Blog

  • On vit dans la nuit!

    On vit dans la nuit

     

     

     

     

                                                                                                   La paix est l'épice du siècle!

     

        On rêve, mais dans le mauvais sens du terme; c'est-à-dire qu'on s'illusionne, qu'on se raconte des histoire, qu'on refuse de voir! Ce ne serait pas bien grave, si ça n'empêchait pas d'évoluer et donc d'améliorer la situation! Au fond, on ne veut pas "guérir", on a trop peur de perdre, ou on a trop peur tout simplement! Il s'agirait de regarder les choses en face, de grandir, de sortir de l'enfance; comme on se libère d'une enveloppe... On doit se dégager de la domination et de son égoïsme!

        En ce qui nous concerne, nous n'avons jamais beaucoup rêvé...; nous avons été en butte très tôt avec la souffrance, l'incompréhension, la solitude! Nous avons été "vieux" dès le départ; trop lourd, trop sérieux, trop sage, mais ce n'est pas notre faute! Nous sommes né comme ça, les yeux ouverts; même si bien entendu nous avons aussi été un sale gosse! Nous pourrions crier comme Greta Thunberg: "Comment osez-vous? Vous m'avez volé mon enfance!" Mais c'est mieux ainsi, car que veut-on: être dans l'illusion de l'égoïsme, rester un bébé ou bien voir vraiment quelque chose; devenir véritablement un être humain?  Greta devrait sans doute remercier la vie pour sa lucidité! Elle laissera peut-être une pierre...

        Notre boucher a de nouveau les mains qui tremblent! Il s'était pourtant persuadé que tout irait bien! Son élan n'a pas suffi; son mal bien plus profond l'a rattrapé! Nous pourrions l'aider, le conseiller; nous connaissons bien son problème: blessure, dépression, repos, réparation! Mais son amour-propre regimberait aussitôt; il nous ferait signe qu'il sait déjà tout ça et finalement, il ne nous comprendrait pas! Il doit éprouver ses propres expériences; il verra lui-même avec le temps; il sera brisé ou il apprendra et guérira; mais nous parions plutôt sur la mauvaise destinée; question d'habitude sans doute!

        A côté, il y a un crêpier qui nous hait de toute son âme! Que de forces mal employées! Pour cet homme, ce qui ne va pas, ce sont ceux "qui ne veulent pas travailler"! "Si chacun, dit-il d'une voix douce, avait son emploi, ce ne serait déjà pas si mal"! Paroles pleines de sagesse! Mais le voilà soudain en colère, s'écriant: "Mais ils ne veulent pas travailler!" "Maudits soient-ils!" a-t-on envie de rajouter!

        Pourquoi nous hait-il? Oh! Nous lui échappons! Il nous voit plus heureux, plus libre que lui! Nous ne l'admirons pas non plus; c'est dire que nous dépassons les bornes! Lui aussi, nous pourrions le soulager... et même le sauver; n'ayons pas peur des mots! Il nous faudrait lui expliquer ce qu'est la domination, qu'il en est esclave et que c'est ça qui le rend malheureux! Mais autant pêcher à la mouche dans le brouillard! Sur son visage il y a dix couches de mépris! Il mourra irrité! Comme on tardera à fermer la "boîte", il marmonnera encore: "Mais ils veulent pas travailler!"

        En fait, c'est toutes les halles de notre quartier qu'il nous serait possible d'"éclairer", de mener vers la paix, le bonheur; vers une dimension infinie! Mais la domination, la course à la réussite tient tout le monde; elle paraît bien plus passionnante! Il faut beaucoup de temps pour que la désillusion s'installe définitivement... Les larmes, les plaintes sont pourtant déjà là, mais cachées! La domination est fière et ombrageuse... Elle nie la nuit; elle préfère la haine à la vérité! Elle fait le mal toutefois, mais s'en soucie-t-elle? Nous dansons sur des abîmes!

        De même, non loin de là, il y a une place avec quelques arbres... C'est le rendez-vous de toute une jeunesse marginale et sale et qui boit et qui devient tôt ou tard agressive! C'est la zone, quoi! Ici aussi, nous pourrions monter sur une petite caisse, pour crier: "Le problème, c'est la domination! Elle nous vient du règne animal et nous maintient dans la sauvagerie!

        _ Mais qu'est-ce que tu racontes, mec?

        _ Je sais que vous demandez justice pour Steve, mais chacun de vous est ici pour flatter son nombril!

        _ Allez descend d'là, pauv' deb'!

        _ L'égoïsme vous détruira, comme vous en détruisez bien d'autres!

        _ Allez, zou, dégage!"

        On nous chassera sans ménagement! La domination ne supporte pas les miroirs! L'égoïsme de ces jeunes est tel un serpent à sonnettes: il s'alarme au moindre bruit! Bien entendu, beaucoup ici ont l'esprit embrumé... Ils souffrent encore des blessures de l'enfance, d'où leur haine à l'égard d'un système qu'il trouve injuste! Mais ils ne cherchent pas non plus! Il veulent triompher, qu'on les admire; ils sont amoureux d'eux-mêmes et en sont bien dégoûtants! Nulle modestie! Nulle persévérance! Nul courage!

        Et dire qu'à quelques mètres des feuilles parsèment le trottoir humide, telles des îles d'or sur le reflet des maisons! On ne voit pas la beauté, tellement on s'admire, bien qu'elle soit libératrice! Mais, aujourd'hui, la domination est chez elle! On roue de coups un jeune qui est seul ou on viole, à plusieurs, une camarade de classe! On filme le tout (c'est dans la boîte!) et on diffuse sur le Net, pour dire: "Hein? Les gars! C'est qui les meilleurs, les plus forts, les maîtres! C'est nous, tas de billes!"

        Des vies brisées à jamais, pour satisfaire ces messieurs! Les policiers qui les interrogent doivent être stupéfaits, surtout s'ils ont des enfants! "Pourquoi vous l'avez battu à mort?

        _ Y nous manquait d'respect, mec!

        _ Il était là sur le trottoir, il vous a rien dit et il vous a manqué d'respect!

        _ Ben ouais!

        _ Et la fille, pourquoi vous l'avez violée?

        _ Ben, pour lui donner une leçon! pour lui montrer comment elle est la vie, à la meuf!"

        Il est vrai que le gouvernement, les adultes en général, donnent un exemple qui ne relève pas le niveau! Prenons par exemple la question du voile! Dieu ou la République, faut choisir! Tout le monde se dresse sur ses ergots! Certains montrent à cette occasion leur vrai visage, quelle haine ils nourrissent en secret! Mais il est question à nouveau de lois, parce qu'on ne sait pas se parler et que l'on ignore même ce qui nous motive au plus profond!

        Mais racontons une anecdote... Nous vendons un caban sur le Bon coin et c'est une Bretonne, exilée dans le sud de la France, qui nous l'achète. Après quelques échanges, nous comprenons son histoire, sans qu'elle l'ait voulu! Là où elle habite et malgré ses efforts, on lui fait toujours sentir qu'elle reste une étrangère... Elle n'est pas complètement acceptée... Qu'à cela ne tienne: elle sera donc celle qui est différente et s'en fera une "gloire"! On pourra même dire: "Tiens, voilà la Bretonne!", dès qu'on la verra arriver avec son caban!   

        Les jeunes femmes musulmanes qui se voilent obéissent à la même logique! Elles souffrent d'être tenues à l'écart, à cause de leur apparence d'ailleurs, mais Dieu n'est pour rien dans leur réaction, d'autant qu'être sensible à la foi, à un âge où on se découvre, serait plutôt un signe de maladie! Mais, même si leur comportement est facilement compréhensible, il est provoqué par un amour-propre blessé et c'est donc encore la domination qui conduit! Ainsi, on n'avoue pas son mal, puisqu'on aurait l'impression de l'accentuer, et on parle de "chemin spirituel", ce qui fausse le débat et le rend sans issue! 

        Cependant, en face, dans l'autre "camp", on se trompe également sur soi-même, mais d'une manière encore plus terrible! En fait, la République a de la chance! Elle a des Huns, des chiens féroces, des têtes de cyclopes, le RN au premier rang, pour la défendre! C'est beau la citoyenneté, le civisme! Nous pourrions presque dormir tranquille, sauf que sous le feu d'artifice de l'indignation, c'est le cloaque de la haine qui bout et qui cherche à jaillir! C'est la peur de l'autre, avec sa différence, qui crée cette hostilité, qui est d'autant plus vive qu'on veut soi-même s'imposer, que la domination est forte !

        Comme nous le savons, cette dernière n'est qu'une fuite en avant: il faut toujours dominer, pour ne pas être rattrapé par l'angoisse! C'est comme si on était en diligence, avec les indiens derrière! Et comment, dans ces conditions, s'arrêter pour prendre le voyageur, d'autant qu'il a un drôle de chapeau! Pouvoir regarder la République, dans toute sa diversité et sa richesse, demande de la paix, du calme, de la disponibilité! C'est très difficile d'aimer quelqu'un qui ne nous ressemble pas!

        Mais on vit dans la nuit! On croit qu'on est responsable quand on s'inquiète! Partout, il y a urgence, douleurs, vociférations, turpitudes! On lutte contre le réchauffement climatique, en faisant bouillir le climat social! On veut refroidir les machines, en tapant dessus avec une clé anglaise! Qui regarde la mésange heureuse sur le chèvrefeuille? Qui se domine assez pour vaincre ses peurs? La paix est sans doute le bien le plus précieux de nos sociétés! Il est bon de sourire entre deux coups de feu!

        Considérez Macron! Pendant que le pays tremblait sous la colère des gilets jaunes, il faisait rénover l'Elysée, avec notamment un tapis à 300 000€! Il est fidèle à sa logique, à son personnage: comment suggérer une France forte, alors qu'on accueille le visiteur dans un mouroir pour mouches! Un livre de René Dozière, Frais de palais, analyse actuellement le montant de ces dépenses et nous ne pouvons trop vous conseiller de découvrir l'œuvre de cet ancien parlementaire, car c'est un ouvrier de paix à sa façon! Après l'avoir lu, on ne regarde plus les politiques en disant: "Tous pourris!" Au contraire, on voit comment certains sont extrêmement sérieux et le fossé entre la population et son élu se comble!

        Des "ponts" entre les différences, voilà ce qui nous manque le plus! Au lieu de rejeter, essayons de comprendre! Par exemple, a-t-on déjà essayé de planter des légumes? A-t-on déjà désespéré de les voir mangés par les limaces et les escargots? Qui n'a pas, dans ce cas, songé à utiliser un produit chimique, tant l'adversaire semble tout puissant? Il est normal que l'agriculteur ne puisse pas d'un coup abandonner ses pesticides! Ah! Mais le maire est le nouveau shérif et il y a une corde, pour tous ceux qui seront pris à pulvériser!

        Mais comment ne pas être emporté par la tempête des inquiétudes, des revendications? Comment résister au courant des cris, de la haine, des peurs et des pleurs? Il est normal que l'angoisse vienne frapper à la porte de la maison! "Qui est là?

        _ C'est une pauvre femme seule dans le froid! Comment pouvez-vous être au chaud, alors que moi, j'suis sans abri! Allez ouvrez! J'suis sûre que vous êtes sensible à l'injustice! J'ai pas mangé depuis plusieurs jours!"

        Celui qui laisse entrer l'angoisse voit un type sec, au lieu d'une misérable... "Bonjour, je suis le nouveau maître d'école! fait le type.

        _ Hein?

        _ Un peu de tenue, mon garçon! On ne dit pas: "Hein", c'est impoli!

        _ Mais... mais...

        _ Mêêeeh, mêêeh! Il fait la chèvre en plus! Et si on commençait par une série de pompes, car il faut être en forme, pour aider les pauvres de ce monde! D'ailleurs, voilà le programme! Il n'y a pas une minute à perdre! La jouissance, le bon temps, c'est fini, mon p'tit vieux! Bienvenue, chez les grandes personnes!"

        La haine peut accompagner la meilleure volonté, si on dépasse ses forces! On détruit alors ce qu'on construit! Qui veut être en paix avec lui-même? Qui veut rester une lumière dans la nuit? Qui veut être de l'eau fraîche dans le désert? Demandez notre dernière édition: " La domination court toujours!" La société sur les nerfs! Mais que fait donc le gouvernement?

        La paix et donc la force viennent de la connaissance de soi: il s'agit de s'employer à ce que pour quoi on est bon, qui est dans nos possibilités, et même à ce qui nous rend heureux! Mais, pour se comprendre, encore faut-il ne plus être l'esclave de sa domination!

        Cependant, celui qui est sage, dans la queue de la boulangerie, fait plus de bien à la planète que le mépris de Greta Thunberg ("Je vous ai à l'œil!")! Et celui qui, par sa seule maturité, montre aux jeunes crapules de maintenant qu'elles ne sont pas les maîtres, celui-là est plus utile à l'ensemble que n'importe quelle colère de gilets jaunes!

        "Evidemment, monsieur Cerruti, si vous aviez quelque créance...

        _ J'ai ça! 357 Magnum! Mais est-ce suffisant?

        _ Tout à fait, monsieur Cerruti!" (Flic ou voyou!)

  • On n'aime pas!

    On n aime pas

     

     

     

        Faisons un constat! Examinons comment nous vivons, quel est le fruit de nos sociétés! Car l'humanité évolue toujours et nous sommes dans une situation inédite! Nous nous sommes débarrassé de Dieu et nous avons voulu le confort matériel, regardons le résultat! Nous nous sommes dit: "Fi des croyances et des peurs anciennes! Nous avancerons grâce à la raison, au progrès, à la science!" Bien des scientifiques n'ont eu que mépris pour la foi et ils n'ont eu de cesse de la détruire! Nous naissons donc aujourd'hui sans Dieu, dans le confort, mais voit-on vraiment ce que nous avons créé, ce qui arrive, de quelle nature est la jeunesse? Aucun scientifique apparemment ne s'en doute! On continue à pérorer, à être suffisant; on rêve, comme à bord du Titanic!

        Eh bien, nous, montrons l'ampleur du désastre! Décrivons l'enfant sans Dieu, né de la raison et du progrès scientifique! Car il est là maintenant; il constitue vraiment une génération! Il a fallu moins de cent ans, après la seconde guerre mondiale, pour obtenir un monde essentiellement matérialiste! Il y avait effectivement beaucoup à redire sur les superstitions et les connaissances précédentes, mais ce n'est rien à côté de ce qui nous attend, comme si on s'était plaint d'un rhume, avant de comprendre qu'un cancer nous ronge! La plupart ne mesure pas le monstre que nous élevons... Il n'est pas sensible à l'amour divin... et pourquoi le serait-il?  Il n'est pas sensible à l'amour tout court! Il est sans âme! Il n'a pas grandi en se demandant comment il pourrait être meilleur! Il n'a pas de doutes; c'est un animal habillé en homme! 

        Que les scientifiques aient le courage d'ouvrir les yeux! Qu'ils viennent découvrir de qui ils sont en partie le père! "Mais il y a les lois, la police, la psychologie, le sexe, la Guerre des étoiles! Alors, qu'est-ce qui cloche?

        _ Notre dieu, c'est Crom, le dieu de l'acier! Nous nous savons qui est l'ennemi! Comment il est, puisque nous le combattons! Nous l'affrontons chaque jour! Nous allons vous dire justement ce qui "cloche"! à vous, les rond-de-cuir de la science! les penseurs aveugles! les prêtresses de la vie pratique!"

        Aujourd'hui, il est impossible de regarder qui que ce soit dans la rue! Personnellement, nous distinguons les êtres, mais nous ne croisons pas leurs yeux! A quoi bon? Ceux que nous voyons n'ont aucun intérêt pour les autres! Ils veulent juste qu'on les adore! Ils ruissellent de satisfaction! Ils s'idolâtrent! Le reste n'est là que comme faire-valoir! Car il s'agit bien de sentir son importance pour exister! On est le centre du monde, comme une araignée au milieu de sa toile, et on vide l'autre pour se nourrir!

        Nul repos! On guette toujours une proie! Dame, ce sont elles qui rassurent, qui sont les seuls repères et s'il en manque, si c'est le désert, on plonge dans son smartphone! On retrouve son univers et on fait tout tourner autour de lui! L'autre doit encore être le témoin de cette scène, car on peut parler fort, gesticuler, se mettre au milieu de la rue ou du trottoir, bien en vue! On continue à oppresser l'entourage, à se placer au-dessus de lui! On l'utilise constamment, car il n'existe que pour servir!   

        On lui dit psychiquement: "Regarde mes belles chaussures, mon corps svelte, ma grande taille, mon aisance! Ne suis-je pas fantastique, exceptionnel, unique, incroyable?" Si quelqu'un résiste, reste indifférent, on le hait, on le méprise! On peut même l'agresser: ainsi on domine quoi qu'il arrive! On a le dernier mot! On reste le maître du terrain! On triomphe: l'autre est humilié, écrasé! Il s'enfuit!

        Nous ne regardons donc personne, car nul ne le mérite! Chacun est un piège, un abîme, une fosse sceptique, comme tout être qui s'admire! Il n'y a rien de plus immonde! Et la vie est impossible! Comment ne pas s'en rendre compte? Tout jeune muni d'un smartphone est a priori une crapule! Certes, la domination a toujours été présente, évidemment, mais nullement à ce degré! Il est normal que les adolescents jouent à être des adultes; c'est dans l'ordre des choses... et on voit de jeunes femmes copier des mannequins, et on voit de jeunes hommes "rouler des mécaniques", faire les indifférents, les "durs"! Tout le monde passe par ce stade! Par contre, ce qui est nouveau, c'est cette domination maladive, absolue, qui constitue l'air que respire l'adolescent et même les adultes doivent vénérer celui qui croit être un dieu vivant! Pouah! Mais comment en est-on arrivé là? 

        C'est une histoire en rapport avec Dieu! En 1789, les sans-culottes attaquent violemment la religion! Elle est en effet associée aux abus et à l'injustice des nobles! On vend les biens de l'Eglise et on interdit le culte! En 1870, rebelote! Les communards font preuve de la même haine à l'égard des prêtres, qui sont désormais placés dans le camp des profiteurs du moment, celui de la bourgeoisie! On en fusille certains, utilisés comme otages, et dans les églises on mime des messes pour s'en moquer, ou on banquète sur l'autel! C'est le travailleur qui déteste, qui honnit celui qui paraît ne rien faire, tout en vivant dans le confort!

        C'est un raisonnement analogue qui anime à la même époque Karl Marx, dont on connaît la célèbre formule: "La religion est l'opium du peuple!" Le communisme a sa base et va être expérimenté particulièrement en Russie, suite à la révolution bolchevique! On détruit les tyrans et les capitalistes, pour l'égalité et la victoire du travailleur! C'est aussi extrêmement naïf, car on ne voit pas la domination, qui est en chacun de nous, et le travailleur devient bientôt plus tyrannique, plus cruel et despotique que ceux qu'il a chassés du pouvoir! Le problème, ce n'est pas la lutte des classes, mais la domination! Evidemment, le travailleur devait lui aussi se développer, s'épanouir et son combat continue, car le plus fort veut toujours exploiter le plus faible!

        Toujours est-il que la religion n'a pas cessé de disparaître du paysage... Les députés radicaux de la Troisième République réclameront à cor et à cri la laïcité! Le culte gardera l'image d'être attaché à la richesse, à la droite, à la paresse! Puis, après la seconde guerre mondiale, la société de consommation "pointe son nez"; le confort matériel devient une réalité, la télévision entre dans les foyers... Ce n'est pas suffisant, il faut une totale liberté, celle du sexe notamment! Par là-dessus, la science définit de mieux en mieux la matière et la place de Dieu se réduit à une peau de chagrin: on ne va plus à la messe que par tradition, pour montrer qu'on fait partie du monde le plus respectable! Entre-temps, les prêtres perdus partent à la dérive...

        Laïcité et modernité donc! Voilà un programme alléchant! L'homme enfin maître de lui-même! Y a de quoi se frotter les mains! On va bien rigoler! Sauf que dans l'ombre, la domination s'est retrouvée sans freins! Elle s'est peu à peu étendue et au début, il est vrai, elle a encore rencontré quelques obstacles! Des agnostiques d'aujourd'hui notamment sont bien passés par des écoles chrétiennes, ont bien reçu une éducation religieuse, qui fera le drame de leur vie, pour les plus hypocrites! Mais, avec les années, même cette culture est devenue invisible et la domination a "envahi" de nombreux adultes! Aujourd'hui, c'est toute la nouvelle génération ou presque qui apparaît comme un cloaque bouillonnant! La domination est désormais reine des racines et son pouvoir semble infini!

        Nul n'a vu le phénomène! ni la science, ni les travailleurs, ni les gouvernements, ni les lois! Mais à quoi faut-il s'attendre? La domination est d'abord un état qui ne convient pas à l'homme, car elle ne résout pas véritablement ses angoisses... On ne peut vivre tel un animal, en étant un être humain! L'adolescent, qui ne connaît que la domination, est dans une "bulle" qui le sépare du monde réel! Ou bien la domination de l'adolescent s'exerce et il maintient son équilibre; ou bien elle échoue et il devient haineux, car la peur, ce qui est étranger vient frapper à la porte de sa "bulle"! On comprend alors que toute autorité constitue une menace pour la domination et qu'elle réagira par la violence, quand son mépris ne sera plus suffisant!     

        On constate déjà certains faits... La délinquance explose à Paris! Dans des cités-dortoirs, dont l'identité est faible, ce qui prédispose à l'instabilité, des jeunes, qui se sentent exclus, s'organisent en meutes ou hordes, tels les loups ou les lycaons, pour vaincre des adversaires plus forts qu'eux! Et on attaque la police pour s'aguerrir (on brûle aussi son école!)!

        Un autre, encore mineur, poignarde un rival; non à cause de la fille, mais parce qu'on ne supporte pas l'humiliation! Des situations aussi extrêmes et aussi étranges vont se multiplier; mais la domination va montrer son vrai visage quand elle sera heurtée de plein fouet! Par exemple, une forte récession économique, suite à une prochaine crise monétaire tout à fait possible, entraînera une baisse du niveau de vie et bien des privations! Nul doute alors que la domination fera preuve de l'égoïsme le plus dur, qu'elle sera sans pitié devant la réalité qui viendra entamer sa "bulle"!

        Plus simplement, on peut se demander comment la nouvelle génération va pouvoir s'adapter au monde du travail, puisqu'il y faut obéir à des chefs et à des règles! Comment une idole peut-elle servir? Mais nous avons dit que nul ne voit la "marée noire" de la domination et pour cause! Car seul le message religieux et particulièrement celui des Evangiles, que nous connaissons le mieux et dont nous parlerons le plus, luttent de plain-pied contre elle! D'abord, Jésus n'essaie pas d'accéder au pouvoir, mais au contraire il se laisse vaincre par la domination; qui est hors d'elle face à un homme qui ne l'admire pas et qui lui parle avec autorité!

        Jésus ouvre ainsi le chemin... Par son sacrifice, il nous montre que la voie de la spiritualité est sûre! Il nous donne sa paix, comme il le dit! Ici, une mise au point est nécessaire... Les Evangiles ne sont pas des récits de témoins oculaires! Les évangélistes ont recueilli des témoignages, qui peuvent parfois se contredire, et ils avaient eux aussi leurs propres préoccupations.... Notamment, des querelles intestines divisaient les premiers chrétiens et ont influencé les textes... Tout cela pour dire que de la prudence est nécessaire, si on veut suivre l'enseignement de Jésus, d'autant que le levier est l'amour, le don de soi! On veillera à ne pas se grever de chagrin, ni à se refouler jusqu'à se détruire! Nous restons fragiles, même si nous nous tournons vers Dieu! Nous ne sommes que des hommes et c'est notre paix, notre bonheur qui pourra servir!

        D'autre part, nous ne parlerons plus du péché originel, mais d'évolution; car c'est bien de devenir un être humain, à partir de l'animal, que permet la spiritualité! En effet, tout l'esprit de l'Evangile crie après la domination! Il suffit de citer le sermon sur la montagne pour s'en convaincre: "Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux! Heureux les affligés, car ils seront consolés! Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre! Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés! Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde! Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu! Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu! Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des cieux est à eux!"

        On ne peut pas être plus contraire à la domination! Mais que voit-on dans la rue? La suffisance, l'arrogance, la vanité, le mépris! Qu'est-ce qui nous entoure? La hargne, l'agressivité, la peur de perdre, de manquer! Où sont les gens gentils, ouverts, curieux, qui ne sont pas les esclaves de la domination? Où sont ceux dont on voudrait croiser le regard, pour voir de l'eau pure, de la lumière, de la bonté? Où sont ceux qui sont patients, doux et lents à colère? Où sont ceux qui cherchent, qui doutent, qui souffrent? Où sont les assoiffés, les affamés, les blessés? Il n'y a que la domination qui parade et qui veut des hommages!

        Ah! Mais pour accepter de ne pas briller, de ne pas comprendre, d'être patient, de supporter l'injustice, pour encore donner; la science, le combat social, les idéologies, la logique, la seule raison, la philosophie ne suffisent pas! Il faut la foi! aimer Dieu! lui faire confiance! Ainsi le meilleur de soi éclot! Ainsi la domination est vaincue! Ainsi l'être humain apparaît pleinement! Ainsi il y a véritablement progrès, évolution! Ainsi l'animal dans nos rues s'étonne, se trouble ou hait, car il voit une autre voie, que son triomphe a des bornes! Nous avons besoin de Dieu pour grandir et de la foi pour notre futur! Ceux qui en doutent ou qui s'en moquent vont bientôt être saisis d'effroi devant les horreurs de la domination! L'égoïsme est la nuit pleine de gémissements!

        Ici, nous pouvons témoigner que l'amour de Dieu mène à la connaissance, à la sagesse!

        Ici, nous pouvons témoigner que celui qui s'appauvrit au nom de Dieu sera rempli au-delà de toutes ses espérances!

        Ici, nous pouvons témoigner que celui qui cherche trouve!

        Ici, nous pouvons témoigner que l'amour de Dieu mène à la paix; seul bien ineffable!

        Ici, nous pouvons témoigner que la foi libère et donne la joie!

        Ici, nous pouvons témoigner que la domination enferme, que c'est un enfer!

        Ici, nous pouvons témoigner que l'espoir est toujours présent et qu'il peut faire chanter!

        Ici, nous pouvons témoigner que les hommes se détruisent au nom de la domination!

        ("Le schyzo... machin là, c'est pas ma catégorie!

        _ Letellier! Minos vous a cafté! Il vous a mis dans la merde jusqu'au cou! Letellier!")

        (Les photos de la semaine sont magnifiques!)

  • On dévore!

    On devore

     

     

     

     

        Comment se libérer de la domination? Telle est la question, pourrait-on dire! En effet, la domination est notre "moteur animal" et c'est elle qui nous pousse à nous développer, à vouloir réussir, à imposer notre individualité! Elle nous est donc nécessaire, mais peut-elle nous rendre heureux? Est-il possible de la satisfaire? Evidemment non, puisque nous ne pouvons nous contenter de notre stade animal; notre conscience nous pose des questions ignorées de la vache et du lapin et triompher sur la scène des hommes n'est qu'une joie éphémère, qu'une ivresse; tôt ou tard le tourment, le doute revient et taraude!

        Notre avenir et notre paix ont besoin du développement de notre conscience, ou de notre esprit, ou de notre raison! Notre cerveau est la fleur et plus elle s'ouvrira et plus notre rayonnement et notre tranquillité seront une réalité! Encore faut-il voir la domination! Le scientifique, qui travaille énormément avec la raison, apparemment ne la voit pas, ce qui fait qu'il donne à ses théories une portée injustifiée et qu'il crée des malentendus, car lui-même peut être sujet à la haine, si sa propre domination est menacée! Ceci est important, car cela veut dire que la seule raison, telle que la science l'entend, est incapable de nous conduire au bonheur!

        La fleur doit s'ouvrir, mais comment? Grâce à des préceptes philosophiques, notamment issus de l'école du stoïcisme? Félix Eboué était un Noir, franc-maçon et gouverneur du Tchad. Il a été l'un des premiers à se rallier au général de Gaulle, en 40, alors qu'il devait obéissance au régime de Vichy et il avait toujours sur sa table de chevet les Vers d'or de Pythagore! Voici ce qu'il disait par exemple: "Jouer le jeu, c'est être désintéressé. Jouer le jeu, c'est aimer tous les hommes et se dire qu'ils sont bâtis sur une commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts. Jouer le jeu, c'est mépriser les cabales, les intrigues, ne jamais abdiquer, malgré les clameurs et les menaces, c'est poursuivre la route droite qu'on s'est tracée, etc.!"

        On ne peut qu'approuver ces quelques paroles admirables, mais suffisent-elles? Peut-on d'abord se satisfaire de considérer la vie comme un jeu, ou telle "la farce à mener par tous", pour reprendre Rimbaud? Peut-on ensuite vraiment se libérer de la domination, en observant seulement une éthique, en obéissant à des règles si vertueuses soient-elles? Le problème est plus profond que des formules, car il s'agit de grandir, de nous détacher de l'instinct, du contentement immédiat et nous pouvons refuser de le faire, par peur, paresse ou égoïsme! La domination peut constituer une prison!

        Mettre un pas devant l'autre et se tenir debout; non pour être plus grand que le voisin, mais pour que la fleur se dresse, douce, patiente, aimante, curieuse, embaumante, apaisante; sans pour autant être faible; la véritable sagesse est une force! La vérité a plus de chances d'arrêter la violence que le muscle, qui le plus souvent ne fait que l'exacerber! Mais qu'est-ce que la vérité? Comment voir la domination? Comment comprendre son fonctionnement, ses limites? Ne faut-il pas pour cela l'avoir domptée soi-même? Celui qui se domine n'est-il pas celui qui connaît le mieux la domination? Voyons alors comment nous pouvons nous dominer nous-mêmes!

        Mais d'abord il nous faut faire une mise au point... Certes, il est nécessaire de rester vigilant sur les droits de tous et l'action pour une meilleure justice sociale demeure importante, mais notre "système", notre fonctionnement républicain et démocratique n'est pas à mettre à bas, car c'est celui qui nous laisse le plus de libertés et même de pouvoir, encore qu'on puisse toujours l'améliorer! Mais il faut perdre cette illusion qu'il existe un Eldorado politique, où les inégalités n'existeraient plus! Une révolution ne ferait que nous ramener en arrière! De même, la capitalisme ou le libéralisme, malgré leur caractère égoïste, sont les idéologies qui a priori permettent le développement de chacun, au contraire d'autres façons de penser, comme le communisme ou la religion!

        L'avenir n'est pas dans un changement radical des gouvernements et nous voilà donc seuls, face à nous-mêmes, sans pour autant suivre le chemin de la psychologie, qui elle veut que les hommes s'adaptent, alors que nous voulons qu'ils changent! La domination est une chose commune, qui nous influence les uns les autres et qu'il nous faut combattre, quelle que soit notre histoire personnelle! Nous parlons de combat, mais c'est plutôt d'évolution dont il s'agit! Au fond, nous voulons juste continuer celle de la nature et devenir vraiment des hommes!

        Comment repérer, cerner, comprendre la domination? On peut procéder le plus simplement du monde, par petites étapes... La domination semble endormie en nous, mais il est facile de la réveiller! Son premier cri est celui de l'impatience, de l'irritation, qui va vite devenir de la haine, du mépris et il y a encore un stade ultérieur, c'est celui de la violence, où là on domine comme la bête, ni plus ni moins! Si on veut connaître la domination, on peut commencer par lutter à chaque fois qu'on sent ces mouvements de l'"âme"! Est-on impatient? Efforçons-nous aussitôt de nous détendre, de nous calmer; cela évite la haine ou le mépris, qui sont d'abord dommageables pour soi! La haine est une souffrance intérieure, qui dévore, fait grimacer, à même de ruiner une santé!

        La domination doit être traitée comme un muscle qu'on étire, pour mieux l'assouplir; ainsi elle prend une existence, elle devient un compagnon de route, qu'on surveille, afin qu'il ne fasse pas de bêtises! La dompter est un exercice quotidien, qui garantit la lucidité! Peu à peu, on voit comment la domination tient la plupart en esclavage; même ceux qui se croient savants et qui se proposent d'aider les autres! La domination fait des ravages; ses marionnettes sont malheureusement innombrables et elles sont maintenues dans la nuit! C'est une errance, beaucoup de douleurs et de mal aussi! Car la domination ne saurait s'apaiser! Quand elle n'a pas peur, elle attaque; elle n'est jamais en repos! Rappelons-le: vivre est l'essentiel... et on ne comprend pas tant de peines!

        A part cette petite lutte intime chaque jour, que peut-on faire? Cela est-il suffisant? Tôt ou tard, on se demande si on ne se trompe pas, à s'efforcer de contraindre incessamment sa domination; on souffre de faire des efforts, alors qu'autour c'est tout le contraire: on ne se gêne pas! On hait, on méprise, on piétine, on pousse tant qu'on veut! On réussit aussi! On s'enrichit, on brille, on devient une célébrité, on fait valoir son avis; ce qui provoque tant de jalousie et de ressentiments sur les réseaux sociaux! Mais ici la domination est bien dans son rôle...

        En effet, que serait-elle sans dominés, sans créer de l'envie? Il faut qu'elle fasse croire qu'elle est le bonheur, la solution, la voie à suivre, qu'elle est équilibrée! Elle se nourrit ainsi de sa propre illusion et elle est prête à tout pour cela... Telle personnalité va donner sur sa vie les détails les plus intimes, alors que depuis longtemps le pavillon rouge de la honte est hissé! Mais on va raconter qu'on a subi des attouchements ou la mort d'un proche datant tous deux de l'enfance; on "raclera le fond du pot" pour rester intéressant! Ceux qui ont le pouvoir et qui sont connus prennent sans compter, comme si c'était un dû, mais combien d'autres n'ont jamais droit au chapitre et ne s'en consument pas? Il ne faut pas s'étonner des violences, car les choses ne changent pas et comment le pourraient-elles, puisque ce qui les tient, c'est la domination! Le dominant n'a aucun intérêt à devenir dominé! Pourquoi cèderait-il la place?  

        Celui qui cherche et qui ne veut pas dominer, tôt ou tard, éprouve du découragement, de la tristesse, de l'incompréhension et il n'est pas rare qu'il se tourne vers la nature... Il y perçoit comme un baume pour ses nerfs... Le spectacle des animaux et des plantes, sa beauté le captivent bientôt... Ceci n'est pas anodin... La nature possède un temps plus vaste que le nôtre et à son contact, nous nous pénétrons de son rythme, ce qui nous apaise, nous pacifie... Rappelez-vous, ce qui structure notre vie, c'est d'abord une maturation et ce qui nous fait principalement souffrir, c'est notre impatience! La nature nous fait grandir, respirer autrement; elle nous façonne et entretient, avec celui qui la contemple, une relation muette, mais qui n'en est pas moins gratifiante! Ceci peut être le prélude à une autre histoire plus intime, plus profonde, car les questions pressent toujours!

        Au vrai, il n'y a pas de grandes aventures, de grands risques, de grand investissement, sans amour, sans sentiments, sans passion! Pour que toutes nos forces soient employées, il faut que le cœur, ce qui brûle, y trouve son compte! La foi naît sans doute de cette nécessité! Est-ce à dire que la psychanalyse a raison, quand elle parle du mysticisme comme d'une déviation sexuelle?

        En fait, aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'y a pas d'alternatives entre la foi et la domination; c'est soit l'une, soit l'autre! Comme nous l'avons déjà dit, la science peut elle-même être menée par la domination et la psychanalyse en est sans doute la preuve la plus frappante! Freud a voulu tout expliquer; il a bâti une cathédrale; non parce que toutes ses théories sont justes, mais parce qu'il ne pouvait s'arrêter et qu'il devait toujours étendre son savoir, afin de créer un monde clos, qui serait sous son contrôle et qui valoriserait donc incessamment sa personne! Nous rappelons que la domination entraîne forcément que c'est l'image de soi qui détermine notre équilibre!

        Certes, la foi n'exclut pas inévitablement la domination, puisque justement certains s'en servent pour dominer, avec les conséquences désastreuses que nous connaissons tous! Mais, normalement, la foi prédispose l'individu à lutter contre la domination, car d'abord il reconnaît un être supérieur et qu'il désire comprendre; c'est-à-dire qu'il est conduit à découvrir le monde tel qu'il est et non comme il voudrait qu'il soit! Nous tournons là tout de même le dos à la domination... Toujours est-il que la science, si elle nous met en garde contre le réchauffement climatique, elle ne nous avertit aucunement du principal danger qui nous menace; à savoir une domination de plus en plus maladive et qui s'étend comme une épidémie, surtout chez les jeunes; mais nous allons y revenir!  

        La foi est donc d'abord une histoire d'amour et comme toutes les histoires d'amour, elle est faite d'admiration, de confiance, d'efforts pour plaire, de patience, etc., mais elle ne doit pas être à sens unique! Celui qui aime Dieu doit être payé de retour (il n'y a que les hypocrites qui parlent d'un Dieu inaccessible et égoïste!)! Il doit voir les résultats, et ce n'est pas plus de souffrances! S'il n'y a pas la joie au bout, la paix, il y a maldonne!  Evidemment, si on demande plus de domination, comme les autres hommes; si on veut triompher d'eux, on risque d'être déçu! La foi, au contraire, montre tout l'esclavage de la domination et quel enfer elle crée! La joie est justement d'acquérir sa liberté, par cette connaissance, cette lucidité! A partir de là, le "pain qu'on mange" est celui des anges: il rayonne tellement il est nourrissant!  On n'est pas amer de ne point dominer; on ne jalouse pas ceux qui brillent, et ce n'est pas parce qu'on espère une vie future, où on serait "vengé" (ce qui reste de toute façon très difficile à imaginer!)! On est seulement content de connaître la paix!

        C'est justement cette tranquillité qui permet la force, mais aujourd'hui se pose un problème...; car on pouvait aimer encore celui qui était blessé et qui faisait le mal, ce qui ramenait parfois un sourire sur son visage... Mais avec des gens qui agressent d'emblée par leur domination, comment faire? Tout intérêt qu'on leur marquerait serait interprété comme une soumission et disparaîtrait telle la lumière dans un trou noir! Il semble au contraire que leur opposer de l'indifférence soit plus utile, même si elle provoque leur haine! Il faut que ces gens sachent que les autres existent "réellement", qu'ils ne commandent pas le monde et même qu'ils sont déséquilibrés!

        Les jeunes qui se promènent sur le trottoir, les yeux sur leur smartphone (la béquille de notre siècle!), sont comme les personnages du film Brazil, qui regardent tout le temps leur petite télé... Ils n'affrontent pas le monde, ils n'en ont que l'illusion! Ils se voient comme acteurs, ils se sentent importants, parce qu'ils manipulent des touches et communiquent et ils trouvent normal alors que ceux qu'ils croisent les admirent, leur soient inférieurs!

        Pourtant, ils n'ont nulle expérience! Ils n'ont vécu aucune adversité; ils ne savent pas ce que endurer ou résister veulent dire! Mais qu'à cela ne tienne: ils passent tel Pharaon parmi ses esclaves ou comme s'ils étaient de nouveaux Lindbergh! "Qu'est-ce que vous allez faire, monsieur Chisum?

        _ Eh bien, Pedro, je vais faire ce que j'aurais dû faire depuis le début!

        _ C'est-à-dire, monsieur Chisum?

        _ Tiens, voilà la clé du râtelier... Tu vas distribuer des armes à chaque homme! 

        _ Oh oui! Monsieur Chisum! J'y vais tout de suite! Mais... euh, je peux encore dire quelque chose, monsieur Chisum?

        _ J't'en prie, Pedro, j't'écoute!

        _ Eh bien, j'ai l'impression que monsieur Chisum est redevenu monsieur Chisum!

        _ Ah! Ah! Tu as sans doute raison, Pedro et maintenant, va!

        _ J'y cours, monsieur Chisum!"

        Sûr, va falloir se défendre! (Dans la région parisienne, c'est déjà la guérilla urbaine!)

  • On devient fou!

    On devient fou

     

     

     

     

     

        Ne cessons pas de nous pénétrer de la base, car nous verrons le monde de plus en plus clairement! Notre vie matérialiste n'a pas de réel équilibre et seule la domination semble lui donner un sens; ce qui fait qu'on la rencontre à tous les degrés! En effet, elle est proportionnelle à l'angoisse et parmi la nouvelle génération, comme chez des personnes d'âge mûr et qui sont foncièrement malades, on l'utilise pareil à l'oxygène et il n'est donc pas étonnant que les dépressions soient de plus en plus précoces, puisqu'on n'arrive pas à se détendre!

        Mais tous ceux qui vous disent qu'il "y a autre chose", que l'avenir c'est ceci et cela, que nous "tenons debout" grâce à telle pulsion ou à telle hormone, que le plus important c'est une valise pleine de billets ou un orgasme tonitruant, tous ceux-là sont des escrocs, des diseurs de rien, des aveugles, des hypocrites, des esbroufeurs, des parasites, etc. et cela concerne des scientifiques toujours aussi hilares et aussi faux-culs et des psychologues et des psychanalystes, qui ne feront pas plus de toute façon que des grenouilles dans une mare!

        La domination mène le monde et seule la spiritualité peut l'endiguer, la combattre, lui tenir la dragée haute! Mais comme celle-ci est "partie en vacances", qu'elle est absente de nos rues et de nos esprits et que nous nous sentons même supérieurs de ne pas la connaître et que malheureusement encore ceux qui s'en réclament sont plus bêtes et méchants que des cochons affamés, la domination a la voie libre; rien ne la retient; elle coule dans nos veines telle de la lave et nous rend fous; le mot n'est pas trop fort, comme nous allons le voir!

        La domination règne sur nous et nous conduit à notre perte! Elle produit toujours plus d'égoïsme et des égoïstes ne peuvent vivre ensemble! Ils se demandent exactement la même chose: de l'intérêt, de l'admiration, le sentiment de leur importance! Chacun est devenu un puits sec et nous vivons dans des déserts! Nous sommes dans la nuit, à grelotter, à sangloter, à maudire, à conspirer! Jamais le jour ne se lève vraiment! Jamais nous ne saluons le soleil avec joie! Nous restons froids, devant le feu glacé de notre "gloire"!

        Et ça se casse, se brise et meurt sans lumière, sans pardon, sans consolation; comme de la rocaille tombe au fond du ravin, alors qu'on continue son chemin! Nous sommes comme des arbres morts, vides et ridés; malgré un semblant de feuillage, de parure! Nous formons des blocs de glace, dépourvus d'âme; nous ne savons même plus ce que c'est! Le cœur n'existe plus ; la domination n'est plus que l'unique but; elle est notre idole! Elle nous fait marcher au pas et nous transforme en loups, comme d'autres sous la svastika!  

        Mais partons pour un récit bucolique, qui devrait nous amuser... N'ayons pas peur de découvrir nos mœurs putrides et infâmes... et qui nous font si malheureux! Regardons notre petitesse, notre mesquinerie, notre cruauté! Analysons les charniers, les armes des bourreaux, leur psychologie! Fréquentons les prisonniers, les forçats de la domination! Observons comment ils tuent et se détruisent eux-mêmes! Plongeons dans l'abîme de notre époque, dans sa pauvreté, car ce n'est que le début, que le préambule: la domination veut la violence et elle est insatiable! Nous n'en sommes qu'aux amuse-gueules!

        Il y a quelques jours, nous avons eu la chance de retourner à Ouessant! Nous avons pris notre décision et le reste a suivi... Ouessant veut dire en français l'"île de l'épouvante", mais aujourd'hui les hommes sont bien plus dangereux que n'importe quel récif! Nous le savions avant de partir et pourtant nous fûmes étonné! Cela dépasse l'imagination et il est quasiment miraculeux, à notre sens, que notre quotidien soit toujours en place! Il n'est pas possible de durer ainsi, même si, bien entendu, la nature n'est pas notre cerveau et que ses capacités d'absorption sont sans doute inconnues...

        Mais voilà nous nous préparons... et nous nous rappelons toutes les difficultés du voyage, qui sont comme autant d'étapes à franchir! D'abord, il y a par exemple la tension que produit n'importe quel départ, surtout avec un moyen de transport en commun, à cause de l'horaire et des formalités... et en effet nous trouvons les autres passagers prêts à embarquer, comme des coureurs qui n'attendent plus que le starter! Cela nous fait toujours de la peine que des gens mûrs, qui ont déjà vécu tant d'expériences semblables, n'aient pas encore compris tout l'intérêt de lutter contre sa peur, son impatience et que dans cette situation ils soient toujours aussi nerveux, tels des enfants! Mais c'est justement le problème numéro un de la domination, car quand on veut dominer tout le monde, on ne se compte pas dans le lot; bien qu'on ne se libère qu'en se dominant soi-même!      

        Nous arrivons donc au bon moment, quand les guichets sont vides; grâce à notre maîtrise, car il nous a fallu dompter notre inquiétude, pour ne pas nous présenter trop tôt, et nous essuyons une première haine! Des individus, qui croyaient être les derniers à payer leur billet et qui donc se sentaient "affranchis", supérieurs à l'impatience générale, nous croisent à leur sortie et figés dans leur dégoût nous bloquent l'entrée! Nous nous excusons tout de même, car montrer de la politesse, alors que ce sont les autres qui sont impolis, est encore un signe de force, de lucidité et nous allons vers le guichet...

        Après tout, nous n'avons pas trop mal manœuvré jusqu'ici, mais maintenant nous devons présenter notre billet, à un des membres de l'équipage, afin d'embarquer... Cela devrait être une étape anodine, mais il faut le savoir: l'équipage méprise ses passagers! Ce sentiment se rencontre souvent chez les marins qui se moquent de la crainte, de l'ignorance du terrien quant aux choses de la mer et il est vrai que ce dernier, par sa maladresse sur le pont d'un bateau, a bien mérité, à une certaine époque, d'être appelé l'éléphant!

        Mais, sur la ligne pour Ouessant, le malaise de l'équipage est bien plus grand et il a des raisons bien plus profondes.  Force est de dire qu'"on n'y aime pas ce que l'on fait", que ce travail de "bus de mer" crée des frustrations et qu'on en rêve "d'écraser tout le monde"!  Il n'y a pas que le moteur qui fume, on jette également des regards de haine à tous les postes! C'est le pavillon de la domination qui flotte sur le bateau! D'ailleurs, l'équipage peut faire preuve de sadisme à l'égard des passagers et par exemple, il n'autorisera la montée à bord qu'à la dernière minute, alors qu'on grelotte à cause de la bruine, sur le quai dénudé d'Ouessant! Manœuvrer  ce "troupeau" est sa consolation!

        Pour l'heure, l'homme qui déchire notre billet doit quand même nous dire bonjour, car nous restons un client et celui qui fait vivre la compagnie. Nous avons donc droit à un salut marmonné entre les dents, comme à contrecœur et cela nous amuse! Mais, de notre côté, nous avons pris le parti de ne jamais être le premier à dire bonjour, afin que notre gentillesse ne soit lésée! C'est en effet un petit "coup" qu'affectionne la domination: laisser le bonjour de l'autre sans réponse! C'est une petite joie pour la supériorité! Mais il arrive donc que ni nous ni l'équipage ne nous saluons, ce qui provoque l'étonnement et le désarroi de ce dernier, car il s'attend à ce que le stress rende le passager reconnaissant... Mais c'est la guerre et ils ne le savent même pas!

        Cependant, nous voilà sur le pont... Ici sont les passagers qui luttent déjà contre le mal de mer, avant même qu'on largue les amarres! Ils ont des allures de poissons en manque d'oxygène! En ce qui nous concerne, nous descendons dans les entrailles du bateau, car le froid est justement une des causes du mal qu'on redoute au-dessus! Mais, si l'intérieur est vaste et offre beaucoup de places, il ne faut guère se faire d'illusions, car les hommes sont impropres au voyage tranquille et on doit se rappeler la base: la domination s'exerce pour garder son équilibre et cela d'autant que la situation lui fait peur, comme une traversée en mer!

        Tout de même, la domination elle-même a ses classiques, ce qui leur enlève beaucoup de leur pouvoir! Notamment, il y a le quinqua angoissé, qui est comme un poste émetteur, avec des problèmes de torticolis, tellement il est tendu! La jeune crapule, dont nous avons fait le portrait dans la chronique précédente, est aussi maintenant une figure connue et en effet, nous en avons un exemplaire sur un siège voisin... Il n'a pas le nez dans son smartphone, mais la tête entre les salades de ses écouteurs! On va devoir un peu lutter!

        Cependant, la domination nous dévoile une nouvelle espèce... Un enfant vient dans nos jambes et nous ne bougeons pas. Son père, qui comprend que nous sommes dérangé, enlève sèchement et avec raison l'enfant, mais quelle n'est pas notre surprise quand il est ramené par la mère, qui l'installe sur une écoutille fermée, tout proche de nous.  La mère, jeune et qui parle parfois breton, nous dit au sujet de l'enfant: "C'est son spot pour la traversée!" Nous ne répondons pas, mais nous changeons de place, pour être plus au calme.

        A partir de là, la mère va tout faire pour "accrocher" notre regard! En effet, notre indifférence est pour elle un signe de force; alors que son mari, qu'elle a déjà "castré", ne peut plus la satisfaire! Evidemment, nous l'ignorons complètement, car son égoïsme est sans bornes! Mais c'est une nouvelle espèce: le couple jeune et bretonnant, qui parle d'authenticité et qui cultive peut-être lui-même ses légumes et qui est précisément le contraire de ce qu'il prétend être, puisqu'il est "fermé" à double tour, rivé sur son nombril!

        Au final, notre traversée va se résumer à reconnaître et à gérer toutes les dominations voisines et contre toute attente, cela nous fera passer agréablement le temps! Nous aurions eu plus de difficultés à chercher un "refuge", pour ne plus quitter des yeux la mer ou un livre! Mais nous arrivons sur l'île... et normalement, il ne nous reste plus qu'à rejoindre l'auberge de jeunesse, avant d'aller photographier le rivage incroyable, sous de superbes lumières (voir photos de la semaine!) Cependant, le but de cette chronique-ci est de montrer comment la marée de la domination a tout envahi, même cette terre lointaine, et à l'auberge nous découvrons un véritable champ de bataille!

        L'établissement est plein d'ornithologues, que nous appellerons désormais les "ornithos"! Mais voici ce que nous voyons: l'ornitho ne salue pas, il méprise! Il vit comme si vous n'existiez pas! Sans doute s'attend-il à ce qu'on lui adresse la parole, parce qu'un homme méprisant doit impressionner, semble installé sur un sommet!

        En ce qui nous concerne, nous laissons volontiers l'ornitho là où il croit être; nous connaissons trop bien la domination pour ne pas voir son ridicule et communiquer ne devient irrépressible que si on se fatigue, au point d'être perdu; ce qui n'est pas notre cas! Par contre, la journée de l'ornitho est très intéressante à observer!

        Il avale son petit déjeuner, comme un Parisien qui a peur de rater son métro; alors que nous sommes là pour notre plaisir! Puis, il apparaît en grande tenue: peint en kaki de haut en bas, avec des bottes lourdes et un gros trépied, qu'il installe sur son vélo de location, et le voilà parti! Nous le regardons s'en aller, bien au chaud, devant un bon café; les yeux sur le ciel menaçant, et effectivement un grain éclate, déversant une pluie violente, qui saisit notre cycliste! Mais il faut comprendre, l'ornitho est aussi angoissé que passionné et s'il s'arrête, le vide de sa vie revient l'inquiéter! Il est pris dans un engrenage et l'esclave rentre souvent bredouille, amer, rompu!

        Un message, dans l'auberge, lui est spécialement adressé... On recommande à l'ornitho de ne point jeter son vélo sur le bord de la route, quand il se met à courir après un oiseau; de ne point entrer dans une propriété sans permission et de dire bonjour à l'occasion, car cela ne fait pas de mal! On le voit, l'ornitho est considéré sur l'île comme un sauvage et nous verrons nous-même un petit groupe tapi contre le mur d'une maison, tel un commando fait une pause avant d'attaquer sa cible! C'est miracle qu'il n'y ait pas eu encore d'incidents, mais on peut encore se demander comment il est possible d'espérer approcher de près des oiseaux craintifs, quand on est soi-même excité?

        La réponse vient rapidement: l'ornitho n'est pas là pour comprendre la nature, être en harmonie avec elle; son but n'est pas l'oiseau lui-même, mais c'est la performance, c'est d'être celui qui photographie l'espèce rare; celle que les vents ont détournée pendant sa migration! Ainsi vient l'homologation, comme une montée sur le podium! Autrement dit, l'ornitho vit pour sa propre gloire et c'est pourquoi nous ne le saluons pas, quand il sort de la lande, l'air de dire: "Hein? J'en jette! Je suis sûr que tu meurs d'envie de me poser des questions! C'est que j'suis incroyablement important!"

        Nous passons outre, car la beauté du ciel, elle, nous ravit et le spectacle de tous ces ornithos, qui sillonnent l'île en tous sens et à demi fous, pourrait faire sourire s'il ne préfigurait pas un monde futur, où nul ne se parlerait, ni ne se verrait!

        Au fond, nous sommes tous assis sur une bombe, dont le mécanisme est le suivant: l'angoisse et la domination s'amplifient réciproquement et créent un cercle vicieux, qui a forcément son point de rupture, où se déchaînera la violence, et inutile de dire que le compte à rebours a déjà commencé!

        Pourtant, le déminage est simple, sur le papier s'entend! Il suffirait que chacun regarde l'autre, non pour le dominer, mais pour le connaître! Cependant, pour l'instant, l'homme croit pouvoir se passer de Dieu!

  • On crapule!

    On crapule2

     

     

        "Mesdames et messieurs, venez voir la crapule moderne! Entrez découvrir le Frankenstein de notre époque, le Golem de notre siècle! Pour quelques sous, vous serez face à la créature de notre monde sans Dieu! Vous pourrez examiner le rêve du matérialisme, le fruit pourri du capitalisme, l'homme-sandwich des marques! Vous frémirez devant le monstre né de l'argent, du confort et de la technologie! Votre vie sera transformée par cette expérience! Ayez le courage d'ouvrir les yeux! Venez avec moi dans l'égout, car la connaissance est à ce prix! Nous regarderons le flambeau de la haine et de la perversion!

        _ Voilà cinq euros!

        _ Parfait, monsieur! Suivez-moi! Vous ne serez pas déçu! De l'ombre jaillit la lumière! Attention, je vais lever le rideau!

        _ Mais... mais c'est un ado, tranquillement assis sur une chaise! Où est le monstre, l'épouvante?

        _ Nulle part apparemment... Mais ne vous y trompez pas, vous êtes devant un chef d'œuvre de sournoiserie et de méchanceté!

        _ J'ai bien du mal à vous croire...

        _ Ce n'est pas étonnant, car tout se passe d'abord intérieurement, "psychiquement"... C'est la pensée, avant l'acte, qui nous fait bon ou mauvais!

        _ Et je devrais me contenter d'ça! Vous m'assurez que ce garçon, qui n'a toujours pas bougé, est un véritable danger public et il me faudrait opiner, montrer des yeux effrayés, avant de repartir! Excusez-moi, mais ça sent l'arnaque!

        _ Bon sang! Encore raté! Je vois que le gogo se fait rare et qu'avec vous le grand jeu va être nécessaire! Vous l'aurez voulu!

        _ Mais...

        _ Je vais m'asseoir devant ce garçon et vous allez observer sa réaction... D'accord?

        _ D'accord...

        _ Vous attendez deux minutes et vous me dites ce que vous voyez...

        _ Très bien...

        (Les deux minutes passent...)

        _ Eh! Euh... Il bouge sa jambe! Plusieurs fois!

        _ C'est un signe de nervosité... Je dois vous dire qu'il ne vous entend pas... La cage de verre où nous sommes est insonorisée... Je vous parle discrètement à travers un micro et je vous entends grâce à une oreillette...

        _ Ah? Très bien... Bon, maintenant, il se gratte la tête! Il a l'air de plus en plus nerveux... Il prend son téléphone portable! Je l'aurais parié! C'est une manie chez eux! Il commence à téléphoner, je vois ses lèvres bouger!

        _ Vous y êtes parfaitement! Mais regardez bien ce qui va suivre, car le téléphone ne fonctionne pas!

        _ En effet... Il se demande ce qui se passe! Il jette son téléphone contre la paroi! Eh ben, on voit qu'il ne l'a pas payé! Eh! Mais il vous insulte! Il perd totalement le contrôle de ses nerfs! Je ne l'entends pas, mais qu'est-ce qu'il doit vous passer! Il s'énerve de plus en plus! Ma parole, il va se rouler par terre! Non! Non! Il se met derrière vous... Att... attention! Je vois son visage, ce n'est plus qu'un masque de haine! Mais... mais bon dieu, ne restez pas sans... Il va...  Au secours! Au secours! On étrangle quelqu'un!

        _ Calmez-vous, monsieur, je contrôle la situation... J'ai laissé faire le gamin, pour que vous le voyiez agir jusqu'au bout!  Je vais maintenant me débarrasser de lui, car je suis encore le plus fort! Voilà, je lui mets une bonne claque... et il se rassoit... Il se frotte la joue, mais il est maintenant tranquille...

        _ Oui, oui, j'ai cru moment qu'il allait vous... tuer!

        _ Je sais, je vous rejoins...

        _ Hi! Hi!

        _ Quoi? Qu'est-ce qu'il y a?

        _ Vous m'avez bien eu, hein? Vous êtes deux comédiens, c'est ça?

        _ Vous avez vu son visage... Vous croyez vraiment qu'on peut simuler la haine comme ça?

        _ Non, à vrai dire non... Je crois que c'est nerveux, que je suis toujours choqué... Mais qu'est-ce qui s'est passé? Il était calme et vous ne l'avez pas agressé! Alors, pourquoi sa fureur tout d'un coup?

        _ Je peux vous parler franchement..., je veux même dire crument?

        _ Crument? Vous allez me parler de choses sales...?

        _ Oui, disons qu'elles ne devraient relever que de l'intimité... Mais ici il est nécessaire de les évoquer, si on veut comprendre...

        _ D'accord, allez-y; j'en ai quand même vu bien d'autres!

        _ Très bien! Pour faire réagir notre jeune homme, j'ai juste imaginé qu'il me faisait une fellation!

        _ Quoi?

        _ Vous avez très bien entendu! Mais sachez que cela ne m'aurait nullement intéressé...

        _ Je ne comprends pas...

        _ En fait, j'ai juste voulu rendre à cette crapule la monnaie de sa pièce!

        _ Vous voulez dire que lui-même souhaitait vous voir entre ses jambes?

        _ Pas exactement... Son besoin surtout, c'était que je reconnaisse la supériorité de sa "queue"! Car ce gamin s'adore et veut dominer! En tout lieu, il crée une tension concentré sur son sexe et qui doit attirer le regard! Ainsi s'exerce sa domination! Beaucoup d'hommes agissent de même, quand d'autres roulent un muscle ou font voir leur importance sociale, et les femmes sont les reines de la séduction, puisqu'elles peuvent utiliser n'importe quelle partie de leur corps comme un aimant!

        _ D'accord...

        _ La particularité ici, c'est que nous devrions avoir un être respectueux des adultes, mais il n'en est rien! Notre ado n'a que mépris pour le monde qui l'entoure! Soit on lui est soumis, soit on n'existe pas! S'il y a un obstacle, il a recours à son téléphone portable! Il retourne dans un univers qu'il contrôle, dont il est le centre! Vous devez vous en pénétrer, mais à aucun moment il ne cesse sa domination! C'est comme s'il n'était pas vraiment né! comme s'il était toujours un fœtus, dont les moindres besoins sont satisfaits!  

        _ Cela expliquerait la violence de sa réaction...

        _ En effet, ne pouvant me dominer, mais en étant au contraire menacé par ma propre domination, il a été saisi par l'angoisse! Il aurait pu se sauver avec son téléphone, mais il ne marchait pas! La peur s'est donc changée en haine et en panique!

        _ Il a quand même voulu vous tuer!

        _ Oui, sa domination est maladive; en dehors d'elle, c'est la nuit cosmique!

        _ J'en ai encore la chair de poule... Il paraît si inoffensif maintenant...

        _ Ils sont des milliers comme lui et c'est peut-être même son attitude qui caractérise la nouvelle génération!

        _ Vous êtes en train de me dire que nos enfants seraient majoritairement des crapules?

        _ J'en ai bien peur, car c'est un phénomène logique...

        _ Ah? Vous pouvez m'expliquer ça?

        _ Oui, d'abord nous voulons tous dominer... Cela nous vient du règne animal et cela veut dire que nous cherchons en premier à satisfaire notre égoïsme... Mais il existe normalement plusieurs freins à celui-ci..., notamment la pauvreté qui exige la solidarité; le groupe ne pouvant survivre sans partager... Mais aujourd'hui le confort matériel est tel que nous pouvons vivre dans notre coin et ne pas ressentir la nécessité de s'ouvrir à l'autre!

        _ C'est vrai!

        _ Il y avait encore la religion, qui contraignait puissamment nos appétits, parce qu'ils représentaient des péchés, mais le besoin de Dieu a justement disparu au fur et à mesure que la pauvreté diminuait... Il resterait la science, mais elle ignore le phénomène et même l'encourage par certains côtés... 

        _ Comment ça?

        _ Eh bien, la psychologie par exemple nous fait croire que notre bonheur dépend de notre seule individualité, ce que ne peut qu'approuver notre égoïsme! La psychanalyse parle bien d'individus narcissiques, mais le problème ne vient pas uniquement de la pulsion sexuelle, comme elle l'entend... C'est la domination qui est à l'origine de notre égocentrisme et c'est elle qui crée des monstres tel que celui-ci!

        _ Si je vous comprends bien, nous avons aux fesses une vague dangereuse!

        _ Oui, la violence dans les écoles est déjà symptomatique... Les nouvelles crapules ne supportent pas l'autorité, car celle-ci menace leur domination et vous avez vu le résultat!

        _ D'après vous, la situation ne peut que se dégrader...

        _ L'égoïsme ambiant nous détruit déjà! Nous côtoyons les autres qu'à condition qu'ils nous soient soumis, qu'ils nous admirent, que nous soyons le centre d'intérêt! Sinon, ils ont droit à notre mépris, notre dégoût, notre haine! Comment nous fréquenter pourrait être agréable? Chacune de nos sorties est une épreuve et nous vide! Le monde nous paraît étranger, hostile, comme si nous ne l'avions pas bâti! Il est impossible de rencontrer des gens en paix avec eux-mêmes; doux, prévenants, curieux! C'est hargne et avidité partout! Cela nous use, nous blesse et remplit les hôpitaux!

        _ Ils sont en effet surchargés... et le trou de la sécu continue d'augmenter!

        _ Mais la génération qui vient est encore pire! Elle a les défauts de la précédente à une puissance dix fois supérieure! En fait, elle habite d'abord dans son téléphone portable et le monde qui nous entoure est secondaire! Le principal, c'est l'individu lui-même et on voit mal comment il pourrait se socialiser! Il est comme un trou noir: il absorbe tout et ne donne rien! Il ne peut qu'apporter de la destruction!

        _ Vous me faites frémir!

        _ Il y a de quoi, car sans doute faudra-t-il une crise majeure, pour que nous retrouvions la valeur de la solidarité et donc de l'autre! Mais au fond il y a une bonne nouvelle derrière tout ceci!

        _ Je ne vois pas!

        _ Le monde matérialiste a eu sa chance et il montre son échec! Ce qui ressort, c'est qu'il est impossible pour l'humanité de se développer sans s'ouvrir à la spiritualité; ce qui veut dire que Dieu existe nécessairement!

        _ Et c'est la seule vraie bonne nouvelle de tous les temps!

  • On se noie!

    On se noie

     

                                                                             "Elle monte, elle monte, la marée,

                                                                              la marée de la domination!"   

     

     

        Il y a dans notre rue des individus très malades, dont la domination est extrême, puisqu'ils ne peuvent faire un pas sans l'exercer! Ils vivent dans une dimension qui n'appartient qu'à eux, qu'ils commandent et que pourtant nous nous amusons à inquiéter! D'abord, nous n'aimons pas qu'on nous agresse et quand ils arrivent, il faut qu'on leur soit soumis et ils créent une tension pour cela! Ensuite, nous ne pouvons plus être dominé, ni ne voulons être dominant et nous sommes donc une étrangeté, une énigme pour ces individus, qui ne savent plus quoi faire, qui sont soudain désemparés, paralysés même; alors qu'ils semblaient chevaucher un dragon, avec une épée de lumière! Qui s'y frotte s'y pique!

        Mais donnons des détails... Nous sommes dans notre cuisine, face à la fenêtre qui donne sur la rue et soit nous lisons paisiblement, soit nous mangeons avec bonheur! Brusquement, un véhicule surgit pour se garer et il manœuvre si impérieusement qu'il fixe le regard! Nous reconnaissons la domination et nous la chassons aussitôt! A ceux qui ne comprendraient pas, nous disons qu'une femme peut attirer l'attention d'un homme sans lui parler et qu'il est possible de repérer la haine d'un autre à cinquante mètres, voire plus! Nous communiquons donc d'abord "psychiquement"!

        D'ailleurs, la voiture qui nous a dérangé repasse devant notre fenêtre... Parce que son chauffeur s'est mal garé? Nullement! Il est au vrai déjà surpris, car sa domination a rencontré un obstacle; ainsi que l'antenne d'un insecte détecte une présence étrangère! L'inquiétude monte donc chez notre chauffeur, alors que de notre côté nous devenons de plus en plus calme, de plus en plus dense: nous sommes comme une pierre dans le ruisseau de la domination!

        En face, la voiture s'est immobilisée, mais nul n'en sort... Elle paraît abandonnée, dans un coin de notre œil! C'est qu'à l'intérieur on a peur! Il va falloir apparaître dans un monde dont on n'est plus le centre, le dominant! C'est comme si on arrachait un fœtus de son placenta! Pourtant, notre conducteur doit mettre un pied dehors et c'est ce qu'il fait, avec une discrétion extrême, en refermant silencieusement sa portière, en rasant son véhicule! Pour un peu, on ne le verrait pas! Il est quasiment invisible, à l'échelle de sa défaillance!

        Mais c'est sans compter sur la haine qui maintenant l'habite, de sorte qu'il essaie une dernière fois de nous intimider et il fonce droit vers notre fenêtre, comme ces chiens qui piquent dans les jambes, pour mieux vaincre leur peur! Mais notre homme n'a pas rêvé: sa domination glisse bien sur nous et soudain il vacille, zigzague, puis disparaît, tel un avion de chasse! Il rentre chez lui stupéfait, abasourdi, hagard, amer et mauvais! Il vient de vivre un cauchemar!

        Pensez, jusqu'ici il contrôlait le monde, le faisait tourner autour de lui et il y a de bonnes raisons à cela! N'a-t-il pas une taille svelte, une voiture racée? N'est-il pas le plus beau, le meilleur? Mais quelqu'un derrière sa fenêtre s'est montré insensible, indifférent! Encore si ce quelqu'un avait témoigné de la haine, on aurait pu s'en réjouir, car elle aurait été le cri de la jalousie! Mais ce fut autre chose... Mais quoi?

        Vous l'aurez compris, la domination nous amuse! Elle est si prévisible, mais parce que nous la voyons et que nous en sommes libéré; ce qui nous permet de lui résister quelle qu'elle soit! Même si elle nous détruisait physiquement, nous lui échapperions! Ce que veut la domination, c'est que nous reconnaissions sa supériorité et ce n'est possible que si on reste son jouet, en ne la comprenant pas!

        Nous avons parlé de maladies, en ce qui concerne nos voisins, parce que le degré de leur domination est quasiment maximum, mais force est de constater qu'il est de plus en plus répandu; surtout chez les jeunes et même les très jeunes! En effet, des gamins à trottinette se comportent comme les maîtres de l'Univers, alors qu'ils ne sont pas plus hauts que trois pommes! Cela pourrait faire sourire, si le venin de la domination n'était pas déjà là, s'il n'épuisait pas déjà son environnement, en cherchant à le soumettre!

        Quelqu'un qui veut que les autres se tournent vers lui, comme un aimant attire la limaille, fatigue, tend forcement son voisinage et crée, avec tous ceux qui lui ressemblent, un quotidien chaotique et violent! Dans nos rues, c'est un esclavage permanent et inavoué! C'est une haine et une usure continuelles! C'est aussi une foire aux gens perdus!

        Mais comment expliquer ce débordement de la domination? Nous avons déjà apporté des éléments de réponses, dans la précédente chronique, mais nous allons profiter de celle-ci, pour être plus complet et plus clair! En fait, puisque c'est plutôt nous l'exception, en nous efforçant de raconter notre histoire, nous montrerons comment nous avons lutté contre la domination et quels sont les obstacles qu'elle ne rencontre plus!    

        D'abord, nous voudrions dire que nos parents n'hésitaient pas à nous donner des fessées ou des gifles et c'est peut-être ce qui a manqué à Greta Thunberg, car un enfant doit respecter le monde des adultes, puisqu'il est incapable de le comprendre et donc de le juger!

        La preuve, c'est qu'au fond personne n'a volé les rêves et l'enfance de la jeune Suédoise! Même les pires dirigeants sont face à des réalités qui les dépassent et ils découvrent eux-mêmes une vie qui est bien plus complexe que ne le croit Greta Thunberg! Par exemple, demain, des milliers d'individus vont prendre leur cyclomoteur, pour aller chercher de quoi manger et on ne pourra pas leur dire: "Stop! Vous polluez la planète!"

        Mais la jeune Suédoise s'est chargé d'un fardeau trop lourd pour elle, ce qui l'a menée à la haine! Son intervention à l'ONU a été catastrophique! Elle n'y sera plus invitée, de même que la plupart des gouvernements, dont celui de la France, ne lui ouvriront plus leurs portes! Toute l'aura, dont elle disposait et qui lui donnait un réel pouvoir, s'est évanouie d'un seul coup! Il fallait rassembler et elle a divisé! Il fallait mobiliser et elle a provoqué le rejet! C'est la haine, à l'égard de tous les pouvoirs, qui maintenant se tient derrière elle! C'est un clivage, un affrontement futur qui sont désormais l'avenir de la planète et on ne pouvait imaginer meilleure inefficacité!

        Mais nous soupçonnons des scientifiques d'avoir influencé la championne de l'écologie d'une manière néfaste! Il est en effet des chercheurs qui sont anéantis par leur propre angoisse, mais parce qu'ils veulent eux aussi dominer et que leur domination est impuissante! Ils sont pareils à notre chauffeur épouvanté et qui n'ose plus sortir de sa voiture!

        Ainsi, le dernier rapport du GIEC, qui se veut alarmiste au sujet de la vie des coraux, ne sert à rien! comme les films de Bertrand et de Hulot n'ont mobilisé personne! Certes, il faut savoir, mais combien de fois ne faudra-t-il pas répéter que nous ne pouvons pas vivre dans un état d'urgence permanent! que, quand la tension est trop forte, nous sommes paralysés, avant de prendre la fuite, et que c'est un comportement instinctif et protecteur!

        Mais il y a plus important! Combien de fois faudra-t-il expliquer que pour changer le mal en bien, il faut donner au premier de l'espoir! qu'il se sente de nouveau aimable, afin qu'il s'éclaire, revienne à la raison et fasse preuve de bonne volonté! La haine est produite par le désespoir, comme vient de le prouver Greta Thunberg, d'une manière flagrante! Chaque jour, nous voyons des détritus dans les rues et des gens jeter leurs papiers par terre, car on tient à nous montrer tout le mépris que l'on nourrit à l'égard de ce monde! Mais comment transformer cette haine avec une autre haine? Beaucoup de scientifiques sont irresponsables  et Greta Thunberg a naturellement atteint les limites de l'enfance!

        Mais, baste, il ne manquerait plus que nous nous échauffions nous-même! D'ailleurs, ce n'est pas parce que la fessée est interdite que la domination est en crue, évidemment; même s'il est toujours facile de voir que les enfants issus d'un milieu pauvre sont infiniment plus prudents dans leur domination, car ils savent bien eux que la violence peut ressurgir à tout moment! C'est encore l'argent et l'aisance qui permettent de ne pas se mouiller les pieds!

        Mais il y a un autre élément et qui lui est essentiel, à l'origine de notre lutte contre la domination... Nous venons d'une petite bourgeoisie catholique et nous avons dû aller, comme bien d'autres, à la messe le dimanche! Elle nous a toujours ennuyé, il faut bien le dire, et elle continue à le faire, mais la parole de Jésus a toujours suscité notre intérêt! Il nous semblait que s'il y avait eu un courage, il se trouvait là, dans les Evangiles, et s'il y avait une vérité, c'était celle qu'ils contenaient!

        Notez qu'il existe une différence profonde entre le message chrétien et ceux des religions juives et musulmanes! Le Christ n'a jamais essayé de fonder une société et sans doute parce que ça n'était pas nécessaire: son enseignement est venu se greffer sur un fonctionnement déjà établi. D'ailleurs, il se débarrasse rapidement des "questions sociales"; il dit: "Je ne suis pas venu changer la loi!" ou "Rendez à César ce qui est à César!" Son chemin est totalement spirituel; ce qui ne veut pas dire qu'il est irréaliste, bien au contraire, comme nous allons le voir!

        Par contre, les religions musulmanes et juives ont dû construire des sociétés et elles ont donc légiféré et il est toujours tentant, dans ce cas, de vouloir revenir aux origines; ne serait-ce que par sécurité ou pour retrouver un pouvoir perdu! Cette opération ne peut se faire qu'en luttant contre le développement général, ce qui est dangereux et conduit aux meurtres, puisque nous évoluons inexorablement!

        Toujours est-il que nous avons essayé de suivre la parole évangélique, en même temps que nous menions notre vie de jeune homme... Par exemple, nous nous sommes efforcé de pardonner, à chaque fois que nous étions blessé! C'est un exercice difficile, mais qui augmente forcément la compréhension des choses... Comme on ne bénéficie pas ainsi de la justice, la foi grandit d'autant, puisqu'on donne alors à Dieu le rôle de nous consoler, d'être le témoin de nos efforts! Nous sommes là dans la cour des grands; la maternelle, c'est de s'assurer son pouvoir, sa domination: on n'y perd rien!

        L'essentiel du message évangélique est contenu dans la fameuse formule: "Aimez-vous les uns les autres!" et on comprend facilement qu'elle prend directement le contre-pied de la domination, car vous ne pouvez pas, bien entendu, prétendre aimer les autres, si vous voulez les soumettre, vous montrer supérieurs à eux! Cependant, paradoxalement, ce chemin isole, car la plupart des hommes et des femmes n'ont qu'une seule hâte, c'est justement de réussir, d'être "au-dessus" et de se venger quand ils ont subi un affront! Il n'est pas question de se rabaisser, de se priver et même de ralentir! C'est l'instinct qui mène!

        Celui qui aime l'esprit religieux, car toutes les religions doivent avoir le même fond, celui-là se retrouve, fatalement pourrait-on dire, en marge; face à un monde qu'il ne comprend pas et sa situation peut être périlleuse! Il peut mener contre lui-même un combat capable de le détruire; tout dépend de sa fragilité d'esprit, mais celle-ci est encore accentuée par l'indifférence, l'égoïsme des autres! Il faut vous avouer qu'il est quasiment miraculeux que nous puissions aujourd'hui vous parler... et pourtant nous connaissons à présent une joie et une lucidité sans égales; nous sommes libéré à l'infini et c'est un sentiment divin! Nous aimons la vie!

        Mais, pendant que nous nous débattions parfois dans les brumes spirituelles, que faisait le monde? Mais il se débarrassait le plus possible de la religion et pour plusieurs raisons... D'abord, les cultes n'ont pas cessé de se déconsidérer et notamment les affaires de pédophilie poussent le Vatican dans la boue! Ensuite, les progrès de la science continuent à "vider le ciel", à clarifier notre histoire et la matière...; mais surtout le confort matériel s'installant, il a favorisé le développement exponentiel de la domination! Celle-ci n'a plus connu aucun frein et ne voit même pas aujourd'hui pourquoi elle devrait s'en mettre!

        Mais nous, qui n'en sommes plus l'esclave, nous pouvons dire ceci: la domination atteint un niveau critique! Non seulement elle règne déjà en maître chez les plus jeunes, mais encore elle prend un caractère de plus en plus maladif! Autrement dit, l'égoïsme général devient de plus en plus impérieux, agressif et haineux! Cela ne peut être autrement, puisque dominer ne permet pas de comprendre le monde, ni donc d'apaiser nos angoisses d'homme! La plupart fuient en avant!

        C'est la spiritualité qui est la barrière douanière de la domination; nullement la science, qui mène à des réactions comme celle de Greta Thunberg, dont le mouvement est encore une domination contrainte, d'où sa haine! Nous pensions que le message religieux n'avait plus de valeur et bien au contraire, c'est lui, avec notre lecture d'aujourd'hui, qui viendra à notre secours, quand la marée de la domination se refermera sur nous tous!     

  • On étouffe!

    On etouffe

     

     

     

     

     

                                                                                                  L'égoïsme est un luxe!

     

        "Crush ou pas crush?", "Body shaming ou body positive?", "Ghosted?", "Love Bombing?" Ces expressions américaines sont volontiers utilisées par certains et notamment les revues féminines. Elles ont en règle générale leur équivalent en français et elles ne sont pas véritablement nécessaires... On peut traduire successivement: "Coup de foudre ou pas?", "Complexée ou pas?", "Larguée?", "Brosse à reluire?"

        Evidemment, en français, ça paraît moins intéressant, moins entraînant et même trop cru (comme la variété française par rapport à l'anglo-saxonne!) et c'est d'ailleurs pour cela que l'on a recours à l'américain; non parce qu'on parle de phénomènes vraiment nouveaux, mais bien parce qu'on veut croire à une vie toujours changeante, qui évolue incessamment, qui donne l'impression qu'on est résolument moderne; une vie qui serait si pleine qu'elle nous éviterait de réfléchir, de nous voir tel qu'on est (elle s'opposerait également à celle des adultes, jugée ringarde ou corrompue!)!

        Certes, la surface change; la manière de se rencontrer n'est plus la même (la technologie dicte aussi son vocabulaire!); on ne se marie plus non plus comme nos aïeux, en se tenant fièrement devant le photographe; mais le cœur, les sentiments ont toujours un fonctionnement similaire et notre nature profonde, issue du règne animale, se moque des modes! On veut surtout goûter à un rêve, se rapprocher de l'univers américain, de sa puissance, de sa richesse! On voudrait avoir le train de vie des héroïnes de séries: ces femmes d'affaires implacables et qui font jeu égal avec les hommes!

        On voudrait se protéger, connaître tous les pièges et en même temps être dans le vent, extravertie, belle, en pleine réussite! C'est encore cette bonne vieille domination qui nous mène et tout cela serait assez anodin, si la même attitude ne caractérisait pas l'ensemble du pays; si lui aussi ne vivait pas dans une illusion, dans le luxe, car l'égoïsme qui principalement l'anime est en dehors de la réalité!

        Mais comment peut-on dire que dominer, vivre comme un animal, est luxueux? N'est-ce  pas justement naturel? Normalement les égoïsmes s'équilibrent, car ils se menacent les uns les autres et il s'établit entre eux une hiérarchie... C'est d'abord la peur des coups et la force qui font réfléchir et qui dirigent les comportements... On peut toujours en effet trouver plus dangereux que soi et l'autorité et la loi représentent des pouvoirs ultimes! Mais que se passe-t-il quand la société a un tel confort que la nécessité lui échappe, quand elle ne rencontre plus précisément la nature?

        Il se produit alors une "monstruosité", comme une plante qui envahit un milieu et qui devrait à long terme, malgré les apparences, disparaître; car bien entendu nous avons besoin des autres, de la différence pour survivre; ne serait-ce que pour mesurer ce que nous sommes! Le lierre a besoin d'un arbre pour se développer... et la lutte nous apprend à résister!

        Or, nous vivons dans un monde anormal, artificiel; dont le financement aberrant est l'un des symboles! Notre dette est si grande que nous ne pouvons plus la considérer! Et l'autre jour, subitement, Wall Street n'a plus de liquidités, de sorte que la Fed est obligée de voler à son secours, en lui apportant cinquante milliards de dollars! Les spécialistes essaient de se rassurer et donnent des explications, mais, comme nous l'avons dit ailleurs, nous avons créé une machine dont nous ne comprenons pas le fonctionnement... et que nous commençons à regarder avec crainte!

        Imaginez un skipper à bord de son voilier... Il fait beau et la mer mousse délicieusement sous l'étrave! Le skipper descend dans le carré et sifflote en se préparant à manger... Machinalement, il tapote son baromètre et là il se fige, car l'aiguille de l'instrument est en chute libre! La pression ambiante est celle d'un pneu crevé! C'est si frappant que le skipper doute de ce qu'il voit... et il se précipite dehors, pour repérer les signes avant-coureurs de la tempête! Il n'y a rien, le ciel reste bleu, mais la température ne trompe pas! Notre skipper en effet dégouline; il est trempé par la sueur, sans faire le moindre effort! C'est un cyclone qui arrive et sans doute d'une violence inouïe!

        Voilà ce qu'a dû ressentir Wall Street dernièrement, alors qu'on pensait la crise de 2008 parfaitement comprise et contrôlée! Nos cauchemars sont loin d'être finis et pourtant nous avons toujours les mêmes discours trompeurs, comme celui de la ministre de l'Ecologie, qui nous "promet" que l'essence ne va pas trop augmenter; bien que nous ne puissions rien y faire et que le prix du litre soit sur la voie des deux euros! On nous prend traditionnellement pour des idiots; on nous infantilise jusqu'à la déroute!

        Mais c'est chez la jeunesse que le luxe ou l'illusion sont les plus forts, ce qui fait que la panique sera d'autant plus brutale et complète! Certes, beaucoup de jeunes aujourd'hui sont sensibles au sort de la planète et le font savoir, mais, si on peut toujours amplifier l'action écologique, celle-ci sera toujours limitée par un état d'esprit qui ne change pas au tréfonds! Une pensée nouvelle, quant à la folie de notre égoïsme, est d'abord nécessaire; l'écologie suivra naturellement!

        Cependant, ce militantisme naïf qu'exprime la jeunesse lui est caractéristique et il est même rassurant! On comprend facilement qu'il vient d'un monde où on croit à la victoire de l'amour; car ce mot y est rattaché à la pureté! On veut à cet âge ne pas déchoir et être sans taches! Mais cela n'empêche pas que certains aient par ailleurs des comportements néfastes et même dangereux, car tant qu'on ne se comprend pas et il faut beaucoup de temps pour y arriver, on se montre facilement magnifique, alors qu'à l'intérieur la haine est prête à bondir!

        Mais de quoi voulons-nous parler? Nous avançons sur le trottoir et devant nous se tient un adolescent, nonchalamment appuyé contre le mur. Il nous a parfaitement vu, mais ne bouge pas, alors qu'il gêne déjà le passage! Pire, il met l'un de ses pieds, orné d'une superbe chaussure, au milieu du trottoir! Le message est clair: on cherche en face le rapport de force! En nous obligeant à nous détourner, on fait valoir son importance, sa présence; on renforce sa supériorité!

        Cela n'a rien d'exceptionnel chez un jeune, bien au contraire! Il s'agit de "se faire les dents", de s'entraîner à devenir adulte, comme les jeunes animaux par leurs jeux et c'est parfois à qui sifflera le plus fort dans la rue! En revanche, ce qui n'est pas normal, c'est l'insolence, l'arrogance de la manière, qui est au fond totalement inconsciente!

         Car que se passerait-il si nous nous fâchions? Il nous serait facile de "démolir" cet adolescent en quelques coups! Et effectivement, au passage, nous heurtons sans remords la superbe chaussure, car il n'y a aucune raison de faire autrement! Derrière, nulle réaction..., mais comment expliquer un tel toupet sinon par l'ignorance; car il faut encore rajouter qu'il se généralise, devient de en plus en plus courant?

        Comment peut-on ne pas craindre la violence, à moins de ne pas la connaître, de n'en avoir jamais éprouvé les effets? Nous avons supprimé la fessée, pour des raisons sans doute valables, mais la "féminisation" de la société n'a pas que du bon! Les femmes ont tendance à oublier, car ce n'est pas leur rôle, qu'à la base de la civilisation il y a la défense du territoire et donc, si c'est nécessaire, de la violence et des guerres!

        La paix actuelle est bien fragile, même si elle dure maintenant depuis un certain temps... Comme on le voit au sujet de la haine qui existe entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, nous pouvons très vite subir les conséquences d'un conflit lointain, de sorte que notre propre situation se dégrade jusqu'aux incidents. Nous nous rappelons personnellement la crise du sucre, dans les années 80... Une rumeur avait couru comme quoi nous allions manquer de cette denrée et aussitôt nous avons vu des gens sortir du supermarché, avec des caddies remplis de sucre!

        Il faut comprendre que certains ne considèrent rien en dehors de leur égoïsme, de leurs besoins; ils ont des réflexes animaux, dans le sens où eux seuls doivent survivre, s'en sortir! C'est ainsi, comme si notamment le message chrétien n'avait jamais existé! Aujourd'hui, il est fort probable que déjà il y en ait qui stockent de l'essence, qui remplissent à ras bord leur réservoir, ainsi que des jerrycans, pour avoir du carburant à bas prix, le plus longtemps possible!

        On sait qu'une autre augmentation des tarifs n'est certainement pas à exclure, mais il est étonnant que des heurts n'aient pas encore eu lieu, car faire des réserves peut inquiéter les autres, leur montrer le spectre de la pénurie! Si la violence éclate, elle n'aura rien de commun avec celle du cinéma et nul doute qu'un jeune, qui y serait mêlé, se retrouverait complètement perdu! Le monde n'est pas beau en dessous et c'est cette réalité que ne distinguent plus les lycéens.

        En ce qui nous concerne, nous avons beau remonter le temps et nous ne nous souvenons pas d'avoir jamais défié des adultes, même si, comme tout jeune garçon, nous avons essayé de devenir rapidement un homme! Force est de constater que le confort, l'aisance, quoiqu'on en dise, sont tels aujourd'hui que l'égoïsme perd toute prudence et s'élève volontiers jusqu'au culte de soi! L'influence toujours moindre des religions est certainement encore en cause, mais nous sommes donc des combattants de pacotille et même des voisins dangereux, capables de mettre le feu aux poudres, juste pour s'amuser (à Londres, dernièrement, un enfant en a poussé un autre, plus jeune, du toit d'un monument et apparemment sans raison!)!

        Mais qu'en est-il du côté des filles? Nous allons vous surprendre, car c'est exactement la même chose! Cependant, les filles utilisent leurs propres armes..., mais que voit-on à la sortie d'un lycée, quand un grand nombre attend le bus ou le car? Des fesses! Oui, ce sont partout des fesses! Chaque jeune fille, fière de son corps, exhibe son postérieur, en le moulant à l'extrême! Et que je te cambre les reins et que je te prenne des poses lascives, comme dans les films, car toutes ici, sauf exception, sont vierges!

        C'est à la fois renversant, car on se croit par moments au paradis, et inquiétant, tellement la conscience du risque semble absente! Evidemment, les filles suivent la même logique que les garçons: il s'agit de se sentir adulte, femme, avant l'heure et on expérimente sa séduction! Mais là encore, c'est sans garde-fous, comme si le viol ou d'autres agressions sexuelles n'existaient pas! C'est un monde de rêves, innocent, qui se déploie devant nous et qui pourrait se transformer en poulailler pour un loup, si le chaos s'installait, occupant la police ailleurs!

        On parle encore de la PMA et c'est sûrement un sujet important pour certains couples et pour la recherche... On en débat même vivement à l'Assemblée et il est vrai que de nouveau se posent des questions profondes pour l'humanité... Pourtant, n'est-ce pas là encore une façon de "s'évader", un luxe que l'on se donne, afin de se croire libre, plus efficace qu'on ne l'est, supérieur aux maux qui rongent notre société? Discuter de la longueur du terrain de cricket, quand le paquebot coule, permet de ne pas céder à la panique, de garder contenance!

        Chez les mécontents aussi, on est dans sa "bulle", malgré les apparences! Certains manifestent pour leur retraite, mais encore faut-il en avoir une et ces gens ne savent pas profiter du moment présent, comme ils seront incapables d'apprécier leurs vieux jours! Leur travail est-il si détestable qu'ils veuillent le quitter le plus vite possible? Rappelons qu'il suffit de peu de choses, pour sentir son bonheur: la paix de l'esprit et le ventre plein, c'est tout! (Au vrai, en ce qui concerne les retraites, c'est le sentiment d'être méprisé qui fait réagir!)

        Cependant, un détail nous a fait sursauter: Alain Minc, l'homme qui avait qualifié la crise de 2008 de "grotesquement psychologique", s'est plaint sur les plateaux du manque de penseurs originaux, dans le domaine de l'économie... "Ceux qui sont là ne savent que prévoir hier!", s'est-il écrié et c'est ici, bien entendu, une tentative vaine pour apparaître au-dessus du lot, car Alain Minc est justement l'un de ceux qu'il dénonce; mais on voit encore combien on est attaché à ses privilèges, à son égoïsme; ce qui verrouille la société, la ferme à double tour! L'air s'y comprime comme dans une cocotte-minute et devient irrespirable!

        En fait, la vérité y étouffe! Elle s'y languit, elle s'y étiole, elle s'y débat! Elle cherche à percer et elle prend parfois la forme de la violence, car la vérité au fond ne nous appartient pas; elle nous échappe; bien qu'elle nous conduise ou nous nourrisse! C'est elle qui étanche vraiment notre soif! C'est elle seule qui nous donne un réel espoir!

        Mais nous ne voulons pas la voir, alors qu'elle est plus forte que nous! Nous la maltraitons, nous la méprisons ou la ridiculisons, car elle nous menace et nous fait peur! Nous nous fatiguons à vivre sans elle... et c'est peut-être une catastrophe naturelle qui nous replacera devant l'essentiel: être en vie!

     

  • On ne grandit pas!

    On ne grandit pas

     

     

     

                                                                                                   Se détendre, c'est grandir!

     

        Nous parlons souvent d'hypocrisie, mais c'est une chose plus compliquée qu'il n'y paraît! L'individu ne dit pas: "Bien sûr je mens, mais c'est plus fort que moi! Je suis une crapule, mais qu'importe! Demain, je serai le maître du monde, ah! ah!" Non, la plupart du temps, il faut admettre que l'hypocrite ne prend pas véritablement conscience de son mensonge, de la malhonnêteté de ses actes, parce qu'il vit dans un monde qu'il gouverne et dont apparemment il fixe les règles; ce qui fait que le mal qu'il cause lui semble naturel, nullement répréhensible! Ce qui manque à l'hypocrite, c'est un obstacle, une référence, un regard étranger, un univers différent du sien, qui brusquement fait surgir la "lumière", comme on ouvre une porte dans une chambre obscure!  

        Certes, nul ne saurait incarner la "vérité", mais il n'en demeure pas moins que c'est la confrontation qui révèle l'hypocrisie et qui suscite sa haine; puisque soudain on pourrit son "fromage"! Ceci nous conduit à l'idée d'une formule qui serait: "La réalité, c'est l'autre!" Evidemment, une formule, c'est toujours un peu boiteux, mais nous n'en serions pas exclus, car nous sommes toujours l'autre d'un autre... Ceci devrait nous rassurer sur notre compréhension des choses, mais nous pouvons même étendre notre formule, en disant que plus nous respectons les autres, c'est-à-dire plus ils ont une existence pour nous, et plus notre réalité est elle-même agrandie, vaste, profonde!

        Au contraire, plus notre domination est forte et plus les autres nous sont abstraits, dans leur rôle étroit de dominés, et plus la réalité est le fruit de notre égoïsme, ce qui nous rend facilement agressifs! Mais, si c'est la fermeture qui permet l'hypocrisie, on peut comprendre alors que certaines conditions la prédisposent! Notamment, l'argent autorise un monde clos, qui exclue la différence et qui rassemble des gens qui ont les mêmes manières! L'autre y est quasiment un sosie, ou un subalterne, et il ne peut servir de "détonateur", de révélateur... Il n'est pas une gêne pour l'hypocrisie!

        Nous ne devrions pas être surpris, car l'argent favorise la domination et l'hypocrite vit dans ce cas comme une araignée au bon endroit: il grossit jusqu'à devenir un monstre abominable! Mais, pour éclaircir les choses, prenons par exemple l'affaire Balkany, qui défraie en ce moment la chronique. Les époux Balkany viennent d'être condamnés sévèrement par la justice, pour fraude fiscale et notamment l'homme a été conduit directement en prison après le jugement! Dans cette affaire, l'"autre", le révélateur, la référence, c'est la justice! C'est le monde réel qui pénètre (enfin! pourrait-on dire) celui des Balkany!

        Quand nous employons l'expression "monde réel", c'est pour désigner une réalité ô combien plus étendue que celle des Balkany et on peut rajouter de l'univers qu'ils représentent et qui est éminemment gouverné par l'argent! Il a fallu que ce soit la loi qui vienne détruire la réussite du maire de Levallois, car elle reposait sur un mensonge, celui de la fraude! Il a fallu la loi et pourtant nous n'avons toujours pas entendu de repentance, de regret, ni de remords! Personne n'est coupable, au contraire le couple n'est qu'une victime!

        Il l'est d'abord pour son avocat! Patrick a servi d'exemple! Il a été mené au bûcher, pour que les pauvres s'apaisent et rentrent chez eux! Pourtant, Patrick (nous employons le prénom à dessein, par manque d'égards!) mène depuis toujours la grande vie! Il a déjà été condamné, mais il n'en a pas tenu compte! C'est d'ailleurs sa suffisance, son dédain pour la justice qui lui a valu son mandat de dépôt! Mais pour son avocat, c'est une humiliation qui n'était pas nécessaire! Le "monde réel" décidément a bien du mal à se faire entendre! Il doit même se sentir "coupable", bien qu'il soit lui-même en l'occurrence la loi et qu'elle ne peut fonctionner que si elle est respectée! Mais l'impunité de Patrick dure depuis si longtemps!

        Le couple est encore une victime pour un certain nombre d'habitants de Levallois! Là-bas, on l'adore! Patrick surtout était facilement accessible! On pouvait lui demander directement des services et il était pour ses administrés comme une sorte de parrain mafieux! Une population favorisée et protégée loue son chef et ferme les yeux sur ses crimes! C'est la faiblesse de son égoïsme et d'ailleurs Patrick était parfois grand seigneur, quand il puisait dans sa grosse liasse de billets, pour qu'on allât s'amuser!

        Un tel acte n'a malheureusement que les apparences de la générosité, car l'argent n'avait pas été durement gagné et il est facile d'être bon tant que la supériorité est assurée et l'amour-propre flatté!  

        Mais le couple est toujours une victime, selon l'attitude de l'épouse, Isabelle. Pour préserver sa santé, la justice ne l'a pas traitée de la même manière et elle échappe donc pour l'instant à la prison. Mais Isabelle, loin d'en être reconnaissante, au contraire semble narguer ses "bienfaiteurs", en reprenant le rôle du maire de Levallois... Bien sûr, c'est l'orgueil qui réagit, mais cela laisse supposer que c'est le "droit", le bon sens, les choses en place qui triomphent, malgré toutes les adversités!

        D'ailleurs Isabelle déclare seulement qu'elle est inquiète pour Patrick et en effet cela doit être terrible! Le monde "réel", extérieur, que l'on a toujours maintenu à distance, par le pouvoir, la domination, grâce à l'argent, ce monde-là devient le seul maître en prison et le changement est si radical qu'il peut détruire (voir l'affaire Epstein)! Toutefois, après les propos de l'épouse, c'est le prisonnier "exposé aux courants d'air", fragile et maltraité qui reste à l'esprit!

        Isabelle continue son théâtre et pourtant elle devra elle aussi, tôt ou tard, rejoindre sa cellule... Ceci étant, la loi est bien faite: les Balkany ont bien sûr fait appel et si le nouveau jugement n'est pas favorable, il restera encore le pourvoi en cassation!  

        Le couple est enfin une victime, par la réaction de Sarkosy, qui se dit triste pour son ami d'enfance... Là de nouveau aucune trace de culpabilité... Patrick est comme la chèvre de monsieur Seguin: son seul tort a été de vouloir profiter de l'existence, de goûter à la liberté, avant que le loup de la justice ne le dévore!

        Un surprenant livre, OPA sur la justice, de Dominique Barella, lui-même juge, aux Editions Hachettes 2007, décrypte très bien les relations de Sarkosy ou de Nicolas avec le pouvoir judiciaire; non seulement quand il était ministre de l'Intérieur, mais aussi président de notre cher pays, ce qui est plus grave, si c'est possible!

        La technique de Nicolas a toujours été simple: accuser la justice, crier toute son incapacité ou toute son irresponsabilité, pour mieux la reprendre en main! La révolte des banlieues, durant laquelle la justice sera soupçonnée de laxisme, ou l'affaire d'Outreau serviront notamment en ce sens et seront le prétexte à de nouvelles mesures destinées à encadrer davantage le pouvoir judiciaire! Il faut comprendre que le tyran abhorre particulièrement tout ce qui échappe à son contrôle et comment ne pourrait-il pas être saisi de vertige devant l'indépendance de la loi, alors que celle-ci est si importante!

        Supprimer le juge d'instruction a été l'un des désirs de Nicolas, qui admire tant la vie américaine qu'il l'aurait voulue en France! Mais la justice du pays le plus puissant du monde est loin d'être idéale et même elle semble beaucoup moins équitable que la nôtre! D'après le témoignage de Peyrelevade, l'ancien président du Lyonnais, dans son livre Seul face à la justice américaine, aux Editions Plon 2006, on voit combien le souci de l'efficacité conduit les procureurs d'outre-Atlantique à imiter les voyous, par leurs menaces et leurs pressions! Si l'affaire peut être conclue par un "deal", peu importe au fond la vérité, puisque tout le monde est satisfait!

        La lenteur de la justice française est souvent due à sa rigueur et l'argent n'y fait pas les verdicts! Le livre de Peyrelevade concerne l'affaire Executive life, qui est bête à pleurer et qui montre encore toute la paresse et la morgue de notre "système"! Ceci étant, notre façon de fonctionner est l'héritage de notre histoire et au fond du lac restent visibles les contours d'une monarchie à la tête du pays, et c'est pourquoi nous avons bien toujours, aujourd'hui, un pouvoir central qui gouverne sa population! Nous ne devrions donc pas avoir honte de ce qu'on appelle l'Etat providence (que l'on pense à la responsabilité des seigneurs féodaux!), car, même si on peut l'améliorer, il n'est qu'une émanation de notre passé, que nous ne pouvons choisir! Mais nous reviendrons dans une prochaine chronique sur notre "américanisation" et par conséquent sur notre appauvrissement!

        Notez encore que Macron, pour lutter contre les gilets jaunes, a employé la même méthode que les représentants du tiers état aux Etats généraux! Pour se donner du poids et agir au mieux, ils avaient demandé à chaque commune et à chaque ville d'établir un cahier de doléances, qui devait refléter les principales demandes du peuple... Macron a ainsi "dégonflé" les troubles, en renforçant sa légitimité! Notre histoire continue forcément en filigrane!

        Cependant, la réaction de Sarkosy, à la condamnation de Patrick, est singulièrement discrète et il est vrai qu'il attend lui-même son propre jugement, dans les affaires Bygmalion et Azibert! Nous n'entendons plus l'ancien président fustiger les juges, à cause de leur laxisme, et c'est une bonne chose!   

        Mais, à l'opposé de cette compassion à l'égard d'un couple délinquant, nous avons encore des réactions haineuses et qui se réjouissent du malheur des autres! Ce n'est évidemment pas mieux, car ce n'est rien de plus qu'une domination frustrée, empêchée et qui enrage de ne pas être à la place des puissants et des satisfaits!

        Plus le temps passe et plus nous en venons à considérer la domination comme une maladie... Il est normal que le bébé soit tyrannique, car il ne voit que lui! Il est encore compréhensible que l'adolescent soit plein de lui-même, puisque son corps est l'objet de beaucoup de changements et qu'il en est inquiet! Par contre qu'un adulte s'obstine à ne voir le monde qu'à travers sa réussite ou sa domination, c'est se maintenir dans un état infantile, alors qu'on est devenu un acteur de la société! La meilleur preuve de ce que nous avançons, c'est la haine que suscite l'opposition à la domination! L'individu qui veut dominer et qui n'y arrive pas, parce qu'en face l'autre est plus fort et reste libre, cet individu-là immanquablement est envahi par le mépris et la colère! C'est l'enfant qui boude ou qui fait une crise!

        Il faudrait sans doute considérer la domination telle une sorte de névrose; une impuissance à grandir, une peur de se mettre debout et d'affronter le monde; ce qui entraînerait bien entendu que l'autre devienne une entière réalité; chose impossible tant qu'on cherche à le dominer!

        Mais, comme nous l'avons dit, des conditions favorisent la domination... Il suffit d'être issu d'une classe aisée et d'y rester... L'argent, le confort, la sécurité et bien sûr le pouvoir permettent à l'individu de prolonger son enfance, même s'il a les plus hautes responsabilités! C'est l'adversité, l'absence de choix, la nécessité qui nous forcent à contrôler notre domination et surtout à en prendre conscience! Il s'agit de se "courber pour ne pas casser"!

        Ainsi les pauvres ont plus de "chances" d'atteindre la sagesse..., quand ils ne sont pas détruits! Car, évidemment, si la domination est "malmenée", la dépression n'est jamais loin et elle peut faire des ravages! Notre santé dépend de notre domination et c'est pourquoi il faut donner à celle-ci un sens supérieur; elle doit pouvoir se satisfaire sans victimes, dans le respect de l'autre; elle ne doit surtout pas en avoir peur! Ici, la spiritualité s'impose; il ne peut en être autrement; ce qui ne veut pas dire non plus que le dogme puisse servir... Les religions se sont rendues assez haïssables comme ça!

        Non, il faut comprendre le monde et ses lois; c'est le but de ces chroniques... Mais notre société fabrique en ce moment ses monstres; car elle n'a jamais été en effet plus riche et plus en sécurité! Elle est comme un terreau tiède, dans une serre, à l'abri des intempéries et qui donne naissance à des fleurs dont les exhalaisons sont mortelles! Une génération d'égoïstes terribles arrive!

        Chose incroyable, le même phénomène peut être observé chez les immigrés! En effet, la traversée périlleuse et souvent dramatique de la Méditerranée n'est pas le lot commun! Bien des immigrés n'ont jamais souffert et ils se conduisent dans nos rues tels des rois! Ils nous prennent sans doute pour des idiots et il est vrai qu'ils nous ont déjà trompés pour être parmi nous! 

        Voilà encore de quoi nourrir les violences de demain! Car si la situation se dégrade, elle commandera la solidarité et comment des égoïstes pourraient-ils y céder, à moins d'y être poussés par la dernière extrémité! Bien avant, ils auront laissé éclater leur haine, montré toute leur folie et leur laideur! Ils auront essayé de s'imposer et de se satisfaire par tous les moyens! Quand chacun tire la couverture à lui, elle se déchire!

        Bref, vu le nombre de malades qui nous entourent, nous sommes sans doute mûrs pour l'explosion!