Des alarmistes

  • Le 20/01/2019
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Des alarmistes

 

 

 

    Nous avons déjà parlé du temps... Nous avons déjà dit que notre notion du temps dépend de notre maturité, car plus nous sommes patients et plus le temps s'allonge, se distend; plus nous sommes son maître!

    Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la nature (voir la photographie Le chaos sublime!)... Elle est comme une invitation à calmer notre rythme, car le sien est plus vaste, plus lent... Il contient comme un  écho de notre devenir, dans le sens où nous grandissons, en essayant de le comprendre! Regarder un oiseau sans l'effrayer nous sépare de notre égoïsme et ainsi de notre trouble, de notre agitation!

    Découvrir la beauté d'un arbre, ou s'abîmer dans celle d'une fleur, n'est possible que si l'on est déjà disponible! Le tyran, qui ne vit que par sa domination, ne l'est pas et est aveugle! La nature l'agace, le fatigue vite et même l'angoisse! La beauté est une perte de temps pour le tyran! Ce qu'il lui faut, c'est qu'on parle de lui! qu'il soit le centre d'intérêt! comme Macron malheureusement...

    C'est la nature qui nous a créés et il est normal qu'elle détienne les clés de notre paix! Le sage l'aime particulièrement, car il est lui-même comme un arbre, qui plonge ses racines dans la patience, le recueillement, pour que les branches s'étendent à l'infini! La contemplation donne des réponses!

    Le tyran s'énerve dès qu'il n'est plus question de sa personne! Actuellement, la France connaît deux rythmes, qui sont concurrents, mais qui sont tous deux aussi chaotiques, aussi fatigants, aussi destructeurs! Il y a le temps de Macron et celui des gilets jaunes! Ils alternent, l'un éclipsant l'autre!

    Celui des gilets va vers la surenchère... On ne veut pas baisser le pavillon, par orgueil!  On est dans le rouge, on est épuisé, mais on croit que le courage, le devoir, c'est de continuer! Or, il faudrait plus de force, d'abnégation, pour se calmer, retrouver son chez-soi, sa tranquillité; la joie de vivre même!

    Si les gilets arrêtent, c'est le vide pour eux; c'est leur sentiment! On se force donc, on se surmène, on devient plus agressif, plus violent, car on est proche de la rupture! Il faudra encore bien des larmes, avant le repos! La fatigue, si on ne la voit plus, nous place insidieusement dans un engrenage!

    De l'autre côté, il y a le grand débat national, celui de Macron; aussitôt projeté, aussitôt réalisé! Ici, aussi, on est dans un train! Six heures de micro pour le président, avec des interlocuteurs de tous les horizons, dans des dispositions les plus diverses!

    Il faut répondre, il faut convaincre, expliquer, se répéter! Macron aussi s'use, puise dans ses réserves, qu'il croit encore infinies! Il a déjà eu un malaise, comme Sarkosy, mais il n'en tient pas compte! Et pourtant ses petites phrases assassines, qui produisent autant de polémiques, viennent de son irritation... C'est la langue qui soulage de l'effort, de la contrainte; c'est le jet de vapeur!

    Macron n'est pas en paix avec lui-même; il détruit ce qu'il construit! Il veut la concorde et divise! Il veut le respect, l'ordre, le travail, et il parle comme un charretier! Il brusque soudainement! Il est inquiet et ne peut rassurer pleinement!

    Il a d'ailleurs fort à faire! Il est suivi par beaucoup, car beaucoup sont perdus, cherchent la lumière, une bouée, une raison de vivre! On voudrait croire à l'économie, à un futur de confort et en même temps dynamique; mais on n'a pas le rêve de Macron..., qui est aussi de réussir sur la scène internationale! Qu'est-ce qui pourrait nous donner de l'espoir? étancher notre soif?

    Certains sont des alarmistes; ils sont extraordinaires! Ne croyez surtout pas qu'ils soient plus réalistes, plus lucides! Il n'en est rien! Mais à vrai dire, ils sont "impayables"!

    Ecoutez-les! Pour celui-là, on pourrait encore retarder la fin de la planète, mais pas la sauver! Se voit-il déjà dans un cercueil, en squelette, riant de toutes ses dents? N'est-il pas humain? du même bois que nous? N'a-t-il pas besoin lui aussi d'espérance? Alors, comment peut-il se condamner? Cela n'est pas supportable! A moins qu'il ne pense pas vraiment ce qu'il dit, mais qu'il a trouvé là un moyen pour qu'on le considère!

    De même, celle-là dit à Macron: "On va dans le mur!" Ah bon? En est-elle réellement persuadée? Si elle en était certaine, serait-elle là à en parler? Ne se mettrait-elle pas à courir dans la direction inverse? Reste-t-on dans une voiture qui roule vers le ravin? Ah! mais nous aimons les catastrophes imaginaires! Ah! mais l'alarme est un puits sans fin pour qu'on s'intéresse à nous, qu'on nous console, qu'on prenne soin de nous, sous le prétexte du réalisme, du courage d'ouvrir les yeux, sous le prétexte que nous semblons adultes et responsables! C'est prendre la vérité pour une idiote! C'est abuser de la charité de l'intelligence! C'est faire perdre son temps aux hommes de bonne volonté!

    Les alarmistes sont des tyrans bien gluants, bien repoussants, bien sales! Et il est difficile de s'en défaire! Il ne faut pas discuter avec eux, comme le fait Macron... La seule manière de les traiter, c'est comme si on jetait une barre de fer dans les roues d'un vélo! Il est nécessaire de leur parler de leur égoïsme, d'aller droit au but, d'expliquer leur fonctionnement, quitte à les faire rager!

    Il faut mettre au jour leur puanteur et leur égocentrisme, comme on ouvre une boîte de sardines! Que tout cela soit humé et bien en vue! Sinon, il fait nuit et on bâille, tandis qu'on en est toujours à estimer à quelle la distance passera la prochaine météorite, dans deux siècles! Les alarmistes sont pires que des morceaux de scotch!

    Le sage, qui est le plus près du temps de la nature, sait qu'il n'y a aucune urgence, au contraire! C'est par la paix qu'on fait avancer les choses! C'est en rassurant qu'on fait sourire et grandir! C'est par la douceur qu'on mobilise les cœurs et les bonnes volontés, qu'on change les gens profondément!

    C'est par la joie qu'on guérit et qu'on conduit! C'est la simplicité et la sincérité qui font progresser et qui  nous améliorent! La nature parle, il suffit de l'écouter!

    Manger quand on a faim; se réchauffer quand on a froid; dormir quand on est épuisé; n'est-ce plus possible? C'est pourtant là une source sûre de plaisirs! Si notre confort est tel que nous perdons ceux-ci de vue, alors, il vaut mieux redevenir pauvres! Le bonheur est d'abord d'aimer les choses simples! Où est l'alarmiste à cet instant? Celui qui se rassasie, va-t-il dans le mur? Il en rigolerait!

    Mais l'amour-propre nous perd.... La tyrannie nous entraîne sur une mer de problèmes, où se mêlent notre bonne volonté et notre égoïsme, sans que nous puissions les distinguer! Pour la clarté, la nature n'a pas son pareil! C'est un retour à la case départ, c'est retrouver le bon pied!

    Et que nous dit la nature en ce moment, sinon que l'attente, le recueillement sont de mise! Les bois sont nus, la sève retirée et le temps paraît suspendu! Les animaux se font rares; les vaches restent à l'étable et combien de créatures ne sont-elles pas blotties dans leur terrier!

    La nature nous invite ainsi à l'introspection, qui est une forme de résistance! C'est une écoute de ce qui se passe en nous... Nous sommes conviés à guetter le moindre changement, dont nous sommes l'objet! C'est un travail interne, lent, qui permet de garder ses forces, puisque nous n'en disposons pas de beaucoup!

    Ce n'est pourtant pas une léthargie, car les progrès sont tout de même là; c'est une adaptation, avant le rayonnement du printemps, pour mieux le favoriser! Or, que voit-on? Des gens quasiment en guerre! qui récriminent, qui lèvent le poing, qui hurlent, qui sont pleins de violences et de fureur! et qui sont donc totalement à contre-courant! qui s'opposent à leur nature même et qui donc se blessent, eux et les autres!

    Or, que voit-on? Un grand débat, avec de grandes questions! On nous demande de réfléchir à toute vitesse! On veut des réponses brèves et claires sur des sujets très compliqués! On veut notre éveil complet, comme le clairon rassemble des soldats! Et Macron apparaît en chemise, pour un show à l'américaine! Voilà son modèle, alors qu'il désire redonner à notre pays toute sa grandeur... Que fait-il de notre spécificité, qui est d'une richesse infinie?

    Participer au grand débat est pour nous, en particulier, au-dessus de nos forces! Que certains s'y adonnent, ce sera se surmener à l'instar des gilets jaunes! Nous l'avons déjà dit, la fatigue est insidieuse...

    D'ailleurs, le grand débat est là pour enlever toute légitimité aux gilets, car pourquoi continueraient-ils puisqu'une tribune est ouverte? S'ils ont encore des doléances, qu'ils les expriment en participant, en cochant les bonnes cases! qu'ils aient enfin une démarche vraiment citoyenne! N'était-ce pas leur souhait?

    Le bras de fer est engagé! Que la France juge! Tout gilet qui s'obstinera sera deux fois hors-la-loi! Mais bien entendu le piège est grossier... Les gilets ne veulent pas être dissous par un questionnaire, ni voir leurs efforts emportés par le vent, et ils auront à cœur de faire la sourde oreille, comme si le grand débat n'existait pas! Il n'y a pas de réconciliation possible!

    L'hiver, en baissant notre tonus, en nous renvoyant à nous-mêmes, nous inquiète évidemment, mais la seule réponse dont nous sommes capables, c'est de faire du bruit et de nous montrer violents! Nous n'avons même pas honte devant les animaux! La moindre patience, la moindre retenue nous rebutent! La paix nous est absolument étrangère!

    Le problème est général cependant... Nos amis anglais ne savent plus où ils sont... Le Brexit est comme une mélasse, qui les englue... Theresa May est une femme qui se croit encore séduisante et qui s'habille comme si elle avait des formes... Le résultat est consternant, douloureux même, et on ne voit pas comment le pays pourrait être dirigé, quand son chef vit dans une illusion, ne se connaît pas!

    Un économiste, au sujet du Brexit, s'écrie: "Entreprises françaises, attendez-vous au pire!" Tiens, voilà encore un alarmiste! Peu importe que la tension et l'angoisse soient déjà là, il faut que l'alarmiste "en rajoute une couche"! C'est plus fort que lui! L'alarmiste est à la charge de la société; c'est un allocataire non déclaré!

    En 1940, Grasset écrivait: "Et quand ces maisons d'édition seront créées en zone libre, avec nos auteurs, dites-moi, mon cher Heller, est-ce l'autorité allemande qui se chargera de poursuivre les éditeurs marrons?" Ce n'est pas la situation de son pays, l'occupation qui préoccupe l'éditeur, mais ses intérêts! C'est là son inquiétude auprès de l'occupant! 

    Car nos inquiétudes sont à la mesure de nos intérêts, elles en sont le reflet! Plus les seconds sont forts et plus les premières sont fortes également! Le tyran a tellement peur de perdre, de manquer, qu'il ne peut discerner la situation, prendre du recul! Il devient irresponsable, lâche, traître, monstrueux!

    Mais nous ne voulons pas apprendre, ni évoluer! Nous préférons mille fois le bruit et la fureur au calme et à la réflexion! L'agitation nous paraît toujours mieux servir notre égoïsme! Le retrait, la retenue nous semblent ingrats et suspects, car a priori ils nous privent de satisfaction! Allons-y pour l'éclat, la colère et tant pis si cela nous détruit et nous remplit d'amertume!

    Car, pendant ce temps-là, les ambulances font de nouveau retentir leurs sirènes; les hôpitaux se remplissent, et très tôt le matin, certains écrasent leur klaxon; leurs nerfs crient à l'injustice, leur frustration et révèlent leur fatigue!

    Le sage, lui, continue son travail de fourmie... Il s'efforce de se pacifier chaque jour... Son effort est utile et constant! Il voit clair en lui et mesure son combat intérieur, car bien entendu il est un homme comme un autre! La sagesse est à la portée de tous, à condition de la souhaiter, de la rechercher, de la vouloir!

    Mais le sage voit sa colère, son irritation, son épuisement, son impatience, son désespoir, mais aussi sa force, sa ténacité, sa persévérance, sa douceur! Il ne perd jamais de vue son travail interne; il sait ses victoires et ses défaites; il ne s'abandonne jamais au chaos; il s'épanouit malgré les vicissitudes et nul doute  qu'au printemps, il sera prêt, beau comme un dieu!

 
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