Les enfants Doms (XXIII-XXVII)

  • Le 16/07/2022
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Dom16

 

 

 

 

 

                                           XXIII

 

    Le professeur Ratamor était dans le bureau de son collègue, Gonflux, le psychologue de l'Université! Cet endroit pouvait très bien se transformer en un cabinet, avec sa porte capitonnée, ses peintures paisibles et son grand divan en cuir! Gonflux y accueillait quiconque le désirait et il écoutait la souffrance, dans le but de la soulager!

    Il avait été surpris par la demande de Ratamor, mais maintenant il s'efforçait de mettre à l'aise son visiteur et bien entendu, il avait recours à sa méthode habituelle, qui était de rester silencieux lui-même, comme s'il n'existait pas, afin de libérer la parole, suivant le principe des vases communicants, pour ainsi dire, le plein ne trouvant aucune autre solution que de remplir le vide, c'est-à-dire l'oreille!

    Ratamor, de son côté, était de moins en moins sûr de lui: que faisait-il là, chez un collègue en plus? Mais il avait été poussé par le désespoir, il ne devait pas le nier et peut-être qu'au final cette consultation apporterait quelque bien! Cependant, il était gêné par le comportement de Gonflux, qui certes était prêt à écouter, mais qui aussi respirait désagréablement, donnant l'impression d'un nez bouché, et qui surtout avait une fois produit un bruit terrible, comme s'il venait de se casser une dent!

    Enfin, le vin était tiré et il fallait le boire, et Ratamor commença: "C'est au sujet d'un étudiant, nommé Piccolo..." Gonflux n'eut aucune réaction et Ratamor poursuivit: "Il veut ma peau, j'en suis sûr! 

    _ Doucement, doucement, Ratamor! Je te signale, et tu dois t'en douter, que l'affaiblissement psychique conduit volontiers à la paranoïa! Tu exagères sans doute et sitôt que tu auras repris... du poil de la bête, tu riras de tes frayeurs!"

    Gonflux n'avait pu s'empêcher d'intervenir, mais il voulait rassurer! " Peut-être, mais ce type est un vrai poison! reprit Ratamor. Il vient de l'enfer, je le sens! Tu crois qu'on paye d'une manière ou d'une autre ses fautes passées!

    _ J'avoue que je ne reconnais plus le professeur Ratamor! Le scientifique, le matérialiste exemplaire! Tu divagues, mon cher! Mais explique-moi pourquoi il t'en voudrait personnellement?

    _ Je suis fatigué, si fatigué! Il est là dans l'amphi, il attend son heure! J'ai l'impression de voir tout le temps son sourire narquois! Je sais que sa question va venir et cela me rend malade!

    _ Mais enfin qu'est-ce qu'il te demande pour te désarçonner à ce point! C'est bien toi le maître, non?

    _ Justement!

    _ Justement quoi?

    _ Il dit qu'il y a une relation entre le pouvoir et la beauté! Autrement dit, plus on a une position dominante, comme celle du maître, et moins on juge la beauté essentielle!

    _ Intéressant!

    _ Intéressant? C'est tout ce que tu trouves à dire? Ah, parce que tu crois que tu n'es pas concerné, comme si tu n'occupais pas toi-même derrière ce bureau une position de pouvoir?

    _ Je suis à l'écoute de mes patients...

    _ Allons, allons, tu n'éprouves donc pas une secrète satisfaction de me recevoir, moi, Ratamor, un de tes collègues?

    _ Comment t'as dit qu'il s'appelait ton étudiant? Piccolo? Aussi mauvais qu'un cancrelat, j' parie! Faut l'écraser, c'est tout!"

 

                                                                                               XXIV

 

    Cariou cherchait toujours à s'orienter et il guettait le moindre bruit, le plus petit signe qui aurait pu le renseigner sur la direction à prendre! Soudain, il se figea, car il venait de voir une ombre furtive! Il doutait de sa vision, tellement cela avait été rapide, mais maintenant il distinguait parfaitement un rat, quasiment aussi gros qu'un chat!

    Cariou était caché dans son boyau et il observait tout à son aise l'animal! Qu'allait faire celui-ci? N'était-il pas en route vers la surface, pour faire ses délices d'une poubelle? En un bon, le rat atteignit une niche, d'où il surveilla les alentours, puis encore un saut et il disparut par une bouche située à plus de trois mètres de haut! Si Cariou ne l'avait pas vu de ses propres yeux, il ne l'aurait jamais cru! Même un chat n'aurait pas réussi ce qui avait paru comme un simple jeu!

    "Un jour ou l'autre, nous devrons combattre "pied à pied" les rats!" se dit Cariou, qui à présent considérait la bouche... Elle n'était pas inaccessible, car d'anciennes attaches de fer pouvaient servir de prises et Cariou se hissa tant bien que mal! Il était en train de grimacer quand, par l'ouverture, il reçut de l'air frais! "Ce n'est pas possible!" s'écria-t-il et galvanisé, il se glissa dans un conduit étroit, qui imposait de ramper, mais dont on apercevait la sortie!

       Ce que découvrit Cariou le stupéfia! Il était dans un puits, immense et apparemment sans fond! Tout était noir vers le bas, mais le haut effectivement s'éclairait, sous un toit translucide! La lumière du jour! Il y avait du progrès! Mais les parois étaient abruptes... Pourtant, il y avait en face une rampe, qui montait en colimaçon, autour du vide, et qui devait normalement passer sous Cariou! Il baissa la tête et jugea qu'il suffisait de se laisser glisser, pour l'atteindre!

    Il y eut encore un peu de gymnastique et de sueur, mais enfin Cariou fut sur la rampe, d'où on sentait le vide quasiment tel un bruit! La voie était cependant assez large, pour deux personnes, et Cariou s'aperçut qu'il n'était pas seul, mais que d'autres montaient comme lui, quoique leur allure terne, fermée, les eût rendus invisibles jusque-là!  Il s'intéressa au premier d'entre eux et lui demanda peut-être maladroitement: "Alors vous aussi, vous grimpez vers la lumière, hein?

     _ Sachez que je n'en ai rien à faire de la lumière! lui répondit celui-ci. Je sais ce que je vaux et combien on me doit! Si seulement on m'écoutait!   

     _ Mais... mais..."

    Cariou n'eut pas le temps de finir sa phrase, car l'homme ouvrit soudain de grands yeux! Ce fut comme si le vide le saisissait, le tirait en arrière et Cariou voulut l'aider, mais déjà il chutait et l'ombre du fond l'engloutissait! Son cri avait retenti et Cariou contre la paroi essayait de se calmer! A cet instant, un autre individu montait et Cariou le regarda: c'était le même homme que celui qui venait de tomber! Il avait un visage tout semblable!

    Cariou, d'un voix encore tremblante, lui dit: "Vous... vous avez vu? Quelqu'un... Il vous ressemblait d'ailleurs!

    _ Impossible! Je suis unique! Laissez-moi passer! Je sais ce que je vaux et combien on me doit!

    _ Mais... mais...

    _ Il n'y a pas de mais! On m'attend!"

    L'homme s'arrêta là, car, comme le précédent, il fut aspiré par le vide et l'horreur lue dans ses yeux disparut elle aussi! "Ils tombent et ils remontent! Il y a quelque chose dont ils sont prisonniers apparemment!" se murmura Cariou, qui se mit à escalader la rampe avec entrain! 

 

                                                                                                    XXV

 

    Andrea Fiala venait d'apprendre la mort de Macamo et elle était triste! Elle avait peur aussi... Elle avait peur de la bêtise, de l'obstination, qui conduisait à la violence! "Car derrière nos rages et nos colères se cachent toujours notre domination, la soif de notre égoïsme!" pensait-elle. Au souvenir de Macamo, elle en voulait à ceux qui cachent leur ambition, toute l'avidité de leur amour-propre, sous l'étendard de la justice sociale! En se faisant le défenseur des plus faibles, on pouvait exprimer toute sa rancœur, toute sa haine impunément!

    On faisait croire qu'on était transparent, juste au service de la justice! On abusait et les autres et soi-même, sous les airs du chevalier blanc! On avait toute liberté pour se laisser aller, ne pas se contraindre et on n'évoluait pas! La preuve, c'est qu'on s'emportait à la moindre déconvenue, car on était encore un enfant! "Il n'y a pas de sagesse sans patience, sans prendre conscience de l'immensité des choses et de leur complexité!" songeait Andrea.

    Mais on excusait encore ses emportements, car on parlait au nom du pauvre et de ce côté n'y avait-il pas urgence? On s'admirait, on s'écoutait parler, on enflammait les autres pour mieux se grandir et on semait les germes de la violence, de la révolte qui n'était au fond que celle de la domination frustrée! On voulait le pouvoir, le contrôle du monde et on ne guérissait pas de sa peur!

    Andrea, pour se consoler et penser toujours à Macamo, lui semblait-elle, se mit à écrire sur l'économie: "Un pays fonctionne grâce à ses services, son administration et sa protection sociale! Pour payer cela, il faut des cotisations et des impôts! Des salariés et des entreprises sont donc nécessaires! L'argent doit circuler et être motivant! Ceux qui prennent le patronat pour ennemi se coupe la moitié du corps!

    Le communisme n'a jamais été viable économiquement! Il n'est pas rentable et s'il a survécu aussi longtemps, c'est en exploitant sa population! Jamais un régime n'a autant asservi les gens, alors que son but était la fraternité! La réserve d'or de Moscou vient des milliers de morts de la Kolyma! On a écrasé l'être humain et son souvenir même s'est effacé!      

    C'est toujours la domination qui nous pousse et on se trompe sur soi en se donnant un ennemi, en l'occurrence le riche, le profiteur, la capitaliste! Si celui-ci existe, c'est parce qu'il est en chacun de nous! On ne peut pas comprendre cela, si on ne lutte pas contre soi-même! On reste dans une illusion et illogique, tant qu'on ne se voit pas tel qu'on est!

    Le libéralisme permet le développement du pays, mais ses abus sont les nôtres! Le puissant qui n'en a jamais assez, qui veut échapper à l'impôt et qui méprise plus petit que lui, c'est le syndicaliste qui hait parce qu'il n'est pas le maître! C'est le marginal qui roule des mécaniques avec sa canette! C'est le SDF qui en tue un autre pour s'emparer d'un manteau! C'est le commerçant qui joue les notables!

    C'est tout la bulle de la domination, sa maladie qui place la société dans une impasse! Certes, pour corriger nos comportement, il y a les lois et on voit comme elles doivent évoluer face à l'évasion fiscale des multinationales! Mais ce sont toujours d'autres nous-mêmes que nous fustigeons! Ce sont nos frères que nous voulons abattre! Mais, si nous sommes autant dangereux et repoussants, pourquoi ne changeons-nous pas?"

 

                                                                                                          XXVI     

 

    Cariou montait, montait, mais il n'adressait plus la parole au même personnage, qu'il dépassait régulièrement! Il ne voulait pas que celui-ci, par ses propos, fût entraîné dans le vide! Bien que cela parût sans danger, la scène ne laissait pas d'être insoutenable!

    Mais bientôt il y eut d'autres personnes... Elles étaient contre la paroi et elles ne bougeaient pas! Elles avaient l'air hostiles, narquoises... Elles semblaient défier celui qui arrivait! Cariou essaya de passer sans s'arrêter, mais il fut aussitôt interpellé! "Où c'est qu'on va comme ça? jeta l'un.
    _ Mais je monte, répondit poliment Cariou.  

    _ Ah! Ah! Il monte!" se moqua l'individu et tout le monde éclata de rire.

    "Mais y a rien là-haut! s'écria un autre.

    _ Mais je vois de la lumière et j'ai besoin d'air! répondit Cariou.

    _ Tu veux faire l'important, c'est tout!

    _ Ouais, le gars se croit meilleur que nous!

    _ Mais pas du tout! répliqua Cariou. Et d'ailleurs je ne vous connais pas..., mais c'est peut-être ça le problème, non?

    _ Qu'est-ce que tu veux dire?

    _ Ben, pourquoi vous montez pas tous vers la lumière, pour respirer, vous éclater!

    _ Pfff! C'est pas meilleur qu'ici! Et nous, on est bien ici, hein, les gars?

    _ Ouais! Ouais! firent les autres en opinant fortement.

    _ Mais si vous étiez heureux, vous ne seriez pas agressifs! répondit Cariou.

    _ Mais on n'est pas agressif! C'est toi qui fais toute une histoire!

    _ Ah bon, je peux monter librement? J'ai passé le contrôle?

    _ T'es véritablement un bouseux!

    _ Et si je vous aidais les gars? renchérit Cariou. Car visiblement vous n'avez pas de jus! 

    _ Eh! Y a le benêt qui veut nous aider les gars!

    _ Ah! Ah!

    _ Vous savez pourquoi vous n'avez pas d' jus?

    _ D'où tu tiens qu'on n'a pas de jus, comme tu dis!

    _ Mais vous êtes là amorphes, comme paralysés, d'où votre haine! Vous n'avez pas la force de monter et au lieu de chercher pourquoi, vous empêcher les autres de le faire!

    _ D'accord, l'affreux! Alors t'as la science infuse et tu vas nous éclairer!

    _ Mais justement, votre problème, c'est que vous ramenez tout à vous! Vous n'aimez pas les autres! Vous voulez vous imposer et cela vous tourmente! Vous ne savez pas vous reposer, car votre réussite vous mine! Or, qu'est-ce que ça peut faire? Pourquoi vous ne vous enchantez pas de la vie?

    _ Mais y a des tas de choses graves! Y a des gens qui souffrent!

    _ Et c'est vos gueules fermées et patibulaires qui vont les aider, leur redonner de l'espoir?

    _ Oh! Oh! J'ai jamais dit que t' avais le droit de nous gonfler!

    _ Que Sa Seigneurie m'excuse, d'autant qu'elle a peur!

    _ Peur? Peur de quoi?

    _ Mais peur de la lumière, de la liberté, de la grandeur!

    _ Barre-toi! J' sens que je vais devenir violent!"

    Cariou hocha la tête et passa devant les autres, qui soit baissaient la tête, soit le regardaient avec haine!, Puis, ce fut des femmes qui l'agrippèrent, en disant: "Ne va pas plus loin, c'est dangereux! Reste avec nous! Tu verras, on prendra du bon temps!" Cariou se débattait et regardait ces visages abîmés avec compassion! Il eût envie de les ranimer, de leur redonner de la confiance et de la joie, mais ces femmes étaient comme les hommes précédents: elles ne voulaient pas évoluer! Elles étaient vissées à elles-mêmes, comme les balanes à une coque! C'était un abîme et on ne pouvait les sauver!

    Cariou se libéra, avec un frisson et reprit son ascension! "Quelle folie! se dit-il. Elles pourraient être heureuses!" 

 

                                                                                             XXVII

 

    Cariou se sentit soudain las, car tous ces combats, pour gagner la lumière, l'avaient épuisé! Il se rendit compte qu'il marchait dans une sorte de colle et qu'il devait arracher chacun de ses pieds! Il continuait pourtant d'avancer, au prix de grands efforts, et il voyait à côté des horreurs, car certains étaient restés figés, incapables de se dégager et il ne restait plus que leur squelette!

    Cariou ne s'en laissa pas démonter, même si les crânes autour racontaient chacun une histoire! Qu'aurait pu dire celui-ci? Qu'il avait une maladie, qui l'avait empêché d'aller plus loin? Et celui-là? Qu'on ne lui avait pas donné le bon coup de pouce, qu'il n'avait jamais rien reçu? L'air était plein de l'écho des morts et à les écouter, on se serait perdu soi-même!

    Cariou avait appris la patience et les terreurs de la nuit l'avaient fortifié! Il n'allait pas s'apitoyer sur lui-même et la haine n'était pas pour lui! Il perçut un sol plus ferme et il passa le bourbier! C'était plus fort que lui, comme si un souffle le transportait, le soutenait! La vie apparemment débordait de sa personne, voulait s'étendre, se répandre et il échappait à tous les obstacles!

    Plus loin, il y avait un certain tapage: c'était des livres animés, qui parlaient, discutaient! Cariou s'approcha pour écouter et l'un disait: "La substantialité est dans le matérialisme! Attention! Je ne dis pas que c'est coexistant! Mais plutôt analogique! Ce serait une sorte de réalité repliée, diffuse, parallèle! Voilà le but! La solution!" Les autres livres s'agitèrent, opinèrent, échangèrent!

    C'était un beau brouhaha, mais qui n'intéressait pas Cariou et il s'efforça de passer discrètement! "Vous là! fit le livre qui avait parlé. On ne vous intéresse pas! Vous vous sentez peut-être supérieur?

    _ Non, non, répondit Cariou, mais j'ai autre chose à faire!

    _ Autre chose à faire! Voilà qui est amusant! Nous réfléchissons ici sur le sens de la vie et monsieur a autre chose à faire!"   

    Les autres livres furent alertés et prirent un air sévère, à l'égard de Cariou! "Oh! mais vous êtes beaucoup trop savants pour moi! répliqua Cariou! Dès que je dois forcer un peu mon esprit, je deviens idiot!

    _ Mais c'est déjà très bien de le reconnaître! (Les autres livres approuvèrent.) Mais si vous voulez, je peux me montrer infiniment plus simple...

    _ Non, vraiment non, je vous en remercie, mais cela ne m'intéresse pas!

    _ Et qu'est-ce qui vous intéresse alors? manger, le sexe, respirer peut-être? (Les autres livres rirent.)

    _ Mais vous n'avez pas besoin de moi, n'est-ce pas? Des gens aussi importants que vous ont déjà tant à faire! Je vous demande de me laisser dans mon ignorance crasse, s'il vous plaît!

    _ Eh bien soit! La lie reste la lie!"

    Cariou allait s'en aller, quand un livre l'accrocha au passage: "Tu n'aimes pas le maître? fit-il. Pour qui tu te prends?" et il gifla Cariou avec ses pages! Cariou recula, choqué, puis il dit: "Vous savez la violence est toujours un  signe de bêtise, d'impuissance! Si vos idées étaient justes, vous seriez en paix avec vous-mêmes!

    _ Il n'a pas tort! intervint le livre maître. Ne vous occupez pas de lui (il désignait Cariou)! Venez plutôt voir mon dernier prix!"

    Tous les livres se groupèrent autour du maître, pour regarder un objet brillant, pendu à sa couverture et Cariou en profita pour s'éclipser! Il se caressa la joue, car il sentait encore la gifle! "Des coqs! songea Cariou. Ce sont de véritables coqs!" L'amertume l'effleura, mais il n'en continua pas moins son ascension et il regardait la lumière, quand un homme de deux mètres de haut, se dressa entre elle et lui!

    "Où vas-tu?" demanda le géant, qui portait une robe. Sa voix était douce, mais toute son allure dégageait une menace! "Je vais vers la lumière, répondit Cariou.

    _ C'est bien, très bien même, car rares sont ceux qui font comme toi de nos jours!

    _ Oui, oui, mais excusez-moi, je suis pressé d'arriver!

    _ Halte, malheureux! (Le géant bloquait maintenant le passage.) La lumière est sacrée et elle demande de l'humilité! On ne va pas à elle comme ça! Il faut être pur! A genoux et prions, pour que la lumière accepte ton âme!

    _ Ben non, la lumière est mon amie et je l'aime comme elle m'aime! J'ai pas besoin de prier et je vous prie de me laisser passer!

    _ Co... comment? Tu me réponds sur ce ton?

    _ C'est vous qui manquez de simplicité... et qui n'êtes pas pur! Vous vous faites le gardien ici et la lumière n'aime pas le pouvoir!

    _ Mais... mais il faut bien que quelqu'un fasse respecter le sacré!

    _ Mais non, le sacré arrivera bien à s'occuper de lui-même! Vous ne doutez pas du pouvoir de la lumière tout de même!

    _ Non, bien entendu!

    _ A la bonne heure! Vous savez, parler de la lumière avec amour, c'est très bon et ça fait même du bien! Mais devenir agressif en son nom, tsss! tsss!

    _ Mais tu me fais la leçon, ma parole! J'ai l'impression que tu manques de discipline! (Le géant se saisit d'un bâton.) Quand la viande est trop ferme, on la bat un peu, pour l'adoucir!

    _ Ne me tentez pas! Je serais obligé de vous donner une fessée!

    _ La mesure est comble! C'est l'heure du châtiment!

    _ Pauvre lumière!"

    A ce stade, Cariou se jeta sous la robe du géant et passa en dessous! Avant même que l'autre ne tournât son immense masse, Cariou lui projetait ses deux pieds dans le derrière! Le géant fut surpris et piqua vers l'avant, puis il se mit à rouler sur la pente! "Sacrée chute!" murmura Cariou et il s'épousseta, pour repartir de plus belle!

 
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