Du remède

  • Le 18/05/2019
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Du remede

 

 

 

    Reparlons de l'angoisse! Car c'est un sujet passionnant et auquel nous sommes confrontés chaque jour! Il nous est donc essentiel et il est vrai qu'on ne peut jouir de la vie, tant qu'on est la proie de l'angoisse! Cherchons donc son remède, examinons lequel d'entre eux est le meilleur; dénonçons les faux médecins, les savoirs impuissants; afin que nous puissions nous aussi, tel Jésus, marcher sur les flots de l'angoisse qui noient le monde!

    Mais d'abord rappelons ce qu'est l'angoisse et sa cause... Le mot vient du latin angustus, qui veut dire étroit! Nous avons déjà écrit cela ailleurs, mais on n'en finit pas d'"apprendre la vie"! Cependant, à chaque fois que nous sentons notre développement limité, inexistant, comme si nous étions prisonniers, nous éprouvons une impression d'étouffement, de malaise et très vite notre nervosité apparaît! Nos gestes deviennent mal assurés, distraits, car notre cerveau est préoccupé et c'est à ce moment que se produit l'incident, comme d'oublier son portefeuille sur la table du restaurant!

    Nous sommes perdus, dès que nous n'avons plus le sentiment de notre valeur! Nous voilà comme un poisson hors de l'eau: nous cherchons désespérément de l'oxygène, du plaisir en fin de compte! Dans certains cas, quand le psychisme est déjà affaibli, l'espace autour peut paraître si écrasant qu'il déclenche une panique! Mais la plupart du temps, ce n'est qu'une gêne; "comme si l'angoisse voulait juste nous aider à aller encore plus mal"! Notre existence ainsi nous est à charge; elle est pleine de nuages noirs; et quelle différence avec nos moments heureux! Nous ne comprenons pas; le froid est venu subitement...

    C'est que la situation de l'homme ne pose aucun problème, du moment que nous sommes à nos projets, à nos joies, à nos espérances! Le bonheur ou la réussite nous donnent comme un habit de cosmonaute: nous ne subissons pas l'hostilité de notre monde! Et pourtant les abîmes nous entourent! L'inconnu peut se dresser tel un dieu de glace, à l'infini! Il peut nous renverser d'un souffle! La différence, la contrainte, l'échec nous rendent peu à peu et plus ou moins perméables au trouble, à la peur! Notre gaine protectrice n'est pas immuable; bien au contraire, elle n'est jamais vraiment étanche!

    Pour échapper à nos inquiétudes, nous cherchons naturellement à nous sentir de nouveau importants, utiles! Nous voulons de la force, que notre tâche avance, pour effacer le brouillard qui nous environne!  La lumière, c'est le progrès, avons-nous envie de dire et comme c'est notre place qui se joue, la formule du remède pourrait être: "Vous êtes tip top, extra, sur la bonne voie; on ne peut pas faire mieux; cool, la classe, quoi!" "Les obstacles? Hop, ils sont derrière moi, dans la poudreuse!" "J'suis Killer crocodile! Mes mâchoires ne se ferment jamais sur du vide! Mon parfum? Nez de buffle!" "Non, mais j'suis à tomber! J'suis la bombe! Mes lignes rendraient jalouse une antilope! Ah! les pauvres mecs! Y bavent! Y savent faire que ça!" Oui, avec un tel remède, la mort et toute la bêtise de l'espace, la lèpre et les chaussures trop chères n'existeraient plus! Ce serait du printemps concentré... ou comme la potion d'Astérix! Mais est-ce vraiment possible? Peut-être!

    Mais, on le voit, notre premier réflexe face à l'angoisse, c'est la domination! Issue du règne animal, c'est elle qui renforce d'abord le sentiment de notre pouvoir, de notre supériorité! Exemple: Trump!

    Il est partout sur la scène internationale et même dans son propre pays! Il passe de l'avortement, à son mur; de la Corée du Nord à l'Iran, etc.! Il régit tout, condamne tout,  encense qui il veut et bref il est omniprésent! A priori, c'est la bonne formule: l'économie des Etats-Unis n'a jamais été aussi florissante, pour reprendre une expression de son président; le taux de chômage est aussi bas que celui de l'année 69! L'Amérique se voit de nouveau forte; elle espère de nouveau, dans le sillage tumultueux de Trump; mais c'est l'égoïsme qui triomphe et ce ne sera qu'une victoire temporaire, qui mènera même à la catastrophe et à beaucoup de larmes!

    Car vous ne pouvez pas vous imposer aux autres sans les blesser, sans les écraser, et donc sans susciter de la haine, de la vengeance, de la violence! L'un de ces premiers effets est la condamnation à mort en Iran de deux mineurs violeurs... Cela peut être une coïncidence, mais comment ne pas voir là une réaffirmation du régime qu'il sera intraitable, qu'il est dans son droit, qu'il est légitime, malgré les pressions de Trump (à l'heure où nous écrivons ces lignes, l'Iran vient de poser un ultimatum à l'Europe!)! Deux mineurs ont déjà fait les frais de la politique expansionniste américaine! Qui aura pensé à ces deux là? Leur famille ont sûrement de la peine et leur ressentiment vient s'ajouter à combien d'autres? La spirale de la souffrance et du mal n'a pas de limites, et tôt ou tard elle se retournera contre Trump!

     La domination pour lutter contre l'angoisse est le pire remède qui soit! Outre qu'il fatigue, car il faut incessamment des projets, du mouvement, il ne résout au fond rien: il faut tout le temps dominer, encore et encore, pour échapper à l'angoisse, qui de toute façon revient! Combien de victimes ne laisse-t-on pas derrière soi! Mais est-ce à dire que plus l'angoisse est forte et plus la domination l'est également, ou encore, à l'inverse, plus l'orgueil est fort et plus la peur l'est aussi? Sans doute, mais ce n'est pas un processus fatal; l'intelligence est justement là pour comprendre et nous changer!

    Cependant, l'angoisse crée aussi le rejet, le mépris! C'est très simple, car cela découle de ce qui vient d'être dit... En effet, ce qui menace une domination est forcément un facteur d'angoisse et quand on ne peut pas dominer cette menace elle-même ou la détruire, on lui oppose son mépris, comme si elle n'existait pas, n'avait pas de sens! On se protège donc par le mépris, on garde sa "réalité", son monde; on se convainc que ce qu'on a aperçu n'était qu'un mauvais rêve, une ineptie, un fantasme!

    Pourtant, on devrait savoir que dès lors on a une vie artificielle et que l'angoisse qui est tenue dehors ne cessera de grandir! On évite la vérité ou l'élément étranger par faiblesse, parce qu'ils sont déjà épouvantables, et le mépris est un aveu d'impuissance! Ainsi, le slogan: "Macron dégage!", malgré toute sa violence, est une forme de mépris! Il nie tout le processus électoral, car s'il fallait vraiment le considérer, cela exigerait de la retenue, de la patience, de l'attention; ce qui permettrait à l'angoisse de réapparaître telle qu'elle est! On préfère donc croire à un "coup de baguette magique", comme le bébé crie plus fort, pour qu'on vienne le voir, et dans ces conditions bien entendu, le dialogue est au fond impossible!

    Mais la domination peut encore être tournée contre soi-même et l'angoisse devient alors un maître exigeant, tyrannique, voire tortionnaire! On devient son propre esclave, on travaille au-dessus de ses forces et on finit par se blesser. Cela peut être de la dépression: on s'affaisse et on éclate en sanglots! On a des idées de suicide... Mais on peut aussi s'énerver, vouloir faire à tout prix le ménage et empoigner quelque chose de trop lourd, qui finalement nous tombe sur le pied, pour nous conduire à l'hôpital;  où on rigole avec celui qui s'est brûlé au-dessus de son barbecue, ou avec celle qui s'est donné un coup de sécateur! Une sciatique carabinée nous montre encore tel un vieillard et nous apprend patiemment à prendre le temps!

    Nous sommes prêts également à nous priver de notre liberté, pour ne plus souffrir de l'angoisse... Certains, pour ne pas dire la plupart, fondent une famille dans ce sens et deviennent bientôt malhonnêtes, à se plaindre de la lourdeur de leur charge, car les enfants ne sont pas seulement une source de devoirs, ils offrent aussi l'occasion aux parents d'être dominateurs et donc d'avoir de l'importance, ce qui chasse l'angoisse!

    Par ailleurs, le sport est ordinairement un bon calmant (c'est encore une domination sur soi...), mais ses excès sont parfois mortels! Il y a peu un champion de snowboard, en voulant battre un record, a été hospitalisé dans un état grave et le clown Artemus Gordon est décédé en jouant au tennis! Le raid, l'exploit, l'aventure permettent d'explorer ses limites et seuls ceux qui ont survécu dans des conditions extrêmes sont riches de cette connaissance!

    C'est parfois un peu loufoque et trop risqué... Dernièrement, un aveugle a traversé le Pacifique à bord d'un voilier... et ça c'est plutôt bien passé... En fait, c'est pour partir du port que tout le monde a pris une suée! Mais même la paix qui découle du dépassement de soi est éphémère; l'exploit finit par ne plus nourrir et la confiance disparaît! Ainsi, Mike Horn, dans sa nouvelle carrière à la télévision, se révèle dominateur et méprisant; car, malgré tous ses périples, l'obstacle de son angoisse demeure!

    Autre exemple, Gérard d'Aboville qui commence son livre "Seul" par une blessure, une humiliation... Un quidam lui dit qu'il n'a pas vaincu avec ses rames le plus grand océan du monde, puisqu'à quelques kilomètres de l'arrivée il a préféré monter à bord du bateau venu l'assister! Bien que ce choix fût certainement le plus raisonnable, car une tempête sévissait sur la côte, et qu'il dût être éprouvé comme un crève-cœur, d'Aboville convient que les faits sont là et on voit alors comment la dépression fait son œuvre!

    Car, imaginez-vous dans un caisson étanche, à l'écoute des vagues les plus monstrueuses, qui arrivent comme des trains! Plus elles vous soulèvent et plus durement elles vous font retomber, vous écrasant dans un fracas d'eau! Vous pensez à chaque fois que c'est la fin, mais le "toboggan de la mort" recommence! Comment pourriez-vous ne pas juger par la suite la plupart des préoccupations terriennes comme anodines?

    Mais il faut toujours de l'action, pour repousser l'angoisse, et l'agitation constante et quasi frénétique de nos sociétés ne s'explique pas autrement! Ainsi naissent l'agressivité et les incivilités!

    Vouloir aller vite est un symptôme d'angoisse! Quand le gouvernement montre son désir d'obtenir rapidement des résultats, il laisse voir son futur échec! Car l'angoisse ne permet pas de bien comprendre les choses et la greffe de la politique de Macron ne prendra pas!

    Par ailleurs et n'en déplaise à la psychologie, mais la soif de sexe est aussi produite par l'angoisse! Mais baste, arrivons à la religion, qui nous préoccupe beaucoup, depuis qu'elle vient nous tuer dans nos contrées laïques! Est-elle un bon remède contre l'angoisse?

    Dans la plupart des pays musulmans, la religion est le cadre, la loi, le sens! Allah y est vu comme une autorité suprême, à travers un fonctionnement rigide, notamment on doit prier cinq fois dans la journée, à des heures précises; sinon on n'est pas un bon musulman et on encourt tôt ou tard des sanctions! Mais on comprend facilement que, dans ces conditions qui restent somme toute scolaires, l'angoisse ne puisse franchir le portail de la religion et que, si elle insiste, elle ait affaire au directeur!

    Cependant, un tel fonctionnement empêche l'individualisation, c'est-à-dire le développement des pays, et c'est pourquoi le monde musulman paraît s'éveiller aujourd'hui d'un long endormissement (la domination coloniale est une autre raison...)! C'est même un réveil extrêmement brutal, car la technologie et le confort de l'Occident n'ont jamais cessé de "cavaler", grâce à la liberté de la science, elle-même due à la laïcité!

    Cela explique encore pourquoi la démocratie, le pouvoir accordé aux individus, que propose volontiers  et principalement l'armée américaine est incompréhensible aux populations de pays détruits, comme l'Afghanistan ou l'Irak; même si elles sont débarrassées de leurs tyrans! L'individualisation est si soudaine qu'elle devient synonyme d'angoisse et la seule bouée de sauvetage reste encore l'ancien mode de vie, l'islam!

    En fait, tant qu'elle est un pouvoir, la religion ne peut que conduire ses responsables à la domination, s'ils se sentent menacés! Ainsi, Dieu ou Allah apparaît comme un égoïste, un violent ou un assassin, et c'est bien l'islam qui dessert le plus l'islam, bien au-delà de toute caricature!

    Cependant, de tout ce qui vient d'être dit, on peut conclure que la religion n'offre pas le bon remède, mais que reste-t-il alors? Mais la solution, nous l'avons sous les yeux! C'est la connaissance, le savoir! Imaginez-vous lisant sans difficultés tous les comportements que vous avez devant vous! Comment pourriez-vous vous sentir seuls et angoissés? Encore faut-il distinguer le savoir scientifique de celui de la sagesse!

    La science, parce qu'elle croit que c'est nécessaire à son objectivité, regarde l'homme comme un étranger et elle ne peut pas entièrement le comprendre... A votre avis, pourquoi Freud a-t-il essayé de tout expliquer, l'alpha et l'oméga, par la seule psychanalyse, sinon pour lutter lui-même contre l'angoisse! Le savoir peut devenir aussi dominateur et aujourd'hui, la psychanalyse est une vaste cathédrale, avec ses prêtres qui, à l'occasion, se montrent aussi agressifs et hostiles que ceux de la religion! Mais il y a pire, car au fond le seul bien que la psychologie apporte à ses patients, c'est la restauration de leur égoïsme, ce que nous voulons justement éviter!

    La sagesse, elle, voit d'emblée l'homme comme l'aboutissement de l'individualisation que connaît la vie et ainsi la conscience prend tout son sens! Le sage trouve sa place au-delà de toutes ses espérances et marche sur la voie de l'Illumination, qui n'est rien d'autre qu'une foi sans peur!

   

 
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