D'un joyau

  • Le 16/08/2018
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De la paix

 

 

 

 

 

    Quel est le bien le plus précieux sur Terre? L'argent? A en croire certains, oui... L'argent dirigerait le monde! Eh bien, dans ce cas, raison de plus pour s'en rendre maître, car à quoi bon une vie d'esclave!

    "On ne gagne jamais assez d'argent!", disent d'autres, qui révèlent ainsi un profond sentiment d'insécurité, lui-même causé par le manque de confiance en soi!

    Bien entendu, l'argent permet de se "détendre", de voir davantage la vie en rose, mais sont des hypocrites ceux qui voient la félicité dans le pactole, car l'expérience la plus simple nous enseigne que, sitôt nos désirs satisfaits, nous sommes de nouveau inquiets!

    Le sexe? Le sexe serait-il le trésor de nos vie? Mais qui peut supporter les défauts de l'autre, quand le plaisir est passé et que les sentiments ne sont pas là?

    L'amour? Mais qu'est-ce l'amour, sinon une chose qui évolue avec nous? Quand on est jeune, on croit à l'amour comme à un idéal qui doit triompher de tout! C'est la passion qui parle! La conscience n'a pas encore émergé du feu! Plus tard, quand on se connaît mieux et qu'on tient enfin sur ses jambes, l'amour est forcément plus réfléchi! Il n'a pas perdu en intensité, il est seulement mieux dirigé; il en est aussi plus efficace et plus fidèle!

    La famille? Oh oui! Elle semble l'image même du bonheur! On forme un groupe et la solitude n'a même plus d'existence! C'est une dynamique, des affections constantes! L'angoisse n'entre pas dans la maison et la vie passe dans un tumulte chaleureux!

    Mais les familles soudées sont souvent injustes; elles sont exclusives et le monde doit tourner autour d'elles! Malheur à celui ou celle qui dans leur sein sont marqués du sceau de la différence! Ils y seront broyés, car la force appartient au nombre!

    D'autre part, les enfants sont appelés à devenir des individus à part entière et cela ne va pas sans déchirements, ni désillusions pour chacun! Les parents maudissent une progéniture qui leur résiste et qui dans le meilleur des cas en est accablée de chagrin! C'est le difficile chemin de la croissance, qui est pourtant inévitable!

    Enfin, la mort lève le voile sur les caractères! L'héritage montre le plus souvent les égoïsmes et le temps du bonheur familial est oublié! Ce sont des cadavres qui disent au revoir à un autre!

    Le pouvoir? Le pouvoir, qu'on peut associer à la gloire, la notoriété, serait-il susceptible de combler tous nos vœux? A priori oui, puisque nous voulons instinctivement dominer... Ne nous donne-t-il pas le sentiment de notre importance, de notre réussite, de notre valeur? Ne nous préserve-t-il pas des inquiétudes, sœurs de l'échec et de l'anonymat?

    Cela est vrai, mais en partie seulement! Car le pouvoir est comme un feu dans une grotte de glace! Il faut le nourrir sans cesse, pour en sentir l'effet bienfaisant! Il conduit donc à la tyrannie, aux calculs et même aux plus sombres bassesses, comme on le voit à la télévision! Le dernier recours du pouvoir est le mépris, le ragot; c'est nager dans l'égout!

    Le pouvoir est rarement bon, car il est le domaine des spectres! Et son bonheur, sa chance n'est qu'une façade!

    Non, le bijou, la lumière de nos existences, c'est la paix intérieure, celle de l'esprit! Ne serait-ce que parce qu'elle peut bonifier tous les éléments qui sont déjà sur ma liste!

    En effet, le sage est détaché de son amour-propre; il n'en est pas le jouet et c'est un maître ruineux! Il veut la vitrine la plus belle, qu'on puisse l'envier et qu'elle n'offre pas de prises aux critiques! Cela crée beaucoup de besoins et demande autant d'argent! Dans ce cas, qui est le plus courant, on est facilement inquiet et agressif; on a peur de perdre, de manquer, on craint l'avenir et la violence n'est jamais loin!

    On demande des comptes aux plus faibles; on regarde comme un inquisiteur ceux qui bénéficient des minima sociaux; on est prêt à brûler le profiteur avéré! On pèse sur le monde; on se méfie de l'inconnu, qui a déjà un air de voleur; on se ferme pour se protéger de la différence; le raisonnement se sclérose, on est plein de jugements! On est envieux, amer, alors qu'on a fait son propre malheur, parce qu'on a voulu posséder, pour paraître supérieur! Mais l'hypocrisie empêche d'ouvrir les yeux!

    Au contraire, la sage vit de peu et il reste calme... Il ne perd pas de vue l'essentiel, qui est d'avoir de quoi manger! Le spectre de la pauvreté doit l'effrayer de moins en moins et sa paix qui grandit ne blesse personne!

    On comprend aussi que la patience augmente le plaisir sexuel, mais surtout l'amour trouve chez le sage une portée infinie, comme nous allons le voir!

    Enfin, la gloire ou le pouvoir ne s'intéressent que rarement au sage, car on voit mal des fauves céder le passage... Pour que cela arrive, il faut des circonstances exceptionnelles, qui révèlent l'impuissance des chefs et qui font qu'ils s'inclinent! Mais ce n'est pas le sage qui triomphe; ce sont ses idées, sa foi, dont il est le serviteur... Ainsi encore il n'y a nulle avidité, nulle destruction!

    Mais une question se pose: comment acquérir cette paix intérieure, de l'esprit? Autant le dire tout de suite, il faut se vaincre soi-même; il faut dépasser ses limites pour mieux les connaître! Il faut se mettre en danger, il faut chercher! Il faut oser et persévérer!

    On comprend très bien les choses quand il s'agit d'un alpiniste ou d'un navigateur solitaire! Ils sont mis à l'épreuve par la difficulté du but qu'ils ont choisi! La nature les éprouve, au-delà même de ce qu'ils avaient pu imaginer! Ils doivent lutter; ils gémissent, ils souffrent, ils se reprennent et continuent!

    C'est un rendez-vous ultime avec soi! Le péril met à nu l'individu; c'est sa vie qu'il risque!   Son courage le sauve et après l'épreuve, il n'est plus le même! Son expérience fait sa fierté et désormais le nourrit! Ce qu'il sait sur lui et donc sur le monde est vrai, car cela a été frappé sur l'enclume de la seule nécessité! Celui qui revient parmi les hommes, après son exploit, est fort d'un secret! Jamais plus il ne regarde les autres de la même manière!

    Il en va tout autrement quand on ne quitte pas les oripeaux du confort! On peut toujours s'y tromper, s'y raconter des histoires, élaborer des théories, rester aveugle... Une partie de soi peut y demeurer cachée, ignorée, car rien ne vient la menacer, lui demander des comptes! On est comme un gamin qui rêve qu'il pourra se défaire d'une bande de voyous, mais quand surgit la violence, il n'est pas à la hauteur et il se montre lâche!

    C'est ainsi notamment pour tous les psychologues de la Terre, qu'ils soient encore psychiatres ou psychanalystes! Cela ne veut pas dire que la psychologie ne soit pas utile auprès de certains malades, comme "garde-fou" notamment, car elle a une présence rassurante..., mais ce que je combats, c'est la théorie et le danger de l'analyse ou de la psychothérapie est une légende!  Ceux qui y croient se mettent en valeur, se donnent de l'importance; quand notre alpiniste ou notre navigateur solitaire se taisent, en se rappelant tout ce qu'ils ont enduré et à quelle faiblesse ils ont été réduits!

    La souffrance psychologique pourrait-elle conduire à se "livrer" entièrement? à abandonner tout orgueil, tout amour-propre? Il est vrai qu'elle crée déjà la demande d'une aide..., mais encore faut-il donner au thérapeute un savoir, une autorité indiscutables, et quel esprit, même sous le joug de la souffrance, pourrait-il s'abuser au point de ne plus voir un être humain en face de lui, mais un dieu?

    La salade de la psychologie n'a pas de fin, car il n'en va pas de sa survie! Le thérapeute ne voit pas son égoïsme, car, quoiqu'il en dise, il n'est jamais vraiment dépouillé de son pouvoir! Qu'on puisse être brisé, vaincu par une analyse est une farce, qui satisfait secrètement le patient amoureux de lui-même! C'est un séisme d'alcôve, sans la "patte" de la nature! C'est encore chez le thérapeute, comme chez le patient, une belle complaisance à leur égard, même si les dehors peuvent être austères! Il n'y a pas de vérités, quand le risque est feutré! Bref, c'est bon pour les enfants!

    Mais comment replacer dans le domaine de l'esprit, de la paix intérieure, l'expérience de l'alpiniste? Il faut un moteur, un sommet..., une quête qui incite à se dépasser et qui doit engager toute la conscience!

    Je n'en vois qu'une, la foi! l'amour que l'on peut vouer à Dieu! A partir de là, on a bien le moteur: ne pas décevoir celui qu'on aime! On a bien la difficulté, car le message religieux invite à s'opposer à l'instinct! autrement dit à la facilité! N'oublions pas que le développement de l'homme ne peut être qu'un chemin vers la connaissance!

    Mais déjà résonnent les trompettes de la psychanalyse! sa sirène d'alerte ("T'es foutu, Boyington!")! car qui dit refoulement dit risque de névrose! Mais oui! Le risque est réel et il est nécessaire, sinon il n'y aurait pas de parois! pas de vertige, pas d'ascension! Si on ne secoue pas l'arbre, il n'y aura pas de fruits!

    Mais la psychanalyse va plus loin: elle soutient que si on se tourne vers la foi, c'est pour satisfaire autrement une pulsion sexuelle refoulée! comme si à défaut d'ami (ou de partenaire!) on ne trouvait que Dieu (je passe sur le complexe du père, mais il ne perd rien pour attendre!)!

    On connaît la forêt d'ombres où se "réfugie" la psychanalyse; c'est l'enfance dont nous n'avons qu'un vague souvenir et il est difficile d'y voir clair! Pour ma part, je vois plutôt, même si cela peut paraître choquant, surtout sur un plan scientifique, je vois plutôt des hommes et des femmes qui naissent en n'étant pas du monde, à cause de leur sensibilité particulière! Quand je dis qu'ils ne sont pas du monde, c'est que celui que nous connaissons leur est absolument étranger: ils ne le comprennent pas et n'en partagent aucunement les mécanismes! Même si au tréfonds, évidemment, ils sont du même bois que les autres, ils ne mentent pas, ils ne cherchent à pas supplanter qui que ce soit, ils n'ont nulle hypocrisie; ils sont particulièrement attentifs à la souffrance, chez eux, comme chez les autres! Ils sont pleins de bonne volonté et autrement dit, ils sont purs!

    Ce serait des esprits éveillés, de même que, à l'autre bout de l'éventail, il y en aurait de farouchement égoïstes! Tout cela peut ressembler à un beau charabia, mais je ne crois pas que l'influence du milieu, c'est-à-dire en l'occurrence les traumatismes, puissent être à l'origine de la foi!

    (Je rappelle que la psychanalyse ne voit pas du tout que nous voulons nous détruire! Pour elle, le tyran n'existe pas! d'où son incroyable naïveté et son infini aveuglement! Ce n'est pas parce que vous "réglez" vos problèmes personnels, que le monde va devenir gentil et que vous allez pouvoir vous y sentir comme un poisson dans l'eau! Bien au contraire, suis-je tenté de dire, car le monde se protégera de votre indépendance!)

    En tout cas, je n'ai jamais vu un thérapeute lucide, quant à l'importance de son amour-propre, et l'individu qui veut plaire à Dieu et donner le meilleur de lui-même, celui-là s'engage dans une aventure extraordinaire, aux proportions toujours plus vastes et dont il recueille des trésors sans prix!

    Car les résultats sont là, ce qui n'est pas vraiment le cas ailleurs! Et ils sont inestimables, divins pour ainsi dire! Celui qui "s'est vaincu", qui a atteint son sommet, qui par sa force d'âme a éprouvé ses limites, qui par sa persévérance n'a pas renoncé, qui par amour même s'est mis en danger, celui-là redescend de la montagne avec d'autres yeux, avec une paix que nul ne connaît autour de lui!

    Plus rien ne peut détruire notre ami, ni même l'entamer! Le cri de ses propres fissures restent sans effet sur lui... et les influences extérieures, les haines et le mépris dont les autres, par jalousie, voudraient l'empoisonner, glissent sur lui et le font même sourire! Que pourraient-ils savoir, ceux-là, des vents qui soufflent sur les sommets et des précipices que l'on franchit?

    Surtout, surtout, la paix intérieure donne un équilibre étranger à la domination! Il n'est plus question de se sentir supérieur, quitte à écraser le voisin, pour se rassurer! On ne voit plus la liberté des autres comme une menace! On ne fait plus le mal pour donner un sens à sa vie!

    Mais à quoi servent nos vies, sinon à développer nos personnalités? Comment peut-on se contenter des joies du despotisme, alors que les inquiétudes nous ouvrent les portes de l'infini? Et quels peuvent être nos fruits, si notre sève n'est que celle de notre égoïsme? Les feuilles ne sont-elles pas les ailes des plantes?

   

 

 
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