On devient fou!

  • Le 19/10/2019
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On devient fou

 

 

 

 

 

    Ne cessons pas de nous pénétrer de la base, car nous verrons le monde de plus en plus clairement! Notre vie matérialiste n'a pas de réel équilibre et seule la domination semble lui donner un sens; ce qui fait qu'on la rencontre à tous les degrés! En effet, elle est proportionnelle à l'angoisse et parmi la nouvelle génération, comme chez des personnes d'âge mûr et qui sont foncièrement malades, on l'utilise pareil à l'oxygène et il n'est donc pas étonnant que les dépressions soient de plus en plus précoces, puisqu'on n'arrive pas à se détendre!

    Mais tous ceux qui vous disent qu'il "y a autre chose", que l'avenir c'est ceci et cela, que nous "tenons debout" grâce à telle pulsion ou à telle hormone, que le plus important c'est une valise pleine de billets ou un orgasme tonitruant, tous ceux-là sont des escrocs, des diseurs de rien, des aveugles, des hypocrites, des esbroufeurs, des parasites, etc. et cela concerne des scientifiques toujours aussi hilares et aussi faux-culs et des psychologues et des psychanalystes, qui ne feront pas plus de toute façon que des grenouilles dans une mare!

    La domination mène le monde et seule la spiritualité peut l'endiguer, la combattre, lui tenir la dragée haute! Mais comme celle-ci est "partie en vacances", qu'elle est absente de nos rues et de nos esprits et que nous nous sentons même supérieurs de ne pas la connaître et que malheureusement encore ceux qui s'en réclament sont plus bêtes et méchants que des cochons affamés, la domination a la voie libre; rien ne la retient; elle coule dans nos veines telle de la lave et nous rend fous; le mot n'est pas trop fort, comme nous allons le voir!

    La domination règne sur nous et nous conduit à notre perte! Elle produit toujours plus d'égoïsme et des égoïstes ne peuvent vivre ensemble! Ils se demandent exactement la même chose: de l'intérêt, de l'admiration, le sentiment de leur importance! Chacun est devenu un puits sec et nous vivons dans des déserts! Nous sommes dans la nuit, à grelotter, à sangloter, à maudire, à conspirer! Jamais le jour ne se lève vraiment! Jamais nous ne saluons le soleil avec joie! Nous restons froids, devant le feu glacé de notre "gloire"!

    Et ça se casse, se brise et meurt sans lumière, sans pardon, sans consolation; comme de la rocaille tombe au fond du ravin, alors qu'on continue son chemin! Nous sommes comme des arbres morts, vides et ridés; malgré un semblant de feuillage, de parure! Nous formons des blocs de glace, dépourvus d'âme; nous ne savons même plus ce que c'est! Le cœur n'existe plus ; la domination n'est plus que l'unique but; elle est notre idole! Elle nous fait marcher au pas et nous transforme en loups, comme d'autres sous la svastika!  

    Mais partons pour un récit bucolique, qui devrait nous amuser... N'ayons pas peur de découvrir nos mœurs putrides et infâmes... et qui nous font si malheureux! Regardons notre petitesse, notre mesquinerie, notre cruauté! Analysons les charniers, les armes des bourreaux, leur psychologie! Fréquentons les prisonniers, les forçats de la domination! Observons comment ils tuent et se détruisent eux-mêmes! Plongeons dans l'abîme de notre époque, dans sa pauvreté, car ce n'est que le début, que le préambule: la domination veut la violence et elle est insatiable! Nous n'en sommes qu'aux amuse-gueules!

    Il y a quelques jours, nous avons eu la chance de retourner à Ouessant! Nous avons pris notre décision et le reste a suivi... Ouessant veut dire en français l'"île de l'épouvante", mais aujourd'hui les hommes sont bien plus dangereux que n'importe quel récif! Nous le savions avant de partir et pourtant nous fûmes étonné! Cela dépasse l'imagination et il est quasiment miraculeux, à notre sens, que notre quotidien soit toujours en place! Il n'est pas possible de durer ainsi, même si, bien entendu, la nature n'est pas notre cerveau et que ses capacités d'absorption sont sans doute inconnues...

    Mais voilà nous nous préparons... et nous nous rappelons toutes les difficultés du voyage, qui sont comme autant d'étapes à franchir! D'abord, il y a par exemple la tension que produit n'importe quel départ, surtout avec un moyen de transport en commun, à cause de l'horaire et des formalités... et en effet nous trouvons les autres passagers prêts à embarquer, comme des coureurs qui n'attendent plus que le starter! Cela nous fait toujours de la peine que des gens mûrs, qui ont déjà vécu tant d'expériences semblables, n'aient pas encore compris tout l'intérêt de lutter contre sa peur, son impatience et que dans cette situation ils soient toujours aussi nerveux, tels des enfants! Mais c'est justement le problème numéro un de la domination, car quand on veut dominer tout le monde, on ne se compte pas dans le lot; bien qu'on ne se libère qu'en se dominant soi-même!      

    Nous arrivons donc au bon moment, quand les guichets sont vides; grâce à notre maîtrise, car il nous a fallu dompter notre inquiétude, pour ne pas nous présenter trop tôt, et nous essuyons une première haine! Des individus, qui croyaient être les derniers à payer leur billet et qui donc se sentaient "affranchis", supérieurs à l'impatience générale, nous croisent à leur sortie et figés dans leur dégoût nous bloquent l'entrée! Nous nous excusons tout de même, car montrer de la politesse, alors que ce sont les autres qui sont impolis, est encore un signe de force, de lucidité et nous allons vers le guichet...

    Après tout, nous n'avons pas trop mal manœuvré jusqu'ici, mais maintenant nous devons présenter notre billet, à un des membres de l'équipage, afin d'embarquer... Cela devrait être une étape anodine, mais il faut le savoir: l'équipage méprise ses passagers! Ce sentiment se rencontre souvent chez les marins qui se moquent de la crainte, de l'ignorance du terrien quant aux choses de la mer et il est vrai que ce dernier, par sa maladresse sur le pont d'un bateau, a bien mérité, à une certaine époque, d'être appelé l'éléphant!

    Mais, sur la ligne pour Ouessant, le malaise de l'équipage est bien plus grand et il a des raisons bien plus profondes.  Force est de dire qu'"on n'y aime pas ce que l'on fait", que ce travail de "bus de mer" crée des frustrations et qu'on en rêve "d'écraser tout le monde"!  Il n'y a pas que le moteur qui fume, on jette également des regards de haine à tous les postes! C'est le pavillon de la domination qui flotte sur le bateau! D'ailleurs, l'équipage peut faire preuve de sadisme à l'égard des passagers et par exemple, il n'autorisera la montée à bord qu'à la dernière minute, alors qu'on grelotte à cause de la bruine, sur le quai dénudé d'Ouessant! Manœuvrer  ce "troupeau" est sa consolation!

    Pour l'heure, l'homme qui déchire notre billet doit quand même nous dire bonjour, car nous restons un client et celui qui fait vivre la compagnie. Nous avons donc droit à un salut marmonné entre les dents, comme à contrecœur et cela nous amuse! Mais, de notre côté, nous avons pris le parti de ne jamais être le premier à dire bonjour, afin que notre gentillesse ne soit lésée! C'est en effet un petit "coup" qu'affectionne la domination: laisser le bonjour de l'autre sans réponse! C'est une petite joie pour la supériorité! Mais il arrive donc que ni nous ni l'équipage ne nous saluons, ce qui provoque l'étonnement et le désarroi de ce dernier, car il s'attend à ce que le stress rende le passager reconnaissant... Mais c'est la guerre et ils ne le savent même pas!

    Cependant, nous voilà sur le pont... Ici sont les passagers qui luttent déjà contre le mal de mer, avant même qu'on largue les amarres! Ils ont des allures de poissons en manque d'oxygène! En ce qui nous concerne, nous descendons dans les entrailles du bateau, car le froid est justement une des causes du mal qu'on redoute au-dessus! Mais, si l'intérieur est vaste et offre beaucoup de places, il ne faut guère se faire d'illusions, car les hommes sont impropres au voyage tranquille et on doit se rappeler la base: la domination s'exerce pour garder son équilibre et cela d'autant que la situation lui fait peur, comme une traversée en mer!

    Tout de même, la domination elle-même a ses classiques, ce qui leur enlève beaucoup de leur pouvoir! Notamment, il y a le quinqua angoissé, qui est comme un poste émetteur, avec des problèmes de torticolis, tellement il est tendu! La jeune crapule, dont nous avons fait le portrait dans la chronique précédente, est aussi maintenant une figure connue et en effet, nous en avons un exemplaire sur un siège voisin... Il n'a pas le nez dans son smartphone, mais la tête entre les salades de ses écouteurs! On va devoir un peu lutter!

    Cependant, la domination nous dévoile une nouvelle espèce... Un enfant vient dans nos jambes et nous ne bougeons pas. Son père, qui comprend que nous sommes dérangé, enlève sèchement et avec raison l'enfant, mais quelle n'est pas notre surprise quand il est ramené par la mère, qui l'installe sur une écoutille fermée, tout proche de nous.  La mère, jeune et qui parle parfois breton, nous dit au sujet de l'enfant: "C'est son spot pour la traversée!" Nous ne répondons pas, mais nous changeons de place, pour être plus au calme.

    A partir de là, la mère va tout faire pour "accrocher" notre regard! En effet, notre indifférence est pour elle un signe de force; alors que son mari, qu'elle a déjà "castré", ne peut plus la satisfaire! Evidemment, nous l'ignorons complètement, car son égoïsme est sans bornes! Mais c'est une nouvelle espèce: le couple jeune et bretonnant, qui parle d'authenticité et qui cultive peut-être lui-même ses légumes et qui est précisément le contraire de ce qu'il prétend être, puisqu'il est "fermé" à double tour, rivé sur son nombril!

    Au final, notre traversée va se résumer à reconnaître et à gérer toutes les dominations voisines et contre toute attente, cela nous fera passer agréablement le temps! Nous aurions eu plus de difficultés à chercher un "refuge", pour ne plus quitter des yeux la mer ou un livre! Mais nous arrivons sur l'île... et normalement, il ne nous reste plus qu'à rejoindre l'auberge de jeunesse, avant d'aller photographier le rivage incroyable, sous de superbes lumières (voir photos de la semaine!) Cependant, le but de cette chronique-ci est de montrer comment la marée de la domination a tout envahi, même cette terre lointaine, et à l'auberge nous découvrons un véritable champ de bataille!

    L'établissement est plein d'ornithologues, que nous appellerons désormais les "ornithos"! Mais voici ce que nous voyons: l'ornitho ne salue pas, il méprise! Il vit comme si vous n'existiez pas! Sans doute s'attend-il à ce qu'on lui adresse la parole, parce qu'un homme méprisant doit impressionner, semble installé sur un sommet!

    En ce qui nous concerne, nous laissons volontiers l'ornitho là où il croit être; nous connaissons trop bien la domination pour ne pas voir son ridicule et communiquer ne devient irrépressible que si on se fatigue, au point d'être perdu; ce qui n'est pas notre cas! Par contre, la journée de l'ornitho est très intéressante à observer!

    Il avale son petit déjeuner, comme un Parisien qui a peur de rater son métro; alors que nous sommes là pour notre plaisir! Puis, il apparaît en grande tenue: peint en kaki de haut en bas, avec des bottes lourdes et un gros trépied, qu'il installe sur son vélo de location, et le voilà parti! Nous le regardons s'en aller, bien au chaud, devant un bon café; les yeux sur le ciel menaçant, et effectivement un grain éclate, déversant une pluie violente, qui saisit notre cycliste! Mais il faut comprendre, l'ornitho est aussi angoissé que passionné et s'il s'arrête, le vide de sa vie revient l'inquiéter! Il est pris dans un engrenage et l'esclave rentre souvent bredouille, amer, rompu!

    Un message, dans l'auberge, lui est spécialement adressé... On recommande à l'ornitho de ne point jeter son vélo sur le bord de la route, quand il se met à courir après un oiseau; de ne point entrer dans une propriété sans permission et de dire bonjour à l'occasion, car cela ne fait pas de mal! On le voit, l'ornitho est considéré sur l'île comme un sauvage et nous verrons nous-même un petit groupe tapi contre le mur d'une maison, tel un commando fait une pause avant d'attaquer sa cible! C'est miracle qu'il n'y ait pas eu encore d'incidents, mais on peut encore se demander comment il est possible d'espérer approcher de près des oiseaux craintifs, quand on est soi-même excité?

    La réponse vient rapidement: l'ornitho n'est pas là pour comprendre la nature, être en harmonie avec elle; son but n'est pas l'oiseau lui-même, mais c'est la performance, c'est d'être celui qui photographie l'espèce rare; celle que les vents ont détournée pendant sa migration! Ainsi vient l'homologation, comme une montée sur le podium! Autrement dit, l'ornitho vit pour sa propre gloire et c'est pourquoi nous ne le saluons pas, quand il sort de la lande, l'air de dire: "Hein? J'en jette! Je suis sûr que tu meurs d'envie de me poser des questions! C'est que j'suis incroyablement important!"

    Nous passons outre, car la beauté du ciel, elle, nous ravit et le spectacle de tous ces ornithos, qui sillonnent l'île en tous sens et à demi fous, pourrait faire sourire s'il ne préfigurait pas un monde futur, où nul ne se parlerait, ni ne se verrait!

    Au fond, nous sommes tous assis sur une bombe, dont le mécanisme est le suivant: l'angoisse et la domination s'amplifient réciproquement et créent un cercle vicieux, qui a forcément son point de rupture, où se déchaînera la violence, et inutile de dire que le compte à rebours a déjà commencé!

    Pourtant, le déminage est simple, sur le papier s'entend! Il suffirait que chacun regarde l'autre, non pour le dominer, mais pour le connaître! Cependant, pour l'instant, l'homme croit pouvoir se passer de Dieu!

 
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