Des attitudes

  • Le 17/02/2018
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Des attitudes

 

 

 

 

 

    Pour vérifier ce que je dis au fil de mes articles, il suffit d'observer les gens dans la rue... Si la plupart des gens ne donnent que comme seul sens à leur vie, comme seule boussole, leur instinct de dominer, leur supériorité, leur vanité satisfaite; alors tous leurs comportements peuvent être reconnaissables, en tournant autour de ce désir, qui devient une nécessité... Rien n'échappe ici à la logique!

    On peut ainsi distinguer deux grandes attitudes: celle du tyran inoffensif et celle qui le montre  agressif. Mais nous allons voir que la frontière entre les deux est minime et qu'elle est rapidement franchie!

    Cependant, l'attitude du tyran inoffensif est la plus commune, même si elle présente des traits caractéristiques! Par exemple, en ce moment, il est intéressant de regarder autour de soi, à un passage piétons... Des individus y arrivent comme si on pouvait traverser à tout moment, et ils mettent un certain temps avant de reconnaître qu'ils doivent s'arrêter, puisque les voitures circulent... D'ailleurs, certains essaieront tout de même de forcer le passage, mais cette impatience, cette nervosité n'est pas provoquée parce qu'on est pressé: sa raison est bien plus subtile!

    En effet, l'immobilité pour le tyran est synonyme d'angoisse... En marchant, il élabore des projets; il est dans une dynamique, il est plein de lui-même! Soudain, il doit faire face au monde extérieur! Il y a des règles à respecter! L'illusion, le rêve d'un coup s'interrompt! Le tyran alors se dandine, sa tension est palpable; il est faible sur ses jambes, car il n'y a pas de bases! Le tyran ne vit que s'il est en représentation, que si son égoïsme est nourri!

    Autrement, il est comme une marionnette qui n'est plus tirée vers le haut, et cette attente, au passage piétons, peut être pour lui une véritable torture! Il dispose cependant de certains palliatifs...; notamment il peut téléphoner!

    Le succès du téléphone mobile n'est pas seulement dû à son utilisation pratique, car communiquer comme on veut permet de se sentir chez soi partout: c'est son propre univers qu'on déplace!

    Grâce à l'échange téléphonique, on reprend de l'importance; on est de nouveau le personnage principal, le centre de l'action, ainsi que le monde extérieur ne serait plus qu'un décor! On quitte l'oppression de l'anonymat! l'armée des sans-grades, le flot laborieux! 

    On brille, on semble énergique, équilibré, éminemment sociable, sur la voie de la réussite! Mais au fond on ne dupe que soi-même: le monde est vaste et chacun continue sa route... La tyrannie inoffensive devient alors agressive! La personne qui téléphone élève la voix, de sorte qu'il est impossible pour ceux qui sont autour d'échapper à la conversation! C'est l'existence d'un seul qui s'impose et qui prive les autres de la leur!

    On joue un personnage devant un public involontaire et qui souvent n'a pas d'autres choix que d'attendre la fin du spectacle! Il y a même des acteurs mythomanes! Ils parlent de New York ou de telles célébrités qu'ils connaissent bien...

    Au lieu d'essayer de découvrir le monde, le tyran au téléphone veut l'asservir... et il n'arrange rien, ni pour lui, ni pour les autres! Il n'évolue pas, ne se consolide pas et ne pourra qu'augmenter son agressivité!

    La même façon de faire est adoptée par ceux qui ont les yeux rivés sur l'écran de leur appareil! Ils marchent comme s'ils étaient devant une petite télévision: la rue est leur salon! Et quand ils relèvent la tête, ils ont l'air surpris que des inconnus existent! C'est une façade, un rôle évidemment, qui n'est pas sans mépris!

    On peut encore citer la tête pourvue d'écouteurs et dont les oreilles paraissent emmitouflées. Si la musique est perceptible, l'individu n'a pas de cerveau: les décibels l'ont dissout!

    La tyrannie de la musique devient franchement agressive avec la voiture qui assourdit tout sur son passage! celle dont les enceintes mugissent et sont sur le point de crever! Ce vacarme fait l'envie de tous les cirques! Mais là encore on veut "terrasser" le monde, au lieu d'aller à sa rencontre! C'est une impasse!    

    Les tyrans inoffensifs ont d'autres moyens pour se rassurer... A deux, ils peuvent occuper le trottoir... Dès qu'on parle dans un lieu public, on se rassérène! On est prêt à repartir de l'avant, on n'est plus un quidam quelconque! Mais de nouveau le mensonge n'est pas loin, avec ses corollaires, le trouble et la perversité!

    Car le tyran qui échange peut vous empêcher de passer, en se plaçant au milieu du trottoir... Il vous oblige de cette façon à le contourner... et tout le temps que dure cette opération, il trône à côté comme un dieu grec, ou s'il est une petite vieille, comme si elle détenait des secrets d'état: le but étant qu'on retienne votre attention!

    Soudain, le tyran s'écarte; la mine apparemment confuse... Il a tout l'air en effet de s'excuser, mais cette politesse vient trop tard pour être sincère: n'étiez-vous pas déjà en train d'éviter l'obstacle, la question n'était-elle pas déjà réglée?

    "Ah! me direz-vous, mais la personne se rend enfin compte qu'elle gênait!" Pas du tout! Cela est au contraire orchestré de main de maître... C'est le petit plus... On attend maintenant vos remerciements... Votre attention ne suffisait pas, il fallait aussi votre regard! Et il est vrai qu'il est difficile de passer indifférent, de paraître comme un rustre!

    On bredouille alors un vague merci, qui indique qu'on n'est pas dupe, qu'on est victime d'une fausse politesse... Mais on a tout de même jeté vers le tyran un coup d'œil et il nous a pris un peu de force!

    Il est sans doute surpris lui-même, car il s'attendait à plus de naïveté de notre part, ce qui se serait traduit par une reconnaissance voisine de l'effusion! Mais "les temps sont durs" et enfin son stratagème lui aura procuré quelques miettes... Mais ce qui est à retenir, c'est que les tyrans sont capables de n'importe quoi pour être le point de mire!

    Dans les zones piétonnières défilent lentement les voitures et c'est là qu' on voit combien le système, notre société s'est bâtie sur notre soif de dominer! C'est cet instinct-là qui fait l'armature de notre quotidien! La ville surtout est une scène, sur laquelle chacun peut s'exhiber, dans l'espoir de se faire admirer!

    Les carrosseries des SUV sont taillées comme des diamants et certains phares sont allumés, pour donner encore plus d'éclat! Ces véhicules larges et massifs en imposent et ils sont tels les carrosses d'autrefois, car ici aussi on veut montrer son importance sociale, sa réussite!

    Un tel spectacle ne peut qu'assombrir l'âme pur, car il est l'essentiel des individus qui le constituent et il semble impossible d'espérer le remplacer, ou tout du moins le faire évoluer, sans déclencher les hostilités les plus dures, voire les plus brutales!

    Ceci nous amène tout naturellement à la haine et au mépris déclarés du tyran! à son attitude clairement agressive!

    A première vue, celle-ci est destinée à vous gâcher la vie, à vous faire "rentrer sous terre", car n'est-ce pas là que demeure tout ce qui dégoûte?

    Sous le ciel bleu, vous devriez être atteint, marqué par le regard injurieux du tyran... et en effet ce n'est pas très agréable! Que vient faire l'animosité de quelqu'un qu'on ne connaît pas dans notre bonheur, notre tranquillité? On pourrait se fâcher...

    Mais en fin de compte l'agressivité du tyran nous rappelle que nous sommes en guerre! Sans elle sans doute nous finirions par croire aux calembredaines de la société, de la psychologie, de la psychanalyse et j'en passe! Sans elle, nous pourrions nous persuader que si nous allons mal, c'est seulement de notre faute! Sans elle, le pays de cocagne (le rêve américain en somme!) que laissent entendre les médias et l'air du temps ne serait plus un mensonge, une illusion, une destination imaginaire!

    La tyran est notre petit "Boche" à nous! Il nous rappelle que nous devons rester sur nos gardes, que la paix est fragile! Et si nous voulons vraiment ne pas inquiéter nos amis allemands, nous dirons que le tyran est notre petit djihadiste à nous! C'est lui qui avec sa bombe, son couteau et son "flingue" veut nous faire la peau!

    Pourquoi?

    Mais pour une raison très simple, parce qu'on ne s'occupe pas de lui! parce qu'on paraît libre, heureux sans lui! Ce qui est un comble! Car lui n'est pas bien et vous, vous pourriez ne pas en être affecté? N'est-ce pas de votre faute si lui souffre? N'êtes-vous pas un de ces parasites qui grèvent le France? D'ailleurs, les coupables, on les connaît! Ce sont les étrangers, les Russes, l'Union européenne, le gouvernement, les voyous de toutes sortes!

    Celui qui méprise domine! Et la haine du tyran a tous les droits! Elle peut aussi venir des personnes les plus insolites... Vous plaignez cette infirme? Mais quand vous croisez son regard, il vous jette tout ce qu'il a de plus fielleux! de plus accusateur!

    Sondez votre âme, vous qui êtes en bonne santé! Rappelez-vous... Vous étiez ivre ce soir-là et vous n'avez pas pu éviter cette femme qui traversait la route! C'est là qu'elle a perdu l'usage de ses jambes! Soyez damné!

    Vous trouvez sympathique cette face rondouillarde? Mais elle a une moue au passage..., qui semble dire:" Comment pouvez-vous être aussi repoussant? N'en avez-vous pas honte?"

    Remarquez que la haine du tyran peut encore indiquer le "beau fixe" sur notre baromètre, car c'est notre assurance qu'il envie!

    Cependant, toutes les attitudes que j'ai décrites jusqu'à présent ont un effet commun, c'est qu'elles sont épuisantes et même destructrices pour les autres! Le tyran prend sans donner! Il demande sans l'avouer! Il vide et blesse! Il vole de l'énergie!

    Voilà pourquoi nos vies restent si dures! Voilà pourquoi nous ne sommes pas heureux, alors que nous possédons tout ce que désire l'autre moitié de la planète, celle qui n'est pas riche!

    Il existe pourtant une tout autre attitude, celle de donner sans prendre! Elle est possible parce que le sage s'efforce d'établir son équilibre autrement qu'en voulant dominer les autres! Sa stabilité ne dépend pas de l'intérêt qu'il provoque ou non! Son succès est indépendant de l'admiration qu'il suscite ou non!

     Ses racines plongent au plus profond de l'existence; elles se nourrissent de lois naturelles et qui ont un écho éternel! Nul doute qu'il puisse tenir sur ses jambes de lui-même! Il est chez lui dans la beauté, dont il acquiert le rythme!

    Il ne perd donc pas de forces; au contraire il peut en donner! Et il ne cherche à nuire à personne: il n'en a pas besoin!

    Il ne fatigue pas, car il n'est pas une source d'inquiétudes! Il est disponible, curieux... Son bonheur n'est pas de vaincre, mais de comprendre! Sa victoire, c'est la sagesse! Elle est comme de l'ambroisie, car absolument rien ne peut en altérer le sens!

    Le tyran envie secrètement la force, le plaisir du sage; mais il ne veut pas en suivre les pas: il aurait l'impression de déchoir! Son orgueil y renâcle!

    Le tyran est devant un dilemme: il veut être heureux sans se priver de son égoïsme! Il veut le triomphe et en même temps la paix, la sécurité! Il s'use à essayer de résoudre cet équilibre impossible; il va vers toujours plus de tyrannie; sa haine grandit et il peut se jeter dans la guerre, pour laisser les événements décider pour lui!

    Il est comme certaines femmes qui prennent le risque d'être défigurée par la chirurgie esthétique, pour que le temps ne fasse surtout pas voir leur âme sur leur visage!

    Le sage, lui, ne craint rien!

     

   

 
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