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                                                      "Montez donc, que je vous taquine la rate!

                                                      _ "Que je vous taquine la rate!" L'expression est heureuse!"

                                                                                               Fanfan la tulipe

    Quand nous reprîmes conscience, une violente lumière nous faisait face et à notre grande stupeur, nous étions ligoté à une chaise! Soudain une silhouette se dessina: "Je crois qu' y se r'veille, Tony!

    _ Tant mieux, j'en avais marre de jouer! J' te signale, Jeff, que tu me dois cinq billets!

    _ Ouais, ouais, mais pour l'instant, occupons-nous de celui-là!"

    Tony et Jeff! Mais qu'est-ce que c'était que cette farce? "A... boire! nous bredouillâmes...

    _ Y veut d' l'eau, Tony!

    _ Normal, après le coup que tu lui as mis!"

    Celui qui s'appelait Tony se dirigea vers un lavabo et revint avec un verre. "Tiens, bois, mon bonhomme! On a quelques questions à te poser!" L'eau sentait la pisse, à moins que ce ne fût les mains de Tony! Que s'était-il passé? Une vive douleur nous lançait derrière la tête... On nous avait assommé, alors que nous sortions de chez nous, mais pourquoi?

    "Bon, maintenant que tu t'es retapé aux frais de la maison, tu vas être coopératif, pas vrai p'tite tête? fit Jeff.

    _ Alors pour qui tu travailles? ajouta Tony.

    _ Pour... pour qui j' travaille?

    _ Ouais, dans quelle bande t'es? T'agis pas en solo, tout de même! Qui c'est ton boss? Dany, le fiévreux, j' parie!

    _ Ou alors t' es en cheville avec les Portugais! Ils inondent le marché en c' moment!

    _ J' comprends rien à ce que vous me dites!

    _ T'entends ça, Tony, le blaireau fais l'innocent! Il joue les durs!

    _ Tsss! Tsss!"

    Jeff nous gifla de toutes ses forces, si bien que nous tombâmes avec notre chaise! Ce fut Tony qui nous releva, car c'est lui qui avait le rôle du gentil! "Te voilà dans un bel état, nous dit-il, et à quoi ça sert? Tu vas parler de toute façon! D'accord, tu es courageux... On le note, hein, Jeff? On dira partout qu'il a fallu bien t'assaisonner, pour que tu parles! Ta réputation s'ra sauve! Mais vide ton sac! Soulage ta conscience, comme si j'étais ton père, et qu' t' avais cassé quelque chose! Sinon Jeff remettra ça! Et tu veux une dernière confidence? J' le crois un brin sadique!

    _ Faux! J' fais juste mon boulot! Et j' répète ma question: pour qui tu bosses? Not' patron, lui, y veut savoir! Y te veut plus dans ses pattes! Alors?

    _ Je... j' comprends rien!"

    Il y eut un nouveau choc et ce fut l'abîme sans fin! Le disjoncteur avait encore sauté!

    Dans la nuit, il y avait une petite étoile qui brillait! Etait-ce la fin du voyage? Allais-je enfin savoir, être aimé, être rassasié de justice?

    La lueur devint carrée, sur de la peau rose... C'était une chevalière et son propriétaire avait l'air d'un dandy! Il fumait négligemment et soudain il jeta: "Voilà notre invité qui rouvre les yeux! Je me présente, je m'appelle La Dom et c'est moi le boss! Et vous, vous êtes monsieur... monsieur...

    _ Monsieur Cornichon!

    _ Je vous l'avais dit, chef, qu'on avait affaire à un malin! hurla Jeff. Laissez-moi encore le frictionner, pour lui apprendre le respect!

    _ Doucement Jeff! Ce gars-là veut qu'on lui donne un nom insultant! Il se punit lui-même et on n'y peut rien... Le problème, monsieur... Cornichon, c'est que j'ai aussi besoin qu'on me réponde sérieusement...

    _ J' comprends toujours pas!

    _ J' vais éclairer votre lanterne, monsieur Cornichon!  Je dirige tout un tas d'affaires et on vous voit ici et là parfaitement indifférent! Vous semblez impénétrable! Tous mes employés sont formels sur ce point! Bref, vous êtes une énigme et moi les énigmes, ça me rend nerveux, ce qui n'est pas bon pour le commerce! Donc, monsieur Cornichon, êtes-vous une sorte de sous-marin, chargé de miner mon bisness, pour le compte d'une bande rivale... ou pire pour celui de la police? 

    _ J' pourrais moi aussi soulager votre questionnement, mais encore faudrait-il que vous me prêtiez une oreille attentive!

    _ Le voilà qu'y s' moque de nouveau, chef! J' vais lui apprendre...!

    _ Patience, Jeff! Patience! Ecoutons d'abord notre invité! On ne va pas lui sauter d'ssus, alors qu'il se montre coopératif! Allez-y, monsieur Cornichon, édifiez-nous!

    _ Savez-vous pourquoi vous vivez, exactement?

    _ Dame, faut bien gagner sa croûte... et comme je vous l'ai dit, j'ai certaines petites choses qui fonctionnent çà et là! comme des entreprises en fait! J'emploie du personnel, je gère des budgets et je cherche à faire des bénéfices! Je suis un self-made-man qui a réussi, qui a prospéré, en prenant des risques, en sentant le vent! Je pourrais en remontrer à n'importe quel PDG, sauf que mes affaires à moi ne sont pas, disons, légales!

    _ Bravo, on croirait lire un portrait dans une revue économique, avec en prime la clé du succès, qui dirait qu'il faut être un peu con ou naïf, pour l'emporter!

    _ Patron!

    _ Du calme, Jeff! Si monsieur Cornichon se montre aussi péremptoire, c'est qu'il a au moins un as dans son jeu!     

    _ C'est exact! Mais suivez-moi bien, car on attaque la côte! Les animaux poussent leur individualité, pour défendre leur territoire, ce qui leur permet de se nourrir et de se reproduire... Ce phénomène s'appelle la domination et c'est elle qui est à la base de notre développement! Nous aussi nous voulons triompher sous le soleil! Nous voulons notre place et sentir notre importance et nous sommes prêts également à nous battre pour nous imposer! Voilà pourquoi vous êtes le chef!

    _ Très bien, voilà une explication raisonnable et qui me plaît! J'ai plus de chou que mes hommes et il est donc normal que je commande! Mais alors où est le problème?

    _ Le problème, c'est que nous ne sommes pas tout à fait des animaux! La conscience nous fait comprendre les choses au-delà de nos instincts! La connaissance nous met face à l'inconnu et nous effraie! Nous avons donc tendance à refuser d'apprendre et à nous réfugier dans ce qui nous est le plus familier, à savoir la domination! Nous pouvons même l'utiliser comme une seconde peau! Notre domination est alors permanente et si quelqu'un nous résiste, nous le haïssons aussitôt et nous avons envie de le détruire, car avec lui c'est la peur qui revient! Ceci rend la vie en commun impossible et explique pourquoi je suis ici!

    _ Vraiment?

    _ Mais oui! Je ne menaçais aucunement votre activité! Par contre, ma différence, ou mon indépendance, ont suffi à vous inquiéter, au point de m'enlever! Si vous aviez eu un réel équilibre, vous auriez pu vous raisonner, mais, si vous ne dominez pas, vous êtes perdu!

    _ Hum!

    _ En fait, vous êtes malade, comme la plupart des gens! Nous avons tout le confort matériel et pourtant, nous sommes instables et malheureux!

    _ Admettons! Et vous avez un remède, une solution?

    _ Oui et c'est très simple! Vous prenez conscience de votre domination et vous luttez contre elle; par la patience notamment! A partir de là, vous quittez peu à peu votre stade animal, pour pénétrer celui de l'esprit! Le but est d'arriver à tenir sur ses jambes, sans avoir besoin de dominer l'autre! A ce moment, vous ne le blessez plus par votre égoïsme! Il devient une personne à part entière, que vous respectez et qui est invitée à vous rendre la pareille! La vie en commun est de nouveau envisageable!

    _ Oh! Parfait! Mais, si je vous suis à la trace, vous me demandez, à moi le chef, de renoncer à être le chef?

    _ Pour votre bien!

    _ Oui! Oui, bien sûr! L'inconvénient, monsieur Cornichon, c'est que j'aime par-dessus tout le pouvoir! En fait, je vous ai sous-estimé! Vous êtes un sous-marin autrement plus dangereux que je ne l'imaginais! Vous semez des mines sous la flotte ennemie, silencieusement, et boum! Tout explose!

    _ Vous vous méprenez...

    _ Suffit! Vous êtes le roi de l'embrouille! Même Tony et Jeff ont bu vos paroles!

    _ J'ai sans doute réveillé chez eux une espérance ancienne, vous ne croyez pas? Ecoutez, La Dom, vous dites que vous aimez par-dessus tout le pouvoir...

    _ Oui, je ne supporterais en aucun cas l'anonymat!

    _ Mais regardez ce qui se passe aujourd'hui, avec le virus! Il balaie tous les pouvoirs, toutes les dominations! Ils ruinent tous les empires! Qui fréquente encore aujourd'hui les clandés ou les prostituées? Je suis sûr que votre bisness est moribond!

    _ C'est un euphémisme!

    _ Et qu'est-ce que vous attendez? Que ça recommence? Votre activité ne s'étend-t-elle pas à l'immobilier? Si, bien sûr! Mais vous n'êtes pas sans savoir que le virus est apparu, parce qu'on ne respecte pas assez la nature! On ne pourra pas repartir comme avant, La Dom! Alors ne ratez pas le coche! Apprenez à être heureux avec peu, car rien ne vaut la paix de l'esprit!

    _ Et où est-ce que je dois signer? Ne vous faites pas d'illusions, monsieur Cornichon, je préférerais un gros paquet de fric! Mais, encore une fois, pour qui bossez-vous?

    _ Oh! S'il faut vraiment que je fasse partie d'un gang, ce serait celui de Dieu!

    _ C'est pas vrai, patron! On a pêché un témoin de Jehov.!

    _ J'en ai bien peur, Jeff! Mais, puisque monsieur a des désirs d'éternité, tu vas le satisfaire!

    _ Sûr, patron! Les pieds dans le ciment, le Cornichon, y va plus quitter le fond du pot! Ah! Ah!

    _ Tout condamné a droit a une dernière volonté et j'aimerais vous poser une question, La Dom...

    _ Soit!

    _ Pourquoi toussez-vous?

    _ C'est vrai ça, patron! s'écria Tony. Depuis tout à l'heure, vous avez une toux comme qui dirait persistante!

    _ C'est le tabac...

    _ N'approchez pas, boss! hurla Jeff.

    _ M'enfin, les gars! Qui c'est qui donne les ordres ici?"

    Pan! Pan! "Bon sang, Jeff, t' as fumé le patron!

    _ Ce salopard allait nous "cofider"!

    _ Allez, barrons-nous! Cornichon est foutu de toute façon!"

    A côté du cadavre déjà tiède de La Dom, nous nous fîmes la réflexion suivante: "Les caves, c'est comme les vaches: le moindre imprévu leur fait perdre les pédales! L'ennui, c'est que seule la routine leur convient et qu'ils n'évoluent pas!" et nous nous débarrassâmes de nos liens.

    La période actuelle devrait nous faire évoluer, puisqu'elle constitue un changement radical de notre environnement, ce qui nous demande une nouvelle adaptation! Nous voilà un peu comme les dinosaures devant la comète! Une réaction en chaînes suit l'apparition du virus et menace notre survie! Ce n'est pas seulement que l'air soit empoisonné, c'est aussi toute l'économie qui s'écroule, toutes nos valeurs, nos représentations, notre façon de vivre!

    Le moment est donc particulièrement "favorable" pour comprendre qui nous sommes, ce qui nous motive au plus profond, car nos comportements émergent, "réagissent" à la situation, montrent encore toute leur étrangeté, leur paradoxe et bref, ils se dévoilent! Mais le plus étonnant, c'est que nous ne nous interrogeons toujours pas sur l'essentiel! Chacun continue à voir midi à sa porte et s'inquiète pour ses intérêts! Autrement dit, nous ne sommes pas encore mûrs, ni assez perdus, et c'est pourquoi nous-même garderons pour cette chronique, un ton badin, un style quelque peu détaché, ou désabusé! Nous ne respectons que la véritable souffrance, celle qui enlève toute morgue à l'individu!

    Mais remettons le vieux disque de l'hypocrisie sur le pick-up, pour réécouter sa traditionnelle chanson, comme une âme nostalgique, dans son intérieur bien rangé! "Mais vous ne vous rendez pas compte? L'argent, l'économie, l'argent! La récession! 45! Mais vous ne vous rendez pas compte! L'argent, l'économie, l'argent! La, la, la!" Il paraît qu'on va manquer de cercueils! Les morts, c'est une chose, mais l'économie! Il faut du pain pour vivre! Il manquerait plus que les gens meurent de faim, au lieu d'être "covidés"!

    Nous sommes là en face d'un problème vieux comme le monde! Ne trouve-on pas déjà dans l'Evangile ceci: "C'est pourquoi je vous dis: "Ne vous inquiétez pas pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus, etc. ...!" Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent et ils n'amassent rien dans les greniers; et votre Père céleste les nourrit!""

    Evidemment, voilà des propos farces pour un homme d'affaires, qui a bien les pieds sur terre, et puis, qui n'a pas déjà tremblé, en se voyant sans moyens? L'angoisse est toujours là qui affleure, mais nous sommes esclaves de l'économie! Nous avons créé un monstre, qui n'a plus ni queue, ni tête! Certains, pour nourrir cette créature, avant la crise, avait même imaginé des hélicoptères lui jetant de l'argent!

    L'économie est comme un train fou, qui n'a plus de conducteur et dont le fracas assomme, abrutit! Plus personne ne peut l'arrêter! Il faut seulement lui ouvrir tous les passages, pour qu'il ne déraille pas! Nous sommes à son service et non l'inverse! Il nous enlève toute dignité, il nous rapetisse au rang des margoulins qui en profitent! C'est tout juste si nous ne nous prosternons pas devant lui!

    Et que dit le virus? "Tu vois ce que je fais de ton économie! J' la mets en morceaux! J' la déchire, j' la piétine! Là! Là! Il en reste plus rien! Y a plus que du vent! Mais tu pleures, ma parole! Tu gémis après du carton, alors que tu es toujours en vie! Non, mais regarde-toi! Tu es pitoyable!"

    Ah! Mais les Chinois sont prêts à repartir! Ils font chauffer leurs fabriques! Non? Si? Le virus est encore là, tapi! Et que s'est-il vraiment passé à Wuhan, pour satisfaire l'orgueil du gouvernement? On parle de soixante mille morts! La vérité? Mais combien n'ont-ils pas été terrassés, enfermés chez eux, sans soins? Pour la plus grande gloire de Mao! Et on les appelle des martyrs! Mais on se moque encore d'eux! Encore et encore!

    Mais, comme elle est détruite cette économie, on pourrait justement en profiter pour la regarder autrement! Qu'est-ce qui l'a rendue si complexe, si incontrôlable, si vaine? Mais pour la reconstruire, l'assainir, encore faudrait-il se demander qu'est-ce qui nous fait vivre, quel est notre moteur! C'est bien la base! Mais non, on l'ignore en plus haut lieu! On n'essaie même pas de la comprendre! Nos chefs sont d'une ignorance crasse! Ils ne savent même pas pourquoi ils vivent... et ça ne les dérange pas!

    Non, non, ils ont un cheval fou et ils vont essayer de le dresser en catimini, en douce... On veut croire à une accalmie, avec près de 1000 morts par jours! On joue toujours au malin avec le virus! Il n'a pas encore assez frappé! "Eh, dites, on pourrait faire repartir les chantiers! Hein? Tout le monde avec des masques, ça devrait passer! Hein? La fortune sourit aux audacieux!"

    Peu importe dans le fond, puisque monsieur Véran nous assure qu'on n'a encore rien vu! Il joue les affranchis, pour imiter Trump, qui balance des chiffres et qui de toute façon ne risque pas grand-chose! On devrait avoir honte sans doute, mais non, notre amour-propre est toujours en jeu!

    Faut dire que derrière y a la science, les spécialistes! Nous avons déjà mis en garde contre leur gestion, car leur savoir est leur pouvoir! Ils ont les yeux sur leur courbe et enfin ils émettent un avis! C'est la goutte de l'élixir, le feu dans le marécage! L'oracle a parlé! Déconfinement! C'est la perle noire! Mince, nous avions misé sur la blanche! Sont déjà oubliés les discours doctes sur l'inutilité du masque! Aujourd'hui le cœur est à droite; on a changé tout ça!

    Le sage, lui, a compris depuis longtemps que c'est la domination qui a construit l'économie, que c'est elle qui peut être fière d'en être la mère! Pour maîtriser l'économie, c'est donc à elle qu'il faut s'adresser! Le sage vit avec peu et repousse l'inquiétude, car il contrôle sa domination comme on nourrit des poules! Mais, au fait, comment va la domination? Faisons le point, pour rigoler! "Piou! Piou! Voilà le grain, mes petites!"

   Evidemment, la domination s'impatiente dans sa cage! Elle regarde sa montre! On lui fait perdre du temps! Elle parle de déconfinement! "Qu'est-ce qu'on attend pour déconfiner? "Karl, ouvre la porte s'il te plaît!" "Je suis désolé, Dave, etc.!" Elle rugit la domination, elle va pas bien du tout, elle perd la tête! Et si elle allait donner des coups de couteau au voisin! "Depuis qu'il nous court sur le système, celui-là!"

    Et si elle allait se baigner nue et si prise sur le fait, elle refusait de décliner son identité? Alors au poste: "Bon, reprenons tout depuis le début! Nom? Prénom? Adresse? Profession? Naturiste! Ah! Ah!"

    Et dans les supermarchés? Eh bien, on s'embrasse ou presque, figurez-vous! Même une mouche aurait du mal à ne pas heurter quelqu'un! On se promène, sous le prétexte de faire ses courses! L'épidémie n'est pas là, mais où est-elle? Juste un peu sur les masques des caissières! C'est que la domination a besoin de parler et qui pourrait l'en blâmer? "Nous ne sommes pas des bêtes, mon pauvre monsieur!"

    Sauf que le virus saute de postillon en postillon! Fouette cocher! Et puis il y a le printemps qui pousse! La sève monte! Le problème serait réglé, si on avait une vie intérieure, mais précisément on n'en a pas! C'est le désert de la spiritualité! "La spiritualité? Mmmh... Non, je vois pas! Et pourtant ça fait vingt-cinq ans que je vis ici! Peut-être plus au sud? Dans le coin, vous savez, on vérifie sa supériorité et ça suffit! On est des gens simples! Tout ce qui est intérieur..., c'est un peu suspect et peut-être même sale! Je vous fais le plein?"

    " Dis grand-père, raconte-nous une histoire!

    _ Et après vous irez au lit, c'est promis?

    _ Oui, grand-père!

    _ Bon, mais d'abord je vais allumer ma pipe!

    _ Ah!

    _ Alors les enfants, voici l'histoire de la planète Dom, du mot domination. Vous savez ce qu'il veut dire?

    _ C'es quand on veut être plus fort que l'autre?

    _ Exactement!

    _ Mais alors, grand-père, ce n'est pas une histoire pour les filles!

    _ Si ma grande, parce que pour les filles, dominer, c'est être la plus jolie!

    _ Ah bon, chic alors!

    _ Bien! Mais la planète Dom était un peu particulière... Chaque jour, les habitants, les Doms, montaient les uns sur les autres, pour se tenir debout! C'était celui, ou celle, qui était le plus haut qui était le plus à l'aise!

    _ Oh!

    _ Mais il arriva une catastrophe! Pour une raison que l'on connaît mal, la planète se mit à tourner moins vite... et sa pesanteur diminua, encore plus que sur la Lune! Les Doms alors s'envolèrent , pour ne plus jamais revenir!

    _ Tous les Doms?

    _ Non, quelques uns avaient refusé de marcher sur la tête des voisins; ils avaient appris à rester en bas... et ils survécurent! 

    _ C'est une drôle d'histoire, grand-père!

    _ Eh bien, elle nous dit qu'il faut être gentil, si on veut vivre longtemps!"

    "Bienvenue à l'Arena Galactica, pour le combat du siècle: La Dom, de son vrai nom la domination, contre, versus le Virus ou le Covid! L'ambiance ici est extraordinaire et je me tourne tout naturellement vers notre consultant préféré!

    _ Oui, c'est vraiment le combat du siècle, car on a affaire à deux boxeurs redoutables! Le Covid est peu connu sur le circuit, mais on sait qu'il est rapide et qu'il frappe fort! Mais en face on a l'expérience, la puissance! La Dom porte la ceinture de champion du monde depuis des années maintenant, à tel point qu'il paraît indétrônable!

    _ C'est le gong! Les deux adversaires foncent l'un vers l'autre! Le choc va être fabuleux! On sent une tension incroyable parmi le public! Tout le monde semble retenir son souffle!

    _ Oui, La Dom est fidèle à son style! Il avance sans sourciller! C'est un mur! Il veut écraser!

    _ Mais le Virus esquive! Quel jeu de jambes! Ouch! Il vient de toucher La Dom d'un direct au thorax! On a presque entendu le bruit! La Dom en difficulté!

    _ Oui, La Dom apparemment n'a pas récupéré! Il grimace, il manque d'air! C'était une superbe attaque du Covid!

    _ Il remet ça! Il trouve l'ouverture, il enchaîne les coups! La Dom vacille! La Dom au tapis! On compte! La Dom se relève quand même! Et ouh! nouvelle série du Covid! C'est une boucherie! L'arbitre arrête le combat!

    _ Oui, c'est ce qu'il y a de plus sage, car La Dom n'a plus sa lucidité! Pour la première fois peut-être, il a trouvé son maître!

    _ Et ce regard de La Dom, alors qu'il regagne son coin, quelle haine! Mais le combat est terminé... et une victoire juste du Covid!

    _ Oui, je dirais que La Dom est retombé dans ses travers... Trop sûr de soi! Mépris des autres! Aujourd'hui, le Covid était le plus fort!

    _ Certainement! Et la ceinture est logiquement pour lui! Voilà un client avec lequel il faudra compter!"

    Le virus nous demande, à sa manière, pourquoi on vit! Déjà, il nous impose un tout autre rythme, qui devrait nous conduire à réfléchir... En effet, comment jurer que nous ne sommes pas esclaves, si nous ignorons ce qui nous meut?

    Mais nous préférons haïr, car nous sommes dérangés... surtout dans nos plaisirs! La haine est la faim de la domination, la pancarte du bébé, ou le cri de la taupe! Nous boudons ou mordons tout ce qui bouge! Et pourtant, nous sommes loin d'en avoir fini!

                                                                                                  "Va dire ça à Takagi!"

                                                                                                         Piège de cristal

    Une fois n'est pas coutume, nous allons raconter un fait intime et lié à notre enfance! Nous restons cependant persuadé que le "linge sale" doit être lavé en famille et même nous ne croyons guère aux règlements de compte! Ils sont vains, d'autant que les sentiments sont forts! Autrement dit, "ceux qui ne veulent pas voir ne verront pas", etc.! Mais l'exemple que nous allons donner aidera à mieux faire comprendre qui nous sommes, ce que nous voulons dire et le regard que nous avons sur la crise actuelle!

    C'est un repas de famille, élargi aux oncles et aux cousins... Au-dessus de la table règne un joyeux brouhaha! Au plaisir de se revoir s'ajoute l'effet de la bonne chère et du vin! Nous-même ne participons pas vraiment aux discussions, car notre caractère fait que nous recevons les choses profondément! Nous devons attendre qu'elles nous livrent toute leur portée, ce qui nous rend peu expansif... Mais nous n'en sommes pas moins du même bois que les autres et pour le moment, nous nous laissons bercer par un ample sentiment de bien-être, produit par la chaleur humaine ambiante!

    Soudain, notre mère nous demande de tendre notre assiette, parce qu'elle vient d'apporter un nouveau plat! Comme c'est elle la cuisinière et qu'elle a déjà beaucoup de travail, nous nous empressons d'obéir! Mais, sans que nous comprenions pourquoi, elle ignore à présent l'assiette que nous tenons à bout de bras! Puis, elle finit par s'adresser à d'autres et les sert! Nous n'avons plus qu'à revenir à notre position initiale!

    Personne n'a rien vu! Mais on nous a percé le cœur en plein soleil! Une profonde tristesse nous envahit, d'autant qu'autour la joie continue! Nous sommes tellement choqué que nous ne songeons même pas à réagir! D'ailleurs, comment arrêter pareille fête, sans que notre intervention ne tourne à notre désavantage? Ne serait-ce pas nous, en nous distinguant, qui accordons trop d'importance à notre petite personne?

    Nous ne le comprenons pas encore, mais nous venons d'être chassé de la famille humaine! Nous n'en prenons pas encore conscience, mais notre vie ne sera plus comme avant! Cet incident n'est pas isolé, mais il va se répéter des milliers de fois, sous des formes différentes! Son effet est pourtant toujours le même: on nous fait mal sans être coupable! Quelle est donc alors la valeur de notre souffrance? Pour en débattre, nous fuyons la maison vers la campagne et nous prenons le ciel à témoin de notre peine! Nous nous réfugions dans la nature, où, lasse de son cri, notre cervelle trouve enfin le repos!

    Il va nous falloir toute une vie, pour comprendre le geste de notre mère! Il va nous falloir toute une vie même pour en retrouver toute l'injustice, car entre-temps le doute n'a pas cessé de nous miner! Il va nous falloir toute une vie, pour dégager le phénomène de la domination, car l'attitude de notre mère n'a rien d'exceptionnel, mais au contraire c'est la plus commune! Et aujourd'hui nous pouvons dire ceci: la société est comme notre déjeuner de famille! Il y a ce qui se passe au-dessus de la table... et en dessous! Il y a ce qui est visible et ce qu'on ne veut pas voir!

    Mais revenons à notre exemple... Notre mère, qui est la maîtresse de maison, s'attend à attirer l'attention, en apportant son nouveau plat, mais l'entrain est tel que cette arrivée reste inaperçue! Au lieu de s'en réjouir, car cette indifférence témoigne du bonheur des convives et donc d'un repas réussi, notre mère en prend ombrage, car ce qu'elle veut absolument, c'est d'être le centre d'intérêt!

    Elle n'a cependant pas la force d'interrompre les conversations, mais par contre elle n'a aucun mal à nous alerter, puisque nous sommes en retrait, méditatif! Là, elle nous blesse par son mépris, ce qui lui fait retrouver tout le sentiment de son pouvoir, de son importance, et elle peut alors de nouveau s'imposer aux autres! Elle s'est donc servi de notre douceur et de notre bonne volonté comme d'un marche pied!

    C'est infâme, mais cette explication a l'éclat du diamant et en effet, pour la faire venir au jour, nous avons passé de longues années à creuser comme une galerie, où notre sueur s'est mêlée à nos larmes!

    Mais, dans la vie de tous les jours, ce qui est "au-dessus de la table", c'est notamment ce que nous montrent les médias! C'est au fond la présentation de la société par elle-même! C'est le flot des événements, qui nous décrit telles des abeilles butinant le champ des initiatives, afin de constituer le miel du bien!

    Certes, nous parlons aussi du crime et de la noirceur de l'âme humaine, mais en ne nous sentant nullement concernés! C'est ce qui fait que personnellement, devant un journal, nous avons toujours l'impression d'être dans un éternel terrain de camping!

    La science, elle aussi, est "au-dessus de la table", puisque, notamment, elle affirme au malheureux, ou au dépressif, que rien ne vaut une bonne thérapie! C'est comme si, lors de notre déjeuner familial, on nous avait donné une grande claque dans le dos, en nous disant: "Vous m'avez l'air bien triste, mon vieux! Je vais vous donner un conseil: dans la vie, faut savoir se détendre ou s'amuser, après il est trop tard! Croyez-en mon expérience!"

    Dans ce cas, qu'aurions-nous pu faire, sinon sourire et opiner?

    Pourtant, nous savons désormais que c'est "le dessous de la table" qui est le plus important, car c'est en lui que s'établit notre soi-disant équilibre! C'est en marchant sur les autres qu'on a le sentiment d'exister! C'est les mille petites satisfactions de son égoïsme qui animent l'homme, telles les ficelles d'une marionnette!

    Avant le virus, de notre côté, nous clamions que "la coupe était pleine"! que la domination était arrivée à saturation! qu'elle était partout, sans aucune limite! à croire que nulle bonne volonté n'existât! Nous avons même dit, à la fin de la chronique On méprise, que seuls une guerre ou un cataclysme pourraient réveiller les consciences!

    Nous n'y pensions pas sérieusement, bien entendu, car c'est bien du malheur, comme actuellement! Mais il n'empêche que le cataclysme s'est bien produit, après un départ sur des pattes de velours, pourrait-on dire, jusqu'à ce cauchemar éveillé que nous connaissons tous désormais!

    Comment se fait-il qu'il y en ait si peu pour être d'emblée horrifiés par la cruauté et le mensonge? Comment se fait-il que tant se laissent entrainés dans le courant de l'orgueil et du mépris?

    Mais prenons un autre exemple qui ne va pas, lui non plus, au-delà des apparences et qui pourtant paraît merveilleux: celui des ovations vespérales, dédiées au personnel soignant! Attention! Loin de nous de montrer de l'hostilité à l'égard de ce moment, car la plupart y remercient sincèrement ceux qui combattent sur "le front de la mort" et qui disent combien cet hommage leur est un soutien touchant!

    Ensuite, cette manifestation est libératrice; elle fédère, encourage et calme les impatiences; mais, néanmoins, nous n'y participons pas, car, malgré toutes ces bonnes qualités, on est encore là "au-dessus de la table"; c'est même un moyen quasi inconscient, pour ne pas se voir tel qu'on est! En tout cas, la réalité, elle, respire toujours l'humidité de la cave!  

    Car que se passe-t-il vraiment dans les hôpitaux? On n'y est pas comme dans une série américaine! Il y a effectivement là des gens dévoués, qui se sacrifient même, qui affrontent avec courage leur peur, qui avec presque rien font des miracles! Mais d'autres, en cette occasion, affirment leur supériorité, humilient des collègues ou des malades, conduisent les choses à la baguette et il ne peut pas en être autrement, dès que sont ensemble des êtres humains!

    C'est peut-être Macron qui, le premier, a idéalisé le personnel soignant, plus ou moins volontairement! Dans un de ses discours, au début de l'épidémie, il dit: "Mais permettez-moi d'abord de saluer ces héros à blouses blanches..." C'est comme s'il avait brandi un bouclier de lumière et par la suite, il est quasiment impossible de critiquer son propos, puisque cela reviendrait à franchir une barrière "sacrée"!

    A tout prendre, nous préférons la prière Urbi et Orbi du pape, qui va plus loin devant une esplanade vide! Le pape insiste davantage sur la valeur des sans-grade, des obscurs, mais surtout il parle d'un monde perdu et malade, bien avant le virus, au point que celui-ci devra se "réorienter"!

    Mais posons-nous cette question... Qu'est-ce qu'il y a de plus difficile et de plus courageux? Se dépenser sans compter pour un travail, qui nous donne d'autant plus d'importance que le risque est grand, ou bien accepter l'ombre et les coups, pour ce qu'on croit être la vérité?

    Ce n'est pas la peine de mettre la cafetière en route, car notre amour-propre est plus important que le football! Pour s'en rendre compte, il suffit de montrer au dessus de la table son dessous! La réaction est toujours la même! C'est le dragon de la haine qui se réveille et qui crache toutes ses flammes!

    Il a peur, car son monde s'écroule! Il est même capable du meurtre, comme dans le cas de Jésus! Pourtant, il n'y a pas de paix, ni de véritable bonheur, si on ne veut pas tout voir! On ne construit rien de solide sans fondations, sans le "dessous de la table"!

    La domination est une chimère, mais on refuse de s'en rendre compte... Au contraire, on s'inquiète, on s'irrite, on menace dès qu'elle est freinée, et ainsi s'oppose-t-on aujourd'hui au confinement! Car le virus est en train de réussir ce dont aucun homme n'est capable! Il est comme une main gigantesque, qui serre la nuque de l'humanité et qui l'abaisse, de sorte que cette dernière soit contrainte de douter et enfin d'arrêter son "cirque"!

    Certes, c'est une force aveugle, mais il n'en demeure pas moins qu'elle a balayé toute domination en quelques jours! Il est possible que la peur devienne telle qu'on renonce à tout orgueil et qu'on se mette à chercher! On fuira l'hypocrisie quotidienne, le "dessus de la table", car son impuissance sera patente! On reconsidérera ce qu'on a méprisé, piétiné! On sera humble, on écoutera! Car on voudra un véritable espoir! Que l'on songe à toutes ses vies soudain arrêtées, alors que hier encore elles grondaient pour leurs retraites!

    Evidemment, on ne peut pas vouloir que le mal empire, même au nom de la justice! Et que vaudrait notre propre message, si notre bonheur dépendait de la destruction de nos adversaires? Nous serions un tyran, ni plus ni moins! Mais, tout de même, on est arrivé à nous faire croire qu'un monde sans Dieu est souhaitable, sinon possible! La foi est devenue ringarde, synonyme d'obscurantisme et de naïveté!

    Est-ce le cas? Très vite, les premiers hommes se sont retrouvés devant un problème incroyable, quasi absurde! A mesure qu'ils s'éveillaient, ils devaient se rendre compte qu'ils allaient mourir! Naturellement, logiquement donc, ils ont imaginé une vie après la mort et même une conscience supérieure, puisqu'ils n'avaient pas toutes les réponses!

    Plus la civilisation progresse et plus l'individualité devient riche et complète et la mort de plus en plus abstraite! Il y a donc un risque: c'est que l'individu, homme ou femme, jeune ou vieux, veuille se suffire à lui-même, de sorte qu'il se développe en soumettant les autres! Ainsi, il règne en échappant à l'angoisse de ses ancêtres! (La mort, qui est la différence ultime, n'existe plus!)

    Mais c'est une maladie, que ni la science, ni les lois ne peuvent enrayer! Ce n'est qu'un pis aller, car la vie en commun est impossible: soit l'autre est esclave, soit il est haï! Notez que même avant le virus nous étions incapables d'être heureux, ni de montrer de la stabilité: crise de 2008, Gilets jaunes, opposition à la réforme des retraites, haine des femmes, etc.! Nous sommes pourtant débarrassés du devoir de protéger le territoire et nous avons tout le confort matériel!

    Aujourd'hui, nous affirmons haut et fort, dans nos chroniques, qu'il n'y a pas de véritable équilibre sans foi! Tous ceux qui soutiennent le contraire n'ont que la domination pour raison de vivre, fussent-ils engagés dans une lutte sociale! Mais cela veut aussi dire que, quand ils vous parlent et vous regardent dans les yeux, ils sont debout sur leurs victimes!

    C'est pour dénoncer cela que nous sommes né, car c'est notre vérité!

    " Qu'as-tu fait de ta journée, Gribouille? Tu as fait un beau dessin? Bravo, Gribouille, ce sont de jolis oiseaux! Non? Ce ne sont pas des oiseaux? C'est le confinement? Mais oui, tu as raison, Gribouille, c'est le confinement!"

    Le mal qui nous atteint n'est pas la peste ou le choléra! Imaginez des maisons béantes, remplies de cadavres abandonnés, couverts de bave et dont les yeux feraient les délices des corbeaux! Notre sort est même a priori une chance, puisque nous devons rester chez nous, tranquilles, à nous reposer! Notamment, devraient se frotter les mains tous ceux qui pestaient quotidiennement contre leur travail! Nul besoin de rejoindre dès l'aube un fonctionnement abhorré, car le gouvernement veille dans le même temps à notre salaire, pour que le frigo ne soit pas vide, et il ne nous reste plus qu'à accepter l'étreinte de notre fauteuil! Le seul effort exigé n'est au fond que celui d'exercer notre patience et ainsi nous pourrons espérer retrouver tôt ou tard notre liberté, comme les Chinois!

    Le plan était parfait, facile, sûr et pourtant les choses tournent à la catastrophe! L'épidémie continue de s'étendre et les morts de se multiplier! C'est que le confinement n'est pas strict et bien entendu, moins il est efficace et plus il doit durer! La folie et la haine nous menacent, surtout à l'égard de ceux qui ne respectent toujours pas les consignes! Ils sont responsables de la mort des autres et aussi de la leur!

    Notre salut était à la portée de tous; il ne demandait aucun niveau d'études et pourtant, nous nous sommes comme "sabordés"! Les policiers et les gendarmes sont vraiment stupéfiés par les attitudes qu'ils rencontrent et qui témoignent de l'égoïsme le plus cru, de l'indifférence la plus totale! On verbalise à tour de bras et on met même en prison! Mais on ne contrôle guère tout le monde; ce serait impossible et d'ailleurs l'irresponsabilité a tous les degrés; elle va de la sortie en kitesurf, jusqu'à la promenade débonnaire, pour que le virus ne souffre pas de claustrophobie!

    Nous sommes donc bien d'accord, c'est notre comportement qui nous tue! C'est un élément essentiel à comprendre! On peut même dire que la crise actuelle révèle cet abîme! Comment se fait-il que notre conscience collective soit si pauvre, si dégénérée pourrait-on dire?

    Cependant, elle n'est pas plus élevée chez les Chinois... La Chine, pour parler sommairement, réagit comme une fourmilière: l'individu se sacrifie au nom du plus grand nombre! (On parle à Wuhan d'un confinement à une température voisine de 6°!) Mais il en est ainsi parce que le gouvernement chinois ne donne pas le choix et que l'individu qui résiste sera détruit! C'est la peur essentiellement qui dirige!

    Chez nous et c'est ce qui fait notre richesse, l'individualité a toute latitude pour se développer, mais on constate que ce n'est pas dans le bon sens! Toutefois, l'exemple de la Chine nous montre explicitement qu'il est possible d'arrêter l'épidémie, mais on se montre incapable de relever le défi et nous allons expliquer pourquoi! (Chic! Chic! Le film va commencer!)  

    Depuis plus d'un an maintenant, sur ce site, nous décrivons et analysons le phénomène de la domination! Nous mettons en garde notamment contre son extension et sa densité de plus en plus forte! Nous donnons des exemples, nous prouvons, nous essayons de changer le regard de chacun! Nous voulons faire tomber les illusions qui bandent les yeux, car c'est la domination qui en ce moment est en train de nous priver de notre guérison! Mais, encore une fois, revenons en arrière, pour résumer la situation, pour être dans les starting-blocks avec les idées claires! Au risque d'apparaître sans cœur, détachons-nous de l'émotion vibrante et de la folie ambiante, car le monde de demain ne pourra se passer de notre connaissance!

    Tant que la domination nous était nécessaire, pour défendre le territoire, elle était à notre service; la société la sollicitait même! Après la guerre, cela a été la reconstruction, jusqu'aux crises des années soixante- dix, dont l'ambiance, morose et pleine de doutes, ne nous a plus lâchés depuis! Pendant tout ce temps, la domination masculine, devenue presque inutile, n'a cessé de diminuer, au profit de la domination féminine qui éclate aujourd'hui!

    Cette alternance montre, s'il en était encore besoin, que c'est bien la domination qui nous pousse et elle n'est pas, comme aurait pu l'imaginer ce grand benêt de Freud, une sublimation de la pulsion sexuelle, même si celle-ci, bien entendu, entre pour une part dans la constitution de la domination, au même titre par exemple qu'elle participe à la construction du rêve!

    En réalité, l'origine de la domination est sans doute bien plus profonde que nos instincts, puisqu'elle "émerge" de l'individualisation des espèces et donc de la complexification de la matière, ainsi qu'elle serait l'onde d'un primordial diapason! Mais elle représente en premier lieu notre égoïsme, qui, issu du règne animal, doit donc être contrôlé et même dépassé! A notre sens, il existe deux courants de pensées qui ont eu une influence forte et durable sur la domination, en dehors de notre chemin empirique!  

    Ce sont le communisme et la religion, qui se ressemblent beaucoup par ailleurs; le communisme voulant l'égalité sans Dieu, d'une manière strictement pratique pour ainsi dire! Ces deux-là ont échoué pour la même raison: ils ont combattu un ennemi qui était également en eux et qui a fini par les faire plus mauvais que leurs adversaires! Récemment encore, dans le journal, nous avons vu un évêque rendant visite à des paroissiens, avec une grosse croix qui lui tombait du cou! C'est la domination qui s'exprime, qui agresse et même qui trahit sa peur!

    Aujourd'hui, face au virus, la position de l'Eglise est bien trouble, bien fragile et peut même se révéler loufoque! Tel prête par exemple a décidé de faire sonner ses cloches à toute volée, chaque midi, pour lutter contre ce qu'on appelle la sinistrose ambiante! Nul doute que les confinés vont apprécier ces airs de gloire! On dit aussi que le pape va prier dans tel lieu, mais il serait facile pour des philosophes de le railler! Car que peut-il demander à Dieu, de faire cesser un fléau dont celui-ci pourrait être à l'origine?

    En fait, l'Eglise ne "pipe" pas, car au fond elle ne voit pas la domination, ni l'horreur de nos comportements, et elle ne saurait interpréter les événements en sa faveur, ce qui vient de ce qu'elle a perdu depuis longtemps la simplicité évangélique; quoique celle-ci doive toujours être renouvelée face au mouvement obscurcissant de la domination! (Elle crie cependant à la fraternité, mais cela reste tout de même un mot!)

    Toujours est-il que notre monde du vingt-et-unième siècle s'est retrouvé sans véritable raison de vivre, sans garde-fou, et il s'est imaginé que les choses pouvaient très bien aller ainsi; comme si un ballon de baudruche ne devait jamais retoucher le sol! Dans les profondeurs, toutefois, il a bien fallu que chacun étende ses racines, afin de tenir debout, et bien entendu c'est à l'instinct que notre nature a fait appel!

    Quasiment dans le secret, ou tout du moins sans se l'avouer, nous avons donner naissance à une nouvelle domination, jusqu'à ce qu'elle devienne monstrueuse, puisque nous n'avons plus qu'elle! Elle s'est constituée en mondes clos, pour échapper à toute menace, pour écarter toute différence, car, chez les animaux, celle-ci est synonyme de mort!

    Comme elle ne se nourrit que d'elle-même, notre "création" ne peut cesser de fonctionner, ce qui condamne l'individu, pour ainsi dire, à tout dominer et toujours! De là, des dépressions de plus en plus précoces, qui atteignent les jeunes, alors qu'ils ont les yeux rivés sur leur Smartphone, leur petit miroir de Narcisse!

    La domination physique a laissé la place à une domination psychique, qui suit le parcours des technologies de communication! Aujourd'hui, le cerveau est plus important que le muscle, même si celui-ci peut toujours avoir le dernier mot! A son plus haut degré, la domination psychique  n'échange pas avec le monde, elle le soumet et ne supporte aucun obstacle!

    Et on vient lui dire qu'elle est confinée! Une autorité lui donne des ordres, mais c'est impossible! L'orgueil se dresse et méprise! Il se sent injurié et perd tout discernement, car on essaie aussi de le préserver! Mais, si la différence le pénétrait, il serait sans doute "pulvérisé"! Le voilà donc ruisselant de haine, capable d'une cruauté aveugle, et ainsi les SS ont pu massacrer sans pitié, abrités par le sentiment de leur supériorité!

    Certains récidivistes sont placés en garde à vue et c'est l'incompréhension de chaque côté! Ces comportements, qui ne sont pas exceptionnels, devraient nous plonger dans la stupeur, mais ce n'est pas le cas, car ils ne font que révéler une autre épidémie, antérieure à celle que nous connaissons et qui a déjà envahi l'humanité!

    En effet, il existe sans doute autant de degrés dans la domination qu'il y a d'individus et dans tous les témoignages sur la situation actuelle se trouve une constante! On réagit suivant son égoïsme! On n'essaie jamais volontairement de réduire ses plaisirs, au profit de l'ensemble! On parle encore de soi, on est en résistance face à l'autorité, au lieu de la favoriser; on garde le rôle de victime, quand l'autre n'a toujours pas d'existence réelle!

    On se plie, mais de mauvaise grâce! Sur un terrain aussi peu surveillé, le virus rigole et la mort aussi! Par exemple, il circule gratuitement en TGV, de la capitale vers la province, dans la fuite éperdue des Parisiens! Chaque manquement est vécu comme une victoire sur les forces de l'ordre! La conscience collective est une abstraction!

    Près de chez nous encore, deux chantiers continuent, non parce qu'ils sont absolument nécessaires (loin s'en faut!), mais parce que ceux qui les mènent ne peuvent se résoudre à l'immobilité, qui rend folle leur domination! Imaginez, sous le regard des confinés, des gens qui font du bruit et qui discutent le bout de gras au soleil! Mais la police n'a pas autorité sur eux, car l'Etat est en partie responsable de l'avancée terrible de l'épidémie!

    Macron a aussi sa domination! Tout le monde connaît son rêve! Il voulait redonner à la France sa force passée, qu'elle fût de nouveau dynamique économiquement! Mais, patatras, le virus a ruiné tous ses espoirs, tous ses efforts aussi! Il avait fallu qu'il patientât pendant la crises des gilets jaunes, qu'il s'interrogeât, d'autant que les manifestants eux-mêmes ne savaient pas bien ce qu'ils voulaient; même si certains d'entre eux se montraient d'une extrême violence!

    Puis, la lutte s'était de nouveau engagée, pour imposer la réforme des retraites, mais il n'est plus question de celle-ci maintenant et les deux pays les plus endettés d'Europe, la France et l'Italie, ont de toute façon basculé dans un gouffre financier, quoique la BCE les protège! Mais, comme il est dur de renoncer à son rêve, le gouvernement cherche encore à "jouer" sur les deux tableaux: le confinement et la reprise économique! Tout ce qui est pris à l'un profite à l'autre!

    Notre président vient de lancer l'opération Résilience, comme si on pouvait déjà parler d'un redressement, mais le virus n'est pas un château fort qu'on peut prendre d'assaut! Il nous enseigne tout autre chose, puisque son action ne peut être arrêtée que par le confinement! Or, celui-ci est d'abord une attente, une patience, un recueillement même! Et c'est pourquoi nous sommes si vulnérables face à l'épidémie, car ce sont des attitudes qui sont justement contraires à la domination qui nous gouverne!

    Evidemment, nous entendons encore tous les diseurs de rien habituels! Le moulin à paroles ne s'arrête jamais! Le confinement n'est pas pour les bavards! Mais la crise, selon eux, serait due à la mondialisation, à la soif du riche, au laxisme de Bruxelles, à la fourberie des Chinois, à l'avion, aux tuyaux, à tel système! Il ne viendrait jamais à l'idée de ces gens qu'ils devraient eux-mêmes se remettre en question et qu'en premier lieu ils pourraient faire silence!

    La foi nous invite à regarder en nous-mêmes, à pénétrer plus avant dans le domaine de l'esprit! Elle nous conduit naturellement à la patience, à la maturation et à combattre tout ce qui constitue la domination, avidité, colère, mépris, dureté!

    Elle est donc indispensable à notre survie, car ce que nous apprend cette crise, c'est que notre égoïsme n'est pas viable! Aujourd'hui encore, nous voyons autour de nous que, malgré les circonstances, les comportements ne changent pas! C'est toujours la même haine et apparemment la domination ne comprend rien, tant qu'elle n'est pas brisée!

    La foi, c'est la paix!

    Elle tranquillise, en faisant toucher à l'infini! Elle donne toute liberté et sa richesse est inépuisable!

    C'est notre agitation, notre trouble, notre frénésie qui nous accrochent au virus! C'est notre énervement qui le sème à tous les vents!

    Le coronavirus va-t-il ouvrir l'huître de l'humanité? Va-t-il lui faire crier son mensonge? En tout cas, il la place dans la situation exacte pour cela! Le confinement ne permet pas la domination! Nous ne pouvons plus lire notre supériorité dans le regard de l'autre! Nous n'allons pas le supporter! Notre angoisse va exploser!

    Certes, nous dirons alors que nous courons à la ruine, que nos enfants sont épouvantables ou que nous souffrons de claustrophobie, et nous mentirons encore! Car notre mal-être sera beaucoup plus profond! Un vide indéfinissable se sera ouvert sous nos pieds! Nous n'avons aucune vie intérieure! Notre équilibre est resté dans la rue! Il a été emporté par le vent! Allons-nous l'avouer, le reconnaître, le souffler? Allons-nous demander une réponse, montrer de l'humilité? La panique vaincra-t-elle notre haine, notre morgue?

    Nous vivons en ce moment une aventure incroyable, inouïe, fabuleuse, extraordinaire! Elle était inimaginable il y a peine trois semaines! Sans le coronavirus, nulle espérance de nous changer, de nous pousser à bout! Nous aurions pu continuer comme ça pendant cinq siècles! La même hypocrisie, la même farce, les mêmes faux héros aussi longtemps que les dinosaures! Les mêmes chagrins aussi! Les mêmes injustices, les mêmes pleurs, les mêmes cœurs brisés!

    Entendons-nous, il ne s'agit pas, bien entendu, de se réjouir d'un quelconque malheur pour autrui! Mais nous n'y sommes pour rien! Nous ne sommes pas aux "manettes"! Nous regardons, c'est tout, et nous constatons! Nous voulons voir! Car le mensonge est bien là! On cache sa raison de vivre! On ne veut même pas en parler! Donc, si l'autorité nous la supprime, nous ne devrions pas être gênés! Le terrier est abandonné et nul lapin ne doit en sortir! Pourtant, on va guetter les oreilles; car ça va "débouler"!

    Mais regardons d'abord la situation internationale, comme dans les journaux télévisés, avec gravité, entre grandes personnes! La crise actuelle a déjà mis à nu une cruelle vérité: c'est la Chine qui est vraiment la première puissance économique mondiale! Nous en prenons brutalement conscience! Car l'industrie chinoise, en s'arrêtant, nous montre notre profonde dépendance! Même nos médicaments sont en partie fabriqués là-bas!

    Mais pourquoi la plupart de nos produits sont-ils "Made in China"? Mais parce que leur prix de revient y est le plus bas! Pourquoi? Mais parce que le gouvernement chinois exploite sa population et qu'il n'a cure des normes environnementales! L'Occident encourage donc la dictature du plus gros pollueur de la planète!

    D'ailleurs, des Martiens aujourd'hui se battent pour savoir qui a vraiment découvert ce nouveau territoire sur Terre! Avant le coronavirus, la Chine était invisible sous son nuage rouille, tandis que son image est désormais cristalline! 

    Si nous étions des gens sérieux, au lieu d'inviter Greta Thunberg à Bruxelles, tel un petit dragon, nous prendrions la décision de fabriquer nous-mêmes nos produits, ce qui par la même occasion enlèverait "toutes ses dents" au président Xi Jinping, qui est aussi vorace que Trump ou Poutine, mais qui a la particularité de sourire!

    Ah! Mais il nous faudrait "tomber le masque"! Notre réussite, notre modernité, notre situation économique seraient en lambeaux! Notre domination ne se résumerait plus qu'au gouffre béant de notre dette! Continuons donc notre farce au mépris du climat et des droits de l'homme! Mais non, nous ne le pouvons plus, nous venons de marcher sur un râteau!

    Pur hasard? La Chine que nous engraissons vient de s'engorger! Elle "recrache" un virus! Comment est-ce possible? Un grain de sable peut-il arrêter le monstre? Il n'est pas question qu'il ralentisse le programme! La nation chinoise doit être un exemple pour le monde! Elle doit se déployer dorée dans le ciel rouge du matin! Elle est toujours inspirée par Mao! Seuls les habits ont changé!

    Aujourd'hui, le virus crie dans les rues de Wuhan: "Eh! Les gars! Mais vous êtes où? Vous n'allez pas laisser un pauvre petit virus tout seul, hein?" L'épidémie est contenue, mais à quel prix? La nouvelle ministre de la santé avance dans la ville, sous l'œil des médias... Soudain, un habitant courageux ouvre sa fenêtre et hurle: "Tout est faux! Tout est faux!" Oui, tout est faux, à commencer par ce ravitaillement organisé pour l'occasion! Les chinois, en réalité, sont confinés dans des conditions ignobles, mais ils sont tellement habitués à obéir!

    Rien ne doit faire ombrage à l'orgueil de Xi Jinping, surtout pas une caricature danoise! Mais on s'occupera de ça plus tard! Eh bien, nous, nous disons que le président chinois n'a rien appris, avec la crise du coronavirus, et qu'il n'en a sans doute pas fini avec lui! Par exemple, les chercheurs chinois ne communiquent rien sur leurs observations et autrement dit,  un remède, une solution ne seraient pas partagés! La domination se veut totale! Qu'est-ce qui pourrait briser cela, sinon le retour du virus, comme si une première couche n'avait pas suffi! (Certaines études chinoises sont apparemment publiées, mais elles seraient sans valeur pour les spécialistes...)

    Arrivons en Europe! Cette Europe qui est devenue le "foyer" de la pandémie, comme on dit, et qui est même désormais montrée du doigt par la Chine, ainsi que nous serions peu sérieux! "Tss! Tss!", semble dire le gouvernement chinois, d'un air de reproche!

    "Décadence! Décadence!" est, lui, apparemment le cri de Trump à notre sujet! Dans son viseur notamment, l'espace Schengen! Ah! Si Trump avait été au Bataclan! Sans sourciller, il aurait sorti son feu et le dernier terroriste aurait balbutié sa prière, en recevant une balle dans l'œil!

    Mais c'est la liberté européenne qui gêne ces messieurs les dictateurs! Plus la domination est élevée et plus la différence lui fait horreur! C'est d'ailleurs pour cela que nous voyons des politiques, dans notre beau pays, continuer à aboyer! Nulle empathie chez eux, car ils pourraient reconnaître à Macron ne serait-ce que le droit de s'adapter! La situation n'est-elle pas pour le moins inédite? Non, il faut que ça hurle, sinon c'est l'angoisse!

    L'angoisse? Vous avez dit l'angoisse? Mais d'un seul coup elle s'est abattue sur les têtes! Les mêmes qui haussaient les épaules, la semaine dernière, quand nous les mettions en garde, les mêmes se retrouvent dans un coin du plafond, à jouer les araignées! Il n'y a plus personne! Il n'y a plus que la peur!

    Mais la bonne attitude était d'être conscient avant, est de l'être encore maintenant et après! Une telle lâcheté, une telle inconsistance ne peuvent que donner envie de vomir! C'est comme si Macron, après s'être raclé la gorge, avait annoncé que le bateau coule! C'est la ruée éperdue sur les canots! Et on a le droit de vote? Mais on devrait juste avoir celui de recevoir un coup de pied au cul!

    Où sont les êtres humains? Ceux-là contrôlent leur peur animale, pour rester efficaces... et même survivre! Ah! Mais la domination ne sait faire que deux choses: parader ou paniquer! Voilà son seul savoir, son seul fonds! Quand nous parlions du pseudo-équilibre de la société! "Le torrent est passé et a tout emporté! Rien n'était bâti sur la pierre!" dit l'Evangile! Nous devrions avoir honte!

    Celui qui lit nos chroniques ne doit normalement pas perdre de vue que tout cela a du sens! Bien au contraire! Ce qui se passe n'a rien d'absurde... et nous réaffirmons que les choses ne pouvaient pas continuer ainsi... Nous étions gavés jusqu'à la gueule et nous n'avions que mépris! Nous voilà de nouveau devant l'essentiel!

    Mais nous, nous disons aux gens: "Bienvenue dans notre nuit! Bienvenue dans notre monde de peur, de peine et d'efforts! Pour la première fois, vous allez porter un peu de nos souffrances et du poids de la Terre! Depuis le début, nous sommes face à un mur, constitué par votre mépris et votre mensonge!

    Nous avons gémi dans des boyaux dont vous n'avez même pas idée! Nous avons supplié au bord d'abîmes atroces, pendant que vous vous gobergiez, que vous étiez pleins de morgue et d'hypocrisie! Vous saviez et c'était nous, tremblant sur nos jambes, qui n'étions qu'un raté, qu'un pleutre!

    Le résultat est là maintenant! Vous êtes démunis et perdus! Le chien de l'angoisse va vous dévorer le ventre, car nous connaissons par cœur toute sa férocité! Nous voilà tranquille! Le confinement, l'oubli, la solitude, la peur qui transperce, les gémissements, les prières, les larmes, nous avons appris à les dompter, à les amadouer; nous en savons toute l'horreur, mais aussi les remèdes! 

    Vous voilà démunis et perdus, car vous avez refusé de porter! Vous avez refusé de voir, d'écouter! Vous avez eu le cœur dur, fermé! Vous êtes restés sourds à tous les appels et vous avez perdu votre temps! Vous ignorez tout de la pauvreté, de l'humilité, de l'attente, de la peine même!

    Rien ne pourra vous aider, car vous n'avez voulu que profiter! Vous avez écrasé et vous serez écrasés à votre tour! Votre foi n'existe pas et elle ne vous soutiendra pas! Rien n'est sincère chez vous! Vous avez été secs et avares et vous en payez le prix aujourd'hui!"

    Dehors, les oiseaux fêtent le printemps comme jamais! Pensez, on avait pris l'habitude de se réfugier dans le bruit! On prenait la Terre pour un paillasson! On avait tous les droits! On dévorait l'espace!

    Les beaux jours arrivent et nous ne pouvons que les contempler derrière nos fenêtres; comme si nous étions punis! Nous avons un bonnet d'âne sur la tête et nous devons revoir notre copie!

    C'est bien triste, mais le poison noir de l'angoisse n'a pas encore fait son effet! Il est bien plus dangereux que le coronavirus! Il ouvre toutes les failles, il réveille tous les tourments et comme on ne sait que dominer, on va se battre dans les maisons, ou lors de nos rares sorties! On s'empoigne déjà dans les médias!

    Il y a aussi les applaudissements du soir, la nouvelle messe! Mais alors malheur à celui qui y répugne: il sera jugé et exécuté après la crise! "Mais puisque je vous dis que j'avais des ampoules!"

    D'autres vont vous expliquer le rat farci ou comment tenir sur trois doigts, pour se calmer! Ce sont des demi-dieux!

    Notez que le domination s'adapte! "La coquine!", pourrait-on dire! Ceux qui hier se plantaient derrière vous, pour vous pousser comme du bétail, aujourd'hui, se tiennent bien loin, l'air de clamer: "Vous voyez comme nous sommes respectueux! Hein? De vrais modèles de civilité!"  Mais il faut encore les regarder! Quand seront-ils vraiment curieux des autres?

    Nous, nous disons simplement:" Dieu est grand! Dieu est magnifique! Dieu est lumière et joie! Dieu est toute puissance! Dieu est infini!" Et nous disons encore: "Heureux les assoiffés de justice, car ils seront rassasiés!"

    Si cela ne vous met pas la larme à l'œil, c'est que vous êtes du "monde"! C'est que votre hypocrisie y trouve son compte!

    Or, la société matérialiste a été mise KO, d'une chiquenaude! (sans défier les lois de la physique, bien entendu!) La domination qui se voulait triomphante, indépendante, souveraine, qui se moquait du spirituel, n'a maintenant aucune solution face à son angoisse! Seul celui "qui a perdu sa vie", qui a aimé Dieu plus que lui-même, seul celui-là ne fera pas le mal, ni ne perdra la tête! La peur de mourir même peut lui paraître secondaire, tandis que pour les autres, c'est le vide absolu, la terreur! 

    "Bonjour, numéro 6!

    _ Je ne suis pas le numéro 6!

    _ Mais si, vous êtes le numéro 6! Ecoutez... J'ai un moyen d'échapper à cette ville! Mais, maintenant que je me suis impliqué auprès de vous, il faudrait que vous aussi, vous preniez un risque; afin que je puisse vous faire confiance!

    _ Lequel?

    _ Vous pourriez peut-être me dire pourquoi vous avez démissionné!"

    Alors que la bulle orange de Macron veille sur nous, un formidable bras de fer s'engage!

    Nous avons tenu à mettre en ligne cette chronique supplémentaire, car, bien qu'elle traite d'événements qui sont en passe d'être oubliés, elle constitue également une mise au point nécessaire! Notez que nous aurons atteint, avant la fin de la semaine prochaine, la barre des dix mille cas de coronavirus, parce que l'inconscience règne, à cause de la domination! Mais nous y reviendrons...

                                                               "Le problème des occidentaux, c'est le choix!"

                                                                                                    Le fou de chez Tintin

    "B'soir! Vous êtes mesdames Foresti, Haenel et Despentes?

    _ Oui...

    _ Bon, je vous remercie d'être venues...

    _ Alors de quoi s'agit-il? Nous ne sommes pas ici, dans cet endroit sordide et à cette heure tardive, pour une mauvaise plaisanterie, n'est-ce pas?

    _ Non, non, l'affaire est des plus sérieuses! Mais mon client est... un peu particulier!

    _ Votre client?

    _ Oui, oui, il vous propose un deal! En fait, il vous débarrasse du vieux, à la condition que vous le laissez repartir sans encombres, pour l'Italie ou la Chine!

    _ Le vieux? Mais de quel vieux parlez-vous? Et qu'est-ce que cette histoire de Chine... ou d'Italie?

    _ Ecoutez, j' vais pas y aller par quatre chemins! Le vieux, c'est le Polonais! Il est en bout de course! Mon client peut le tuer facilement! Mais il a peur! 

    _ Le Polonais? Vous voulez dire...

    _ Mais oui, Polanski! Qui voyez-vous d'autre? C'est bien lui qui vous gêne et qu'il faut abattre, non? Mon client peut le faire sans problèmes, mais il veut la garantie qu'il pourra quitter le territoire sain et sauf!

    _ Mais vous nous parlez d'un meurtre!

    _ Non, mon client..., c'est le virus! Oui, je sais, c'est dingue, mais nous sommes entrés en communication! Vous expliquer comment, ce s'rait trop long! Toujours est-il qu'il a vu les manifestations des femmes françaises... et il n'a jamais rencontré une telle furie dans le monde! Il craint de tomber entre leurs mains! Croyez-moi, son effroi est bien réel! Les slogans, comme "Mort au patriarcat" ou "La peur doit changer de camp", lui ont glacé le sang! Ce ne s'ra pas un meurtre, car il fera juste tousser un peu plus le monstre, m'a-t-il dit! Tout le monde n'y verra qu' du feu!

    _ Et en échange, on doit le laisser partir, sans chercher à l'écraser avec nos talons aiguilles!

    _ C'est ça... et il a encore rajouté que, si le vieux ne suffisait pas, il pouvait aussi s'occuper d' la femme et des gosses!

    _ Non, pas les gosses!

    _ Votre humanité vous honore, m'dame Foresti! Mais imaginez que le viol ait quelque chose de génétique... Ce s'rait prendre un gros risque que d' les épargner!

    _ Y faut qu'on réfléchisse!

    _ Bon, mais pas trop longtemps! Si mon client est acculé, il vendra tout de même chèrement sa peau! Ecoutez, si vous êtes d'accord, vous mettrez une petite annonce dans le Monde, disant: "Pour le vieux, allons-y!" On regardera le journal pendant quatre jours!

    _ Bien.

    _ Alors, bonsoir!"

    Cette entame peut paraître de mauvais goût, mais ce qui est beaucoup plus pénible et insupportable, c'est la bêtise et l'hypocrisie dues à l'égoïsme! Mais demandons-nous d'abord quels points communs existe-t-il entre les Sans-culottes, les Communards, les gilets jaunes, les opposants à la réforme des retraites et les femmes qui manifestent aujourd'hui?

    En premier lieu, bien entendu, c'est la blessure, l'injustice subie! On méprise les gens, on les pousse à bout, on les fait souffrir, jusqu'à ce qu'ils se révoltent! Pour 1789, les choses sont extrêmement claires: une caste opprime le peuple et empêche son développement! Le roturier est asphyxié, ce qui conduit à la révolution!

    En 1870, la capitale est assiégée par les Prussiens et on demande aux citoyens de la défendre, en leur donnant des armes. Puis, l'armée française est définitivement vaincue et on signe un traité avec nos ennemis. Les Parisiens n'ont pas eu à combattre, comme s'ils n'avaient été qu'une quantité négligeable, d'où leurs frustrations et le sentiment qu'on les méprise! C'est la réouverture de la plaie qui sépare le pauvre du riche, le sans-grade du pouvoir!

    A travers la crise des gilets jaunes, ce sont les revenus les plus modestes qui se voient continuellement grevés, ainsi qu'ils serviraient de "vaches à lait", et ceux qui manifestent contre la réforme des retraites sont d'abord choqués qu'on puisse mettre en doute la pénibilité de leur travail! Là encore, on demande du respect!

    La révolution féminine, elle, fait émerger toute l'horreur et toute la puissance de la domination masculine! Ce sont les féminicides, les viols, les agressions sexuelles de toutes sortes, les humiliations, les pressions psychologiques, toute une oppression au quotidien, qui conduisent les femmes à la colère, à l'exaspération et qui révèlent aussi toutes leurs peurs! Ce sont de véritables calvaires qui sont mis au jour!

    Dans chaque cas, la raison du mécontentement et du soulèvement est bien réelle et bien légitime; et pourtant il y a quelque chose qui cloche! Il y a un hic! Et c'est la haine! C'est la haine dans tous ses débordements, son aveuglement et sa cruauté! C'est la haine qui rend la vie impossible!

    Reprenons notre chronologie... En 1789, les Sans-culottes massacrent dans les prisons des innocents, des femmes, comme des enfants! On assiste à de véritables tueries à la chaîne! Les Communards, eux, fusillent sans sourciller, rêvent de tout détruire; d'anéantir totalement le monde bourgeois; peu importe les victimes!

    Parmi les gilets jaunes, il y en a qui se réclament justement des exemples précédents; à un tel point que notre démocratie vacille sur ses bases! Certains opposants à la réforme des retraites veulent voir la tête de Macron au bout d'une pique et eux aussi veulent tout brûler! Quant aux femmes, la haine est dans leurs slogans ou les envahit entièrement, dès qu'on fait mine de penser différemment d'elles! Elles véhiculent leur propre terreur, leur intransigeance, et si elles avaient la force physique, la plupart des hommes connaîtraient leur main de fer, leur domination sans pitié!

    Bien sûr, la haine naît de la colère, mais pas seulement! Elle est produite aussi et surtout quand la domination est frustrée, inquiétée, contrainte; autrement dit quand elle doit reconnaître la différence! La haine surgit quand la domination ne peut pas s'assouvir!

    Or, voici un problème de logique! Pour avoir de la haine, il faut avoir de la domination! Mais alors comment la domination peut-elle se révolter, s'insurger contre elle-même? Le mépris peut-il se dénoncer lui-même? N'est-ce pas l'hospice qui se moque de la charité?

    Oh! Mais c'est possible, si on ne se voit pas tel qu'on est! si on est figé dans son hypocrisie! ("Ah! parce qu'il y a une madame Michalon!" Ne nous fâchons pas!)

    Prenons l'exemple de l'ultra gauche, avec son monde de Macron! Aux municipales actuelles, il y a des candidats de Lutte ouvrière, qui poussent toujours la même rengaine: le problème, c'est les capitalistes et les bourgeois!

    Comment se fait-il que depuis le temps, surtout depuis l'effondrement de l'Empire soviétique, ils n'aient pas encore compris que ce qui crée le capitaliste est en chacun de nous et qu'au fond le prolétaire n'est qu'un tyran sans moyens!

    Ah! Mais reconnaître sa propre domination mettrait l'ultra gauche devant un défi incroyable, vertigineux, impossible! Elle devrait donner un véritable sens à sa vie! Elle préfère donc garder ses épouvantails et quand le soleil sera enfin une naine rouge, le problème sera toujours le capitaliste, le bourgeois! C'est à pleurer!

    Mais venons-en aux femmes... et au cas très banal de madame Foresti! Celle-ci suit le parcours de tous les humoristes et soit ils se renouvellent, soit ils deviennent prêts à tout pour rester sur le devant de la scène! Ainsi, à la cérémonie des César, madame Foresti n'hésite pas une seconde à blesser le couple de Vincent Cassel, en lui rappelant sa différence d'âge! Elle ravive une blessure, déjà largement ouverte par les réseaux sociaux!

    Madame Foresti, pour essayer de faire rire, manque donc à la plus élémentaire des politesses, mais soudain, c'est la stupeur, le scandale: on remet un prix à Polanski et madame Foresti, outrée, quitte la cérémonie! Mais quelle différence y a-t-il entre son mépris et celui de Polanski, sinon juste une question de degrés?

    Au sujet des femmes au quotidien, nous pouvons dire ceci... Elles sont aussi abjectes que les hommes! Nous connaissons des femmes dont le mépris ruisselle, comme la pluie dans les caniveaux!

    Nous connaissons des femmes qui haïssent parce que les autres existent!

    Nous connaissons des femmes qu'il faut servir tout de suite, si on ne veut pas avoir affaire au Cthulhu!

    Nous connaissons des femmes qui aboient!

    Nous connaissons des femmes qui suffoquent devant une file d'attente!

    Nous connaissons des femmes qui sont des pierres tombales, dès qu'on ne parle plus d'elles!

    Nous connaissons des femmes qui veulent tuer ceux qui leur résistent et qui pourraient parler comme Emile Buisson, dans Flic Story: "Ceux-là, m'sieur Borniche, je voudrais leur couper le cou avec une scie à métaux et de temps en temps, j' m'arrêterai pour les entendre gueuler!"

    Nous connaissons des femmes qui ont broyé leur mari, comme une branche finit en copeaux, et qui maintenant pleure leur mort, parce qu'elles sont toute seules!

    Nous connaissons des femmes qui auraient l'impression d'écorcher leur bouche, en s'excusant!

    Que les femmes, par leur combat et leur révolution, obtiennent une sorte de déclaration des droits des femmes; qu'elles puissent avoir le même statut que les hommes, les mêmes salaires, les mêmes postes; qu'elles aient la possibilité de se développer en toute liberté et qu'elles soient protégées de la domination masculine par tous les moyens, cela ne peut qu'être souhaité et applaudi, car c'est l'humanité tout entière qui continue d'évoluer!

    Mais leur haine, non! Elle ne vient que de leur domination et de leur hypocrisie! L'ennemi des femmes n'est pas la domination masculine, mais la domination des deux sexes!

    Rappelons que les hommes ont d'abord dominé pour défendre le territoire! Les femmes qui crient au scandale oublient les cimetières de Normandie ou de Verdun! A perte de vue de jeunes hommes sont morts, pour la liberté de chacun!

    Ah! Mais il faudrait que les femmes reconnaissent leur propre égoïsme! Il faudrait au quotidien qu'elles se montrent respectueuses, ouvertes, attentives, prévenantes, humaines! Plutôt mourir! Et ça tombe bien, car c'est justement ce que nous propose le coronavirus!

    C'est lui qui est actuellement le juge de paix! Pourtant, il existe un moyen simple et sûr de lui échapper, c'est le confinement! Comme l'épidémie ne cesse de s'étendre, celui-ci va devenir de plus en plus nécessaire! Le problème, c'est qu'il ne permet pas de dominer et il va donc nous mener à l'angoisse! Comment des gens, qui ne rêvent que de piétiner les autres, pourraient-ils déjà accepter une distance réglementaire?

    Mais... mais de quoi parlons-nous? Nous ne voulons pas dominer! Tout ce que nous voulons, comme les Sans culottes, les Communards, les gilets jaunes, l'ultra gauche et les femmes haineuses, c'est la justice!

    Le confinement, c'est de la balle! Et nous allons passer la vague comme des bouchons!

                                            "John, Jacques a dit que l'heure de l'école est dangereuse!"

                                                                                                             Die hard 3

    La période qui "commence", outre que bien entendu elle est inquiétante, est très intéressante, car elle est en train de modifier profondément notre façon de vivre, ce qui produit des réactions qui nous montrent sous notre vrai jour et qui expliquent nos comportements! Déjà, le réchauffement climatique nous préoccupait, mais il était toujours possible de le relativiser, voire de le nier, mais le coronavirus est un adversaire autrement plus redoutable, qui nous menace de mort et qu'on doit donc "respecter"! (Notez que la situation évolue très vite et qu'il est possible que certains éléments de ce texte soient déjà caducs!)

    On a un peu l'impression que la nature a mis soudainement "les bouchées doubles", devant un "élève" récalcitrant, obstiné et même méchant; de sorte qu'il soit forcé d'être attentif, avant de comprendre peut-être pourquoi il faut qu'il change! Certes, nous ne saurions attribuer à la nature une volonté propre, mais il n'en demeure pas moins que ce qui touche l'homme est aussi la conséquence de ses actes!

    Ainsi, nous voilà de plus en plus dans une atmosphère ténébreuse, car en même temps que les tempêtes balaient le pays, la mort rôde dans les rues désertes (pas si désertes que ça, comme nous allons le voir!)! Nous nous avançons lentement dans un monde inconnu et angoissant, qui met progressivement nos nerfs à rude épreuve! Des comportement émergent, plutôt attristants, car ils témoignent d'un égoïsme aveugle, totalement dépourvu du moindre sentiment social, et ils pourraient nous étonner, après tant de luttes de la civilisation, s'ils n'étaient pas le fruit de la domination!

    En effet, malgré les apparences, dans les situations de crise, ce sont les dominants les plus fragiles, quoiqu'ils se montrent encore les plus durs et les plus infâmes! Pendant le krach de 29, des pauvres ne comprennent pas que des riches sautent par la fenêtre, pour se suicider! Si on perd sa fortune, n'en reste-t-il pas assez pour manger? Et puis viennent les soupes populaires et le plan social de Roosevelt! Il y avait donc toujours moyen de survivre!

    Mais le riche qui se tue obéit à une panique, à un désespoir qui l'envahit tout entier! Le dominant, en effet, ne voit le monde que s'il le contrôle, ce qui retient son angoisse! Si cette position est soudainement perdue, l'angoisse débondée peut causer un vertige, qui enlève toute raison! 

    La peur du dominant, malgré la "forfanterie" qu'il affiche, reste donc très puissante et elle le pousse à vouloir éviter toute situation qui mettrait à mal sa domination. Ainsi, quand le prix de l'essence semble augmenter sans cesse, certains remplissent des jerrycans et aujourd'hui, d'autres ou les mêmes, sans aucune vergogne, vident des magasins, pour faire des stocks de nourriture, quoiqu'il n'y ait aucune menace de pénurie! Ces irresponsables, car la peur crée la peur, sont "lâchement" appelés par le journal des "gens prévoyants!" (On voit même la vente de rations de survie, destinées aux naufragés, exploser! C'est que "ça cogite" fort, mine de rien!)

    Les dominants croient ainsi échapper au rôle de dominés, non seulement parce qu'ils "auront encore", quand il n'y aura plus; mais aussi et peut être surtout parce qu'ils ne devront pas avoir besoin de demander, de solliciter! Les voilà saufs, nullement honteux et conservant leur supériorité! Cependant, dans le cas du coronavirus, ces efforts sont vains! L'épidémie ne cesse de s'étendre, le virus lui-même mute et les dominants sont de plus en plus perdus!

    Ils sont en effet incapables de donner un sens positif à la crise actuelle! Ils ne peuvent pas comprendre que leur domination est justement la chose à combattre et ils auront beau prendre des précautions, ils seront tôt ou tard dans une impasse! Car ils ne voient le virus que comme un ennemi et malheureusement, c'est lui le nouveau shérif! Il y a pourtant moyen de considérer la situation actuelle comme une "chance", puisque la domination va montrer toutes ses limites et même sa folie!

    Rappelons qu'elle est reine aujourd'hui et qu'elle a apparemment tous les droits! Elle prend, mais elle ne donne pas, et les relations entre les hommes sont à sens unique: c'est à qui écrase l'autre!  Même la pensée chrétienne devient stérile! Le respect, l'attention, la sympathie que l'on offre sont aussitôt avalés comme par un égout et le mépris tient lieu de merci!

    De notre côté, ce qui nous reste, c'est de résister à la domination, en lui posant le problème de notre indifférence! Nous voulons l'amener à s'interroger sur sa déficience, son impuissance et son hypocrisie; bien que, dans la plupart des cas, ce soit la haine le résultat!

    En tant qu'observateur et ici nous allons parler comme les astronomes, il devrait être possible, à mesure que la crise s'accroît, de voir, non pas "Pégase au-dessus de la casserole de l'Etoile du Nord", mais bien le coronavirus presser la domination, jusqu'à peut-être la briser! Rien que l'immobilité va lui poser une difficulté de taille! Pour la gauche, il n'est pas envisageable d'aller manifester contre le virus, car il restera de marbre, mais, pour la droite, il n'est pas non plus question de s'enfuir aux Seychelles, ce qui ne ferait que renforcer les risques!

    Or, il faut bien dominer, mais sans victimes, en devant rester chez soi, comment cela peut-il se résoudre? Evidemment, il y a les "gosses"... On peut leur donner quelques torgnoles, ou bien les vaincre aux jeux de société, mais après? Non, où sont les grands projets pour en mettre plein la vue et triompher?

    "Redonne-moi ma chance, Franck! Je sens que je peux encore les mettre dans ma poche, à Vegas!  Hein? Mon nom en lettres de feu et ils vont tous donner un billet, pour venir me voir, Franck!

    _ Le problème, Bernie, c'est les 5 000 mille dollars que tu me dois déjà!

    _ Mais je vais te les rembourser, Franck!

    _ Je sais Bernie! Je ne suis pas inquiet! Je sais que tu vas me rembourser!"

    Cependant, des fissures étonnantes, dans le barrage de la domination, apparaissent déjà... Des livres, des romans traitant d'épidémies, comme La peste de Camus ou Le hussard sur le toit de Giono, disparaissent des rayons! Mais pour le premier, c'est vraiment une mauvaise pioche!

    Pour ceux qui n'auraient pas lu ce "petit pavé", voilà de quoi il s'agit... Un médecin essaie de lutter contre une épidémie de peste et s'il peut à la limite comprendre que des adultes meurent péniblement, puisqu'ils ont péché, il ne peut en revanche admettre l'existence d'un dieu, du moment que ce sont des enfants innocents, qui connaissent le même sort! D'ailleurs,  un prêtre ou un évêque, dans le livre, est tellement frappé par ce fait qu'il demande à être enterré vivant, parmi des enfants morts, afin d'avoir une explication avec Dieu! Nul doute que celui-ci a été mis dans l'embarras! C'était qu'il comptait sur une valeur sûre, la bêtise de chacun!

    Notez que Camus s'inspire ici de l'invasion allemande et des camps de la mort, mais au fond sa réflexion est stupide, même s'il y aura toujours une horreur pour nous révolter! Car pourquoi mettre un seuil à la souffrance, au delà duquel l'idée de Dieu pourrait devenir absurde? Entre la haine de celui qui méprise dans la rue et celle du SS qui jette un bébé dans la graisse bouillante, il n'y a qu'une question de degrés! C'est le même sentiment qui anime l'un et l'autre, mais dans un cadre différent!

    Le passant haineux est retenu par l'habitude et la civilisation, tandis que le SS se voit tout puissant avec la guerre et il se lâche totalement! Faites déjà boire le premier et sa cruauté sera multipliée! En fait, si on suit le raisonnement de Camus, on doit douter de Dieu, puisque le froid pique ou que la pluie mouille! (C'est encore plus vrai quand la pluie pique et que...)

    Mais l'auteur ne voit pas sa propre domination et comme la majorité, il ne se rend compte du mal que quand il est hors-la-loi ou spectaculaire; et c'est ce qui explique encore pourquoi Camus n'a jamais trouvé la paix! En ce qui nous concerne, nous ne pensons pas du tout que le coronavirus soit un fléau céleste, mais, par contre, l'épidémie a bien été causée par notre manière d'être, par la domination!

    C'est déjà le cas pour le réchauffement climatique! Les émissions de CO2 et une population mondiale toujours plus importante sont des facteurs, mais la raison essentielle, c'est que nous voulons dominer la Terre, pour mieux dominer les autres! Pire! Quand la domination ne domine pas, elle angoisse et très vite, on voit ici un hôtel, des lotissements, des entreprises ou un coup de tronçonneuse! Nous n'avons rien à envier aux termites!

    Actuellement, des moustiques dansent devant les fenêtres et des chenilles processionnaires traversent les rues! Nous sommes nous aussi les victimes de ce réveil précoce! La lumière chaude excite nos sens et sollicite anormalement nos nerfs! Ce sont des fatigues chroniques, des insomnies, des suées nocturnes ou le retour d'autres maux, comme la claustrophobie!

    Au sujet du coronavirus, des chinois, toujours soucieux de dominer par leur libido, font encore appel à une pharmacie qui date des dragons! C'est pour eux qu'on tue des milliers de requins, des éléphants vénérables et des rhinocéros de plus en plus rares! Mais, à force de fouiller sous les aisselles des animaux, on finit par attraper des maladies!

    Le gouvernement chinois, qui est très dominateur, est hostile à toute critique et les lanceurs d'alerte sont muselés, jusqu'à ce qu'il ne soit plus possible de masquer le problème! Là, on nous montre comment construire un hôpital chez soi, en cinq minutes; ce qui est encore destiné à redorer le blason de la domination!

    En Italie, on discute entre la région et le pouvoir central, pour savoir qui doit "prendre les choses en main", car le pays, à cause de son histoire, n'a jamais pu être d'une parfaite homogénéité! Les vieilles rivalités ressurgissent, pendant que le virus prend tranquillement ses quartiers!

    Mais en France, comme partout ailleurs dans le monde, la domination se révèle un facteur favorable à l'épidémie! Certes, nous avons parlé du confinement et de l'ennui des dominants, qui ne trouvent pas de dominés, mais ce sera pour plus tard; car pour l'instant l'heure est au déni!

    On affiche dans la rue la plus parfaite sérénité, alors qu'on a toujours été totalement dépourvu de sagesse! Autrement dit, ce brusque revirement n'est pas crédible! Il est le reflet d'une domination qui renâcle à perdre du pouvoir, de sa superbe, à s'avouer vaincue! C'est une attitude dangereuse et irresponsable, car, dans le même temps, on ne veut pas savoir combien de malades on a près de chez soi! On est donc incapable de s'adapter!

    L'argument massue du déni est que la grippe est plus dangereuse! Si on veut retrouver la peur, il faut se tourner vers l'engorgement du 15 (SAMU) ou encore relever l'agressivité de certains, quand on relativise la dangerosité de la grippe! Sous l'apparente indifférence percent de vieilles rancunes, notamment à l'égard de ceux qui ont toujours manqué d'hygiène! Nos préjugés ne demandent qu'à se réveiller!

    Mais l'attitude du gouvernement est également étrange! Il nous annonce que nous passerons bientôt au niveau trois, dans le traitement de l'épidémie, pour tout aussitôt nous parler du stade quatre, qui serait un retour à la normale! "Il n'y a même pas besoin d'aller voir le film, puisqu'on en connaît déjà la fin!" Pourtant, ce qui se passe en Italie fait frémir et nous ne voyons pas du tout pourquoi nous échapperions au sort de nos "anciens colonisateurs"! (Là-bas, on doit choisir qui va vivre ou mourir, car les malades sont déjà trop nombreux pour être tous soignés! On parle d'état de guerre! Ici, on soutient encore que le virus ne tue pas!)

    La science, elle aussi, y va de ses rodomontades! Il paraît que la découverte d'un vaccin serait en bonne voie! C'est peut-être vrai, mais il faut rappeler que les pires crises sont justement celles qui sont uniquement gérées par des spécialistes; car ils prennent leur pouvoir, ils assurent leur domination grâce à leur savoir et ils ont toujours tendance, malgré les faits, à ne retenir que leurs analyses ou leurs chiffres!

    En résumé, nous les Français, nous sommes comme les passagers des premières du Titanic: nous dansons toujours, alors que le bateau coule! Voici donc quatre conseils pour le sage!

    Le sage a les yeux ouverts, car il n'a pas sa domination à défendre!

    Le sage veille à sa sécurité, en n'empêchant pas celle des autres! C'est ce qui le distingue absolument du dominant ou du tyran!

    Le sage ne se trouble pas, ni ne cherche à se sacrifier inutilement, car c'est sa paix qui est utile! Il reste la rosée de la vie!

    Le sage doit s'attendre au pire, car les injustices, les débauches et les violences se multiplieront, à mesure que la peur grandira! Nul ne connaît l'avenir, mais, pour l'heure, la domination est face à son cauchemar!

    Nous venons de terminer le livre de Lee Smolin, La révolution inachevée d'Einstein, paru en 2019 aux Editions Dunod, et il donne une bonne vision du problème que pose toujours aujourd'hui la mécanique quantique. Quoique, nous-même, nous ne comprenions pas grand- chose dans ce domaine, nous avons été éclairé quant à la réalité du débat, car, rappelons-le, la science est toujours incapable de dire pourquoi le monde est tel que nous le voyons! Cette simple question reste irrésolue!

    En effet, nous savons que la matière est constituée d'atomes, mais si on essaie de les "observer", à l'échelle microscopique, on ne peut que constater que leur position est indéfinie et qu'ils sont régis par des lois qui frappent d'étonnement, comme celles qu'énonce la mécanique quantique! Nous avons donc d'une part un monde qui ne cesse de se dérober et un autre, le nôtre, qui est au contraire parfaitement stable. C'est la transition entre les deux qui nous échappe!

    A l'aube de la physique quantique, il y a deux courants de pensées: celui d'Einstein et celui du Danois Niels Bohr. Les partisans du premier sont appelés Réalistes et ceux du second des Antiréalistes. Ceux-ci sont par ailleurs les véritables créateurs de la mécanique quantique... Mais pourquoi cette distinction? Les Réalistes croient qu'il existe une réalité objective, qui existerait en dehors de nous, et c'était la foi de la science jusqu'alors!

    Les Antiréalistes, eux, se basent sur leurs expériences et voient que toute mesure sur la particule influence cette dernière, de sorte qu'il semble impossible de les séparer! Autrement dit, le résultat est en partie créé par la mesure et ce que nous pouvons donc connaître du monde quantique est dépendant de nous! L'Univers n'existerait qu'en communication avec nous et ne pourrait être que ce que nous voulons qu'il soit!

    Ce point de vue choque les Réalistes, dont Lee Smolin fait partie, et à vrai dire nous aussi; d'autant que l'Antiréalisme conduit à une philosophie différente de la science! Le pas a été fait vers une idée empoisonnée  et qu'on retrouve dans des domaines très divers, c'est que toute vérité soit suspecte! N'est-elle pas influencée par nos désirs les plus obscurs? Il semble que l'homme soit devenu prisonnier de lui-même, qu'il doive forcément se mettre en doute, avant même d'énoncer les faits les plus simples! Les psychiatres notamment se regardent en chiens de faïence!

    Malheureusement, cet état, qui se voudrait mature, laisse paradoxalement une plus grande place au galimatias et à l'amour de soi, comme nous allons le voir! En attendant, le croyant est bien ennuyé, car, si sa foi n'est pas empêchée, l'objet de son amour ne sera toujours qu'une "construction", qu'un "hologramme" de ses frustrations! De là à dire que le scientifique type contemporain est le patient zéro de la bêtise, c'est oublier que celle-ci est aussi vieille que le monde! Donc prudence! (Un zeste de haine, mais l'orgueil est si épouvantable, chez certains chercheurs!)

    Lee Smolin est donc étonné que les Antiréalistes aient pu dans un temps très court être aussi nombreux, au point de constituer aujourd'hui l'orthodoxie, le paradigme, la loi! Certes, les Réalistes n'ont pas proposé d'explications plus plausibles que celles de la mécanique quantique, mais cette impuissance n'explique pas tout! En fait, il nous faut encore ici l'éclairage de la domination, pour comprendre le phénomène!

    Smolin nous explique que Niels Bohr a pu être protégé dans un aussi petit pays que le Danemark et qu'il lui a été possible de former, sans difficultés, une petite académie que l'on va appeler l'école de Copenhague! En fait, c'est une micro société qui s'est créée! Un leader, un dominant se détache et il est bientôt rejoint par des disciples ou des adeptes, car leur propre domination va pouvoir s'épanouir grâce à la force et à la protection de leur chef! Ainsi les nobles s'assemblaient autour du roi et ce processus est toujours en vigueur actuellement, même dans les démocraties!

    Le pouvoir s'installe et on le comprend! Il "fume son cigare" et parle de sa théorie! Mais il ne voit pas combien elle peut être fausse ou incomplète! Au contraire, puisqu'il a "le vent en poupe", il étend sa théorie toujours plus! La raison est que l'équilibre réel est donné par la domination, non par la théorie! Le dominant se nourrit de ses dominés, qui eux-mêmes se valorisent auprès d'autres plus faibles!

    Il existe un test simple, pour montrer que la théorie est fausse! Il faut inquiéter, menacer la domination! Heurter un psy par exemple et vous verrez un cobra se dresser! Si la théorie était juste, elle comprendrait l'"attaque" qu'on lui porte (ou tout du moins elle se défendrait sans colère...)! Elle expliquerait le cas, ce qui lui permettrait de le neutraliser! Au contraire, la haine indique que ce qui tient, qui est vrai, qui donne une raison de vivre, c'est la domination et non la théorie! La haine est toujours un aveu d'impuissance!

    Il y a peu nous nous trouvions au bord de la mer et nous regardions une flaque. Sa surface était unie et il ne s'y passait rien! Puis, vint le vent et une multitude d'éclats, reflétant le soleil, se mirent à se disperser, telles des étoiles ou même comme des pleurs de lumière! Il y avait là une richesse inouïe, d'une variété quasiment illimitée, et pourtant le phénomène a une explication des plus simples, puisque ce n'est que la crête des ondes qui capte les rayons et s'illumine!

    Ne pourrait-on pas rêver d'une même logique au niveau des particules? Ne sont-elles pas encore des ondes elles-mêmes? L'extrême fantaisie et même le "génie" de la nature ne sont-ils pas produits par quelques lois élémentaires? Evidemment, c'est un scientifique qui devra répondre, mais sans doute le moment de la récolte n'est-il pas encore venu!

    Cependant, Smolin continue en disant combien il est difficile de lutter contre la pensée dominante! Si on veut une carrière, avoir sa place au soleil, obtenir des fonds pour ses recherches et même pouvoir transmettre ses résultats dans une revue, il faut montrer patte blanche, donner le mot de passe, ne pas sentir le fagot, l'hérésie! Il y a des gardes au pont-levis et on sonde le foin à coups d'épées! Dans ces conditions, la plupart vont rendre hommage au sultan!

    Mais il en est ainsi dans tous les secteurs de nos sociétés! En ce qui nous concerne, nous avons renoncé à convaincre... Ce blog est né de la nécessité, comme une source cherchera toujours à s'écouler, mais nous n'essayons plus de séduire des éditeurs ou d'autres... Pourquoi? Mais parce que, dès que nous sortons de chez nous, nous voyons arriver la domination avec ses "gros sabots", de sorte que nous nous en détournons aussitôt, en provoquant sa haine! Ainsi, comment espérer atteindre les étages supérieurs d'un hôtel, quand le portier lui-même nous en refuse l'accès? Ceux qui se vendent n'ont pas notre clairvoyance! (Evidemment encore, il y a le besoin d'argent...)   

    Une chose qu'évoque aussi Smolin, c'est la peur que produit le sentiment de sa différence! S'écarter du plus grand nombre, ne plus se sentir comme lui est bien entendu inquiétant et déstabilisant! Einstein se demandait d'ailleurs régulièrement s'il n'était pas fou! Pourtant, l'individualité est bien de se distinguer des autres, mais ce qui est effrayant, c'est tout de même de voir que l'ensemble reste inachevé, garde l'aspect d'une masse, d'où n'émergent que les lueurs de la haine; car on ne veut pas comprendre, ni changer, mais on se contente de vouloir détruire, quand on envie!

    De notre côté, notre isolement nous garantit la valeur de notre "théorie"! En effet, nous avons passé la cinquantaine; nous sommes toujours aussi anonyme et notre situation matérielle est toujours aussi précaire! Jamais nous n'avons bénéficié d'une quelconque reconnaissance et nous devrions être amer et plein de fiel, comme un internaute, ou encore alcoolique ou drogué, pour nous consoler! Mais, au contraire, plus le temps passe et plus nous devenons serein et gagnons en force! Si nous doutons, c'est à cause de la fatigue et alors nous nous reposons, car nous savons que cela repartira de plus belle par la suite!

    En fait, ce qui nous nourrit, c'est notre expérience au quotidien; c'est elle qui nous montre le chemin et si elle était fausse, jamais nous ne pourrions supporter notre situation! Il nous est possible même de voir ce que l'ensemble ne voit pas! Nous sommes, pour reprendre une expression de notre époque, un lanceur d'alerte; car la domination physique devient de plus en plus psychique et maladive ou intense! Or, nulle vie en société n'est envisageable à côté de gens qui se déplacent en soumettant le monde entier! Les jeunes qui arrivent sont de plus en plus nombreux à présenter ce type de domination!

    Cependant, imaginez ce qui se passerait si nos sociétés devaient prendre en compte notre travail! Tous ceux qui ont du pouvoir, des privilèges, mais aussi tous ceux qui haïssent et qui vitupèrent, seraient conduits à se remettre en question et à se calmer, ne serait-ce que cela! Quel mépris et quelle hostilité ne déferleraient pas sur nous! La meute serait sans pitié et elle est d'ailleurs sourde, à cause de son égoïsme galopant! L'effort que nous aurions l'air de lui demander nous condamnerait assurément et pourtant il est nécessaire!

    Aujourd'hui, étonnamment, le coronavirus est en train de jouer notre rôle! Il est en train de réussir là où la religion et le communisme notamment ont échoué! Notre domination a trouvé son maître, car la mort nous parle! Evidemment, le virus est terrifiant, car son haleine est glacée, mais il nous enseigne tout de même! Chaque pays doit considérer tous les autres! Il n'est plus question de discuter des frontières et de faire valoir ses querelles!

    Chaque pays est regardé dans sa réalité entière, dans sa singularité; il n'est plus le fruit d'une domination quelconque! Il échappe au brouillard de l'égoïsme, pour la simple raison qu'il peut constituer une menace! L'état de chacun influe désormais sur l'ensemble... et force nous est de respecter les voisins! La France et l'Italie se réconcilient; la Chine n'est plus vue comme un partenaire déloyal, etc.!  L'humanité reprend conscience d'elle-même et il faut la parole de la mort pour ça!

    Mais ce qui est valable pour les nations l'est tout autant pour les particuliers! Nous sommes amenés aussi, chacun d'entre nous, à regarder l'autre, et pour la même raison, parce que d'abord il peut être porteur du virus! Le risque nous impose de voir ceux qui nous entourent comme parfaitement réels; ce qui est nouveau pour la plupart! Certes, des comportements égoïstes peuvent s'amplifier, mais ni eux, ni notre colère ne peuvent grand-chose; car la mort n'en a cure et peu à peu elle nous réduit au silence!

    L'activité économique est en chute libre! Le tourbillon qui fait notre quotidien s'arrête lentement, comme une gigantesque machine grinçante! Nous n'avons pas le choix et les rues vont devenir de plus en plus désertes! Nous voilà dans nos logements, avec deux questions essentielles: sommes-nous toujours en bonne santé et avons-nous de quoi manger? Les malheurs de la bourse ne nous concernent plus! La rage du Web paraît dérisoire et même le Comité de salut public féminin se tait! Enfin, la haine écoute!

    Enfin, notre égoïsme apprend! Il n'est donc pas inutile de voir la crise actuelle sous son aspect positif! Mais, comme nous avons commencé par un peu de science, redéfinissons un de nos sentiments... C'est la domination qui régit le monde animal, où la différence est perçue comme une menace et provoque la méfiance, avant le rejet! Ce comportement est appelé chez nous la haine, qui, constituée par la peur et l'égoïsme, révèle donc notre immaturité!

    Voilà un beau théorème "Réaliste", n'est-ce pas? Mais on peut même rajouter que la haine est un luxe, que c'est un sentiment de nanti; puisqu'elle est le fruit d'une domination forte, intacte, protégée et qui surtout n'a pas été brisée par les événements! Ainsi, là où le phénomène devient vraiment curieux, c'est quand la haine sert à demander la justice, le respect; comme si un nabab réclamait plus d'argent! Au fond, il y a sans doute bien plus de sagesse, d'endurance, chez une bénéficiaire du RSA que chez une actrice qui assiste aux Césars!

    Mais on ne parle pas aux fauves, à l'heure du repas! Retournons plutôt au bord de la mer, où l'air est infiniment plus sain, d'autant que le comportement des mouettes y est très intéressant!  C'est le soir et elles se rassemblent sur un gros rocher inaccessible, pour y passer la nuit... D'ailleurs, certaines d'entre elles sont déjà nichées à l'abri du vent, mais sur la crête, c'est encore l'agitation et les cris!

    C'est qu'on veut se poser plus haut que la voisine, ce qui indique qu'on est plus fort, mais quand c'est réussi, la voisine reprend son vol, pour retrouver une position de supériorité! Le "jeu" n'en finit donc pas et c'est seulement la nuit qui apaise un peu tout ce petit monde!

    Le coronavirus peut être vu telle cette obscurité qui s'avance et espérons que le repos forcé, qu'il entraîne, nous fasse évoluer! Pour l'instant, c'est tout sauf brillant! ("Je vous ai mis trois sur soixante, car c'est vraiment très mauvais! Vous m'excuserez, mais j'ai d'autres copies à distribuer! Sans rancune, hein?")