Observons!

  • Le 08/06/2019
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Observons

 

 

 

 

    Observons! Observons! Comme les autres n'ont pas inventé l'eau chaude, ou plutôt comme ils ne savent pas ce que nous savons, car nous le saurions, ils n'ont qu'un équilibre, c'est celui de leur domination, et cela veut dire qu'ils ne "tiennent debout" que par rapport à l'impression qu'ils produisent... Ils ne peuvent être calmes et sûrs d'eux par leur seule richesse intérieure; ils croient qu'ils sont importants et même qu'on leur doit quelque chose!

    Ils vivent somme toute dans un rêve, une illusion, car la vérité, ce n'est pas le travail, les gilets jaunes, Roland-Garros ou les maniaqueries de Trump! La vérité, c'est que nous sommes sur une planète perdue dans l'immense espace, qu'elle tourne plus vite autour de son soleil qu'une Formule 1 et qu'a priori la vie se termine par la mort! Voilà la vérité! A partir de là, la société n'est qu'une construction, destinée certes à nous faire vivre ensemble, dans les meilleures conditions, mais elle n'est rien de plus et certainement pas un but en soi!

    Mais alors pourquoi les choses ne changent-elles pas? Pourquoi ne sommes-nous pas curieux de trouver des solutions, un sens à la vie? Pourquoi ne nous tenons-nous pas devant notre abîme, tels des gens raisonnables sur leur balcon, se demandant si celui-ci est bien solide ou si le point de vue mérite un intérêt? Pourquoi le monde paraît-il aussi irresponsable et aussi aveugle?

    Il n'y a qu'une réponse à cela! La plupart ne veut que s'amuser, nullement se tracasser, ni encore moins avoir peur! Tout au contraire, être le centre d'intérêt, être aussi bête que l'animal qui triomphe sur un autre, est son souhait le plus cher!

    La majorité veut le monde à son échelle et tient absolument au fonctionnement qui lui permet de gravir les échelons! Elle rêve de jouer les vedettes, les premiers rôles et ceci est même valable pour les gilets jaunes, car malgré leur révolte ils sont encore les bases de leur futur!

    Mais notre quotidien est donc factice, puisqu' il ne prend pas en compte tout le réel! L'angoisse de notre situation notamment est là parmi nous, larvée, quoiqu'agissante, et il est incroyablement intéressant de la repérer chez chacun! C'est la vérité qui parle! Observons donc! Observons comment chacun se comporte, marche, parle, gesticule! Puisque nul apparemment ne cherche les bonnes réponses, nul n'a un équilibre vrai! Les manières, les attitudes trahissent le mensonge, le vide, l'ignorance!

    Soyons comme des chiens, pour traquer la pose, le m'as-tu-vu, la plaisanterie! Ne nous laissons pas tromper par les artifices du gibier! La truffe frémissante, tenons-nous aux aguets, car le spectacle commence, les clowns font leur numéro sur la planète Terre! La rue est un théâtre, avec ses bourgeois, ses pauvres, ses soubrettes et même ses assassins! Ayons l'œil ouvert, non pour dominer, et c'est ça la nouveauté, mais pour comprendre, regarder l'autre dans son entier, pouvoir sincèrement respecter, être distinct, responsable, sans haine, n'écrasant a priori personne, pour devenir mature, c'est-à-dire quelqu'un qui travaille à faire évoluer la matière vers l'esprit, quelqu'un qui de l'animal passe peu à peu à l'homme! Grande nouveauté!

    Tenir sur ses jambes, hors de la bulle de l'égoïsme, avec la conscience de l'Univers et de la mort, c'est pas beau ça? On ne fatigue plus personne! Par contre, que d'inimitiés on se crée! Que de haine on provoque! Que de mépris, que de regards meurtriers on suscite! Ben ouais, on n'est plus un esclave; on a quitté le rayon jouet! On n'est pas l'admirateur de ces messieurs-dames! On est le vent du Nord pour l'égocentrique, celui qui vit comme une araignée au milieu de sa toile! On est le ciel rayonnant pour le poids de fonte de l'égotisme! On échappe aux morts-vivants! Ils enragent, ils trépignent, ils suent et c'est de leur faute: ils ne cherchent pas!

    Il faut lutter, sinon on finit par croire, comme les gilets jaunes, que c'est la société qui nous mène, qu'elle a les réponses, qu'elle est sérieuse, qu'elle est l'obstacle! Il faut lutter, sinon on finit par trouver normales toutes les calembredaines qu'on nous sert, tout le tapage de chaque jour, comme si les uns et les autres ne s'efforçaient pas de briller, comme si nous n'étions pas tous embarqués sur le navire Terre, comme si nous n'étions pas tous nos propres commandants, comme si la ville n'était pas au fond qu'un décor!

    Il faut lutter pour rester soi-même, pour ne pas être endormi, englouti par le discours ambiant, le fonctionnement général, qui sont surtout créés par la peur de l'inconnu, l'étroitesse des privilèges, la paranoïa du pouvoir!  Nous discutons avec véhémence au-dessus de la table, alors que nous dérivons au milieu de l'océan! Nous ne savons pas et nous martelons nos paroles! Nous sommes invités à être créateurs et nous ne quittons pas le troupeau! Nous refusons la nouveauté, quitte à détruire!

    Il faut lutter pour ouvrir les yeux, voir toute sa situation, sa liberté, son indépendance! Peu ose l'aventure de l'individualisation! Règles, dogmes, sainteté et sacralisation mènent à la haine et à la violence! Il faut lutter pour s'affranchir de ses craintes et retrouver la souplesse, la confiance, la curiosité, l'enthousiasme de l'enfance! Il faut lutter pour ne pas perdre de vue le mal! Il est dans la folie, la maladie de ceux qui ne veulent pas s'éveiller, grandir... Il est dans les sangsues qui usent et pompent la vitalité des autres! Il est dans les cadavres qui appellent tout le monde dans leur tombeau!

    Les oppresseurs sont légion! La prochaine génération en est pleine! Quoiqu'il y ait une jeunesse saine, elle a ses malades et en sera destructrice, car voici venu le temps des monstres! Ils sont seuls et inadaptés! Ils sont impuissants, puisqu'ils ne communiquent pas, n'échangent pas, ne donnent pas! Le monde les terrifie et c'est pourquoi ils veulent à tout prix le dominer! Ils ne respirent que quand les autres leur sont soumis et les considèrent tels des dieux! Ainsi leur angoisse disparaît seulement s'ils sont les maîtres! Comment pourraient-ils ne pas être dangereux?

    Laids, ils brasillent à l'intérieur, comme le feu qui couve sous la bûche! Beaux, ils se dressent tels des pics enneigés et scintillants au soleil! Ils s'attendent à ce qu'on les admire, puisque eux-mêmes s'adorent! Ils ne comprennent pas qu'on leur résiste, d'où leur haine et leur mépris! Ils étouffent et fuient devant l'obstacle, car leur univers s'écroule! Mais qu'en sera-t-il quand ils auront la force des adultes? Au mieux, faute de moyens, ils seront sournois et feront le mal dans leur nuit, tels des rats! Au pire, avec du pouvoir, ils produiront des catastrophes et tueront des gens; car seul leur monde existe!

    La psychologie parle d'individus narcissiques, qui seraient l'objet de leurs propres pulsions sexuelles... et il est vrai qu'ils veulent d'abord qu'on vénère leur corps! Ils ne peuvent jouir qu'à cette seule condition, que s'ils disposent d'esclaves, et c'est pourquoi le sexe opposé les rebute, car la différence est synonyme d'étrangeté, de difficultés, de découvertes, de remises en question!

    Le confort est primordial chez "nos" monstres... et il est sans doute en rapport avec celui de nos sociétés, qui n'ont pas connu de guerre sur leur territoire depuis plus de soixante-dix ans! Suivons donc cette piste pour expliquer les choses, plutôt que de recourir à un tour de passe-passe psychanalytique, qui fait de toute façon référence à des événements improuvables ou faux; d'autant que la catégorie qui nous intéresse n'en est pas une véritablement, puisqu'elle nous englobe tous à des degrés divers!

    Mais nos sociétés connaissent la sécurité et c'est une situation inédite! Quand il y a des guerres, nous retrouvons nos instincts et malgré l'horreur, nous nous adaptons, car nous comprenons la menace, le combat et la soif de vaincre... C'est l'histoire quotidienne des animaux et donc de nos origines!

    De même, l'agression peut venir de l'intérieur, en temps de paix, si le régime en place empêche notre développement... et nous reprenons alors la lutte, jusqu'à ce que nous puissions jouir de notre liberté! Il nous faut bien des chefs, mais que leur pouvoir soit limité et que chacun ait les mêmes droits! Dans ce cas aussi, c'est notre instinct que nous suivons, c'est la domination qui pousse, c'est l'individualisation qui continue!

    C'est toujours la même chose quand nous voulons le confort matériel, l'aisance! Car la richesse révèle notre réussite, notre force; elle est notre brame, l'éclat de notre plumage, notre corne!

    Mais nous voilà aujourd'hui avec des frontières stables, en démocratie et disposant sans trop de peines d'un intérieur douillet! Le ventre ne crie pas famine et nous pouvons tous nous asseoir au soleil, pour regarder les autres et... nous en moquer! Nous devrions tous être pleinement heureux! Les difficultés que rencontrent les animaux, celles qui les mettent tout le temps sur le qui-vive, sont apparemment derrière nous! Et pourtant nous sommes tendus, nous faisons grise mine, des sirènes d'ambulances retentissent incessamment et certains en colère crient à la dictature!

    Eh! c'est que la paix est pour nous une nouveauté et qu'elle nous place insensiblement, mais inévitablement, devant notre originalité! La conscience est une inconnue qui nous crée de l'angoisse! L'absence de réponses se distille en nous et nous fait réagir plus ou moins bien et plus ou moins sincèrement!

    Nous pouvons, comme Trump et bien d'autres, nous empresser de retrouver la guerre, même si elle ne reste apparemment que commerciale! Nous voilà de nouveau "chez nous", pourrait-on dire! Nous pouvons aussi vouloir réaffirmer notre supériorité, en chantant cocorico! Le nationalisme, c'est comme de gros bras qui retroussent d'abord leurs manches, avant de "tabasser"!

    Nous pouvons encore consommer et consommer, mais pour cela il faut beaucoup d'argent et donc beaucoup d'égoïsme et beaucoup de saletés! Mais enfin tout ceci ne concerne principalement que les adultes... Qu'en est-il du côté des jeunes, dans ce monde soudain étrange et inquiétant, à force d'être "paisible", sans heurts, confortable, facile? Quelles fleurs apparaissent dans cette atmosphère trouble, car hypocrite, et néanmoins quasi ouatée, feutrée, que ne violente pas le "vent de la nécessité"? Entrons dans la serre, à nos risques et périls, il faut bien le dire!

    Qui se cache derrière les réseaux sociaux? Quelle chrysalide produit le ronronnement de l'ordinateur? Qui se mire dans son smartphone?

    En fait, peut-on imaginer des adolescents mieux armés que leurs parents face à l'angoisse? Evidemment non, ils sont fragiles et doivent d'abord apprendre... Ils copient donc les adultes et ceux qui sont les plus isolés, parce que sans doute leurs parents les méprisent ou échangent peu avec eux, n'ont qu'une manière d'être pour affronter le monde: ils se font le centre de celui-ci! Dans leur milieu protégé, ils deviennent leur dieu et parmi la foule, ils sont tels des trous noirs anonymes!

    Bien qu'ils veuillent incessamment asservir, ils n'ont pas le profil du chef! Ils n'en ont ni la puissance, ni les ambitions, ni le charisme! Ils ne cherchent pas à diriger les autres, mais à les dissoudre! C'est la peur qui les paralyse et c'est par défaut qu'ils sont monstrueux! Ce ne sont pas des acteurs, ni des bâtisseurs, mais des destructeurs, par leur incapacité même!

    Cependant, leur "pathologie" n'est qu'un degré ultime ou particulier du comportement général et en réalité, ils ne sont que les fruits de la lâcheté et de l'égoïsme de nos sociétés!

    Mais quels dangers présentent-ils? Nous en avons déjà quelques exemples... Un jour, des lycéens arrivent à leur école, armés, et font un massacre! On annonce encore à un pilote allemand qu'il ne sera jamais le pilote de ses rêves, parce que sa vue baisse...

    Ce coup du sort, dont la plupart s'accommoderait, est vécu par le pilote comme une injure, une humiliation inacceptable! Il décide donc de se suicider, mais nullement dans une chambre d'hôtel obscure... Il faut que jusqu'au bout il ressente sa puissance, son caractère exceptionnel! Le monde entier doit se rappeler toute sa morgue, sa supériorité!

    La suite, on la connaît... Il écrase son avion de ligne contre un versant des Pyrénées et chacun a vu ces sauveteurs, parmi les détritus, à la recherche de morceaux de corps!

    Surveillons nos monstres, comme les Américains les communistes, durant la guerre froide! Soyons prêts à donner l'alerte, car tant que nous n'aurons pas le courage d'ouvrir les yeux, ils vont nous surprendre et nous plonger dans l'affliction!

    Apprenons à les reconnaître, car ils se multiplient et nous dévorent déjà! Plus nous les verrons et plus nous serons nous-mêmes sains et lucides!

    Ils sont sans scrupules, absolument fermés et nous craignons qu'une grande nuit se prépare, car ils ne seront jamais solidaires!

 
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