On se flatte!

  • Le 04/04/2020
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Sur le foot 1

 

 

 

                                                                                                  "Va dire ça à Takagi!"

                                                                                                         Piège de cristal

 

 

    Une fois n'est pas coutume, nous allons raconter un fait intime et lié à notre enfance! Nous restons cependant persuadé que le "linge sale" doit être lavé en famille et même nous ne croyons guère aux règlements de compte! Ils sont vains, d'autant que les sentiments sont forts! Autrement dit, "ceux qui ne veulent pas voir ne verront pas", etc.! Mais l'exemple que nous allons donner aidera à mieux faire comprendre qui nous sommes, ce que nous voulons dire et le regard que nous avons sur la crise actuelle!

    C'est un repas de famille, élargi aux oncles et aux cousins... Au-dessus de la table règne un joyeux brouhaha! Au plaisir de se revoir s'ajoute l'effet de la bonne chère et du vin! Nous-même ne participons pas vraiment aux discussions, car notre caractère fait que nous recevons les choses profondément! Nous devons attendre qu'elles nous livrent toute leur portée, ce qui nous rend peu expansif... Mais nous n'en sommes pas moins du même bois que les autres et pour le moment, nous nous laissons bercer par un ample sentiment de bien-être, produit par la chaleur humaine ambiante!

    Soudain, notre mère nous demande de tendre notre assiette, parce qu'elle vient d'apporter un nouveau plat! Comme c'est elle la cuisinière et qu'elle a déjà beaucoup de travail, nous nous empressons d'obéir! Mais, sans que nous comprenions pourquoi, elle ignore à présent l'assiette que nous tenons à bout de bras! Puis, elle finit par s'adresser à d'autres et les sert! Nous n'avons plus qu'à revenir à notre position initiale!

    Personne n'a rien vu! Mais on nous a percé le cœur en plein soleil! Une profonde tristesse nous envahit, d'autant qu'autour la joie continue! Nous sommes tellement choqué que nous ne songeons même pas à réagir! D'ailleurs, comment arrêter pareille fête, sans que notre intervention ne tourne à notre désavantage? Ne serait-ce pas nous, en nous distinguant, qui accordons trop d'importance à notre petite personne?

    Nous ne le comprenons pas encore, mais nous venons d'être chassé de la famille humaine! Nous n'en prenons pas encore conscience, mais notre vie ne sera plus comme avant! Cet incident n'est pas isolé, mais il va se répéter des milliers de fois, sous des formes différentes! Son effet est pourtant toujours le même: on nous fait mal sans être coupable! Quelle est donc alors la valeur de notre souffrance? Pour en débattre, nous fuyons la maison vers la campagne et nous prenons le ciel à témoin de notre peine! Nous nous réfugions dans la nature, où, lasse de son cri, notre cervelle trouve enfin le repos!

    Il va nous falloir toute une vie, pour comprendre le geste de notre mère! Il va nous falloir toute une vie même pour en retrouver toute l'injustice, car entre-temps le doute n'a pas cessé de nous miner! Il va nous falloir toute une vie, pour dégager le phénomène de la domination, car l'attitude de notre mère n'a rien d'exceptionnel, mais au contraire c'est la plus commune! Et aujourd'hui nous pouvons dire ceci: la société est comme notre déjeuner de famille! Il y a ce qui se passe au-dessus de la table... et en dessous! Il y a ce qui est visible et ce qu'on ne veut pas voir!

    Mais revenons à notre exemple... Notre mère, qui est la maîtresse de maison, s'attend à attirer l'attention, en apportant son nouveau plat, mais l'entrain est tel que cette arrivée reste inaperçue! Au lieu de s'en réjouir, car cette indifférence témoigne du bonheur des convives et donc d'un repas réussi, notre mère en prend ombrage, car ce qu'elle veut absolument, c'est d'être le centre d'intérêt!

    Elle n'a cependant pas la force d'interrompre les conversations, mais par contre elle n'a aucun mal à nous alerter, puisque nous sommes en retrait, méditatif! Là, elle nous blesse par son mépris, ce qui lui fait retrouver tout le sentiment de son pouvoir, de son importance, et elle peut alors de nouveau s'imposer aux autres! Elle s'est donc servi de notre douceur et de notre bonne volonté comme d'un marche pied!

    C'est infâme, mais cette explication a l'éclat du diamant et en effet, pour la faire venir au jour, nous avons passé de longues années à creuser comme une galerie, où notre sueur s'est mêlée à nos larmes!

    Mais, dans la vie de tous les jours, ce qui est "au-dessus de la table", c'est notamment ce que nous montrent les médias! C'est au fond la présentation de la société par elle-même! C'est le flot des événements, qui nous décrit telles des abeilles butinant le champ des initiatives, afin de constituer le miel du bien!

    Certes, nous parlons aussi du crime et de la noirceur de l'âme humaine, mais en ne nous sentant nullement concernés! C'est ce qui fait que personnellement, devant un journal, nous avons toujours l'impression d'être dans un éternel terrain de camping!

    La science, elle aussi, est "au-dessus de la table", puisque, notamment, elle affirme au malheureux, ou au dépressif, que rien ne vaut une bonne thérapie! C'est comme si, lors de notre déjeuner familial, on nous avait donné une grande claque dans le dos, en nous disant: "Vous m'avez l'air bien triste, mon vieux! Je vais vous donner un conseil: dans la vie, faut savoir se détendre ou s'amuser, après il est trop tard! Croyez-en mon expérience!"

    Dans ce cas, qu'aurions-nous pu faire, sinon sourire et opiner?

    Pourtant, nous savons désormais que c'est "le dessous de la table" qui est le plus important, car c'est en lui que s'établit notre soi-disant équilibre! C'est en marchant sur les autres qu'on a le sentiment d'exister! C'est les mille petites satisfactions de son égoïsme qui animent l'homme, telles les ficelles d'une marionnette!

    Avant le virus, de notre côté, nous clamions que "la coupe était pleine"! que la domination était arrivée à saturation! qu'elle était partout, sans aucune limite! à croire que nulle bonne volonté n'existât! Nous avons même dit, à la fin de la chronique On méprise, que seuls une guerre ou un cataclysme pourraient réveiller les consciences!

    Nous n'y pensions pas sérieusement, bien entendu, car c'est bien du malheur, comme actuellement! Mais il n'empêche que le cataclysme s'est bien produit, après un départ sur des pattes de velours, pourrait-on dire, jusqu'à ce cauchemar éveillé que nous connaissons tous désormais!

    Comment se fait-il qu'il y en ait si peu pour être d'emblée horrifiés par la cruauté et le mensonge? Comment se fait-il que tant se laissent entrainés dans le courant de l'orgueil et du mépris?

    Mais prenons un autre exemple qui ne va pas, lui non plus, au-delà des apparences et qui pourtant paraît merveilleux: celui des ovations vespérales, dédiées au personnel soignant! Attention! Loin de nous de montrer de l'hostilité à l'égard de ce moment, car la plupart y remercient sincèrement ceux qui combattent sur "le front de la mort" et qui disent combien cet hommage leur est un soutien touchant!

    Ensuite, cette manifestation est libératrice; elle fédère, encourage et calme les impatiences; mais, néanmoins, nous n'y participons pas, car, malgré toutes ces bonnes qualités, on est encore là "au-dessus de la table"; c'est même un moyen quasi inconscient, pour ne pas se voir tel qu'on est! En tout cas, la réalité, elle, respire toujours l'humidité de la cave!  

    Car que se passe-t-il vraiment dans les hôpitaux? On n'y est pas comme dans une série américaine! Il y a effectivement là des gens dévoués, qui se sacrifient même, qui affrontent avec courage leur peur, qui avec presque rien font des miracles! Mais d'autres, en cette occasion, affirment leur supériorité, humilient des collègues ou des malades, conduisent les choses à la baguette et il ne peut pas en être autrement, dès que sont ensemble des êtres humains!

    C'est peut-être Macron qui, le premier, a idéalisé le personnel soignant, plus ou moins volontairement! Dans un de ses discours, au début de l'épidémie, il dit: "Mais permettez-moi d'abord de saluer ces héros à blouses blanches..." C'est comme s'il avait brandi un bouclier de lumière et par la suite, il est quasiment impossible de critiquer son propos, puisque cela reviendrait à franchir une barrière "sacrée"!

    A tout prendre, nous préférons la prière Urbi et Orbi du pape, qui va plus loin devant une esplanade vide! Le pape insiste davantage sur la valeur des sans-grade, des obscurs, mais surtout il parle d'un monde perdu et malade, bien avant le virus, au point que celui-ci devra se "réorienter"!

    Mais posons-nous cette question... Qu'est-ce qu'il y a de plus difficile et de plus courageux? Se dépenser sans compter pour un travail, qui nous donne d'autant plus d'importance que le risque est grand, ou bien accepter l'ombre et les coups, pour ce qu'on croit être la vérité?

    Ce n'est pas la peine de mettre la cafetière en route, car notre amour-propre est plus important que le football! Pour s'en rendre compte, il suffit de montrer au dessus de la table son dessous! La réaction est toujours la même! C'est le dragon de la haine qui se réveille et qui crache toutes ses flammes!

    Il a peur, car son monde s'écroule! Il est même capable du meurtre, comme dans le cas de Jésus! Pourtant, il n'y a pas de paix, ni de véritable bonheur, si on ne veut pas tout voir! On ne construit rien de solide sans fondations, sans le "dessous de la table"!

    La domination est une chimère, mais on refuse de s'en rendre compte... Au contraire, on s'inquiète, on s'irrite, on menace dès qu'elle est freinée, et ainsi s'oppose-t-on aujourd'hui au confinement! Car le virus est en train de réussir ce dont aucun homme n'est capable! Il est comme une main gigantesque, qui serre la nuque de l'humanité et qui l'abaisse, de sorte que cette dernière soit contrainte de douter et enfin d'arrêter son "cirque"!

    Certes, c'est une force aveugle, mais il n'en demeure pas moins qu'elle a balayé toute domination en quelques jours! Il est possible que la peur devienne telle qu'on renonce à tout orgueil et qu'on se mette à chercher! On fuira l'hypocrisie quotidienne, le "dessus de la table", car son impuissance sera patente! On reconsidérera ce qu'on a méprisé, piétiné! On sera humble, on écoutera! Car on voudra un véritable espoir! Que l'on songe à toutes ses vies soudain arrêtées, alors que hier encore elles grondaient pour leurs retraites!

    Evidemment, on ne peut pas vouloir que le mal empire, même au nom de la justice! Et que vaudrait notre propre message, si notre bonheur dépendait de la destruction de nos adversaires? Nous serions un tyran, ni plus ni moins! Mais, tout de même, on est arrivé à nous faire croire qu'un monde sans Dieu est souhaitable, sinon possible! La foi est devenue ringarde, synonyme d'obscurantisme et de naïveté!

    Est-ce le cas? Très vite, les premiers hommes se sont retrouvés devant un problème incroyable, quasi absurde! A mesure qu'ils s'éveillaient, ils devaient se rendre compte qu'ils allaient mourir! Naturellement, logiquement donc, ils ont imaginé une vie après la mort et même une conscience supérieure, puisqu'ils n'avaient pas toutes les réponses!

    Plus la civilisation progresse et plus l'individualité devient riche et complète et la mort de plus en plus abstraite! Il y a donc un risque: c'est que l'individu, homme ou femme, jeune ou vieux, veuille se suffire à lui-même, de sorte qu'il se développe en soumettant les autres! Ainsi, il règne en échappant à l'angoisse de ses ancêtres! (La mort, qui est la différence ultime, n'existe plus!)

    Mais c'est une maladie, que ni la science, ni les lois ne peuvent enrayer! Ce n'est qu'un pis aller, car la vie en commun est impossible: soit l'autre est esclave, soit il est haï! Notez que même avant le virus nous étions incapables d'être heureux, ni de montrer de la stabilité: crise de 2008, Gilets jaunes, opposition à la réforme des retraites, haine des femmes, etc.! Nous sommes pourtant débarrassés du devoir de protéger le territoire et nous avons tout le confort matériel!

    Aujourd'hui, nous affirmons haut et fort, dans nos chroniques, qu'il n'y a pas de véritable équilibre sans foi! Tous ceux qui soutiennent le contraire n'ont que la domination pour raison de vivre, fussent-ils engagés dans une lutte sociale! Mais cela veut aussi dire que, quand ils vous parlent et vous regardent dans les yeux, ils sont debout sur leurs victimes!

    C'est pour dénoncer cela que nous sommes né, car c'est notre vérité!

 
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