Te Deom!
- Le 15/08/2020
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"Et si on allait voir le type qui a le cœur qui saigne!"
Peur sur la ville
"Bienvenue chers auditeurs de France à terre, pour cette soirée exceptionnelle aux arènes de Nippes! La nuit est douce et le public nombreux, même si les distances réglementaires sont respectées! Au programme le fameux Te Deom de Caramempier, remis à l'honneur par le patient travail de l'OED et grâce à l'aide financière de la région Narquoise!
On connaît l'œuvre, mais il est quand même bon de rappeler que le chœur est constitué de dix femmes, toutes des voix de dessus et qu'on trouve dans l'orchestre une viole, un violone, un serpent, un clavecin et des timbales, à côté des violons, des flûtes, des hautbois et autres trompettes! Car c'est toute la richesse de la Renaissance, tout un faste digne de Versailles que nous allons retrouver ce soir!
Alors le Te Deom est bien entendu un chant de louanges, d'adoration, mais il est dédié au Dom, dont nous découvrons peu à peu le personnage! Celui-ci est joué par le ténor Adrian Corban, qui, à cause d'une foulure, n'a pu se rendre à Milan; ce qui a fait l'affaire de Nippes, car le spectacle milanais chevauchait presque celui-ci! Nul doute que Corban, qui est guéri, aura de cette façon un brio incomparable, après ce repos forcé!
Pour lui donner la réplique, la soprano Maria Scheim, qu'on ne présente plus, tant elle est prisée par les connaisseurs! Disons simplement que Maria, qui était l'épouse du tempétueux chorégraphe Barinsky, eh bien , elle a vu son mariage battre un peu de l'aile... Il y a eu des choses pas très propres, qui ont beaucoup blessé Maria, ce qui fait que sa carrière s'en est trouvée ralentie! Allez, maintenant ça va mieux! Maria est revenue au premier plan et va encore nous régaler!
Que dire d'autre chers auditeurs, si ce n'est que le silence s'installe à présent et que la fête commence! Je dois l'avouer, j'en ai des frissons! Jamais peut-être les arènes de Nippes n'ont été aussi belles! On entend déjà le magnifique roulement de timbales, qui prélude cette œuvre merveilleuse et qui est d'une brûlante actualité, comme vous allez le comprendre! Mais chut! La beauté commande, la majesté s'exprime... et le matérialisme obéit! Le Ciel est femme! (Qui a crié lèche-cul? Qui?)"
Les timbales résonnent joyeusement et sur la scène, des filles et des garçons jouent naturellement à la balle... Puis, les trompettes explosent, pour annoncer la splendeur et les adolescents se retirent devant un carrosse doré, qui avance mécaniquement! Des feux de Bengale s'allument sur les côtés, tandis que le chœur apparaît dans l'ombre... Le Dom sort alors du carrosse, avec un habit étincelant et un chapeau à plumes! Il offre le bras à sa femme, qui descend à son tour, dans une robe somptueuse, tandis qu'un diadème scintille à son front! L'orchestre diminue en intensité et c'est la voix du ténor qui s'élève!
"Je ne sais rien! Je ne vois rien!
Ni la petitesse de la Terre, ni ma mort!
Alors comment je tiens?
Mais grâce à mon nombril, c'est lui mon confort!
C'est lui mon chien!
C'est lui mon effort!
Je suis le Dom!
Et partout je domine! Je dome!
Je bombe le torse et mon paquet!
Je suis ta chaîne!
Car c'est moi le meilleur, OK?
Sinon tu subiras ma haine!
La soprano: "Je suis la Dom!
Et je veux que les hommes soient fous
Des courbes de mon corps!
Je veux mille rendez-vous
Et qu'on me crie encore et encore!
C'est moi la Dom!
Et tout le jour je dome!
Car je ne sais rien! Je ne vois rien!
Ni la petitesse de la Terre, ni ma mort!
Alors comment je tiens?
Mais grâce à mon nombril, c'est lui mon confort!
C'est lui mon chien!
C'est lui mon effort!
Le chœur, accompagné des violons: " Nous te saluons le Dom! Nous te louons la Dom! Vous êtes le doux parfum des séraphins! Gloire à vous Doms! Gloire à votre puissance éternelle! Que votre royaume vienne enfin! Que votre égoïsme se répande sur la Terre! Que votre justice soit faite!
Nous te saluons le Dom! Nous te louons la Dom! Les anges vous entourent et les lumières du paradis scintillent derrière vous! Votre égoïsme foudroiera le fourbe, chassera le méchant, consolera l'opprimé! Il est le rédempteur, la clarté! Que les trompettes du Ciel résonnent, les Doms vont nous sauver!
Aie pitié le Dom! Pardonne la Dom! Regardez votre peuple perdu dans la nuit des souffrances! Aie pitié le Dom! Pardonne la Dom! Regardez l'homme dans la nuit du péché! Scintille ô tabernacle de l'égoïsme!
La musique continue, sans le chœur, mais pendant ce temps-là les Doms se sont changés et c'est le ténor qui revient en premier, la tête sous une capuche! La musique se transforme elle aussi et devient beaucoup plus cadencée, plus dure, martiale!
Le Dom: "Je suis le Dom voyou! Je n'aime que l'ombre, la fermeture!
Je n'ai que moi! Je me défends et j' combats!
La haine, le désordre, c'est ma pointure!
Je mets l'harmonie, la paix, la bonne volonté à bas!
Car ce n'est pas moi! Car ce n'est pas moi!
J' crève un youyou! J' tonds un golf! J'attaque la police!
Je brûle, je vole, j' rançonne sans émoi!
J' suis mon propre délice!
J' tue même! Car ce n'est pas moi! Car ce n'est pas moi!
J' suis le cœur! le centre du monde!
J' suis le Dom voyou!
La machine immonde!
Qui est You?
A jamais je mords!
Car ce n'est pas moi! Car ce n'est pas moi!
C'est la mort!
Et l'effroi!
Voilà mon tag!
Voilà mon bag!
J' vis en autarcie!
Voilà ma scie!
La musique est à nouveau plus douce, mais elle inquiétante, menaçante!
La Dom: "Je suis la Dom bourgeoise!
Je suis connue, le commerçant me salue!
Mais au fond je suis sournoise!
Et la haine est ma glu!
Partout je presse, je terrorise même!
Je veux qu'à mes désirs on s'emploie! Je veux voir qu'on m'aime!
Chacun est sous ma loi! L'affranchi me hérisse!
Je veux qu'il soit détruit! C'est moi l'actrice!
C'est pour moi les fruits! Mon maître est mon orgueil!
Pour lui je répands le sang! Je multiplie les cercueils!
A la pitié jamais je ne consens! Je suis la Dom bourgeoise!
Le commerçant me salue! Mais au fond je suis sournoise!
Et la haine est ma glu!
Le chœur: "Nous te louons le Dom! Nous t' honorons la Dom! Vous êtes la lumière des cieux! Vous êtes le chant éternel! le soleil radieux! Que votre égoïsme tout puissant vienne, avec tous ses anges! Gloire aux Doms! Gloire aux sauveurs!
Nous te louons le Dom! Nous t' honorons la Dom! Votre éclat est sans pareil! Vous êtes la justice, l'infini, l'espoir! Que les hommes se prosternent, car vous êtes la vérité! L'eau de vie coule par vos lèvres! Vous êtes la douceur, la consolation!
Aie pitié le Dom! Pardonne la Dom! Voyez nos erreurs, nos péchés! Redresse-nous le Dom! Aime-nous la Dom! Tous, nous vous adorons! Les anges vous couvrent de fleurs! Vous illuminez nos jours! Sans vous que ferions-nous?
Trois personnages rentrent en scène, vêtus de collants scintillants: "Qui êtes-vous? demande le Dom.
_ Nous sommes la beauté, la patience et la bonté! (Ils donnent leur nom chacun à leur tour!) Nous sommes les trois mains, les trois oiseaux, les trois flammes! (De nouveau ils parlent à la suite et ils dansent!) C'est nous qui donnons la paix, la joie, la liberté! C'est nous le secret, la lumière, le chemin! C'est nous qui aimons, respectons et consolons! C'est nous qui rendons fort, doux et humain!
_ Ouais! fait le Dom! Vous m'avez plutôt l'air de guignols!
_ Ils m'ennuient, rajoute la Dom! Ils me donnent même envie de vomir! Oh! là! là!
_ Elle a raison la bourgeoise! Allez, caltez de là, avant que je vous étripe! (Il menace les personnages, qui rentrent dans l'ombre!) Ouais, c'est beaucoup mieux comme ça! Je suis le Dom!
_ Je suis la Dom!
_ Je ne sais rien!
_ Je ne vois rien!
_ Ni la petitesse de la Terre!
_ Ni ma mort!
_ Alors comment je tiens?
_ Mais grâce à mon nombril!
_ C'est lui mon confort!
_ C'est lui mon chien!
_ (Ensemble!) C'est lui.... mon efff... fffort!"
"Voilà! Le public est debout! C'est une formidable standing ovation pour les deux interprètes! Elle est méritée, car le spectacle a été extraordinaire, chers auditeurs de France à terre! Je suis abasourdi, vaincu, bluffé! Et il n'y a pas que moi! Ecoutez-moi ces hourras! C'est maintenant une ola à couper le souffle! On jette des fleurs sur la scène! Maria les ramasse, car elles sont pour elle, la sublime!
Oui, Maria, je t'aime! Qui a crié pauvre fou? Qui?"
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