Les Enfants Dom (VII-XIII)

  • Le 26/03/2022
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Dom2

 

 

 

 

 

                               VII

 

    RAM change constamment! La ville a beau être prisonnière des flots, elle continue à se développer, à se transformer! Des tours sont détruites, des chantiers titanesques apparaissent, produisant un déluge de bruit et de poussière!

    Certes, on voit des ouvriers et des machines, mais on est toujours surpris devant le bâtiment nouveau, ainsi qu'il serait sorti de terre! Pourtant, les rues de RAM sont ouvertes, des tranchées y sont creusées, des branchements refaits! Les tuyaux ne sont-ils pas des veines et des connections plus fines des nerfs?

    RAM se montre comme un être vivant, capable même de se régénérer! Des édifices barrent soudain le ciel! D'autres viennent masquer le soleil! On oublie les anciennes constructions insalubres! On s'adapte, mais on est parfois écrasé, chassé! On se demande alors ce qui motive vraiment RAM!

    La ville paraît insatiable! Le temps déréglé et la mer polluée ne l'arrêtent même pas, bien qu'ils témoignent de sa folie! N'est-ce pas l'industrialisation qui est à l'origine de la catastrophe? Mais RAM gagne encore sur les flots! La ville construit des polders, à coups de marteau géant!

    Pourquoi RAM ne réfléchit pas? C'est comme si tout le monde était dans une fuite en avant! Car il faut voir les visages! Ils se laissent surprendre et qu'expriment-ils? De la tristesse! de la fatigue! de la peur aussi! Que regrettent-ils? Qu'est-ce qui leur manque? RAM regorge de richesses! Mais le rôle d'une ville n'est-il pas de rendre heureux ses habitants? Car quel autre but pourrait avoir la vie?

    Seuls ceux qui boivent, dans un petit parc, semblent gais, mais à quel prix?

 

                                                                                                                    VIII

 

    "Dis grand-père, c'est vrai que nous sommes des animaux? demanda le petit garçon.

    _ C'est pas vrai! répliqua sa petite soeur.

    _ Mais si, ma petite, c'est vrai! répondit le grand-père. Tu as des poils, tu manges, tu fais pipi, caca! Tes bras, s'ils avaient des plumes, ils seraient des ailes! Et si tes jambes étaient collées, ne feraient-elles pas une belle queue de poisson?

    _ Comme la sirène?

    _ Exactement! Nous sommes de la même matière que les animaux, mais nous avons évolué différemment!

    _ Mais nous sommes habillés! Nous habitons des maisons! Et papa et maman, ils vont au travail! rajouta la petite fille.

    _ Oui, c'est ce qu'on appelle la civilisation! Nous inventons de choses, car nous sommes capables de réfléchir!

    _ Nous avons un cerveau plus gros! affirma le garçon.

    _ Oui, sans doute, mais surtout nous nous posons des questions! Nous pouvons faire des choix et contrôler nos instincts!

    _ Qu'est-ce que ça veut dire?

    _ Vous savez qu'il y a un merle qui vient ici...

    _ Oui, il vient manger les fruits du sorbier!

    _ Oui, il n'y en a plus beaucoup des comme lui! Mais à part manger, qu'est-ce qu'il fait?

    _ Eh ben, on voit aussi la merlette... murmura la petite fille.

    _ Tu penses au nid et aux petits? C'est vrai, il y a la reproduction, mais elle n'a lieu qu'au printemps! Donc, que fait le merle le plus clair de son temps?

    _ Il chante?

    _ Oui et non... Et pourquoi il chante?   

    _ Pour montrer qu'il est le plus fort!

    _ Bien! Alors voilà ce qu'on va dire... Le merle s'occupe principalement de défendre son territoire! Il chante ou pousse son cri, pour dire qu'il est là et qu'ici c'est sa maison! Car, sans le territoire, il n'y a pas de nourriture, ni de survie! Mais c'est comme ça chaque jour! Le merle est commandé par son instinct! Il recommence à chaque fois la même chose, tandis que nous, nous avons besoin de sentir que chaque jour est différent!

    _ Mais on va chaque jour à l'école!

    _ Ah! Ah! D'accord, mais la maîtresse ne vous demande jamais tout à fait la même chose, sinon vous seriez les premiers à vous ennuyer! Les hommes veulent réfléchir, rêver, inventer, créer, voyager, etc.! Nous avons un animal en nous, mais il ne nous suffit pas! Pouh! Les enfants, c'est un peu compliqué! Vous allez pensez à tout ça un peu plus tard... Maintenant, il est l'heure d'aller vous coucher!

    _ Bonne nuit, grand-père!

    _ Bonne nuit, les enfants!"

    Le grand-père regarda ses petits-enfants, qui se dirigeaient vers leur maison... Le petit garçon faisait le singe, quand sa sœur imitait le chien! Puis, le visage du vieux se ferma: "J'ai montré aux enfants que nous étions différents des animaux! se dit-il. Mais bien des hommes et des femmes restent des animaux, malgré leurs cravates et leurs bijoux! Et ils piétinent et même tuent sans pitié leurs semblables!"

 

                                                                                                                 IX

 

    Cariou, Macamo et Fiala s'étaient connus par les réseaux sociaux! Cariou avait repéré chez ses futurs partenaires un mal-être, qui était aussi le sien! Sans brusquer les choses, il les avait mis sur la voie que lui-même avait dégagée, pour comprendre ses souffrances! Mis en confiance et intéressés, Macamo et Fiala avaient souhaité une rencontre les réunissant tous les trois!

    Cariou leur avait alors expliqué patiemment les choses, pourquoi ils regardaient RAM les yeux horrifiés, d'où venait leur peur, qui les menaçaient et les attaquaient et comment on pouvait lutter! Macamo et Fiala étaient allées de surprise en surprise, mais le discours de Cariou sonnait juste, les éclairait, les apaisait même et d'un commun accord, le trio avait fondé l'OED!

    Mais comment Cariou avait-il pu acquérir autant d'expérience? Cela restait pour lui un mystère... Aussi loin que remontaient ses souvenirs, il se voyait face à un monde hostile, plein de cris et de fureur! C'était bien avant la montée des eaux et il retrouvait alors la paix dans la nature!

    Il était plein de blessures, de griefs et il s'efforçait de se rendre justice, de restaurer une logique, une vérité, car il se sentait victime du mensonge! Il avait l'impression d'affronter quelque folie, mais, peu à peu, l'éclat du feuillage émeraude, des anneaux de lumière remontant un bouquet de scions, ou des écharpes de vase, dans le courant d'un ruisseau, dont le fond était pailleté d'or, ou la queue violette d'une truite le calmaient!

    Il apprenait là, dans le silence et la beauté, comme guidé par quelque main invisible! Il rêvait, mûrissait et sans qu'il en eût vraiment conscience, il démêlait les écheveaux et se préparait à la clarté! Puis, il retournait dans la société et le cycle recommençait! tyrannies et peines! campagne et apaisement!

    L'apprentissage dura des années! la plupart du temps dans le brouillard! Que d'errances, de tâtonnements, de questions sans réponses! Que de chagrins, de doutes, d'impasses! Cariou avait sans doute lui-même côtoyé la folie, était devenu malade, s'était relevé, avait continué, persévéré, car c'était son être entier qui était concerné, sa vérité, sa raison d'être!

    Il s'était rendu compte qu'une lumière traversait les êtres, à laquelle généralement ils offraient plus ou moins de résistance! C'était déjà extrêmement curieux! Cariou avait même pu constituer des catégories, selon que les gens étaient plus ou moins fermés à cette lumière, mais il ne se doutait aucunement de ce qu'il allait finir par apprendre! 

    Il fut comme un alpiniste, qui contemple la vue sur le sommet de la montagne! Et elle était vertigineuse! Il l'avait fait entrevoir à Macamo et Fiala et ils en avaient frémi, même s'ils ne l'avaient pas parfaitement comprise! Il leur manquait le vécu, les épreuves qui brûlaient, comme des anneaux de feu! C'était tout le défaut d'un résumé!

    Il leur restait à assimiler ce savoir, mais leur vie avait maintenant un sens! Ils n'étaient plus malheureux comme avant! Ils avaient encore cessé d'être surpris par les événements, qui n'étaient plus que les pièces d'un puzzle infiniment plus vaste! Leur esprit s'éveillait et l'existence leur paraissait désormais bien plus riche qu'ils ne l'avaient imaginé!

    Quant à Cariou, avec le temps, il était devenu un maître de lumière!

 

                                                                                                             X

 

    Jan Sovensen était un Danois, qui vivait de sa retraite et qui habitait un quartier obscur de RAM, bien loin du tumulte de la ville! Il avait le corps malingre et menait une existence morne, en compagnie de ses chats! Chaque fin de semaine toutefois, il se permettait l'achat d'une bouteille, afin d'apporter un rayon à son week-end, et il se rendait toujours dans la même épicerie!

    Il était donc à la caisse, en train de payer son alcool, et il discutait un peu avec la caissière, comme à son habitude, quand une petite vieille, venant du fond du magasin, lui planta subitement un couteau dans le dos! Il fut rempli de douleur et sentit que le froid le gagnait déjà!

    Il chercha du secours auprès de la caissière, mais elle ne parlait que d'elle et ne prenait pas conscience de la situation! Quant à la vieille dame, elle avait déjà oublié Sovensen et elle déposait ses articles sur le comptoir! Les jambes du Danois flanchèrent et il s'écroula derrière une pile de paniers! La dernière chose qu'il entendit, ce fut que la caissière avait une tendinite!

    Ailleurs, madame Rosec n'en revenait pas! Normalement, quand elle entrait dans un magasin, on devait la servir tout de suite! C'était pour elle la loi! N'était-elle pas la toute puissante madame Rosec? Ici, tout le monde la connaissait! Elle était riche, on le savait et on se courbait devant elle!

    Mais, ce jour-là, le client qui la précédait ne semblait pas s'en soucier! Il demeurait calme, indifférent et il terminait sans broncher ses achats, alors qu'il aurait dû déguerpir pour laisser la place à madame Rosec! Celle-ci redoubla de fureur et la vendeuse effrayée s'excusa du regard! Elle craignait madame Rosec et ne voulait surtout pas la contrarier!

    Le client, c'était Jack Cariou, et loin d'ignorer la situation, il la prolongeait au contraire! Il ne supportait pas la tyrannie, qui ne lui avait jamais paru justifiée, et il se concentrait sur le choix d'un fromage! Des flammes pourtant léchaient le plafond et derrière lui, Cariou sentait une véritable fournaise!

    Cela renforça encore sa froideur et il pouvait être aussi sourd qu'un caillou au fond de la mer! Il paya tranquillement, se permit même une petite plaisanterie et sortit sans regarder une seule fois madame Rosec! Celle-ci fumait, se répandait en mépris, puis, sous les yeux médusés de la serveuse, elle se mit à fondre et montra qu'elle n'était qu'un robot!

 

                                                                                                              XI

 

    La brume avait envahi RAM et on n'y voyait pas à dix mètres. Un étrange silence s'était installé, sans doute du fait que le trafic était empêché! Cariou, toujours à pied, se demandait même où il était, quand il entendit le claquement d'un fouet! Cela avait été si bref qu'il avait peut-être rêvé!

    Puis, une femme magnifique apparut! Tout en elle éveillait les sens! Ses formes étaient parfaites et provocantes! Il n'y avait plus de brume! Il n'y avait plus qu'elle, comme si elle avait été le soleil! Elle eut un air de défi en regardant Cariou, qui en avait le souffle coupé! Le désir l'avait saisi et il ressentait une attraction quasi irrésistible!

    Pourtant, il avait toujours en mémoire le coup de fouet et il pensait qu'il provenait de la femme, qui avait voulu attirer son attention! Cela révélait un caractère dur et rebutait Cariou! Comme elle constatait qu'on lui résistait, la femme éclata d'un rire méprisant, qui disait: "Regardez-moi cet homme! Il me veut et il n'a pas le courage d'agir! Le pauvre garçon!"

    Cariou en fut mortifié, mais il souffrit encore plus, quand soudainement elle ne fut plus là! C'était sa vengeance! Elle avait ôté son corps envoûtant, sa beauté ineffable de la vue de Cariou, qui en éprouva une sorte de déchirement, car tant qu'elle avait été là, même s'il hésitait, il pouvait rêver!

    Mais elle avait peut-être raison après tout! Il n'était qu'un sot! Pourquoi ne s'était-il pas décidé? Il ferma les yeux et imagina des baiser brûlants! des étreintes passionnées! une complicité rayonnante, chaude! un quotidien désormais léger, souriant!

    Sa vie à lui n'était-elle pas grise? Ne souffrait-il pas de la solitude? Il parlait d'un combat, mais qui s'y intéressait? N'était-il pas au fond inadapté, un fou? Ne se trompait-il pas? N'était-il pas la victime d'une illusion? Et en quoi une relation amoureuse était-elle incompatible avec ses idées? Ne pouvait-il pas combiner une vie de famille et son action?

    La brume maintenant était revenue et Cariou était déchiré, sombre! Mais il y avait encore autre chose qui le calmait et qui l'avait retenu! Ses sens criaient, mais sa raison gardait un fond de lucidité et préconisait la patience! Car, outre le coup de fouet, il savait que cette femme n'étais pas venue à lui, parce qu'elle le désirait expressément, bien qu'il dût certainement répondre à certains critères! Non, elle s'était offerte par peur!   

 

                                                                                                            XII

 

    Diego Perez partait au boulot chaque matin, sur son scooter volant! Il avait une particularité! Il ne pouvait démarrer sans qu'on le fêtât! sans qu'on l'admirât! Il demandait donc aux voisins d'assister à son départ matinal et de lui crier: "Hourrah! Hourrah!", sous une pluie de cotillons! Si certains savaient jouer d'un instrument ou avaient une belle voix, ils étaient pressés de les utiliser pour l'occasion!

    Evidemment, si on s'était d'abord prêté au jeu en s'amusant, on s'était vite lassé! Mais Perez était sérieux et son regard était destiné à inspirer de la crainte! On continuait donc malgré soi, en pestant contre sa propre faiblesse! Perez d'ailleurs saisissait la moindre faille et on devait s'intéresser à son scoot rutilant!

    Il finissait par diffuser une colère sourde et après son passage, on en venait à rêver que ses collègues de travail fussent comme lui! "Si chacun demande un public, tous se déchirent!" disait-on!

    Dans RAM, malgré le nombre d'habitants, Leo Brown était connu, ou plutôt une partie de lui-même faisait sensation! Il surfait entre les buildings en ne présentant que son dos, ainsi qu'il aurait été amputé des jambes! On eût dit une boule qui rebondissait, un être difforme et d'un autre âge, un gnome, mais de plus près on comprenait que Brown était très fier de son dos musculeux et qu'ainsi il l'exhibait!  

    RAM était toujours en ébullition! De nombreux gens étaient en colère et manifestaient! Ils se réunissaient devant la tour du Pouvoir et criaient leur haine, ce qui ne laissait pas de surprendre Cariou! Car comment pouvait-on demander la justice ou l'harmonie sociale, en jurant la perte de certains? Voulait-on seulement régner?

    Cariou essaya de comprendre... Il demanda à des manifestants quelles étaient leurs revendications et à sa grande stupéfaction, elles étaient toutes différentes! Il apparut alors qu'on montrait son mécontentement par habitude, pour échapper à l'angoisse, comme si la paix, l'immobilité, la satisfaction même étaient suspectes!

    Cariou alla plus loin... Il se rendit compte que c'étaient quasiment les mêmes personnes à chaque manifestation! Elles ne faisaient que changer de casquettes et de slogans! Un jour, il suivit le cortège jusqu'au bout... Le soir tombait et on se dirigea vers un vieux cimetière! Là, chacun retourna dans sa tombe, sous les yeux ébahis de Cariou! Il n'en parla pourtant pas, de peur qu'on ne sautât sur lui!

    Pour Cariou cependant, le bonheur n'était pas politique!  Certes, il fallait un gouvernement et des mesures, mais la solution était en chacun de nous! La paix ne dépendait pas du salaire, mais Cariou se taisait!

 

                                                                                                               XIII

 

    Stan Harris se réveilla dans une petite pièce blanche, éclairée par une lumière crue! Que faisait-il là? Soudain, il se rappela... l'incendie du musée, la poursuite  et... Il était allongé sur une banquette et il se redressa... Il avait encore mal à la mâchoire!

    A cet instant, un homme entra, que Harris reconnut: c'était son agresseur! Un flic sans doute! L'homme invita d'une geste Harris à s'asseoir à une table, où lui-même prit place, en déposant un dossier devant lui!

    "J' peux avoir un café? demanda Harris, quand il fut sur son siège.

    _ Non."

    L'homme consultait le dossier et ne disait plus rien. Harris regarda le plafond.  "Bon, fit l'homme en fixant Harris. T'es cuit!

    _ J'ai rien fait! s'écria Harris. C'est pas moi!"

    L'homme soupira et montra un Narcisse: "C'est le tien! fit-il. Et t'es assez branque pour te filmer faire tes conneries! Avec les dégâts, t'a pas fini d' payer! T'es cuit, j' te dis!

    _ Comme le musée, alors? répliqua Harris avec un petit sourire.

    _ Le problème, Harris, c'est qu' tu sais pas t'arrêter! Tu t' crois invincible, pas vrai? T'es encore mineur et tu penses qu'on peut pas grand-chose contre toi! Mais que vont dire tes parents, quand ils verront la facture?"

    Une ombre couvrit le visage de Harris, mais il retrouva vite le sourire! L'homme tenta d'interpréter ce fait... "Ah, je vois! dit-il. Tu as déjà fait le tour de ton père! Tu le méprises ou tu le manipules! C'est ça? Laisse-moi deviner! Quand tu as besoin de quelque chose, tu fais l'enfant, tu es soumis et tu lui dis papa! C'est lui qui a l'argent! Mais autrement tu le considères comme un bon vieux! Il est dépassé! Une vraie relique! Une poire! Toi, t'as déjà compris que le monde était juste là pour te servir!"

    La haine faisait maintenant grimacer Harris: "Et alors? répondit-il. Vous, les adultes, vous avez tout foutu en l'air! Non, mais regardez-moi la merde que vous avez semée! RAM! Une ville prisonnière de la mer, avec un ciel d'orage au-dessus de nos têtes! Et la bouffe? On sait même plus ce qu'on mange, ni comment c'est fabriqué! Tout se passe sous nos pieds, au niveau des égouts! Et vous venez nous faire la leçon!

    _ Et tout ce que tu trouves comme solution, c'est de mettre le feu à un musée! Bravo! Y en a là-dedans! J'ai été comme toi, tu sais! J'étais un beau branleur... et j' me croyais bien plus malin que tous les autres! Je sais comment ça se termine! Un jour, on commet l'irréparable et on termine en prison! Là-bas, on trouve de véritables salopards! On est brisé! Finie la gloriole! On fait encore le fier, mais on rêve plus! On pleure à l'intérieur, tellement c'est dur et c'est moche! On n'en finit plus de souffrir et on regrette le temps passé! La bouffe de RAM, c'était du miel! La liberté de RAM, c'était un paradis!"

    Il y eut un silence, puis l'homme reprit: "J' peux arranger les choses, mais faudrait qu' tu changes! En fait, j' te propose de travailler pour moi!

    _ Ah bon? Et qu'est-ce que ce s' rait?

    _ Tu vas continuer ton p'tit cirque, comme avant! Tu vas continuer à épater tes copains et les filles, sans pour autant détruire quelque chose... Mais tu vas être mes yeux et mes oreilles!

    _ J' comprends pas! Qu'est-ce que vous voulez savoir?

    _ J' veux qu' tu me dises si tu es surpris par un fait, si une situation t'étonne! Il se peut que ce ne soit rien, mais il me faut un rapport régulier!

    _ Mais y a des déjà des caméras partout!

    _ Les caméras ne filment pas ce qui m'intéresse! C'est tes sentiments que je veux! Et ne crois pas que tu vas me posséder! A la moindre embrouille, je ressors le dossier... et tu plonges!"

    Harris et l'homme échangèrent un long regard et ce fut Harris qui baissa en premier les yeux. Puis, il demanda: "Et comment je vous contacte?" L'homme lui donna un numéro, en ajoutant: "Je m'appelle Œil d'or!"

 
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