On étouffe!

  • Le 28/09/2019
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On etouffe

 

 

 

 

 

                                                                                              L'égoïsme est un luxe!

 

    "Crush ou pas crush?", "Body shaming ou body positive?", "Ghosted?", "Love Bombing?" Ces expressions américaines sont volontiers utilisées par certains et notamment les revues féminines. Elles ont en règle générale leur équivalent en français et elles ne sont pas véritablement nécessaires... On peut traduire successivement: "Coup de foudre ou pas?", "Complexée ou pas?", "Larguée?", "Brosse à reluire?"

    Evidemment, en français, ça paraît moins intéressant, moins entraînant et même trop cru (comme la variété française par rapport à l'anglo-saxonne!) et c'est d'ailleurs pour cela que l'on a recours à l'américain; non parce qu'on parle de phénomènes vraiment nouveaux, mais bien parce qu'on veut croire à une vie toujours changeante, qui évolue incessamment, qui donne l'impression qu'on est résolument moderne; une vie qui serait si pleine qu'elle nous éviterait de réfléchir, de nous voir tel qu'on est (elle s'opposerait également à celle des adultes, jugée ringarde ou corrompue!)!

    Certes, la surface change; la manière de se rencontrer n'est plus la même (la technologie dicte aussi son vocabulaire!); on ne se marie plus non plus comme nos aïeux, en se tenant fièrement devant le photographe; mais le cœur, les sentiments ont toujours un fonctionnement similaire et notre nature profonde, issue du règne animale, se moque des modes! On veut surtout goûter à un rêve, se rapprocher de l'univers américain, de sa puissance, de sa richesse! On voudrait avoir le train de vie des héroïnes de séries: ces femmes d'affaires implacables et qui font jeu égal avec les hommes!

    On voudrait se protéger, connaître tous les pièges et en même temps être dans le vent, extravertie, belle, en pleine réussite! C'est encore cette bonne vieille domination qui nous mène et tout cela serait assez anodin, si la même attitude ne caractérisait pas l'ensemble du pays; si lui aussi ne vivait pas dans une illusion, dans le luxe, car l'égoïsme qui principalement l'anime est en dehors de la réalité!

    Mais comment peut-on dire que dominer, vivre comme un animal, est luxueux? N'est-ce  pas justement naturel? Normalement les égoïsmes s'équilibrent, car ils se menacent les uns les autres et il s'établit entre eux une hiérarchie... C'est d'abord la peur des coups et la force qui font réfléchir et qui dirigent les comportements... On peut toujours en effet trouver plus dangereux que soi et l'autorité et la loi représentent des pouvoirs ultimes! Mais que se passe-t-il quand la société a un tel confort que la nécessité lui échappe, quand elle ne rencontre plus précisément la nature?

    Il se produit alors une "monstruosité", comme une plante qui envahit un milieu et qui devrait à long terme, malgré les apparences, disparaître; car bien entendu nous avons besoin des autres, de la différence pour survivre; ne serait-ce que pour mesurer ce que nous sommes! Le lierre a besoin d'un arbre pour se développer... et la lutte nous apprend à résister!

    Or, nous vivons dans un monde anormal, artificiel; dont le financement aberrant est l'un des symboles! Notre dette est si grande que nous ne pouvons plus la considérer! Et l'autre jour, subitement, Wall Street n'a plus de liquidités, de sorte que la Fed est obligée de voler à son secours, en lui apportant cinquante milliards de dollars! Les spécialistes essaient de se rassurer et donnent des explications, mais, comme nous l'avons dit ailleurs, nous avons créé une machine dont nous ne comprenons pas le fonctionnement... et que nous commençons à regarder avec crainte!

    Imaginez un skipper à bord de son voilier... Il fait beau et la mer mousse délicieusement sous l'étrave! Le skipper descend dans le carré et sifflote en se préparant à manger... Machinalement, il tapote son baromètre et là il se fige, car l'aiguille de l'instrument est en chute libre! La pression ambiante est celle d'un pneu crevé! C'est si frappant que le skipper doute de ce qu'il voit... et il se précipite dehors, pour repérer les signes avant-coureurs de la tempête! Il n'y a rien, le ciel reste bleu, mais la température ne trompe pas! Notre skipper en effet dégouline; il est trempé par la sueur, sans faire le moindre effort! C'est un cyclone qui arrive et sans doute d'une violence inouïe!

    Voilà ce qu'a dû ressentir Wall Street dernièrement, alors qu'on pensait la crise de 2008 parfaitement comprise et contrôlée! Nos cauchemars sont loin d'être finis et pourtant nous avons toujours les mêmes discours trompeurs, comme celui de la ministre de l'Ecologie, qui nous "promet" que l'essence ne va pas trop augmenter; bien que nous ne puissions rien y faire et que le prix du litre soit sur la voie des deux euros! On nous prend traditionnellement pour des idiots; on nous infantilise jusqu'à la déroute!

    Mais c'est chez la jeunesse que le luxe ou l'illusion sont les plus forts, ce qui fait que la panique sera d'autant plus brutale et complète! Certes, beaucoup de jeunes aujourd'hui sont sensibles au sort de la planète et le font savoir, mais, si on peut toujours amplifier l'action écologique, celle-ci sera toujours limitée par un état d'esprit qui ne change pas au tréfonds! Une pensée nouvelle, quant à la folie de notre égoïsme, est d'abord nécessaire; l'écologie suivra naturellement!

    Cependant, ce militantisme naïf qu'exprime la jeunesse lui est caractéristique et il est même rassurant! On comprend facilement qu'il vient d'un monde où on croit à la victoire de l'amour; car ce mot y est rattaché à la pureté! On veut à cet âge ne pas déchoir et être sans taches! Mais cela n'empêche pas que certains aient par ailleurs des comportements néfastes et même dangereux, car tant qu'on ne se comprend pas et il faut beaucoup de temps pour y arriver, on se montre facilement magnifique, alors qu'à l'intérieur la haine est prête à bondir!

    Mais de quoi voulons-nous parler? Nous avançons sur le trottoir et devant nous se tient un adolescent, nonchalamment appuyé contre le mur. Il nous a parfaitement vu, mais ne bouge pas, alors qu'il gêne déjà le passage! Pire, il met l'un de ses pieds, orné d'une superbe chaussure, au milieu du trottoir! Le message est clair: on cherche en face le rapport de force! En nous obligeant à nous détourner, on fait valoir son importance, sa présence; on renforce sa supériorité!

    Cela n'a rien d'exceptionnel chez un jeune, bien au contraire! Il s'agit de "se faire les dents", de s'entraîner à devenir adulte, comme les jeunes animaux par leurs jeux et c'est parfois à qui sifflera le plus fort dans la rue! En revanche, ce qui n'est pas normal, c'est l'insolence, l'arrogance de la manière, qui est au fond totalement inconsciente!

     Car que se passerait-il si nous nous fâchions? Il nous serait facile de "démolir" cet adolescent en quelques coups! Et effectivement, au passage, nous heurtons sans remords la superbe chaussure, car il n'y a aucune raison de faire autrement! Derrière, nulle réaction..., mais comment expliquer un tel toupet sinon par l'ignorance; car il faut encore rajouter qu'il se généralise, devient de en plus en plus courant?

    Comment peut-on ne pas craindre la violence, à moins de ne pas la connaître, de n'en avoir jamais éprouvé les effets? Nous avons supprimé la fessée, pour des raisons sans doute valables, mais la "féminisation" de la société n'a pas que du bon! Les femmes ont tendance à oublier, car ce n'est pas leur rôle, qu'à la base de la civilisation il y a la défense du territoire et donc, si c'est nécessaire, de la violence et des guerres!

    La paix actuelle est bien fragile, même si elle dure maintenant depuis un certain temps... Comme on le voit au sujet de la haine qui existe entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, nous pouvons très vite subir les conséquences d'un conflit lointain, de sorte que notre propre situation se dégrade jusqu'aux incidents. Nous nous rappelons personnellement la crise du sucre, dans les années 80... Une rumeur avait couru comme quoi nous allions manquer de cette denrée et aussitôt nous avons vu des gens sortir du supermarché, avec des caddies remplis de sucre!

    Il faut comprendre que certains ne considèrent rien en dehors de leur égoïsme, de leurs besoins; ils ont des réflexes animaux, dans le sens où eux seuls doivent survivre, s'en sortir! C'est ainsi, comme si notamment le message chrétien n'avait jamais existé! Aujourd'hui, il est fort probable que déjà il y en ait qui stockent de l'essence, qui remplissent à ras bord leur réservoir, ainsi que des jerrycans, pour avoir du carburant à bas prix, le plus longtemps possible!

    On sait qu'une autre augmentation des tarifs n'est certainement pas à exclure, mais il est étonnant que des heurts n'aient pas encore eu lieu, car faire des réserves peut inquiéter les autres, leur montrer le spectre de la pénurie! Si la violence éclate, elle n'aura rien de commun avec celle du cinéma et nul doute qu'un jeune, qui y serait mêlé, se retrouverait complètement perdu! Le monde n'est pas beau en dessous et c'est cette réalité que ne distinguent plus les lycéens.

    En ce qui nous concerne, nous avons beau remonter le temps et nous ne nous souvenons pas d'avoir jamais défié des adultes, même si, comme tout jeune garçon, nous avons essayé de devenir rapidement un homme! Force est de constater que le confort, l'aisance, quoiqu'on en dise, sont tels aujourd'hui que l'égoïsme perd toute prudence et s'élève volontiers jusqu'au culte de soi! L'influence toujours moindre des religions est certainement encore en cause, mais nous sommes donc des combattants de pacotille et même des voisins dangereux, capables de mettre le feu aux poudres, juste pour s'amuser (à Londres, dernièrement, un enfant en a poussé un autre, plus jeune, du toit d'un monument et apparemment sans raison!)!

    Mais qu'en est-il du côté des filles? Nous allons vous surprendre, car c'est exactement la même chose! Cependant, les filles utilisent leurs propres armes..., mais que voit-on à la sortie d'un lycée, quand un grand nombre attend le bus ou le car? Des fesses! Oui, ce sont partout des fesses! Chaque jeune fille, fière de son corps, exhibe son postérieur, en le moulant à l'extrême! Et que je te cambre les reins et que je te prenne des poses lascives, comme dans les films, car toutes ici, sauf exception, sont vierges!

    C'est à la fois renversant, car on se croit par moments au paradis, et inquiétant, tellement la conscience du risque semble absente! Evidemment, les filles suivent la même logique que les garçons: il s'agit de se sentir adulte, femme, avant l'heure et on expérimente sa séduction! Mais là encore, c'est sans garde-fous, comme si le viol ou d'autres agressions sexuelles n'existaient pas! C'est un monde de rêves, innocent, qui se déploie devant nous et qui pourrait se transformer en poulailler pour un loup, si le chaos s'installait, occupant la police ailleurs!

    On parle encore de la PMA et c'est sûrement un sujet important pour certains couples et pour la recherche... On en débat même vivement à l'Assemblée et il est vrai que de nouveau se posent des questions profondes pour l'humanité... Pourtant, n'est-ce pas là encore une façon de "s'évader", un luxe que l'on se donne, afin de se croire libre, plus efficace qu'on ne l'est, supérieur aux maux qui rongent notre société? Discuter de la longueur du terrain de cricket, quand le paquebot coule, permet de ne pas céder à la panique, de garder contenance!

    Chez les mécontents aussi, on est dans sa "bulle", malgré les apparences! Certains manifestent pour leur retraite, mais encore faut-il en avoir une et ces gens ne savent pas profiter du moment présent, comme ils seront incapables d'apprécier leurs vieux jours! Leur travail est-il si détestable qu'ils veuillent le quitter le plus vite possible? Rappelons qu'il suffit de peu de choses, pour sentir son bonheur: la paix de l'esprit et le ventre plein, c'est tout! (Au vrai, en ce qui concerne les retraites, c'est le sentiment d'être méprisé qui fait réagir!)

    Cependant, un détail nous a fait sursauter: Alain Minc, l'homme qui avait qualifié la crise de 2008 de "grotesquement psychologique", s'est plaint sur les plateaux du manque de penseurs originaux, dans le domaine de l'économie... "Ceux qui sont là ne savent que prévoir hier!", s'est-il écrié et c'est ici, bien entendu, une tentative vaine pour apparaître au-dessus du lot, car Alain Minc est justement l'un de ceux qu'il dénonce; mais on voit encore combien on est attaché à ses privilèges, à son égoïsme; ce qui verrouille la société, la ferme à double tour! L'air s'y comprime comme dans une cocotte-minute et devient irrespirable!

    En fait, la vérité y étouffe! Elle s'y languit, elle s'y étiole, elle s'y débat! Elle cherche à percer et elle prend parfois la forme de la violence, car la vérité au fond ne nous appartient pas; elle nous échappe; bien qu'elle nous conduise ou nous nourrisse! C'est elle qui étanche vraiment notre soif! C'est elle seule qui nous donne un réel espoir!

    Mais nous ne voulons pas la voir, alors qu'elle est plus forte que nous! Nous la maltraitons, nous la méprisons ou la ridiculisons, car elle nous menace et nous fait peur! Nous nous fatiguons à vivre sans elle... et c'est peut-être une catastrophe naturelle qui nous replacera devant l'essentiel: être en vie!

 

 
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