On danse!

  • Le 01/02/2020
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On danse

 

 

 

 

                                                                                      Bienvenue à l'asile!

 

   La danse continue et pourquoi s'arrêterait-elle? Nous ne faisons en effet aucun effort et nous laissons aller notre égoïsme, signe du grand confort de notre société! "Macron dégage!" Comment peut-on réduire un homme à la taille d'un slogan? Comment croire qu'il suffise de remplacer un individu par un autre, une politique par une autre, pour que tout change et revienne l'arc-en-ciel?

    Comment ne pas voir que Macron est comme tout un chacun un être complexe? Il a bien des défauts certes, mais il possède aussi des qualités! Voir tout en noir et blanc est bien une paresse, un façon d'allonger les pieds sous la table, avant de roter! Pour Staline les choses étaient simples: il y a des profiteurs, il faut les éliminer! Bien des révoltes sont possibles, avec un petit pois dans la tête!

    Ceci dit, il paraît que Macron lit Houellebecq! Nous ne voudrions choquer personne, mais trouver que cet auteur a quelque chose à dire, c'est être soi-même génial; c'est voir des couleurs dans le vide abyssal! Mieux vaut tout de même s'attaquer à des mots croisés!

    Autrement comment va le monde? Faisons comme beaucoup de Français: installons-nous au chaud dans un café, prenons une gorgée de calva, toussons un peu et ouvrons le journal, comme si c'était la Bible! Voilà une journée de civilisé qui commence! Mais regardons les choses d'un peu plus près, car il y en a... et ce chaque jour! Ben dame, l'humanité n'est pas une mince affaire... et remplir un journal non plus!

    Bon, y a un nouveau virus qui menace le monde! C'est Greta Thunberg! Non, c'est un ado qui a empalé son père! Non plus? C'est un type qui est rentré dans son four, pour se réchauffer! Toujours pas? C'est Machine qui revient avec une nouvelle émission et qui a grandement mûri! Ou c'est Bidule qui parle de sa distance par rapport à la notoriété! Non? Nous ne voyons pas et nous commençons à nous endormir... 

    Et dans la rue, comment ça se passe? De jeunes "Arabes" se promènent main dans la main avec des sexagénaires "blanches"! "Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés!" Sœur la Haine nous regarde ici et là, car nous l'inquiétons!  Frère Mépris nous sourit, car il adore ça! Nous attendons vainement quelqu'un qui ferait un p'tit effort! Même ceux qui font la manche sont plus importants que nous!

    Qui regarde les nuages? L'autre jour, ils étaient comme brossés par une main aussi délicate que rêveuse! Quel génie dans le spectacle de la nature! Mais qui s'en soucie? La ville est penchée sur son nombril, car tout ce qui l'intéresse, c'est elle et encore elle! Sa nourriture, c'est son égoïsme! Elle s'en repaît!

    Les fleurs, le ciel, les arbres pourraient la distraire, la faire grandir, respirer... Mais non, elle n'en a cure! La rue, c'est un théâtre, une cour des miracles! Quelle misère, quelle petitesse et on ne s'en doute même pas! Des grands écrasent; d'autres montrent leur dégoût; la politesse, le respect n'existent pas! Les pieds allongés sous la table, nous vous disons! Et par là-dessus: "Macron dégage!", avec conviction! C'est le courage de la bête!

    La ville ne sait pas regarder... et pourtant la beauté n'est jamais loin! Le miracle est là tout près! Les oiseaux d'abord! Merveilles d'agilité, de légèreté! En bande, ils "épouillent" les arbres... et quel travail! Une véritable œuvre chirurgicale, scrupuleuse! La vermine est éliminée, par ces petites têtes vives et au plumage coloré! Tout ça en gazouillant et en se montrant parfaitement indifférent au vacarme du trafic, à notre folie autrement dit! Car nous ne faisons pas autant de bruit, nous ne nous agitons pas autant seulement pour trouver à manger!  Mais dans quel engrenage sommes-nous?

    Sans les oiseaux, nous serions envahis par les insectes et c'est pourquoi nous pouvons saluer, entre autres, les "escadrilles" d'étourneaux, qui vont au-dessus de nos têtes! Là encore une belle méthode! C'est comme de grands filets qui sont jetés et qui se croisent! Ce sont de véritables chaluts sur la ville! C'est un air sain presque garanti! Mais évidemment notre égoïsme ne comprend pas cela et on veut se débarrasser des étourneaux: leurs petits cris en masse, sur certains arbres, nous empêchent de regarder tranquillement les "tarés" du PAF! 

    Nous marchons dans les rues, le "cul" serré, drapés dans notre dignité! Nous pourrions observer les quelques arbres alentour... et une vérité nous saisirait: "Et si la nature était aussi fantaisie... et pas seulement un amas d'atomes plus ou moins organisé?" Les branches s'en vont tels des éclairs! Elles sont comme des coups de fouets! Et pourtant elles forment un bel arc, une belle couronne à leur extrémité; là où la plus grande délicatesse, la plus fine broderie peut être contemplée; comme si on avait mis un soin infini à terminer les branches, pour que cette dentelle se détache sur le ciel!

    Et puis les troncs ont des yeux, des visages; chacun a son caractère; ils peuvent devenir des compagnons! Une goutte d'eau qui scintille est comme une perle dans la ville grise! Cet éclat, cette surprenante beauté devrait nous interroger, nous fasciner, nous faire espérer même! Mais non, notre lutte des classes est bien plus passionnante! C'est nos personnes qui nous intéressent, car nous sommes victimes de l'injustice! On nous vole! Certains ne roulent-ils pas carrosse! Ne nous méprisent-ils pas! Aux armes! "Macron dégage!" Nous ne savons rien, nous ne connaissons rien, nous n'aimons rien... et nous voudrions être pris au sérieux! Riches ou pauvres, nous ne valons pas un coup d' cidre! Nous mériterions d'être bouillis, comme disait Rimbaud!

    Ah! Mais il y a les inquiétudes! C'est le pain de l'actualité! C'est le gros titre qui fait vendre, plus il fait peur! C'est la pelletée de charbon dans la fournaise! C'est le journaliste roi au pays de l'irresponsabilité!

    Maîtriser ses inquiétudes, ça, c'est du travail! C'est un véritable boulot! S'efforcer d'aimer la vie dès le matin; voir que ses peurs sont sans fondements, car on n'a pour l'instant ni faim, ni froid; comprendre qu'elles sont liées à l'image de soi et qu'elles sont donc imaginaires, c'est là un véritable tour de force! Et c'est pourtant ce qui nous fait essentiellement humains!

    Car celui qui s'apaise ne laisse pas aller sa haine (pourquoi le ferait-il, parce qu'il arrive à être heureux?)! Il demeure patient, curieux, respectueux! Il est un bienfait pour les autres, même s'ils ne s'en rendent pas compte! Ne pas céder à ses craintes, c'est aussi résister aux jugements d'autrui! Le comportement animal, lui, a toujours l'air de dire: "C'est moi que v'là et tout le monde dégage!"

    N'est-ce pas pourtant l'attitude de celui-ci ou de celle-ci? Nous sommes des animaux qui parlent, qui vont à la boulangerie, qui se plaignent de la violence, des étrangers, et qui "gueulent" bien entendu: "Macron dégage!" Le cri de la pie, lui, est très proche de l'avertissement du crotale! Chacun sa façon!

    Comment se fait-il que nous n'arrivons pas à faire un pas de côté? La beauté est la clé de notre évolution! C'est elle qui nous invite à nous détacher de nous-mêmes! C'est la nature qui contient le temps de notre maturation; c'est elle notre meilleur professeur! Mais nous la roulons comme un vieux tapis qui nous dérange ("Nature dégage!")! Nous avons tant à faire, nous, les termites! nous, les gens sérieux!

    "Ah! mais non! mais non! Ici, il faut des lotissements, car nous sommes de plus en plus nombreux! Et le travail? Il faut en donner du travail! L'emploi, c'est lumineux comme une barre d'or! Des entreprises, je veux des entreprises! Et des bulls, des bulls pour dégager le terrain! C'est moi, l' maire! Et la voie ferrée? Elle est vieille, il faut la rénover, qu'on file, qu'on perde pas cinq minutes! Quoi? Les ronces? Les papillons? Mais de quoi vous m' parlez! Moi, mon bilan, il est béton, inattaquable! Ils n'ont qu'à  v'nir les opposants! Quoi, mes ambitions? J' en ai pas! J' suis responsable, c'est tout! Vous préférez un incapable à ma place! Que j' me calme? Snif!"

    Mais la domination, le nombrilisme, nous l'avons déjà dit, est une maladie... et la société est comme un immense hôpital! On s'alarme pour un virus, alors que sommes déjà des lépreux! Quelle est notre clochette? Mais le désir irrépressible d'être le centre d'intérêt, que les regards convergent vers notre personne! L'autre doit nous être soumis ou nous n'avançons pas! Comment l'air pourrait-il être respirable?

    A ce propos est passée quasiment inaperçue la Journée de la solitude! On l'a abandonnée! "La Journée de la solitude attend son papa et sa maman à la caisse centrale, merci!" Toutefois les chiffres parlent et on estime que c'est un nouveau fléau! Encore un! Mais il toucherait particulièrement les jeunes... et c'est bien normal, puisque chacun veut être le roi! On est seul parce que sans sujets, sans admirateurs, sans serviteurs! C'est pas juste! Revoilà le poussin noir, avec sa coque à demi brisée sur la tête!

    Un bon moyen de lutter contre la solitude, c'est de partir en guerre contre la domination! Elle apparaît bientôt comme la ligne bleue des Vosges! Elle est reconnaissable partout! Sa trame se lit chez chacun! Ses degrés deviennent évidents! Le sens de la vie est visible! On n'est plus seul! On fait partie d'un tout, même si c'est à baisser les bras, tant il y a peu de volontaires!

    Il est vrai que les privilèges sont doux! Et la sécurité! "Mon Dieu, mais la sécurité, je couche avec elle, mon cher monsieur! Je m'enivre de son parfum! Je la bois comme du p'tit lait! C'est ma cassette! Ma douce cassette! Vivre? Pourquoi vivre? Vous voulez dire prendre des risques? Ouvrir la fenêtre? Voir tous ces gens? Les regarder, alors qu'ils grouillent? Ne savez-vous pas que je suis la réincarnation Officielle de la célèbre reine d'Egypte, Eunaphios II? Mais chut! L'ennemi est partout!"

    "Et moi, je suis Vulcanor! Non mais, regardez-moi ce tronc! Hein! Quel corps j'ai! Attention, je pourrais vous écraser, sans m'en rendre compte! C' s'rait dommage, eu égard à la loi! Remarquez, la loi c'est moi! Z' avez maté ma bagnole? Hein! La classe! Elle glisse sur la route et ça vous rentre dans le..., tellement c'est puissant! Hein! D'où vient mon argent? Si on t' le demande, tu diras que ce sont les affaires! J'chôme pas, moi! C'est pas comme tous ces fainéants! Hein! Demain je m'envole vers le Japon! Eh ouais! Y a ceux qui réussissent... et les autres! D'ailleurs, quels autres? Ah! Ah! J' plaisante, j' donne quand j' peux!"

    Une grenouille est plus utile! C'est en tout cas mille fois plus joli! La domination mène à la folie, c'est facile à démontrer! Jouons par exemple au jeu Dégage! "Chic! Chic! J' commence! Euh... Macron dégage! Hi! Hi!

    _ Tu le fais exprès ou quoi! On l'a déjà dit!

    _ Ah! Mince! Eh bien... Mort dégage! Car un jour on pourra être immortel! J'en suis sûre!

    _ Et nos choix et donc la vie n'auront plus d'importance!

    _ Alors Auschwitz dégage!

    _ ...

    _ Ben quoi! J'aime pas Auschwitz et je dis: "Auschwitz dégage!"

    _ Tu peux pas, car Auschwitz a existé; on n'y peut rien!

    _ Pfff! Avec toi, c'est jamais bon! De toute façon, je préférais mon premier: "Macron dégage!", car dès que Macron ne sera plus là, on pourra de nouveau rire, danser, être heureux!

    _ Tu sais ce que j' crois, c'est que c'est toi qui devrais dégager!

    _ Non, toi!

    _ Non, toi!

    _ Les enfants, il faut y aller maintenant... L'hôpital va fermer et les visites sont terminées!

    _ Mais on n'a pas vu papa!

    _ Aujourd'hui, il était très fatigué... Vous le verrez la prochaine fois...

    _ Asile dégage!"

 
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