L' attaque des Doms! (3-8)
- Le 03/08/2024
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Zorm a entrevu quelque chose ! Oui, oui, il a vu quelque chose et il essaye de s’en souvenir ! Il était en vie et avait un goût de paradis ! Il était incroyablement vivant ! Quelle sensation ! Mais c’était éphémère… et maintenant où est-il ? Il regarde au-dessus de lui le magnifique ciel bleu ! Quel splendeur ! Mais à ses pieds, il n’y a qu’une immense décharge ! Des ordures à perte de vue ! Pourquoi tout ça ? Zorm pourtant garde en lui l’impression qu’il a eu et qui lui réchauffe le cœur… Il était vivant, incroyablement vivant ! C’était tellement simple !
Mais Zorm ne se fait aucune illusion… Ils sont là et vont revenir ! C’est toujours ainsi ! Et il n’y a pas moyens de leur expliquer ! D’ailleurs comment le leur expliquer ? Ah ! Ah ! Zorm se voit en train de leur décrire sa vision, sa vision du bonheur qu’il a entrevu, là il y a quelques minutes et ce n’était pas un rêve, mais une réalité, la réalité !
Autour de la décharge, il y a un désert, où les déchets s’éparpillent et finissent par ne plus se voir ! Au-delà, dans une petite oasis, se trouve la cabane de Zorm, son chez-lui ! Ce n’est pas très confortable, mais Zorm y arrive à être au calme ! Il regarde à droite, à gauche et aperçoit son premier Dom ! Il est là-haut, sur une carcasse de voiture et il va sans doute donner l’alerte !
Zorm soupire, c’est toujours comme ça : il a cette vision du paradis, il a ce regard clair sur la réalité, mais les Doms vont détruire tout cela ! Ils vivent dans la haine, aveugles comme des taupes ! Ça y est le cor retentit ! Les Doms se lancent à l’attaque ! Zorm lui aussi prend son départ, il a l’habitude, c’est un coureur hors pair ! Pour ce qui est de la résistance, il ne craint personne ! Les Doms ne peuvent pas rivaliser avec lui, car ils sont plaintifs, tout le temps en colère ! Ils sont enfermés dans leur mépris et ça les ralentit !
Zorm court et les Doms maintenant de partout tirent des flèches, des flèches de haine ! D’abord, Zorm les enlève, dédaigneux, avec une incroyable facilité, presque en rigolant, car il est fort et cela d’autant plus qu’il a plongé dans l’eau de la vérité, là-bas, quelque part, là où ne vont jamais les Doms, dans des lieux qu’ils ne connaissent même pas ! qu’ils ne soupçonnent même pas !
Mais il y a trop de flèches ! Et elles diffusent le poison de leur haine ! C’est inutile de continuer à les enlever ! Il faut courir avec ! Plus vite ! Il ne faut pas succomber ! Un Dom puis deux viennent s’accrocher à Zorm et essaient de le mordre ! Cela fait mal, mais Zorm s’en débarrasse ! Il saigne pourtant, mais il garde encore la tête claire !
La cabane est en vue ! Le palmier qui lui donne de l’ombrage est un ami ! Zorm va atteindre sa cabane, épuisé comme d’habitude, mais encore en vie ! Derrière la meute hurlante des Doms n’en finit plus ! Ils se mangent, se dévorent même entre eux ! C’est un spectacle consternant ! Zorm entre chez lui et referme violemment la porte ! Dehors, les Doms se déchirent ! C’est ce qui sauve Zorm en définitive, c’est que les Doms sont tellement occupés à se battre les uns contre les autres qu’ils en oublient Zorm !
Il prend une chaise et s’essuie le front ! Évidemment, il ne sait plus ce qui a fait son bonheur, il n’y a pas si longtemps ! D’ailleurs, qui est-il ? Existe-t-il vraiment ? Il écoute les Doms et seuls eux ont une réalité à présent ! Zorm est épuisé… Comment combattre les Doms, comment les raisonner, comment les changer ? Une vérité au-delà de leurs querelles, de leur rage est bien réelle pourtant ! Mais peut-on enlever un os à un chien enragé ?
Mais Zorm repartira là-bas, où l’eau de vie coule ! Il connaît les sources ! Il lui faudra lutter contre les Doms pour repartir ! Il faut mille ruses, pour leur échapper, sans trop de peine ! Et puis au retour, il les aura de nouveau sur le dos ! Mais au fond, ce ne sont pas eux les vainqueurs ! Ils ne savent même pas où ils sont, ni même qui ils sont ! Ils se battent, ils enragent, puis ils meurent, et c’est tout ! Ils n’ont pas ouvert les yeux ! Ils sont pleins de leurs illusions et ils ne voient rien d’autre !
Oui, Zorm retournera là bas, où est l’enchantement ! Il connaît les sources ! Il sait la vérité ! Il retrouvera le silence ! La majesté des arbres ! L’herbe, plus douce que la caresse d’une femme, apaisera ses jambes ! Il sentira de nouveau l’humus, le parfum des fleurs, des souches ! C’est une terre d’attente et qui ne cesse de murmurer pourtant ! C’est une terre de secrets, où le temps fait son travail ! C’est le rire de la source ou la vitesse du papillon ! C’est un lieu de trésor, car rien n’est vide ! C’est le reflet de Zorm, qui lui parle ! C’est le terrain de jeu des simples !
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« Ici, le chasseur D Cobra 6 ! Secteur Acaranis, vog 112 ! Quadrant 7MP ! Cible en vue !
_ Votre cible, Cobra 6, est un transporteur civil ! Je répète, Cobra 6, un transporteur civil !
_ Un transporteur civil ! Mon œil ! Ce sont des ennemis des Doms, dans une putain de forteresse volante ! Ça grouille là-dedans !
_ Bon sang, Cobra, décrochez ! On vous dit que c’est un transporteur civile, nom de Dieu !
_ Tous mes potes sont morts, là-bas, dans la boue de Delta 3... et tout le monde s’en fout ! Mais pas moi ! L’ennemi du Dom, je le sens à des kilomètres et aujourd’hui, c’est mon anniversaire ! Je vais le leur faire payer ! Ils ont voir ce qu’est un Dom !
_ Cobra 6, je vous ordonne de décrocher ! Ce n’est pas une cible militaire ! Il n’y a aucune gloire à dézinguer des civils ! »
Mais Cobra 6 n’écoute plus ! Il ouvre le feu et en un instant, sur tous les écrans de l’univers, on voit le transporteur être pulvérisé ! Les images sont filmés par des vaisseaux avoisinants et même par des passagers avant de mourir ! Des femmes et des enfants en pleurs disparaissent dans un déluge de flammes !
« Nom de Dieu ! s’écrie le général D 1, en voyant le transporteur se désagréger.
_ On va passer pour des monstres, approuve D 3 !
_ Non, on va tourner ça en notre faveur ! rectifie Dominator. Vite, faites passer les infos ! Il faut bourrer le crâne de tout le monde ! Vous allez dire que les soutes du transporteur étaient pleines d’armes ! que c’était un vaisseau espion ! Mieux, que tous les passagers étaient fictifs, générés par l’IA ! Appuyez sur le champignon du mensonge, brouillez toutes les cartes et les esprits ! Exécution !
_ Bien ! Et le pilote ?
_ Amenez-le moi, on va le décorer ! On va le faire passer pour un héros, pour bien montrer qu’on ne ment pas et qu’on a raison !
_ Chef, vous êtes génial !
_ Faut bien que quelqu’un tienne la baraque ! »
Peu après, effectivement, se tient la cérémonie pour remettre une médaille au pilote, un certain Klamaour ! Dominator a les larmes aux yeux et prononce son discours : « Beaucoup sont tombés au champ d’honneur ! Ce sont nos héros ! Ils n’ont pas servi mes intérêts, ni ma folie, car, comme vous le savez, mes détracteurs me traitent de bandit, mais ils ont servi la patrie et peut-on rêver d’un destin plus beau ! Ils ont donné leur vie pour les autres et j’ trouve ça magnifique ! Honorons ces chevaliers des temps modernes, car nous ne sommes pas dignes d’eux, moi, le premier ! Klamaour, je te décore de l’ordre impérial des Doms !
_ Quel bonheur ! Quel honneur, j’ veux dire ! Pour la patrie, chef, j’suis prêt à en bouffer encore !
_ C’est ça ! C’est ça ! On réglera nos comptes après !
_ Mais…
_ Applaudissons notre héros du jour, le grand pilote Klamaour !
_ Bravo ! Bravo ! »
Le patriarche Krill est là aussi… Il s’approche de Dominator et lui dit : « Bien joué, j’ crois que ça va passer !
_ Ouais, j’suis quand même entouré d’une belle bande de crétins !
_ A qui le dites-vous, mon cher, puisque j’ai dû mettre Dieu lui-même dans ma poche ! Ma poche, soit dit en passant, où j’ai dû cacher pour la cérémonie mes bijoux ! Mais les temps sont durs ! Il faut se montrer modeste et respectueux ! Le culte du héros nous demande bien ça ! Savez-vous, Dominator que je songe qu’un grand destin nous attend !
_ Ah oui ? Et à quoi pensez-vous ?
_ Vous savez que nous sommes le peuple élu, celui qui défend Dieu et ses valeurs et qu’on ne peut faire le mal, ou plutôt que notre quête exige tous les sacrifices ! C’est la tambouille qui justifie vos visées impériales !
_ Et qui vous enrichit aussi !
_ D’accord, je suis une crapule tout comme vous ! Mais j’imaginais un final grandiose ! Nous, Dieu et un apocalypse nucléaire, qui engloutirait l’univers entier ! Car à quoi bon un monde sans nous !
_ Euh..
_ Ça aurait de la gueule ! Cigare ? »
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Tous les Doms vivent de la même manière, dans de grands ensembles créés par la peur ou l’orgueil ! En effet, ceux-ci sont destinés à montrer le grand savoir-faire des Doms ou bien à les protéger du monde extérieur et de la nature ! Car rien ne doit déranger le Dom, pas la moindre mouche ! Tout doit être réglé comme du papier à musique, même les impôts ! La surprise est le plus grand ennemi du Dom ! L’aventure est son cauchemar ! L’inconnu est son drame !
Il se serre donc dans un ensemble, d’où il maudit la vie et les autres ! Car le Dom en plus n’est jamais content ! jamais satisfait ! Il geint tout le temps ! On veut sa peau ! Personne ne s’occupe de lui ! Le gouvernement surtout est en dessous de tout ! Ah ! Il en a des griefs, le Dom ! Il vous montre ses plaies ! Est-ce qu’il raconte aussi comment il boit le café le matin avec les copains, avant de commencer sa journée ? Euh non… Il est d’abord le martyr de son patron !
La sphère des riches rigole bien de lui ! Elle se marre ! Elle utilise le pauvre Dom, l’essore ! Le Dom fait voir ses stigmates ! Il est un esclave, qui travaille pour rien ! Il ne connaît que les coups de fouet ! Il vous fait voir la bougie qui éclaire son intérieur, ses enfants hagards, fiévreux, sans solutions, sa femme qui a perdu toute sa beauté, à force de travail ! Cela rend-il le Dom plus solidaire, plus aimant, plus respectueux ? Non, il est encore plus en colère, plus haineux, car il n’en a jamais assez ! Il briserait le riche, s’il le tenait dans la main !
Le riche, lui, est-il plus heureux ? L’exploiteur profite-t-il ? Non, tout l’ennuie, tout lui fait peur ! Le pauvre surtout ! Parce qu’il est sale et qu’il ne respecte rien ! A quoi rêve le riche ? Mais à une dictature, où il n’aurait ni affaire aux pauvre, ni aux étrangers, l’autre plaie du riche ! Le riche est aussi désespéré que le pauvre ! Son monde n’est plus ce qu’il était ! C’est le paradis perdu ! Des murs, il faut des murs pour se protéger ! Le riche comme le pauvre veulent des dictatures ! des mondes fermés, réglés par leur autorité, leur haine, leur dégoût !
Le riche comme le pauvre ne savent pas regarder ! Ils ont le même ego ! les mêmes terreurs ! la même absence de respect pour l’autre, la même paresse, le même dédain ! Ils sont aussi abrutis l’un que l’autre ! Ainsi sont les doms ! Ils ne savent pas écouter ! Ils ne savent pas admirer, ni attendre ! Ils ne savent pas contempler ! Ils ne savent pas sentir le bois pourrissant ! Ils ne connaissent pas la fraîcheur de la rosée, l’éclat des fleurs après la pluie !
Ils n’ont jamais été sous le ciel vide, ni abandonnés ! Le riche comme le pauvre ne cessent de vouloir se goinfrer ! Les pierres sont plus jolies et plus patientes ! les fumées plus légères ! Les Doms ont le cœur sec !
Le riche est las ! Il dit : « Touche pas à ma voiture ! Touche pas à ma maison, à mes bijoux ! Fous le camp ! Touche pas à ma religion ! C’est sacré ! » Il est l’ami de Dieu ! Le pauvre, lui, n’y croit pas et s’en trouve très intelligent ! Pas bête ! Dieu, c’est une invention des riches, pour encore exploiter le pauvre !
Le riche aime bien parader ! Il est aussi suffisant que le pauvre ! Car le pauvre est lucide, très intelligent ! Il parle de masse, d’économie, etc. ! Le riche a ses actions, ses dividendes ! Il est aussi lucide que le pauvre, ou l’inverse ! Tout deux ramènent tout à eux ! Ce sont des egos sur pattes ! Ils ne connaissent rien, sauf leur nombril ! Ils sont incapables de faire un pas de côté, de réfléchir à autre chose qu’eux ! Ce sont deux abrutis, mais ainsi est le Dom !
Qui aime le silence ! Qui attend au bout du chemin ? Qui écoute la colombe, le chant de l’eau ? Qui regarde le rayon dans le feuillage émeraude ! Qui cesse de geindre ! Qui laisse son nombril pour admirer ? Qui aime ce qui n’a plus aucune gloire, les épaves, la boue, le paysage désolé ! Qui aime le désert ? l’effort du carabe ou du scarabée ? Qui connaît l’éclat rouge des fleurs poussant sur la souche ! Qui s’émerveille des spores soufflés par le champignon ?
Le Dom vit dans ses ensembles en maudissant le Dom ! Il n’a aucune force, nulle patience, nulle compréhension, nulle intelligence ! L’histoire de ses jours est une litanie de la plainte ! Ainsi le Dom veut le fer, le pauvre comme le riche ! la prison et la chaîne pour le riche ! le fouet et la correction pour le pauvre sale et irrespectueux ! Nul dom pour aimer le Dom ! Il aspire, c’est tout ! Il boit, c’est son dû ! Remercie-t-il pour le soleil, la fraîcheur, le froid ou la source ? Remercie-t-il pour l’air ? la nourriture ?
Remercie-t-il pour le sourire de l’enfant, pour la beauté de la femme et celle de l’homme ? Remercie-t-il pour le sommeil et la fierté du travail bien fait ? Remercie-t-il pour l’épi, qui donne le pain ! Respecte-t-il la tomate, la pomme de terre ? Les sent-il dans sa main ? Éprouve-t-il leur densité, combien il y a d’efforts et somme toute de magie derrière ces simples choses ? Non, le Dom est un nombril sur pattes !
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Le Dom veut à tout prix rêver, dans le mauvais sens du terme ! Il veut rêver à son orgueil, à lui-même, à son petit monde, où il brille, où il montre sa voiture, sa moto ! Vrooom ! Vrooom ! C’est le monde de la ville, de la frime ! Perdue dans l’espace, notre toute petite planète est couverte de frimeurs et de frimeuses, bien entendu ! Pour garder ce rêve, ce confort, cette scène de carton-pâte, eh bien, le Dom est prêt à toutes les lâchetés, à toutes les ordures ! Il saluerait bien la dictature, la condamnation de tous ceux qui le dérangent, même à voir des capitalistes crucifiés ! Une telle naïveté étonne, un tel égoïsme sidère ! Un tel enfantillage laisse sans voix !
La vérité ? Dans la rue, la crasse et le mépris ! Des regards perdus aussi ! craintifs ! des haines bien senties ! des déchets sauvages ! Les animaux sont plus propres ! moins dangereux ! mieux élevés ! Mais le plus triste, ce sont les doms écrasés ! Certes, il y a bien des douleurs chez les Doms ! Il y des doms tout petits, sans défenses, mal-aimés apparemment par la nature ! Mais il y a les Doms écrasés ! Il y en a quelques uns et ceux-là méritent beaucoup d’amour et de respect ! Car il y a des Doms, qui enfants ont été piétinés par leurs parents Doms ! Ils ont été lessivés, nettoyés par leurs parents Doms, pour que ceux-ci puissent continuer à parader et à faire le Dom, sur les planches des Doms !
A quoi reconnaît-on les enfants écrasés ? Eh bien, ils ne s’aiment pas ! Ils sont tout le temps tendu, tout le temps en train de s’excuser ! De quoi ? D’exister ! Ils se trouvent repoussants ! C’est le travail d’écrasement des parents Doms ! Pour briller, le Dom a besoin d’esclaves, de victimes, de paillassons et c’est là le rôle joué par les enfants écrasés !
Les enfants écrasés sont pleins de blessures, de verre pilé ! Ils perdent leur sang, à s’excuser tout le temps ! On a envie de les prendre dans les bras, de leur dire que eux aussi sont aimables ! On a envie de les rassurer, de les consoler, mais ce sont des robots ensanglantés ! Ils sont cachés à l’intérieur d’eux-mêmes ! Là-bas, tout au fond de leur esprit, ils crient au secours, mais ils ont crié tellement de fois au secours, et personne n’est venu ! Ce sont des esclaves, les enfants écrasés !
Ils ont été dressés à obéir ! pour que les Doms puissent parader ! jouer à leur jeu ! Debout enfant écrasé ! Souris ! Fais le beau ! Tiens-toi droit ! Pan ! Tu l’as pas volée, celle-là ! Oui, ma chère, y a pas pire que cet enfant ! On n’en fera rien de bon ! Ainsi est l’enfance des enfants écrasés !
L’enfant écrasé est beau pourtant ! Il est plein de lumière ! C’est un doux, une douce, qui a été écrasé, parce qu’on écrase la douceur, on la méprise ! C’est un signe de faiblesse pour le Dom ! Il en profite ! Il s’essuie les pieds dessus !
Viens enfant écrasé, moi, je t’aime, dit la Lumière ! L’enfant écrasé est pourtant insupportable au Dom ! Tout ce que fait l’enfant, aux yeux du Dom, n’est jamais bien ! C’est que le Dom ne vit que pour lui et n’est jamais satisfait ! Il en veut toujours plus et son esclave est l’enfant écrasé ! Qui se déteste, déteste le monde ! est plein de tristesses, de blessures, de rancœur, de haine, qui voudrait mille fois mourir, qui cire à l’injustice ! qui a soif, mille fois soif ! et qui n’a que le mépris du Dom !
Mange les pierres, enfant écrasé, mange les pierres et la boue, car le Dom se goberge, avale goulûment ! Enfant écrasé, voilà ton dieu, c’est le parent Dom ! Tu es à lui et un raté, car personne ne peut satisfaire le dieu Dom ! Toujours tu sera un minable et tu traîneras ta peine ! Car le dieu Dom n’est pas content et comment pourrait-il l’être, alors que toi, enfant écrasé, tu n’es rien et si mauvais ! Va dans ta nuit, sale cancrelat !
Et moi, la Lumière, je te dis enfant écrasé, bois ! Bois ma Lumière, elle est pour toi ! Elle est pour les doux ! Elle est la vérité et le bonheur et je te rafraîchis, enfant écrasé ! Je verserai la Lumière en toi, pour que tu rigoles et te moques du Dom ! Car je t’aime, moi, la Lumière, toi qui n’a jamais été aimé ! Je te montrerai le Dom, comment il est égoïste, noir et même malheureux ! haineux et repoussant ! Je te montrerai son mensonge, dit la Lumière, car je console et apaise !
L’enfant écrasé est plein de blessures et il est là à se blesser encore, car on l’a fait pour ça, pour qu’il se détruise, indigne qu’il est d’aimer le Dom ! On voudrait prendre l’enfant écrasé dans les bras et lui dire qu’il est aimé de la Lumière, car il est doux ! On voudrait le consoler et lui dire que la vérité existe et que c’est le Dom qui ne voit rien ! Et l’enfant écrasé continue à perdre du sang et on le regarde et on sent la colère contre les Doms ! Et on a pitié, sans humilier ! Et on voudrait réconforter, car l’hiver vient des Doms ! Et on regarde l’enfant écrasé, comme une chose cassée, toute fragile !
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« Chef ! Une délégation de la planète des Gentils ! s’écrie D 1.
_Diable ! fait Dominator. Ou bien devrais-je dire encore ! Ils sont inquiets, bien entendu ! Ils n’aiment pas la guerre ! Ce sont des mous, des lavettes ! Décadence D 1 ! Décadence ! Ils n’ont plus aucune valeur ! Ils ont perdu leur virilité !
_ Des homos ! Des efféminés !
_ Exactement ! Mais fais entrer D 1, nous allons bien nous amuser ! Je vais me foutre de leur gueule, comme c’est pas permis ! »
On laisse passer la délégation et il y a là, entre autres, un président assez vieux, bien sage, qui a déjà vu beaucoup de malheurs ! C’est le président Bacalon, qui dit : « Dominator, mon Dieu, alors c’est la guerre ! Vous venez de détruire un transporteur civil et vous envahissez d’autres planètes, comme la ED ! Mais, mon Dieu, pourquoi ?
_ Pourquoi ? Pourquoi ? Mais c’est bien de votre faute !
_ Non ? Comment ça ?
_ Vous, le cinquième quadrant, vous êtes toujours à manigancer contre nous ! Vous voulez notre perte ! Vos espions sont partout ! Vous êtes pleins de complots contre nous ! Vos forces ne cessent de progresser, de nous étouffer ! Je vous ai mille fois prévenus qu’il y avait des lignes rouges à ne pas dépasser !
_ Mais ce que vous dites est parfaitement insensé ! A notre époque, on ne fait plus la guerre ! On parlemente ! On discute, on échange ! On se parle ! On ne détruit plus ! Vous mettez tout l’univers en péril ! Quant aux complots, à nos menées, à notre volonté de vous supprimer, tout cela est faux, et vous le savez, nous ne désirons que la paix !
_ J’ai les preuves, elles sont là, dans des dossiers !
_ Eh bien, montrez-les nous !
_ A quoi bon, votre hostilité est évidente ! Nous les Doms, nous ne voulons plus êtes bafoués !
_ Ah ! Nous y voilà ! Ce n’est pas notre agressivité que vous nous reprochez, mais plutôt notre indifférence !
_ Comment ça ?
_ Mais d’abord, vous voudriez que le rôle des Doms, dans les guerres précédentes, soit beaucoup plus valorisé !
_ C’est exact ! Et ce ne serait que justice ! Vous savez combien de Doms sont morts, lors du conflit Razi ? 2 milliards de Doms ont donné leur vie, pour que vous puissiez, vous, les Gentils respirer ! Et vous nous traitez de méchants !
_ Je sais bien que vous souffrez de ce que vous voyez comme notre ingratitude ! Mais ce n’est pas, tout, il y a votre position excentrée !
_ Qu’est-ce que vous voulez dire ?
_ Vous n’êtes pas au centre des échanges ! Le monde a l’air de tourner sans vous ! Vous êtes adossé à un système unique et vous voudriez une position plus centrale ! d’où vos idées sur un EuDomasia ! Mais nous n’y sommes pour rien ! C’est à vous d’être attractif par votre vitalité économique et vos richesses culturelles ! Par la guerre, vous serez encore plus isolé
_ Ça suffit, vous me fatiguez !
_ La vérité est toujours dure à entendre !
_ Pauvre débile, je vous écraserai tous, car vous êtes des minables !
_ Pour que vous ayez une richesse économique, il vous faut être une démocratie ! C’est la condition de la liberté d’entreprises !
_ Et alors, c’est bien notre système !
_ Hum ! Vous savez que vous êtes sans opposition ! Autrement dit, c’est vous-même, par votre dictature, qui appauvrissez votre planète !
_ Co... comment ? Vous osez me donner des leçons ! Vous, les efféminés du cinquième quadrant ! Oh ! Comme je vous déteste ! Mais comme je vous hais !
_ Chef ! Chef ! fait D 3 alarmé.
_ Il va avoir une crise ! coupe D 1
_ Une crise ? demande Bacalon.
_ Oui, à ce moment il ne sait plus ce qu’il fait ! explique D 3. Vous l’avez poussé à bout !
_ Aaaargh ! Je vous briserai, espèce de salopards ! J’en ai maté d’autres que vous ! Oh ! Que j’en ai marre ! Mais marre ! gémit Dominator.
_ Voyons, chez, calmez-vous !
_ Oui, c’est ça chef, calmez-vous.
_ Il vaut mieux que vous partiez ! dit D 1 à la délégation des Gentils.
_ Ils veulent ma peau !
_ Bien sûr, chef ! Ils sont partis, tout va bien, maintenant !
_ Demain l’univers ne sera plus que cendres et je pourrai respirer !
_ Voilà, chef ! Tout sera calme ! »
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Dominator se rend dans ses laboratoires, car il n’y a pas d’argent pour aider les pauvres, mais s’il s’agit de créer de nouvelles armes, tous les crédits sont ouverts ! L’un des « génies » employés par les Doms est l’ineffable professeur Ratamor, qui a déjà tant donné pour la science ! « Alors professeur, avons-nous quelque chose de neuf ? quelque chose de vraiment méchant ? A-t-on fait un pas vers la destruction, la cruauté, cette source si rafraîchissante ?
_ Hi ! Hi ! fait D 1
_ Eh bien, Dominator, c’est votre anniversaire, je crois… et j’ai tenu à vous faire une surprise !
_ Mais c’est que j’adore les surprises, moi !
_ Voici notre nouveau rayon, le REE !
_ Le REE ?
_ Oui, le rayon des Enfants écrasés !
_ Eh ! Mais c’est que ça sonne bien ! N’est-ce pas D 1 ?
_ C’est prometteur, chef !
_ Allons-y, professeur, expliquez-moi, comment ça fonctionne !
_ Eh bien l’idée, c’est de rendre l’ennemi aussi pâte molle qu’un enfant piétiné ! Il faut que toutes ses défenses soient anéanties, de sorte qu’il se trouve complètement perdu, se sentant même coupable ! Il est alors à notre merci, aussi docile qu’un robot ! Il erre soux le joug d’une dépression noire !
_ N’attendant plus que nos ordres, pour obéir comme un enfant !
_ Exactement !
_ Superbe !
_ Splendide ! renchérit D3.
_ Évidemment, la partie technique est extrêmement complexe, mais je vais la résumer comme suit… Nous avons isolé des molécules de paranoïa, qui attaquent le sujet avec une férocité… Je ne vous dis que ça !
_ Eh ! Mais c’est que vous me mettez l’eau à la bouche, professeur !
_ Vous avez que le paranoïaque ne veut pas découvrir le monde, mais que le monde devienne le sien ! C’est le monde qui doit entrer dans sa bulle ! Vous imaginez la puissance destructrice que cela induit ! Il faut se plier en quatre, en dix pour entrer dans la bulle du paranoïaque ! On n’y résiste pas !
_ Eh ! Eh ! fait D 1
_ Oh ! Oh ! fait D 3
_ L’individu perd toute sa personnalité ! conclut Ratamor.
_ Démonstration ! Démonstration ! demande impatiemment Dominator.
_ Le cobaye est un mauvais Dom, qui avait dans les mains dans les poches ! Votre Sécurité l’a arrêté aussitôt !
_ Comme il se doit ! Un Dom, c’est la rigueur même ! Il faut être fier ! »
Un pauvre bougre, au visage meurtri, regarde devant lui, quand il reçoit le REE ! Les molécules l’entourent et dans chacune d’elles, il y a un dominator sévère qui le menace, quoique cela reste invisible à l’œil nu ! Mais voilà ce qu’entend l’individu : « Tu n’es pas sérieux ! Tu nous mens ! Tu nous ridiculises !
_ Moi ? Non, je vous jure que non !
_ A d’autres ! Tu fais tout pour nous rendre fous ! pour nous décevoir !
_ Mais non, je vous jure que non !
_ Oh ! Arrête, s’il te plaît ! Tu crois pas que t’en a déjà assez fait comme ça !
_ Mais qu’est-ce que… Je…
_ Si tu répliques encore, j’ te cogne !
_ Mais enfin, qu’est-ce qui se passe ?
_ En tout cas, va falloir que tu changes !
_ Mais qu’est-ce que je dois faire !
_ Oh rien ! Mais rien ! Monsieur se croit supérieur de toute façon !
_ Mais non, ce n’est pas vrai !
_ Alors tiens-toi mieux qu’ça, bon sang de bonsoir ! Sois un homme !
_ Très bien, je me rectifie...
_ Mieux que ça ! d’autant que tu es un menteur !
_ Mais de quoi vous parlez ?
_ Tu me fais de la peine, c’est tout ! !
_ Laissez-moi, par pitié ! Laissez-moi !
_ Quelle lavette ! Tu es prêt à nous satisfaire ?
_ Oui, oui !
_ Bien ! Demain, on commence ! Va falloir bosser, crois-moi ! On te lâchera pas ! »
Le cobaye est à genoux, prostré ! « Impressionnant ! fait Dominator.
_ Joy...eux anni...versaire ! » chantent tous.
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