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Cas Dom!
- Le 28/11/2020
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"Le Marines s'adapte! Le Marines improvise!"
Le Maître de guerre
"Pom! Pom!" De nouveau Joord Krabbe faisait cours à Dan Curtis et Diane Castillon. "Pom! Pom!" chantonnait-il, en posant son cartable sur le bureau. "Je pourrais imiter mes anciens professeurs, dit-il. Avant de commencer, je regarde le tableau, en essayant de comprendre ce qu' y a laissé mon collègue précédent... Une large moue dubitative en dit long sur ce que je vois et la folie supposée du corps enseignant! Ainsi, je me valoriserais, aux yeux des élèves, et je serais plus tranquille, pour me lancer moi-même!
C'est une astuce pour calmer son angoisse et elle est plus efficace que de grimacer, en s'étonnant tout haut qu'il n'y ait plus de craies, avant de commander d'aller en chercher! Ceci, c'est transmettre son inquiétude, dans l'espoir qu'elle sera moins lourde partagée! Mais, mettre le feu à la forêt, parce qu'on est en flammes, soi-même, n'a jamais arrangé les choses!
On est en plein dans le sujet du jour et même dans tout sujet en général! Notre attitude est toujours influencée par notre état mental et spécialement, bien entendu, par l'angoisse! Il faut bien savoir lire les choses et c'est pourquoi nous sommes là! Tant qu'on s'en tient aux apparences, aux conventions, à l'hypocrisie, on ne comprend rien! Du courage est nécessaire, pour regarder par-dessus la palissade, si haute, si dure, si habituelle soit-elle!
Nous allons continuer à étudier nos réactions face à l'angoisse et nous nous rendrons compte qu'elles montrent qui nous sommes, quel est notre milieu et quel stade nous avons atteint, dans notre propre évolution! Et nous allons faire le triste constat que toutes nos réponses, ou peu s'en faut, sont stériles, impuissantes et ne font que prolonger le trouble, le chaos, la violence et la misère!
Il y a des solutions, mais nous n'en voulons pas! Evidemment, dans notre façon de vivre, il y a une question d'intelligence... Nous n'avons pas tous les mêmes capacités intellectuelles et on peut dire que la grande majorité est dans la nuit, sans lumière: "Pardonnez-leur, Seigneur, car ils ne savent pas ce qu'ils font!"
Mais il n'y a pas non plus de désir de chercher! On se contente de la facilité, de ce qui nous arrange le mieux, nous préférons garder nos illusions et ainsi nous ne guérissons pas, nous avons toujours peur, nous ne sommes pas heureux et pire, nous accablons les autres! C'est ce "poil dans la main", ce "cheveu" de l'égoïsme, qui est condamnable, d'autant qu'il est défendu avec haine et mépris!
Ainsi, nous ne sommes pas innocents, même s'il est dit: "Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés!" On ne peut pas mettre la vérité sous le boisseau, devant tout ce gâchis et toute cette bêtise! C'est même la fête des bébés Cadum!
Mais ouvrons la boîte de Pandore! Observons le jeu des acteurs! Levons le rideau sur la ville! Regardons comment ça grouille... Donnons à la plaie un coup de scalpel, franchement, un sourire aux lèvres, pour épater l'infirmière! Un vieux truc qui marche toujours!
C'est samedi, un jour qui fait revenir notre angoisse... Pas toujours, mais c'est souvent le cas... Pourquoi? Il y a sûrement plusieurs raisons, mais l'une d'entre elles paraît évidente: c'est la fin de la semaine; une certaine fatigue est là et surtout, le rythme du travail diminuant, nous voilà devant l'inactivité, c'est-à-dire face à nous-mêmes!
Rappelons comment fonctionne l'angoisse! Elle est en rapport avec la conscience de soi... Nous la ressentons quand nous doutons et que nous n'avons plus le sentiment de notre valeur! A ce moment, nous étouffons, avec l'impression que nous sommes dans une prison, sans avenir!
Notre isolement nous donne soudain le vertige! Instinctivement, nous essayons de retrouver notre domination, notre importance, notre influence, notre force! Nous allons donc enregistrer l'augmentation d'une agressivité physique chez les hommes, sexuelle chez les femmes! Une domination qui veut supplanter, voire détruire, côté mâle et séduire, côté femelle!
C'est les deux compteurs qu'il importe de ne pas quitter des yeux! Ils renseignent sur la température de la chaudière et donc si on va vers l'explosion! Ceci est capital, car cela permet de ne pas être blessé! Il faut quand même que d'être clairvoyant serve à quelque chose!
Donc, c'est samedi et l'angoisse arrive en ville, avec son baluchon! Elle est en terrain connu et fait comme chez elle! Son mal-être monte dans les cœurs, les glace et voyons comment les uns et les autres se défendent!
Commençons par un classique, malheureusement, mais dans le square d'à côté, il y a les "paumés", la zone! On ne va pas discuter ici de l'histoire de ces marginaux... Nous risquerions de perdre patience nous-mêmes! Hum! Mais quel est leur remède contre l'angoisse? C'est glou! glou! glou! l'alcool évidemment!
Ils picolent, avec de la musique plein pot! Ils s'enivrent et reprennent confiance! L'angoisse les quitte, mais nullement fâchée, car elle leur laisse son poison! En effet, bientôt, les marginaux défient les passants, qui leur semblent indifférents ou supérieurs! Il faut rabaisser ceux-ci, leur faire peur, leur montrer qui est le maître! C'est la domination physique dans toute sa splendeur, dans ce qu'elle a de plus primaire! L'incident n'est pas loin, le pire non plus!
Mais ainsi on ira jusqu'au soir, où abruti on trouve enfin la paix! Evolution, progression: 0! Angoisse: 1! On peut refaire le match chaque semaine et on aura toujours le même résultat! Les marginaux ne vont jamais en finale! Triste vie, mais passons avec gourmandise au cas suivant, celui du bourgeois, de la droite en fait! N'ayons pas peur de ce raccourci, car il va s'avérer juste!
De quels moyens disposent les riches ou la droite, pour apaiser l'angoisse? Voyons voir... Que permet l'argent? Ici, on gare avec soin sa belle voiture... C'est un plaisir qui doit faire envie! Là, vêtu d'un beau manteau, on parle avec une voix grave, profonde, virile, comme si on était sûr de soi, éternel, et des femmes qui ont peur écoutent, ainsi qu'elles se raccrocheraient à une bouée, qui toutefois dérive elle-même!
Plus loin, on éclate d'un rire sinistre, creux, artificiel; à la fois pour se détendre et réaffirmer sa position dominante! On forme, sur le trottoir, le groupe important, notable et qui sait, puisqu'il paraît à l'aise! On veut que la "galerie" soit impressionnée et se convaincre soi-même, alors que le bateau coule et que les corps s'enfoncent dans l'eau froide!
Mauvaise période pour le riche, somme toute, car le Covid, en fermant les magasins, interdit l'oniomanie, du grec achat et manie! Aujourd'hui, on parlerait de dépenses compulsives, mais ce trouble morbide était déjà défini au dix-neuvième siècle! On invente moins qu'on croit!
Evidemment, ce n'est pas l'apanage des gens aisés... Les pauvres, eux, s'abrutissent autour des halles, où ils farfouillent dans les articles, comme les merles cherchent des insectes sous les feuilles! Mais l'opulence conduit à une ivresse bien plus capiteuse! On voit ces femmes mûres, qui ressemblent à des ados, sortir du magasin avec plein de petits sacs, qui déjà eux-mêmes paraissent précieux!
Les rides sur les visages rappellent quand même que l'angoisse n'est pas vaincue, ni par le pouvoir, ni par l'argent! Le riche ne combat pas mieux sa peur que le marginal, même si, d'après certaines études, il dort plus paisiblement! Sa domination est simplement plus civilisée, plus feutrée, mais au final elle fait les sépulcres blanchis de l'Evangile! Le riche est mort et il ne le sait même pas!
La gauche, les revenus modestes, s'en sortent-ils mieux? Vite, prenons le drapeau rouge ou jaune! Et pressons-nous vers la place de la mairie, car le gouvernement vient d'annoncer une nouvelle loi liberticide!
Aux armes! Aux postes de combat! Sonnez le tocsin! Et on voit effectivement la gauche, le pauvre peuple rassemblé devant la mairie! Il demande des comptes, veut la justice, et ainsi ne ressent plus son angoisse! C'est par la mobilisation, la lutte que la gauche trompe sa peur! Elle s'abuse elle-même et les autres également!
Le peuple prend l'Etat pour une super maman! Si ça va mal, c'est à cause d'elle: soit elle prend trop, soit elle ne donne pas assez! La gauche est incapable de tenir toute seule sur ses jambes! Elle pourrait jouir de sa liberté, grâce à une richesse intérieure, mais alors elle devrait reconnaître et affronter son angoisse!
Elle vit avec l'illusion que le problème, c'est le pouvoir, comme si le renverser, ce n'était pas le remplacer par un autre, souvent pire! J'ai eu l'occasion d'interroger des militants CGT, avant qu'ils ne défilent... C'était bien avant le Covid! Eh bien, chacun d'eux avait une raison différente de manifester, mais on était là justement à cause de l'inquiétude: celle-ci finissait par revenir, si on ne luttait pas!
Angoisse:1, gauche: zéro! On est là encore dans une impasse! La gauche est comme l'insecte qui butte contre la fenêtre, alors que la porte est grande ouverte! Elle suit sa domination, qui est de réclamer ses droits, de faire reconnaître sa force, comme si on ne pouvait pas aller à la pêche et vivre heureux!
Cependant, on voit le résultat: sous l'effet de l'angoisse, la droite resserre son égoïsme, quand la gauche se sent prête à en découdre! On a là les deux ingrédients majeurs de la guerre civile ou des révolutions! Le bain de sang est toujours latent, car chaque camp se ferme sur ses positions, parce qu'il est esclave de sa domination! S'il lâche, s'il fait preuve de compréhension ou de compassion, il ouvre la porte à la peur, ce qui est insupportable!
Mais on a raison: vaut mieux la haine qu'un courage bien sain! C'est plus sûr! Mais surtout que ni les uns, ni les autres ne parlent de maturité! La droite, la gauche et les marginaux tournent en rond et nous pouvons assister à leurs tristes farandoles!
Revenons plutôt sur la séduction, car plus l'angoisse oppresse et plus le sexe paraît le remède! C'est effectivement un moyen de s'échapper de soi-même, si je puis dire! Mais nous ne parlerons pas du vice et de la dépravation, qui ne servent qu'à certains pour avilir et humilier! Il y en a qui trouvent parfaitement normal de dominer grâce au sexe, ils le méritent, ils sont supérieurs! Mais malheur à leurs victimes! Elles sont traînées dans la boue et détruites!
Ce qui nous intéresse, c'est la séduction féminine, qui s'intensifie à mesure que l'angoisse monte... A priori, ce mouvement ne semble pas une domination, car la femme se propose et laisse l'homme libre de son choix; encore que certaines haïssent et montrent tout leur mépris, si on leur résiste! Mais il est nécessaire de comprendre que nous sommes fondamentalement seuls! Nous pouvons, comme les Italiens, faire vivre notre maman avec sa bru ou ne jurer que par la famille, il n'en demeure pas moins que notre individualité est unique et que ce nous voulons, c'est nous développer entièrement, nous connaître le mieux possible, et c'est même ainsi que nous pouvons offrir le meilleur de nous-mêmes, être les plus utiles!
Que se passe-t-il quand nous cédons à l'autre, pressé par l'angoisse? Mais tôt ou tard nous reprenons notre marche en avant, notre domination se remet en route et nous commençons à traiter l'autre, comme un jardinier taille à la française ses arbustes, c'est-à-dire en ne leur laissant aucune liberté! Le couple devient alors orageux et agit comme un pressoir! C'est la séparation ou la destruction! C'est l'autre qui est maintenant responsable de notre angoisse! On n'a pas pris le bon train! On poursuit une chimère, en laissant du sang derrière soi; encore faut-il avoir des scrupules! Certains ou certaines mettent fin à une relation, comme si on les avait injuriés! Ils ne risquent pas l'ulcère et Dieu lui-même doit se faire tout petit!
Angoisse: 1, séduction: zéro! Même s'il est naturel de rechercher de la compagnie, on ne doit pas perdre de vue l'essentiel! Les autres, quels qu'ils soient, ne sont pas des paillassons! Il faut donc savoir regarder madame l'angoisse dans les yeux! Il faut d'abord lutter contre sa propre domination, en suivant notamment les préceptes évangéliques! Le serviteur de Dieu se détache de l'animal, il met en berne sa supériorité et sa haine! Il prend patience, par amour, par humilité! Il se tient droit, alors que l'ombre de la peur et même du chagrin vient le couvrir!
La domination est du vent, face à l'angoisse, comme nous l'avons montré! La foi véritable permet d'avoir les pieds solides! C'est un bien, une liberté, un trésor dans le cœur, que rien ne peut ôter! L'angoisse tourne autour, sans pouvoir l'entamer!
C'est la paix et le jeu! C'est l'enchantement et l'émerveillement! C'est le chant et la gloire!
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Free Dom!
- Le 21/11/2020
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"Non, moi ce qu'il me faut, ce sont les tours du vieux Blade Runner!"
Blade Runner
Dan Curtis et Diane Castillon étaient dans le petit amphithéâtre qui servait à l'OED, pour des réunions générales ou même pour des cours, comme c'était le cas pour l'instant. Les nouvelles recrues attendaient un personnage, quasi une légende! C'était Joord Krabbe! Ce Néerlandais avait été directeur de l'OED avant Andropov et il était maintenant très âgé!
En fait, il paraissait antédiluvien! Il avait l'air d'une autre époque, celle des tableaux noirs, de la poussière de craie et des cartes de géographie, exposées aux murs! En le regardant, certains se rappelaient les craquements de l'estrade et leur tête qui tombait, sous l'effet de la somnolence, jusqu'à ce que la sonnerie les fît bondir vers la sortie, pour aller manger!
La moustache et les cheveux blanchis de Krabbe accentuaient bien entendu cette impression, au point qu'on crût être en face d'une micheline, en pleine bataille! Une scoliose, des lunettes épaisses et des manies ou des tics, qui semblaient isoler l'énergumène du monde extérieur, finissaient par faire hausser les épaules de tous ceux qui ne juraient que par leur Smartphone et qui croyaient à un monde heureux grâce à la technologie!
Pourtant, Krabbe était redouté même au sein de l'OED, où on l'avait naturellement surnommé Le Crabe, car il savait ridiculiser mieux que quiconque, en pinçant fort et en ne lâchant rien! D'ailleurs, ses ennemis disaient qu'il n'était mû que par une inflammation du côlon, puisqu'il avait souvent la main sur le ventre, comme s'il voulait en prévenir les douleurs!
Sous son apparence de vieillard cacochyme, Krabbe avait donc gardé un esprit acéré, unique et c'est pourquoi, bien que membre honoraire de l'OED, il était encore employé pour des cours, quand Andropov ou d'autres ne sollicitaient pas son avis! Son expérience lui permettait de ne jamais perdre de vue l'essentiel, comme si toute la complexité du monde se réglait dans l'anfractuosité de son rocher, ou se calmait dans la barbe de goémons qui entourait ce dernier!
Il voyait clair, le vieux Krabbe, et ses mots étaient comme des bulles de champagne, qui illuminaient le cerveau! Rarement, il se mettait en colère, même si alors sa pince rouge et noire pouvait dépecer n'importe quelle coquille! Mais il ne se faisait guère d'illusions, car pour lui les fous étaient nombreux et les changements extrêmement lents! L'important était d'être en paix avec soi-même, afin de faire du bien autour...
Mais, sur le sujet du bonheur et l'avenir des sociétés, Krabbe avait plus d'un tour dans son sac! Il possédait des philtres que personne n'avait jamais vus! Et pourtant nulle magie là-dedans! La logique la plus simple animait le Néerlandais! Une logique implacable, à condition qu'on voulût l'écouter! Car il était comme un agent des chemins de fer, au milieu de la ruée des vacanciers, ce qui ne le faisait même pas soupirer outre-mesure!
Cependant, enfin, il entra dans l'amphithéâtre... Il portait une blouse blanche et un gros cartable, qu'il posa sur le bureau. Puis, il se moucha et finit par regarder Dan et Diane. "Vous êtes deux, dit-il. Bon, bon, trois, on eût dit Woodstock! On se s'rait buté d'dans, en titubant: "Eh! t'aurais pas un peu d' matos, man?" "Ouais, cool!" Bon, bon, thème du jour, la liberté! Vaste programme! Mais la liberté, c'est... "Macron, dégage!" Ah! Ah! je vous ai fait peur! Hum!"
Il retourna derrière son bureau, ouvrit son cartable et en sortit quelques cahiers, qu'il laissa tomber sur la table. Il grimaça, car il venait de se fouler légèrement la cheville! Il boita un peu, puis repartit! "Ah! Hem! fit-il en se raclant la gorge. Pour entrer en matière, on pourrait se demander qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal? Ouais, je sais, j' commence fort! loin des médiocres et des malades! Vous vous frottez les mains, en vous disant: "Chic, chic, le spectacle commence! Le vieux assure!" J'ai l'air d'un radiateur, pas vrai? Et pourtant, j'suis mal payé! J'ai même pas d' retraite! "Bien fait!" me crie la fourmi! Quand je vous dis que not' thème, c'est la liberté!"
"Mais imaginons que nous sommes des extraterrestres... Dans notre vaisseau, nous contemplons les galaxies innombrables... Nous rêvons dans un océan d'étoiles, mais nous avons quand même un but: une planète située en banlieue de la Voie lactée... Evidemment, c'est un grain de sable, mais elle a quand même de la gueule! Elle est bleue, avec une atmosphère, et chose tout à fait remarquable dans l'espace délétère, elle abrite de la vie! Celle-ci a d'ailleurs une sacrée histoire, peuplée de créatures de cauchemars, mais nous allons nous intéresser particulièrement à l'espèce qui domine, au point de menacer sa "maison"!
"Notre vaisseau invisible survole maintenant une rue et que voyons-nous? Des hommes qui jouent les caïds et qui se croient des dieux! Des femmes impérieuses et qui attendent des hommages! Partout de la saleté et du bruit! On a l'impression d'être dans une machine à laver, et, si nous étions vraiment des extraterrestres, nous repartirions dare-dare, en rigolant d'autant que nous nous éloignons! Le problème, c'est que nous sommes nous aussi des êtres humains et qu'il nous faut suivre le troupeau, si je puis dire! C'est comme si nous avions signé!
"Mais alors pourquoi est-ce si dur? Car que les animaux se pourchassent et s'entretuent, c'est normal! Mais les hommes? Ils ont tout de même quelque chose en plus, c'est la conscience... Elle permet de raisonner, d'analyser, de choisir, etc. On peut donc dire que ce différencie les hommes des animaux, c'est leur liberté! puisque les animaux ne peuvent s'affranchir de leurs instincts! Pour cela il faut la conscience! Krabbe:1, les médiocres:0! La balle au centre! J' vous préviens, il va pleuvoir des buts! Pour une partie de football, y aura un résultat de basket! On va encore m'accuser de dopage!
"Mais bon, qu'est-ce que les hommes font de leur liberté! La réponse vient toute seule: rien! Par peur, ils s'empressent de devenir esclaves! Ils se marient, font des enfants, contractent des crédits et ils passent le reste de leur vie à crier contre des entraves, qu'ils se sont eux-mêmes infligés! Personne ne leur a demandé de se marier, d'avoir des enfants et encore moins de consommer au-delà de leurs moyens! Il faut bien vivre, c'est entendu, mais on nie sa peur! On ne veut pas la voir! C'est pourtant elle qui commande!
"C'est que le choix, c'est la fenêtre ouverte sur le cosmos! C'est un géant, nommé angoisse, qui rentre dans la maison! C'est l'inconnu à table et qui ne parle pas! A force, il donne froid dans le dos! Pour se rassurer, l'homme va chercher des règles, des lois, une obéissance, qui va le soulager de réfléchir, mais en plus il essaie de retrouver le sentiment de son importance, pour chasser le doute, et cela le conduit à se confronter aux autres, afin de les dominer! C'est le retour de l'animal, qui réaffirme sa suprématie, et ainsi s'explique l'état de guerre permanent, qui règne sur cette planète perdue dans l'espace! Par peur, l'homme ne veut pas évoluer!
"Aaatchoumm! Excusez-moi... C'est la poussière! Snif! Tant qu'on évite son angoisse, par la domination, on est dans une impasse! On passe son temps à vouloir supplanter l'autre, le soumettre, et s'il résiste, s'il ne nous admire pas, s'il demeure lui-même, on le hait, on le méprise, on le voue aux gémonies! Merveilleuse ambiance! Une chatte n'y retrouverait pas ses petits!
"Cela donne des comportements proches de la folie, notamment sur le Web! Certains y fonctionnent comme des machines! Leurs commentaires sont toujours les mêmes, quel que soit le sujet! Ils rejettent tout! Ils sont un disque éternel, incapable d'empathie, de nuances! Car ils se nourrissent de leur mépris! C'est l'aliment de leur domination! Il est impossible de raisonner ces individus, de leur montrer leurs contradictions pourtant évidentes! Bien entendu, ils n'ont aucune difficultés à imaginer des complots, de vastes conspirations, car le drame leur donne de l'importance, alors que la normalité les rebute! On a affaire à un mur et ils désespèrent, comme les vrais fous! Merveilleuse ambiance! Une chatte n'y retrouverait pas ses p'tits!
"Mais, issus du même filon, nous avons les rebelles au confinement ou ceux qui refusent le masque! Ces derniers vous regardent avec défi dans la rue! Ils s'attendent à une confrontation, qui leur permettrait d'aboyer comme des chiens! Ils retrouveraient leur domination et calmeraient leur angoisse! Bien entendu, vous seriez sourds ou choqués pour un mois! Merveilleuse ambiance! Une chatte n'y retrouverait pas ses p'tits! (Ici, Krabbe tourna sur lui-même, avec grâce, ce qui plongea dans l'étonnement ses élèves!)
"Car il faut bien comprendre une chose: se montrer respectueux, gentil, aimable, patient et même discipliné, c'est autant d'efforts pour retenir, maîtriser sa domination! C'est affronter son angoisse et voilà pourquoi la légalité, ne serait-ce qu'elle, pour un grand nombre est inquiétante! On préfère parler de dictature sanitaire, c'est bien plus marrant! On pourrait maintenant observer une minute de silence, à la mémoire de tous ceux qui sont tombés, au nom de la résistance antimasque! Clairon! (Krabbe paraît emboucher l'instrument et fait entendre un air plaintif!)
"Quelle est la solution, pour être un homme de paix! un homme quoi! Imaginons un type qui fasse à peu près ma taille... et qui aurait même mon sublime profil de médaille! C'est impossible, vous allez me dire, mais on va quand même aller dans cette direction! Imaginez ce type dans la rue... Il ne veut pas dominer! Mais... mais alors, l'angoisse devrait fondre sur lui, comme l'aigle sur la marmotte imbécile! J'ai reçu des plaintes à ce niveau, de la part d'un groupe de marmottes... Je ne donnerai pas son nom, pour ne pas augmenter le ridicule que déjà il suscite...
"Mais notre personnage est là tranquille, paisible! Mon Dieu, comment peut-il sentir sa valeur, s'il ne veut pas l'autre inférieur! De quel repère dispose-t-il? Peut-on imaginer un sportif, sans compétition? De quel droit pourrait-il dire qu'il est le meilleur? Qui peut dire qu'il est le roi, sans esclaves, sans sujets? Pourtant, notre homme est le "best"! (Krabbe tourne de nouveau sur lui-même et ondule du bassin!)
"Il a la connaissance! Il comprend notre fonctionnement! Il voit bien pourquoi on le hait! C'est un jeu pour lui! Il lit la vie, comme si un guide l'accompagnait! (Krabbe prend une voix un peu solennelle...) "Ici, vous pouvez remarquer un mépris du quinzième! Notez les poivrières saillantes, pour bien faire mal dans les coins!" Notre homme prévoit chaque comportement, comme le chef de gare voit son train arriver! Comment alors pourrait-il se sentir abandonné, moins que rien, insignifiant? Autant dire à Neptune que son propos est vague! Ah! Ah! (Krabbe encore danse!)
"Il est le maître, sans blesser personne! Et l'angoisse le suit comme un chien fatigué! Dans le chaos, il est la lumière! Il apaise, guérit, rend justice, fait grandir! protège la veuve et l'orphelin! Il donne du sens, car il y en a! n'en déplaise à tous les benêts de l'absurde! Il n'est pas féroce, ni martiale; il est l'antithèse de la folie! Il est de la pluie sur les cœurs secs! Sa paix a la transparence du cristal! Sa vison est infinie! Il respecte même les escargots!
"Son secret: il voit la domination! Il la voit, car il s'en est affranchi! Comment? Mais, en suivant le mode d'emploi! en aimant Dieu! en ayant confiance! en développant sa foi! en jetant son cœur dans l'inconnu! C'est comme ça qu'il a acquis la science! qu'il a eu les yeux ouverts!
"En faisant confiance! par la preuve de son amour! de sa bonne volonté, de sa douceur! Il n'a pas bondi! Il n'a pas mordu! Il ne s'est pas moqué, il n'a pas méprisé! quand sa domination le lui commandait! Il n'a pas suivi celle-ci, jusqu'à ce qu'il s'en libère! That's it!
"Il a lutté contre l'instinct! en y mettant toutes ses forces, par amour! et la compréhension, la lumière, la vérité est venue! Il n'a pas besoin de dominer, pour faire taire son angoisse! Il est divin ce type! (Krabbe ondule!)
"Cependant, je dois vous mettre en garde! Il ne s'agit pas non plus de se laisser dévorer, car l'autre va essayer de vous bouffer, pour soulager sa peur! Manquerait plus que d'être sous sa botte, alors qu'il ne fait aucun effort! Etre détruit par des paresseux! "White America! White America!" (Krabbe crie!)
"Pour résister et avoir la pêche! Rien ne vaut le Rap! "White America! White America!" Eminem, Dr Dre, Tupak, c'est du sérieux, du costaud! Bach aurait adoré ça, tellement c'est puissant!
"White America! White America!" crie le morveux de Detroit!"
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Dom mage!
- Le 14/11/2020
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"Démissionner! Démissionner! Mais vous me prenez pour les galeries Lafayette!
Allez, disparaissez!"
Capitaine Conan
On était de nouveau au sous-sol du bâtiment de l'OED, où s'étaient réunis Fédor Andropov, Dan Curtis, Diane Castillon et bien entendu Hugo Sacripante, puisque ce secteur était son domaine, celui de la recherche!
Les nouvelles recrues Dan Curtis et Diane Castillon étaient toujours en formation et Andropov voulait les faire réfléchir sur le rapport qui existe entre domination et angoisse! "Comment le Dom réagit-il, quand sa domination est menacée?" était la question du jour!
"Bonjour, Sacripante! fit Andropov.
_ Vous savez pourquoi l'Armée rouge a commis autant de viols, en allant sur Berlin?
_ Je vous en prie Sacripante, pas de politique ici!
_ Oh! Mais nous sommes au contraire en plein dans le vif du sujet! Répondez, ce sera très instructif!
_ De toute façon, je n'y couperai pas! Eh bien, j'imagine que nos soldats devaient en avoir gros sur la patate! Le pays a bien failli disparaître!
_ Evidemment, c'est une explication, mais même les femmes russes, délivrées des Allemands, étaient aussi violées! C'était visiblement irrépressible!
_ Je crains le pire!
_ Voyez-vous, l'Armée rouge s'est soudain défoulée! Ce qui maintenait les hommes, jusque-là, c'était la forte autorité du gouvernement communiste! Ce qui n'entraînait nullement les hommes à se contrôler eux-mêmes! Le résultat: débarrassée de la férule, l'Armée s'est déchaînée! Non seulement elle avait été trop serrée, mais encore sa maturité ou son civisme n'existait pas réellement!
_ Hum! Possible!
_ Pas possible! Vrai! Nous sommes ici dans une partie scientifique! Les stratégies de la haute sphère nous sont inconnues!
_ Sacripante!
_ On comprend alors pourquoi le communisme s'est désagrégé, alors que lui-même prédisait la fin du capitalisme, parce qu'il est viscéralement contre nature! En fait, il ignore ou nie sa propre domination!
_ Très bien! Mais...
_ Ceci nous amène à la règle suivante: plus un régime est directif et moins les individus s'y développent!
_ Ouais! Et en quoi cela concerne notre affaire?
_ Comment? Vous ne voyez pas? Mais notre premier cas est celui d'un croyant dont la religion a une autorité forte!
_ Oh! I see! dit plaisamment Andropov. Eh bien, Sacripante, qu'est-ce que vous attendez pour nous montrer l'individu?"
L'OED avait mis en place une série d'expériences, avec des volontaires, qui ignoraient le véritable but de ce qu'on leur demandait! Ils étaient utilisés comme cela se fait couramment pour des tâches menées par la psychologie sociale ("psy soss" pour les intimes...)
Le groupe OED se retrouva dans une vaste pièce, dont un mur était tapissé d'écrans, qui montraient des personnes devant leur ordinateur. "Chaque écran, expliqua Sacripante, correspond à une expérience... Chaque sujet est ici pour quelques jours et dispose d'une chambre, mais les repas se prennent en commun au self et on peut aussi se promener dans le jardin... Ce n'est pas une prison, bien entendu!
Comme je l'ai dit, notre première expérience porte sur un croyant, un musulman... Nous aurions pu prendre un catholique et nous serions arrivés au même résultat, mais avec beaucoup plus de peine, car la religion catholique a été tellement malmenée que son influence n'est plus qu'un souvenir!
Ce qui n'est pas le cas de la religion musulmane, qui continue à régler le quotidien des fidèles, malgré le fonctionnement de la société... Par exemple, beaucoup de jeunes musulmans regrettent aujourd'hui de ne pas pouvoir prier librement, notamment sur leur lieu de travail! Mais c'est justement ce genre de situations qui nous intéresse, car comment le croyant, qui est inquiet de devoir renoncer à sa prière, voit Dieu, sinon comme un maître d'école, qui va le punir, parce qu'il ne suit pas la règle!
Or, s'il y a bien quelqu'un, entre guillemets, qui peut comprendre, c'est Dieu! Ou il est la compréhension infinie, ou il n'est pas! La vision du croyant est donc immature, infantile! Elle n'est pas développée! Son embarras, qu'on pourrait voir obsessionnel, est en rapport avec la règle, la religion et non avec Dieu lui-même! A cause de l'autorité de sa religion, le croyant n'est pas conduit à donner à Dieu toute sa dimension! Mais penchons-nous sur l'expérience n°1...
_ J'espère que vous n'en perdez pas une miette, les enfants! dit agréablement Andropov à Dan Curtis et Diane Castillon.
_ Voici le profil de notre sujet, reprit Sacripante. Homme de trente-cinq ans, musulman donc et professeur de physique! Un esprit ouvert et tolérant! Il a été invité ici, pour participer à un espace de chat, sur le thème de la place de la religion dans la société moderne... Mais l'un des participants est chargé de détruire la règle! Il "attaque" non pas la foi, mais la religion! Il veut élargir, si je puis dire, la vision de Dieu, au-delà des principes, ce qui le rend d'autant plus redoutable, car il abonde dans le respect, l'admiration qu'il a pour Dieu!
_ Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple, Sacripante? demanda Dan Curtis.
_ Vous savez que la religion musulmane interdit la reproduction du prophète ou de Dieu, car ce serait comme diminuer la divinité! Mais notre agent, lui, s'interroge sur ce Dieu qui ne donne pas toute liberté à sa créature, qui limite son pouvoir de création! Est-il avare, mesquin? En fait, c'est la règle elle-même qui réduit l'amour de Dieu!
_ Et quels sont les résultats? questionna Andropov.
_ La règle établit la domination! Elle est rigide et constitue une frontière! Il y a ceux qui suivent la règle et les autres! La règle dirige et donne donc du pouvoir: elle est au final un facteur d'équilibre! Evidemment, si vous la menacez, vous provoquez de l'angoisse et un moyen de défense, qui est la haine! Regardez notre sujet, c'est l'heure du "chat"! Voyez comme il est agité, nerveux! Le professeur avenant, maître de lui-même, a complètement disparu! Et pourtant, nul n'a remis en cause la grandeur de Dieu, bien au contraire!
_ C'est effrayant! fit Diane Castillon.
_ Tant que la religion est un pouvoir, elle est un poison! ajouta un peu sentencieusement Andropov.
_ En fait, la domination empêche l'amour sincère de Dieu, ce qui explique la haine du sanhédrin à l'égard de Jésus! renchérit Dan Curtis.
_ Hum! Nous allons maintenant passer à un cas plus léger..., celui d'un kitesurfeur! Vous allez me dire: "Qu'est-ce qu'on peut attendre d'un type, qui toute l'après-midi tire des bords, comme un chien court après un bâton?" Ah! Ah! Vous ne riez pas? Hum! Bon! Mais de mon temps on apprenait réellement à naviguer! On connaissait les allures, on savait ce que ça coûtait de remonter au vent, de bien gréer un bateau! Aujourd'hui, symbole de notre époque, tout doit être fun! sans efforts! O tempora, ô mores!
_ Dites donc, grand-père, fit Andropov, si vous nous parliez du cas numéro 2!
_ Mais j'y viens, j'y viens... Caméra 2...
_ Mais... mais qu'est-ce qu'il fait? s'écria Diane Castillon.
_ On dirait... qu'il noue ses draps..., rajouta Dan Curtis.
_ Oui, il va essayer de s'évader cette nuit! expliqua Sacripante.
_ Quoi? dit Andropov. Je croyais que c' n'était pas une prison ici!
_ Mais oui, mais oui! Mais, vous le voyez bien, notre sujet perd la tête!
_ Comment est-ce possible?
_ Eh bien, il a été lui aussi invité à un espace de chat, mais... on a un peu bidouillé son ordi! Il ne reçoit que nos infos... et un prolongement de confinement, de plus d'un mois et inventé par nous, l'a mis dans cet état! Notez que le confinement officiel le troublait déjà! Il disait que faire du Kitesurf est nécessaire à son équilibre, comme si être libre et profiter du grand air ne l'était pas pour tout le monde! Enfin, il a incité ses interlocuteurs, des agents à nous et qui s'étaient également présentés comme des kitesurfeurs, à participer à un grand mouvement de contestation, qui se serait tout de même rendu sur les plages, malgré l'interdiction..
_ Je vois...
_ Dans le même temps, on lui a fait voir un reportage sur les infirmières, qui s'occupent des malades du Covid... Elles doivent passer par un sas, enfiler une combinaison et c'est très pénible, et c'est pareil pour la sortie! Notre idée, c'était que ça aurait dû toucher particulièrement le kitesurfer, qui lui aussi enfile une combinaison... Sa facilité à lui et leurs difficultés à elle pouvaient faire contraste dans son esprit! Malheureusement, il est resté complètement sourd ou aveugle et il n'en a que plus encouragé son insurrection, si je puis dire! C'est à ce moment qu'on lui a prolongé le confinement!
_ Et vous allez le laisser s'échapper? demanda Diane.
_ Bien sûr! Vous avez déjà essayé de retenir un kitesurfeur!
_ Sacripante!
_ La question que vous devriez vous poser est celle-ci: qu'est-ce que ça à voir avec la domination? N'est-il pas simplement angoissé, parce qu'il est privé d'une grande dépense physique?
_ J'imagine que non, fit Andropov.
_ Bien sûr, les choses ne sont pas aussi simples! Il y a d'abord la compétition, qu'il y a entre eux! Des dominants et des dominés se dégagent! Mais y a aussi plus pernicieux! Ils font partie d'une sorte d'élite! C'est un monde à part! Ils s'imaginent même être hors de la société, avec des codes, une philosophie particulière! On retrouve une frontière, une limite, un territoire, comme pour le croyant! A partir de là, si vous menacez cette identité, vous ouvrez encore la porte à l'angoisse, d'où de nouveau la haine, un égoïsme forcené, aveugle, et même ici l'envie de jouer les filles de l'air, car la folie n'est jamais loin! Pour récupérer leur domination, certains sont prêts au pire, même à tuer!
_ Conclusion?
_ Eh bien, il faut m'augmenter! Les crédits nous manquent! Vous voyez comme c'est vétuste ici! C'est très soviétique en fin de compte!
_ Justement Sacripante! Nous ne tolérons pas les revendications personnelles! Vous voyez l'étoile rouge qui brille dans mes yeux! C'est signe que je suis à bout!
_ Eh! y a le kitesurfeur qui ouvre la f'nêtre! jeta Dan Curtis."
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Dom Haine!
- Le 07/11/2020
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"Si vous pouviez l'arranger un peu, docteur, car je ne voudrais pas que sa mère le voie comme ça!"
Le Parrain(Chanson de Dom Haine, sur un air de Rap!)
"Je suis Dom Haine! Nom de domaine: Dom Haine! Je suis en toi, le bourgeois! Je te contrôle, quand je te frôle!
Je suis Dom Haine! Nom de domaine: Dom Haine! Je suis le phare de la cité, par le pouvoir excité! Je suis le type cassant ou le serpent glaçant! Je suis le Dom queue, des fois que... Je suis en baskets ou d'un bisness en quête! Si tu nies mon totem, c'est l'anathème!
Je suis Dom Haine! Nom de domaine: Dom Haine! Touche pas à mon pognon, c'est pas tes oignons! Touche pas à ma religion, sinon c'est des gnons! Touche pas au lion, ni à l'action!
Riche, mon béton t'écrase! Pauvre, à mort je te rase! Riche, je suis le froid DTN! Pauvre, bouillante est ma haine! Je danse, je danse, immobile ou plein de bile! Je suis Dom Haine! Nom de domaine: Dom Haine!
Laisse mon pognon, c'est pas tes oignons! Laisse ma religion, sinon c'est des gnons! Laisse le lion et l'action!
Ma banque, c'est pas pour les chiens! Mon dieu est plus fort que le tien! L'argent, c'est le pouvoir! La foi, c'est le pouvoir! C'est la scie: "Assis! Assis!" Craque et raque! Le billet vert ou le ventre ouvert! Choisis ou moisis!
Je suis Dom Haine! Nom de domaine: Dom Haine! Touche pas à ma religion, sinon c'est le lion! Touche pas au pognon, sinon c'est des gnons! L'action, la foi, c'est pas tes oignons!
Danse ami! Meurs ennemi! Pense à ma religion! Pense à mon pognon! Pense à ma case! Pense à l'occase! Ne vois-tu pas l'animal? Ne vois-tu pas le mal? La bourse me lève! La course de mon glaive! Dans la dèche, c'est Daesh! La richesse, c'est la pêche!
Je suis un dieu en ville! Fais-toi servile! Où est ma reine? Où est l'arène? Longue est ma caisse! C'est que j'encaisse! Nom de domaine: Dom Haine! Vois mes haillons et vois ton sang! Vois mes picaillons, c'est indécent! Nom de domaine: Dom Haine! Où est ma reine? Où est l'arène?
Mon dieu étend sa main! Il fait demain! A bas! Abat! C'est mon combat! Spirale, râle! Dollar, lard! Economie! Ennemi! Gratte-ciel! Gratte-fiel! Costume, thune! Je martèle, attèle! Bloque la loque! Nom de domaine: Dom Haine!
Je suis le plus fort! Pan! T'es mort! Le loup chasse le loup! Je suis la bombe! Je suis la ronde! Mon dieu, c'est moi! Quel émoi! Mon dieu c'est la règle! Touche pas à la règle! Touche pas à mon dieu! Il est dans mes yeux! Touche pas à Dom Haine, sinon c'est la peine!
Pétrole, quel rôle! T'es un chevalier? T'as pas de paliers? Broie le roi, crois! Puissance, essence! Pétrole, quel rôle? Sacré, paré? Mépris, écrit! Je te hais, Dom Haine! Je te hais, le riche! Je te hais, le pauvre! Je hais ton costard! Je hais ton retard! Quel est le prix de ton mépris? Vois je danse, à cause de ma puissance! Je suis le feu et tu es déjà feu!
Eh! je suis l'image! Eh! je vis chez les mages! Eh! je suis rutilant! Eh, je suis faible et lent! Eh! Tu te moques! Moi, mastoc! Dans les étoiles, je me voile! Galaxie, pour l'occis! Eh! dans l'univers, je suis Dom Haine! Eternel! C'est moi Dieu! Je suis la haine! Je veux casser tes os! C'est mon réseau! Eh! où est ma reine, où est l'arène!
Poésie, je suis fort! Duel à mort! Je veux ta peau, c'est pas du pipeau! Ma montre, c'est sacré! Mon culte, c'est barré! Animal, où est le mal? La Terre est plate et je te latte! Combien tu coûtes? Eh! Tu m'écoutes? Regarde la planète... Vois les manettes! C'est pas net! On dirait des chiens! On dirait des riens! Rien que la mâchoire, pour ne pas déchoir!
Qui est Dom haine? Quel est son domaine? Je suis la grimace! Je suis la menace! Je suis la masse, qui pousse! Je bous sous la housse! Sens ma secousse! T'es sous ma botte! C'est le cadeau de ma hotte! Quoi? T'es encore là, chochotte? Je te veux sous ma botte! Quelle est ta cote? Zéro héro! Dom haine détruit! Dom haine est sans fruits! Dom Haine est comme la truie! Il a l'animal dans les yeux! Il a le mal dans les yeux! C'est ce qui fait de mieux! C'est le cadeau de son dieu! Car c'est lui Dom Haine, qui mène!
Regarde Dom Haine! Comme il est séduisant! La haine est le feu nuisant! Je suis Dom Haine! Regarde mon corps! Encore et encore! Vois ma beauté! C'est l'amirauté! Je te dépasse! Toi dans la nasse! Dom Haine: 1! Et toi, Hein? T'es qui riquiqui! Vois plus loin! Vois ton coin! Je suis mieux! Tu es vieux! Tranchant du dollar! Ouvrir ton lard! Pour que tu voies mes yeux... et mon dieu! Je suis de la city, je suis tout petit! Je suis Dom haine et c'est moi qui mène!
Ma banque est mon épée! Mon mépris ma mitraillette! Je fais le mal, chaque jour animal! Oh! Viens dans ma nuit, sinon c'est l'ennui! Oh! Viens à ma religion, sinon c'est des gnons! Oh! Viens à mon action, sinon c'est le lion! Le reste, c'est pas tes oignons!
J'ai l'air d'une vieille femme! La justice m'affame! J'ai l'air d'un travailleur! privé de radiateur! J'ai l'air d'un enfant! Et déjà je vais bouffant! J'ai l'air d'un politique! et suis plein de tics! J'ai l'air pieux! et suis un pieu! Je suis le psy sérieux! et suis furieux! J'ai l'air dévot! et suis un veau! J'ai l'air malin! et de peur je fais le plein! J'ai l'air mûr! et suis dur! Je suis Dom Haine... et c'est moi qui mène! Tout ici est mon domaine!
J' suis un titan! J'ai pas l' temps! J'écrase la planète! Faut que tout soit net! La sagesse te tient en laisse! La patience, c'est la méfiance! Sans Dom Haine, tu t' démènes! Sans la haine, c'est la chaîne! L'égo dit go!
Touche pas à mon pognon, sinon c'est des gnons! Touche pas à ma religion, sinon c'est le lion! Touche pas à mes canons, c'est pas tes oignons!
Je suis le feu originel! Et je danse éternel! Je suis dans la venelle! avec mon opinel! Je suis à Wall Street! Et je frite! Je suis au Vatican! Et c'est mon camp! Je suis à Jérusalem! Et l'étranger jamais je ne l'aime! Je suis la Kaaba! Et te vois tout en bas! Je suis du Koramchar... et déploie mes chars! Je suis journaliste... et t'es pas sur ma liste! Jai reçu un prix... et ai mal écrit! Animal, je fais le mal! Je suis Dom Haine... et c'est moi qui mène!
Viens dans mon domaine! Mon dieu est dans une boîte d'allumettes! Où veux-tu que je le mette? Mon cœur est plein de rancœur! Mon dieu est ma chaîne! Normal pour Dom Haine! Mon dieu est sans amour! J' suis pas pour! Mon honneur, c'est le sonneur! Je cogne et je rogne! Là, j' rigole! comme la tôle! Moi, mon dieu est dans une boîte d'allumettes! Où veux-tu que je le mette! Moi, l'amour, j' suis pas pour! Le respect, j' l'ai pour la haine! J' l'ai pour Dom Haine!
Trafic à fric! Vitesse, altesse! Toujours plus! Toujours luxe! Klaxon qui sonne! J' suis fort! J'ai pas tort! Je fonce, j' démolis! Des ronces et des lys! Tête en cube! Tube en tête! Oiseau, ciseau! Pognon! Gagnons! Ma tête dans une boîte d'allumettes! Je ne vois rien, car il n'y a rien! Quantique, pathétique! Ma mort, sans remords! Qui suis-je? Un souffle, un courant d'air? Invisible et le der! Pognon, gagnons!
Je vais, je viens, je suis la flamme! la victoire, le vrai! Eh! C'est moi sur l'écran! C'est moi le cran! C'est moi le grand! au premier rang! Plus haut, plus fort, plus beau, voilà le vrai! Voilà mon sentiment! Voilà ma raie, au milieu je mens! C'est mon ego qui dit go! Obstacle? haine! Différence? Haine! Patience, attente, haine! Univers, grandeur, infini, haine! Animaux, plantes, haine! Autre, haine! Plaine, haine! Silence, haine! Mesure, haine! Effort, haine! Beauté, haine! Ce qui n'est pas moi, haine! Ce qui n'est pas mon choix, haine! Dormir, haine! Regarde la flamme qui danse! C'est celle de mes yeux, de mes vieux, de mon dieu, des envieux! C'est celle de Dom Haine! Eh ouais! Ouais! c'est celle de Dom haine! Eh ouais! Danse! dense! C'est le chant de la puissance! J'écrase! J te rase? Haine!
Si j' domine plus, j'suis foutu! Si j' domine plus, tu me tues! Si j' domine plus, quelle est l'actu?
Touche pas à mon élection, sinon c'est des gnons! Touche pas à ma religion, sinon c'est la dent du lion! Touche pas à mon pognon, c'est pas tes oignons!
Tu entends ma musique? Elle abrutit la clique! Elle fait place nette! Elle fait ma planète! Je suis le roi! Je sème l'effroi, à coups de décibels! C'est que j' suis rebelle!
Eh! Mate mon tag! Il crie au goulag! à la dictature, car c'est super dur! J' peux pas mettre de crop! C'est pas top! Liberté, j'veux être libre! J'en ai la fibre! J'suis contre tout, sauf moi-même! Je suis moi-même contre tout! Et je danse, c'est une évidence! Je brille, je suis super divin, divine! Qui je suis? Devine!
J' suis ton miroir! Suis ton mouroir! Suis ton espoir! Suis pas ta poire! Suis ton soir! Suis ta trajectoire! Suis à voir! J' suis divine! Citadine!
Projecteurs! Producteurs! Mode! Ipod! Flash! Smash! J' suis la reine! Mais pas dans l'arène! Car j'ai peur des barbus! Au rebut les barbus! Mon plaisir, c'est l'avenir! J' suis dans ma bulle, en conciliabule! Je rejette, sauf mon jet! J' suis jet-set!
J'ai le turban! Le reste est au banc! J' suis dans ma bulle, en conciliabule! J'ai peur de l'occidental! Au rebut l'occidental! Mon plaisir, c'est l'avenir! Je rejette, sauf mon dieu! Attention tes yeux! Avec moi, tu seras pas vieux!
J' suis contre l'injustice! J' suis dans l'interstice! S'il y a du mal, c'est à cause du riche! Faut qu'on l'empale, chiche! Allez, j' suis dans ma bulle, en conciliabule! Je rejette, sauf mon parti! T'es pas déjà parti! Révolution, attention! Finis les millions!
J' suis vert sévère! J' suis pour les animaux, pas pour les mots! Le réchauffement climatique, c'est mon tic! Normal, c'est mal! C'est la mort du monde, immonde! Tu m'échauffes la bile, immobile! J' suis pour le bûcher, si t'es pas touché! J' suis dans ma bulle, en conciliabule! J' rejette tout, sauf si c'est vert! Rouge ou vert, choisis! Sinon moisis!
Vois, je danse, c'est une évidence! Car au fond j'aime! L'amour, tu sèmes? J' crève, sans rêves! Je danse, c'est une évidence! Car c'est froid autour! Y a que des tours! J' suis l'enfant dans l'univers! J' suis un fan dans l'univers! Mon cœur brûle! C'est la rule! J' suis l'enfant et le fan!
Je suis le feu, qui veut! J' veux aimer, j' veux semer et rêver! J' veux danser plein d'"ave"! Je suis le feu des étoiles! L'énergie des voiles! J' suis le brasier! sans casier! J' suis pas Dom Haine! J' veux qu'on m'aime! quand même! J' veux être libre! J'en ai la fibre! J' suis fort, pour aller encore! J ' veux pas d' murs! J 'suis pas mûr! En baskets, je pars en quête!
Et je danse, c'est une évidence! J' suis la beauté, sans privauté! J' donne et pardonne! J' suis fort, car j'suis pas mort! J' suis vivant, car plus doux qu'avant! J' suis l'espoir! pas la poire! J' suis pas Dom Haine, car j 'veux pas d' chaînes! La haine est une prison et j' suis un tison, tendu vers le soleil, cette merveille!
C'est la lumière, mon adoration première! Je suis né étoile! Je suis né force! Je suis né beauté! Et je danse, c'est une évidence! La haine m'enchaîne! L'amour me délivre! J' veux être libre, j'en ai la fibre! Comprendre, attendre, respecter, voilà mon programme, ma politique! Voilà ma musique!
Eh! j' suis l'animal sans mal! J' suis l'œil de la biche, le vol de l'oiseau, le puissance de la baleine! Rapide comme le serpent! Dom Haine? J 'le mène! Et je danse, c'est une évidence! J' suis comme la vague, fort comme elle et aussi doux qu'elle! J' suis une aile dans la nuit étoilée! Je suis la comète, boule de feu comme elle!
Regarde, je danse, c'est une évidence! Ma haine se dissout! Elle ne vaut plus que dix sous! J' suis divin! Plus fort que le vin! J' suis un mystère, au-delà d' la Terre!" -
Chat Dom!
- Le 31/10/2020
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"Vous croyez quand même pas qu'on va s' faire des papouilles sous la douche, non?"
Le maître de guerre"Je vais vous parler de ma journée, bien qu'elle soit toujours la même, ou plutôt parce que justement elle est toujours pareille! Car c'est cela qui me blesse! Mais d'abord je suis devant une pâtée, qui n'est ni vraiment appétissante, ni particulièrement rebutante! "Le service est correct." pourrais-je dire! Cependant, au fil du temps, mon rapport à la nourriture a profondément changé!
Autrefois, je mangeais sans y penser, par pur plaisir, car j'avais faim et je dévorais la vie! J'étais enthousiaste, joueur et j'exerçais mes talents! Je me détendais sans efforts, pour attraper au vol un papillon! Je ne quittais pas des yeux un bourdon, ce qui peut rendre dingue, croyez-moi! J'allumais ma vision nocturne, pour terrifier le rongeur, avant de le promener tel un trophée ! Mais je pouvais encore prendre l'apparence d'une pierre, de sorte que l'oiseau s'y laissait prendre!
Tout cela maintenant a l'air d'un rêve, tellement c'est loin et oublié! On mange différemment et même on considère bizarrement son corps, à partir du moment où on ne se libère plus, quand les circonstances conduisent à se recroqueviller, parce que l'espoir meurt et que le monde constitue un obstacle trop grand, infranchissable! On est alors comme dans une prison et l'attention, qui ne peut plus s'exprimer au dehors, ainsi qu'elle serait portée par un nuage, se porte sur soi et trouve des maux, des anomalies, des troubles, qui se développent justement à mesure qu'on s'y intéresse! C'est la force empêchée, contrainte, désorientée, qui nuit à son propriétaire!
Comme vous le voyez, j'ai eu tout le temps pour devenir savant! Toujours est-il que je me nourris aujourd'hui, avec brutalité, parce que c'est mon seul plaisir et que j'ai l'impression de n'en avoir jamais assez! Le résultat est pitoyable, à pleurer! J'ai l'apparence d'un tuyau de poêle, qui se meut lourdement! Si je devais chasser, les moineaux auraient l'air de se moquer de moi et un rival pourrait me prendre en pitié! Mais, de toute façon, ces situations, qui me font rêver, ne me sont plus possibles et donc je me laisse aller! C'est l'œuvre destructrice du désespoir!
Pourtant, mon maître me croit heureux! Ce qui est plus exact, c'est qu'il ne me voit plus, ainsi que je ferais partie des meubles, pour ainsi dire! Mais, après m'avoir nourri, il me tapote un peu la tête, en me laissant à ma chance, croit-il! En effet, j'ai accès libre au balcon et je ne suis donc pas enfermé, comme d'autres que je connais et qui suivent le monde derrière un carreau! De temps en temps, ils s'arc-boutent contre leur prison de verre, comme s'ils priaient muettement, pour toucher les choses animées!
Apparemment, je suis mieux loti, mais il n'en est rien! Au début, certes, je trouvais mon "nid d'aigle" fantastique! A l'époque, tout n'était que vie, ciel bleu et blancheur d'ailes! Dans la rue, des chiens en laisse reniflaient dans les coins, avant de laisser éclater leur fureur contre un autre! C'est manifestement une manière de se croiser! Le trafic me semblait aussi dense que passionnant, mais surtout des goélands passaient à proximité! J'étais à leur niveau, comme à celui des merles et des pies! Je sentais qu'il n'y avait pas loin entre mes griffes et leur plumage!
Quelques insectes encore venaient m'égayer et je m'amusais même avec des jouets de l'enfant de la maison! Des plantes vertes enfin reposaient mes yeux et me tenaient compagnie..., mais un jour il y eut des cris et mon maître se retrouva seul et mon balcon devint complètement nu! La vérité sur ma situation m'apparut clairement, car je dus me rendre compte que toute la vie, l'animation, qui me plaisait tant autour, m'était en définitive inaccessible! Je n'étais qu'un spectateur de toutes ces merveilles! En aucun cas, je n'y participais! Mon nouveau désert me dessillait les yeux!
Une autre existence commença, car je ne pouvais pas, bien entendu, faire un saut de plus de trois mètres, jusqu'en bas! Que dire? Que je connais chaque centimètre, oh! avouons-le! chaque millimètre de mon balcon? Que j'ai respiré l'odeur de son béton, au point de m'en soûler? Que j'ai passé la tête entre tous ses barreaux? Que j'ai fini par me désintéresser totalement de la fête autour? Puisque je n'en suis pas un des convives! que je n'ai pas reçu de carton d'invitation, qu'on m'a oublié sur le bord de la route, comme un pestiféré, comme si je n'existais pas!
Oh là! Le camion! Tu mugis dans la côte et tu triomphes à son sommet! Adieu donc! Le prisonnier reste ici! Même si tu es moche et puant, tu es libre et tu vas vers de nouvelles aventures, de nouveaux paysages! Moi, je vais boire l'endroit jusqu'à la lie! Salut la mouette! Ouais, ouais, c'est encore une question de territoire et tu cries pour te faire respecter! Tu es censée avoir de la peine, mais je donnerais mille ans pour une querelle, un contact, un incident, une brèche, une rupture, un éclair, un foudroiement même! Enfin, il arriverait quelque chose!
Et vous, les moineaux braillards, les virevoltants imbéciles, alors que je suis fait pour vous attraper, vous foncez vers une urgence et effectivement: "Pi!Pi!" fait votre escadrille! Ah! Ah! Ah! Hum! Moi, je reste seul dans l'ombre, peut-être sous les sarcasmes de l'oiseau au corps d'orque! à moins qu'il ne soit noir avec un tricot blanc! C'est de la pie dont je veux parler... Elle va et vient, implacable, raillant avec un bruit de serpent à sonnettes, un reflet émeraude à la queue! En voilà une dont on n'est pas prêt de rabattre la fierté! "Oh là! sur le balcon, y a quelqu'un?" "Non, y a juste que la touffe d'un balai à cirer!"
Des enfants vont à l'école, des chiens pissent, d'autres chats sont plus malheureux que moi, le soleil brille, les nuages étincellent, ça me laisse froid, ça ne m'intéresse plus! Les jours alternent, la lune est pleine, il pleut, peu importe! Je n'ai plus goût à rien! Je suis dans une impasse radicale! Ma seule préoccupation, c'est comment supporter la journée, l'heure, la minute, la seconde qui s'écoulent!
Comment meubler le vide? Par la philosophie? Mais oui! Je vais m'interroger sur la réalité... Je vais commencer par distinguer ma conscience de ce qui est objectif, ce qui ne veut pas dire que je ne peux pas moi-même être objectif, comme dirait le photographe, hi! hi! Voilà que je deviens fou! Sans doute faudrait-il s'attacher à quelque chose de plus simple... Par exemple à comment réparer son vélo! Qu'est-ce qu'un pignon, une cassette, une fourchette? Des freins V-brake, peuvent-ils avoir des bras de frein ou des étriers? Je pourrais faire suer des professionnels!
L'ennui, c'est que je suis un chat et donc fait pour chasser! Les moyens d'évasion des humains ne sont pas pour moi! Aujourd'hui, je vais me tenir uniquement de ce côté du balcon... Il faudra être fort, patient, imperturbable! Pourquoi un tel travail? Mais parce que demain je me tiendrais dans le coin opposé et qu'ainsi j'aurais l'impression d'un changement! Hein? Y en a sous la cafetière! Survivre, c'est pas pour les nantis, ceux qui galvaudent leur temps et qui se goinfrent! Tenir dans le désert, c'est tout un art et je suis devenu un maître! Je côtoie le désespoir, comme s'il était l'air que je respire! Je suis quasi un linceul!
Il me reste tout de même un rayon... Il est faible, mais il existe bien: c'est le voisin! Il habite un pavillon en face et de ses fenêtres, à l'étage, il n'est pas insensible à mon sort, je le sais! Il observe mon mal-être et dernièrement il m'a vu faire le poirier, car je me suis effectivement tenu à l'envers et verticalement contre le mur! C'est une de mes ultimes trouvailles, pour sentir une nouveauté!
Mais, tenez-vous bien, le miracle a eu lieu! Le voisin a traversé la rue, il est allé à la rencontre de mon maître, alors que celui-ci était sur le trottoir! Cela s'est passé juste sous mon balcon, où j'étais aussi avide qu'un reporter devant Kennedy et Khrouchtchev! La tête sous la rambarde, j'ai miaulé comme pour dire: "Oui, c'est bien de moi dont il s'agit! Ma peine est entre vos mains!"
Mais voici le dialogue (avec mes commentaires): "Excusez-moi, monsieur, mais votre chat a l'air malheureux..., a commencé le voisin. (En plein dans le mille! O douce musique! Celle de la clé qui ouvre la cellule, qui rappelle qu'il y a un dehors, un horizon, des arbres, le vent!)
_ Ah oui! C'est un vieux chat! a répondu mon maître. (Un vieux chat! Qu'est-ce que ça veut dire? Que je suis comme un bibelot? Que je n'existe déjà plus? Qu'il ne faut plus se soucier de moi? Quelle réponse étrange! Mais elle suffit à ébranler le voisin! Le voilà qui doute, qui se reproche peut-être de s'être mêlé de ce qui ne le regarde pas!
Non pas ça, par pitié! T'as vu juste le voisin! Accroche-toi! Crois en toi! Il en va de ma vie!)
_ Ah! Bon... Excusez-moi, je me suis sans doute trompé! Je n'ai pas voulu vous importuner!
_ C'est rien! C'est un vieux chat! J' l'ai depuis des lustres!" (Mais qu'est-ce que ça veut dire à la fin? Horreur! Le voisin s'en va! Il devait être fragile lui-même! Il a laissé partir la lumière! Il a été vaincu par les ténèbres, le chaos, l'égoïsme! La foi est KO! Je suis assommé et je tombe dans un gouffre sans fond!)
Je ne repartirai pas pour un autre tour! Non! Car c'est sans espoir! C'est le vide absolu! Je regarde la nudité de mon balcon et je ne referai pas les mêmes efforts! C'est fini! Je ne ferai plus l'âne! Qu'on trouve un autre pigeon! J'ai résisté tant qu' j'ai pu! On peut pas m'en demander plus! Comme si c'était pas moi, la victime!
J' veux crever! Là, à cet instant même! Que le dégoût soit un poison foudroyant! J' veux crever, que j' dis! Tout le reste m'indiffère, me fait vomir! Est-ce qu'un animal peut se suicider? Oui, il se laisse mourir! Il se force à mourir et il adresse même une prière au grand manitou là-haut, qui doit le prendre en pitié!
Tout de même, j'ai de la haine, car tout ça n'est pas fatal! C'est la conséquence de comportements humains! Comment peut-on broyer un autre, par son indifférence? C'est facile, il suffit de ne pas chercher à devenir meilleur! Il faut avoir pour seul objectif la satisfaction de son égoïsme! Alors, les autres sont là pour servir! Ils sont faibles, on les écrase! Ils résistent, on les respecte (ou du moins on s'en méfie!)!
Ce que j'aimerais, c'est qu'un fléau vienne briser les hommes! Une épidémie par exemple! Elle bousculerait leur univers, les désorienterait, leur ferait perdre la tête! Ce n'est pas par cruauté que je dis ça, c'est pour qu'ils doutent, qu'ils deviennent humbles et attentifs! Mais ils ne changeront pas, tant qu'ils ne seront pas à genoux! Leur orgueil leur sert d'armure et ils méprisent à l'abri!
Il faudrait au moins qu'ils aient soif, qu'ils soient perdus, hagards, qu'ils connaissent ma situation! L'épidémie les confinerait! Ils ne seraient plus libres, tout puissants! Evidemment, cela susciterait au départ beaucoup de haine et de violence, mais la maladie serait inexorable! Son indifférence broierait, comme la leur m'a détruit et continue de détruire!
Ils seraient eux aussi face au vide! Ils verraient d'abord qu'ils ne sont pas les maîtres! que la Terre n'est pas un paillasson pour leurs appétits! Ils tourneraient également en rond! Peu à peu, l'angoisse les envahirait! Ils éprouveraient ma peur, ma détresse! Leur cœur inévitablement s'ouvrirait, car ils demanderaient de l'aide! Ce serait un centième de ce que j'ai connu! Un millième serait plus exact!
Ils n'ont aucun savoir! Ils ne regardent pas la fleur, la feuille colorée par l'automne, le nuage qui passe... Ils ignorent leurs richesses! Ils s'estiment lésés, car ils n'en ont jamais assez! Ils sont aveugles et vivent dans la nuit, mais ce n'est pas une excuse! Il y a mon balcon nu et la foire de leur ego triomphant!
Il y a ma misère et le luxe de leur colère!
Il y a mon attente et leur vanité boulimique!
Il y a mes craintes et leur insolence!
Il y a ma prière et leur bruit!
Il y a mon respect et leur destruction!
Qu'ils soient maudits, car ils se gorgent! Que la peine les humilie! Je ne verrai pourtant pas ce jour! Je ne retrouverai pas l'espoir! C'est trop long, l'obstacle est trop grand! Demain, ou dans quelque temps, mon maître trouvera mon cadavre et il dira: "J'avais raison, c'était un vieux chat!"" -
Dom déni!
- Le 24/10/2020
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"Les deux macs! Faudrait pas qu'on les retrouve morts, les deux macs! après tout c' que t'as dit sur eux hier soir!
_ T'as pas fait ça, dis?
_ Nooon!"
Coup de torchon"Dom Déni, bonjour!
_ Bonjour!
_ Dom Déni, un nouveau livre! Un roman, intitulé Le Grand massacre, édité chez nos amis des Editions du Boucan... Alors, c'est un livre foisonnant! On y retrouve tout un tas de personnages hauts en couleurs! Ils sont d'ailleurs facilement reconnaissables!
_ Euh...
_ On va y revenir! Mais j'ai envie de dire que c'est le roman de la maturité! On sent, Dom Déni, que vous avez passé un cap! que vous maîtrisez encore davantage votre plume! Dom Déni serait-il devenu un sage?
_ Eh bien, je l'espère, figurez-vous! Je pense être d'abord un homme de convictions! La vérité ne me fait pas peur, eût-elle le goût de la mort!
_ Hum!
_ En tout cas, je ne suis pas hypocrite! Il faut appeler un chat un chat!
_ Bien entendu! Allons tout suite au personnage du père, qui est truculent en diable! Il parcourt son domaine pour le détruire! Car vous avez situé le roman au dix-huitième siècle! Pourquoi ce choix, Dom Déni?
_ J'ai supposé que placer le père, comme noble et propriétaire terrien, ferait mieux ressortir son aspect despotique!
_ Et c'est réussi! On voit le père chevauchant par monts et par vaux! Il arrive dans une manufacture, pour quasiment repartir aussitôt chez un artisan! Il harangue la foule au port! Il donne des ordres aux marchands et il va même contrôler des charrettes de foin, Dom Déni!
_ Oui, oui, c'est un vrai feu follet! Il est comme un aigle, qui veut recouvrir le pays de ses ailes, mais, malheureusement, celles-ci sont trop petites!
_ Il tient sa maison de la même façon! Il paraît aimer sa femme, qui cependant garde un rôle effacé! Par contre, son autorité est indiscutable sur ses gens! Ils en ont peur même!
_ C'est qu'il semble avoir un droit de vie et de mort sur eux! Ce n'est pas vraiment effectif, car nous sommes tout de même au dix-huitième et la civilisation est en marche, mais ce qui est sûr, c'est qu'il peut les renvoyer à tout moment! Ils sont donc absolument tributaires de ses décisions!
_ Il va avoir une idée géniale, pour asseoir encore son pouvoir! Il va imaginer un virus! une épidémie! Pour éviter la propagation, il va imposer des fermetures, des couvre-feux, des confinements! Il brandit partout la menace de la maladie et de la mort! Il demande de respecter le personnel hospitalier, dont les moyens et les forces sont limités! Et ça marche, Dom Déni!
_ Oui, absolument! Bon nombre prennent peur et certains ont une vraie conscience civique! On limite ou on arrête donc ses activités! On ne se déplace plus ou seulement si on ne peut pas faire autrement! Les nuits deviennent particulièrement calmes... Les fêtes, si importantes pour le peuple, sont bien entendu supprimées! C'est tout un pays qui est bouleversé!
_ Mais Dom Déni, ainsi le père se ruine lui-même, car ce sont ses propres terres et revenus qu'il met en péril! Pourquoi agit-il ainsi, Dom Déni? Est-ce qu'il est fou?
_ Comme vous l'avez dit vous-même, il veut dominer toujours davantage! Il a une vision des choses, qui fait que les autres sont comme de la pâte à modeler pour lui! Le pays devient un outil au service de son ambition! C'est un dictateur intransigeant, fermé, hautain, qui méprise ceux qui se sont appelés le Tiers état!
_ Et là Dom Déni, vous êtes emporté par votre sujet! Car on n'arrête plus votre lyrisme! Sous votre plume, pleine de fougue, le père acquiert une dimension titanesque! On lit, page 70: "Il surgissait de la nuit, tel un Zorro négatif! Il entrait dans l'auberge, suivi par son bailli et des soldats qui portaient un collier de fer! Tout le monde était saisi! "Qu'est-ce que c'est qu' ça?" criait-il. Alors on fait la fête! Et le couvre-feu?" On essayait de fuir par la fenêtre! Des chiens aboyaient, hurlaient à la mort! Des femmes pleuraient, en demandant pardon! Des ivrognes sautaient de l'étage et se cassaient une jambe!
Puis, le dictateur passait dans la cuisine, renversait des casseroles, jetait des cuillers au visage de l'aubergiste et de son épouse; pendant que ses hommes éteignaient le feu dans l'âtre! Le chaudron, avec sa bonne soupe, se déversait sur le plancher! Les lumières étaient éteintes; le silence remplaçait les rires; l'odeur de la cendre celle des sauces! L'éteignoir du genre humain avait encore frappé! Le rabat-joie terrible avait de nouveau sévi! La chauve-souris avait bu la joie du monde! La glace avait figé le gigot! L'homme était comme ces marécages brumeux, dont nul ne revient! Il avait le sourire et l'œil ardent du loup!"
Quel style, Dom Déni! Mais on a un peu l'impression que vous avez fini par haïr votre propre créature!
_ C'est possible... Vous savez, la passion dépasse souvent la fiction!
_ Ouais... Cependant, vous donnez à l'épidémie une réalité! Vous racontez comment des bourgeois se lèvent, un beau matin, avec de gros boutons rouges sur le visage! C'est la stupeur, la panique! On va quérir le médecin, on veut des remèdes! On se dit que le microbe est bien là, que le châtelain finalement n'était pas dérangé!
_ Honnêtement, si j'ai agi ainsi, c'est pour rajouter à la confusion! Car très vite, on n'y comprend plus rien! Les cas d'infections se multiplient, mais apparemment la santé de l'ensemble reste bonne!
_ Le soupçon revient donc... Mais comment, Dom Déni, comment ne pas reconnaître le président Macron dans votre personnage?
_ Eh! Eh! C'est vous-même qui faites ce rapprochement! Pour ma part, je préfère laisser juge le lecteur... S'il croit voir dans mon fossoyeur le bonhomme qui s'agite à l'Elysée, il ne fera que suivre son penchant!
_ Ouais! Admettons, mais l'analogie entre la situation actuelle et votre livre ne s'arrête pas là! D'autres individus ont un masque bien fragile!
_ Ce qui peut être dangereux, par les temps qui courent, hi! hi!
_ L'oncle par exemple! Vous le brossez si grossièrement qu'il apparaît peu sympathique! On lit page 114: "Il avait une grimace éternelle! C'était un braillard né, comme si le monde entier lui devait une facture! La vérité: il s'admirait, contemplait le tribun qui était en lui et sa colère venait de l'indifférence et de l'insoumission qu'il rencontrait!" C'est bien le portrait de Mélenchon, non?
_ Ouh, là! Vous allez vous faire des ennemis! Encore une fois, il vaut mieux laisser le lecteur libre... Il sera bien mieux en sécurité, comme ça!
_ Bon! Bon! Mais il y a encore la belle-mère! la marâtre, comme vous l'appelez! Blonde, grinçante! Vous lui donnez une mâchoire de fer, cadeau de la chirurgie de cette époque!
_ Oui, l'ancêtre du dentier...
_ Inutile de se demander qui vous a inspiré pour ce cas! Mais la belle-mère et l'oncle ne se privent pas de critiquer votre dictateur et puisqu'ils sont dans l'opposition, ils ont naturellement toutes les réponses! Ils savent parfaitement ce qu'il faudrait faire face à la maladie!
_ Mais ils n'ont peut-être pas tout à fait tort, car le danger est sans doute fictif!
_ Il y a un autre individu, qui a un rôle curieux... C'est un journaliste, un gazetier, une véritable mitraillette à éditoriaux! Après avoir dénoncé les manques du pouvoir, il réclame à celui-ci toujours la même chose: des idées, des idées!
_ Oui, l'absence d'un fonds chez le dictateur est patente! On a l'impression d'avoir affaire à une gestion capricieuse, improvisée, inique!
_ Le problème, c'est que votre journaliste n'en a aucune, des idées! Somme toute, il se ne contraint nullement... Il ne se rend même pas compte du privilège qu'il a de donner son avis! Il est seulement pressé de transmettre son analyse, tellement il la trouve précieuse!
_ Mais c'est bien son rôle, non? Le journaliste n'est pas là pour avoir un programme!
_ Je vous remercie, vous m'enlevez un sérieux poids!
_ C'est bizarre... Depuis quelques minutes, vous m'avez l'air hostile!
_ Mais non! Je suis tout comme vous..., bien intégré dans le système, une belle olive dans son bocal d'huile!
_ Ah! Je regrette! Moi, je lutte justement contre le pouvoir en place!
_ Vous l'avouez donc!
_ Pfff! Où est-ce qu'on est subitement?
_ Vous êtes perdu? Pourtant la fin de votre livre est parfaitement claire! En bref, car il faut laisser le lecteur la découvrir, la révolte gronde et on rejoint évidemment la révolution de 89! On chasse le tyran et ses calembredaines! On installe une Assemblée constituante, on sépare les pouvoirs, on veille au bien-être des plus pauvres, en muselant l'égoïsme des riches!
_ Exactement!
_ L'aurore de la justice illumine le ciel et enfin, enfin, l'humanité peut être heureuse! Ah! Ah!
_ Mais pourquoi vous riez?
_ Excusez-moi, c'est nerveux; c'est plus fort que moi! Ah! Ah!
_ Je vous trouve bien désagréable!
_ Mais même Jaurès aurait honni les gens comme vous! Pour lui, ou on s'en sortait ensemble, ou on s'en sort pas! Les sectaires de la gauche lui paraissaient des imbéciles!
_ Il est toujours resté chez Jaurès une part de catholicisme naïf!
_ Mais c'est vous qui êtes naïf, Dom Déni, et vous êtes encore un hypocrite!
_ Ben voyons!
_ Mais demandez-vous au moins pourquoi il y a des capitalistes! Faites au minimum cet effort, car Jaurès, lui, a bien essayé de définir l'origine du mal! Vous et vos pareils, vous êtes des paresseux, des orgueilleux, malgré votre condition ouvrière!
_ Espèce de salopard!
_ C'est vrai, je me dégoûte moi-même!" -
Poulet en Dom!
- Le 17/10/2020
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"La baronne serait-elle devenue émotive?"
Le Ruffian" J'ai jamais vu le soleil! C'hais même pas c' que c'est! J'ai jamais vu un brin d'herbe non plus! ni une fleur! J'ai jamais senti l'air frais! J'ai jamais respiré un matin, à pleins poumons! pour saluer une nouvelle aube! J'ai jamais vu mon haleine sortir de ma bouche! J' connais pas la rosée non plus! ces petites perles fines! Les couleurs du monde, c'est pas pour moi! Le vent, les nuages étincelants, les maïs bruissants, les cours d'eau murmurants, jamais vu!
J' connais pas la terre chaude, l'odeur des racines, le tranchant des pierres! J' voudrais humer d' la résine, paraît qu' c'est enivrant! Et les tapis d'aiguilles rougeâtres, paraît qu' c'est quasi élastique, silencieux même! Et l'éclat des feuilles, nom de D...! Si j'ai bien compris, c'est comme des cristaux émeraude au printemps! mordorés en automne! et même pourpres! Chapeau! Et les écorces, alors comme ça les arbres auraient chacun un type de peau! lisse ou crevassé! rouge ou gris! Et en avant la musique!
J' connais pas non plus la pluie! J'entends parfois son bruit, mais j'ai jamais été d'ssous! Y en a qui s' lave avec, mais moi, j'ai jamais été nettoyé! Au contraire, j' vis dans une crasse immonde, dans une odeur pestilentielle, depuis toujours, depuis qu' j' suis né! Bon D...! Faut pas qu' j ' pleure! A quoi ça sert? Faut mieux rêver! Oh, ça, c'hais faire! Y paraît qu' a plein d'animaux dehors! Ah! Ah! des vaches idiotes! mâchant et mâchant encore! déféquant! mais dans l'herbe verte, connais pas!
Y aurait plein d'oiseaux dans l' ciel, chantant merveilleusement! Y sont en liberté, comme on dit! Y piaillent dans l'azur, heureux de vivre apparemment! Y' s nourrissent d'insectes, moi, mon truc, c'est le vers de terre, jamais vu, jamais mangé! Faut pas qu' j' pleure! A quoi ça sert? Paraît qu' a des chiens qui font ouah! ouah! et qui courent après un bâton! Les c...! Mais au moins y 's dépensent, ils existent! Paraît qu' a des chats, qui font les fauves et qui détalent au moindre bruit! Des guignols quoi! Mais ils vibrent, y sont dans la fête! Pas moi!
J' vais vous raconter ma vie! Mais faudra pas pleurer! A quoi ça sert? On est des centaines les uns sur les autres, les pieds dans nos excréments! Et toujours cette odeur qui vous noue les tripes, à cause de son aigreur! On a juste assez de place pour se tenir debout! On se regarde horrifié! Qu'est-ce qu'on fait là? C'est un cauchemar, dont on va certainement se réveiller! Mais non, on est toujours immobile, avec les mêmes yeux autour!
Il y a encore le bruit: c'est comme une mer abrutissante! un degré de plus dans la folie, le dégoût! Qui a organisé ça? Qui peut nous mépriser ainsi? Qui peut piétiner la vie de cette manière? Qui n'a pas d'âme? Qui est autant monstrueux? Mais faut pas pleurer! A quoi ça sert? Faut serrer les dents ou le bec!
De temps en temps, y en a qui meurent! J' les vois qu' y s' tendent, comme s'ils voulaient appeler! Puis, ils s'écroulent, dans l'indifférence générale... Ben dame, qu'est-ce qu'on peut faire? Leur cadavre fait tel un trou parmi la multitude, de sorte qu'on a l'air de danser autour! La tension ne diminue pas et la peine est complète! Peut-on pleurer en enfer? Oui!
Les morts sont cependant enlevés, par les mains de créatures géantes, qu'on appelle des hommes! Ce sont eux aussi qui m'ont empêché de m'enfuir, car je n'en pouvais plus! Certains se contentent de leur ration de grain et on dirait bien qu'ils s'enivrent avec! Il est vrai qu'il n'y a rien à faire ici, à part manger! Mais cette nourriture est insipide, à force d'être toujours la même et elle excite plutôt ma colère!
Un jour, j'ai rassemblé toutes mes forces et j'ai pu sauter par-dessus ce qui sert de clôture! J'ai atterri sur un couloir de béton et je me suis dirigé vers la source d'un courant d'air. Cela venait du dessous d'une porte et j'y voyais du jour! J'étais comme hypnotisé, quand on m'a saisi par le cou! Sans ménagement, sans un mot, alors que j'étais suspendu et étouffais, on m'a rejeté dans la cohue! Première leçon de vol! J'ai dû perdre quelques plumes, mais, comme vous devez vous en rendre compte, je ne perds rien de ce qui pourrait m'être utile, pour partir d'ici et même alimenter ma haine!
Mais l'évasion n'est pas possible, c'est le sombre constat auquel je suis arrivé! Bien sûr, vous vous dites que je ne dois pas renoncer, car ce serait comme accepter votre propre désespoir et la vie veut vaincre essentiellement, mais encore vous voilà soupçonneux, d'autant que vous êtes peu émotifs, et vous en venez à vous demander comment, dans ces conditions, je peux parler de l'extérieur, avec une langue aussi alerte!
Eh! Eh! Je vous attendais là, comme un arrière, au rugby, voit l'équipe adverse se ruer vers lui! Avec sang-froid, alors qu'on va presque le toucher, il envoie en touche le ballon, d'un long coup de pied magistral! Intact le p'tit gars, devant les armoires à glace qui tirent la langue! Bon, j' vais être moins vachard, je vais vous donner sans tarder la solution! Tout ce que je sais, au-delà de cette fournaise, je le dois à... mon ami Sunny!
C'est une hirondelle mâle et il faut la voir entrer par un trou du toit! Elle va, elle vient à travers la charpente, avec une aisance, une classe, une légèreté! Sunny, c'est l'as des as, le champion toute catégorie des hirondelles! Même les pilotes japonais, qui s'écrasaient sur les porte-avions ennemis, n'avaient pas un dixième de sa précision! C'est une étoile vibrante! un souffle de liberté!
Il est venu se poser sur ma petite clôture, car j'ouvrais des yeux ronds, en le regardant! Il a commencé à me parler et m'a bientôt bouleversé! Bon sang! Faut pas que j' pleure, à quoi ça sert? Je calme plutôt mes nerfs et j'écoute Sunny! Il me fait comprendre le monde et j'en apprends des choses! D'abord, je suis un poulet d'élevage, d'élevage intensif! Je n'ai eu aucun mal à deviner le sens de ce dernier mot! Pensez, il fallait encore tendre l'oreille, même sous Sunny, pour bien l'entendre!
Par contre, j'ai buté sur "eugénisme", ça m'amenait trop loin! Les gènes, c'est quand même compliqué, mais il est question d'une sélection, pour qu'on grandisse plus vite et cela expliquerait alors les arrêts cardiaques, les fractures, les morts subites! Les fumiers! Les ordures! Mais mince, la vie, la vie, c'est pas de la raclure! un filet d'égout! Faut pas que j' crie! Faut que j' garde mes forces, maintenant que j'ai Sunny, que j'ai de l'espoir!
"Comment tu t'appelles?" m'a demandé Sunny!
_ Comment j' m'appelle?
_ Ouais, t'as bien un nom! Moi, c'est Sunny! Il te faut un nom, sinon tu resteras un inconnu pour moi!
_ Un inconnu? Mais sûr Sunny, j' veux pas rester un inconnu!
_ Eh ben, on va t'appeler Luigi; ça te va?"
Tu parles, si ça m'allait! Ce nom, ou ce prénom, je l'ai caressé des heures et des heures! Luigi! Je m'appelle Luigi! Ah! Ah! Le combat commence, les enfants! J' peux faire mal, j' veux dire me défendre, à présent que j' suis quelqu'un! Merci Sunny, c'est le plus beau cadeau (et d'ailleurs le seul!) qu'on m'ait fait! Mais faut pas pleurer, à quoi ça sert?
Y a des chefs ici, qui ont trouvé mauvaise ma relation avec Sunny! Ah oui! Parce qu'il faut que je vous explique! Même dans notre triste situation, notre drame, certains tiennent quand même à se montrer dominants, supérieurs! Ils exigent qu'on les craigne, qu'on reconnaisse leur autorité! Ils ont dit que Sunny racontait des fariboles, qu'on allait à notre perte, si on les prenait au sérieux! Ils ont même essayé de chasser mon ami!
J' m'en moque! Quand l'éclairage baisse un peu, pour simuler la nuit et que la plupart somnole, c'est là qu' j' en finis pas de discuter avec Sunny et quelques jeunes suivent mon exemple! "Qu'est-ce qu'on fait là?" j'ai demandé à Sunny. Il n'a pas voulu me répondre tout de suite, il a juste baissé la tête! "Bon sang, Sunny! ai-je repris. Vide ton sac! Dis-moi tout! J' suis prêt; ça peut pas être pire!" Et Sunny a répondu!
J'ai tout pris! comme si on m'avait giflé avec une sauvagerie extrême! Et bien des choses se sont éclairées! Je ne comprenais pas pourquoi on avançait progressivement vers la porte! Je saisissais pourtant que c'était parce qu'un certain nombre partait: il ne pouvait en être autrement! J'ai beau être un poulet, j' suis capable de logique! Mais on partait pour où?
Donc (j' le dis froidement), y a un transport et on est conduit jusqu'à un autre bâtiment, qui s'appelle un abattoir! Là, on est accroché à la file, tête en bas et on est plongé dans une eau chargée d'électricité! Cette étape est nommée l'électronarcose, afin que la saignée qui suit soit moins douloureuse, car on nous saigne et c'est la mort! Mais, par conséquent, notre bien-être est pris en compte, même si on n'a jamais vu le soleil! N'est-ce pas touchant?
J'étais glacé et j'ai dû faire effort, pour avaler ma salive, avant de questionner encore Sunny: "Mais dans quel but tout ça?" ai-je fait. On est mangé! Logique encore! Les animaux se dévorent entre eux, pour survivre! "Eh bien, monsieur, vos papiers m'ont l'air parfaitement en règle! J'avouerais même que je n'ai jamais vu une mine aussi honnête! Allez, passez!"
Je suis resté abasourdi, car a priori notre sort était dans l'ordre des choses! "Ce n'est pas aussi simple!" a rajouté Sunny et il a de nouveau capté mon attention! Il nous a parlé de la route! Non loin d'ici, il y a un ruban de macadam, qui sidère tous les animaux qui le voient! Pourquoi? Mais parce que dessus circulent dans un vacarme épouvantable toutes sortes de véhicules, absolument indifférents à la nature qui est autour, comme si le soleil, les arbres, les champs ou les nuages n'existaient pas!
"Les hommes sont perdus! m'a expliqué Sunny, qui a beaucoup voyagé et beaucoup vu. Ils croient que leur vie a un sens, mais il n'en est rien! Ils ont surtout peur et ils se raccrochent à leur égoïsme! Ils veulent donc du pouvoir et de l'argent, d'où les élevages intensifs!"
J'en ai vomi sur mes pattes! Alors, nous vivons dans des conditions atroces, non à cause de la stricte nécessité, mais pour apaiser les nerfs de ces messieurs dames! Puisqu'ils ne font pas non plus d'efforts pour chercher une vérité, une paix, pour devenir meilleurs, plus humains! Ils préfèrent mépriser, haïr et détruire, plutôt que d'essayer la patience, la retenue, l'humilité!
"Tu sais, a rajouté Sunny, beaucoup d'entre eux ne se rendent même pas compte de leur cruauté, ni de leur laideur! Ils se traitent déjà entre eux, comme s'ils étaient des déchets!" Oui, oui, ils sont aveugles, mais nous, on était en enfer! J'étais en train de digérer ces nouvelles données, quand je me suis aperçu qu'on avait avancé jusqu'à la porte! On était donc du prochain départ!
Les chefs, parmi nous, continuaient à rouler des mécaniques et la majorité attendait son grain. Mais, moi, j'étais dévoré par l'angoisse: mes yeux ne quittaient pas la porte et bientôt, effectivement, elle s'ouvrit! Des mains nous jetèrent violemment dans des cages, qui furent empilées sur un camion! On entendait des gémissements et la peur se lisait dans tous les regards!
Pour la première fois, je voyais le ciel, le soleil et la campagne, mais ce qui aurait dû m'enchanter me remplissait au contraire d'amertume! Je connaissais la fin du voyage! On est passé par un bourg et je fixais éperdu les gens qui étaient sur la place. J'aurais voulu leur crier: "Sauvez-nous par pitié! Nous allons à la mort!", mais chacun allait avec la plus parfaite indifférence!
Nous nous approchions de la "route de la folie", quand je les ais vus! Les enfants, c'était encore plus beau que la RAF du temps de Göring! Sunny et ses camarades en essaim! Un virage impeccable sur l'aile et tous piquèrent sur notre camion! J'entends encore le chauffeur hurler: "Nom de nom!", car il n'y voyait plus! Le camion est parti à travers champs et s'est renversé, à cause de la pente! Les cages se sont répandues et la mienne s'est ouverte! J'en ai aidé un bon nombre à se libérer!
"Courez vers le bois!" nous criait Sunny! Ah, les enfants! Je foulais l'herbe! J'ai même buté contre un champignon! Mais je rigolais! On a traversé un ruisseau... Bon sang, que c'était bon! Une fois dans le bois, Sunny nous a dit de continuer, sinon on serait rattrapé et on a marché en file, pendant deux jours, tous les sens en alerte, et on s'est arrêté sur la pente escarpée d'une colline! "Là, vous serez en sécurité!" nous a affirmé Sunny et on a créé un maquis, sous les épines!
Bien entendu, il faut maintenant trouver notre nourriture et lutter contre les prédateurs, mais aucun d'entre nous ne voudrait revenir en arrière! On est là une cinquantaine et Sunny est reparti en Afrique; on le retrouvera au printemps!
Si vous voulez nous aider, demandez au moins un poulet "plein air", même s'il reste à voir dans quelles conditions on le sort! Boycottez l'élevage intensif et vous aurez mon bonjour! Parole de Luigi le poulet!
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Dom bouteille!
- Le 10/10/2020
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"Just call me Snake!"
New York 1997
"Peut-être qu'un jour quelqu'un lira ce message... Un survivant des "Furies" le trouvera sur une plage, dans sa bouteille... Je ne sais si on me comprendra, ni si mon expérience pourra être utile, mais il fallait que je me confesse, car je n'en ai plus pour longtemps... C'était plus fort que moi!
Je m'appelle Karl Rhom et j'ai été l'un des apôtres de la 5 G! Je me présente ainsi, car, à l'époque, la technologie était toute ma vie! Je travaillais dans un technopôle très actif, très performant, et je chantais à qui voulait l'entendre toutes les louanges de la 5 G!
J'expliquais qu'on allait soulager les réseaux, étendre prodigieusement les possibilités de communiquer, grâce aux nouvelles bandes de fréquence, car je voyais l'homme au centre de tout et il était normal qu'il pût être le plus libre possible, en tous lieux! Certes, je n'ignorais pas que certains trouvaient les ondes dangereuses, mais, sur le plan scientifique, ces craintes s'avéraient ridicules!
Je ne comprenais pas ces communes qui voulaient rester en dehors des réseaux, alors que d'autres les réclamaient à cor et à cri, et contre ceux, plus raisonnables, qui relativisaient la nécessité de la 5 G, en parlant d'abord de coût, j'avais un argument d'après moi massue: "Nous étions entraînés par le mouvement du progrès! Nous ne pouvions rester sur le bas-côté, si nous voulions garder notre indépendance! Les Chinois, les Américains ne nous attendraient pas! Nous n'avions pas le choix: il fallait que nous-mêmes nous développions notre propre technologie! Le monde était comme un train en marche, dont il était impossible de descendre!"
Aujourd'hui, je me rends compte combien ce discours était absurde, car au fond, au nom de la liberté, je réclamais l'esclavage! Mais j'étais bien aveugle et... Oh! Que j'ai mal! Ma blessure est sans doute très grave, mais où trouver du secours? Il n'y a plus rien! Mais je veux finir cette confession, pour que ma vie ait au moins servi à quelque chose... et je ne dois pas mettre la charrue avant les bœufs! Je reprends donc la chronologie de mon récit, car c'est aussi le parcours de ma pensée...
Ainsi, j'étais un fringant chercheur, sûr de lui et pourtant, je n'étais pas totalement satisfait! Non, j'en voulais plus! L'ambition me rongeait, quoique j'eusse tout! Mes enfants jouaient dans le jardin de notre maison neuve et ma femme était aussi belle que responsable! J'aurais dû être heureux, mais j'étais sombre au plus profond de mon cœur! Je rêvais... de quoi au juste? J'en ai honte aujourd'hui, mais je me voyais triompher, être une sommité, avoir l'aura d'une vedette de la télé! J'essayais peut-être d'échapper à une peur, à un sentiment d'insécurité, ou pire écraser, détruire, de toute ma hauteur, de tout mon mépris, m'aurait donné de la joie, aurait comblé un manque!
J'étais assoiffé de gloire, de pouvoir, et la célébrité m'apparaissait comme une lumière solaire, qui maintenait au-dessus du sol, de l'ennui, de l'effort même! En réalité, ma réussite n'était qu'une façade et toute ma rage se libérait par les réseaux sociaux, où je pris une posture assez étrange, contraire à la pensée commune! Il ne pouvait en être autrement, puisque accepter le quotidien, faire preuve de compréhension, de retenue aurait été comme m'étouffer!
Je devins la mitraillette de l'ombre, l'organiste de la haine! Moi, qui à la surface poussait au progrès, je combattais devant mon clavier ce que je voyais comme un immense parti pris! Les médias, notamment, qui dénonçaient les injustices d'un Poutine ou d'un Erdogan, me semblaient pervertis! Je m'imaginais repousser incessamment une glu bien-pensante, avec des commentaires acerbes, de véritables "placards" méprisants et destructeurs! A contre-courant, je prenais la consistance d'un rocher!
Je soutenais Trump évidemment, malgré l'indignation générale! Je criais au scandale, dès qu'on le critiquait! Je réclamais pour lui la plus stricte objectivité! Je demandais qu'on respectât le vote américain, alors que je méprisais les électeurs de Macron! Quelle folie, n'est-ce pas? Mais Trump était un boxeur! Il était le seul à vraiment "secouer le paysage"! Il était la cheminée, pour mon feu! Encore une fois, se résoudre à la monotonie, à la raison ambiante, aurait condamné ma soif de vaincre, mon ambition, m'aurait plongé dans la nuit!
C'était si fort que je m'aveuglais au sujet du président américain! Je le voyais efficace, quand ses adversaires me paraissaient pitoyables, mièvres, insipides! Lui au moins était vrai! Les résultats d'ailleurs étaient là et il les jetait à la face du monde! J'applaudissais à chacune de ses victoires: il était mon champion! Au fond, il donnait les coups pour moi; il me faisait goûter au sang! J'ai mis du temps à voir l'envers du décor, à retrouver un semblant de lucidité, tellement j'étais fiévreux!
La fièvre? Je l'ai réellement à présent... Je tremble et j'ai le front en sueur! Je ne regarde même plus ma blessure, car elle est trop moche! Mais où en étais-je? Oui, l'envers du décor... Il était sombre, affreux! Prenons par exemple les accords arabes de Trump, entre Israël, le Liban et les Emirats... A première vue, ils favorisaient la paix et la tolérance! Mais, en réalité, ces alliances ne visaient qu'à l'écrasement de l'Iran et de ses protégés, les Palestiniens! C'était comme si Trump avait donné la permission aux sunnites de détruire les chiites! Avec les chaussures de l'égoïsme, il est facile d'avancer! La difficulté, c'est de respecter chacun!
Mais ainsi allait Trump! Il croyait à la loi du plus fort, comme Hitler en son temps! On revient à celle-ci, car on ne la reconnaît pas! Trump laissait dans son sillage divisions et larmes et continuait d'injurier ses détracteurs! La "bête" était devenue enragée! La haine triomphait et n'étais-je pas moi-même un de ses étendards? L'ombre s'étendait sur le monde, d'autant que nous n'étions pas débarrassés du Covid! L'épidémie allait moins vite, à cause des gestes barrières, mais elle gardait son caractère exponentiel! A bien les regarder, on aurait dû avoir peur des chiffres!
C'est sur ce chaos qu'"elles" sont arrivées! On a d'abord pensé à une réplique de la tempête Alex, qui avait déjà été dévastatrice, mais c'était encore plus fort! Surtout, les dépressions se sont enchaînées, sans plus s'arrêter! Les médias, quasi naturellement, les ont appelées les Furies! Car elles avaient l'air de s'acharner! La France, avec la Bretagne pour étrave, s'est enfoncée dans une nuit de cauchemar!
Si je raconte tout cela, c'est pour une génération qui n'aurait pas vécu ces événements... Qu'elle médite sur mon histoire! Les enfants surtout! Les enfants... Quand la situation s'est vraiment dégradée, j'ai fait partir ma famille vers le Sud, où on avait des parents... Depuis, plus de nouvelles! J'espère seulement qu'ils s'en sortent mieux que moi! C'est pas difficile, je vais mourir...
De la pluie, du vent comme on n'en avait jamais vus! Tous les jours, incessamment! Une vraie chape de plomb, avec une lumière juste fugitive! Le pays s'en allait en morceaux! Au début, on voyait des images: des maisons entraînées par les crues ou des zones du littoral noyées par des raz de marée! Puis, tout s'est éteint! Le noir!
Il n'y avait plus de courant! La télévision et Internet ne fonctionnaient plus! Nous étions isolés, livrés à nous-mêmes! L'essence vint à manquer, faute de livraisons! Sans électricité, notre logistique n'était plus possible! Il y eut des morts aux stations services, et ils doivent y être encore, à la merci des charognards!
La police, les pompiers, les gars d'EDF, ils... Je dois essuyer mes larmes, mais ils ont tous été tués! C'est qu'on a vu des bandes, des gangs prendre le pouvoir... On eût dit qu'ils n'avaient fait qu'attendre ce moment, tellement ils étaient préparés! Bien entendu, chacun avait une arme...
On a entendu des coups de feu, pendant plusieurs jours..., puis les pillages ont commencé! Des femmes sont violées, des hommes abattus, des maisons investies! On se terre, on se protège, on essaie de rester en vie! Les combats n'ont pas cessé, puisque des milices se sont créées! Autres couleurs, autres terreurs!
Trump devrait être content! On y est, dans sa jungle! Vive le plus fort! Que de bêtise, de fausseté, de sécheresse du cœur! Il y a quelques jours, j'ai essayé d'ouvrir la réserve d'un supermarché... Ben dame, il faut bien continuer à se nourrir! C'est là que j'ai essuyé ce coup de feu! J'ai reçu une balle dans la hanche! J'ai même pas vu d'où s'est venu! Un sniper sans doute! Une vraie décharge électrique!
Je me suis couché, j'ai rampé hors de portée! Depuis, le sang s'écoule lentement... et ma vie aussi! J'ai trouvé refuge dans un bâtiment en construction et tout à l'heure, je vais rassembler mes dernières forces, pour balancer ma bouteille et ce message, dans le fleuve qui coule en dessous! Ce sera mon âme qui partira au fil de l'eau... boueuse...
Ici, il fait froid et humide... Je me rends compte que je n'ai jamais aimé le béton... Il y a peut-être au-dessus une de mes "belles" antennes 5 G! Communiquer nous est nécessaire, mais pas n'importe comment! Nous étions dans une vraie frénésie, j'en prends conscience dans ce silence qui m'est imposé... Curieusement, je n'ai jamais été aussi calme... Je peux dire que la paix, c'est aimer la vie! Oui, c'est ça, être en paix, c'est aimer l'instant!
La loi de Trump, c'est la haine! C'est vaincre, terrasser, écraser! C'est se nourrir de son sentiment de supériorité! C'est une illusion! Ce n'est pas l'évolution! Ce n'est surtout pas notre destin!
Quelques feuilles entrent dans mon refuge: elles ont l'air de papillons! Ce n'est que maintenant, à l'heure de ma mort, que je regarde les choses... Avant, j'étais comme les autres! Mon fonds, c'était mon égoïsme, et dès qu'on me contrariait, je montrais les crocs! Je voulais détruire! Mon petit monde, comme il m'était cher! Mon confort, ma sécurité, c'était sacré!
Quel silence! Je n'entends plus que le vent, qui semble m'emporter dans un rêve infini! "La 5 G, le monde digital, la génération Z, les sites de partage, la communication horizontale; le "sachant" est le nombre, plus l'individu!" Tous mes arguments de vente me reviennent à présent à la mémoire, et comme ils sonnent creux!
A force de communiquer, nous créons un tourbillon sur nous-mêmes! C'est notre ego qui se déplace comme une tornade et qui détruit notre environnement! Même si nous sommes pétris des meilleures intentions, pour sauver la nature, encore faut-il l'aimer, la comprendre! Dès que nous faisons preuve de mépris, nous sommes hors sujet!
Me voilà bien savant tout d'un coup! Tiens, une araignée qui vient me voir... Je pleure, car je suis bien seul! Mais non! Mes idées foisonnent! Un souffle m'entoure, je le sens! Je continue! Nous communiquons frénétiquement par peur! Pour nous étourdir! Comme si le monde n'existait rien que pour nous! En réalité, nous sommes pauvres et perdus, mais je devrais parler au passé, car maintenant, nous n'avons plus le choix: il faut d'abord sauver sa peau! Le débat est court!
Sait-on que pour être fort, il ne faut pas être égoïste! Celui qui accepte de perdre est sans angoisse! Il n'est pas tourmenté par son amour-propre! Mon Dieu, pourquoi ne recherchons-nous pas l'essentiel? Nous sommes dans la nuit, malheureux; nous nous heurtons, nous nous méprisons, pour des gains, des victoires dérisoires! Nous n'avons nulle grandeur, nul amour même!
Si on savait! Mais, baste! Ceux qui reconstruiront le monde, ceux-là devront se dire qu'on ne peut pas rester dans son illusion, dans sa "petite vie", ses petites certitudes! Si on veut connaître la vérité, c'est-à-dire ne plus avoir peur, il faut se détacher de soi, se mettre en péril; il faut accueillir l'inconnu!
Fi du chien méchant qui est en nous! Fi de notre gloire, de notre hauteur! Sentons allègrement l'humiliation! Elle éprouve notre force! Elle nous fait généreux! Le mensonge ne permet pas la paix!
Ah! Ah! Pas mal, pour un vieux schnock de la 5 G, bâtard du Web! Mes idées se brouillent et peut-être que la fièvre me fait délirer!
Allez, fermons la bouteille... Ah oui! Nous étions ivres de nous-mêmes... et c'est pourquoi le malheur nous a surpris! Que Dieu me pardonne!"