On hait!

  • Le 29/02/2020
  • 0 commentaire

On hait

 

 

 

                                                   "Pardonnez-leur, Seigneur, car ils ne savent pas ce qu'ils font!"

 

 

    Nous avons remis le nez dans notre évangile! Nous l'avions rangé dans un coin obscur et il nous importait peu que le temps jaunît ses pages, car nous avons détesté ce livre et nous en avons même eu peur, tellement il nous a fait de mal! Alors pourquoi le ressortir et revoir certains passages? Sans doute parce que nous avons bien mûri nous-même et que nous sommes dorénavant apaisé... Et puis notre réflexion nous a subitement éclairé sur des paroles de Jésus, comme si notre périple nous permettait enfin de les comprendre!

    Pourtant, nous continuons à regarder avec méfiance ces écrits... Disons que notre fragilité psychologique nous impose la prudence, car il ne s'agirait pas de recommencer à se blesser! Mais nos souffrances anciennes, le message de Jésus et la situation actuelle, qui confine à la folie, tout cela est profondément lié et a la même logique, même si les mots changent!

    Bien entendu, nous retrouvons, pour l'occasion, des dialogues que nous n'avons pas pu oublier, mais nous sommes surpris par la fermeté, l'autorité de Jésus, car, dans nos souvenirs, il semblait ne parler que de paix, de pardon, comme s'il n'avait été qu'un fleuve de patience, et voilà qu'il apparaît vif, tranchant, martelant ses propos, mettant en garde et surtout, surtout faisant une nette distinction entre ceux qui suivent son enseignement et qui sont donc de son côté, si on peut dire, d'avec ceux qui lui sont hostiles, qui refusent de le comprendre et qui seront finalement rejetés! Nous allons y revenir, car c'est une histoire de seconde naissance, au propre comme au figuré!

    Mais, étonnamment, le mot qui apparaît peut-être le plus dans l'Evangile est celui d'hypocrite! Tous ceux qui viennent "discutailler" avec Jésus ou le défier sont très vite qualifiés d'hypocrites et avec raison! Hypocrites sont les pharisiens (les bourgeois), hypocrites sont les docteurs de loi (les prêtres, les savants), les scribes, les marchands (les prolétaires!), etc.! Ainsi on pourrait dire aujourd'hui: hypocrite est la gauche et surtout l'ultra gauche, avec son monde de Macron! Hypocrite est la droite et surtout l'extrême droite, avec ses épouvantails que sont particulièrement les étrangers! Hypocrites sont les psys de tout poil, qui vivent encore dans le monde de Candy (le sexe en plus, si on veut; c'est le vernis adulte!)! Etc.!

    En fait, Jésus revendique le droit d'être sans mensonges, d'être au fond soi-même, loin de la bêtise et de la noirceur du troupeau; loin de ses craintes et de sa lâcheté. C'est une "sacrée" chance; c'est un véritable air frais (même en cette saison!)! Car on pourrait croire que le "Fils de l'homme", avec sa "manie" de pardonner, sa compréhension infinie, finît par se laisser grignoter et en ce qui nous concerne, c'est vraiment à force de nous plier devant le mal que nous nous sommes détruit le plus profondément! Donc, il n'y a aucune crainte à tracer une ligne entre tous ceux qui vivent dans la boue, par égoïsme, et nous-mêmes! Il y a le jour et la nuit! Respect pour soi, tête haute et vous allez voir le mensonge dans toute sa laideur et son trouble! 

       Mais pourquoi Jésus parle-t-il autant d'hypocrisie? Comment peut-il avoir assez d'autorité pour ne jamais s'en laisser conter, alors que les jérémiades, ne serait-ce qu'elles, sont légions?  Mais c'est parce qu'il parle du phénomène de la domination! "Je l'aurais parié!" s'écrient sans doute quelques uns d'entre vous! Mais Jésus décrit bien le sujet de nos chroniques et celui-ci n'a rien à voir avec un point de vue, une opinion: c'est un fait et le fruit d'une expérience, qui peut se vérifier tous les jours! Voilà pourquoi Jésus ne tergiverse pas et provoque la haine, l'immense haine de l'hypocrisie!

    Mais commençons par le commencement, par un thème qui ravira petits et grands et qui est toujours aussi calme et neutre: la famille! Voici ce que Jésus en dit en passant, selon Matthieu: "Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur Terre... Car je suis venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère... et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi, etc."

    La joyeuse ambiance! Rappelons tout de même que chaque évangéliste avait aussi ses propres intérêts et donc sa façon de rapporter les propos de Jésus, mais on peut tout de même se fier à un esprit général, qui ici met l'accent sur la division!

    Pour bien comprendre ce qui se passe, il faut d'abord se représenter la domination... Elle est évidemment présente chez les parents, car ce sont eux qui créent et dirigent la famille... Les enfants sont d'ailleurs élevés dans le respect qu'ils doivent aux adultes; cela fait partie de leur apprentissage! Mais, si la domination devient une fin en soi, elle empêche le développement des enfants, car l'adulte se nourrit du pouvoir qu'il exerce sur eux et qu'il ne veut surtout pas perdre! Les enfants sont alors maintenus dans la dépendance, au moyen de la peur que l'on implante en eux! Tel père ou telle mère joueront de leurs menaces, aussi précisément qu'un organiste!

    Il arrive qu'un enfant se rebelle, parce qu'il se sent à l'étroit, et il se heurte alors particulièrement au parent dominant, qui en réalité commande toute la famille! Ce que ne comprend pas l'enfant, mais ce qu'il sent, c'est que la domination dont il est la victime est injuste, puisqu'elle est égoïste et écrasante, puisqu'elle le fait souffrir et ne le rend pas heureux! C'est la douleur qui se révolte!

    Mais l'enfant qui tient tête au parent dominant ne fait pas le poids! Comme la troupe est tenue par la main de fer de la peur, elle saura se mobiliser contre l'élément qui la menace! La famille se transforme en machine à broyer! L'enfant qui n'aura voulu qu'un peu de vérité, face à l'hypocrisie de la domination, celui-là ne ressortira pas bien entendu indemne de son combat, bien au contraire! Il aura l'impression que c'est lui le méchant, l'incapable, le monstre et il ne saura doser ses efforts futurs, puisqu'il se méfiera de lui-même! Entre de telles mains, on le comprend, l'Evangile peut être éminemment destructeur!

    Jésus est dans une situation exceptionnelle et elle explique sans doute en partie son destin fulgurant! Car il n'a pas à affronter la domination de ses parents... Sa mère, notamment, ne s'offusque pas de perdre le contrôle de son fils... Cela ne l'alarme pas, ne suscite pas sa haine, car Marie veut d'abord aimer Dieu, lui plaire et non pas être la fin d'elle-même (ceci est peut-être symbolisé par l'Immaculée conception...)! Qu'on se rappelle le fameux épisode du Temple, où Marie et Joseph retrouvent Jésus, le croyant perdu, alors qu'il ne fait que discuter tranquillement avec les docteurs de la loi! Ceux-ci diront aux parents de Jésus qu'ils ont un fils très intelligent, car ils ne savent pas encore qu'ils viennent de croiser celui qui va devenir leur pire ennemi!

    En ce qui nous concerne personnellement, nous sommes toujours le raté de la famille, son poids mort, sa honte! Nous sommes un gouffre d'égoïsme, alors que c'est justement ce que nous dénonçons dans la domination! Notre développement n'a pas donc pu être direct, comme celui de Jésus, mais, ce qui est le plus souvent le cas, il s'apparente à une longue courbe, à une patiente reconstruction, à une découverte progressive, à une lutte constante contre la dépression; car nous n'avons jamais dévié de cap; nous avons persévéré coûte que coûte, pour ce que nous avons toujours cru juste!

    Notre nuit a été longue et remplie de chagrins! Nous avons tellement erré que nous sommes tombé malade! Il serait vain ici d'essayer d'expliquer nos souffrances et tous ceux qui ont vécu une situation exceptionnellement dramatique y renoncent également, car, à partir d'un certain stade, les mots deviennent impuissants! Toutefois, nous portons toujours les séquelles de notre lutte psychologique et nous veillons encore à notre guérison... Mais l'heure de la récolte a sonné! Nous recueillons enfin les fruits de nos efforts! C'est la lumière après la nuit, ce que ne connaîtra jamais la domination, et ceci nous conduit à la phrase la plus énigmatique de Jésus, selon nous: "Celui qui perdra sa vie pour moi la trouvera! Et celui qui voudra la garder la perdra!" C'est "l'arme fatale" contre la domination!

    Mais qu'est-ce perdre sa vie? Ce n'est pas bien entendu souffrir volontairement, ni se macérer, ni encore moins se suicider! Il ne faut pas prendre Dieu pour une entité sadique ou délirante! Il faut plutôt le regarder comme un être doué de la plus grande raison et qui a créé des individus pensants, donc destinés à être libres! ("Il n'y a nulle contrainte en religion!", sourate 2 et 22! Que Mahomet, pour avoir dit cela, soit notre maître, puisque la liberté n'en a pas!)

    Au fond, évidemment, ce que veut Dieu, c'est notre bonheur; il ne saurait en être autrement! Mais celui-ci est tout de même le fruit d'une maturation; rien ne saurait être immédiat dans la matière! Perdre sa vie, c'est pour nous suivre l'enseignement de Jésus, avec l'amour de Dieu au cœur; c'est faire confiance et cela se résume principalement à s'exercer à la patience; c'est grandir, c'est quitter le stade infantile, celui de l'égoïsme et de la réaction animale!

    C'est d'éteindre la haine en soi, l'impatience! C'est chercher, c'est douter, c'est de toujours essayer de respecter l'autre! C'est de ne pas avoir peur d'être lésé; c'est d'étendre sa compréhension, grâce à sa foi; c'est tout sauf vouloir dominer, s'imposer, triompher, être remboursé!  Ce n'est pas compter, être obsédé par sa personne! Ce n'est pas vouloir le monde comme sa chambre d'enfant! Ce n'est pas le pouvoir!

    Perdre sa vie, c'est encore regarder les autres, tous les autres réussir, passer devant et avoir droit au chapitre, alors que soi-même on a l'air d'un imbécile ou d'être inerte, parce qu'on ne comprend pas ce qui se passe! On est souffrant, parmi les rires, les assurances, les moqueries, les victoires! On ne sait pas, à côté de la vitesse, de la richesse, de l'éclat, de la facilité! On est lourd, embarrassé par ce qu'on croit être la vérité ou la justice; on est besogneux et on a peur; il semble que notre nuit soit sans fin; alors que la domination prend, s'amuse, est à l'aise, en apparence, car son chemin est celui de son égoïsme: il n'est pas ambigu, il est celui de l'enfant: ou bien il est satisfait, ou bien il hait! Et c'est justement cette haine, dont on peut-être l'objet, qui indique que soi-même on a trouvé sa vie!  

    Car il y a dans l'Evangile un étonnant paradoxe! Voilà un homme qui prône la paix, le pardon, qui ne réclame même pas le pouvoir et qui pourtant, partout où il se trouve, lève contre lui une haine furieuse, démente, jusqu'à ce qu'on veuille le tuer; même dans son village natal, par la lapidation! 

    C'est cette même haine dont nous parlons dans nos chroniques et qui s'attache à nos pas, comme les rats derrière celui qui les envoûte! Comme les lois ont évolué, quoique la violence gagne chaque jour, nous nous amusons plutôt de cette haine, car elle est le cri silencieux de notre vérité; c'est un hommage involontaire du mensonge! La domination dit qu'elle n'existe pas et pourtant elle a besoin de nous; ce qui n'est pas réciproque! "Trouver" sa vie, c'est ne plus avoir besoin de dominer!

    La domination ne supporte pas notre indifférence, car elle se nourrit de son importance! Mais on ne lui doit rien! C'est l'égoïsme qui hait, car on ne s'occupe pas de lui! C'est le bébé qui continue de crier, qu'il soit jeune ou vieux, homme ou femme! Et c'est pourquoi Jésus parle bien d'une nouvelle naissance, car, à lutter contre sa propre domination, on développe sa conscience et on devient entièrement soi-même, sans cette bulle constituée par l'égoïsme! Les propos de Jésus ne sont pas imagés, ils correspondent à une transformation bien réelle! 

    Celui qui ne quitte pas sa domination reste tel un fœtus, qui veut phagocyter le monde! ("Vous savez, les Vulcains, en voyant cette amibe s'approcher, ont éprouvé un sentiment qui leur était étranger...

    _ Lequel, monsieur Spock?

    _ La peur! capitaine Kirk!")

    Aujourd'hui cependant, nous récoltons nos fruits d'or! Nous ne sommes ni riche, ni connu, mais nous avons beaucoup mieux! Notre foi chante en nous!  Nous connaissons l'amour de Dieu et il nous met dans l'allégresse! Voilà le résultat de notre nuit! Voilà un sujet d'étonnement pour tous!  

     Nous sommes léger, quand les autres sont prisonniers de leur chaînes et de leur hypocrisie! Nous voyons comment ils se détruisent, à cause de leur aveuglement! Ils font leur propre malheur! Ils suent sang et eau, pour sauver leur égoïsme, leur amour-propre! Rappelez-vous: "Celui qui voudra garder sa vie la perdra!"

    Nous admirons la vie, la beauté infinie de la nature et nous trouvons les hommes fous! Il n'est pas demandé grand-chose à chacun, mais c'est déjà trop pour le dominant! Or, la foi n'est pas une réalité sombre et rien ne doit être caché! Nous fêtons la lumière!

 
  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire