L' attaque des Doms (88-91)

  • Le 22/12/2024
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R63

 

 

              "C'est sans danger?"

                                Marathon man

 

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     Dominator et l’Embrouilleur discutent ce soir-là, dans la tour du Pouvoir… Sous leurs yeux, le jour s’éteint avec des rayons d’or, à travers de gros nuages et à cette distance, la Chose, qui bloque la ville, paraît elle-même s’endormir ! Dominator, un verre de whisky à la main et soufflant la fumée de son cigare, prend un ton confidentiel : « Je suis né dans une famille pauvre, dit-il. Le chauffage marchait mal et les toilettes étaient sur le palier ! Évidemment, ça sentait la soupe aux choux… Pour m’en sortir, je me suis dit que je devais entrer dans la police secrète ! D’abord, parce que je voulais être un héros, quelqu’un qu’on admire, avec une vie pas ordinaire et du pouvoir, puisque l’agent secret manipule les gens, œuvre dans l’ombre… Vous saisissez ?

_ Oui, je crois, répond l’Embrouilleur, flatté d’entendre son maître raconter sa vie.

_ J’étais plutôt chétif à l’époque et assez effacé, ce qui faisait que je n’étais pas parmi les mieux notés ! Mais enfin j’étais discipliné, patient et j’attendais mon heure ! Ce fut à ce moment que l’Empire Dom s’est écroulé !

_ Oui, bien sûr…

_ Nous étions quasiment les maîtres de l’univers et subitement nous n’étions plus rien ! emportés par la tempête ! contraints de faire n’importe quoi pour survivre ! J’ai commencé à trafiquer, alors que j’étais devenu un secrétaire de mairie ! J’ai compris le lien qui pouvait se nouer entre la mafia et les autorités ! On favorise des marchés, on assure des protections en échange de marchandises, etc. ! Cela s’appelle la corruption !

_ C’était une période bien trouble...

_ En effet, mais je gardais en moi cet amour de la patrie ! Je voulais lui rendre sa grandeur et que le monde craigne à nouveau le nom de des Doms ! J’étais encore jeune et prêt à tous les sacrifices ! Ces bonnes dispositions m’ont permis d’attirer la confiance et j’ai semblé l’homme de la situation…

_ Vous êtes devenu président !

_ Oui, sans doute grâce à cette flamme respectueuse qui brûlait en moi, cette soif de redonner au pays toute sa puissance, alors qu’il était désormais en proie au banditisme ! Il était certes libre, mais dans le chaos ! Il fallait y remettre de l’ordre, ce que j’ai fait !

_ Et de quelle manière !

_ Taisez-vous ! Vous ne savez pas la moitié des choses ! Comment par exemple réduire les chefs de bande ? Mais en devenant le premier d’entre eux, le plus fort, le plus riche aussi ! J’ai pris le contrôle de toutes les grosses entreprises, j’y ai placé mes amis d’enfance ou des hommes sûrs ! L’argent est rentré à flots, par millions ! Dans le même temps, je me suis débarrassé de tous mes adversaires ! Je les ai fait tomber un à un, car j’avais pris le contrôle de la justice ! Je les ai envoyés en prison, après les avoir humiliés dans des procès bidons !

_ A la guerre comme à la guerre !

_ Mais ce n’était que le début ! Tenir tout le pays dans sa main demandait d’être présent partout ! surtout dans les médias, car nous sommes à l’ère de la communication ! J’ai commencé par écarter les directeurs de chaînes qui m’étaient hostiles et peu à peu la télévision m’a été entièrement soumise ! Cela n’a pas été sans mal, croyez-moi : il n’y a rien de plus acharné qu’un journaliste ! Mais ceux qui m’ont cherché des poux ont été supprimés…, assassinés à vrai dire ! Oh ! Ne vous méprenez pas : ce n’est pas moi qui ai commandité ces assassinats ! Le système que j’ai instauré est constitué de cercles de pouvoir, qui se défendent eux-mêmes ! Ainsi tel journaliste, qui enquêtait sur le financement des autoroutes ou du matériel de l’armée, a connu une fin tragique !

_ Tous des fouille-merde, de toute façon !

_ Après les médias, je me suis attaqué à la constitution, pour devenir président à vie ! Il ne s’agissait pas de lâcher le pouvoir à un démocrate mollasson, qui aurait détruit mon œuvre !

_ Comme je vous comprends !

_ J’ai donc créé un parti, le mien, qui devait être largement majoritaire à l’Assemblée, afin de voter pour mes réformes ! Ici, j’ai pu compter sur les ambitions des députés, qui se sont ralliés à mon parti, même s’ils n’étaient pas d’accord avec mes idées ! Mon parti était devenu la garantie de leur victoire et j’ai comme siphonné entièrement le paysage politique !

_ Vous aviez enfin les pleins pouvoirs !

_ C’est ce que je croyais… ou tout du moins je croyais que le peuple suivait mon ambition, celui de rendre le nom des Doms tout puissant ! Je croyais même qu’il m’aimait pour cela, mais je me trompais ! Il y a eu des manifestations, contre mes soi-disant fraudes électorales ! Les gens voulaient leur liberté, ce qu’ils appellent la démocratie ! Pour en faire quoi ?

_ On se demande bien ! »

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      « A ce moment-là, j’ai ressenti ce qu’on appelle l’ingratitude !

_ Comme je vous plains ! Mais n’est-ce pas la destinée de tous les grands esprits d’être incompris ?

_ Peut-être… Toujours est-il que j’ai senti le vent de la sédition, du chaos, de la perversion ! L’ordre était menacé, la famille aussi ! Je me suis associé à l’Église, pour devenir le gardien de la morale !

_ C’est tout à votre honneur !

_ J’ai voulu une société pure, débarrassée du vice et se forgeant sur la vérité, le travail, l’honnêteté ! alors que par nécessité j’avais dû avoir recours à la corruption ! C’est elle qui m’assure l’allégeance de mes vassaux, si je puis dire ! Mais aurais-je pu suivre un autre chemin ? Une voie moins contradictoire ?

_ Je ne vois pas… Non…

_ La démocratie, la liberté individuelle ? J’aurais alors perdu le pouvoir et dû laisser le navire à un autre… Je vais vous révéler un secret… J’ai peur du vide, de l’inconnu, de l’imprévu ! J’adore la sécurité ! Je ne supporte pas un monde que je ne contrôle pas !

_ Mais vous êtes un visionnaire... Vous travaillez pour le bien des autres !

_ C’est exact ! Je protège la famille… Mais mon but principal reste toujours la grandeur des Doms, leur puissance, le souvenir de l’Empire ! Car, figurez-vous, la sécurité ne nous suffit pas ! Même si les Doms mangeaient à leur faim, étaient tranquilles, ils n’étaient pas heureux pour autant ! J’avais beau restaurer notre influence, notre droiture, notre fierté, le marasme finissait toujours par revenir ! Et qui dit marasme, dit mécontentement et sédition, dit désordre !

_ Les Doms ne savent pas ce qu’ils veulent ! Vous avez raison de parler d’ingratitude !

_ Force m’a été de constater que chacun veut se développer, avoir un destin propre ! Et plus la civilisation avance et plus nous nous individualisons, ne serait-ce que parce que nous sommes détachés de notre recherche de nourriture ! C’est cela le progrès : nous prenons de plus en plus conscience de nous-mêmes !

_ Je ne voyais pas ça sous cet angle…

_ C’est naturel ! Le destin de l’homme est un développement de sa conscience, de ce qui lui est propre ! Ce n’est pas un retour vers le règne animal !

_ Oui… Évidemment…

_ Mais cela veut aussi dire que nous sommes animés par une soif sacrée, quasi mystérieuse ! Un feu nous rend insatisfaits, nous met en quête, provoque notre impatience, dès que la routine devient implacable ! J’explique le marasme qui nous talonne, vous comprenez ?

_ Très bien, je vous suis parfaitement !

_ La conscience semble un arbre sous le cosmos ! Ses branches peuvent grandir indéfiniment ! Notre imagination n’a apparemment aucune limite ! Mais comment contrôler ce feu, étancher cette soif, canaliser cette recherche ? Comment faire pour que les Doms s’individualisent dans le même but ? Il y a des exemples, comme les compétitions sportives, où le pays se mobilise derrière l’athlète, s’enchante de sa victoire, retrouvant la fierté !

_ C’est vrai…

_ Mais ces exemples sont éphémères et sitôt qu’ils sont passés, le marasme revient !

_ Eh oui, cet affreux marasme !

_ Il fallait une cause plus grande, plus forte, plus durable ! une cause qui aurait rappelé aux Doms l’époque de l’Empire, quand l’univers tremblait rien qu’à entendre notre nom ! Alors chaque Dom pouvait s’enorgueillir, se nourrir de ce pouvoir !

_ Et le marasme était tenu en échec !

_ Il avait certainement des limites ! Alors qu’aujourd’hui, si on le laisse faire, il emporte tout, il n’a plus de barrières !

_ Je suis persuadé que vous avez trouvé la solution !

_ C’est vrai…, du moins je l’ai cru : je me suis tourné vers les armes !

_ La guerre ?

_ Chut, imbécile ! Ne prononcez jamais ce mot devant moi ! Me prenez-vous pour un homme du passé, un anachronisme ! Vous croyez qu’on peut déclencher une guerre comme ça, à l’ère de la communication, quand les distances sont abolies et que tout le monde se connaît ? Vous rêvez, mon ami ! Seule une brute épaisse utiliserait ce mot-là ! Non, je me suis d’abord contenté de petites opérations spéciales ! comme quand on entre dans l’eau froide, pas à pas !

_ C’était plus sage !

_ En effet, mais notre soif d’absolu, si je puis dire, s’est réjoui de mes premières victoires ! Le Dom était sauvé du marasme, car je me montrais fin stratège ! Je surprenais mes ennemis et le Dom se renforçait, se gargarisait de ma réussite !

_ Et il aurait eu tort de faire la fine bouche !

_ La suite est pourtant moins drôle ! »

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« Ah bon ?

_ Oui, à force d’être trop gourmand, l’une de mes opérations spéciales a échoué !

_ Diable !

_ Alors là, la totale ! Des morts par centaines ! Une retraite dans le chaos ! Des soldats frustrés commettant des exactions ! Mais surtout, surtout, un bourbier !

_ Un bourbier ?

_ Oui, une guerre de position, d’usure, si vous préférez…, avec des tranchées, des avancées minimes, de lourdes pertes, etc. !

_ La guerre, en définitive !

_ Voilà la guerre ! Ce que je voulais pas ! Au revoir mon génie militaire, ma ruse, mon brio ! L’épouvantail, c’est moi ! La tête de vampire, je la porte tous les jours ! Snif !

_ Allons, allons, ce n’est pas comme si vous étiez au front !

_ Comme si ça pouvait me consoler ! On voit que vous ne savez pas ce que c’est d’être mal aimé !

_ Enfin, ce n’est tout de même pas aussi pénible que pour vos soldats, si ? Ils ont froid, faim et ils risquent leur vie !

_ Mais ils peuvent piller, pour se nourrir, ou violer pour se réchauffer ! Ils peuvent même torturer, s’ils veulent rigoler ! tandis que moi, je me sens laid, rebutant ! J’ai toujours cette impression que le Dom me regarde et me demande des comptes ! J’entends sa voix : « Dominator ! Dominator ! Qu’as-tu fait ? » Je crains qu’on ne me traite subitement d’anachronisme ! Je déprime, je suffoque en silence, car je n’ai plus le droit de profiter de la vie, de ma fortune, qui est colossale ! Pensez, être là devant ce tas d’or, sans pouvoir y piocher ! La vie, cette fourbe !

_ Évidemment, tout n’est pas rose ! Moi-même, à la propagande, parfois je me dégoûte ! A force de mentir, de chanter vos louanges, je me regarde dans la glace avec répugnance ! Comme si je ne savais pas que vous avez poussé les Doms dans le gouffre ! A cause de la corruption, du népotisme, de l’économie souterraine, qui est forcée, vous avez enlevé au Dom tout avenir ! Ou bien il vous cire les pompes, ou bien il crève !

_ Non mais dites donc, je ne vous permets pas ! d’autant que vous êtes grassement payé ! Vous m’êtes suspect d’un coup !

_ Eh là ! Eh là ! Ne vous méprenez pas ! Ce n’est pas moi qui vient de vous parler ! C’est l’opposition, ce sont ses arguments ! J’ai voulu vous représenter combien elle pouvait être fourbe et vendu à l’étranger ! Excusez-moi, mais, s’il fallait vous parler à cœur ouvert, j’utiliserais un tout autre ton ! Ah ! J’enrage de ne pas pouvoir supprimer tous vos ennemis ! Enfin, vous connaissez maintenant leur ton fielleux !

_ Ouais ! Je me demande quel serait votre chant sous la lame du bourreau ?

_ Mais celui d’une fidélité absolue ! Il ne manquerait plus que vous ne vous sentiez pas en sécurité en ma compagnie, dans votre propre palais ! Mais nous en étions à vos vicissitudes, à votre peine !

_ Ouais ! Vous essayez de changer de sujet !

_ Ah bon ? Ce que je suis peut avoir une importance ? Vous rigolez ! C’est votre nom que l’Histoire retiendra ! D’ailleurs, à ce propos, je vous rappelle que j’ai repeint les siècles à votre couleur ! Dans les manuels, l’Empire des Doms est maintenant sans taches et sans ambitions ! Les parricides, les infanticides, les décisions militaires désastreuses, les lâchetés de vos prédécesseurs n’existent plus ! Le Dom est lustré !

_ A vrai dire, je crains que vous ayez raison et que nous soyons dans une impasse !

_ Ah !

_ Oui, je ne peux plus reculer !

_ Vraiment ?

_ Je ne peux pas arrêter cette boucherie, sans passer pour un perdant ! Et que dira le Dom ? Qu’on l’a ridiculisé ? Dieu m’en garde ! Oh ! Je suis las de tout ça ! J’ai voulu faire le bien… et voyez où ça mène ! Des cercueils et encore des cercueils ! Et les mères des soldats qui me regardent de travers !

_ Vous oubliez une chose ! C’est que, selon vos ordres, nous sommes les agressés… et non les agresseurs ! Ma propagande n’a cessé de le répéter : nous n’attaquons pas, mais nous défendons !

_ Mais oui, parbleu, je n’y étais plus, là ! Ah ! Ah ! Vous me redonnez le moral ! Vous n’êtes pas aussi inutile que ça, finalement !

_ Je ne vous le fais pas dire !

_ Ah ! Ah ! Il y a encore de l’espoir ! Tout n’est pas perdu ! On peut encore s’en sortir ! Bien sûr, il faudra encore tuer, mais la lumière apparaît, tout là-bas, à l’horizon !

_ De quoi arrêter l’inflation ? »

                                                                                                             91

      Paschic est toujours sur sa planète inconnue, parmi les débris de son vaisseau, qu’il a transformés en un abri ! Des années ont maintenant passé et Paschic a dû prendre conscience de l’ampleur de son mal, dû au poison de la Machine, mais aussi à sa bonne volonté ! En effet, jusqu’ici, Paschcic a toujours voulu faire au mieux, il n’a pas ménagé sa peine, mais la Machine a détruit chez lui toute défense, ce qui fait qu’il s’est demandé à lui-même bien plus que de raison et qu’il s’est perdu ! Il s’est déséquilibré psychologiquement, au point de ne plus sentir d’amour pour lui-même et d’être en proie à des angoisses absurdes et pourtant douloureuses ! Par exemple, pourquoi ne se mettrait-il pas à aboyer, avant de courir tout nu, ou pourquoi ne s’exposerait-il pas à la pluie, alors qu’il est si bien dans son abri ?

Bref, Paschic n’est plus qu’un fantôme grimaçant et tout effort lui coûte ! Ses nuits ne sont nullement reposantes et son lit ressemble à une claie de torture ! Chaque matin, il se lève encore plus fatigué que la veille et se nourrir reste une corvée ! L’esprit de Paschic ressemble à ce qui l’entoure : un désert caillouteux, balayé par les vents ! Parfois, Paschic pleure tellement sa vie lui paraît aride ! Se serait-il trompé ? La Machine aurait-elle raison ? N’est-ce pas Paschic l’inadapté, vu le résultat ? N’aurait-il pas exagéré ses impressions ? Mais est-ce que le fou se demande s’il est fou ? Bien sûr que non ! Il est fou tout « simplement » !

Paschic garde donc une petite certitude, une petite foi, tout au fond de lui-même, une petite lumière, malgré son triste état, ses peurs irraisonnées, ses angoisses destructrices ! Cependant, le quotidien demeure pénible ! Il semble à Paschic que pour pouvoir dormir, se reposer, tenir debout et même continuer à réfléchir, il lui semble qu’il ne mange jamais assez ! Il faut qu’il ingurgite pour que le sommeil le prenne, pour qu’il puisse souffler et qu’il connaisse au moins un apaisement ! Et Paschic mange, mange, et gonfle, gonfle ! Il y a par là un « arbuste à pain », qui sert incessamment de nourriture et Paschic est bientôt le double de lui-même, comme un ballon gonflable ! Il n’arrive plus à lacer ses chaussures, à cause de sa panse et il est tout de suite essoufflé ! Cela s’est fait progressivement, inéluctablement, mais pour Paschic, c’est un nouveau drame, une nouvelle cause de désespoir ! C’est encore un symptôme d’échec, de peine, d’abandon, de solitude !

Ce à quoi croyait Paschic s’est envolé ! Ce qu’il était, le sentiment de sa sensualité, son aisance, sa force, sa félinité même ont disparu ! Il n’y a plus qu’un gros, un obèse qui craint ses pensées ! Pourtant, Paschic ne se dissout pas ! Il persévère, il n’a pas pu se tromper ! Il a vu ce qu’il a vu ! Il n’a pas eu d’ambitions, il n’a pas menti, ni méprisé, ni fait de calculs ! Il a juste essayé de vivre, c’est tout ! C’est cette simplicité qui le fait tenir… et il attend, sue, peine, gémit, supporte ! Il doit bien y avoir quelque chose ! un sens, une vérité ! C’est cela le courage : être ferme, patient, déterminé, malgré les difficultés ! Paschic regarde et peu à peu la connaissance se lève ! Ce qui était brisé, desséché, apparemment mort, commence à reverdir, lentement, ainsi qu’une mousse, même une moisissure deviennent visibles !

Autrefois, Paschic était aveugle ! Il se débattait avec plein de choses : ses amours, ses blessures dues à la Machine, son avenir, la nécessité de gagner sa vie, etc. ! Il avait toujours l’impression de courir, d’où l’alcool, les stupéfiants, tout ce qui pouvait le détendre et qui lui semblait nécessaire ! Il était encombré de voiles et s’il en arrachait un, un autre surgissait ! Mille angoisses, mille questions, mille plaisirs, mille conversations ! Mais ici…, il ne peut plus s’agiter ! Il a touché le fond ! Il ne bouge plus ! Et peu à pue pourtant la connaissance coule en lui ! La nécessité de faire la paix avec lui-même le conduit à l’écoute, à la patience, à l’attente…. Le ruisseau frais du savoir n’est pas tari et arrose de jeunes pousses ! Le sens n’est pas une plaisanterie ! Ce n’est pas une absurdité de plus ! Paschci n’a demandé qu’à comprendre et sa vision s’élargit, devient vaste, infiniment plus claire ! L’existence des Doms lui est révélé, comme la logique de la Machine et la source de son mépris !

La connaissance a besoin de vastes épaules, car elle demande à l’individu qu’il accepte sa propre différence, ce qui ne peut pas être obtenu sans peur ! Voilà pourquoi le jeune doit attendre, pour avoir la réponse à ses questions ! Le savoir nécessite de la force et de la maturité, car il fait qu’on se sent étranger parmi les hommes ! Ce n’est pas facile à supporter ! Paschic n’est pas totalement dans une situation d’échec ! S’il gagne des connaissances, cela veut aussi dire qu’il gagne en force ! Il n’est pas seulement un obèse souffreteux, il est encore quelqu’un qui s’apaise, qui se réconcilie avec lui-même ! quelqu’un qui ferme lentement ses blessures, qui sait patiemment guérir ! Tout le contraire d’un chemin menant à la folie et au désespoir !

Donc Paschic s’accroche, à cause de cette connaissance qui reverdit ! Le Paschic, pris dans les brumes de son agitation, n’est plus ! La lumière s’éveille…

 
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