On écrase le petit!

  • Le 17/08/2019
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On ecrase

 

 

     Nous regardons notre banquier couper avec ses ciseaux notre carte bancaire... C'était il y a longtemps! A l'époque, nous étions très jeune et nous suivions un gars plus mûr, pour apprendre et parce que nous étions perdu! Nous étions à la recherche de nous-même et aussi de la vérité; c'était le début d'une longue quête et notre cerveau était encore bien confus!

    Notre compagnon nous avait entraîné dans une affaire de restauration rapide, parce qu'il était à l'origine cuisinier... Notre duo avait acquis un camion de frites et avait même obtenu un prêt! Pour notre part, nous avions l'impression d'être dans un mauvais rêve... Tout nous semblait une corvée et nous n'avions aucun goût pour cette activité! Nous étions au fond très malheureux et très tourmenté! Notre rapport à l'argent était dans le même brouillard et nos dépenses dépassaient largement nos moyens!

    Il s'agissait avant tout de ressentir un peu de bonheur, car notre duo était sale, misérable même et vivait dans le camion. L'hiver, la condensation s'égouttait du toit et mouillait nos sacs de couchage! Le sol était graisseux et le client rare! Notre compagnon n'était pas plus doué que nous pour le commerce... C'était au fond un rêveur et il avait l'art de se mettre tout le monde à dos! Le camion allait de galère en galère et ses passagers ne cherchaient qu'à s'évader, notamment devant une bonne table, dans un endroit chaud! Mais rapidement l'argent s'en allait et notre banquier a donc mis fin à notre folie!

    Mais même ainsi il nous a fallu des années, pour comprendre la leçon! C'est l'angoisse qui nous a conduit à la rigueur budgétaire! Nous ne voulions plus  des relevés frappant comme la foudre, ni des distributeurs refusant notre retrait! Même les frais bancaires, suite à une défaillance, nous semblaient insupportables! Patiemment, nous nous sommes mis à compter et cela allait de pair, bien entendu, avec notre apaisement général, car il est vain d'espérer se régler si on reste tourmenté!

    Mais aujourd'hui nous pouvons remercier notre banque... Nous connaissons la règle; c'est celle des chiffres: un euro, c'est un euro! C'était cela le trésor, la grande qualité, la sagesse de notre banquier et nous sommes maintenant à sa hauteur! Ouf! Ce fut dur, mais ne nous ne boudons pas notre plaisir, notre tranquillité d'esprit!

    Pourtant, quelque chose cloche... Nous avons dû mûrir plus qu'il n'était nécessaire, car nous découvrons avec horreur et dégoût que les banques elles-mêmes ignorent la règle, quoiqu'elles l'imposent aux petits sans pitié! Nous ouvrons les yeux sur un monde encore plus pauvre et misérable que notre camion de frites, car il est voleur, menteur, lâche et arrogant!

    Plus nous regardons les banques et la finance, ce qui revient encore à considérer les gouvernements et leur politique, puisque le pouvoir lie nécessairement et à loisir ces deux pôles, plus nous plongeons dans un abîme et désespérons de la nature humaine! Le puissant écrase le faible, mais lui se protège! Il commande, il fait la leçon, mais lui ne sait pas se conduire et il enfreint les règles! Le petit doit tenir dans son enclos, quand le puissant piétine toutes les interdictions! Ceux qui actuellement sont les maîtres vivent malhonnêtement et leur domination est donc illégitime!

    Mais efforçons-nous d'abord de prendre de la hauteur, pour mieux voir le cours des choses... Après la guerre, l'Europe est à reconstruire... On relance l'économie et le "vieux monde" se solidifie, se refroidit pourrait-on dire, notamment grâce à des accords commerciaux, car il n'est plus question de contester des frontières, ni d'envahir son voisin!

    En 68, une génération, qui n'a pas connu la guerre, réclame une totale liberté: c'est le début de la société de consommation telle que nous la connaissons! C'est le monde moderne qui apparaît, avec deux idéologies qui s'affrontent: le libéralisme et le communisme et sur le terrain, cela donne la guerre froide.

    En 81, la gauche repasse pour la première fois au pouvoir depuis la guerre et ses valeurs sont encore fortes, puisque des banques et de grandes entreprises sont nationalisées! Mais le gouvernement, durant son mandat, apprend que la justice sociale demande une économie forte et la droite plus tard, avec l'alternance, comprendra qu'un pays dynamique est en paix avec lui-même et qu'on ne peut donc pas balayer les acquis sociaux!

    En fait, c'est un libéralisme contrôlé, raisonné, qui devient la seule idéologie possible, car il permet a priori à chacun de se développer. Le communisme, qui voudrait une chance égale pour tous, ne peut pas échapper à la tyrannie et à la corruption, car il lutte de front contre la nature humaine. Primitivement, les hommes ont besoin de dominer et de se sentir supérieurs les uns aux autres, et on ne peut pas changer par la force l'instinct, quoiqu'il soit possible de le faire évoluer. C'est donc le libéralisme qui s'étend, quand l'Empire soviétique s'écroule! C'est la liberté et l'argent qui sont encore les moins mauvaises voies! (Notez qu'aux dernières élections présidentielles, en France, disparaissent les partis!)

    Le vingt-et-unième siècle devait consacrer cette façon de vivre, or deux coups viennent la mettre à bas! Le 11 septembre 2001, les Twin Towers sont pulvérisées! Le capitalisme est frappé au cœur, par le terrorisme islamiste, qui montre le pire dont est capable le dogme, car lui aussi est sujet à la domination! S'il ne contrôle pas, il détruit! L'existence de la conscience devient absurde... Le deuxième coup est la crise de 2008, celle des Subprimes, durant laquelle les gouvernements vont avoir une sorte d'"action communiste" auprès des banques; d'abord pour éviter la panique de la rue, mais aussi pour se sauver eux-mêmes, car c'est tout le système qui est menacé!

    Le résultat, c'est que les banquiers ont été préservés et qu'ils n'ont pas éprouvé toutes les conséquences de leurs erreurs! Ils ont donc gardé leurs illusions et la leçon qui dit que un dollar, c'est un dollar n'a pas été assimilée! Il eût fallu les traiter comme les petits, pour espérer les voir changer!

     Cependant, si l'idéologie libérale continue à vanter ses qualités, c'est en réalité un fantôme, un mort-vivant qui s'adresse à nous! Incapable de se maintenir, le système eût dû disparaître! Le monde de la finance n'est plus qu'un spectre qui, s'il continue de fonctionner, ne peut plus être crédible, même si sa voix est celle excitée de Trump!

    A la place des tours puissantes des banques, il devrait y avoir un chantier abandonné, envahi par les herbes, avec le panneau rouillé d'une cité radieuse, qu'on n'aurait pas pu finir, faute de moyens! Mais le décor du pouvoir est resté en place! Sa vitrine est toujours impeccable et son message dit encore: "Nous sommes responsables! Nous sommes des gens sérieux et sages et c'est pourquoi nous dirigeons!  C'est nous qui comprenons la vie et lui donnons un sens!" Mais des prisonniers purgeant de longues peines auraient l'air moins menteurs!

    Car il ne faudrait surtout pas croire que la crise de 2008 fût accidentelle! Tout au contraire, elle est le fruit logique d'un comportement et comme celui-ci n'a pas évolué, il faut s'attendre à d'autres catastrophes! Il n'y a pas de "mondialisation heureuse", car en vérité la fraude est nécessaire aux banquiers! Ils ne peuvent vivre sans elle, puisque leur joie est de dominer!

    Répétons-le, même au risque de fatiguer, mais la domination nous vient du règne animal, où elle est inhérente à l'individualisation des espèces! Aussi l'homme qui ne fait que dominer vit-il comme un animal! Mais là n'est pas le plus grave!

    Du fait de notre conscience, nous découvrons notre condition dans l'Univers et nous ne pouvons pas ne pas être sujets à l'angoisse, comme toute créature face à la nouveauté! En fait, chaque jour,  nous devons avoir le sentiment d'un progrès, sinon nous perdons le sens de notre valeur et nous devenons la proie de l'anxiété! C'est le chemin de la dépression!

    Mais si c'est la domination qui assure notre équilibre, il nous faut donc dominer coûte que coûte et cela ne peut que conduire à la tyrannie! Des parents écraseront leurs enfants et des marginaux feront même souffrir leurs chiens! Mais, chez les banquiers, la domination se mesure bien entendu à l'aune des bénéfices! Ce sont eux qui sont synonymes de victoires! Mais comment les multiplier, avec toutes ces réglementations, quand le vide de nos vies nous talonne?  

    On va donc chercher à s'enrichir le plus vite possible... et on crée par exemple les Subprimes! On sait qu'au fond c'est malhonnête et qu'on va finir par mettre à genoux le "pauvre type" que l'on a devant soi; mais il y a l'appât du gain et surtout le pouvoir qu'il procure! Pour se faire rembourser tout aussi rapidement, on met les créances en bourse; ça pue à des kilomètres, mais c'est juteux! On n'attrape pas les diamants parmi les primevères, mais on envoie des gars dans la boue!  

    Pour les vendre, on habille les créances et on a recours à des doigts de fées, à des cerveaux, à des magiciens de la finance! Il faut séduire; il faut que le gogo se sente sérieux, de la partie! Il faut qu'il se croie l'égal des plus grands, à la hauteur de l'Oncle Sam! On vante le produit d'un côté et on le brade de l'autre! On manipule les marchés, ainsi que des voyous au coin de la rue! On est les maîtres du monde, le gogo également et l'angoisse est vaincue! On sable le champagne, en rigolant d'elle; alors qu'elle arrive tel un ouragan et qu'elle détruit tout, comme un château de cartes! On appelle au secours, car au fond on n'est rien qu'un bébé!

    La fraude est nécessaire à la domination de l'argent, voilà la leçon de 2008 que les gouvernements ont étouffée! En février 2019, UBS est condamnée par la France à une amende record de près de quatre milliards! La banque suisse a fait appel bien entendu, mais elle avait organisé tout un réseau permettant l'évasion fiscale: c'est le fameux "carnet du lait", qui considère que l'on peut traire notre pays! (Presque tous les anciens joueurs de football de 98 sont impliqués... La méthode de corruption est la suivante: la banque organise un événement, on s'y détend, on y fait connaissance et on finit par parler de la santé du compte!)

    Ce qu'on voit est superficiel et la partie la plus sombre, la plus monstrueuse, c'est la finance offshore, qui, une fois n'est pas coutume, montre quasiment la France comme le village d'Astérix, entouré par les Romains! Nous agaçons les Américains par notre réglementation, mais nous essayons de ne pas devenir des fauves!

    Cependant, la finance offshore, qui gave les banquiers des pays riches, est comme un coup de fusil que nous nous tirons dans le pied! Notamment, nous luttons contre l'immigration intensive, car nous voulons garder le sentiment d'être chez nous, mais c'est la finance offshore qui empêche les pays pauvres de se structurer et d'offrir un avenir à leurs habitants! Le Nord exploite le Sud sans lui payer d'impôts, grâce à ses montages financiers occultes! Il y favorise aussi une élite corrompue, qui le protège et qui plombe la démocratie!

    Le puissant se voit finalement triomphant et intouchable, quand le petit se dit qu'il est le seul à être mené à la baguette! Face à la taxe supplémentaire, il pense non sans raison que c'est lui qui paye les erreurs des riches! La domination de la force se réveille au tam-tam de l'injustice! Le sans-culotte moderne prend du service, d'autant que nous sommes menés par des imposteurs, ce qui est dangereux pour la survie de tous!

    Le gouvernement de Macron se veut irréprochable, comme celui de Hollande, mais c'est trop tard! On ne croit plus le pouvoir! On se demande seulement comment le renverser! Pour l'instant, les forces de l'ordre contiennent le peuple, mais des incidents, comme celui qui a causé la mort de Steve, trahissent une exaspération, une perte de lucidité dans les rangs de la police!   

    Evidemment, la domination de la force n'a pas de véritables solutions pour le futur et les revendications des gilets jaunes semblent bien fades, bien artificielles... C'est la domination elle-même qui est à comprendre et à remettre en question... C'est la spiritualité et la sagesse qui sont la solution, mais même les élites en sont à des années-lumière!

    Elles ne reconnaissent rien! Elles espèrent toujours plus de réussite et plus d'argent! Elles nient la réalité, qui pourtant a pris la forme du chaos! Il suffirait que certains s'amendent, s'ouvrent, pour que le cauchemar s'arrête et qu'on se regarde de nouveau comme des êtres humains! Il faudrait la reconnaissance d'une faute, pour redonner du respect à ceux qui souffrent! Mais l'histoire nous montre que c'est son mépris qui condamne un pouvoir...

    Se contempler, c'est fini! La folie de l'amour-propre ne fera pas le poids face à celle de la violence! L'immaturité des "joueurs de tennis" va voler en éclats!

 

    (Nous vous invitons toujours à regarder les photos de la semaine, car plus vous vous confierez à la beauté et plus elle vous apaisera; c'est une amie!)

 
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