Du sexe

  • Le 16/01/2018
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Dusexe

 

 

 

 

 

     Le sexe est toujours un sujet tabou, non parce qu'il offense encore une morale bourgeoise, mais au contraire parce qu'il est devenu le soleil qui masque l'hypocrisie de nos sociétés! Il est l'habit doré de la vitrine, que tout le monde doit désirer en passant! Il est censé être le témoin de notre modernité, de notre évolution et donc de notre bonheur!

    Il est la chose resplendissante qui implique le retard des pays plus stricts et moins développés! Symbole de notre bonne santé, il doit montrer combien notre mode de vie est légitime et enviable! Il est l'emblème de notre réussite, ce qui nous permet de continuer de fonctionner, sans vraiment nous remettre en question!

    Malheur donc à celui qui ose le critiquer, en parler même raisonnablement, il sera immédiatement qualifié de frustré, de névrosé, de puritain, de fanatique; j'en passe et des meilleurs! Pourtant, je vais prendre ce risque; je vais tout miser sur le rouge et je suis à peu près sûr de ne pas être perdant! Car au fond, je ne cherche nullement à priver qui que ce soit de son plaisir... Au contraire! Mais à mon sens il ne peut y avoir de véritable jouissance si on fait l'amour sur un marécage, qui retentit des milliers de cris des gens qui s'y noient!

    Commençons notre examen par le chantre de la vie sexuelle par excellence, à savoir Freud lui-même! Que le père de la psychanalyse ait mis en lumière un domaine qui avant lui appartenait à la nuit de la sorcellerie et qu'il ait donné ses lettres de noblesse aux maladies psychiques, cela est indiscutable!

    Mais il est tout aussi exact d'affirmer qu'il s'est trompé sur les bases de sa nouvelle science et qu'il lui a donné des prolongations qui aujourd'hui encore empoisonnent notre façon de penser!

    La grande erreur de Freud a été de croire que la pulsion sexuelle était la racine de nos personnalités et que ses avatars déterminaient ces dernières! Mais même les animaux se développent selon d'autres lois et la sélection naturelle veut que ce soit le plus fort qui puisse se reproduire. C'est donc l'individualité qui prime! C'est elle qui effectivement va commander notre activité sexuelle!

    Comment Freud a-t-il pu être aussi aveugle? Il y a plusieurs raisons à cela...

    D'abord, l'idée même d'Evolution balbutiait à l'époque et elle ne s'est pas encore correctement imposée de nos jours...

    Ensuite, la science des gènes ou génétique est née à peu près à la mort de Freud, et même si elle reste une affaire de spécialistes, elle a profondément changé notre regard sur notre héritage animal, car nous savons à présent que certains de nos comportements les plus complexes peuvent avoir une origine génétique!

    Mais surtout Freud a totalement ignoré l'importance de son amour-propre, de son égoïsme, ou de sa vanité ou de son orgueil, car tous ces termes recouvrent la même réalité; puisqu'il s'agit d'abord pour chacun d'entre nous de faire triompher sa propre personnalité!

    Ce qui produit la névrose, ce n'est pas le refoulement sexuel, mais c'est bien le refoulement de soi! C'est lui qui est le plus dangereux et le plus destructeur!

    Mais comment peut-on être aussi naïf quant à ce qu'on est? Comment peut-on, si on a l'ambition de voir les choses en grand! s'occuper du ruisseau, alors que sa force est donnée par la montagne? Comment croire qu'on va faire venir le bateau, quand on tire sur un seul brin de l'amarre?

    L'explication est assez simple... De même qu'on prend conscience de ses organes quand ils vont mal, on réalise l'importance de son amour-propre (ou de son égoïsme) quand il est blessé radicalement! Avant, on se raconte des histoires!

    Mais voyons si le parcours d'un thérapeute convient à cet événement et à cette découverte!

    Les étudiants en psychologie sont d'abord de bonne volonté: ils veulent comprendre leurs propres problèmes, afin d'aller mieux et de trouver leur place dans la société, ce qui les rendrait évidemment utiles!

    Mais très vite on leur fait croire qu'ils deviennent dépositaires d'un savoir quasi occulte, d'une "gnose"; qu'ils entrent dans un cercle d'initiés et que donc les autres restent ignorants des véritables raisons de leurs actes, ce qui les fait voir inévitablement comme des pantins (ou des malheureux, si vous êtes particulièrement hypocrite!)!

    Ceci n'est pas un plan machiavélique, il suffit simplement que les professeurs laissent parler leur passion; mais il est inévitable que les amours-propres soient caressés, dorlotés et que même ils se mettent à ronronner!

    D'autre part, les vertus du silence analytique, qui laisse libre le patient de se soulager lui-même de ses affects, placent forcément le thérapeute comme un spectateur (agissant, si vous êtes particulièrement pointilleux!) et cette position va lui constituer à la longue une sorte de gaine protectrice; car tout ce que vous allez pouvoir dire, même (et j'ai envie de dire: surtout) en dehors de la psychothérapie, sera traité comme une émanation de votre âme, de vos propres problèmes; sera perçu comme le seul reflet de votre débat intérieur; ce qui permettra au thérapeute de vous regarder avec affection, voire avec commisération, tel le Suisse face aux déchirements guerriers de la planète!

    A l'abri, l'amour-propre du thérapeute rigolera des bombes et continuera à grossir, comme une souris bienheureuse dans un trou d'emmenthal!

    Mais ce n'est pas tout! Qu'un patient tape du poing sur la table, en disant que ça n'avance pas! et on lui laissera entendre qu'il n'est pas allé assez loin en lui-même, qu'il n'a pas encore brisé les défenses que lui-même s'est créées! que le fin mot de l'histoire est enfoui très profondément, que l'Eldorado n'était pas derrière cette chaîne de montagnes, mais après cette autre!

    La nuit du souvenir, du temps! Regardez cette boule, regardez-là bien! N'y voyez-vous pas un paysage de neige? Tout est calme, tout est blanc... Et maintenant vous fermez les yeux et vous dormez... Et en effet, il s'agit bien d'endormir toute critique! Le thérapeute a encore ici à sa disposition la technique de la seiche! Quand elle est attaquée, elle libère un nuage d'encre, dans lequel se perd son ennemi!

    Evidemment, je fais passer le thérapeute pour un escroc, un sale individu, ce qu'il n'est pas a priori, mais il n'en demeure pas moins qu'on voit mal comment son amour-propre pourrait ne pas être protégé, gonflé et se sentir supérieur! Nous avons là tous les ingrédients pour faire un dieu!

    Mais m'objecteront des thérapeutes blanchis sous le harnais: "Nous devons nous aussi suivre une psychothérapie ou une analyse, ou tout du moins être conduits à nous examiner très attentivement, avant d'exercer; afin que nos propres sentiments ne viennent pas parasiter nos soins... Nous devons donc être lucides quant à nos désirs les plus secrets et à l'importance de notre amour-propre!"

    La bonne blague! C'est dommage qu'on ne puisse pas en faire une histoire drôle! Car peut-on comparer un affront véritable, une humiliation sans rémission, avec une recherche voulue, une mise au jour encadrée, même si c'est de choses apparemment pénibles? Qu'est-ce qu'il y a de commun entre un écrasement dur de godillots et une larme versée sur un divan?

    D'un côté, il y a le monde de la rue, celui du quotidien brut, avec ses nécessités, ses peurs viscérales et ses coups bas! Et de l'autre il y a l'univers feutré du cabinet, ses voix teintées de componction et l'immobilité de ses livres!

    L'un vous maintient les yeux ouverts, car il est capable de vous cingler! L'autre vous endort inévitablement, car il est là apparemment pour vous rassurer...

    J'ai dit ailleurs qu'un bénéficiaire du RSA avait infiniment plus de chances de connaître les réactions de son amour-propre, car il est vital pour lui qu'il sache le contrôler! Un mot de trop, une révolte trop vive face à son tuteur, et le voilà déjà sentant le froid du dehors, car la porte est grande ouverte!

    Un amour-propre qui s'ignore, qui a été choyé, ménagé, a une réaction d'autant plus violente quand il est blessé! Car jamais il n'a été contraint de dissimuler, de se museler! Et je peux vous dire que le thérapeute vexé est comme un serpent à sonnettes dont la queue vibre au maximum! Il va mordre et libérer le plus de venin possible! Je pourrais ici vous parler de vengeances de thérapeutes qui vous feraient froid dans le dos, car ils utilisent bien entendu les moyens que leur donnent leur fonction et leur autorité! Des noms de maladie vont pleuvoir sur votre tête et priez qu'ils ne soient pas suivis de mesures plus tordues!

    Pour clouer le cercueil, j'affirme ici qu'il est impossible pour un homme d'écouter les histoires des autres si sa vanité n'est pas satisfaite! Autrement dit, un thérapeute ne peut supporter ses patients qu'à la condition expresse que ceux-ci reconnaissent son savoir et sa supériorité! L'argent ne suffit certainement pas pour bénéficier d'une patience a priori extraterrestre!

    Et si un thérapeute vous soutient le contraire, abattez-le sans hésiter! car il est encore plus dangereux que les autres!

    Mais pourquoi est-ce que je m'étends sur un tel sujet, alors que c'est du sexe dont il s'agit? Mais, on l'aura compris, on ne peut pas dissocier le sexe de l'amour-propre! Il ne faut pas que nous soyons plus bêtes que les animaux! Et la libido de Freud n'existe pas!

    Mais, maintenant, nous pouvons regarder la situation actuelle avec un certain intérêt! Et parlons d'abord des hommes, les pauvres!

    La civilisation est le fruit de nos consciences et elle mène l'humanité sur un chemin qui s'écarte de la nature, qui est nouveau... Mais elle a ceci de paradoxal que, si elle veut notre bonheur, elle se développe à mesure que le pays est stable, ce qui entraîne un recul de l'importance de la gent masculine, dont le premier rôle est la défense du territoire! Les hommes d'aujourd'hui doivent donc s'adapter, trouver une nouvelle identité, et ils sont évidemment en proie aux doutes, à l'inquiétude, voire au désespoir!

    Concrètement, cela se traduit par certains symptômes... On parle notamment de la baisse de vitalité des spermatozoïdes... Pour la science, il faut un agent pathogène sûr, mais nous savons également qu'un moral tourmenté est à l'origine de la plupart de nos maladies, même si c'est indirectement!

    L'éjaculation précoce est encore produite par le manque de confiance en soi... On est tellement nerveux à l'idée de décevoir, que l'on consterne effectivement! Quant à l'impuissance, ceux qui en souffrent sont recroquevillés en eux-mêmes... et se demandent s'ils sont bien là!

    Les femmes n'aident pas vraiment les hommes... Elles voient leur tour arriver et il est normal qu'elles réclament les mêmes droits, les mêmes égards, la même liberté! Mais comme leur poussée est provoquée par le même égoïsme que celui des hommes, elles tombent facilement dans leurs travers! Elles traitent le sexe opposé avec le même mépris dont il est capable! Elles adoptent ses attitudes les plus repoussantes, les plus condamnables! celles dont elles-mêmes ont eu et ont encore le plus à souffrir! Les unes se demandent si l'homme est toujours utile, quand d'autres multiplient les conquêtes et s'en moquent!

    Enfin, qu'est-ce qu'un individu sexuellement épanoui, sinon un amour-propre épanoui; c'est-à-dire un tyran satisfait? Certains et certaines estiment en effet que ceux et celles qui partagent leurs lits ont déjà trop de chances! et ils sont donc à dix mille lieues de la panne sexuelle (pas leurs partenaires!)!

    Le sage, lui, sait qu'il ne s'agit pas d'imposer son individualité, mais qu'il peut donner le meilleur de lui-même à l'être qu'il a choisi, et c'est cela sans doute aimer!

    Toutefois, on peut voir encore plus loin, car si le couple permet de grandir, il n'en demeure pas moins une possession égoïste, une fermeture sur le monde extérieur; et le sage ou la sage peuvent vouloir embrasser l'Univers tout entier! C'est à chacun de juger... Affaire suivante!

 
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