Les enfants Doms (XXXVIII-Quatrième partie)

  • Le 06/08/2022
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Dom 19

 

 

 

 

                                     XXXVIII

 

    Dans le cosmos, constitué d'une infinité de galaxies et d'étoiles et qui s'étendait on ne savait trop comment, à partir d'une origine quasi inconnue, quelque part, vivait RAM! Chaque matin et avec une sorte de rage, ses habitants se levaient, s'agitaient, s'inquiétaient, travaillaient, mangeaient, se reproduisaient et se rendormaient! Au passage, la mort prenait sa part, mais comme si elle avait honte et elle se faisait la plus discrète possible! Rien apparemment ne devait contrarier les hommes et n'étaient-ils pas tous occupés?

    RAM était pourtant dans une situation de plus en plus précaire, car le changement climatique ne lui laissait aucun répit! La ville avait déjà subi la montée des eaux et elle essuyait régulièrement des tempêtes, mais les canicules ne l'épargnaient pas non plus et semblaient toujours davantage meurtrières! Evidemment, les scientifiques aux premières loges s'alarmaient, mais le changement qu'ils demandaient était-il possible? L'homme de RAM n'avait-il pas des problèmes plus urgents? Il voyait son pouvoir d'achat fondre et l'orage de la dette ne cessait de gronder au loin! La violence partout s'exacerbait et bref, on pouvait céder à la panique, tant les urgences se multipliaient! Le monde avait l'air de glisser sur un toboggan vers sa fin!

    Mais prenait-on la situation par le bon bout? L' inquiétude des scientifiques, notamment, arrangeait-elle les choses? Elle irritait, heurtait bien des gens, qui se mettaient à polluer par haine, par mépris, car ils avaient l'impression qu'on ne s'occupait pas d'eux et qu'en plus on cherchait à les diriger! D'ailleurs, ne leur manquait-on pas depuis toujours de respect et pour exister, ils niaient les évidences, imaginaient des desseins cachés, ce qui nourrissait leur colère, leur amertume! 

    Si RAM survivait, n'était pas écrasé ni par l'immensité, la mort ou le réchauffement climatique, n'était-ce pas miraculeux ou dû à une protection spéciale? Qu'est-ce qui rendait l'homme aussi inconscient, si ce n'était l'animal qui était en lui et qui voulait non seulement sauver sa peau, mais encore triompher, avoir raison? Même le chevalier de la science tenait à être vainqueur et c'était cela son armure, comme son épée! La domination animale protégeait l'humanité, mais elle était encore comme une enveloppe, permettant l'éclosion de la haine!

    Qui avait confiance? Qui acceptait de ne pas gagner? Qui comprenait, voyait de l'ordre? Qui pardonnait à lui-même et aux autres? Qui ne réagissait pas à l'injure? Qui réparait? Qui apaisait? Qui rafraîchissait, enthousiasmait? Qui attendait, restait serein?   

    Après avoir appris la mort de Macamo, Cariou rejoignit Andrea Fiala, car ils avaient besoin de recueillement tous les deux! Mais Andrea devait ce jour-là aller voir son père et Cariou l'accompagna... Le père d'Andrea était un célèbre horloger et il dit à Cariou:"Vous entendez ce tic tac? Pour moi, il symbolise la causalité même! Un engrenage puis un autre! Ainsi nous avons été formés! Des éléments simples, en se combinant, donnent naissance à des systèmes plus complexes, avec des propriétés propres! Le temps produit des émergences et c'est ce que nous sommes!

   _ Sans doute et notre esprit suit toujours ce chemin: la pensée émerge dans son rapport au temps!  C'est ce qu'on appelle la maturité et elle est d'autant plus sûre que nous sommes patients, ou amoureux du temps, si je puis dire!"

    Il fut bientôt l'heure de partir et les yeux du père devinrent alors implorants: "Tu reviens la semaine prochaine, sûr?" demanda-t-il à sa fille, qui opina. Une fois dans l'autociel, Andrea dit: "Tu vois, Jack, il termine sa vie comme la plupart, en vieil égoïste! Et pourtant il continue à jouer les affranchis avec toi!"   

 

                                                                                                    XXXIX

 

    En quittant la Tour du Pouvoir, Archos l'architecte était mécontent! Certes, ces histoires d'enfants Doms étaient bien troublantes, mais ce n'était pas pour lui, Archos! C'était pour les autres, les politicards! Lui, l'artiste devait s'atteler au beau, à sa sensibilité, bref à ses plaisirs!

    Archos mit son autociel en pilotage automatique et il consulta son Narcisse! Il allait sur des applis, où de jeunes filles se dénudaient pour faire le buzz! C'était comme au supermarché, il n'y avait qu'à choisir! Voyons voir... Celle-ci? Hum, un peu trop grosse! Celle-là, pas assez rembourré! Bon sang! Voilà une reine! Ouf! Tout y était! Il n'y avait rien à jeter!

    Archos en avait déjà l'eau à la bouche et il utilisait volontiers la technique du malotru! "Bof! envoya-t-il. Tes seins, y sont pas un peu trop p'tits? Et tes fesses, pardon, mais c'est bien de la cellulite qu'on voit là, non? Etc.!" Il choquait et la réponse ne se faisait pas attendre: "Non, mais pour qui tu te prends? J' suis tip top! Ce qu'il te faut, c'est un bon opticien!"

    Elles mordaient toutes à l'hameçon! Elles étaient si fières! Archos faisait alors le dos rond:"T'as raison, j' dois pas avoir les yeux en face des trous! Mais difficile aussi de juger sur une photo! J' vois qu' t'es une déesse, mais j'aimerais te le dire de plus près!" Et ça marchait!

    Archos obtint un rendez-vous sur l'esplanade où tout le monde se rencontrait! L'architecte repéra sa proie et elle ne fut pas autrement surprise de voir un homme d'âge mûr! C'était bon signe! On embarqua dans l'autociel de la jeune fille et bien entendu, c'était un petit modèle de luxe! "Un cadeau de papa et maman!" songea Archos!

    On arriva dans l'appartement de la belle et Archos suivait tous ses mouvements! Il s'enivrait des lignes pures et de la souplesse de ce jeune corps! Il regarda cependant l'intérieur en professionnel et il fut ému par cette ambiance féminine! Bien sûr, l'appartement était bien situé, lumineux et c'était encore papa et maman qui étaient derrière, mais la décoration délicate, avec des teintes violettes et roses et des plantes vertes, sans doute achetées au marché noir, enchantait Archos, qui par contraste voyait son propre intérieur comme convenu, lourd!

    L'architecte respira l'innocence qui semblait flotter dans l'air, tel un parfum plein de fraîcheur! "Je vais lui dire que je suis architecte et elle va tomber dans mes bras!" se dit-il, mais il n'eut pas besoin de sa carte de visite, car la jeune femme revenait nue! Malgré son expérience, Archos en eut le souffle coupé! Les seins se dressaient altiers et le bas offrait des perspectives enchanteresses! Cependant, la peau était exceptionnellement blanche, comme si on l'avait recouverte de talc!

    Archos se leva en tremblant! Il n'y avait qu'à prendre! Mais, alors qu'il faisait le premier pas, il sentit une petite morsure à la jambe! "Mais qu'est-ce...?" fit-il en se retournant et il découvrit une petite créature noirâtre, qui le fixait malgré son air aveugle! On eût dit une taupe incroyablement grande et celle-ci dit: "RAM!", en montrant ses dents jaunes! Pris par l'horreur, Archos lui donna un coup de pied, qui la projeta contre le mur!

    Mais d'autres créatures apparurent et elles multiplièrent les RAM, qui devenaient des MIAM dans l'oreille d'Archos! Il regarda la jeune fille et ne lut que du mépris dans ses yeux! Il comprit qu'il était tombé dans un piège et il bondit vers la porte! Les créatures firent de même et il en était recouvert, quand sa main cherchait à manœuvrer la poignée! On retrouva son corps à moitié dévoré sur la grève et la Tour du Pouvoir accusa le coup!

    Ce n'était qu'une ombre de plus, car aux commandes de la ville, on ne se faisait guère d'illusions! Le baromètre social était en chute libre! Des révoltes, sans doute très violentes, se préparaient! Pour l'instant, l'été masquait la menace et on continuait à s'amuser sur le pont! Mais les températures allaient baisser et les inquiétudes naturelles revenir! Face aux difficultés, l'égoïsme le plus forcené reprendrait ses droits!

 

                                                                                     QUATRIEME PARTIE

                                                                                            L'AVENIR

 

                                                                                                      I

 

    Un monstre sortit de la mer! C'était un colosse couvert d'algues, mais il semblait inoffensif! Il s'était assis sur un polder et était devenu une attraction! On venait le voir en famille et il souriait! Il disait: "Regardez mes muscles!" et il gonflait ses bras, qui avaient soudain l'air de montagnes! "J' suis quelqu'un de simple! rajoutait-il. J'en ai tellement vu! J' connais des horizons où les singes ont la bouche dorée, à cause du pollen des fleurs!"

    Les femmes étaient rassurées par sa figure débonnaire! "J' demande pas grand-chose, expliquait-il. La sagesse et moi, on a un contrat! Hi! Hi!" et il s'amusait avec les enfants! Pourtant, certains jours, il était maussade et il s'irritait de l'agitation alentour! Alors arriva le drame! Il prit un homme dans son énorme main et le ramena vers lui, c'est-à-dire à la même hauteur que la plus grande grue du port!

    Il secoua l'homme, le renversa, lui tapota le tête, se mit à jouer avec! De temps en temps, il lui criait dessus ou lui parlait tout doucement! Parfois, il le pressait sur son cœur, comme s'il l'aimait, mais presque aussitôt il le battait et l'homme poussait des gémissements! Puis, déçu, le géant écrasa sa marionnette, entre ses doigts, et le sang gicla sous les yeux horrifiés des spectateurs!

    On appela la police, qui fut bien embêtée, car comment se saisir d'un tel individu? Mais le meurtre était bien là et finalement, après quelques sommations, on tira vers le géant, mais les balles n'eurent aucun effet sur lui! On isola donc la zone, en se demandant si l'armée aurait plus de chances, mais, pendant ce temps-là, le colosse arrivait toujours à s'emparer d'un passant et il lui faisait subir le même sort qu'au précédent!

    Jack Cariou fut informé de la particularité de la situation et il décida de s'en occuper! Il arriva en secret devant le géant et le défia! Le colosse n'avait que mépris pour Cariou et il ricanait, puis, vif comme l'éclair, il essaya de l'attraper, mais, à chaque fois, il ratait son coup, comme si Cariou se déplaçait à la vitesse de la lumière! Une guerre psychique s'installa alors et elle dura plusieurs jours! 

    Elle passait bien entendu par des mots et Cariou fut surpris de voir comme le colosse était intelligent et sournois! A la force physique, il ajoutait un esprit puissant, ce qui faisait de lui un adversaire redoutable! Cependant, ce qui blessait le plus Cariou, c'était ce mépris souverain, implacable du géant, qui claquait comme un coup de fouet sur le cerveau! Cariou ne pouvait afficher une telle morgue, car il était bien plus scrupuleux et il se gardait de la haine, vite inefficace! Il travaillait pour la lumière et il devait expliquer, donner du sens, tandis que l'autre violemment le rabaissait, l'humiliait!  

    Le géant parvint même à faire douter Cariou, car il avait une manière à lui de renverser les rôles! C'était Cariou le monstre, puisqu'il attaquait, harcelait celui qui se voyait lui-même comme un humble serviteur de la sagesse (il avait déjà oublié ses meurtres!)! C'était Cariou qui voulait des histoires, être le chef, alors que le colosse n'était qu'un petit ruisseau de bonté! Il y avait de quoi perdre la tête, mais Cariou devait percer cette armure d'hypocrisie, ce brouillard de folie et il recommençait à mettre le géant devant les faits, face à ses propres contradictions!

    Enfin, il trouva l'angle et c'était que le colosse en fin de compte ne parlait que de lui, ramenait tout à lui, parlait sans gêne de sa personne, se décrivait avec une entière complaisance, comme s'il avait été amoureux de lui-même et qu'il n'existait qu'à condition d'être le centre d'intérêt! Ce fut comme si Cariou avait tendu un miroir à la taille du géant, pour que celui-ci se vît tel qu'il était vraiment, dans l'impasse et la tyrannie de son égoïsme!

    Mais c'était encore le dernier argument de Cariou, car il était épuisé! Il tremblait presque et il lui semblait ne plus parler que mécaniquement! Au fond, il sentait la peur le paralyser et il crut la partie perdue, quand le géant éclata d'abord d'un gros rire, ainsi qu'il aurait été d'une force inépuisable et que la vérité n'eût été que du vent! Mais petit à petit le colosse diminuait et soudain il ne fut plus qu'un poisson échoué et qui s'asphyxiait! Cariou était dans l'étonnement et il s'approcha, mais même le poisson avait disparu, pour ne laisser qu'une petite flaque, que le soleil commençait à sécher!

    Cariou avait une nouvelle fois vaincu l'enfant Dom!

 

                                                                                                      II

 

    Andrea Fiala et Jack Cariou étaient dans l'appartement de Fahim Macamo et ils regardaient toutes les choses avec une tendresse triste! A chaque objet leur ami leur revenait à la mémoire et des souvenirs heureux les traversaient! "Tiens, il y a des notes de Fahim ici! dit Andrea. C'est technique apparemment... C'est plutôt pour toi, Jack!" Cariou prit le cahier et examina quelques pages... Macamo y parlait d'ondes gravitationnelles, de "perce-bulles" et de lumière enfermée! L'enfant Dom étant une sorte de trou noir psychique, il était normal que Macamo s'interrogeât sur la manière de le contrer, mais pouvait-on y arriver avec une machine?

    Cariou réfléchissait... Dans un premier temps, il s'agissait de se défendre, car l'enfant Dom exerçait une pression absolue, qui ne permettait pas la cohabitation, et Cariou se libérait en opposant lui-même une domination supérieure à celle de l'enfant Dom, ce qui neutralisait celle-ci! Comment pouvait-on échapper au trou noir psychique? C'était normalement impossible, à moins de détruire physiquement l'enfant Dom! La solution, c'était d'avoir une domination infinie! que celle-ci englobât tout l'Univers! et cela voulait dire qu'elle ne fût plus limitée au seul ego! Cette domination devait servir plus grand que soi et ainsi, non seulement elle était d'une force inégalable, mais encore elle n'était plus vraiment une domination, puisqu'on ne voulait pas s'imposer!

    Comment parvenait-on à ce stade? Mais il fallait combattre sa propre domination! Autrement dit, il fallait accepter de n'être rien, pour parler crûment! On ne répondait pas à l'injure par l'injure, on n'essayait pas de vaincre, on ne comprenait pas le monde, car il était régi par la domination, on faisait taire en soi toute haine, on n'espérait même pas un revanche future et... la seule raison ne permettait pas cela! Qui pouvait en effet, par le seul raisonnement, renoncer à lui-même, accepter les coups, s'efforcer d'être un élément de paix, ne pas s'inquiéter de sa situation matérielle, de sa réussite sociale, faire confiance au point de ne sembler qu'un demeuré, un raté?  

    "Libérer la lumière, abattre les bulles, faire jaillir le trou noir, qu'il ne soit plus synonyme de mort, voilà à quoi il faut répondre! songeait Cariou. La lumière ne vient pas de l'espace, de l'extérieur de l'individu, nous sommes d'accord, car sinon la science n'existerait sans doute pas! La lumière elle-même doit obéir aux lois de la physique, mais il n'en demeure pas moins qu'elle se développe en chacun et qu'on peut la retenir, l'enfermer, la nier, faire comme si elle n'existait pas et apparemment l'anéantir complètement!"

    Cariou connaissait les murs qu'on opposait à la lumière, il les avaient vus dans les yeux des autres et ils étaient généralement constitués par la peur, la haine ou la suffisance! Mais la domination des enfants Dom était si violente, si hostile qu'elle ne permettait même pas de considérer, d'évaluer leur lumière! On devait tout de suite se protéger d'eux, ou bien alors il fallait les surprendre, dans la foule par exemple! Dans ce cas, si on était soi-même sans domination, on pouvait les regarder avec amour et le "miracle" avait lieu!

    Leur lumière revenait à la surface, sollicitée par l'amour qu'on leur portait! Elle répondait à l'appel et d'un coup, le visage de l'enfant Dom se transformait! Ses défenses tombaient, les blessures réapparaissaient et toute la beauté de l'être humain, qui est faite d'esprit, était là visible! C'était un moment très fugitif, mais ineffable! L'enfant Dom cherchait la source qui venait de le rafraîchir! Pour la première fois de sa vie peut-être, on lui "parlait" et il pouvait se sentir lui-même et donc espérer! C'était le pouvoir de la lumière que d'être vraie!

    "Mais est-ce qu'une machine ou un appareil pourrait faire ça?" se demanda encore Cariou et il réexamina les notes de Macamo.

 

                                                                                                       III

 

    Madame Birkel reprit pied sur le continent! Elle revenait à RAM et avait quitté l'île des Fous pour un temps! Mais quel était son but? Que voulait-elle? Prendre des vacances? Elle n'en avait pas l'air! Son visage était fermé, dur, barré par une sorte de grimace perpétuelle! Madame Birkel semblait un général revanchard en campagne! Elle ruminait une vengeance et elle prit un taxiciel, direction la Tour du Pouvoir!

    Là-bas, elle connaissait quelques responsables, qu'elle assiégea immédiatement! On ne résistait pas longtemps à madame Birkel, car c'était un petit bout d'acier qui faisait peur! On voulait tout de suite s'en débarrasser, comme d'une carie et elle obtint ce qu'elle était venue chercher: une audience avec Dominator!

    Celui-ci la reçut légèrement contraint! Il connaissait de réputation cette femme, qui remplissait son rôle, et il ne voyait vraiment pas de quoi il s'agissait! Mais enfin la directrice entra vivement dans le sujet: "Si je vous dis Jack Cariou, vous savez de qui je parle?

    _ En effet...

    _ J' veux la peau de c' fumier!"

    Dominator eut un sourire: comment pouvait-on avoir une haine aussi terrible, au mépris de toute prudence? "Quel caractère!" se dit Dominator. "Mais, rajouta-t-il, qu'est-ce que vous a fait Jack Cariou, pour que vous soyez autant remontée contre lui?

    _ Il m'a manqué de respect! Il m'a outragée! C'est un fat! un arrogant! un vicieux qui pis est! Je n'ai pas eu le temps de le remettre dans le droit chemin! Vous me l'avez enlevé subitement! Redonnez-le moi et... lentement... lentement, je l'écraserai comme de la pâte à modeler!

    _ J'ignorais qu'il vous avait tant malmenée! répliqua Dominator, d'un ton un tantinet goguenard. J'avoue que cela m'étonne du personnage, car il m'a toujours paru poli, d'une grande correction!

    _ Pfff! De la poudre aux yeux! Il sait tromper son monde! Et il le fait d'autant mieux qu'il se croit supérieur! Vous n'allez pas me dire que vous l'avez trouvé docile? Un sournois, une vipère, une injure sur pattes, voilà ce qu'il est!

    _ L'ennui, madame Birkel, c'est que pour l'instant Cariou m'est utile... et je ne peux pas vous le donner!"

    Jusqu'ici l'entretien se déroulait debout, à bâtons rompus, mais la directrice subitement demanda: "Je peux m'asseoir?

    _ Mais comment donc!

    _ Voilà, Cariou, à la prison, s'est lié à un autre détenu, Amir Youssef! J'ai pu le faire parler, grâce à une machine à haine que je possède...

    _ Je sais...

    _ Cariou devait porter un message de Youssef à Yumi Tanaka, une partisane de l'Extrême-gauche, qui elle-même travaille pour un certain Dramatov! Vous connaissez?

    _ Un peu, mais vous m'intéressez...

    _ Vous savez bien que ces oiseaux-là ne rêvent que de détruire le pouvoir, qu'il juge oppresseur et au service des riches, pour mettre le leur évidemment! Et si Cariou, au lieu de vous servir, était de mèche avec eux et que sous ses airs de fils de bonne famille, il œuvrait en réalité à votre perte!

    _ Ce n'est pas à exclure effectivement... Ecoutez, quand je n'aurai plus besoin de lui, il sera à vous, c'est promis!"

    Un sourire éclaira le visage de la directrice et elle s'en alla toute à ses futurs projets! Elle entendait Cariou la supplier, douce musique!

 
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