On rigole!

  • Le 14/09/2019
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On rigole

 

 

 

 

 

    Comme nous le disons sur la page d'accueil, très tôt nous avons été confronté à un monde que nous ne comprenions pas! Notre enfance fut une nuit pleine de douleurs et nous nous rappelons que certaines de nos remarques avaient le don de scandaliser! Ce n'était pas voulu, c'était le cœur qui parlait, mais il déclenchait une telle hostilité qu'il eut honte de lui-même et qu'il se recroquevilla! Il se trouvait pernicieux, condamnable et nous nous souvenons d'avoir entendu maintes fois: "Tu verras quand tu seras plus grand! Le monde est bien différent de ce que tu imagines! Si tu continues comme ça, tu ne feras pas long feu!"

    Nous avons donc imaginé une sphère des adultes très compétente et d'une sagesse bien au-delà de nos capacités! Nous avons même développé un complexe, qui nous a tenu à distance du fonctionnement de la société; tel un homme refuse obstinément de prendre le volant, dans la crainte d'accidenter ses passagers! Les responsabilités étaient pour les gens sérieux, nullement pour nous, qui nous sentions l'âme d'un paria, d'un Intouchable, sans même savoir vraiment pourquoi!  

    Nous étions inadapté, un gaffeur, un maladroit et pourtant nous avions foi en nous; tellement la nature est la plus forte, car chacun bien entendu s'aime et cela vient encore de l'individualisation des espèces et de leur domination! Malgré les tempêtes, les coups, les humiliations de toutes sortes, une braise couvait, un diamant brillait sous la cendre et attendait son heure, et ceci est sans doute valable pour chaque être, ce qui laisse toujours espérer une renaissance!

    Mais il fut donc normal que nous tournâmes d'abord, dans nos lectures, vers ceux qui ont raconté leur expérience, le fruit de leur pensée, avec art ou d'une façon romancée, car c'est encore le cœur qui parle! La philosophie et encore moins la psychologie n'ont jamais intéressé notre souffrance! Il nous fallait un langage simple, intime pour nous consoler et trouver notre chemin... Nous n'avions que faire de la science et de son universalité! Mais sans doute avons-nous chacun un état d'âme particulier, qui nous incline tel le vent fait gîter un bateau!

    Pendant des années, nous avons fréquenté les bibliothèques et dévoré la littérature mondiale, ainsi qu' une moissonneuse batteuse! Nous avons englouti la française, de Villon à Saint-Ex, guère plus loin, de même qu'on déguste une limonade sous le soleil! Nous avons joui de la russe, comme la chaleur d'un rôti enchante le ventre! L'allemande nous a gravé à jamais! Le génie de l'anglaise donne parfois le vertige! Et si l'italienne, l'espagnole et la portugaise apparaissent moins riches, elles possèdent toutefois des fleurons exceptionnels! Mais ce n'est qu'un jugement rapide... 

    Quelques noms, loin d'être les plus gais, nous ont accompagné spécialement et dès le plus jeune âge: Dostoïevski ou Kafka entre autres! Leur flamboiement noir, que nous ne comprenions pas vraiment, nous réchauffait pourtant; nous trouvions dans ces univers sombres un écho du nôtre et bientôt des poètes sont devenus des amis, Baudelaire ou Nerval par exemple, tous deux de joyeux compagnons!

    Pour nous, il s'agissait de trouver un sens à la vie, à nos sentiments, d'autant que nous avions l'impression d'être une espèce de tare, car autour le monde cavalait et semblait exactement savoir ce qu'il faisait; ce qui était justement le contraire de notre cas! Nous perdions notre temps, c'était sûr; mais de toute façon nous étions impropre aux manettes de la société! Une valise lourde, qu'il fallait traîner partout, voilà ce qui nous représentait! Cependant, il fut un jour où le pot de la littérature fut vide! Nous avions bien raclé le fond avec les auteurs grecs et latins; il n'était pas question de laisser de tels bons morceaux, mais ce qu'on écrit aujourd'hui nous a toujours paru suspect et notre époque est bien celle du steak haché au cheval!

    Nous avons eu quarante ans, l'âge de la maturité, dit-on, quand nous nous sommes occupé de l'histoire! Nous étions en effet un peu plus présentable; notre faciès avait l'air moins débile, plus éveillé! Nous avions donc droit de faire un pas supplémentaire vers les choses sérieuses et la guerre, avec tous ses morts, ses pleurs et ses cris, en est une; on ne peut guère dire le contraire, même si ses causes, elles, sont plus farfelues! Mais n'anticipons pas! 

    Bien sûr, quand on s'intéresse à l'histoire, on n'en finit pas de démêler l'écheveau du passé et d'autres sciences ont leur mot à dire, notamment la physique. Il est bon de comprendre que notre Univers a quatorze milliards d'années et que nous sommes tous issus de créatures de cauchemars, même les filles! Ainsi, la vie et l'humanité n'apparaissent plus fixes, comme pourrait le laisser entendre notre quotidien, mais, au contraire, plus nous découvrons notre histoire et plus nous prenons conscience que nous sommes le fruit d'une construction, d'une recherche; la somme de toutes les expériences des hommes qui nous ont précédés!

    Cela éclaire évidemment encore une fois notre psychologie, comment nous fonctionnons, mais surtout cela relativise tous les pouvoirs, toutes les autorités, tous les dogmes, toutes les déclarations péremptoires, tous les systèmes! L'histoire nous rend toute notre grandeur, car nous sommes des pionniers dans l'espace! Et nous cherchons toujours des solutions, car nous ne cessons d'évoluer, de nous adapter!

    Nous comprenons alors peu à peu notre soif et que nous voulons essentiellement notre liberté, pour nous développer. C'est cette "poussée" qui est à l'origine de nos institutions et de nos gouvernements... Plus on s'informe et plus on prend de la hauteur et plus le destin des peuples apparaît aussi souple qu'un ruban! La sévérité des façades n'impose plus à l'échelle des étoiles! Au fond, "désacraliser" le monde des adultes, voilà peut-être l'apport le plus nourrissant de l'histoire!

    Cependant, il ne s'agissait pas pour nous de "renverser", de transgresser, mais bien de nous civiliser et quand notre pays nous fut familier, nous nous préparâmes nous aussi à nous asseoir à la table de la société, à participer à sa conversation, à parler avec les notables, les responsables, d'argent et de politique, des sujets les plus rebutants, et bref à nous montrer sociable, pondéré, humain!

    Dans le même temps, nous nous sommes naturellement rapproché de l'actualité, du "feu" des événements... Nous avons partagé les angoisses générales; nous avons eu le courage de regarder le montant de la dette; nous nous sommes intéressé aux élections et nous avons essayé de comprendre l'économie, avec l'humilité du pèlerin! Nous étions donc devenu un adulte, à cinquante ans! Mais mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas?

    Dire qu'à ce moment-là les bras nous en sont tombés, c'est un euphémisme! S'il y a bien des gens qui sont irresponsables et qui ne savent pas ce qu'ils font, ce sont bien les adultes! La stupéfaction est allée croissante, et elle n'a pas fini de nous accompagner! C'est un désastre, n'en déplaise à ceux qui ont le pouvoir! C'est même pire que ça et on voit mal comment nettoyer ces écuries d'Augias, tant le mal est profond! Mais aux enfants il faut tout expliquer! Aux puissants et aux riches, il faut des exemples, des faits; même si cela ne va pas servir à grand-chose et si l'envie de leur "botter le train" reste omniprésente!

    En l'occurrence, prenons Wall Street, fleuron du monde sérieux, et revenons sur la crise de 2008, que personnellement nous n'avons toujours pas digérée! Le gouvernement américain a "nationalisé" à tour de bras! Même si nos amis d'outre-Atlantique trouve que c'est un gros mot! La nurse Fed s'est empressée auprès des bébés vagissant de Wall Street! On a déroulé des lances socialistes et on a donc sauvé ces "messieurs", qui roulaient des mécaniques et qui crachaient leur chique sous leur chapeau de cowboy!

    Evidemment, on a été dur et implacable avec les ménages, qui ne pouvaient pas rembourser leur crédit, car il faut leur apprendre à vivre! Toujours la même rengaine! Les leçons, c'est pour les autres, et quand Gordon Brown nationalise la Northern Rock, dont les clients paniquent, Wall Street accueille la nouvelle avec réprobation, car le courage encore, c'est pour les autres!

    Mais ceci n'est qu'un hors d'œuvre... On parie sur tout! On joue en bourse la bonne santé d'un tel, le cancer d'un autre! On mise sur le vent, on fait courir des rumeurs! On se croit mature, car sur la table les billets verts défilent, parce que l'ambiance est lourde, que les nerfs sont sollicités! On voit les chiffres comme des étoiles; les diagrammes comme des altimètres; on est au sommet de la gravité! On brasse des milliards, on a le vertige, mais pas autant que les milliers d'individus qui meurent de faim, qui sont malades, qui pleurent, qui veulent boire, qui n'espèrent plus, qui fouillent les décharges!

    On a le prétexte, la raison, l'excuse! On a le document! C'est le plus vieux des traders qui le ressort... Il est un peu poussièreux, mais voilà ce qu'il dit: " Plus il y aura de richesses et plus le plus grand nombre en profitera!" et c'est signé qui? Mickey! Ah oui, nous comprenons! On provoque même des famines, en voulant s'enrichir! Pauvre Amérique! pays du joujou et de l'inculture! et nous nous excusons auprès des quelques Poe, London, Melville et autres Kerouac! Où est l'esprit des morts de Normandie? Ah! Mais peut-être spécule-t-on déjà sur lui!

    Passons à la politique, au pouvoir, l'autre pilier du monde adulte, après l'argent! On a le choix, mais allons au record, au champion, à Nicolas Sarkosy, le président le plus dépensier de la Cinquième République! Ici, les chiffres donnent le tournis! Quand ils gagnent en 2007, Nicolas et "Carlita" sont euphoriques et ils s'achètent des cadeaux! Des bijoux d'une valeur de 38 000€ pour elle et une montre de 46 000€ pour lui!

    Evidemment, pour les plus de deux millions de personnes qui, en France, vivent dans des huttes insalubres et qui se chauffent encore à la tourbe, entendre ces montants ne peut que signifier que les dieux existent et qu'ils habitent un palais lointain, nommé Elysée!

    Mais Nicolas est un visionnaire et sitôt installé, il augmente son salaire de président de 200%! On passe de 6 400 à 13 800€ par mois, nourri et blanchi! "Enculé!" lui criera un pêcheur du Guilvinec, qui avait les pieds sur Terre!

    Cependant, Nicolas n'en a cure, car c'est son monde qui doit s'imposer! C'est bien simple, si on s'oppose à lui, c'est qu'on ne l'aime pas, qu'on est son ennemi, nullement parce qu'on est soi-même doué de raison! Et que la fête commence! Ici, c'est vide, ringard, trop fonctionnel; il n'y a même pas d'écrans plasma: qu'on en achète! Il faut de la joie, de la modernité, du rire, de la réussite! Que l'Elysée devienne une ruche! Que les véhicules soient massifs, comme aux States! Les avions présidentiels? Mais ils doivent figer les spectateurs, par leur puissance et leur beauté! Et le ticket de caisse devient comme une vague de "Jaws"!

    Venez les gagnants de la chanson, du sport, de la télévision et des affaires! Envolons-nous les amis, pour encourager l'Equipe de France en Allemagne ou en Angleterre! Puis, nous nous féliciterons d'être ensemble, dans une "boîte", avec des bouteilles à 2 ou 3 000€! Qui paiera? Mais les perdants, les contribuables éteints!" "Ben quoi! s'écrie Nicolas, Chirac et Mitterrand faisaient pareil! Seulement moi, j'assume! J'me cache pas!"

    En effet, car la dette, l'immonde dette française n'est pas une fatalité; elle n'est pas née pour faire fonctionner le pays! Elle vient d'abord du train de vie de nos dirigeants, de leur égoïsme et de leur vanité! Mitterrand se voit en pharaon moderne et il est à l'origine de monuments dédiés à la laideur, telles l'Arche de la Défense ou la Bibliothèque nationale! Le circuit de Magny-Court, abandonné par la F1, c'est encore lui!

    Quant à Chirac, il pantouflait dans son palais, avant d'aller en vacances, au frais de l'Etat, sur une plage des Bahamas ou des Seychelles! Il y avait aussi ces valises pleines de billets, en provenance notamment du Gabon, qu'on ne savait plus où ranger! On en vient sans peine à penser que le vice, pour continuer à se satisfaire, a acheté la paix sociale et on comprend comment un déficit peut se creuser indéfiniment!

    Mais, pour reprendre notre petite histoire, pourquoi nous sommes nous heurté si tôt au monde des adulte, sinon parce que nous le voyions tel qu'il était? Nous sentions confusément que quelque chose cloche... Que les grandes personnes prennent du plaisir, cela nous semblait une évidence! Mais pourquoi alors l'interdisent-elles à d'autres? Pourquoi Nicolas, qui s'est servi à pleines mains, fustige-t-il le pauvre en le traitant de parasite? De même, comment Wall Street peut se moquer de l'économie sociale française, alors que la bourse américaine vit en réalité en couches-culottes?

    C'est évidemment l'hypocrisie qui permet ce tour de passe-passe! Mais, pendant des années, dans l'ombre nous n'avons pas perdu notre temps... Après bien des souffrances, nous avons découvert ceci: le véritable travail, c'est de devenir un être humain; ce n'est nullement favoriser sa domination, son pouvoir ou sa puissance! C'est lutter contre l'animal qui est en nous! C'est grandir, c'est d'atteindre la patience et la compréhension! Ainsi, nous pouvons dire vraiment que nous avons travaillé toute notre vie, même si nous n'avons pas de retraite! Et aujourd'hui, les gens de notre génération nous montrent qu'ils n'ont rien appris!

 
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