Les enfants Doms (T2, 110-114)

  • Le 25/02/2023
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Doms44

 

 

 

                               "It's a game for you, isn't it?"

                                            Le Quatrième protocole

 

 

                      110

     « Bouge pas, Piccolo !

_Martinez ?

_ Lui-même ! T’es pas armé ? 

_ Non... Je peux me retourner ?

_ Attends que je te fouille ! »

     Martinez palpa le corps de Piccolo, afin de s’assurer qu’il ne portait pas d’armes… « Maintenant, tu peux me faire face… dit Martinez.

_ Tu étais sur ma piste ? demanda Piccolo.

_ Oui, au lendemain de ta disparition, j’ai pris mon cheval, bien décidé à te ramener au camp ! »

     On était dans une région entre la Kuranie et RAM… C’étaient de hauts plateaux épargnés par la mer et on n’y voyait qu’une sorte d’herbe ondulante, sous l’ombre des nuages ! « Je ne laisse pas dehors les brebis égarée ! rajouta Martinez. Et il y a aussi un cheval pour toi ! »

     Piccolo, toujours sous la menace de l’arme de Martinez, alla vers sa monture et l’enfourcha, avant de préciser : « Tu sais, Martinez, je ne m’enfuirai pas ! D’ailleurs, je comptais rentrer au camp !

_ Bien sûr, répondit Martinez qui se hissa lui-même sur sa selle. Et c’est pour ça que tu joues les filles de l’air ! Allez en route !

_ J’ai été enlevé, Martinez, à mon corps défendant !

_ Tiens, celle-là, on ne me l’avait jamais faite !

_ C’est pourtant la vérité ! Un commando, nommé le commando Science, est venu me chercher !

_ Des types barbouillés de noir, j’ parie ! avec un couteau sur le mollet ! C’ que c’est d’être un oisif, planté devant la télé !

_ Dans le commando, y avait une ancienne connaissance, qui tenait absolument à ma collaboration pour un problème !

_ J’ croyais qu’ c’était à ton corps défendant ! Mais c’est un ami qui était là ! Et puis, peut-on savoir de quel problème il s’agissait ?

_ Du réchauffement climatique !

_ Ah ! Ah ! Ah ! Et ils avaient besoin d’un mec qui n’a jamais rien fait d’ sa vie ! Ah ! Ah ! Piccolo le mytho ! »

     Désormais, ils se turent et ils ne firent que parcourir de vastes étendues, grâce à leur monture. Mais, le soir arrivant, ils bivouaquèrent et après s’être occupé des chevaux, ils allumèrent un feu ! Ils mangèrent en discutant… « Au camp, tu vas retrouver tes camarades, ceux qui sont usés par le travail !

_ Ce n’est pas le travail qui est usant, répondit Piccolo.

_ Non ?

_ Non, c’est le stress ou l’angoisse ! C’est très différent, même si le stress est forcément lié au travail !

_ Comprends pas ! fit Martinez, qui avala une bonne bouchée.

_ Nous sommes inquiets à cause de choses qui nous dépassent ! Notre stress est sournois, d’autant que nous, les êtres humains, nous sommes face à l’inconnu ! « Qu’est-ce que nous faisons là sur Terre ? », c’est pas une question que se posent les animaux ! Nous avons le choix et nous en sommes perturbés, et s’il survient des événements telles que la guerre en Kuranie ou l’inflation, nous nous fermons et devenons hostiles à tout changement ! Nous refusons la réforme des retraites, non à cause de ce qu’elle nous coûte, mais bien plus parce que nous devenons incapables de perdre quoi que ce soit !

_ C’est une réforme inique et qui ne doit pas être appliquée !

_ Peut-être et il y a toujours des conditions de travail à améliorer, mais le fond du problème n’est pas là ! C’est notre perception de la vie qui détermine notre stress ! Depuis que je suis tout petit, je réfléchis au sens de ce que je vois et c’est moi qui bosse le plus, car mon fruit, c’est ma paix, c’est l’espoir que je peux donner ! Cela va autrement plus loin que d’offrir un emploi ! Quelqu’un qui profite de mon message, qui s’en nourrit, a les moyens de calmer ses angoisses et de trouver la joie, quel que soit le poste qu’il occupe ! Voilà encore pourquoi le commando Science m’a enlevé !

_ Ouais, moi, c’ que j’ sais, c’est que je dois te ramener à la maison rouge !

_ Bien sûr, Martinez, car le seul sens que t’as donné à ta vie, c’est celui de ton autorité, de ton importance ! Lorsqu’ils vont me revoir là-bas, reconduit par toi, ils vont dire : « Quel type, ce Martinez ! On ne lui échappe pas ! » Tu vas pouvoir rouler des mécaniques !

_ J’ te kiffe pas, Piccolo !

_ Ah ! Ah ! La belle affaire ! T’as la réaction de tous ceux que j’ dérange et que j’ fais travailler du chapeau ! T’as la haine de l’égoïsme !

_ Eh ! Où tu vas ? s’écria Martinez, en dégainant son arme à la vitesse de l’éclair !

_ Pisser !

_ Bon, mais reste dans mon champ de vision !

_ Bien chef ! »

                                                                         111

      Le lendemain, Martinez et Piccolo reprirent la route et ils étaient au petit trot quand Martinez dit : « Tu sais, c’est injuste ce que tu m’as dit hier, au sujet de mon égoïsme… Je défends aussi les gars, tous ceux dont on abuse, pour faire plus de profits !

_ Bien sûr, Martinez, ce n’est jamais tout blanc ou tout noir ! Mais, si on t’enlevait la lutte contre le gouvernement, tu serais complètement paumé ! C’est ton hypocrisie qui fait que le bât blesse ! « L’homme ne vivra pas seulement de pain ! » tu te rappelles ? Autrement dit, l’homme a une conscience pour donner un sens à sa vie ! Or, notre époque, dans son mensonge, essaie de nous faire croire que c’est facultatif, qu’on peut comme ça avoir une existence purement matérialiste ! On gagne de quoi vivre, on nourrit les siens, on donne à ses enfants la meilleure éducation et on s’en va, avec le sentiment du devoir accompli, en paix ! Foutaises ! C’est justement ta lutte contre le gouvernement qui t’aveugle sur cette mascarade !

_ On dirait que t’en as gros sur la patate…

_ Un peu oui, car on ne sort pas des problèmes ! Pourquoi c’est toujours le chaos ? Mais parce que le chaos est nécessaire à la plupart pour donner du sens ! La société, c’est la prolongation du lycée ! Le gouvernement, c’est le proviseur, ou le CPE ! Le travail, ce sont les cours ; les pauses, les récréations, et bien sûr il y a encore les vacances ! On reste dans un vase clos et quand on n’est pas content, on accuse la direction de l’école, on se révolte contre les professeurs, qu’on juge injustes, c’est-à-dire qu’on prend à parti les ministres ! On reste scolaire, alors que l’immensité est juste à côté ! On étouffe, alors que le mystère peut être infini ! On est terrorisé à l’idée d’ouvrir une fenêtre !

_ Tu exagères... »

     A cet instant, une troupe de cavaliers fit son apparition et vint à la rencontre des deux hommes… Puis, elle s’arrêta et montra ses visages d’adolescents ! « Donne-nous le prisonnier ! dit celui qui était le chef.

_ Et qu’est-ce que vous en ferez ? demanda Martinez.

_ On va le pendre !

_ Oui, on va le pendre ! crièrent d’autres. Donne-le nous, Martinez !

_ Doucement les enfants… Et pourquoi vous voulez le pendre ?

_ Tu as écouté ses discours, Martinez ? reprit le chef. Il a la langue d’un serpent et ils menacent nos retraites !

_ Ouais, nous voulons une retraite ! renchérit le groupe.

_ Non, je ne vous donnerai pas le prisonnier…, répondit Martinez. Il a fui du camp et il sera jugé pour cela ! Laissez faire la justice, les enfants ! Vous êtes de braves petits gars et ne m’obligez pas à vous descendre ! »

     Les gamins connaissaient de réputation l’adresse de Martinez au revolver et ils finirent par s’en aller, non sans jeter à Piccolo de sombres regards de haine ! « Alors j’exagère, hein ! jeta Piccolo, une fois que la troupe fut partie. Des ados inquiets pour leur retraite, alors qu’ils n’ont même pas commencé à travailler ! Voilà le monde que nous avons créé !

_ Ils défendent leur futur !

_ Mais bon sang, on en crève justement de cette sécurité, de cette maladie à vouloir tout assurer ! On ne comprend pas qu’elle ne fait que renforcer notre égoïsme ! que c’est l’animal qui est en nous qui ne veut que survivre, en étant le plus fort, en ne pensant qu’à lui ! Ceux-là des enfants ? Mais ce sont déjà des vieillards ! Où est le don, Martinez, la magie, la force ? Il n’y a pas de futur pour l’homme matérialiste ! pour ceux qui comptent et qui veulent l’égalité !

_ Ah bon ? V’ là autre chose ! Moi, j’ combats pour la justice !

_ Mais en même temps t’es incapable de paix ! Tu ne saurais quoi en faire ! Une société d’apothicaires ! Nous avons tous soif et nous disons : « Seule la raison nous guide ! Nous n’obéissons qu’au nécessaire ! » Nous crevons d’un manque d’amour, de tendresse ! Nous voudrions voler, sentir le souffle des étoiles, puisque nous savons l’immensité de l’Univers, et nous vivons dans des boîtes à chaussures ! Et tu sais pourquoi, Martinez ?

_ Non, mais tu vas me le dire !

_ Mais par peur, Martinez ! parce que nous avons trois plumes dans les fesses… et que nous avons peur du ridicule ! parce que l’orgueil nous rend bêtes et même infects, durs comme de la pierre ! Le climat tarit les puits, mais déjà nos cœurs sont à secs ! La beauté est partout, époustouflante et elle nous invite à aimer de tout notre être ! Elle nous montre la flamme ! Pense à la sortie des feuilles au printemps ! Les fleurs, elles, ne perdent pas leur temps ! Elles ne râlent pas ! Elles s’empressent de s’ouvrir !

_ Tu sais, je commence à regretter de t’avoir poursuivi ! Je n’ai jamais eu un tel moulin à paroles à mes côtés !

_ Ah ! Ah ! J’ l’ouvre pas souvent, mais c’est vrai que quand ça arrive, j’en ai à dire !

_ Tu feras moins le fier au camp !

_ Le camp, pour moi, Martinez, c’est des vacances ! Ce qui est difficile, c’est de donner du sens, d’affronter la vie, les yeux ouverts ! Une société de lycéens, j’ te dis ! »

                                                                        112

L’orgueil tue le monde !

L’appauvrit, le désespère !

L’orgueil brouille les pistes !

Il dit : « Je n’existe pas ! 

Je fais les choses par nécessité, par raison, par devoir ! »

L’orgueil n’existe pas, c’est une victime !

Qui se rappelle pourquoi Rimar est entré en guerre ?

Il voulait parader !

Il voulait dire : « J’ai ramené la Kuranie à la maison ! »

Il voulait l’admiration de son peuple !

Qu’on voit comme il est fort !

Il voulait être aimé, comme un enfant !

Mais l’orgueil est un enfant méchant !

C’est un enfant adulte !

Un enfant de ce monde,

Qui trafique avec ce monde !

Nous sommes tous des enfants,

Mais l’orgueil fait l’enfant dominateur,

Capricieux, dur !

L’orgueil se prend au sérieux !

L’orgueil étend les villes,

Etend sa puissance, son pouvoir !

Il domine, il triomphe !

Il veut l’admiration des autres,

En les commandant, en étant le premier !

Mais l’orgueil se cache !

Il dit : « Je n’existe pas ! »

L’orgueil tue le monde,

En brouillant les pistes !

Il dit : « Je fais la guerre par nécessité, devoir !

Je suis une victime !

Bien sûr, des gens meurent, des enfants meurent !

Des atrocités sont commises !

Mais c’est par devoir, nécessité !

Je ne suis qu’une victime ! »

L’orgueil tue le monde,

Le désespère, l’anéantit,

Car il brouille les pistes !

Il n’existe pas !

Il étend les villes, réchauffe la planète, détruit la nature,

Par nécessité, devoir !

L’orgueil est un saint !

Prions pour lui !

Prions pour qu’il tue des gens !

Qu’il détruise la nature !

Car l’orgueil est une victime, une victime du devoir !

C’est dur pour lui !

Bien plus que pour ceux qui sont morts à cause de lui !

Qui se rappelle pourquoi Rimar a débuté sa guerre ?

Il voulait juste parader !

Il voulait juste dire : « J’ai ramené la Kuranie à la maison ! »

Il voulait montrer combien il est fort,

Faire l’admiration de son peuple !

Comme un enfant, mais un enfant dominateur, dur,

Car il y a des morts

Et l’orgueil ne revient pas en arrière !

Il ne dit pas : « Je me suis trompé ! Excusez-moi !

Jugez-moi, car je ne veux pas tuer ! »

Non, l’orgueil se cache !

Il disparaît !

Il s’enfonce dans la nuit !

Dans le plus secret du cœur !

Il brouille les pistes !

Mieux que le malfaiteur !

Il se cache dans la nuit

Et il entraîne tout le monde dans la nuit,

Le doute, le désespoir, le mensonge !

L’orgueil est une victime, une victime du devoir !

De la raison !

Qui se rappelle encore pourquoi Rimar a déclaré la guerre ?

L’orgueil est un cadavre !

C’est la mort sur Terre !

C’est la source de nos larmes !

C’est la pierre tombale !

Un orgueil qui s’humilie,

Qui revient en arrière,

Qui dit : « J’existe ! »,

C’est l’éclaircie, le soleil perçant les nuages !

C’est de nouveau la compréhension, la clarté !

Le sens, l’espoir !

La justice !

C’est l’enfant souriant !

Mais qui se souvient de l’orgueil de Rimar ?

                                                                                   113

Je te parlerai de la patience des nuages !

De la patience de la lumière !

De son temps à la fois rapide et tranquille !

Je te parlerai de la confiance!

L’orgueil est dur !

L’homme est dur !

L’horreur, le désespoir semblent éternels !

Vides d’horizon !

Mais l’orgueil s’empresse de détruire l’orgueil !

Le méchant est impatient

Et détruit le méchant qui le gêne !

Le mal se détruit lui-même !

A cause de ses appétits !

Le bien est patient !

Il regarde !

Il regarde vraiment !

Il en a le temps,

Il en a la force !

Il en la volonté !

Le bien donne de l’eau,

Il rafraîchit !

Il apaise !

Il donne de la lumière,

C’est-à-dire du respect !

Le bien dit à l’autre, quel qu’il soit :

« Toi aussi tu existes !

Toi aussi tu es unique !

Toi aussi tu fais partie de la famille des hommes !

Toi aussi tu es aimable et tu as de la valeur ! »

Le bien peut dire ça,

Car il a les yeux ouverts !

Il en a la force !

Et l’autre qui reçoit ce message considère aussi !

Respecte aussi !

Sourit, reprend espoir !

La cohérence revient !

Le sens est de nouveau là !

Le bien donne à boire

Et remet de l’ordre !

Mais l’orgueil prend la lumière !

Ne la voit même pas, l’écrase !

La domination happe la lumière !

C’est un trou noir !

Un puits sans fond !

Ainsi est l’enfant Dom !

Comme tous, il demande aussi du respect,

De la reconnaissance, de l’amour,

Mais c’est un puits sans fond,

Un trou noir !

Il n’en a jamais assez !

Ce qu’on lui donne est perdu !

C’est maladif !

C’est le néant qui l’a créé !

C’est l’angoisse d’un monde vide,

Un fruit de l’hypocrisie !

Ou bien l’enfant Dom contrôle le monde,

Ou bien il le détruit !

Comment guérir l’enfant Dom ?

Comment guérir un trou noir ?

Nous sommes tous pareils,

Nous voulons tous du respect,

Qu’on nous aime,

C’est indispensable pour notre équilibre !

Mais comment aider l’enfant Dom ?

Il faudrait déjà que l’orgueil existe !

Il faudrait déjà combattre l’hypocrisie !

Il faudrait déjà que la domination existe !

Il faudrait déjà comprendre que nos problèmes

Sont des problèmes d’ego !

La retraite, les taxes, le réchauffement,

C’est de l’ego !

Nous détruisons la planète pour notre ego !

Nous manifestons à cause de notre ego !

Comment guérir les enfants Doms ?

Leur amener un sourire ?

Comment les rassurer ?

Comment les rendre humains ?

Je te parlerai de la patience des nuages !

Celui qui connaît la patience de la lumière,

Celui-là peut donner !

Il est une source pour les autres !

Il en a la force !

L’enfant émerveillé a la force des nuages !

                                                                            114

     Martinez et Piccolo chevauchaient toujours, sous un azur impeccable, quand soudain une immense déflagration les stupéfia, les cloua sur place, effrayant leur monture, qu’ils ne purent calmer, ce qui fit qu’ils se retrouvèrent les fesses par terre ! « Mais qu’est-ce que c’est qu’ ça ? hurla Martinez.

_ Je crois que ça vient de derrière la colline ! » dit Piccolo, qui était aussi choqué que le délégué syndical !

Les deux hommes gravirent le versant et regardèrent ce qui se passait au-delà… Dans la plaine, beaucoup plus loin, une petite ville avait été bombardée et des fumées noires s’en échappaient ! « Voilà la guerre de Rimar ! fit amèrement Martinez.

_ Oui, voilà le malheur… et où mène le pouvoir absolu ! sans frein, celui qui ne supporte plus la contradiction ! Tu es un peu comme ça, Martinez…

_ Hein ? Mais j’ai le gouvernement comme obstacle ! Ce n’est pas moi qui commande !

_ Non, mais ta lutte est devenue un but en soi ! Quelles que soient les décisions du gouvernement, tu le combattras !

_ Bon, ben, vaut mieux pas rester ici… Il ne s’agit pas de devenir des cibles, pour quelque dingue ! »

    Ils retournèrent vers leurs chevaux, qui s’étaient enfin immobilisés… Il est vrai qu’il n’y avait pas eu d’autres explosions… « Tu sais, Martinez, dit Piccolo tout en marchant. Je suis persuadé maintenant que tant qu’on a du pouvoir, on ne peut pas vraiment considérer l’autre comme réel !

_ J’ t’avoue que je ne percute pas vraiment non plus ce que tu me dis !

_ Tant qu’on veut commander, imposer son point de vue, même au nom du bien, et toi, c’est au nom des travailleurs, on ne prend pas l’autre dans sa totalité ! Il devient un adversaire et tant pis pour sa complexité !

_ Tu voudrais que je trouve des circonstances atténuantes aux profiteurs et aux exploiteurs !

_ Je me moque des riches, Martinez, car ils ne sont pas heureux !

_ Mais les travailleurs ont des droits !

_ D’accord, mais ce qui te gêne aussi, ce qui te préoccupe, c’est que tu aies raison, que tu sentes ta valeur au travers de ton combat ! Si tu es autant dérangé par les profiteurs, c’est parce que tu les vois supérieurs, manipulateurs et ton ego en souffre ! Tu n’arrives pas à les considérer tels d’autres êtres humains, avec leurs différences et leur tragédie ! Pour toi, ce sont des méchants, ainsi qu’ils se ressembleraient tous !

_ Je défends le plus faible !

_ Tant que notre domination n’est pas brisée, les autres restent des esclaves…

_ Mon Dieu, ce que tu travailles de la cafetière !

_ L’autre est indistinct sous notre pouvoir ! Regarde Rimar : il tue des gens, pour soi-disant les rendre libres, ou les protéger ! Sa folie ne lui apparaît même pas, car il n’a pas vraiment conscience de l’existence des gens, tellement il a de pouvoir ! Le lion qui déchire son rival ne voit que la victoire !

_ Et tu voudrais que je me relâche dans ma lutte, contre les profiteurs, pour apprendre qui ils sont, pour que je les respecte ?

_ Oui, car tu ne pourras pas les détruire ! Il y a un profiteur qui sommeille en chacun de nous ! Par contre, on change les gens en commençant par bien les voir, par leur donner du respect ! Il n’y pas d’autres solutions, même si beaucoup ne changent pas pour autant !

_ Il y a les lois qui évoluent, heureusement ! Je fais en sorte que les droits soient respectés !

_ Bien entendu, mais ce n’est pas suffisant ! Et comme je te l’ai déjà dit, tu es dans une impasse !

_ Voilà nos chevaux, nous allons pouvoir reprendre la route ! »

     Mais ils ne purent aller bien loin, car des soldats, qui étaient camouflés, se dressèrent et les mirent en joue ! Piccolo et Martinez furent faits prisonniers et on les conduisit dans un camp, où grouillaient des militaires et toutes sortes d’engins ! Alors qu’on se dirigeait vers une tente, un petit groupe en sortit d’une autre et Piccolo eut la surprise de reconnaître Rimar ! Il l’avait déjà aperçu dans RAM… et à cette époque, l’enfant Dom était un séducteur, heureux de plaire ! C’était un « gamin » qui aimait plus que tout être la vedette, le gagnant ! Son triomphe entraînait celui de la population, qui l’admirait alors ! C’était un jeu de miroirs !

     Maintenant, il ressemblait à une poupée de cire ! Il martelait un discours de haine, avec un œil fixe, comme s’il avait été en verre ! C’était déjà un vieillard et ses jours étaient comptés ! On ne peut être hors de soi très longtemps !

 
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