en les voyant si cool ! Et puis, il y a votre chef au travail, qui se nourrit de sa position dominante et qui a repéré chez vous des velléités d’indépendance, un certain mépris à son égard, vu son inefficacité ! Celui-là vous veut à sa botte ! Il veut vous mater et le cauchemar commence, car il n’aura de cesse tant qu’il ne vous aura pas brisé ! Bien sûr, il vous fait peur, vous menace du licenciement, jouit de votre désarroi, se moque éperdument de vos efforts, pour lui plaire, car sa joie, c’est de vous voir souffrir, ce qui prouve son contrôle, sa supériorité ! Celui-là vous pousse au suicide ou au meurtre !

    Chaque jour, vous devez affronter le Dom qui vous sert de chef et cela vous rend malade, vous enlève toute force, tout espoir ! Alors, bien sûr, vous rêvez ! C’est d’ailleurs cela qui vous fait tenir ! Vous avez une destination de vacances ! Vous avez trouvé un havre de paix ailleurs, un site paradisiaque, au bord d’un lagon de cristal, ou caché dans le plus profond d’une campagne, quiétude garantie ! Et le jour J, avec votre compagne, vous laissez toute cette boue derrière vous ! Adieu les chantiers délirants, le chef sadique, le trafic funeste, la situation politique désastreuse ! Vous allez pouvoir souffler, prendre le temps, rester détaché quoi qu’il arrive !

    Pourtant, il est arrivé quelque chose ! Vous étiez parfaitement serein, vous profitiez pleinement de vos vacances, et pourtant il y a eu ce type là-bas, que vous ne connaissez pas et qui vous a regardé d’une drôle de manière ! ou bien il y a eu cette femme à l’accueil de l’hôtel, à la caisse de l’épicerie, qui…, oui, qui vous a traité comme un chien, ni plus ni moins ! Elle vous a écrasé de tout son mépris… et maintenant vous comprenez que l’homme de tout à l’heure, lui, a tenu à vous transmettre toute sa haine, alors qu’il vous est inconnu, et le poison de sa haine fait de l’effet seulement à présent ! Vous êtes blessé même pendant votre repos, alors que vous vous étiez juré de ne pas vous énerver, de relativiser toute la bêtise du monde !

    C’est que le Dom ne lâche rien ! Il vous voit heureux, libre, sans que vous vous occupiez de lui ! Vous passez sans même le remarquer ! Il s’étrangle ! Vous lui causez de l’angoisse ! Co… comment, un monde existerait sans lui, dont il ne serait pas le chef ? Le Dom va-t-il se remettre en question ? chercher une nouvelle spiritualité, se demander le secret de votre bonheur ? Bien sûr que non, le Dom choisit de vous haïr, de vous détruire en fait, dans les limites de la loi ! Voilà son œuvre ! Est-il heureux, a-t-il des solutions à proposer, pour que chacun vive mieux ? Non, il hait et trouve cela parfaitement normal ! C’est son immonde bêtise, car il mourra comme ça ! On n’échappe aux Doms, il vaut mieux le savoir ! Les vacances, c’est bon sur le papier ! Comme il a été dit : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroits où reposer sa tête ! »

                                                                                                        73

    Comment le Dom pourrait ne pas haïr ? Chacun a peur, la vie est difficile, nous sommes souvent la proie de l’angoisse, la situation mondiale est inquiétante, les prix augmentent toujours, etc. ! On sait que, si on tombe, ce sera terrible, il n’y aura personne pour nous relever ! Le climat est déréglé, nous allons vers des catastrophes ; quand ce n’est pas la canicule, c’est le froid et la pluie ! Où sont les beaux étés inoffensifs ? Les démocraties encore sont en danger ! Certains états, comme la Russie, ont plongé dans la nuit ! La première puissance mondiale, les USA, peut devenir le jouet d’un délinquant débile, moins raisonnable qu’un enfant de six ans !

    Et puis, surtout, il y a cette immense bêtise du Dom, qui n’en démord pas, qui a ses ennemis, et qui, pour soulager ses peurs, a recours au nationalisme, au repli sur soi, etc. ! Pour le Dom, tout, absolument tout, même la dictature, tout pour ne pas se changer soi-même ! Comment alors pourrait-il ne pas haïr, puisque c’est lui qui doit exister, s’imposer, qui n’a même pas l’idée de se remettre en question ? On lui doit des comptes ! Comment pourrait-il ne pas vous haïr, quand il vous voit libre et heureux, indifférent à son cinéma ? C’est lui l’alpha et l’oméga, et vous passez près de lui, comme s’il n’était rien ! Et de fait, il n’est pas grand-chose à côté de l’éclatant soleil de ce pissenlit ou devant la blancheur immaculée de ce goéland ! L’homme n’est beau et grand que traversé par la lumière ! Son égoïsme est hideux et médiocre !

    Le Dom ne cherche pas, il ne fait pas d’efforts ! Il fut un temps pourtant où on lui murmurait que Dieu le regardait et qu’il devait se méfier de ses péchés ! Il était conduit à s’améliorer d’abord lui-même, avant de condamner les autres ! C’était la bonne voie et d’abord la voie du bonheur, car elle menait non à se refouler ou à se détruire, mais bien à la paix, à la tranquillité ! Mais le message a été réduit à des règles, s’est perdu et au fond est rarement compris ! Il faut le renouveler régulièrement, lui redonner toute sa force, le réexpliquer dans tout son infini ! C’est ce que nous allons faire…, mais, évidemment encore, les mouvements sociaux, la science, les chantres de la seule raison, au nom de la justice sociale ou de notre liberté, ont combattu naturellement tous les dogmes et le message religieux a été tourné en dérision, qualifié de conte pour enfants !

    C’est pas plus mal et c’est inévitable ! La religion traîne ses idées fausses et il faut la liberté, pour retrouver la simplicité et la richesse de la foi ! Mais encore faut-il reconnaître que le seul résultat aujourd’hui est le triomphe de l’égoïsme, que nous ne savons pas vivre, que les idéologies sociales sont stériles, que la science est impuissante, que toute seule elle reste incapable de répondre à nos questions et que maintenant notre temps semble compté, etc. ! Déjà cette lucidité est empêché par le Dom dans tous les domaines et à tous les degrés de pensées, même chez les intellectuels ! Le Dom peut avoir les meilleurs diplômes ! Et le Dom prend Dieu pour un imbécile ou un père fouettard !

    Quel est le secret de la foi ? Jésus le livre, ravi par cette révélation : « En vérité, je vous le dis, celui (ou celle) qui n’est pas comme un de ces petits n’entrera pas dans le royaume de Dieu ! » ou « Je vous remercie, Père, de montrer la vérité aux enfants, quand vous la cachez aux savants ! » Pourquoi prendre l’exemple de l’enfant ? Parce qu’il vit dans la confiance qu’il donne à ses parents ! Ainsi vit celui qui aime Dieu : il a confiance en Dieu, comme l’enfant a confiance en ses parents ! Il ne s’agit donc pas de se détruire, de commander, de rejeter ou de haïr, de se méfier ou d’avoir peur, parce qu’on a confiance ! Cela paraît extrêmement simple, mais c’est aussi ce qui est le plus difficile, surtout avec cette peur autour, mais encore cette conquête du pouvoir, cette soif de l’orgueil du Dom !

    Inutile de dire que, dès que vous êtes préoccupé par votre rang social, par votre réussite, votre domination, que dès que vous avez de la haine, parce que votre ego est bousculé, vous n’avez plus confiance ! Vous n’êtes plus un enfant, mais un Dom ! C’est aussi simple que cela ! L’enfant est l’antiDom ! De même, comme l’enfant échappe au Dom, il est condamné par lui ! Jésus est mis en croix par le clergé de son temps, car le Dom religieux impose ses règles, ce qui témoigne qu’il n’a pas confiance, qu’il n’est plus l’enfant !

    De même que l’enfant attend que ses parents lui donne à manger, etc. ! celui qui aime Dieu s’attend aussi à ce que Dieu veille à ses besoins ! C’est la confiance et l’enfant en Dieu verra bientôt qu’il est mené vers tout autre chose que la réussite matérielle, qu’elle ne lui est même pas nécessaire, mais c’est la joie, la paix qui sont les boussoles ! Qui voudrait vivre comme un Dom, avec de la haine dans le cœur ? Quelle fatigue, quel tourment ! Alors que tout le monde autour crie, s’inquiète, devient agressif, se perd, l’enfant en Dieu, lui, reste serein : il a confiance et sait que sa nourriture arrive, la seule qui rassasie !

                                                                                                     74

    La Lumière connaît le Dom, nullement l’inverse ! La Lumière connaît tous les Doms ! Elle les voit venir, elle connaît tous leurs comportements ! Elle sait pourquoi ils agissent ainsi, quelles sont leurs motivations ! Elles connaît tous leurs degrés d’évolution, à quel stade du Dom ils sont ! Elle s’en amuse, ou s’en chagrine, ou s’en agace, mais elle ne hait pas, car elle sait pourquoi, elle n’est pas surprise !

    La Lumière est libre, nullement le Dom ! La Lumière est libre, car elle est lucide, clairvoyante, car elle est la Lumière ! La Lumière est libre, car elle est détachée de son ego ! et donc de ses peurs et de sa haine ! La Lumière est libre, car elle ne demande rien ! Elle est heureuse avec Dieu ! Elle se nourrit du sens de ce qu’elle voit, de la beauté des nuages et des fleurs ! En quoi la haine la concerne-t-elle ?

    Le Dom, lui, ne connaît pas la lumière ! Quand il la voit, il s’écrie : « Comment ? Qu’est-ce que c’est qu’ ça ? Personne ne m’en a parlé ! Je suis pourtant chef de quartier ! J’occupe un poste éminent, je suis quelqu’un d’important ! J’ai pas mal d’argent, je vis à l’aise et je connais le maire et même le préfet ! Et on vient là sans me rendre hommage, sans se préoccuper de ma personne ! Intolérable ! Il y a un code, des règles ! On ne doit pas passer comme ça, sans me saluer, sans reconnaître combien j’ai de la valeur ! »

    Le Dom hait la lumière ! Car elle ne salue pas le Dom ! Car elle montre qu’il y a infiniment plus grand que lui, ou elle ! La Dom, elle, se met en colère ! Comment ? Sa séduction ne fonctionne pas ! Son corps met pourtant à genoux tous les hommes qu’elle rencontre ! Elle sait les mater, les faire baver ! Elle porte un collier d’or et fait claquer ses talons ! Elle sait transmettre le désir et elle n’a plus qu’à conduire le troupeau ! La Lumière lui résiste ? Ben, ça alors ! Encore un frustré ! Mais la Lumière ne veut pas de l’esclavage, même celui de la sensualité ! Elle n’a pas peur, elle ne recherche pas un refuge ! Elle veut l’espoir, la vérité ! Elle ne veut pas du mensonge, ni de la lâcheté, ni des idoles de la médiocrité !

    Le Dom ne sait pas vivre ! Il s’ennuie, agresse et mord ! Il aime avant tout parader ! Quand il est dictateur, il adore les parades militaires, symboles de sa force, de son pouvoir ! Il aime plus que tout sa vitrine ! C’est sa raison de vivre, il en raffole ! Il adore les conventions et la Lumière vient tout déranger, tout bousculer ! La Lumière se moque du Dom ! Elle ne marche pas dans « sa combine » ! Le Dom essaie donc de la détruire ! Il faut que la Lumière rentre dans le rang ! qu’elle adopte le mensonge du Dom ! En Russie notamment, on tue la Lumière sans sourciller, ou on la laisse moisir en prison ! Elle n’est qu’un obstacle qu’on écarte ! Or, le Dom et son mensonge ne sauraient être l’avenir !

    La Lumière connaît tous les Doms ! Elle les voit venir, les évite, s’en amuse, s’en chagrine, s’en désespère, s’en agace ! Cela dépend de la fatigue de la Lumière et de la violence du Dom ! Mais jamais la Lumière ne hait vraiment : elle comprend le Dom ! L’inverse n’est pas vrai ! Le Dom est toujours surpris par la Lumière ! Il ne cherche pourtant pas à savoir ce qu’elle est, ni si on peut l’acquérir ! Le Dom veut de l’amusement ! Il se croit tellement important qu’on lui doit des comptes ! Heureux le serviteur de la Lumière, qui est anéanti dans le désert ! Celui-là tue le Dom en lui ! Il se dépossède, se purifie, s’abandonne, aime ! Celui-là est pauvre et rit du Dom, qu’il trouve ridicule !

    Le Dom a-t-il faim, soif ? Est-il terrassé par la maladie ? Non, le Dom a l’égo qui souffre ! Il vit un enfer, à cause de son ego ! Que ne se débarrasse-t-il pas de son ego ? Heureux celui qui a vu son ego mourir ! Il est aimé de Dieu ! Heureux celui qui s’incline et qui se vide ! Il sera rempli ! Il chantera parmi les fleurs, la plus grande gloire de Dieu ! Il rira de sa tristesse ! Il verra la prison de l’ego, où crie le Dom, parce qu’il se croit lésé !

    Heureux celui qui voit les Doms ! Il est libéré de son ego ! Il ne fait pas le mal ! Il ne hait pas ! Le Dom connaît-il l’hiver ? La Dom connaît-il la soif ? l’abandon, la misère ? Le Dom a-t-il demandé pitié au Ciel ? Le Dom vit dans le luxe, l’amusement, même s’il se dit pauvre ! C’est son ego qui est riche, qui vit dans le confort, qui veut détruire à la moindre injure, à la moindre critique ! Le Dom connaît-il la soif ? A-t-il vu son ego mourir ? Le Dom est un nanti, car la haine est un enfantillage !

    La Lumière reconnaît le Dom, c’est l’état le plus facile ! Le Dom grince des dents devant la Lumière ! Il se demande comment l’abaisser, l’humilier, comme si la Lumière n’était pas pauvre, comme si elle pouvait craindre le ridicule ! La Lumière est pure ! Elle ne demande rien, ne veut rien ! Elle est contente d’exister ! Elle ne cherche pas à nuire, ni à supplanter ! Pourquoi le Dom ne suit-il pas son exemple ?

                                                                                                      75

    Le Dom croit toujours que « ça va le faire » ! Autrement dit, il croit que, puisqu’il gagne sa vie, paie ses impôts, obéit aux « devoirs » de la société, il va pouvoir être heureux, en paix, en sécurité, d’autant qu’il a cotisé pour sa retraite ! Voilà la naïveté, l’égoïsme du Dom ! Évidemment, les choses ne se passent pas comme prévu ! Le Dom broie, écrase, piétine le Dom, car il se nourrit de sa domination, et voilà le Dom malheureux ! Le voilà plaintif, perdu, à cause de lui-même, de son semblable ! Le Dom reconnaît-il chez lui l’égoïsme de l’autre, qui lui fait si mal ? Non, le Dom se croit exempt de cet égoïsme-là ! Lui-même ne se nourrit pas de sa supériorité, de son rang social, de sa réussite, qui demande bien entendu qu’on méprise l’autre ! Pourquoi le Dom ne reconnaît il pas sa domination, sa soif de pouvoir, ne voit-il pas chez lui les défauts dont il a horreur chez les autres ?

    Essentiellement par hypocrisie, par orgueil ! Le Dom ne saurait être avide, méprisant ou méchant ! Il a une toute autre idée de lui-même ! Il a tellement d’orgueil qu’il se croit meilleur ! Il développe même une paranoïa ! Si on le critique, on lui en veut ! On cherche à le détruire ! Le Dom est une tour de feu, avec plein de canons ! Impossible de lui faire regarder le miroir ! Le Dom est plein de haine, à cause de son ego ! Bien entendu, il a ses coupables, le gouvernement notamment ! C’est encore l’autre qu’il faut changer ! Alors que le premier travail est de se changer soi-même ! Nos souffrances viennent de l’ego, changeons l’ego ! Offrons-le à Dieu, qu’il le « dépèce » et le remonte comme une merveille ! La haine et la fureur s’arrêtent !

    Le Dom a une illusion réflexe, qui vient du règne animal ! Quand il est inquiet, il rejette la différence, veut retrouver le clan, un passé fantasmé, et ce mouvement peut même aller jusqu’à une hallucination collective, où tout ce qui gêne est gommé, comme en Russie ! Quand on nie l’histoire, on se nie soi-même ! On nie la nature humaine ! C’est encore un moyen pour le Dom de ne pas se regarder en face ! Alors, il croit absolument être entouré d’ennemis, persuadé qu’il est qu’il est bon, que le mal ne saurait venir de lui, qu’il ne peut être à l’origine de ses souffrances !

    Le Dom qui ne se tourne pas vers Dieu ne peut pas s’examiner ! Mais plus, le Dom qui n’aime pas Dieu ne peut pas se libérer de sa domination ! Comment accepter de renoncer à son ego, si on n’aime pas, s’il n’y a pas chez soi la force de l’amour ? La plupart des croyants restent des Doms et eux aussi rêvent d’un retour au clan, avec ses règles et le rejet de la différence ! Heureux celui qui s’abandonne ! Heureux celui qui se sent vide, qui ne comprend rien, qui pleure dans la nuit, qui est las, qui a soif, qui se tait, qui attend, qui espère, qui ne perd pas confiance ! Heureux qui n’a rien, il sera rempli !

    Heureux l’enfant aimant, qui se sent un étranger parmi les adultes ! Heureux celui qui a confiance ! Il verra l’infini de Dieu ! Il en sera stupéfait ! La haine de l’ego, contre la haine de l’ego, est évidemment une impasse, une surenchère ! L’égoïsme cherche sa voie, il veut se développer, sa liberté : c’est l’animal qui s’impose ! Très bien, il est nécessaire, mais la raison et la conscience nous mènent plus loin ! Surtout l’amour, la foi ! Ce n’est pas un piège, ni un fantasme, ni une drogue ! A chaque instant, la Lumière peut contrôler ce qu’elle croit ! Elle fait la connaissance des Doms, elle apprend d’eux ! Elle ne se ment pas à elle-même ! Elle aime plus que tout la vérité ! Et le mensonge des Doms lui apparaît en plein ! Le mensonge use les Doms, il est comme un gouffre qui s’ouvre chaque jour sous leurs pieds et qu’il faut combler ! Le mensonge est le chien affamé des Doms ! C’est leur monstre !

    Les Doms refusent de grandir ! Ils sont dans leur monde, bien au chaud ! Pas question d’en sortir, d’aller voir ailleurs, de remettre en question ses haines ! Le Dom est un enfant capricieux ! Il ne veut pas grandir, se tenir debout sur ses jambes, affronter la vie ! Il n’aime pas, si ce n’est les quelques proches qu’il domine ! C’est son monde et pas un autre ! Pour rien au monde, il n’abandonne son mépris, il tient des comptes ! Il n’essaie pas de comprendre, il ne voit pas que son bourreau est perdu, que celui qu’il hait est aussi aveugle que lui et connaît la même détresse !

    La Lumière est lente à la colère, elle ne cherche pas la puissance ! Son regard s’étend toujours plus ! Le mystère de la vie et de l’amour de Dieu lui semble toujours plus gigantesque ! Elle trouve de plus en plus misérable l’égoïsme du Dom, qui se prend au sérieux ! Il n’y a pas d’angoisse durable dans la Lumière ? Pourquoi il y en aurait-il ? Dieu est-il fini ? Il n’y a pas d’angoisse de la page blanche chez la Lumière ! Dieu s’arrête-t-il à un moment ? La Lumière découvre toujours plus l’amour de Dieu et cela n’a pas de fin 

  • Les Doms (66-70)

    R43

     

     

                  "J' t'ai toujours aimée, même si t'es une salope!"

                                                                   Zulu

     

                                   66

    « Agent Cool, dit Paschic, quand vous serez remplie par la lumière, il vous suffira juste de « ressentir » la présence des Doms, pour apprécier le degré de leur domination !

    _ Agent Cool ?

    _ Oui, ah ! ah ! On va travailler comme les agents secrets, si vous le voulez bien !

    _ A vos ordres, chef ! Mais vous parliez de « ressentir » une présence ?

    _ Oui, à un moment donné, il ne vous sera plus utile de regarder un Dom dans les yeux, pour savoir qui il est… Évidemment, vous pourrez continuer à le faire, mais vous allez comprendre que nous transmettons à l’autre nos désirs, ou nos peurs, sans que rien ne soit dit, à distance ! Je vous ai déjà dit que toute notre attitude parle et qu’elle reflète ce que nous sommes ! Ce n’est pas seulement un langage corporel, mais une densité, un poids de la personnalité dans l’espace ! Vous qui êtes une femme, vous devriez mieux comprendre qu’un homme de quoi je parle…

    _ Peut-être…

    _ Les femmes savent si un homme est inquiétant ou au contraire rassurant ! C’est quelque chose qu’elles sentent, bien avant d’échanger avec l’homme ! Ce n’est pas vrai ?

    _ Si, si, nous avons nos petites antennes !

    _ Les hommes et les femmes envoient un signal, suivant le degré de leur domination ! C’est un phénomène qui est d’autant plus évident que vous-mêmes êtes dans la lumière ! Bon, vous pouvez facilement comprendre que plus la domination est âpre, élevée et plus elle « tyrannise » l’espace, si je puis dire ! Je ne trouve rien de mieux comme image que celle de l’espace-temps ! Nous savons que les étoiles déforment l’espace à cause de leur masse et qu’elles créent ainsi une attraction ! Plus elles sont grosses et plus les objets autour sont attirés et ceci est aussi valable pour la lumière ! Vous allez donc considérer que vous êtes celle-ci, aussi neutre qu’elle, ou plutôt aussi légère qu’elle, que vous êtes disponible, puisque la lumière est sans domination !

    _ Je suis donc de la lumière, voyageant parmi les Doms...

    _ Mon image n’est pas juste, car la lumière vient des étoiles, mais il faut aussi avancer… La lumière qui voyage est déviée par la masses des étoiles… Plus le Dom est dominateur et plus sa masse déforme l’espace ! Concrètement, pour nous, cela veut dire qu’en entrant dans un lieu, vous sentirez tout de suite l’influence des Doms présents, le dominateur voulant des dominés ! Le Dom cherchera immédiatement à vous avoir comme spectateur, en attirant bien entendu votre attention ! Il est en représentation constante, jamais en paix ! Retenez bien cela ! Son soi-disant équilibre n’existe pas !

    _ OK ! Je vais tâcher de garder ça à l’esprit !

    _ Bien ! Dès que vous repérez un Dom, qui fait pression sur vous, juste par la densité qu’il dégage, sans qu’il se soit passé quelque chose de visible, j’insiste là-dessus, évitez-le ! C’est une perception qui s’apprend ! Si vous cédez au Dom, c’est que vous cherchez de la soumission, parce que vous avez peur et êtes sans doute fatiguée ! Il faut alors se montrer très prudent, car vous savez d’emblée que ce sera une relation à sens unique ! Le Dom vous utilisera, vous pompera et vous laissera encore plus vide et inquiète que vous ne l’étiez au départ !

    _ Il n’y aura pas moyens de s’arranger…, de demander et de recevoir aussi ?

    _ Si c’est possible, mais si vous êtes plus faible, vous serez aussi plus malléable… En tout cas, le mieux, c’est de voir le but du Dom, qui est stérile ! Il est là, comme je l’ai dit, en représentation ; il attend de vous de l’admiration, la reconnaissance de sa supériorité ! Cela ne peut pas ne pas vous prendre de l’énergie ! C’est vous demander quelque chose qui vous rebute, car vous savez, vous, que la domination est juste de l’égoïsme, que la lumière est le progrès ! Et vous aurez affaire à plusieurs Doms et à chaque fois, il vous faudra donner un bout de vous-même, sans rien recevoir en échange !

    _ Vraiment ?

    _ Non, le Dom pompe ! Il ne veut pas évoluer ! Chaque jour, il attire avec sa masse ! Mais son mensonge, lui, va vous apparaître sans difficultés ! Vous allez vous apercevoir très vite que vous ne vous trompez pas ! Si vous évitez le Dom dominateur, et ceci bien entendu quel que soit son sexe, et que vous vaquez à vos occupations, comme si de rien n’était, il se passe un phénomène étrange, qui avec l’habitude vous fera rigoler !

    _ Ah oui ? Lequel ?

    _ Mais le Dom viendra vous transmettre sa haine, son envie de vous détruire, alors que vous n’avez fait que le croiser, sans dommages apparents pour lui ! Il va se rapprocher de vous, pour vous exprimer tout son ressentiment !

    _ Et c’est sensé me faire rigoler ?

    _ Tout du moins sourire, car le Dom montre par là son mensonge ! Il reconnaît qu’il a besoin de la lumière, qu’il la trouve même supérieure, car il ne supporte pas votre indifférence ! qui elle n’est pas feinte, car vous n’avez pas besoin de dominer ! Votre équilibre est vrai, nullement celui du Dom et le voilà par conséquent en train de vous en vouloir ! Si la lumière n’était pas la vérité, elle ne gênerait aucunement le Dom !

    _ Ça paraît assez amusant !

    _ Ça l’est ! C’est l’une des petites joies simples de la vie ! La réaction haineuse du Dom, auquel vous ne devez absolument rien, vous montre que vous avez raison, que vous êtes sur la bonne route ! Et c’est une consolation, car le mensonge est partout ! »

                                                                                                         67

    Le Dom est fier de son ignorance ! Il la chérit ! Il vous la crache au visage ! Il vous hait à cause d’elle, sans pourtant la changer ! C’est que le Dom n’a aucune simplicité, ni encore moins d’humilité ! Il rêve, il s’enchante, il s’enfume dans un personnage, censé être un modèle de réussite !

    Le Dom trouve normale sa vie ! Il ne se demande pas ce qu’il fait là ! Il n’est pas abasourdi par l’infini des ailleurs, tout cela ne lui paraît pas étrange ; même le mystère de la mort ne l’effleure pas ! Il est dans le « bus » de la société ! Il respecte les horaires, les stations, il croit qu’il effectue là une mission périlleuse, hautement respectable, qui est le but de sa vie ! Où sont les autres, tous ceux qui sont morts ? tous ceux qui ont rêvé comme lui, espéré comme lui ? Envolés ! Comme s’ils n’avaient jamais existé !

    Seul le Dom compte, car il a beaucoup à dire, il a fait preuve de patience, en 1843, pendant une seconde, et il ne l’a pas oublié, car c’était déjà une seconde de trop ! On va voir ce qu’on va voir ! Le Dom a ses têtes de turc ! Le Dom crie, invective, menace ! Le système l’a contrarié, le système l’a grugé ! Il ne s’agit pas de donner un sens à sa vie, mais de trouver des coupables ! Ainsi toute réflexion est vaine, vive la haine !

    Le Dom est sournois : il vous sourit, quand il vous dit : « Regarde comme je te méprise ! » Le Dom n’apprend pas ! Il recommence toujours les mêmes erreurs ! Bien sûr, il est bientôt à plat, sans vie, comme un ivrogne qui aurait subi une douche froide ! A cet instant, il est calme, apparemment sage, mais qu’une goutte de domination apparaisse, qu’une satisfaction de l’ego soit possible, qu’on puisse « enfoncer » un tant soit peu l’autre et le Dom se jette dessus tel un assoiffé ! Il ne lui viendrait pas à l’idée que c’est justement là son poison !

    Le Dom ne cherche pas, il crie ! Il est en colère et se trouve juste ! Évidemment, beaucoup de par le monde souffrent plus que lui, sont dans le désespoir le plus complet, ont faim, se nourrissent de déchets, ont des yeux hagards, etc., mais rien, rien ne doit détourner le Dom de sa vengeance ! Il a été insulté ! On a osé le critiquer, le voir comme un enfant ! On lui demande des comptes, alors qu’ils donnent déjà tellement, dans l’impitoyable cosmos ! Le Dom jette-t-il son sang sous les étoiles, pour aider quelque extraterrestre ? Non, il paie ses impôts, il cotise, c’est indiqué sur des feuilles ! Il est dans son droit, il respecte les règles et on vient lui chercher des poux ?

    Le doute, c’est la mort du Dom ! Dès qu’il le voit, il s’enfuit, comme si venait la Faucheuse ! Le Dom s’est-il tordu dans la nuit du doute, par amour ? A-t-il connu l’errance, le déchirement ? S’est-il offert à l’insulte ? A-t-il connu le désespoir ? A-t-il inspecté centimètre par centimètre le mur de l’incompréhension, de l’égoïsme ? Est-il mort quelque part, ailleurs, sans vie, sans amour, sans lumière, dans la plus profonde indifférence des autres ? A-t-il jamais été seul dans la nuit ? Non, le Dom ne connaît que sa bauge, son bain de boue ! Il a passé son temps à piétiner, à enrager, à rire, à se moquer, à gémir et à pleurer, parce que personne ne l’aime, sous ses pieds qui écrasent !

    Le Dom est une victime, bien sûr ! Entre deux bouchées, sur sa chaise percée, il lit sommairement votre plainte… Puis, il essuie ses doigts bien gras dessus, rote (car c’est un spectacle!) et il commence… Vous ne connaissez rien à la politique, ni à l’économie, ni à quoi que ce soit ! Lui, le Dom, a une vision exacte de la situation (vous êtes déjà oublié!) et il vous récite de « vieux pneus crevés », qui montrent sa totale ignorance ! Prenant votre sidération pour de l’admiration, il vous met dans la confidence : des Montagnes bleues jusqu’à la mer jaune, il étendra son pouvoir ! On le fêtera, on lui rendra un culte, on chantera son nom ! Vous pouvez disposer !

    Le Dom connaît-il les fleurs comme des cristaux de neige ? Sait-il écouter, attendre, rêver ? A-t-il déjà respiré l’odeur de l’herbe ? S’est-il approché tout doucement de l’eau ? Non, le Dom n’aime que l’agitation ! Le silence l’effraie ! Seul se noyer dans la masse le rassure ! Des projets, des chantiers, du bruit, des sirènes d’ambulance, de la crasse, voilà le milieu du Dom, là où il est heureux !

    Le Dom aime le luxe ! Il a tout, ne se prive de rien ! Autos, motos… Le Dom a le choix entre mille jus de fruits, alors que d’autres meurent de soif ! Le Dom se dandine, pour choisir entre mille sortes de fromage, mais il se sent lésé et toujours prêt à faire valoir ses droits, comment on l’a spolié ! Le système se moque de lui, c’est évident ! Jamais c’est son tour ! Les autres se gobergent, mais pas lui ! Il n’est que sacrifices ! Mais les choses changeront ! Il y a des lignes rouges ! A force de trop tirer sur la corde, elle se casse ! Le Dom menace : il est possible qu’il envoie ses chars, mais ce ne sera pas de sa faute ! On l’aura poussé à bout ! Il est un messager de paix, mais on le prend pour un benêt ! Il nettoiera tout ! Il détruira tout ! Il tuera les enfants, violera les femmes, rasera les maisons, torturera, parce qu’on l’a bien cherché ! Derrière, la Patience affirme qu’elle n’a jamais vu le Dom, qu’il lui est absolument inconnu !

                                                                                                            68

    Le Dom ne donne pas, il prend, c’est tout ! Le Dom fait peur, au point qu’on pense l’amadouer, en lui offrant des présents ! A quoi comparerai-je cette situation ? Imaginons un sultan qui commande un col, nécessaire passage pour les échanges commerciaux ! On dépose donc devant ses pieds tout un assortiment de cadeaux, ce qui revient à flatter le Dom, à lui donner de l’importance ! Mais le Dom engloutit et ne donne pas, c’est tout ! Le Dom reste sombre, inerte, sans compréhension, alors qu’on fait mille efforts pour lui plaire, non que le Dom le mérite, mais on veut que l’humanité avance !

    Si le Dom ne montre aucun signe de satisfaction, ce n’est pas qu’il ne goûte pas vos cadeaux (bien au contraire, ils tombent comme du miel dans son estomac !), mais le Dom prend votre gentillesse, vos doutes comme de la faiblesse, de la fragilité et s’il garde le silence, c’est pour obtenir plus, pour que vous continuiez à le considérer ! Notez bien que le Dom n’a en rien un remède contre son propre mal-être et il est même profondément malade, dans la prison de son ego, mais il ne change pas d’attitude et reste comme une araignée au centre de sa toile, attendant que, par la menace qu’il représente, on vienne de nouveau tenter de l’apaiser ! Le Dom se moque du monde !

    L’un des problèmes aujourd’hui : le Dom qui possède l’arme nucléaire ! Comment discuter avec un malade mental, qui caresse ses ogives ? Comment rassurer un Dom persuadé que le monde entier lui en veut, qu’il est entouré d’une masse grouillante et venimeuse, comme l’imagine un schizophrène, alors qu’il peut faire sauter toute la planète ? Voilà un risque qui est évité par les démocraties, où tout signe d’aliénation mentale est sanctionné par le vote !

    Le Dom est agressif, même si vous vous montrez aimable, car il a tous les droits, n’est-il pas le Dom ? Mais le Dom est toujours une victime et si vous n’êtes pas impressionné par son mauvais visage, il tourne tout de suite la situation à son avantage : c’est vous qui n’êtes pas assez poli ! Il vous donne des leçons de savoir-vivre, de courtoisie, lui qui est moins aimable qu’une porte de prison ! Le mieux, c’est d’ignorer complètement le Dom ! qu’il se retrouve enfin face à son néant, où il ne peut profiter de personne ! Il n’y a que comme ça qu’il comprend un peu les choses, qu’il se remet en question, qu’il s’améliore ! Quand il voit qu’il n’a plus de prises sur vous, il revient un tantinet à la raison…, c’est qu’il fait froid dans le vide du cosmos, où les os craquent sous la pression de l’angoisse !

    Le Dom ne sait pas vivre, mais vous si ! Enchantez-vous des fleurs et du ciel bleu ! Ce sont des choses que le Dom ne comprend pas du tout, et pourtant elles peuvent devenir la base de votre équilibre ! Vous avez un gros avantage sur le Dom, vous pouvez vous passer de lui, lui non ! Il a toujours besoin de vous dominer ! C’est ce qui masque l’inanité de son existence !

    Le Dom ne propose rien, sinon son ego ! Il cache son impuissance par le poison qu’il distille ! Il vous fait croire que c’est vous le méchant ! Il sape votre assurance ! Il mord comme un serpent, en riant des effets qu’il provoque ! Le Dom n’a aucune solution, sinon vous détruire ! Il ronge vos convictions, vous condamne à l’errance, au doute, à la nuit… Il se réjouit de vos pleurs et de vos supplications ! Il dit que la vérité n’existe pas, qu’elle n’est qu’une affaire de point de vue !

    Le Dom vous montre le mal que vous lui avez fait ! Vous l’avez égratigné, alors qu’il vous coupait les deux bras ! C’est toujours lui la victime et vous discutez avec un psychopathe ! Vous devenez tellement peu sûr de vous que finalement c’est vous qui vous voyez le monstre et qui vous excusez ! « A la bonne heure ! » s’écrie le bourreau plein de sang ! Le Dom a réussi, il vous a détruit de l’intérieur !

    Le Dom nie votre existence ! Il ne veut pas entendre parler ! Si vous ne lui êtes pas soumis, vous êtes le paria ! Le Dom ne conçoit pas la différence, elle lui échappe complètement ! Il est le roi ou la reine uniques de son royaume ! Cependant, le Dom ne se croit pas seul, mais il l’est ! C’est son pouvoir sur les autres qui lui masque cette réalité ! Mais, enfin, le Dom meurt… et il se présente devant Dieu !

    Là encore, le Dom s’attend à être servi ! C’est que le Dom n’a aucune idée de ce qu’est Dieu ! Dieu est infini et donc forcément différence ! Or, le Dom ne connaît que le Dom ! Son univers s’est limité à son nombril ! Et, quand il voit enfin Dieu, il reçoit un choc tel qu’il en est pulvérisé ! Ainsi le cosmos retrouve son calme, sa magnificence, sans souvenir du Dom !

                                                                                                          69

    Le Dom est dans son monde ! Il vous y accueille plus ou moins bien, voire pas du tout ! La découverte de l’autre pour le Dom est un effarement ! C’est pourquoi il n’a pas de prévenances ! Il ne se met pas à la place de l’autre ! Il ne lui facilite pas la vie ! Car il ne le voit pas ! Le Dom n’est pas éclairé de l’intérieur ! Il ignore l’évolution de l’autre, il n’a aucun sens large de la vie ! Seule le concerne sa petite personne ! Or, il est bon de contempler la nature humaine, comme un champ de fleurs : il y en a de toutes les couleurs, de tous les parfums, de toutes les tailles et chacune est à son stade de progression ! Heureux celui qui a les yeux pour voir cela !

    Le Dom voit volontiers l’autre comme un ennemi, une menace ! C’est son orgueil, sa domination qui veut ça ! Le Dom est inquiet ! Faute de connaître la lumière, il suspecte les autres ! On peut le tromper, le manipuler, ou pire le moquer ! Le Dom vit dans la hantise d’être trahi ! d’où son besoin de tout contrôler !

    Le Dom vous attire dans son monde de turpitudes ! Il essaie de faire en sorte que vous dépendiez de lui ! Il ne peut pas vivre tout seul et il vous blesse, alors que c’est lui qui a tout à apprendre ! Rappelons-le, le Dom ne sait pas tenir sur ses jambes, d’où ses ennemis, ses angoisses, etc. !

    Le Dom est fatigant ! Haineux, il vous rend responsable de son malheur ! Il vous fait douter de vous-même, ce qui arrive si vous êtes fragile ! Il vous coiffe de sa petitesse, pour se plaindre essentiellement ! N’oubliez pas que le Dom croit que le monde tourne autour de lui !

    Ne cédez pas au Dom ! Respectez-vous ! Pensez à votre santé ! C’est le Dom qui doit changer, pas vous ! Soyez ferme sur vos connaissances ! Le Dom sera tentateur, il vous fera croire mille calembredaines ! Son tourment essaiera de réactiver vos névroses, vos propres doutes ! Tout le travail d’une vie vous servira ! Vous serez comme le rocher paisible devant le Dom ! Ses peurs seront inefficaces contre vous ! Vous rirez de ses plaintes, car vous connaissez l’origine de son malheur ! Ce n’est pas ses conditions de travail, ou les étrangers ou les capitalistes, c’est que le Dom ne cherche pas, ne s’offre pas à la lumière, à laquelle il préfère son orgueil ! Si le Dom « se quittait », pour aimer la lumière, il déposerait là son fardeau, et rayonnerait soulagé, espérant de nouveau ! Le reste, c’est du blabla !

    Heureux celui qui est dans la lumière : son destin est sans limites et la paix est sur lui !

    C’est le Dom qui rend le monde inquiétant ! absurde ! Quoi ? Le ciel bleu est tourmenté ? Les oiseaux ne chantent plus ? Non, la paix de Dieu est ineffable, indestructible ! Le Dom colporte son stress ! Il vous le transmet ! Il est plein de mensonges, toujours en attente de reprendre sa supériorité, de faire valoir son mépris ! Le chemin de la lumière lui est fermé ! Le chemin de l’amour lui est invisible ! Heureux celui qui donne par amour, qui renonce par amour ! celui qui prouve qu’il aime par son don ! Son renoncement est une preuve d’amour ! Comment aimer si on ne confie pas ! Comment aimer en se préservant ? Comment aimer en défendant ses intérêts becs et ongles ?

    Celui qui renonce pour la lumière reçoit de la lumière, plus qu’il a donné et est bientôt dans l’étonnement, car l’infini de Dieu lui apparaît ! Une telle grandeur laisse sans voix ! Une telle majesté, une telle tranquillité, une telle paix provoque l’admiration ! Le chant de gloire monte aux lèvres !

    Le Dom, lui, reste en prison ! Il ne veut pas en perdre une miette ! ni une occasion de mépriser ! C’est la vie grise du Dom ! Avec sa peur de perdre, le Dom en effet demeure dans les tourments ! Il traîne son boulet ! Il compte ses sous ! Il tient ses comptes ! Qui a-t-il baisé dernièrement ! Lequel il a mouché déjà ? Voilà ses satisfactions, celles de la domination ! Il ne comprend pas la lumière, ni la foi, car beaucoup de Doms sont religieux et ne connaissent ni la lumière, ni la foi !

    Que connaissent-ils alors ? Des préceptes ! Ils sont fiers de leur étiquette ! Mais ils n’aiment pas Dieu ! C’est pourquoi eux aussi détestent la différence ! Eux aussi font les comptes ! Eux aussi demandent dans quel camp on est et si on porte la bonne étiquette ! Eux aussi sont prompts à se venger, à dominer, à juger ! Eux aussi sont comme les Doms qui ne croient pas ! Eux aussi ont leurs ennemis, ceux qui ne croient pas ! Que connaissent-ils de la douceur de Dieu ? Que confient-ils ? Que remettent-ils à Dieu ? Ils ont le cœur sec, ils sont pleins de fureur, au nom de Dieu ! Eux ne savent pas aimer, en renonçant !

    L’enfant se confie ! Il ne voit pas malice ! S’il existe, c’est parce que Dieu l’aime ! Ainsi raisonne l’enfant ! Les inquiétudes des adultes lui apparaissent étrangères et plus tard mensongères ! L’enfant est sans malice dans la lumière ! Il salue le criquet, entend l’oiseau, il est un cœur offert ! Les Doms ont l’air sales et agités à côté !

                                                                                                      70

    Le Dom est une petite île égoïste, qui attend tranquillement qu’on vienne l’enchanter ! Sur cette île, le Dom a tous les droits, y compris celui de se mettre en colère et de mépriser ! N’existe-t-il pas un monde de souffrances autour ? Non, le Dom a des droits ! Après tout il est né ! Et il doit aussi travailler pour vivre et c’est beaucoup lui demander !

    Quand vous abordez le rivage de la petite île du Dom, tout est froid ! Il n’y a personne ! C’est désert ! Cette île est-elle habitée ! Donne-t-elle des fruits, qui pourraient vous faire du bien ? Il est impossible de se renseigner, car il n’y a aucun signe de vie !

    Vous avez peut-être soif ? Vous êtes peut-être un naufragé, qui, après avoir traversé l’étendue liquide, sur une planche de bois, a besoin de se restaurer, d’être réchauffé par la chaleur humaine ? Vous avez été témoin d’une catastrophe maritime, vous avez vu des centaines de corps s’enfoncer dans les flots, des femmes et des enfants crier ou bien vous savez que des cales sont remplies d’esclaves, soumis aux pires souffrances ?

    Peu importe, car rien ne bouge ! Toujours le silence parmi les palmiers ! Cette île est peut-être en définitive hostile ? Soudain, vous avez une idée : vous sortez de vos poches des verroteries, des colliers de perles en particulier et vous criez : « Pour qui sont ces bijoux, qui étincellent au soleil ? Pour qui sont ces merveilles ? » Et les voilà qui sortent du bois, hilares, bruyants, enfantins, sympathiques ! Les indigènes vous entourent subitement et ils vous font fêtes, alors que vous leur distribuez vos cadeaux ! C’est ça, la clé du Dom ! Tant que vous ne parlez pas de lui et qu’il ne se sent pas le centre d’intérêt, le rivage est désert et peu importe votre état et celui du monde !

    Le plus curieux, c’est que le Dom trouve normal vos cadeaux et votre attention pour lui, alors que la même idée à votre égard ne lui viendrait même pas à l’esprit ! Les indigènes, qui rient de vos présents, se trouvent éminemment sympathiques, en les prenant ! Ils ont l’impression de donner à leur tour, d’être généreux eux-mêmes, tellement ils ont d’estime pour leur personne ! Pourquoi le Dom n’a-t-il pas la même démarche que vous, celle de s’intéresser aux autres, d’être guidé par la soif de connaître lui et la planète ? Pourquoi n’est-il pas pauvre à cause du doute ? Comment peut-il prendre au sérieux sa haine ? Voilà bien encore pour vous une source de réflexions !

    Pour commencer, vous pouvez vous dire que le Dom a des circonstances atténuantes, car la misère humaine n’a pas de limites ! Certains en effet sont petits, gros, malades, disjoints, trop grands, etc. ! Et puis, il y a le système, la nécessite de gagner sa vie, qui broie, use, aveugle, trompe, disperse, réduit à néant et tant d’autres horreurs ! Mais pourquoi alors le Dom ne pense pas : « Il y a pire que moi ! Je ne suis pas le nombril du monde ! Quel sens pourrais-je donner à ma vie ? S’il y a une vérité, je dois la chercher avec obstination, courage ! On raconte des histoires sur des saints, qui ont traversé des enfers, des cercles de feu ! Comme c’est palpitant ! Moi aussi, je veux être du côté des héros ! J’en ai l’étoffe ! »

    Non, le Dom ne fait pas ce raisonnement ! On l’a privé d’électricité en 48, ou on a oublié sa bouteille de lait une fois, et ça ne passe pas ! C’est inscrit dans son grand livre de comptes, page 2 222 244 455, et vous découvrez effaré toute une collection de volumes ! Dans ces conditions, comment le Dom pourrait s’intéresser à un autre que lui ! Évidemment, pas question non plus, que vous lui racontiez votre propre aventure ! comment vous avez subi mille tempêtes ! comment vous savez qu’au-delà des mers il y a des populations absolument étranges et qui sont déjà heureuses d’avoir de l’eau claire ! comment une fois, pour survire, vous avez rongé du bois, dans la nuit plus totale, en compagnie des rats ! Non, vos exploits n’intéressent personne ! Car plus vous représenterez au Dom un univers qui lui est étranger et dont il n’est pas le centre, et plus vous verrez son visage se fermer et la colère le gagner ! Vous abusez de son temps et il vaut mieux maintenant remballer vos affaires, refermer vos coffres pleins de pacotilles et regagner au plus vite votre rafiot pourri, avant que la tempête n’éclate et que les indigènes ne cèdent à la fureur, pour vous passer à la broche !

    Afin d’éviter ce départ précipité et par souci d’urbanité, vous continuez donc à flatter le Dom, comme s’il était un sujet inépuisable de conversation, et les indigènes de l’île se saisissent toujours de vos cadeaux, en s’esclaffant, ravis ! Mais ne croyez pas en être quitte pour autant ! Car le Dom vit pour sa fierté ! Même s’il accepte vos présents, il tient à vous rappeler qu’il vous est supérieur ! Il cherche donc une occasion pour vous blesser, ce qui vous montrera son mépris ! Alors que vous souriez encore, en offrant un énième collier de perles, un indigène brusquement vous fait une belle estafilade avec un couteau ! Ah ! Ah ! La bonne plaisanterie ! Car l’ambiance n’a pas changé, comme si personne ne s’était rendu compte de rien ! Dans ces conditions, pourquoi faire de l’embarras, au risque de créer un incident diplomatique ? Vous aussi, malgré votre sang qui coule, vous regardez dans les yeux le Dom qui semble aux anges ! Il vous a rappelé qui est le maître ! Sacré Dom ! Et il pourrait apprendre quelque chose ?

  • Les Doms (62-65)

    R42

     

     

         "Je m'appelle maintenant Hémoglobinsky!"

                                      The Green Hornet

     

                                   62

    Le docteur Cool et Paschic continuent à s’entraîner, pour maîtriser la lumière… « Je la sens tout autour de moi ! fait Cool. C’est fantastique !

    _ Bien, rappelez-vous : plus vous renoncerez par amour, plus vous aurez confiance, plus vous serez heureuse et plus la lumière en vous sera puissante !

    _ Ma vie a enfin un sens !

    _ Et quel sens ! C’est sans limites, vous verrez ! Mais la lumière ne peut pas vous envahir brusquement, sans le risque de vous détruire, à cause de vos névroses !

    _ Ah bon, je suis névrosée ?

    _ Comme tout le monde ! Nous avons tous des blessures, qui nous fragilisent ! Si vous n’apprenez pas à les refermer, la lumière se retournera contre vous et pourra vous faire beaucoup de mal ! Comprenez qu’un renoncement excessif vous met en danger ! L’amour lui-même doit être apaisé, équilibré, afin qu’il soit chantant et triomphant !

    _ Mais comment on fait alors ?

    _ C’est une association avec la lumière, une lente progression ! Ce n’est pas facile évidemment, d’autant que les autres ne vont pas vous aider ! La peur que suscite la différence va vous ronger ! L’insécurité matérielle, qui est aussi un des fruits du renoncement, rebute forcément le plus grand nombre !

    _ L’insécurité matérielle… ?

    _ Comment voulez-vous prouver votre confiance, si vous ne craignez rien ? Votre amour sera d’autant plus fort qu’il prend des risques ! Il ne s’agit pas bien entendu de faire n’importe quoi, mais de ne jamais perdre le but, de tendre incessamment vers lui, avec la paix, la compréhension et la joie pour récompenses !

    _ D’acc…

    _ Mais je reviens sur les névroses… La lumière doit peu à peu cicatriser votre cerveau ! C’est elle qui va vous montrer vos blessures et combien elles peuvent être innombrables ! Je le répète, le risque de vous faire du mal est grand ! La passion est un feu que vous maîtriserez seulement à maturité !

    _ Vous me faites peur maintenant…

    _ Tranquillisez-vous… Rien ne vous comblera comme vos victoires ! Rien ne pourra plus troubler votre paix, ni votre don, ni votre force ! L’infini sera en vous ! Mais c’est aussi un chemin de solitude, car, comme je l’ai dit, vous êtes en route vers la différence ! Vous allez vous apercevoir combien les Doms sont fous et perdus ! combien il y a de pensées diverses, tronquées, fausses et haineuses ! Beaucoup se réclament de la lumière et n’ont rien à voir avec elle !

    _ Je suis impatiente, vous savez !

    _ Venez, nous allons essayer votre nouveau regard dans la rue ! Votre lumière va éclairer les Doms et vous observerez leur réaction ! »

    Dehors, Cool et Paschic avancent lentement… « C’est incroyable ! s’écrie Cool. Ils se cachent ! Ils se dérobent ! Ils ont peur de ma lumière !

    _ En effet, votre éclat les gêne !

    _ Mais qu’est-ce que ça veut dire ?

    _ Mais qu’ils n’aiment pas la lumière, qu’ils n’en veulent pas !

    _ Mais alors que peuvent-ils espérer ?

    _ Les choses ne sont pas aussi simples… Ceux qui vous évitent n’ont pas une position bien définie… Ils sont un mélange de peur et de domination ! Ils sentent bien que quelque chose leur manque, mais la peur les ramène à leur domination ! Ils ne veulent pas franchir le pas !

    _ Il y en a d’autres, par contre, qui me défient, qui me font voir toute leur haine ! Brrrr !

    _ Oui, ce sont les durs ! Ceux-là sont résolument hostiles à la lumière ! Ils sont entièrement voués à leur domination, ne jurent que par elle et s’ils pouvaient vous détruire sur le champ, ils le feraient sans hésiter ! Leur haine vient de ce que votre lumière menace leur supériorité et les renvoie donc à leur peur !

    _ Mais est-ce que ça ne veut pas dire qu’ils sont plus forts que la lumière, ce qui voudrait dire qu’il n’y a pas au fond de vérité ?

    _ C’est effectivement ce qu’on pourrait conclure en apparence… Mais je vous demande d’être encore plus attentive ! Vous allez observer ce qui passe en une seconde, quand votre regard croise le leur !

    _ Ils clignent des yeux !

    _ Exactement ! Ils ne peuvent pas s’en empêcher, car votre éclat les perce ! Mais ils se reprennent aussitôt et vous défient, l’air de dire qu’ils sont complètement insensibles à votre lumière et qu’ils en sont même supérieurs ! N’insistez pas ! Ils ont été déjà vaincus dans leur battement de paupières ! Inutile de vouloir le signifier à tout prix ! Laissez-leur fierté, car ce ne sont pas des gentils ! Ils pourraient vraiment vous agresser !

    _ Oh ! Là, là ! Qu’est-ce que je m’amuse ! »

                                                                                                          63

    « Le Dom a des techniques d’évitement très précises, face à la lumière, nous allons en parler… Mais encore une fois, il ne s’agit pas de vaincre le Dom, de faire comme lui, d’assurer sa propre domination ! Il n’y a aucune haine, ni désir de puissance dans la lumière… Elle existe, elle brille, c’est tout ! A mesure qu’elle vous envahit, vous ne pourrez pas empêcher son éclat !

    _ Très bien ! Mais vous parlez de techniques d’évitement… Cela veut-il dire que le Dom a appris à lutter contre la lumière ?

    _ Ce n’est pas tout à fait ça, car le Dom ignore au fond ce qu’est la lumière… Je pense plutôt qu’il a développé des techniques contre tout ce qui pourrait lire en lui et le menacer… Il obéit à un réflexe d’origine animale… Mais je vais être beaucoup plus clair, en vous donnant un exemple… L’une des techniques d’évitement les plus simples, face à la lumière, c’est de dévier celle-ci !

    _ C’est possible ça ?

    _ Oui, vous avez des leurres ! Le Dom peut très bien concentrer votre attention sur sa montre, un bijou, ou sur l’arête de son nez, le lobe de son oreille ! C’est une technique qu’il a mis en place depuis longtemps ! C’est surprenant, mais vous qui êtes une femme, vous savez comment attirer le regard sur la partie de votre corps qui vous avantage ! Le Dom ne pratique pas autrement ! Ainsi la lumière est détournée, se fixe en un point où elle n’a rien à apprendre ! Le Dom est sauvé, si je puis dire, la lumière n’a pu le sonder ! Mais encore une fois, j’insiste là-dessus, la lumière ne veut rien, sinon se poser, être ! Elle ne demande pas de comptes !

    _ C’est passionnant !

    _ Oui, d’autant que les techniques d’évitement sont aussi diverses qu’il y a d’individus ! Vous avez encore le froncement de sourcils !

    _ Qu’est-ce que c’est ?

    _ Le Dom gonfle un sourcil, comme un petit mur, ce qui suffit à arrêter la lumière ! Cependant, inutile de vous dire que chaque petit stratagème révèle qu’on craint la lumière, qu’on ne la désire pas, car on cache quelque chose ! On vit dans un faux équilibre, sur une ambiguïté ! A l’intérieur, on est trouble, incertain ! On a des plaisirs, en faisant taire des voix contraires, ce qui n’est pas une situation paisible, épanouissante ! Pourquoi ne pas viser le jackpot, le bonheur complet ? S’il y a une vérité, pourquoi ne pas la chercher ?

    _ Oui, pourquoi ?

    _ Par peur essentiellement ! Le Dom croit qu’en faisant confiance à la lumière, il perdra tout ! Il préfère alors sa condition bancale, où tout n’est pas mis sur la table, ce qui conduit à se protéger de la lumière !

    _ Ce n’est pas une vie !

    _ Non, mais la plupart s’en accommodent, grâce à leur haine… De toute façon, tout un monde va se révéler sous vos yeux, car toute notre attitude parle et comment pourrait-il en être autrement ? Qui sait ce qu’il faut faire ? Personne n’a de réponses ! Il y a les lois évidemment, mais ce n’est pas suffisant ! Nous sommes donc tous un mélange de peur et d’assurance ! Nous avons tous nos angoisses et nos questionnements et ils se reflètent à travers nos comportements ! Bientôt, vous verrez pourquoi certains se tiennent au milieu de la rue, en petits groupes et fièrement, comme s’ils commandaient ! Ceux qui parlent fort n’auront plus de secrets pour vous ! Vous lirez telles mimiques, telles grimaces ! Vous serez stupéfaite par le dégoût de quelques uns, qui considèrent qu’on leur doit tout !

    _ On dirait que vous décrivez un théâtre…

    _ C’en est un, mais avec des acteurs et des actrices qui s’ignorent ! Et puis bien sûr, il y a les durs ! Ceux-là nient la lumière ! Il sont sans amour, derrière le mur du mépris ! Parmi eux, on peut trouver bien des psys ou des médecins !

    _ Vraiment ? J’aurais plutôt cru ces personnes dévouées…

    _ Jusqu’à un certain point sans doute, mais il s’agit d’aller bien au-delà des apparences, n’est-ce pas ? Certains, persuadés de n’être guidés que par la science ou la raison, vous regarderont avec des yeux écarquillés, comme s’ils étaient pleins phares ! C’est une manière pour dire que la lumière, c’est eux, et qu’ils en ont à revendre, quitte à vous engloutir !

    _ Je vous sens sensible à ce sujet…

    _ C’est que le mensonge entraîne le malheur, la misère ! »

                                                                                                       64

    « La lumière, c’est la vie ! reprend Paschic. Elle s’offre, elle pousse ! Elle rayonne en toute personne qui l’accepte et l’aime ! Elle est un don permanent ! Regardez la fleur… Elle brille d’un éclat incomparable ! Même le pissenlit est une œuvre d’art ! C’est un petit soleil, qui va se transformer en un nuage de semences ! Si vous doutez et êtes en proie à l’angoisse, n’hésitez pas à observer la nature, à la contempler ! Ne réfléchissez plus, ne demandez plus, ne vous impatientez plus ! Laisser aller votre désarroi, votre tristesse… Confiez-vous à l’attente ! La nature possède le temps de la lumière et ce n’est pas évidemment le vôtre ! Nous sommes fragiles, inquiets ! Nous sommes tout petits, avec la possibilité de penser ! C’est un destin passionnant, mais qui pèse lourd ! Regardez les nuages... Leur marche lente, paisible, doit pouvoir aussi vous calmer… ou au contraire leur course folle a de quoi vous enthousiasmer, vous galvaniser !

    _ Le problème, c’est qu’ici la nature, on la voit pas beaucoup !

    _ C’est exact… Dans les grandes villes, les individus ne sont concernés que par leur passion et c’est ce qui les rend violents ! Ils finissent par prendre au sérieux leurs haines ! Ils restent malheureux ! Il est toujours possible de refouler la lumière, c’est notre liberté ! Nous luttons contre elle, par peur essentiellement, comme je vous l’ai dit et nous nous réfugions dans toujours plus de domination ! Nous devenons des tyrans pour les autres ! Nous les méprisons et nous nous réjouissons de les supplanter ! Nous créons un monde dur, dont nous croyons les politiques responsables ! Que nous nous changions d’abord nous-mêmes ?

    _ Mais il est toujours plus facile d’accuser l’autre !

    _ En effet… Plus vous serez remplie par la lumière et plus vous verrez comme chacun la retient en lui, l’étouffe, essaie de la tuer ! La haine rassure plus que la lumière ! Elle est moins étrange, moins contraignante pour l’ego ! Heureux l’enfant émerveillé, qui recueille la beauté et la lumière ! Il comprend le miracle et s’étonne d’autant plus du comportement des Doms ! Pourquoi les Doms s’énervent-ils autant ? Pourquoi sont-ils si inquiets ? N’ont-ils pas à manger ? Pourquoi se ne libèrent-ils pas du boulet de leur domination ? Ne voient-ils pas comme leur impatience, leur égoïsme les tiennent en esclavage ? La lumière est la joie de l’eau, la paix du ciel, le travail de la fourmi, l’agilité du serpent ! Il n’y a pas de lumière sans admiration, sans enchantement ! Il n’y a pas d’amour sans innocence ! C’est l’enfant qui est nous qui s’amuse et se confie dans la lumière ! Le monde autour est fait de morts pleins de fureur !

    _ Vous me redonnez de l’espoir… et c’est sans prix !

    _ Évidemment et le pire dans tout ça, c’est que nous sommes tous assoiffés ! Nous sommes tous à la recherche de la lumière ! Nous voulons tous nous épanouir et être heureux ! Nous désirons tous un absolu ! Pourquoi ? Mais parce que toute la nature nous inspire, en nous disant qu’il y a plus beau et plus grand que nous ! Nous le comprenons, le sentons, même si ce n’est pas clairement ! Nous voulons dépasser nos limites, face à la mer ou la montagne qui nous défient ! Le feu nous subjugue et l’enfant qui naît nous illumine ! Nous rêvons de réussites, d’exploits ! La domination chante d’abord en nous ! Mais les désillusions viennent… Nous sommes blessés, nous nous jugeons trahis, amers ! L’autre nous écrase, nous ment ! Nous sommes perdus et devenons méchants ! Nous traitons comme nous avons été traités ! Nous avons égaré la clé ! L’enfant qui rêvait n’est plus ! Nous aussi savons jouer du couteau, puisqu’il faut se défendre ! Nous aussi savons donner des coups, puisqu’on en reçoit ! Heureux celui qui aime encore et qui va se réjouir du papillon ou du pollen qui volent ! La nature continue d’enseigner ! Elle forme à la confiance, à la paix, au don, à la gratuité, car sa splendeur est gratuite ! Sa beauté n’a pas besoin d’être semée, elle éclate partout ! Devant ce spectacle, la domination peu à peu disparaît ! Elle n’est plus utile et elle laisse la place à un mystère, qui ne cesse de grandir et qui s’appelle amour ! La joie ne vient plus de supplanter l’autre, mais de l’aimer, car on est heureux soi-même! On devient aussi un mystère pour l’autre, qui se demande comment fait-il, qui est-il ? Et on est surpris de voir combien la lumière reste méprisée, crainte ! Mais le Dom croit qu’il est mâture quand il hait ! Il se croit lucide sans illusions ! Il ne veut pas de miracles ! Il s’acharne dans le trouble ! Il rit de l’enfant ! Il le rejette ! Il est sérieux quand il méprise ! L’oiseau qui plane l’indiffère ! Le soleil l’ennui ! Il ne voit pas le nuage ! L’eau ne lui dit rien ! Il veut sentir son ego et le fracas des armes ! Il veut commander, éprouver son pouvoir ! Il pleure et dit la lune indifférente ! Il se plaint parmi l’or de champs ! Il trouve le monde triste, devant la magnificence des neiges ! Il est en colère, alors que le lapin trottine ! Il donne des leçons à la beauté infinie de l’Univers ! »

                                                                                                           65

    « Vous savez, Paschic, je suis fatigué ! dit Cool. Tout ce que vous m’avez appris est passionnant, mais en même temps désespérant ! Je suis maintenant effarée par le comportement des autres, par leur haine, leur égoïsme surtout !

    _ Évidemment, plus on est sensible et plus l’injustice, la bêtise deviennent visibles et révoltent ! Mais observez bien et vous verrez que le Dom peut toujours aller dans le sens du bien ! Certains vont vous surprendre, en disant mieux les choses que vous !

    _ Sans doute…, mais je ressens une sort de vide... Au fond, je crois que j’ai peur ! Avant de vous rencontrer, j’avais quand même une belle sécurité, celle de la famille ! Certes, je ne voyais pas le mal et je le faisais moi-même, mais j’ai l’impression d’être seule à présent… et cela m’effraie et me donne froid !

    _ Je comprends, même si vous n’êtes pas seule, puisque la lumière à présent vous accompagne ! Vous savez, beaucoup, pour ne pas être seuls, exercent justement leur domination, leur tyrannie, et deviennent même violents, quand on veut leur échapper !

    _ Mais pourquoi si peu se tournent vers la lumière ? »

    A cet instant, Paschic crée de la nature autour de Cool, qui se retrouve soudain sur… un voilier ! « Mais qu’est-ce… ? s’écrie Cool. Oh ! Paschic, nous voilà en mer !

    _ Oui, ça vous plaît ?

    _ Mais, mais je ne sais pas naviguer !

    _ Je vais vous apprendre ! Vous allez prendre la barre… Voilà, passer derrière moi… Attention, ça bouge ! C’est un tout autre univers !

    _ Ouh ! J’ai failli passer à la baille ! Alors, comment on fait ?

    _ La maniement de la barre est simple… Vous poussez la barre, on va à droite ! Vous tirez dessus et on va à gauche !

    _ OK ! Mais où on va ?

    _ Devant vous, il y a ce qu’on appelle un compas…, avec des degrés ! Pour l’instant, on fait route au 250… Vous voyez ?

    _ Très bien !

    _ Bon, essayez de maintenir le cap, comme on dit ! Sentez le bateau ! Détendez-vous sur votre banc… Imprégnez-vous des éléments !

    _ C’est incroyable ! Quel dépaysement ! Merci, Paschic. Oh là, je suis partie de travers ! On est au 230 maintenant !

    _ Revenez au 250, mais ne ne gardez pas les yeux sur le compas… Vous allez apprendre à naviguer en observant le bateau… Regardez vers l’étrave, que voyez-vous ?

    _ L’étrave ?

    _ L’avant ! Qu’est-ce qu’il y a là-bas ?

    _ Des paquets de mer qui giclent !

    _ C’est cela ! Sentez comme le voilier taille sa route !

    _ C’est une lutte !

    _ Oui, c’en est une ! Regardez maintenant la grande voile d’avant, qui s’appelle un génois… Que fait-elle ?

    _ Elle est tendue, elle frissonne !

    _ Elle travaille aussi ! En fait, tout le bateau travaille, pour ouvrir sa route, avec votre aide à la barre !

    _ Ah ! Ah ! On vient de prendre un sacré paquet de mer !

    _ Oui, sentez le vent ! On est un peu comme le goéland qui plane au-dessus des villes !

    _ C’est la liberté !

    _ La force !

    _ L’énergie, Paschic ! Bon sang, c’est phénoménal !

    _ Toute la force de l’océan entre en vous ! Toute sa démesure, sa sauvagerie infinie !

    _ J’ai l’impression d’être plus jeune !

    _ N’est-ce pas qu’il est brave ce bateau ? Regardez comment il attaque la vague, puis la suivante et encore la suivante !

    _ Ouh là ! Faut que j’ fasse attention à la barre !

    _ Allez, je vais vous apprendre à prendre un ris ! à diminuer la toile !

    _ Ah bon ?

    _ Oui, levez-vous… Vous allez rigoler !

    _ Et je vais où ?

    _ Direction le mât ! je vous guide ! Ne vous occupez pas de la barre, je la prends ! Eh ! Mais qu’est-ce que vous avez à tituber comme ça ? On dirait une ivrogne !

    _ C’est qu’ ça bouge !

    _ Ah ! Ah ! Bon, vous êtes au pied du mât ? OK, défaites le nœud qui est devant vous… et tirez la voile vers le bas ! Du nerf, bon sang !

    _ C’est dur ! Je vous déteste, Paschic ! Homph ! Non, en fait, je vous adore ! Je n’ai jamais été aussi heureuse de ma vie ! »

  • Les Doms (58-61)

    R41

     

     

     

                  "Au commencement était le cube!"

                                       Transformer

     

     

                                      58

    Le général Tautonus frappe du poing sur la table : « Nous le savons, Paschic est une menace pour nous ! Le GVI (grand vide intérieur), qui nous nourrit tous et qui légitime la présidence de la Machine, est formel : Paschic représente l’anti-domination par excellence, notamment grâce à son pouvoir de dislocation des atomes !

    _ Il peut disloquer les atomes ? s’inquiète le professeur Ratamor.

    _ Beaucoup de témoignages en attestent ! réplique le général. Il peut créer de la nature, où bon lui semble, ce qui enlève aux Doms leur domination et les fait paniquer !

    _ Je ne puis vous croire… La matière…

    _ Je ne suis évidemment pas un spécialiste ! Il vous appartiendra, professeur, de comprendre, sur un plan strictement scientifique, comment agit Paschic ! Pour l’instant, il nous faut prendre conscience du danger qu’il représente ! Nous l’avons vu donner de l’espoir aux plus pauvres ! Il a de l’influence sur la population ! Il fait courir en elle un vent de liberté, qui pourrait la conduire à la démocratie, ce qui bien entendu signerait la fin la Machine !

    _ Ce qui ne se peut ! confirme Bona. La Machine est une bienfaitrice pour Domopolis ! C’est elle qui en assure l’unité ! Elle a redonné aux Doms leur fierté, leur grandeur ! Sans elle, le pays retournerait inévitablement au chaos !

    _ Et du côté de la propagande, reprend Tautonus, vous avez trouvé un angle, pour discréditer Paschic ?

    _ Eh bien, nous voulons le faire passer pour un agent de l’étranger, qui cherche à nous miner, à nous détruire, répond Lapsie.

    _ Ce n’est pas mal, mais est-ce que ça va être suffisant ?

    _ Avec Ganymir, nous rénovons aussi la foi, l’ancienne église ! Vous savez qu’il a un véritable don pour ça ! Ce que nous essayons de rétablir, c’est une morale, des valeurs que Dieu lui-même aurait mises en place ! De cette manière, nous pouvons faire passer Paschic pour un mécréant, un libre-penseur, aux mœurs douteuses, à la perversion avérée !

    _ Bien, il finira par être haï, au nom de la morale ! Professeur, que se passerait-il si Paschic était jeté dans le GVI ?

    _ Hein ? Euh… Eh bien, il est difficile de l’imaginer… J’ai moi-même contribué à la construction du GVI, qui a d’abord été créé au nom de la liberté, je vous le rappelle ! Son principe est le suivant : l’inconnu mène à l’angoisse, qui elle-même produit de la domination, pour être soulagée ! Or, vous me dites que Paschic est de l’anti-domination… et qu’il a même le pouvoir de disloquer les atomes ! Si nous jetons dans le GVI, il peut certainement y causer une catastrophe !

    _ De quel genre ?

    _ Mais dans le flux, il est possible qu’il se défende grâce à une bulle de nature, bien que je comprenne pas encore très bien comment cela fonctionne… Mais cette bulle pourrait faire exploser le GVI ! D’un seul coup, le dôme qui nous protège disparaîtrait ! La domination serait en péril et le GVI serait visible pour tous les Doms ! Vous avez parlé de panique, tout à l’heure…

    _ Évidemment, nous ne pouvons pas prendre ce risque ! L’ordre nous est indispensable !

    _ J’ai l’impression que ce Paschic, reprend Ratamor, veuille nous conduire à une nouvelle conscience… Mais est-elle scientifique ? Peut-on l’analyser avec la raison, ou bien relève-telle seulement du phantasme ? Il faudrait l’étudier, demander ce qu’il en est à Paschic…

    _ Peuh ! coupe Lapsie. Sait-il lui-même ce qu’il fait !

    _ On pourrait le défier ! s’écrie Bona.

    _ Que voulez-vous dire ? demande le général.

    _ Tout le monde connaît la légende de la porte qui mènerait les Doms au bonheur…

    _ La porte de la Vérité ?

    _ Exactement ! Demandons à Paschic de former une expédition, afin de la trouver ! Comme il échouera, il perdra tout crédit !

    _ Hum… Comme vous le dites, c’est une légende… Paschic refusera sans doute de marcher…

    _ Mais c’est lui-même qui en parle… Alors…

    _ Très bien, j’en parlerai à la Machine !

    _ Et s’il trouve effectivement cette porte ? intervient Lapsie. De quoi aurons-nous l’air ?

    _ Eh bien, tout simplement, ce sera la fin du GVI, coupe Ratamor. Et au fond cela ne se peut ! La science est la seule vérité et elle contribue au GVI ! Elle ne dit pas aux gens comment penser, mais au contraire elle leur donne la liberté de le faire !

    _ Suffit pour la philosophie, professeur ! Mais, dites-moi, ne serait-il pas possible de renforcer les pouvoirs de le Machine, en la plaçant elle-même dans le GVI ?

    _ A l’intérieur même du GVI, la Machine se retrouverait sans domination… et elle serait donc détruite ! Le pouvoir de la Machine est une conséquence du GVI, mais il n’en est pas l’essence !

    _ Tout cela me dépasse, professeur ! Je suis avant tout un soldat, aux ordres de la Machine… Bien, je crois que nous avons fait le tour de la question… et il ne reste plus à chacun que de donner le meilleur ! »

                                                                                                     59

    Ce soir-là, Paschic et le docteur Cool essaient de profiter de la petite hausse des températures et ils se promènent sur un boulevard de la ville… Mais soudain des dizaines de personnes s’enfuient devant leurs yeux ! « Qu’est-ce qui se passe ? demande Cool.

    _ Les morts ! Les morts sortent de leur tombe ! crie quelqu’un à la cantonade.

    _ Les morts ? »

    Cool et Paschic regardent le boulevard, maintenant désert ! Il y a d’abord un brouillard, puis le premier cadavre en sort ! Il est en putréfaction, pourri ! On voit une partie de ses os, sous des haillons ! Il a pourtant les yeux qui brillent, rouges, avec un air de colère et de haine ! Un second apparaît, puis un troisième et peu à peu, c’est comme une foule muette, cauchemardesque qui avance !

    « Comment est-ce possible ? s’écrie Cool d’une voix glacée.

    _ Regardez derrière ! répond Paschic. Le GVI ! »

    En effet, au centre de Domopolis, le GVI, sous la forme d’une colonne bleuâtre, se dresse au-dessus de son bâtiment, et son flux s’éparpille, tels des tentacules innombrables, jusqu’à toucher les morts !

    « C’est le GVI qui les ranime ! fait Cool.

    _ Il crée de la peur et donc de la sur-domination ! C’est elle qui les fait tenir debout !

    _ Mais alors, cela veut dire qu’ils veulent notre peau !

    _ J’en ai bien peur! Venez, ne restons pas là ! »

    Ils se mettent à courir ! « Mais comment arrêter des morts ? demande Cool, alors qu’ils font halte.

    _ Il faut arrêter le GVI !

    _ Arr… êtez le GVI ? Vous n’êtes pas sérieux !

    _ Vous préférez rejoindre les morts ?

    _ Non, bien sûr, mais nous sommes si petits ! Le GVI nous détruira à coup sûr !

    _ Je vais entrer dedans, pour vous montrer le contraire !

    _ Il n’est pas question que vous vous sacrifiez pour rien ! J’ai besoin…, on a besoin de vous ici, pour le futur !

    _ Mais je ne vais pas être détruit par le GVI ! Ma vie n’est pas un mensonge… et le GVI ne peut rien contre la vérité !

    _ Sur le papier, oui ! Mais qu’en est-il en réalité ? 

    _ On va le savoir ! »

    Cool et Paschic se dirigent vers le flux bleuâtre du GVI, qui brille dans la nuit ! « Attendez-moi là ! dit Paschic. Si au bout d’une heure, vous ne voyez aucune variation dans le flux, rentrez chez vous…

    _ Mais c’est insensé, Paschic ! Le GVI est bien plus fort que vous ! »

    Mais Paschic n’écoute déjà plus et il se glisse dans le bâtiment, dont il doit rejoindre le sous-sol ! Là, il fait face au flux du GVI et fermement il pénètre à l’intérieur ! C’est un monde froid, plein de turbulences, d’où une voix sépulcrale se fait entendre : « Qui es-tu ? demande-t-elle à Paschic.

    _ Je suis la vérité !

    _ Ah ! Ah ! C’est moi, la vérité !

    _ Pas du tout ! Tu es justement l’apparence, le mensonge, la folie !

    _ Aaargh ! Je vais te détruire !

    _ Cela ne se peut ! C’est moi, le réel et toi l’illusion ! Tu n’es que du vent et moi, je suis éternel ! »

    Le flux redouble d’assaut contre Paschic, comme l’eau sur le rocher et à la fin il s’épuise et diminue ! Paschic en ressort et rejoint Cool ! « Paschic, vous avez réussi ! s’exclame-t-elle.

    _ Je n’en suis pas si sûr ! Regardez ces hommes et ces femmes… Sont-ils vraiment vivants ? »

    Cool regarde et voit des Doms rigides et pleins de haine ! « N’était leur chair intact, ils auraient en effet l’air d’être…

    _ Comme les morts, n’est-ce pas ? Je crains que le GVI n’ait semé son poison…

    _ Vous voulez dire que le GVI continuerait d’agir invisiblement… et nous serions entourés de morts ?

    _ Nous n’imaginons pas cette haine, pas vrai ? Ils nous ont vus, Cool ! Il nous faut partir !

    _ Mais c’est terrible !

    _ Bof, voyez ça comme au théâtre ! »

                                                                                                     60

    Le général Tautonus va visiter les laboratoires ultra-secrets de l’armée dom ! Le professeur Ratamor l’accueille avec déférence, car la science, pour continuer d’être financée, n’a pas eu d’autres choix que de se mettre au service du pouvoir ! De toute façon, la vie quotidienne n’a pas cessé de se concentrer sur la Machine, puisque c’est son monde qui doit s’imposer ! Pourtant, cela ne s’est pas fait simplement… L’autocratie de la Machine s’est installée grâce à de bons sentiments ! La Machine a promis à son peuple qu’il retrouverait sa grandeur, son aura, sa puissance, ce qui va de pair bien entendu avec la prospérité et le confort de chacun !

    Il a donc fallu faire confiance à la Machine, bien qu’il n’y eût plus qu’une pensée unique, sans opposition ! Lentement, Domopolis a été entraînée vers le fond, tel un sous-marin en panne ! Le seul son de cloche que reçoivent désormais les Doms, c’est ce que leur dit la Machine et elle leur représente un monde qui leur est hostile, menaçant ! Pendant ce temps-là, la Machine a le pouvoir absolu et s’enrichit grâce à la corruption : châteaux, fêtes, vie dorée des proches… ! L’hypocrisie de la Machine est sans bornes et pour que les Doms ne la voit pas, ne se révolte pas, alors que leur vie à eux est misérable, la Machine les entraîne dans une guerre… contre la nature, une grande guerre patriotique contre les arbres et les oiseaux, dont les attaques semblent se répéter !

    Est-ce vraiment absurde ? Sans doute, mais une sorte de fièvre, celle de la Machine elle-même, s’est peu à peu emparé des Doms, leur enlevant tout jugement ! C’est que maintenant leur cerveau et celui de la Machine ne font plus qu’un, comme si tous ils habitaient ce dernier et les crises de la Machine, ses torpeurs, ses oublis, ses haines sont aussi les leurs ! En tout cas, il est un budget qui ne se dégonfle pas et c’est celui de la Défense ! Ainsi Ratamor a-t-il carte blanche pour inventer toutes sortes d’armes, toutes sortes d’engins, capables de détruire de toutes les manières ! C’est pourquoi il a invité le général Tautonus, afin de lui présenter sa toute nouvelle invention !

    « Général, je vous présente Discor ! dit Ratamor, en montrant un robot plus grand qu’un Dom et dont l’airain brille comme un soleil couchant !

    _ Ah ! Ah ! Et que peut-il faire ? J’imagine que ses yeux lancent des rayons laser ! que dans ses bras sont cachées des fusées !

    _ Pas du tout, mon général ! Discor est le combattant du futur, celui de l’ère de la communication ! Sa seule arme, c’est la discorde ! Généré par l’IA, il nie tous les faits, balance les choses les plus grosses, tout et son contraire ! Il excite les moindres faiblesses de ses adversaires, les pousse à la haine, se réjouit de leur indignation, de leurs cris ! Il reste insensible aux arguments, à la simple raison, au bon sens, mais au contraire il s’acharne dans l’absurde, s’obstine dans la cruauté ! Il amplifie toutes les failles, brûle toutes les blessures !

    _ Je suis déçu… J’espérais une véritable machine de guerre…

    _ C’est parce que vous ne voyez pas encore les enjeux de demain ! C’est un serviteur du Relativisme ! Grâce à lui bientôt, il n’y aura plus de vérités universelles, de cohérence, d’harmonie entre les Doms ! Tout ne sera plus que complot, menaces, hontes ! Le ciel sera noir d’égoïsme ! Une chape de plomb s’abattra sur toute bonne volonté ! Tout bon cœur sera raillé, humilié ! Imaginez une curée permanente sur l’intelligence, des Discors rendant folles de haine des populations entières, qu’on pourrait manipuler à loisir ! un océan de boue !

    _ Vous m’intriguez...

    _ Essayez… Parlez à Discor…

    _ Très bien… Bonjour Discor…

    _ Bonjour général… On dit que vous avez été nommé à ce grade, à cause de votre père, un vieil ami de la Machine !

    _ J’ose espérer que mes qualités ont quand même compté dans cette promotion…

    _ Bien sûr général, mais si Domopolis n’avait pas provoqué la nature, on n’aurait pas eu besoin de vous nommer général !

    _ Oh ! Mais vous n’y êtes pas du tout ! C’est la nature qui a attaqué Domopolis et non l’inverse !

    _ Bah, tout cet argent contre des arbres ! Il serait certainement plus utile pour faire fonctionner les hôpitaux !

    _ Mais nous devons nous défendre !

    _ Que vous dites ! Et moi, je crois que si chacun s’occupait de ses affaires, le monde irait beaucoup mieux !

    _ Mais c’est vous qui à l’instant parliez du fonctionnement des hôpitaux ? Ce n’est pourtant pas votre affaire !

    _ Je ne peux pas me taire devant l’injustice !

    _ Vous êtes surtout un bel hypocrite ! Soyez au moins logique !

    _ Logique devant un pistonné ?

    _ Espèce de… Vous avez raison, Ratamor, voilà une arme affreuse ! Mais elle fera notre malheur à tous ! »

                                                                                                      61

    « OK, docteur Cool, je vais maintenant vous apprendre à combattre les Doms !

    _ Ah ! Chic ! Eh, mais attendez ! Pourquoi combattrais-je mes semblables ?

    _ Vous avez raison, le terme de combattre est impropre… Disons que c’est pour les rendre meilleurs, car il n’est pas question de détruire ! C’est mieux comme ça ?

    _ Affirmatif ! Je suis toute oreille !

    _ Très bien ! Rappelons d’abord quelques principes… Voyons, nous savons que ce qui fait vivre le Dom est d’abord sa domination ! Plus la domination est grande et plus elle engendre de frustrations et donc de haine ! La haine étant le pire… Ne perdons pas de vue ce principe de base : domination, frustration, haine !

    _ D’accord !

    _ Il faut donc lutter contre sa propre domination, pour éviter la chaîne fatale… et pour cela il n’y a qu’un seul moyen, le renoncement !

    _ Le renoncement ?

    _ Oui, le renoncement, qui lui-même n’est possible que grâce à la confiance, autrement dit la foi, qui n’est rien d’autre que de l’amour, c’est pourquoi le renoncement ne saurait être amer !

    _ Ouh là ! Ouh là ! C’est que j’ suis un peu perdu là !

    _ Ah ! Ah ! Je l’ai fait exprès ! Mais un renoncement, qui ne se ferait pas par amour, amènerait forcément de la tristesse et de la haine ! Imaginez que je dépose sur la table un gros gâteau… et que vous ayez faim ! Vous devez renoncer à manger du gâteau, à cause d’une règle, qui dit par exemple que le docteur Cool n’a pas droit au gâteau avant demain ! Que va-t-il se passer ? Vous allez penser que c’est une règle dure, mais que c’est la règle, hein ?

    _ C’est vrai, ça va être dur !

    _ Mais encore vous allez surveiller tout le monde, afin de voir si les autres obéissent aussi à la règle, car il n’y a pas de raisons que vous soyez la seule ! Et si jamais quelqu’un s’approche du gâteau…

    _ Je lui saute dessus !

    _ Voilà ! Pour que le renoncement conduise à la paix, il doit avoir pour guide l’amour ! Autrement, s’il ne vous conduit pas au bonheur, vous faites fausse route ! A chaque fois que vous renoncez, la fibre de l’amour doit vibrer en vous ! C’est un pas vers la confiance, vers la vérité, que vous devez sentir comme telle ! Si j’emploie le verbe devoir, ce n’est pas pour signifier une obligation ; c’est seulement une suite logique… Bon, prenons la patience… On simule la situation : tout le monde est énervé autour de vous… Vous sentez la pression... Vous y êtes ?

    _ Hon, hon…

    _ Efforcez-vous de vous détacher de l’impatience qui monte en vous… Devenez la maîtresse de votre égoïsme… Sentez le champ de l’infini s’ouvrir en vous… La spiritualité est comme une fleur, qui ne demande qu’à se développer, à condition qu’on lui laisse de la place... Attention, soyez prête au don, à la douceur, à l’amour ! Votre patience en témoigne ! »

    A cet instant, le docteur Cool s’illumine ! « Bon sang ! Mais qu’est-ce qui se passe ? s’écrie-t-elle.

    _ C’est la lumière ! Vous commencez à rayonner !

    _ Waoouh ! C’est extraordinaire !

    _ Faites jouer cette lumière, apprivoisez-là ! Elle s’empare de tout votre corps !

    _ Je me sens plus puissante !

    _ Et vous l’êtes ! Votre individualité grandit, à mesure que vous vous détachez de votre égoïsme !

    _ J’ai l’impression que… le monde change ! que je ne le verrai plus de la même manière !

    _ C’est le cas !

    _ J’ai… j’ai peur !

    _ C’est normal ! Vous changez et ça vous inquiète ! Mais la lumière va venir se concentrer dans vos yeux ! C’est votre regard qui va exprimer au maximum votre nouveau rayonnement !

    _ Je ne peux pas vraiment m’en rendre compte…

    _ Non, c’est en présence des autres Doms que vous sentirez toute la différence ! Et ils vous haïront pour cela !

    _ Comment ça ?

    _ Tous ceux qui veulent le pouvoir verront que c’est vous qui l’avez vraiment, par votre force spirituelle ! Mais, au lieu de se demander comment vous y êtes parvenue, ils voudront vous détruire, car vous serez pour eux un obstacle !

    _ Mais ils pourraient faire comme moi !

    _ C’est le drame des Doms ! Plus vous renoncerez, plus vous ferez place à la lumière et plus votre regard gênera les Doms ! Vous verrez, vous pourrez lire en eux !

    _ Comme c’est excitant !

    _ Ne vous emballez pas tout de même ! La route est longue ! »