Les enfants Doms (T2, 130-134)

  • Le 25/03/2023
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Doms49

 

 

      "Lee!"

         Rush Hour

 

                              130

Je t’expliquerai la force tranquille des nuages !

La force infinie de la beauté !

Je t’expliquerai la paix !

L’enchantement !

L’amour inaltérable !

Le mystère !

L’incroyable mystère !

Ta peine est comme le vent sur la lande !

La peur est l’ombre

Et les choses se font, sois tranquille !

La lumière est de l’or sur la Terre !

Tu n’est pas oublié,

Ni abandonné !

Tu es au contraire l’objet de toutes les attentions !

Tu as la meilleure part, celle de l’esprit !

C’est la meilleure part !

Celle de l’égo est séduisante,

Tellement charnelle,

Tellement viscérale !

La perdre suscite de l’amertume !

De la colère !

Regarde le monde !

Il en est fou !

Tourmenté !

En guerre !

Moi, je te propose la paix !

Le calme du port !

La puissance des grands vents, des grandes lumières !

La joie de Dieu,

Tellement il est fort et serein,

Inaltérable !

Je te propose aussi sa douceur,

Car te voilà confiant,

Sans fatigue,

Donc disponible !

Dieu est à la fois en paix et toujours agissant !

Il te nourrit de son lait chaque jour !

Il t’ouvre les yeux

Et tu prends de la hauteur !

Les choses sont de plus en plus simples,

Car nous sommes simples !

Car nous avons peur !

Laisse là le fardeau de ton ego !

C’est lui qui te fatigue !

Tu te demandes : « Faut-il faire ceci ou cela ? »

Et cela te mine !

Allons sur la lande, où le vent chassera ta peine !

Ecoute-le !

Ton cœur est comme l’herbe gonflée !

Tout près du sanglot…

Tu voudrais crier toute ta plainte !

Toute ta soif !

Mais, ici, le temps endort ta douleur !

C’est la houle de l’ajonc !

La bruine rafraîchissante et qui embue les lointains !

Loin du chaos du monde, loin de l’ego !

La lumière écrit sur la mer !

C’est une tresse d’or !

C’est un jeu qui dépasse l’imagination la plus folle !

Où est le tumulte, ton abandon ?

La magie est là, infinie, gratuite !

Où est ton abandon ?

L’ego se mange lui-même !

Il n’est jamais satisfait !

Regarde-le : il hurle, il hait, il détruit !

Il souffre, il est malheureux !

O le calme des rayons, sur la majesté de la mer !

Où est le tumulte,

Le tumulte de l’ego ?

Sois l’enfant ensorcelé !

L’enfant du mystère !

L’enfant confiant !

L’enfant courageux !

L’enfant paisible !

L’enfant aimant !

                                                                                                    131

     De nouveaux pauvres sont dans RAM ! Ils crient au scandale ! L’un a pour logement un garage et comme on passe tout près, il jette : « Eh ! Mais venez voir ! Entrez ! Non mais, entrez ! Regardez ça ! » On n’entre pas tellement c’est noir et on voit une couverture sur le sol et quelques affaires ! Effectivement, on frémit, car il n’est pas possible de vivre là ! « J’ suis S...V F ! » dit encore l’individu, qui n’arrive pas à prononcer correctement le mot SDF, parce qu’il a honte ou parce qu’il est déjà ivre ? Il a une canette entre les mains et prend une gorgée…

Touché par son malheur, vous lui expliquez : « Filez au CCAS, régularisez votre situation, faites une demande de RSA et obtenez une allocation logement ! Dans votre cas, vous n’aurez pas de loyer à payer ! Sauvé ! Évidemment, vous devez effectuer la démarche, ce qui implique que vous vous engagerez vous-même à changer de vie, à trouver un travail, etc. !

_ Non mais, regardez ! Venez voir ! Entrez donc ! J’suis S… VF…

_ J’ai bien compris, mais comme je vous l’ai dit, il y a une solution ! Vous êtes dans le pays où les prestations sociales sont les meilleures du monde ! Mais, encore une fois, il faut régulariser votre situation, ce qui implique aussi, évidemment, que vous serez moins libre !

_ Non mais, regardez ça ! Mais entrez donc ! Est-ce possible ? J’ suis S...BF... »

A cet instant passe une bonne âme, qui elle aussi est scandalisée par cette pauvreté et qui s’apitoie ! Elle pleure même ! Avec de l’angoisse dans la voix, elle demande au SDF : « Et vous êtes comme ça depuis longtemps ?

_ Quelques mois ! Ma chute a été rapide ! Ils sont venus un soir… Hips (une gorgée…) ! Ils étaient quatre… Curieux, le chien n’a même pas aboyé… Ils m’ont tout pris ! Ma collection de soldats de Napoléon et les quelques moutons, que j’élevais dans une cabane en bois… Ils étaient ma consolation ! Puis, ils sont partis, après m’avoir brutalisé ! J’ai vu la maison de mon père brûler devant mes yeux !

_ Non ?

_ Si ! Hips !

_ Écoutez, je me sens sale, dégueulasse même ! Comment est-ce que je peux dormir dans des draps propres, avoir autant de chance, alors que vous, vous vivez dans ce garage ! Allons chez moi, nous trouverons des solutions, et puis ce sera quand même mieux qu’ici ! »

Ils arrivent chez la bonne âme : « Asseyez-vous ! Asseyez-vous ! dit-elle. Faites comme chez vous. Un café ? » La bonne âme grimace : « Ulcère ! explique-t-elle. Mais bon, c’est rien à côté de vos problèmes !

_ Moi, j’ai aussi des palpitations ! Hips ! Ah ! J’peux pas dire que j’ai été aidé jusque-là ! De toute façon, le gouvernement ne fait rien pour nous ! Mais, moi et mes potes, on sait où le frapper ! On va lui faire mal !

_ Ma fille…

_ Eh ! Une petite minute ! Vous pouvez pas interrompre les gens comme ça ! Il s’agit de moi et non de votre fille !

_ Bien sûr, mais…

_ Vous ne savez pas qui j’suis, j’ parie ?

_ Non, effectivement... »

Le SDF ouvre une gueule immense et avale subitement la bonne âme ! Puis, il en recrache les os en disant : « Pas mauvais ! Un peu mou, un peu rance ! Mais y avait de la bonne graisse ! Un type qu’était sérieux, sûrement économe et sans excès ! Tout de même, me parler de sa fille en face ! Comme si j’avais qu’ ça à faire ! Voyons les lieux ! Le frigo ? Pas mal ! Le matelas ? Eh ! Eh ! rebondissant ! Belle couette ! Non, mais je sens que je vais m’ plaire ici ! »

Les nouveaux pauvres ? Des enfants Doms ! Hips ! Des gouffres ! « Non, mais entrez, je vous en prie ! Venez voir comment je suis traité ! Comment ? Le monde ne tourne pas autour de moi ? Y autre chose que mon malheur ? »

La bonne âme est perdue, terrorisée même ! Elle se demande comment croire, alors qu’il y a tant de souffrances ! La bonne âme est hachée menue !

L’enfant Dom est un capitaliste de l’égoïsme ! C’est la nouveauté ! Il a un panaris, venez voir ce scandale ! Il met la ville à feu et à sang, pour s’amuser ! Hips ! Il fait ce qu’il veut ! Il est le roi ! Mais loge-t-on le roi dans un garage ? C’est ça le scandale !

                                                                                                        132

     Monsieur Boue se frotte les mains : son affaire marche bien et il voit l’argent rentrer ! Tout gaillard, il va faire son petit tour ! Sa mère, Hypocrisie, installée dans le salon, lui dit de ne pas prendre froid et de n’être pas en retard au déjeuner : il y aura de l’osso-buco ! « Miam ! » fait monsieur Boue qui est gourmand, puis il met son par-dessus, son chapeau et il sort…

Il s’arrête d’abord devant le marchand de journaux, pour acheter des pastilles à la menthe… Les deux hommes se connaissent bien et partagent les mêmes idées… « Comment tu vas, Cancan ? demande monsieur Boue.

_ Bof, mes rhumatismes, tu sais... »

Jamais on ne doit dire que ça va dans le commerce, car il faut toujours garder la possibilité de se plaindre ! Et puis cela pourrait porter malheur, dit-on ! « Tu subis évidemment l’inflation, comme tout le monde, reprend monsieur Boue. La guerre en Kuranie est mauvaise pour tout le monde !

_ Si on n’avait pas excité Rimar, on n’en serait pas là ! Les Amerloques doivent bien rigoler !

_ Bien sûr ! Pour eux, c’est rentable ! Ah ! Ah ! »

A cet instant apparaît Zizanie, la femme de Cancan ! « Bonjour, m’sieur Boue ! » dit-elle respectueuse, car elle sait que le bonhomme est riche et a du pouvoir ! « Ils sont partout ! poursuit-elle. Ils viennent à la caisse et ils ne parlent même pas notre langue ! Bientôt, faudra demander la permission aux étrangers, pour habiter not’ pays !

_ Tu as raison, ma toute belle ! répond monsieur Boue . J’ suis pas raciste, mais on en voit de toutes les couleurs ! Ah ! Ah ! »

Monsieur Boue reprend son tour et il passe, indifférent semble-t-il, devant une prostituée, mais celle-ci le rejoint bientôt dans un petit endroit sombre ! « Tu as eu combien de clients c’ matin ? demande monsieur Boue.

_ Trois et quatre depuis hier soir ! répond la fille, qui s’appelle Peuple.

_ Bon, envoie la soudure ! »

La jeune femme sort de l’argent de son corsage et le donne à Boue qui l’empoche. « Dis donc, ajoute le souteneur, il me faut que tu m’fournisses un alibi pour mercredi ! Auprès des flics, j’préfère passer pour un vicieux que pour un truand !

_ Pas d’problèmes, Boue !

_ Ils te croiront sur parole, Peuple ! T’as l’air d’une vierge et n’oublie pas que pour moi, t’es sacrée ! »

Boue retrouve la rue et son allure respectable ! Il sourit ici et là, mais il repère un jeune et lui fait un signe imperceptible ! Le jeune continue à discuter avec ses camarades, mais il les quitte à cause d’une besoin pressant et le voilà dans le square, marchant près de Boue. « Alors, c’était chaud hier ? fait celui-ci.

_ Tu parles, deux vitrines éclatées, avant que les keufs n’arrivent !

_ Et les feux ?

_ On en avait allumés de chaque côté de l’avenue !

_ C’est important pour l’ambiance ! Faut qu’on aie peur !

_ Ah ! Ah ! Même les flics avaient les jetons ! On a chargé plusieurs fois ! Un moment, j’ai cru qu’ils allaient m’avoir !

_ Mais t’es trop malin pour ça ! Tiens, voilà ta part ! Et tu continues à chauffer ta bande, hein ? L’adrénaline, y a que ça d’ vrai ! »

Monsieur Boue se disait que les choses étaient sur la bonne voie : le pays n’était-il pas au bord du chaos ? Puis, soudain, il se rappela qu’il devait acheter un poisson pour sa mère et il s’arrêta devant l’étalage du poissonnier : « Tu m’ mettras un turbot ! demanda-t-il.

_ Et un turbot, ça marche !

_ Et les pêcheurs, comment ils vont ? C’est plutôt dur en c’ moment ?

_ Ben ouais ! Y tirent un peu la langue !

_ Pourquoi y font pas grève ? Y s’ font de toute façon entuber ! Le gouvernement est en ch’ville avec les multinationales !

_ Bien sûr ! Et puis, la saison n’a pas été bonne !

_ Mais pourquoi y restent alors dans leur coin ! Qu’ils se joignent au mouvement cette semaine ! Faut qu’y pensent à eux ! »

Boue, avec son poisson, rencontre Nombril : c’est son agitateur, son homme à tout faire ! « Tu dors, Nombril, tu dors ! lui dit dit Boue. Tu manges trop !

_ Mais non ! Mais en politique, on peut pas parler franchement ! J’suis obligé d’évoquer les pauvres, si je veux exciter mon monde ! La justice sociale, c’est ma couverture ! Faut des détours !

_ Excite ! Excite, Nombril ! Kssss ! Ksss ! »

Un peu plus tard, Boue sent le fumet de l’osso-buco et il montre quatre à quatre chez lui, l’estomac dans les talons ! Il fait bon vivre !

                                                                                                133

    Owen Sullivan ne participait pratiquement plus à la vie d’Adofusion, l’entreprise qu’il avait pourtant créée ! D’abord, il avait été évincé de la direction, mais aussi le nouveau directeur, Sam Bôme, venait d’être augmenté, au regard des bénéfices, en pleine crise sociale, ce qui, selon Sullivan, pouvait passer pour de la provocation ! D’autre part, la planète financière était à nouveau menacée, comme si on n’avait rien appris des crises précédentes ! Ceux qui avaient le plus d’argent étaient en effet les plus avides, mais parce qu’ils étaient encore les plus inquiets ! Ils cédaient donc facilement à la panique, en provoquant ce qu’ils redoutaient, à savoir la faillite des banques ! Sullivan voyait encore mieux combien la quête de la sécurité par la puissance était vaine et il continuait à chercher des réponses dans le programme de Macamo !

Prudent, il avait gardé une version originale du programme, qui lui-même avait été conçu pour évoluer dans le temps, les algorithmes s’adaptant, ainsi qu’ils eussent une vie propre ! Cela avait été voulu par Macamo, pour que son esprit, grâce à la technologie, pût servir peut-être mieux qu’un livre, d’une manière interactive, par-delà la mort !

Sullivan mit son casque et retrouva le métavers, par une entrée qu’il ne connaissait pas ! Il était habillé comme un marin des temps anciens et à bord apparemment d’un baleinier à voiles ! Il faisait sombre et humide… La coque luttait contre les coups de boutoir de la mer et Sullivan faisait face à un autre homme, au-dessus d’une table… Seule une lampe à huile éclairait le visage de cet individu et le montrait terrible, car les ombres étaient marquées, d’autant qu’elles venaient d’une barbe touffue et de sourcils proéminents ! Il fallait ajouter à cela un regard fiévreux, un front en sueur et des joues creuses ! La voix était grave, avec une solennité étrange, qui paraissait désespérée !

Elle disait : « Elle est à notre portée, Sullivan ! Nous arrêterons le monstre ici ! » L’homme tapa du doigt une carte et à son grand étonnement, Sullivan répondit : « Voilà des mois que nous lui donnons la chasse ! que nous affrontons les mers les plus hostiles ! N’est-il pas de temps de nous raisonner ? d’accepter la réalité ? N’est-ce pas une chimère que nous avons construite, afin d’étancher notre soif d’idéal, pour échapper à la banalité de notre quotidien ? Nul n’est vraiment responsable de notre malheur !

_ Tiens donc ! Et ceci, c’est une illusion aussi ? »

L’homme brusquement mis sa jambe sur la table et c’était un os de baleine ! « Elle me l’a emportée, reprit l’homme, et je la lui ferai payer ! Ce n’est que quand elle sera morte que je pourrai trouver le repos !

_ Vous croyez ? Je maintiens que vous ne savez pas vivre, ni même aimer ! Vous êtes en crise, car incapable de paix !

_ Elle est l’ennemie, Sullivan, c’est aussi vrai que je m’appelle Achab !

_ Les hommes sont fatigués…

_ Fatigués ? Venez avec moi, vous allez voir comme leur sang va bouillir ! »

Sullivan suivit le capitaine boiteux et on monta sur le pont ! La mer étendait ses vagues sans limites, que le soleil faisait miroiter d’une lumière blanche, comme celle de l’acier ! « Mes amis, cria Achab, à l’équipage qui s’était rassemblé, la Capitaliste est devant nous ! Pensez à tout le mal qu’elle nous a fait ! Voyez la misère de nos familles qui nous attendent au pays ! C’est la baleine blanche qui fait notre pauvreté, car elle est la reine des mers et se moque de nous ! Laisserons-nous cela ? Moi, je vous dis : « Mort à la Capitaliste ! » et vous allez jurer comme moi, sur ce harpon fruit de notre labeur ! Jurez les enfants !

_ Mort à la Capitaliste ! Mort à la Capitaliste ! »

Les hommes étaient pris par la fièvre et ne voyaient plus l’horizon, qui était maintenant noirâtre ! L’écume jaillissait deux fois plus claire et on allait tuer la baleine étincelante ! « Pour se reposer, songeait Sullivan, on rêve d’un choc, d’une confrontation ultime, qui servirait de frein à main ! On ne craint pas l’abîme, persuadé qu’on y entendra le chant des sirènes ! Enfin le bonheur, à côté du cadavre de la bête ! »

Chacun maintenant courait à son poste, plein d’ardeur et avait oublié son angoisse, sous l’œil sombre et triomphant d’Achab ! Le Pequod tremblait sous toutes ses voiles et on entendit le cri du guetteur de hune : « Elle souffle ! Elle souffle ! » Tout le monde regarda les flots et sa tête grise apparut à la surface ! La Capitaliste avait cet air triste qui disait : «Viens dans la violence ! Ne suis-je pas la cause de ta peine ? Moi vivante, comment pourrais-tu accepter la mort ? Seule ta victoire te sauvera ! Viens ! »

« Descendez les baleinières ! » hurla Achab.  

                                                                                               134

     Jésus était rempli par « l’esprit » ! C’est-à-dire qu’il comprenait les hommes et qu’ils avaient peur, ce qui les faisait réagir comme les animaux ! Ils voulaient le triomphe de leur égoïsme, de leur domination, afin de ne plus ressentir la crainte ! Les uns amassaient de l’argent, quand d’autres se montraient violents ! La force, le pouvoir étaient synonymes de sécurité et ainsi dans la nature l’individu garantit sa survie !

Mais cela entraînait encore qu’on s’écrasât les uns les autres, en rendant la vie impossible, car la conscience, elle, au contraire de l’instinct, ne cessait de s’inquiéter ! Jésus voulait redonner la confiance à l’homme, pour l’apaiser, parce qu’il ressentait en lui-même le « génie » du père, de Dieu ! Il adorait cette connaissance divine, qui l’amenait toutefois à reconnaître qu’on ne saurait mieux témoigner de la foi qu’en offrant sa vie !

Jésus avait donc un message de délivrance, de bonheur, de paix et pour mieux le diffuser, il devait trouver des disciples ! Il n’alla pas vers les riches, car ceux qui assuraient leur sécurité, grâce au coffre-fort, avait le cœur fermé, dur ! Le peur, en effet, n’était pas guérie par l’argent, elle n’en était que masquée ! Les inquiétudes demeuraient et les riches rejetaient tout ce qui pouvait menacer leurs privilèges !

Jésus tourna donc ses pas vers les plus pauvres… « Ceux-là, se disait Jésus, n’ont rien à perdre et ils seront plus sensibles à mon message ! Est-ce que je ne veux pas leur bonheur ? » Il arriva au bord d’un lac et trouva des pêcheurs… Il y avait là Pierre, Jacques et quelques autres… « Alors, les gars, demanda Jésus, ça mord ?

_ Peuh ! répondit Pierre. Avec toutes les saloperies qu’ils jettent dans l’ lac ! Paraît qu’ c’est à cause du réchauffement ! Les crabes, par exemple ! Eh bien, y en a plus ! Où sont-ils passés ? Mystère ! Et encore s’il n’y avait qu’ ça ! Mais en plus on est bouffé par les règlements ! Tiens, tu vois c’ filet ? Aujourd’hui, l’est même plus autorisé ! Le gouvernement nous gonfle ! Le vrai du vrai ? Il veut notre mort !

_ Je pourrais peut-être vous aider…

_ La seule manière de nous aider, c’est d’aller à la manif à quatre heures ! T’ y s’ras ? Car nous, on s’ laissera pas faire !

_ Justement, tant que vous voudrez être les maîtres, vous s’rez malheureux ! C’est votre ego qui souffre ! Vous ne supportez plus aucune autorité, puisque c’est la vôtre qui vous donne le sentiment de la sécurité ! Et moi, je vous dis…

_ Tu nous dis quoi ? Mais qui t’es d’abord pour nous faire la leçon ? De quoi tu vis ? Qu’est-ce que tu fais comme boulot ?

_ Je me demande au Père de me donner à manger…

_ Vous entendez ça, les gars ? Dis plutôt que tu vis avec une alloc, pas vrai ? C’est avec nos cotisations que tu nous dis d’avoir confiance !

_ La peur que vous ressentez ne partira que quand vous réjouirez d’être dans la main de Dieu…

_ Tu sais qui c’est Dieu, c’est le gouvernement qui vient d’augmenter notre temps de travail de deux ans ! Il nous méprise absolument ! Il nous prend pour de la valetaille !

_ Pour l’instant, c’est toi qui méprises absolument le gouvernement, en ne lui reconnaissant aucune qualité ! Mais je vois que tu es malheureux… Aussi, je te dis d’aimer même ceux qui te haïssent, pour réveiller la part de Dieu qui est en eux ! Ainsi le royaume de Dieu s’étend et la paix aussi ! Plus nous nous comportons comme des animaux et plus le chaos s’installe !

_ C’est moi, le dindon de la farce, si je comprends bien ! Pourquoi ce s’rait à moi de faire un effort ? Mais, dis donc, tu travaill’rais pas pour le gouvernement ? Non, parce que toutes tes salades, c’est l’opium du peuple, comme on dit !

_ Je vais donner ma vie pour toi, pour que tu croies…

_ Pauvre fou !

_ Tu préfères ta lutte stérile ? Tu crois que le riche est heureux ? Tu crois en l’amour entre les hommes, alors que tu hais leur différence ?

_ Tu m’ barbes à la fin ! Tu m’embrouilles !

_ Vous n’êtes même pas capables d’accepter vos vies matérialistes ! Il faut que vous soyez les maîtres, sinon c’est la catastrophe ! 

_ Vipère du gouvernement ! »

Ils giflèrent Jésus et le rouèrent de coups ! On avait osé inquiéter leur domination ! Ils ne pouvaient plus rien supporter, car l’abîme du vide les talonnait ! Ils avaient perdu toute simplicité ! 

 
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