Les deux royaumes

  • Le 13/11/2021
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Deux royaumes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La domination s'approcha terrible!

Elle tourna vers les Pierres sa tête bestiale

Et leur cria: "Quoi? Nous serions la risée du monde?

Il faudrait être gentil!

Se réfréner!

Se museler!

Avoir peur!

Mais ne sommes-nous pas les plus forts?

Ne sommes-nous pas les maîtres?

Les meilleurs?"

Les Pierres exultèrent!

Un immense "Si" sortit de leur bouche!

La domination eut un sourire,

Puis elle reprit: "Je maudis le faible!

Le perdant!

Le gentil!

Le donneur de leçons!

Le moraliste!

Tous ceux qui n'ont pas de sang dans les veines!

Tous ceux qui empêcherait le nôtre de bouillir!

Car ce qu'ils veulent au fond, c'est nous détruire!

C'est notre place! Celle des premiers!"

Une clameur secoua la foule comme une onde!

Des Pierres pleuraient, impatientes, hystériques!

D'autres levaient le poing, pour montrer leur haine!

La domination frappa son pupitre:

"Je vois des villes d'or à l'infini!

Une économie puissante, prodigieuse!!

Je vois de l'argent pour tous!

Du pouvoir pour chacun!

Je nous vois au sommet!

Je nous vois triomphants!

Je nous vois vainqueurs!

Rayonnants pour l'éternité!"

Maintenant les Pierres étaient ivres!

Certaines attrapèrent des passants

Et les tuèrent!

Les yeux étaient rouges!

Pleins du feu de la colère!

Le temps de subir était révolu!

La domination étendait son aile!

S'imposait dans tous les cœurs

Et les Pierres se mirent en marche!

La ville prit de l'ampleur,

Les routes se multiplièrent,

Les usine fonctionnaient à plein régime!

On repoussait la nature incessamment!

"Place! Place!" lui disait-on!

On l'écrasait!

Le domination criait: "Plus vite! Plus fort! Plus grand!"

Elle attisait la violence!

Elle répandait le mépris, la haine, sa nuit!

Et les Pierres suaient, montraient les dents,

S'injuriaient, se blessaient, se tuaient!

Mais la domination était sans pitié!

Elle faisait peur si on n'allait pas assez vite!

Son char passait sur ceux qui tombaient!

On entendait gémir au royaume des Pierres!

L'impression d'un désert rendait triste,

Mais nul n'osait se tourner contre la domination!

Et puis il y eut une sonnerie d'alarme!

Un avertissement!

Puis, un autre et encore un autre!

D'où cela venait-il?

La reine Beauté avait le visage grave...

Elle savait ce qui se passait,

Mais elle écoutait les plaintes de ses sujets!

Il y avait là toutes sortes d'animaux et de plantes...

Ils étaient affolés, harassés, harcelés!

Des petits étaient hagards, livides!

Un chef parlait:

"Les Pierres envahissent ton royaume, ô ma reine!

Elles ne respectent rien!

Elles saccagent tout!

Nous fuyons devant elles,

Car rien ne les arrêtent!

Ceux qui restent en arrière sont condamnés!

Nous n'en pouvons plus, ô ma reine!

_ Je ne le vois que trop bien!

Mes pauvres enfants!

Rejoignez mes jardins,

Vous y serez en sécurité!"

Les animaux et les plantes laissèrent la reine

Et elle se tourna vers la fée Lumière...

"Les imbéciles! lui dit-elle.

Les Pierres scient la branche sur laquelle elles sont assises!

Elles se condamnent elles-mêmes!

Mon royaume a ses propres lois

Et celui qui les méprise

En subit les conséquences!

Des catastrophes vont se produire

Et elles n'y résisteront pas!

Elles sont bien trop fragiles!

Mais pourquoi s'obstinent-elles?

Pourquoi si peu se tournent vers toi, fée Lumière?

N'avons-nous pas été assez clairs?

_ Elles sont aveugles, malades! Elles ont peur!

_ Oui, mais elles ont tous les éléments!

Des messages sont sans équivoque!

Beaucoup leur a déjà été donné!

L'Amour leur a parlé en personne!

L'Amour est mort pour elles!

Pour qu'elles voient et qu'elles croient!

Elles sont terribles,

Car elles ne changeront que contraintes et forcées!

Mon royaume se défend a sa manière,

Sans haine!

Mais on ne peut le détruire sans se détruire soi-même!

Combien de larmes faudra-t-il pour ouvrir le cœur des Pierres?

Pour qu'elles cèdent!

Qu'elles aient en horreur leur maître!

Pour qu'elles aiment au lieu de dominer?

Où est l'enfant?

_ Où veux-tu qu'il soit? Il s'amuse dans ton jardin!

_ Allons le voir! dit la reine avec un sourire."

    L'enfant était dans les voiles de la beauté! Des risées sur l'eau semblaient des cottes de mailles, fines comme de la soie! Le reflet des nuages dessinaient un dragon aux grandes dents blanches et à la queue bleue! A chaque seconde, le paysage changeait, se transformait avec des nuances infinies... Sa majesté, sous le vol calme des oiseaux, ravissait l'enfant... La reine s'adressa à lui: "Tu le sais, tu ne peux rester ici indéfiniment! Ta place est parmi les Pierres! Tu as besoin d'elles malgré tout, car tu ne peux exister sans exprimer ce que tu vois! Ton être ou ta conscience doivent se défendre, sinon tu t'étioleras et tu seras écrasé!

    _ Oui et ce que je vois ici, c'est un don, un amour infini! C'est le jour et le repos, quand les Pierres sont dans la nuit et l'agitation! Mais, ô ma reine, elles n'écoutent pas!

    _ Je sais... Mais les événements, qu'elles provoquent elles-mêmes, devraient les conduire à réfléchir..."

    L'enfant opina et repartit pour le monde des Pierres... La haine, la hargne étaient visibles chez les premières qu'il rencontra... L'enfant commença à suer: "Et voilà! Les difficultés reviennent! Chacune est prête à exploser! veut vaincre, avoir raison! Je vais prendre ma gourde à Respect, qui m'a été donnée par la reine, et je vais en verser quelques gouttes à chaque fois, tout en gardant le sourire! Ainsi, la lumière se répandra! L'amour sera semé!"

     Ainsi allait l'Enfant, parmi les dents et les visages mornes!

 
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