Rank (82-86)

  • Le 04/01/2024
  • 0 commentaire

R14

 

 

                          "L'avocat Loursat? Mais c'est un alcoolique!"

                                                     Les Inconnus dans la maison

 

                                                82

      L’inspecteur Rank s’assoit à son bureau, pose son café et ouvre le dossier qui lui a été destiné : c’est une nouvelle affaire de meurtre… Rank travaille maintenant de nuit et il salue ses derniers collègues, qui ont terminé leur journée et qui rentrent à la maison… Rank est plutôt un solitaire, qui a régulièrement des problèmes avec sa hiérarchie, ce qui lui a valu d’être muté dernièrement, du LAPD à la division Hollywood ! Rank est encore surnommé Paschic par ses pairs, car il est jugé d’un abord difficile, contrariant, comme s’il avait à coeur de rompre l’harmonie, de détruire l’ambiance et sans doute se sent-il mieux lui-même dans un commissariat silencieux, quand son rythme est nocturne !

      Mais si Paschic est mal aimé, c’est surtout parce qu’il montre les choses sous leur vrai jour, ce qui demande aux autres d’évoluer au-delà de leurs rêves ! Il dérange d’autant qu’il a raison ! On ne le supporte pas, parce qu’« il ne joue pas le jeu » ! Il ne flatte pas la hiérarchie, car il ne se voit pas dans la « vitrine » ! Seuls l’intéressent la vérité et de trouver les coupables, au point qu’il en paraît asocial ! Pour se venger de lui, on lui confie les plus sales boulots et on espère se débarrasser de sa personne en l’usant, en le dégoûtant !

       La radio du commissariat émet un message d’alerte : « Prise d’otages sur Ventura avenue ! Toutes les voitures sont mobilisées, pour fermer le secteur ! » Rank se lève, car cette affaire le concerne : de nuit, c’est lui le médiateur ! Il calcule que par les voies de surface il peut être sur les lieux en une dizaine de minutes !

       Ventura avenue est barrée par des voitures de patrouille, dont les gyrophares illuminent la nuit comme un feu d’artifice ! Rank se gare et montre son badge… On le laisse passer et il s’approche d’un autre inspecteur, un certain Murphy, qui grimace en le voyant arriver ! « Merde, Paschic ! fait Murphy.

      _ Je ne m’attendais pas à de la politesse de ta part ! réplique Rank. Alors qu’est-ce qu’on a ? »

       Murphy montre des images vidéo : « C’est une femme, explique-t-il. Elle est entrée normalement dans la banque, puis quelque chose a foiré ! On la voit là s’en prendre au directeur… et soudain elle sort son arme, un fusil Remington à canon scié, et c’est le carnage ! Elle tire sur le directeur et les deux caissiers venus aider leur patron ! La suite, une employée prévient la police et la femme menace de tuer d’autres otages ! Situation bloquée !

      _ OK ! Je vais aller lui parler !

       _ Oh là, Paschic ! Même toi, j’ai pas envie de te voir transformé en passoire ! Question de paperasses, tu comprends ? Mais enfin, merde, s’agit pas de jouer au héros inutilement ! On lui téléphone, on traite avec elle et on l’endort !

_ Je la connais ! C’est ma mère ! Elle a des crises ! Dès que son orgueil est menacé, elle perd les pédales ! Elle est capable du pire et puis, elle s’en souvient plus ! C’est comme un état second !

_ Nom de nom de nom de nom... »

Rank n’attend pas la suite et traverse la rue pour entrer dans la banque ! A l’intérieur règne un indescriptible chaos ! Il y a du sang partout et on entend pleurer ! « M’man… fait Rank.

_ C’est toi Rank ? fait la machine, qui tient fébrilement son fusil. J’ t’assure que c’est eux qui ont commencé ! Ils ont laissé entendre que j’avais émis un chèque en bois ! Moi, la Machine ! Comment pourrais-je commettre une telle erreur ? Ils m’ont manqué d’ respect !

_ J’ sais, m’man… Mais, maintenant, va falloir me donner ce fusil, car ils ont eu c’ qu’ils méritaient ! C’est fini, m’man !

_ Tu comprends que je pouvais pas faire autrement !

_ Bien sûr, m’man ! Allez, donne-moi ce fusil... »

La Machine cède son arme et sort guidée par Rank. En voyant toutes les voitures de police, elle demande : « Mais qui sont tous ces gens ? Il est arrivé quelque chose ?

_ Je crois que ce coup-ci tu as exagéré ! Tu as tué des personnes, tu t’en rends compte ?

_ Hein ? Moi, une meurtrière ? Ce n’est pas possible ? En tout cas, je ne m’en souviens pas !

_ Vraiment ?

_ Non, j’ai vu rouge… Et je suis vide à présent… Mais tu ne vas pas les laisser m’emmener, hein Rank ? Je suis ta mère, après tout…

_ Ils vont s’occuper d’ toi, m’man… Tu as besoin d’ soins !

_ T’as jamais été du côté d’ la famille ! T’es pas chic !

_ C’est mon nom... »

                                                                                                     83

         Deux pies forment un couple… Elles sont à table et le mâle se sert en premier, en prenant les meilleurs morceaux ! La femelle les veut aussi, mais alors le mâle la repousse violemment ! « Espèce de salopard ! s’écrie la femelle. Pourquoi t’as droit aux meilleurs morceaux et pas moi ? » Le mâle ne répond pas et continue de manger, mais soudain une autre pie mâle surgit dans la baraque ! Le premier mâle n’hésite pas une seconde et il dégaine son revolver : bang ! bang ! Il abat le mâle intrus, dont la femelle derrière s’enfuit !

« Voilà pourquoi je prends les meilleurs morceaux ! explique le mâle. Il faut que je sois le plus en forme possible, car c’était eux ou nous !

_ Peut-être…, mais ce genre d’attaques n’arrive plus que tous les dix ans ! Ton rôle n’est plus vraiment nécessaire… et donc tu dois aussi me laisser aujourd’hui les meilleurs morceaux !

_ D’accord, mais cela veut aussi dire que tu as le même égoïsme que moi !

_ Comment ça ?

_ Mais que ton but, c’est le pouvoir ! Tu n’auras de cesse maintenant que de vouloir les meilleurs morceaux pour toi seule ! Tu n’as jamais cessé de pousser et n’eut été la nécessité, je serais déjà dehors dans le froid! Nous sommes animés tous les deux de la même soif de nous développer, de réussir et de commander !

_ Ben, c’est ce qu’on appelle l’égalité !

_ Ne t’y trompe pas, en dessous de l’égalité des droits, il y a l’égalité de l’égoïsme !

_ Pourquoi tu dis ça ?

_ Parce que tu es comme moi, tu voudras tout ! Tu as déjà le même mépris, la même haine !

_ Au viol ! Au viol ! »

La police pie fait son apparition : « Qu’est-ce qui s’ passe ici ? crie-t-elle.

_ Ce salopard a essayé de me violer ! dit la femelle pie.

_ Ah oui ? C’est un d’ ceux-là ! enchaîne le policier. Ton compte est bon, mon gaillard ! Allez en route pour la prison ! »

On emmène le mâle pie et la femelle reste seule : « Depuis combien de temps je supporte ce type ? songe-t-elle. Depuis combien de temps on supporte le pouvoir du mâle ? ses chaussettes puantes et ses slips sales ? A moi la belle vie ! Tiens, j’ m’en vais écluser son whisky chéri ! »

Plus tard a lieu le procès… L’avocate du mâle pie s’adresse à la plaignante : « Vous dites que votre mari a la culture du viol, qu’il a abusé de vous non pas une fois, mais plusieurs fois !

_ C’est exact !

_ Ne parlez pas la bouche pleine, s’il vous plaît…

_ Excusez-moi, répond la femelle, qui enlève de mauvaise grâce son chewing-gum !

_ Merci ! Mais on a retrouvé des SMS tendres de votre part, adressés à votre mari, juste avant son arrestation ! Comment expliquez-vous ces marques d’affection à l’égard d’un violeur ?

_ Euh, j’étais sous emprise ! Il m’était impossible de dire non ! Il me terrorisait !

_ Ne serait-il pas plus juste de dire que votre mari vous a déçu et que vous voulez vous en débarrasser ?

_ Ben, quelqu’un qui viole déçoit forcément, hein ?

_ Je parle de quelqu’un qui vous déçoit pour votre carrière, votre ascension sociale...

_ Non mais de quoi je me mêle, la vieille ? Est-ce que je regarde sous les tapis chez toi ?

_ Je vous en prie, madame, répondez simplement aux questions ! intervient le président.

_ Voilà la baderne qui l’ouvre ! L’homme crasseux dans toute sa splendeur !

_ Je vais être contraint de vous inculper pour outrage à magistrat !

_ Ah ! Ah ! Fais ce que tu veux, vieux machin ! T’as aucune idée de qui nous sommes !

_ Comment ?

_ On est des milliers et on va renverser le mâle ! On va tout balayer et toi, t’es en train de bavasser !

_ Gardes, emmenez-la !

_ Ordure ! Métèque ! Petite bite ! On t’ f’ra la peau ! »

La femelle pie est évacuée et le calme revient… « J’ lui avais dit qu’on était du même bois ! explique le mâle pie à son avocate.

_ J’ai bien peur que vous ne soyez en danger ! »

                                                                                                       84

      L’ambiance est morose dans le camp retranché, où s’est réfugiée la petite armée de Rank ! L’un de ses lieutenants l’interpelle violemment : « Mais regarde où on en est ! Elles sont des milliers là dehors ! Elles nous affament et vont bientôt nous écraser ! Dans quel pétrin tu nous a mis ! Je t’entends encore : « Venez les amis ! Prenez vos épées et vos chevaux ! Montrons au monde que la femme n’est pas meilleure que l’homme, mais que notre ennemi à tous, c’est la soif de pouvoir, l’orgueil, la domination animale qui est en nous  et qui est commune aux deux sexes ! » Nous t’avons cru, suivi, car nous rêvions aussi de justice et de vérité ! Et nous allons être balayés ! Notre combat n’aura servi à rien ! On ne retiendra même pas nos noms ! Mais peut-être as-tu une solution miracle ?

      _ Elles envoient un émissaire ! » crie l’un des gardes sur la palissade.

      Rank et ses lieutenants le rejoignent, pour voir eux-mêmes ce qui se passe… Tout autour, l’armée de la Machine, innombrable, campe au sommet de collines et parmi les débris sombres du dernier affrontement arrive en effet une cavalière !

      Sur l’ordre de Rank, on ouvre une porte grossière et la femme pénètre dans le camp… Descendue de cheval, elle s’adresse au fils de la Machine : « Je suis Lapsie, la grande prêtresse de ta mère ! Je connais les grands mystères du cerveau et je suis revenue transformée du royaume de l’Analyse ! J’ai un message pour toi, Rank : accepte ta défaite, rends-toi et tes hommes auront la vie sauve ! Tu as une heure pour te décider ! Après, nous donnerons l’assaut et il ne restera plus ici que poussière ! »

      L’émissaire s’en retourne et le soldat Paschic regarde ses hommes : il n’est pas question de les abandonner, ni encore moins de causer leur perte ! Il ira se rendre, même si la cause reste juste ! Mais elles sont trop nombreuses, trop dures aussi ! Ironie du sort, elles ne font que confirmer leur soif de dominer ! Mais l’heure n’est plus au débat, à l’argument « brillant »… et Rank se met en route sous l’oeil de ses hommes, de sorte que sa reddition soit évidente !

      Il faut chevaucher jusqu’à l’armée ennemie, subir les regards méprisants, ironiques… La Machine est un peu plus loin sur un trône… Elle est drapée de pourpre, signe de son empire, et porte une couronne étincelante ! Elle ne triomphe pas, mais a l’air même en colère ! Rank met pied à terre, dépose ses armes et s’agenouille ! Il ne peut se montrer plus soumis !

       « Comment as-tu pu me faire ça ? s’écrie la Machine, qui quitte son trône. Comment ai-je pu être humiliée de cette sorte ? C’est mon monde, mon univers et rien d’autre n’existe ! Tu vas me le payer, mon p’tit Rank, car pour éteindre ta rébellion, j’ai dû mobiliser tout c’ bazar ! Moi, la Machine, j’ai dû poser les yeux sur toi une seconde, alors que t’es sorti d’ mon ventre et que tu m’ dois tout ! Non mais pour qui tu t’ prends ! J’ vais t’en faire baver ! Tu sais ce que j’ai éprouvé à cause de toi ? La Honte, Rank, j’ai ressenti de la honte ! Je viens de connaître l’enfer ! T’en as même pas idée ! Je te condamne aux mines de sel ! Là, tu vas apprendre à vivre, tu vas savoir ce que travailler et respecter veulent dire ! »

       La Machine fait un signe et Bona son droïde s’approche, avec un message qu’elle lit : « Je soussigné, moi Rank, déclare avoir blessé la machine par égoïsme et par paresse ! Par ailleurs, je ne sais pas ce que je dis et je ne pense qu’à moi ! Je déclare encore souffrir de paranoïa et d’être un pervers narcissique ! Je suis éminemment toxique, tant que je n’aurais pas compris que je ne suis pas seul au monde ! Seule la Machine est vivante et a tout droit sur moi ! Je regrette de l’avoir offensée, etc., etc. ! » Tu signes là, ordure ! »

       Rank s’exécute en songeant à ses hommes, mais ce qu’il ne sait pas, c’est qu’ils sont tous tués à la file, avec délectation, sous l’épée de la grande prêtresse Lapsie ! Elle se défoule, ce qui ne peut que lui faire du bien suivant le manuel ! « L’échelle est haute, se dit-elle, mais je grimpe ! »

      Les femmes crient enfin un grand hourra, le mâle est encore une fois vaincu ! On enchaîne Rank et on lui crache dessus ! Le pouvoir de la femme, sa domination, son égoïsme sont évidents, mais sa haine à l’égard de l’homme l’aveugle ! Rank baisse la tête : il sera impossible de convaincre tout le monde… Ainsi va la vie !

       L’amertume, le désespoir pourraient gagner Rank, mais ce n’est pas le cas… Il a essayé d’expliquer certaines choses, mais sans haine ! Ce n’est pas son ego qui souffre ! Et soudain il fait apparaître des fleurs dans ses mains ! Des diamants sont semés derrière lui ! De la lumière sort de son sourire et plonge les femmes autour dans la stupeur, puis dans le ravissement ! « C’est un magicien ! » s’écrie-t-on et on le suit avec des rires et des clameurs !

                                                                                                         85

       Rank enseigne maintenant à l’Université, où ses cours fascinent et provoquent la controverse… Il est vêtu d’une veste et porte de petites lunettes, ce qui fait qu’il a l’air tout à fait convenable ! Apparemment, il est rentré dans le rang pour « éclairer » les jeunes esprits, car c’est une chose qui le passionne ! Au tableau, il établit une nette distinction : « Les hommes exercent une pression physique, dit-il, mais la femme une pression psychologique ! La nature a doté la femme du pouvoir de séduire, qui s’accompagne de la ruse ! L’homme peut constituer un danger pour la femme, à travers le meurtre, le viol, des gestes déplacés, ce qui est spectaculaire et puni par la loi, mais la femme étend son égoïsme par la parole, le mépris, toute une attitude quasiment invisible et qui n’en est pas moins tyrannique et destructrice... »

       Une rumeur parcourt l’assistance, mais ce qui interpelle Rank, c’est l’entrée discrète du doyen de l’Université, un ami qui semble préoccupé… Comme on est quasiment à la fin du cour, Rank l’abrège en rappelant aux étudiants qu’ils doivent réfléchir à l’origine de l’égoïsme humain, car ce sera le sujet du prochain examen, puis il rejoint le doyen et lui demande ce qui se passe ! « Il y a là deux agents du FBI, qui voudraient te parler », explique le doyen, qui ramène Rank à son bureau, où se tiennent les visiteurs...

      « Professeur Rank, que savez-vous de l’anneau de Tanaos ? fait sans préambule l’un des agents du FBI.

      _ Eh bien, répond Rank en s’efforçant de reprendre ses esprits, l’anneau de Tanaos permettrait de visiter notre monde psychique, mais c’est une légende évidemment !

       _ Qu’est-ce que vous voulez dire par « visiter notre monde psychique » ? questionne l’autre agent.

       _ Oh ! Euh… L’anneau de Tanaos rendrait réelles nos pensées, les matérialiserait en quelque sorte ! Nos désirs notamment se réaliseraient... Mais pourquoi vous intéressez-vous…

       _ Nous avons appris qu’une certaine Lapsie se serait emparé de l’anneau et aurait créé un mouvement menaçant… et nous savons aussi que Lapsie est votre adversaire la plus acharnée !

       _ Je vois… Mais comme je l’ai dit, le pouvoir de l’anneau de Tanaos ne saurait défier les lois de la physique ! C’est de la magie… Ce que nous sommes au fond reste secret ! »

       Les agents partent et Rank retourne à ses affaires, intrigué tout de même… Il rentre chez lui et ouvre une ancienne encyclopédie, où est représenté l’anneau de Tanaos… C’est un bijou sans ornements et qui daterait de Cléopâtre… La reine aurait demandé à ses mages le pouvoir de commander les pensées ! Elle voulait ainsi compenser la faiblesse physique de son sexe… Rank boit un dernier verre, en regardant la ville, puis il va se coucher…

      Il a le sommeil agité, il rêve, mais est-ce vraiment un rêve ? Tout a l’air si présent ! Rank porte une robe de bure, des sandales et un bâton, tel un frère de quelque ordre ! Il arrive à un village étrange… Les femmes y sont imposantes, dans des tuniques magnifiques… Elles ont un port fier et hautain, tandis que les hommes à côté sont cassés en deux, paraissent sales et se consacrant aux travaux des champs ! Très vite, Rank doit baisser les yeux et se faire humble, sous la pression des regards haineux des femmes…

       Une trompette retentit ! On annonce un visiteur important ! Les femmes se réjouissent, les hommes s’effacent encore plus ! La peur se lit dans leurs yeux ! Des musiciennes, des danseuses précédent le dignitaire…, des hommes menés comme des chiens aussi ! Une femme assise sur un char et vêtue d’une parure somptueuse apparaît… « Gloire à la grande prêtresse de Tanaos ! » chantent les villageoises.

       « Où suis-je donc ? se demande Rank. L’anneau ne serait-il pas qu’une légende ? La pression psychique exercée par les femmes pourrait-elle être visible et créer un monde matériel ? La force physique de l’homme y devrait forcément être abolie… La domination féminine régnerait ! La psychologue Lapsie aurait le pouvoir et... »

        Les pensées de Rank sont interrompues quand il reconnaît justement Lapsie sur le char ! « Mince ! fait-il. Je vais avoir des ennuis ! » Il cherche un endroit où se cacher, lorsque son nom est crié haut et fort ! « Rank ! Cet homme s’appelle Rank et c’est un traître ! crie Lapsie. Gardes, saisissez-vous de lui ! » Des femmes sautent sur Rank et l’immobilise ! Lapsie descend de son char et se plante devant le prisonnier : « Le soldat Paschic en personne ! dit-elle. Non mais quelle chance j’ai ! Tu nous bousilles dans l’autre monde, Rank, et tu es maintenant à ma merci ! Tu sais ce qui t’attend, je présume ! »

       Rank se met à suer, suer et son oreiller est tout mouillé !

                                                                                                     86

Le juge mange un sandwich et demande à la Machine : « Mais, à la fin, vous avez été violée oui ou non ?

_ Ben oui, forcément, puisque je suis une victime !

_ Ben oui, forcément ! renchérit le juge, en avalant du jambon.

_ Une petite minute ! fait l’avocat de la défense. On ne condamnera pas mon client sans preuves !

_ Des preuves ! s’écrie le juge. Mais madame est une femme et donc une victime et cela suffit !

_ Bien dit, m’ sieur le juge ! approuve la Machine.

_ Comme vous y allez ! Nous sommes toujours tout de même dans le temple de la justice !

_ Bon d’accord ! concède le juge, en se mettant le doigt dans le nez. Qu’est-ce que vous voulez ?

_ Revenir au moins sur les faits ! répond rageusement l’avocat.

_ Maître, je vous donne cinq minutes… dit le juge, après avoir regardé sa montre.

_ Merci, monsieur le juge…

_ De toute façon, je suis une femme, donc une victime, la, la… fait de son côté la Machine.

_ Est-ce vrai que vous avez traité mon client de petite bite, demande l’avocat à la Machine, parce qu’il se montrait indifférent à vos avances ?

_ C’est vrai, les hommes d’aujourd’hui n’ont rien dans le pantalon !

_ C’est donc vous qui avez entrepris mon client et il n’y a donc pas eu viol !

_ Oh là ! Mais ça, c’était avant !

_ Avant quoi ?

_ Mais avant que je change d’avis !

_ Avant que vous ne vous mettiez en colère, parce que mon client n’avait pas une érection correcte ! C’est bien ça ?

_ Mais on dirait que vous me voyez comme une coupable… Or, je suis une femme… et donc une victime ! Ma parole est sacrée !

_ Elle n’a pas tout à fait tort ! insiste le juge, qui a fini son sandwich. Maître, si vous n’avez rien de plus pertinent à dire…

_ Il manquerait plus qu’il me traite de menteuse ! Hi ! Hi ! ricane la Machine.

_ J’affirme ici que la Machine a voulu se servir de la position éminente de mon client, pour s’élever socialement, mais qu’elle a été déçue, ce qui fait que maintenant elle porte plainte !

_ Oh ! s’écrie le juge.

_ Laissez, m’ sieur le juge, fait la Machine, je vais moi-même répondre à ce lascar ! Oseriez-vous prétendre, monsieur l’avocat, qu’une Femme puisse avoir de l’ambition, être égoïste et se montrer aussi mauvaise que l’homme ?

_ C’est en effet ce que je soutiens !

_ Oh ! s’indigne le juge.

_ Et voilà où mène le patriarcat ! coupe la Machine. Pendant des siècles, nous nous sommes laissé faire et on nous traîne maintenant dans la boue ! L’infamie totale !

_ La justice doit s’appuyer sur des preuves, nullement sur des humeurs !

_ Allons, allons, maître… Epargnez-nous les leçons d’ droit…

_ Mais puisque je vous dis que cet homme m’a violée ! Femme, victime ! Femme victime ! Chantez avec moi !

_ Femme victime ! Femme victime ! reprend le juge, qui se lève et qui sort un collier de fleurs. Hawaï ! Ma future destination de vacances !

_ Aloha, m’sieur le juge ! rigole la Machine, qui se met elle aussi à danser.

_ Mon client… s’efforce de dire l’avocat.

_ Votre client est coupable ! répond le juge, qui caresse ses fleurs en souriant.

_ Femme victime ! Femme victime !

_ Nous ferons appel !

_ Comment ? Je vous entends plus !

_ Femme victime ! Femme victime ! Ecoutez-les, m’ sieur le juge ! Elles sont dehors, des milliers, prêtes à réduire en charpie le violeur !

_ Je les entends, madame, je les entends ! Quel enthousiasme !

_ Il ne vous a pas violée, c’est vous qui l’avez manipulé !

_ La, la, la.. . »

 

révolution féminine féminisme égoïsme psy pouvoir

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire