La fée Lumière
- Le 06/11/2021
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Les beaux jours étaient terminés
Des pluies froides battaient la ville
Les pierres avançaient la tête basse
Les nouvelles étaient mauvaises
On disait que le dieu Argent
Se révoltait au Nord
Qu'il réunissait des troupes
Et qu'il marcherait bientôt sur la ville!
Les cœurs étaient serrés
Par l'inquiétude
On comptait ses sous
On se privait
On regardait l'autre avec colère
On était sans espoir
On avait une impression de ténèbres
De couloir sans fin
D'une vie mécanique
Où la joie était absente!
On recommençait les mêmes choses!
On avait les mêmes craintes
Les mêmes discours!
Comme un malade délire!
Il fallait tenir
Certains se livraient à des fêtes
On les haïssait!
On eût voulu de l'espoir
Un vent frais
Et non de l'ivresse!
Du tapage!
Les vols augmentaient!
Des jeunes, venus du Sud, étaient sans vergogne!
Aux abois
Avaient toutes les audaces!
Ne respectaient rien!
Se moquaient de tout!
Cela présageait d'autres catastrophes
Comme le ciel qui était de plus en plus noir!
La haine gagnait du terrain
Elle se comprimait
Telle une vague avant de déferler!
Il y avait des gémissements
Dans les coins obscurs
Des mains tendus
Des supplications muettes!
Le dieu Argent savait tout cela!
Il pouvait compter sur ses partisans
Qui attisaient la violence
Demandaient des milices
Des jugements sommaires!
La maladie n'avait pas non plus quitter la ville
On portait encore le masque!
On pensait aux morts d'hier
D'aucuns disaient que "ça" allait repartir
L'ambiance restait morne
La drogue et l'alcool étaient les seules fenêtres!
Pourtant, la fée Lumière s'apprêtait comme chaque matin!
Il y eut d'abord une légère lueur bleue
Dans laquelle, pour se réchauffer,
Les pigeons de la ville volèrent,
En groupe, les ailes bien écartées,
Dessinant un ballet plein de grâce!
Puis, des châteaux de nuage s'enflammèrent!
Leurs donjons prirent une couleur orange!
Enfin, la fée Lumière se jeta sur la ville!
Illuminant les murs
Réchauffant les corps
Jetant dans les arbres mouillés mille petites flammes!
La féerie était partout!
Mais les pierres ne la voyaient pas!
Y demeuraient insensibles!
Certaines crachaient!
La nervosité régnait!
On se préparait à recevoir le dieu Argent!
On était dur,
A son affaire!
On avait l'œil comme un silex!
La peur était là, oppressante,
Bien qu'inavouée!
On voulait plaire au dieu Argent!
Qu'il soit favorable!
On rêvait de force, de grandeur!
On rageait après une puissance perdue!
La fée Lumière reposait...
Ses nuages avançaient tranquilles!
Dans du ciel bleu...
Des rayons paraient les taudis
Les logements sombres
Où les pierres tournent en rond!
Elles n'étaient pas heureuses!
Que ne regardaient-elles pas le ciel?
Que ne s'inspiraient-elles pas de la paix des nuages?
Que ne remerciaient-elles pas la fée Lumière?
Mais elles parlaient de catastrophes!
Elles donnaient des chiffres!
Elles ne comprenaient pas sœur Beauté!
Elle seule pourtant aurait pu les apaiser!
Mais la pierre voulait se dresser!
L'enfant contemplait une grappe de rosée
Sur une toile d 'araignée
Il trouvait tout merveilleux!
Il admirait!
Il faisait: oh! devant sœur Beauté
Tout l'enchantait!
La couleur des feuilles
Leur luisance, leur mollesse à cause de l'humidité
Il voyait cela sur le trottoir!
C'était un tapis pour les rois!
Il rêvait et la fée Lumière l'aimait!
Elle lui dit: "Va vers les pierres!
Dis leur combien je les aime moi aussi,
Car tu sais combien c'est magnifique!"
L'enfant alla vers les pierres...
Il leur dit: "Regardez sœur Beauté!
Regarde fée Lumière!
Une infinie magie nous entoure!
De quoi pourrions-nous avoir peur?"
Les pierres haussèrent les épaules!
"Tu vois bien qu'on a autre chose à faire, non?
_ Ah bon? Mais vous n'êtes pas heureuses!
_ Non, parce que la vie est dure! Il faut gagner son pain!
_ C'est vous qui faites la vie dure! J'ai votre solution!
_ Ah ouais?
_ Oui, aimons-nous les uns les autres!
Ainsi, nous serons solidaires! Personne n'aura faim ou froid!"
Ils rirent!
Quelqu'un rota
Puis, ils parlèrent politique!
Si ça allait mal, c'était à cause du gouvernement!
Il fallait diriger comme ceci, changer cela!
Alors l'enfant vit qu'elles ne voulaient pas la beauté
Et que le bien les ennuyait!
Ce qu'elles voulaient, c'était se faire valoir, jouer des muscles,
Etre plus importantes que l'autre!
L'enfant s'échappa de la ville
Il était presque en larmes
Il se calma devant un vieux chêne
La fée Lumière était là, tranquille
"Il ne t'aime pas! dit l'enfant.
_ Je sais! mais toi, tu es heureux!
_ Tu es ma joie! Mon extraordinaire joie!"
Ainsi va l'enfant parmi les pierres!
Libre, léger, plein de forces
Grâce à la fée Lumière
Et les pierres disent: "Qui c'est celui-là qui est joyeux, léger?"
Et certains le haïssent et veulent le voir tomber!
Mais plus rien ne fait peur à l'enfant!
Comment pourrait-il en être autrement?
Le dieu Argent est dans la ville,
Mais la fée Lumière le traverse!
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