On dévore!
- Le 26/10/2019
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Comment se libérer de la domination? Telle est la question, pourrait-on dire! En effet, la domination est notre "moteur animal" et c'est elle qui nous pousse à nous développer, à vouloir réussir, à imposer notre individualité! Elle nous est donc nécessaire, mais peut-elle nous rendre heureux? Est-il possible de la satisfaire? Evidemment non, puisque nous ne pouvons nous contenter de notre stade animal; notre conscience nous pose des questions ignorées de la vache et du lapin et triompher sur la scène des hommes n'est qu'une joie éphémère, qu'une ivresse; tôt ou tard le tourment, le doute revient et taraude!
Notre avenir et notre paix ont besoin du développement de notre conscience, ou de notre esprit, ou de notre raison! Notre cerveau est la fleur et plus elle s'ouvrira et plus notre rayonnement et notre tranquillité seront une réalité! Encore faut-il voir la domination! Le scientifique, qui travaille énormément avec la raison, apparemment ne la voit pas, ce qui fait qu'il donne à ses théories une portée injustifiée et qu'il crée des malentendus, car lui-même peut être sujet à la haine, si sa propre domination est menacée! Ceci est important, car cela veut dire que la seule raison, telle que la science l'entend, est incapable de nous conduire au bonheur!
La fleur doit s'ouvrir, mais comment? Grâce à des préceptes philosophiques, notamment issus de l'école du stoïcisme? Félix Eboué était un Noir, franc-maçon et gouverneur du Tchad. Il a été l'un des premiers à se rallier au général de Gaulle, en 40, alors qu'il devait obéissance au régime de Vichy et il avait toujours sur sa table de chevet les Vers d'or de Pythagore! Voici ce qu'il disait par exemple: "Jouer le jeu, c'est être désintéressé. Jouer le jeu, c'est aimer tous les hommes et se dire qu'ils sont bâtis sur une commune mesure humaine qui est faite de qualités et de défauts. Jouer le jeu, c'est mépriser les cabales, les intrigues, ne jamais abdiquer, malgré les clameurs et les menaces, c'est poursuivre la route droite qu'on s'est tracée, etc.!"
On ne peut qu'approuver ces quelques paroles admirables, mais suffisent-elles? Peut-on d'abord se satisfaire de considérer la vie comme un jeu, ou telle "la farce à mener par tous", pour reprendre Rimbaud? Peut-on ensuite vraiment se libérer de la domination, en observant seulement une éthique, en obéissant à des règles si vertueuses soient-elles? Le problème est plus profond que des formules, car il s'agit de grandir, de nous détacher de l'instinct, du contentement immédiat et nous pouvons refuser de le faire, par peur, paresse ou égoïsme! La domination peut constituer une prison!
Mettre un pas devant l'autre et se tenir debout; non pour être plus grand que le voisin, mais pour que la fleur se dresse, douce, patiente, aimante, curieuse, embaumante, apaisante; sans pour autant être faible; la véritable sagesse est une force! La vérité a plus de chances d'arrêter la violence que le muscle, qui le plus souvent ne fait que l'exacerber! Mais qu'est-ce que la vérité? Comment voir la domination? Comment comprendre son fonctionnement, ses limites? Ne faut-il pas pour cela l'avoir domptée soi-même? Celui qui se domine n'est-il pas celui qui connaît le mieux la domination? Voyons alors comment nous pouvons nous dominer nous-mêmes!
Mais d'abord il nous faut faire une mise au point... Certes, il est nécessaire de rester vigilant sur les droits de tous et l'action pour une meilleure justice sociale demeure importante, mais notre "système", notre fonctionnement républicain et démocratique n'est pas à mettre à bas, car c'est celui qui nous laisse le plus de libertés et même de pouvoir, encore qu'on puisse toujours l'améliorer! Mais il faut perdre cette illusion qu'il existe un Eldorado politique, où les inégalités n'existeraient plus! Une révolution ne ferait que nous ramener en arrière! De même, la capitalisme ou le libéralisme, malgré leur caractère égoïste, sont les idéologies qui a priori permettent le développement de chacun, au contraire d'autres façons de penser, comme le communisme ou la religion!
L'avenir n'est pas dans un changement radical des gouvernements et nous voilà donc seuls, face à nous-mêmes, sans pour autant suivre le chemin de la psychologie, qui elle veut que les hommes s'adaptent, alors que nous voulons qu'ils changent! La domination est une chose commune, qui nous influence les uns les autres et qu'il nous faut combattre, quelle que soit notre histoire personnelle! Nous parlons de combat, mais c'est plutôt d'évolution dont il s'agit! Au fond, nous voulons juste continuer celle de la nature et devenir vraiment des hommes!
Comment repérer, cerner, comprendre la domination? On peut procéder le plus simplement du monde, par petites étapes... La domination semble endormie en nous, mais il est facile de la réveiller! Son premier cri est celui de l'impatience, de l'irritation, qui va vite devenir de la haine, du mépris et il y a encore un stade ultérieur, c'est celui de la violence, où là on domine comme la bête, ni plus ni moins! Si on veut connaître la domination, on peut commencer par lutter à chaque fois qu'on sent ces mouvements de l'"âme"! Est-on impatient? Efforçons-nous aussitôt de nous détendre, de nous calmer; cela évite la haine ou le mépris, qui sont d'abord dommageables pour soi! La haine est une souffrance intérieure, qui dévore, fait grimacer, à même de ruiner une santé!
La domination doit être traitée comme un muscle qu'on étire, pour mieux l'assouplir; ainsi elle prend une existence, elle devient un compagnon de route, qu'on surveille, afin qu'il ne fasse pas de bêtises! La dompter est un exercice quotidien, qui garantit la lucidité! Peu à peu, on voit comment la domination tient la plupart en esclavage; même ceux qui se croient savants et qui se proposent d'aider les autres! La domination fait des ravages; ses marionnettes sont malheureusement innombrables et elles sont maintenues dans la nuit! C'est une errance, beaucoup de douleurs et de mal aussi! Car la domination ne saurait s'apaiser! Quand elle n'a pas peur, elle attaque; elle n'est jamais en repos! Rappelons-le: vivre est l'essentiel... et on ne comprend pas tant de peines!
A part cette petite lutte intime chaque jour, que peut-on faire? Cela est-il suffisant? Tôt ou tard, on se demande si on ne se trompe pas, à s'efforcer de contraindre incessamment sa domination; on souffre de faire des efforts, alors qu'autour c'est tout le contraire: on ne se gêne pas! On hait, on méprise, on piétine, on pousse tant qu'on veut! On réussit aussi! On s'enrichit, on brille, on devient une célébrité, on fait valoir son avis; ce qui provoque tant de jalousie et de ressentiments sur les réseaux sociaux! Mais ici la domination est bien dans son rôle...
En effet, que serait-elle sans dominés, sans créer de l'envie? Il faut qu'elle fasse croire qu'elle est le bonheur, la solution, la voie à suivre, qu'elle est équilibrée! Elle se nourrit ainsi de sa propre illusion et elle est prête à tout pour cela... Telle personnalité va donner sur sa vie les détails les plus intimes, alors que depuis longtemps le pavillon rouge de la honte est hissé! Mais on va raconter qu'on a subi des attouchements ou la mort d'un proche datant tous deux de l'enfance; on "raclera le fond du pot" pour rester intéressant! Ceux qui ont le pouvoir et qui sont connus prennent sans compter, comme si c'était un dû, mais combien d'autres n'ont jamais droit au chapitre et ne s'en consument pas? Il ne faut pas s'étonner des violences, car les choses ne changent pas et comment le pourraient-elles, puisque ce qui les tient, c'est la domination! Le dominant n'a aucun intérêt à devenir dominé! Pourquoi cèderait-il la place?
Celui qui cherche et qui ne veut pas dominer, tôt ou tard, éprouve du découragement, de la tristesse, de l'incompréhension et il n'est pas rare qu'il se tourne vers la nature... Il y perçoit comme un baume pour ses nerfs... Le spectacle des animaux et des plantes, sa beauté le captivent bientôt... Ceci n'est pas anodin... La nature possède un temps plus vaste que le nôtre et à son contact, nous nous pénétrons de son rythme, ce qui nous apaise, nous pacifie... Rappelez-vous, ce qui structure notre vie, c'est d'abord une maturation et ce qui nous fait principalement souffrir, c'est notre impatience! La nature nous fait grandir, respirer autrement; elle nous façonne et entretient, avec celui qui la contemple, une relation muette, mais qui n'en est pas moins gratifiante! Ceci peut être le prélude à une autre histoire plus intime, plus profonde, car les questions pressent toujours!
Au vrai, il n'y a pas de grandes aventures, de grands risques, de grand investissement, sans amour, sans sentiments, sans passion! Pour que toutes nos forces soient employées, il faut que le cœur, ce qui brûle, y trouve son compte! La foi naît sans doute de cette nécessité! Est-ce à dire que la psychanalyse a raison, quand elle parle du mysticisme comme d'une déviation sexuelle?
En fait, aussi surprenant que cela puisse paraître, il n'y a pas d'alternatives entre la foi et la domination; c'est soit l'une, soit l'autre! Comme nous l'avons déjà dit, la science peut elle-même être menée par la domination et la psychanalyse en est sans doute la preuve la plus frappante! Freud a voulu tout expliquer; il a bâti une cathédrale; non parce que toutes ses théories sont justes, mais parce qu'il ne pouvait s'arrêter et qu'il devait toujours étendre son savoir, afin de créer un monde clos, qui serait sous son contrôle et qui valoriserait donc incessamment sa personne! Nous rappelons que la domination entraîne forcément que c'est l'image de soi qui détermine notre équilibre!
Certes, la foi n'exclut pas inévitablement la domination, puisque justement certains s'en servent pour dominer, avec les conséquences désastreuses que nous connaissons tous! Mais, normalement, la foi prédispose l'individu à lutter contre la domination, car d'abord il reconnaît un être supérieur et qu'il désire comprendre; c'est-à-dire qu'il est conduit à découvrir le monde tel qu'il est et non comme il voudrait qu'il soit! Nous tournons là tout de même le dos à la domination... Toujours est-il que la science, si elle nous met en garde contre le réchauffement climatique, elle ne nous avertit aucunement du principal danger qui nous menace; à savoir une domination de plus en plus maladive et qui s'étend comme une épidémie, surtout chez les jeunes; mais nous allons y revenir!
La foi est donc d'abord une histoire d'amour et comme toutes les histoires d'amour, elle est faite d'admiration, de confiance, d'efforts pour plaire, de patience, etc., mais elle ne doit pas être à sens unique! Celui qui aime Dieu doit être payé de retour (il n'y a que les hypocrites qui parlent d'un Dieu inaccessible et égoïste!)! Il doit voir les résultats, et ce n'est pas plus de souffrances! S'il n'y a pas la joie au bout, la paix, il y a maldonne! Evidemment, si on demande plus de domination, comme les autres hommes; si on veut triompher d'eux, on risque d'être déçu! La foi, au contraire, montre tout l'esclavage de la domination et quel enfer elle crée! La joie est justement d'acquérir sa liberté, par cette connaissance, cette lucidité! A partir de là, le "pain qu'on mange" est celui des anges: il rayonne tellement il est nourrissant! On n'est pas amer de ne point dominer; on ne jalouse pas ceux qui brillent, et ce n'est pas parce qu'on espère une vie future, où on serait "vengé" (ce qui reste de toute façon très difficile à imaginer!)! On est seulement content de connaître la paix!
C'est justement cette tranquillité qui permet la force, mais aujourd'hui se pose un problème...; car on pouvait aimer encore celui qui était blessé et qui faisait le mal, ce qui ramenait parfois un sourire sur son visage... Mais avec des gens qui agressent d'emblée par leur domination, comment faire? Tout intérêt qu'on leur marquerait serait interprété comme une soumission et disparaîtrait telle la lumière dans un trou noir! Il semble au contraire que leur opposer de l'indifférence soit plus utile, même si elle provoque leur haine! Il faut que ces gens sachent que les autres existent "réellement", qu'ils ne commandent pas le monde et même qu'ils sont déséquilibrés!
Les jeunes qui se promènent sur le trottoir, les yeux sur leur smartphone (la béquille de notre siècle!), sont comme les personnages du film Brazil, qui regardent tout le temps leur petite télé... Ils n'affrontent pas le monde, ils n'en ont que l'illusion! Ils se voient comme acteurs, ils se sentent importants, parce qu'ils manipulent des touches et communiquent et ils trouvent normal alors que ceux qu'ils croisent les admirent, leur soient inférieurs!
Pourtant, ils n'ont nulle expérience! Ils n'ont vécu aucune adversité; ils ne savent pas ce que endurer ou résister veulent dire! Mais qu'à cela ne tienne: ils passent tel Pharaon parmi ses esclaves ou comme s'ils étaient de nouveaux Lindbergh! "Qu'est-ce que vous allez faire, monsieur Chisum?
_ Eh bien, Pedro, je vais faire ce que j'aurais dû faire depuis le début!
_ C'est-à-dire, monsieur Chisum?
_ Tiens, voilà la clé du râtelier... Tu vas distribuer des armes à chaque homme!
_ Oh oui! Monsieur Chisum! J'y vais tout de suite! Mais... euh, je peux encore dire quelque chose, monsieur Chisum?
_ J't'en prie, Pedro, j't'écoute!
_ Eh bien, j'ai l'impression que monsieur Chisum est redevenu monsieur Chisum!
_ Ah! Ah! Tu as sans doute raison, Pedro et maintenant, va!
_ J'y cours, monsieur Chisum!"
Sûr, va falloir se défendre! (Dans la région parisienne, c'est déjà la guérilla urbaine!)
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