La rentrée littéraire

  • Le 11/12/2017
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    _ Bon, ça y est ? Tout le monde est là ?

    Il y avait encore un fort brouhaha quand s’exprima ainsi l’institutrice. Elle reprit donc :

    _ Allez, tout le monde en place, s’il vous plaît ! Et maintenant mesdames et messieurs les éditeurs, vous êtes priés de sortir ! Vous reverrez vos protégés à la fin de la classe… Allez, on finit de s’embrasser là-bas… Je ne veux voir devant moi que les écrivains, que les véritables créateurs ! Allons… du courage , tout le monde !

    Enfin, les éditeurs sortirent, non sans adresser encore des signes à leurs « poulains », puis la classe devint silencieuse.

    _ Tout le monde est là ? demanda de nouveau l’institutrice, je vais vous compter : sept cent un, sept cent deux… sept cent vingt ! Bon apparemment vous êtes tous là ! Alors chacun de vous va prendre son cahier et vous allez l’ouvrir comme ceci : non à la page une, mais vous allez laisser passer la page deux et à la page quatre, vous n’écrivez pas sur celle-ci, mais de l’autre côté, je dis bien de l’autre côté !

    La maîtresse maintenant montrait la bonne page, avec son cahier ouvert, mais la plupart des élèves étaient perdus et se tournaient les uns vers les autres pour savoir ce qu’il fallait vraiment faire au juste. Seules quelques filles au premier rang semblaient tout comprendre et c’est pour elles que la maîtresse poursuivait.

    _ Alors sur cette page, en haut à droite, chacun va écrire, de sa plus belle écriture ! son nom, afin que vos papas et vos mamans soient contents de vous ! Attention aux gribouillages, je vais passer parmi vous. Mais ce n’est pas ça que j’ai demandé ! (à présent la maîtresse, en allant de table en table, se rendait compte que presque personne ne l’avait comprise… elle retourna vivement au tableau.) Qu’est-ce que j’ai dit ? J’ai dit en haut à droite sur la page opposée à la page quatre… c’est quand même pas compliqué !

    _ Maîtresse ! maîtresse ! coupa une fille, y a un garçon qui pleure !

    L’institutrice regarda la classe et s’approcha de l’écrivain qui était en sanglots.

    _ Allons, allons, qu’est-ce qu’il y a ? Tu as du chagrin ?

    Pour toute réponse le garçon pleura davantage.

    _ Mais pourquoi tu pleures ? parce que tu n’arrives pas à mettre ton nom sur le cahier ?

    _ Ouuuh ouh oui !

    _ Mais il ne faut pas se mettre dans un état pareil ! Ce n’est pas grave ! Et puis tu es un véritable créateur, un véritable artiste ! Et ça doit être courageux un véritable artiste !

    A ce moment la sonnerie retentit et de nouveau il y eut un tumulte, mais vers la sortie cette fois-ci.

    _ N’oubliez pas, cria encore l’institutrice en s’efforçant de se faire entendre, n’oubliez pas qu’au cours de l’année il y a les prix ! et que votre attitude dès maintenant compte ! allez !

 
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